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03/10/2022

je viens d'expédier aujourd’hui un avertissement au bureau des postes

... Et j'ai pris grand soin de bien timbrer mon mail !

 

 

« Au receveur des postes de Riga

[11 avril 1767]

[Demande si sa lettre et les papiers adressés à l’impératrice ont bien été reçus .1]

1 L'existence et le contenu de cette lettre , ainsi que d'une autre au même du 28 avril 1767 , se déduisent de la réponse du directeur général des postes à la la cour, Marvel Marveevitch von Eck à Voltaire, en date du 27 juin, dont voici le texte :

« A Saint-Pétersbourg le 16-27 juin 1767

Monsieur, / Le directeur des postes de Riga m'ayant mandé qu'il a eu l'honneur de recevoir deux lettres de votre part, monsieur, mais ne sachant pas un mot français, il n'était pas capable d'y répondre, je suis extrêmement charmé, monsieur, que l'ignorance de mon collègue me procure l'honneur de vous assurer aujourd'hui les sentiments d'estime et de la considération la plus distinguée, que je vous porte depuis longtemps, et de vous prier de m'honorer d'une place entre ceux qui aux abords de la Néva n'admirent [pas] moins qu'ailleurs tout ce que l'humanité vous doit à juste titre.

« Possédant par cette heureuse circonstance vos deux lettres du 11 et 28 avril adressées à Riga, j'ai l'honneur de vous assurer monsieur, que toutes vos lettres à l'impératrice ma souveraine, sont bien arrivées, et exactement remises à Sa Majesté impériale . J'espère que vous aurez reçu pareillement les deux lettres de Sa Majesté que j'ai expédiées d'ici le 7 avril et le 16 mai par la voie de Koenigsberg, et affranchis partout jusqu'à votre château. Aujourd'hui, voilà la troisième, que j'ai l'honneur de joindre ici, vous priant, monsieur, d'adresser dorénavant vos lettres en droiture au bureau général des postes à Petersbourg, afin que le port des lettres ne vous gène en aucune façon .

« Quant aux deux paquets pour la Société libre d’Économie de Pétersbourg, dont vous faites mention, monsieur, qu'ils étaient expédiés de Nürnberg, j'ai pris les informations nécessaires sur ce sujet ; mais comme le secrétaire de cette société, M. le conseiller d’État de Staehlin, m'a dit que ces deux paquets n'étaient pas parvenus à destination, je viens d'expédier aujourd’hui un avertissement au bureau des postes de Nürnberg, pour réclamer les deux paquets en question .

« J'ai l'honneur d'être avec la considération la plus parfaite, et un attachement inviolable, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

« D'Eck

conseiller de la cour de S. M. I. de toutes les Russies

et son directeur des postes de la cour.

« Je joins ici le billet de M. de Stählin en original . »

02/10/2022

en cas que vous fassiez un profit assez considérable pour pouvoir fournir cette petite somme sans vous gêne

... pensez à nos retraites, ô richissimes fournisseurs de produits pétroliers !

 

 

« A Jacques Lacombe

11è avril 1767 à Ferney

N'ayant point encore de vos nouvelles, monsieur, n’ayant reçu ni le ballot des Scythes par la diligence ni aucun exemplaire par la poste et ignorant si vous avez encore les planches de l'édition, je vous envoie ces corrections à la hâte et à tout hasard, vous priant de faire deux cartons dans lesquels elles entreront aisément .

J'apprends que la pièce a eu beaucoup de succès le mercredi . Elle en aurait eu davantage le samedi si Lekain n'était pas parti pour Lyon .Donnez-lui toujours cent écus à son retour, ce sera pour les trois fois qu'il a joué et, à l'égard des cent autres écus, il ne faudra les donner que sur une prière expresse de ma part, en cas que vous fassiez un profit assez considérable pour pouvoir fournir cette petite somme sans vous gêner . C'est là mon dernier mot . Je voudrais vous être aussi utile que je vous suis dévoué .

V.

