10/10/2021
Je suis toujours aux eaux
... Ou plus exactement au zoo, comme dit le crocodile .
« A Etienne-Noël Damilaville
15 juillet 1766
Je suis toujours aux eaux et assez malade, mon cher ami . J'ai mal daté ma dernière 1 qui pourtant ne partira qu’avec ce billet-ci . Je vous supplie de faire rendre cet autre billet à Lacombe 2. Mes amis savent sans doute que je suis aux eaux, mais je recevrai exactement toujours les lettres qu'on m'écrira à Genève . »
09:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/10/2021
Quand il y aura quelque chose de bon, je vous supplierai de me l'envoyer à l'adresse ci-dessus
... Merci d'avance pour les nourritures intellectuelles qui sont recevables à l'adresse sus-mentionnée, je reste cependant maître de ce qui arrivera sur ma table .
« A Jacques Lacombe
Aux eaux de Rolle en Suisse par Genève, 14 juillet 1766 1
Je reçois dans ce moment, monsieur, une lettre de mon ami qui me prie de lui renvoyer la préface de sa tragédie 2, ainsi, je vous prie de me l'adresser aussitôt que vous l'aurez reçue, afin qu'il en renvoie une autre qu'il prépare .
Je ne crois point du tout, monsieur, que cette pièce puisse être jouée ; je pense seulement quelle est faite pour être lue par les gens de lettres . Ainsi il me paraît que vous ne devez pas en tirer un grand nombre d’exemplaires. Je vous répète qu'on ne veut faire imprimer cet ouvrage qu'en faveur des notes . Et, pour peu que les censeurs trouvent à redire à quelques-unes des notes, on les corrigera sans difficulté.
Il paraît depuis peu une Histoire du Commerce et de la Navigation des Égyptiens 3. Je vous prie de me l’adresser au bureau de Meyrin près de Genève par la diligence de Lyon .
Quand il y aura quelque chose de bon, je vous supplierai de me l'envoyer à l'adresse ci-dessus . J'aurai l'honneur de vous faire tenir exactement vos déboursés .
Je vous prie de compter sans compliment sur mon amitié . »
1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais mêle des fragments des lettres du 19 septembre 1766 et du 20 août 1766 , dans une version abrégée de la présente lettre .
2 Le Triumvirat .
3 Histoire du commerce et de la navigation des Égyptiens sous le règne des Ptolémées ,1766, in-12. L’auteur est Hubert-Pascal Ameilhon, né à Paris en 1730, mort en 1811 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k91064417/f5.image
et voir : https://data.bnf.fr/fr/12497886/hubert-pascal_ameilhon/
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/10/2021
Soyez toujours le défenseur de l’innocence et de la raison . Rendez les hommes meilleurs et plus éclairés
... Ce devrait être le rôle de tous les humains, et non pas seulement celui de quelques "intellectuels.les" qu'on désigne pour modèles . Là je crois que je rêve un peu beaucoup .
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
etc.
Aux eaux de Rolle, le 14 Juillet 1766.
Êtes-vous, mon cher Cicéron, du nombre de ceux qui ont fait une consultation en faveur de l’humanité, contre une cruauté indigne de ce siècle ? Vous en êtes bien capable, je vous en révérerai et aimerai bien davantage. Vous auriez fait encore plus, si vous aviez lu la relation véritable que M. Damilaville doit vous communiquer. Que vous avez bien raison de faire voir que notre jurisprudence criminelle est encore bien barbare !
Ne vous découragez point, mon cher Cicéron, de tout ce que vous voyez . Donnez, au nom de Dieu, votre mémoire pour les Sirven, dussiez-vous ne point obtenir d’attribution de juges. Je vous répète que ce mémoire sera votre chef-d’œuvre, qu’il mettra le comble à votre réputation ; et quant aux Sirven, ils seront toujours assez justifiés dans l’Europe.
Soyez toujours le défenseur de l’innocence et de la raison . Rendez les hommes meilleurs et plus éclairés ; c’est votre vocation. Soyez surtout heureux vous-même avec votre digne épouse. Mon cœur est à vous, et mon esprit est le client du vôtre. »
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/10/2021
Si la loi était claire, tous les juges seraient du même avis ; mais quand elle ne l’est pas, quand il n’y a pas même de loi
... Je vous laisse juges !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Aux eaux de Rolle
en Suisse, par Genève, 14 juillet 1766
Mes chers anges, mettez-moi aux pieds de M. de Chauvelin ; dites-lui que je pense comme lui ; dites-lui que la pièce inspire je ne sais quoi d’atroce, mais qu’elle n’ennuie point ; qu’elle est un peu dans le goût anglais ; qu’on n’a eu d’autre intention que de dire ce qu’on pense d’Auguste et d’Antoine, et que d’ailleurs elle est assez fortement écrite.