 

page 19, après ce vers

De l'immortel Cyrus un fatal rejeton,

ôtez de ce qui suit et mettez :

De la cour à jamais lorsque tout me sépare,

Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare

Sans état, sans patrie, inconnue en ces lieux,

etc., comme dans l'original ;

 

page 10, ôtez le commencement du troisième acte et mettez à la place :

 

Athamare

Quoi ! C’était Obéide ! ah ! j'ai tout pressenti ;

Mon cœur désespéré m'avait trop averti,

C'était elle, grands dieux !

 

Hircan

Ses compagnes tremblantes

Rappelaient, etc .

 

page 32, ôtez ce couplet d'Hircan :

Il serait bien affreux, j'ose ici vous le dire, etc .

et mettez à la place ces quatre vers :

Un tel saisissement, ce trouble involontaire,

Pourraient-ils annoncer la haine et la colère ?

Croyez-moi, les sanglots sont la voix des douleurs,

Et les yeux irrités ne versent point de pleurs .

 

Athamare

Ah ! Lorsqu’elle m'a vu, etc .

 

même page, après :

Un tumulte secret faiblement élevé,

ôtez les deux vers qui suivent et mettez ceux-ci :

Hélas! s'il était vrai ! – tu me flattes peut-être ;

Ami, tu prends pitié des erreurs de ton maître

Qu'ai-je fait ? que ferai-je, et quels sera mon sort ?

etc .

 

page 33, vers 19 : voyez-vous Indatire ?

corrigez :

Indatire y préside, il s’avance à leur tête .

 

page 34

Va, cours, obtiens si tu le peux

De ce père implacable un pardon généreux

corrigez :

Hélas ! Tâche de désarmer

Ce père malheureux que je n'ai pu calmer.

Des chaumes !... etc. »

01/10/2022

Les pays qui ne produisaient autrefois que des conquérants vont produire des sages, et, de la Chine jusqu’à l’Italie (exclusivement), les hommes apprendront à penser

... Mon pauvre Voltaire, tu étais bien optimiste !

 

 

« Au prince Dmitri Mikhailovitch Golitsin 1

11è Avril 1767 au château de Ferney par Genève

Monsieur,

Votre Excellence ne doute pas à quel point son souvenir m’est précieux. Je vous suis attaché à deux grands titres, comme à l’ambassadeur de l’impératrice, et comme à un homme bienfaisant.

Je vous remercie de l’imprimé que vous avez bien voulu m’envoyer 2. Sa Majesté impériale avait déjà daigné m’en gratifier il y a trois mois, avant qu’il fût public. Je n’y ai rien trouvé ni à resserrer ni à étendre. Cet ouvrage me paraît digne du siècle qu’elle fait naître. J’oserais bien répondre qu’elle fera goûter à son vaste empire tous les fruits que Pierre-le-Grand a semés. Ce fut Pierre qui forma l’homme, mais c’est Catherine seconde qui l’anime du feu céleste.

J’ai une opinion particulière sur l’affaire de Pologne, quoiqu’il ne m’appartienne guère d’avoir une opinion politique. Je crois fermement que tout s’arrangera au gré de l’impératrice et du roi, et que ces deux monarques philosophes donneront à l’Europe étonnée le grand exemple de la tolérance. Les pays qui ne produisaient autrefois que des conquérants vont produire des sages, et, de la Chine jusqu’à l’Italie (exclusivement), les hommes apprendront à penser. Je mourrai content d’avoir vu une si belle révolution commencée dans les esprits.»

2 Manifeste de Catherine sur les dissensions de Pologne. (G.Avenel.)

Voir le quatrième paragraphe de la lettre de Catherine II du 20 janvier 1767, donnée à propos de la lettre du 27 février 1767 à l'impératrice : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/07/25/si-vous-voulez-faire-des-miracles-tachez-seulement-de-rendre-6393680.html

30/09/2022

On ne sait plus où se fourrer pour être bien. Je sais qu’il faut s’accommoder de tout mais cela n’est pas aussi aisé qu’on dirait bien

... De là à se fourrer dans des manifestations de rue stériles , et même nuisibles, il y a un grand pas , à ne pas faire si on a encore un brin de jugeotte .

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

rue d'Anjou, au Marais

à Paris

Famille aimable, je vous embrasse tous. J’aimerais mieux assurément être picard que suisse 1 , et pour comble de désagrément, il faudra qu’au mois de mai je quitte la Suisse pour la Souabe 2. Il est comique que le bien d’un Parisien soit en Souabe ; mais la chose est ainsi. La destinée est une drôle de chose. Je ne dois ni ne veux mourir avant d’avoir mis ordre à mes affaires.

La destinée des Scythes est à peu près comme la mienne ; ce sont des orages suivis d’un beau jour. Ne regrettez point Paris quand vous serez à Hornoy, il n’y a plus à Paris que l’opéra-comique et le singe de Nicolet.

Je vois que les deux magistrats 3 resteront à Paris. Je prie le grand-turc de me dire pourquoi le baron de Tott 4 est à Neuchâtel . Il me semble qu’il n’y a nul rapport entre Neuchâtel et Constantinople.

Quand M. d’Hornoy rencontrera par hasard mon boiteux de procureur, je le prie de vouloir bien l’engager à recommander au marquis de Lézeau 5 de marcher droit.

Vous trouverez du blé en Picardie ; nous en manquons au pays de Gex : il faudra faire une transmigration à Babylone. On ne sait plus où se fourrer pour être bien. Je sais qu’il faut s’accommoder de tout mais cela n’est pas aussi aisé qu’on dirait bien.

Je finis, comme j’ai commencé, par vous embrasser du meilleur de mon cœur.

11è avril 1767. »

1 Le château de la marquise était en Picardie. (G.Avenel.)

2 Pour le Wurtemberg. (G.A.)

3 Mignot et d’Hornoy. (G.A.)

4 François, baron de Tott se trouva en effet à Neuchâtel en mission secrète du 16 janvier au 28 avril 1767 .

Voyez le Catalogue des correspondants. (G.A.)

Et voir : https://journals.openedition.org/ashp/1043

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Tott

et : https://www.academia.edu/42664029/Voltaire_et_un_diplomate_fran%C3%A7ais_dorigine_hongroise_en_Orient

5 Son débiteur normand. que Voltaire appelle puant dans sa lettre du 28 mars 1760 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/27/plus-on-avance-dans-sa-carriere-et-plus-on-est-convaincu-que-5591644.html

29/09/2022

Nous avons passé tout à coup d’une grande abondance à une plus grande disette

... L'histoire nous montre qu'on peut s'en sortir : ce qui est rassurant ; même si c'est long : ce qui est parfaitement intenable .

Famines et disettes à travers les âges

 

 

 

« A François de Chennevières

Premier commis des bureaux de

la guerre, etc.

à Versailles

Je ne doute pas, mon cher ami, que vous n’ayez fait parvenir ma lettre à M. le chevalier de Rochefort 1. Je vous prie de lui dire combien je suis pénétré de toutes ses bontés. Je crois qu’on lui adresse à présent ses lettres à l’hôtel de Puisieux à Paris ; mais je n’en suis pas bien sûr.

Ce dont je suis bien sûr, c’est que nous sommes toujours bloqués par vos troupes dans le pays de Gex. Nous manquons de blé, et je suis très embarrassé pour en faire venir . Je manque d’argent avec lequel on achète du blé, et il faudra probablement que je fasse le voyage de Wirtemberg au mois de mai, pour aller arranger mes affaires avec la chambre des finances de ce pays-là, sur lequel j’ai une grande partie de mon bien . Après quoi je pourrai bien transplanter mes pénates à Lyon, jusqu’à ce que la guerre de Genève soit finie. Nous avons passé tout à coup d’une grande abondance à une plus grande disette. J’ai eu grande raison de faire les Scythes, car je suis en Scythie.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.