Non vraiment je n’ai point ma minute . Je l’avais envoyée au libraire . Je ferai mon possible pour la retirer, et je vous conjure encore, par vos ailes, de me renvoyer ma copie, par la diligence de Lyon, à Meyrin, en belle toile cirée . C’est la façon dont il faut s’y prendre pour faire tenir tous les gros paquets. Vous verrez, par l’étrange lettre 1 que j’ai reçue d’un château près d’Abbeville, que vos dignes avocats ont encore bien plus fortement raison qu’ils ne pensaient. Il y a dans tout cela de quoi frémir d’horreur. Je suis persuadé que le roi aurait fait grâce, s’il avait su tout ce détail ; mais la tête avait tourné à ce pauvre chevalier de La Barre et à tout le monde ; on n’a pas su le défendre, on n’a pas su même récuser des témoins qu’on pouvait regarder comme subornés par Belleval 2. D’ailleurs, ce qui est bien singulier, c’est qu’il n’y a point de loi expresse pour un pareil délit. Il est abandonné, comme presque tout le reste, à la prudence ou au caprice du juge. Le lieutenant d’Abbeville a craint de n’en pas faire assez, et le parlement en a trop fait. Vous savez que des vingt-cinq juges il n’y en a eu que quinze qui ont opiné à la mort. Mais quand plus d’un tiers des opinants penche vers la clémence, les deux autres tiers sont bien cruels. De quoi dépend la vie des hommes ! Si la loi était claire, tous les juges seraient du même avis ; mais quand elle ne l’est pas, quand il n’y a pas même de loi, faut-il que cinq voix de plus suffisent pour faire périr, dans les plus horribles tourments, un jeune gentilhomme qui n’est coupable que de folie ? Que lui aurait-on fait de plus s’il avait tué son père ?
En vérité, si le Parlement est le père du peuple, il ne l’est pas de la famille d’Ormesson 3. Je suis saisi d’horreur. Je prends actuellement des eaux minérales, mais sûrement elles me feront mal ; on ne digère rien après de pareilles aventures.
Je ne suis point surpris de la conduite de ce malheureux Jean-Jacques 4, mais j’en suis très-affligé. Il est affreux qu’il ait été donné à un pareil coquin de faire Le Vicaire savoyard. Ce malheureux fait trop de tort à la philosophie ; mais il ne ressemble aux philosophes que comme les singes ressemblent aux hommes.
Toute ma petite famille, mes anges, se met au bout de vos ailes, et moi surtout, qui vous adore autant que je hais, etc., etc., etc. , etc. , etc.
Je vous demande en grâce de m’envoyer la consultation des avocats ; il n’y a qu’à la mettre dans le paquet couvert de toile cirée, afin que les brûlés soient avec les roués. »
1 Voir lettre du même jour à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/06/vous-allez-etre-bien-etonne-vous-allez-fremir-mon-cher-frere-6341972.html
2 Voir aussi : page 506-... : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/516
3 La Barre appartient à la famille d'Ormesson , par Le Febvre de La Barre en 1682 ; voir : https://www.geneastar.org/celebrite/lefebvrefra0/francois-jean-lefebvre-de-la-barre
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Lef%C3%A8vre_d%27Ormesson
4 Voir lettre du même jour à Damilaville , et celle du celle du 16 juillet 1766 de d'Alembert : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-avec-d-alembert-partie-41.html
17:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous allez être bien étonné : vous allez frémir, mon cher frère, quand vous lirez la relation que je vous envoie
...Le rapport Sauvé , effrayant :
Le poison que distillait l'Eglise du XVIIIè siècle continue de faire des victimes : mensonge , hypocrisie, despotisme .