11è avril 1767 à Ferney. »

28/09/2022

on est très découragé quand les faux connaisseurs et les cabales décrient l’ouvrage à tort et à travers

... Fabrice Di Vizio, avocat borné et menteur, est un de ces malfaisants, avocat des "antivax" ( et bien entendu un chouchou de Cyril Hanouna qui se croit génial de mettre en lumière des minus habens de son niveau ) : https://www.la-croix.com/France/Lavocat-anti-vaccins-Fabrice-Di-Vizio-juge-pairs-2022-09-27-1201235148

et https://actu.orange.fr/societe/videos/opposition-au-pass-sanitaire-et-a-la-vaccination-six-mois-d-interdiction-d-exercer-la-profession-d-avocat-dont-trois-fermes-requis-contre-me-fabrice-di-vizio-CNT000001SUpFl.html

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

11è Avril 1767 

Je reçois deux lettres bien consolantes de M. d’Argental et de M. de Thibouville, écrites du 2 d’avril. Ma réponse est qu’on s’encourage à retoucher son tableau, lorsqu’en général les connaisseurs sont contents, mais qu’on est très découragé quand les faux connaisseurs et les cabales décrient l’ouvrage à tort et à travers . Alors on ne met de nouvelles touches que d’une main tremblante, et le pinceau tombe des mains.

Vous me faites bien du plaisir, mon cher ange, de me dire que mademoiselle Durancy a saisi enfin l’esprit de son rôle, et qu’elle a très bien joué ; mais je doute qu’elle ait pleuré, et c’était là l’essentiel . Madame de La Harpe pleure.

Je vais écrire à M. le maréchal de Richelieu 1, qui ne fait que rire de toutes les choses qui sont très essentielles pour les amateurs des beaux-arts, et je lui parlerai de mademoiselle Durancy comme je le dois. Mais vous avez à Paris M. le duc de Duras, qui a du goût et de la justice. Je suppose, mon cher ange, que vous avez raccommodé la sottise de Lacombe. Vous me demandez pourquoi j’ai choisi ce libraire : c’est qu’il avait rassemblé il y a deux ans, avec beaucoup d’intelligence, quantité de choses éparses dans mes ouvrages, et qu’il en avait fait une espèce de Poétique 2 qui eut assez de succès.

Il m’écrivit des lettres fort spirituelles. Je ne savais pas qu’il fût lié avec Fréron. Il me semble qu’il en a agi comme les Suisses, qui servaient tantôt la France et tantôt la maison d’Autriche. Enfin il me fallait un libraire, et j’ai préféré un homme d’esprit à un sot.

Il faut vous dire encore que, lorsque je lui envoyai la pièce à imprimer, mon seul but était de faire connaître aux méchants, et à ceux qui écoutent les méchants, qu’un homme occupé d’une tragédie ne pouvait l’être de toutes les brochures qu’on m’attribuait. Vous savez bien que je voulais prouver mon alibi.

A présent que je suis un peu plus tranquille et un peu plus rassuré contre la rage des Velches, j’ai revu les Scythes avec des yeux plus éclairés, et j’y ai fait des changements assez importants. Je crois que la meilleure façon de vous faire tenir toutes ces corrections éparses est de les rassembler dans le volume même ; j’y ferai mettre des cartons bien propres, afin de ménager vos yeux.

J’attends l’édition de Lacombe, pour vous renvoyer deux exemplaires bien corrigés. Mais croirez-vous bien que je n’ai pas cette édition encore ? La communication interrompue entre Lyon et mon petit pays me prive de tous les secours. J’ai vingt ballots à Lyon, qui ne m’arriveront probablement que dans trois mois. Je ne sais pas pourquoi je ris de la guerre de Genève, car elle me gêne infiniment, et me rend l’habitation que j’ai bâtie insupportable.

Si je ne puis avoir l’édition de Lacombe, je me servirai de celle des Cramer, quoiqu’elle soit déjà chargée de corrections qui font peine à la vue.

Quand vous aurez la pièce en état, je vous demanderai en grâce qu’on la joue deux fois après Pâques, en attendant Fontainebleau. Une fois même me suffirait pour juger enfin de la disposition des esprits, qu’on ne peut connaître que quand ils sont calmés.

Peut-être le rôle d’Athamare n’est pas trop fait pour Lekain. Il faudrait un jeune homme beau, bien fait, passionné, pleurant tantôt d’attendrissement et tantôt de colère, n’ayant que des paroles de feu à la bouche dans sa scène avec Obéide au troisième acte ; point de lenteur, point de gestes compassés.

Il faudrait d’autres vieillards que Dauberval, il faudrait d’autres confidents ; mais le spectacle de Paris, le seul spectacle qui lui fasse honneur dans l’Europe, est tombé dans la plus honteuse décadence, et je vous avoue que je ne crois pas qu’il se relève.

M. de La Harpe était le seul qui pût le soutenir ; le mauvais goût et les mauvaises intentions l’effraient. Il n’a rien, il n’a été que persécuté ; il pourra bien renoncer au théâtre, et passer dans les pays étrangers.

Vous me parlez des caricatures que vous avez de ma personne. Je n’ai jamais eu l’impudence d’oser proposer à quelqu’un un présent si ridicule. Je ne ressemble point à Jean-Jacques, qui veut à toute force une statue 3. Il s’est trouvé un sculpteur, dans les rochers du mont Jura, qui s’est avisé de m’ébaucher de toutes les manières . Si vous m’ordonnez de vous envoyer une de ces figures de Callot 4, je vous obéirai.

Je vous assure que je suis très affligé de n’être sous vos yeux qu’en peinture.

Mlle Saint-Val, comme je vous l’ai dit, me demande à jouer Olympie. Si elle a ce qu’on n’a plus au théâtre, c’est-à-dire des larmes : de tout mon cœur.

Vous trouvez qu’on peut faire un partage des autres pièces entre Mlle Dubois et Mlle Durancy . Votre volonté soit faite.

Je compte qu’une grande partie de cette lettre est pour M. Thibouville aussi bien que pour mes anges. J’obéirai d’ailleurs aux ordres de M. de Thibouville, à la première occasion que je trouverai.

Je me mets aux pieds de madame d’Argental. »

27/09/2022

Ils commencent à n’aimer que les tours de passe-passe et les tours de force

... Ainsi sont les partis d'opposition, confrontés à une majorité relative, avec leurs appels aux manifestations virulentes et leur habitude de cacher leurs propres lâchetés . Vos blocages de roquets apeurés  doivent avoir une fin ; vous allez être gâtés en tour de passe-passe : vous le voyez venir le 49-3 ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

10 Avril 1767 1

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 3è avril . Coqueley a certainement approuvé les infamies de Fréron sur la famille Calas 2. J’en suis certain ; mais, pour ne pas compromettre M. de Beaumont, retranchons ce passage. Je crois que vous pouvez très bien faire imprimer la lettre , par Merlin, avec l’addition que je vous envoie . Cette publication me paraît essentielle. Au reste les Velches sont bien velches ; mais il faut les forcer à goûter le noble et le simple. Ils commencent à n’aimer que les tours de passe-passe et les tours de force. Le goût dégénère en tout genre ; c’est aux Français à ramener les Velches. Je n’ai reçu encore ni le ballot, ni les mémoires pour Sirven, ni aucun envoi de Lyon. Je suis dans la position la plus désagréable et la plus gênante. Pourquoi faut-il que je sois dans un désert, et séparé de vous !

Je ne doute pas que vous n'ayez communiqué le premier chant de la guerre civile à Mme de Florian . J’ai pris la liberté de tirer une petite lettre de change sur vous en faveur de Briasson qui m'envoie des livres beaucoup trop chers par la voie de Dijon, lesquels me parviendront probablement dans six mois . »

1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl ajoute un paragraphe tiré d'une autre lettre du 21 mars 1767 aux premières lignes du début, que donne seulement la copie Beaumarchais ; Beuchot complète, mais conserve cependant le paragraphe en question au lieu du second paragraphe originel .

2 Voir : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/191-charles-coqueley-de-chaussepierre

« Coqueley est pris entre les réclamations de Fréron et la colère de Voltaire : « Pourquoi laisse-t-on impuni le censeur de L’Année littéraire qui donne son infâme approbation», demande-t-il ? (D9737). C'est pourquoi C. avait demandé à Voltaire, en pleine affaire Calas, de le dissocier des attaques dont il était l'objet dans le journal de Fréron: «Je vous sais très bon gré», lui répond Voltaire, «d'avoir séparé votre cause de la sienne» (24 avril 1767, D14139). »