« A Etienne-Noël Damilaville
Aux eaux de Rolle, en Suisse,
par Genève,14 juillet 1766. 1
Vous allez être bien étonné : vous allez frémir, mon cher frère, quand vous lirez la relation 2 que je vous envoie. Qui croirait que la condamnation de cinq jeunes gens de famille 3 à la plus horrible mort pût être le fruit de l’amour et de la jalousie d’un vieux scélérat d’élu d’Abbeville ? La première idée qui vient est que cet élu est un grand réprouvé ; mais il n’y a pas moyen de rire dans une circonstance si funeste. Ne saviez-vous pas que plusieurs avocats ont donné une consultation 4 qui démontre l’absurdité de cet affreux arrêt ? Ne l’aurai-je point, cette consultation ? On dit que le premier président leur en a voulu faire des reproches, et qu’ils lui ont répondu avec la noblesse et la fermeté dignes de leur profession. C’est une chose abominable que la mort des hommes, et que les plus terribles supplices dépendent de cinq radoteurs qui l’emportent, par la majorité des voix, sur les dix conseillers du parlement les plus éclairés et les plus équitables.
Je suis persuadé que si Sa Majesté eût été informée du fond de l’affaire, elle aurait donné grâce . Elle est juste et bienfaisante ; mais la tête avait tourné aux deux malheureux, et ils se sont perdus eux-mêmes.
Je vous conjure, mon cher frère, d’envoyer à M. de Beaumont copie de la relation, avec le petit billet que je lui écris.
Je vous embrasse avec autant de douleur que de tendresse.
Est-ce qu’on a brûlé les Délits et les Peines ?
Voici ce qu'on m'écrit sur Jean-Jacques :
« J'ai vu les lettres de M. Hume . Il mande que Rousseau est le scélérat le plus atroce , le plus noir qui ait jamais déshonoré la nature humaine ; qu'on lui avait ben dit qu'il avait tort de se charger de lui, mais qu'il avait cédé aux instances de ses protecteurs ; qu'il avait mis le scorpion dans son sein , et qu'il en avait été piqué ; que le procès avec cet homme affreux allait être imprimé en anglais, qu'il priait qu'on le traduisit en français et qu'on vous en envoyât un exemplaire .» »
1 V* séjourne à Rolle à partir du 13 ou 14 juillet 1766 pour une période de quatre semaines, mais retourne à Ferney à au moins trois reprises .
2 On a toujours crû qu'il s'agit de la relation de la mort du chevalier de La Barre dont la première édition semble bien être du 15 juillet 1766 . Mais cette relation contient de nombreux détails que V* ne semble pas avoir pu connaître si vite . L'allusion doit donc être à une prétendue lettre d'Abbeville datée du 7 juillet, qui est en fait, de touté évidence, de V* lui-même . En voici le texte :
« Abbeville 7 juillet 1766 . / […] Un habitant d’Abbeville, lieutenant de l’Élection, riche , avare, et nommé Belleval, vivait avec la plus grande intimité avec l'abbesse de Vignancourt, fille de M. de Brou,lorsque deux jeunes gentilshommes, parent de l'abbesse, dénués de fortune et assez mal élevés, arrivèrent à Abbeville . L’abbesse les reçut chez elle, les logea dans l’intérieur du couvent, plaça peu de temps après l'aîné des deux frères dans les mousquetaires et trouvant sans doute le lus jeune préférable à monsieur l'élu, elle congédia celui-ci . Dès lors le chevalier de La Barre , toujours logé chez sa cousine , toujours mangeant avec elle, fit la connaissance avec la jeunesse de la ville, l'introduisit chez l'abbesse ; on y soupait, on y passait une partie de la nuit .
« Le sieur de Belleval , jaloux et chassé, résolut de se venger ; il savait que le chevalier de La Barre avait commis de grandes indécences quatre mois auparavant avec quelques jeunes gens de son âge mal élevés . L'un d'eux même avait donné en passant un coup de baguette sur un poteau auquel était attaché un crucifix de bois, et quoique le coup n'eût été donné que par-derrière et sur le simple poteau, la baguette en tournant avait frappé malheureusement le crucifix . Il sut que ces jeunes gens avaient chanté des chansons impies qui avaient scandalisé quelques bourgeois . On reprochait surtout au chevalier de La Barre d'avoir passé à trente pas d'une procession qui portait le Saint-Sacrement, e de n’avoir pas ôté son chapeau .
« Belleval courut de maison en maison exagérer l'indécence très répréhensible du chevalier et de ses amis . Il écrivit aux villes voisines, le bruit fut si grand que l'évêque d'Amiens se crut obligé de se transporter à Abbeville pour réparer le scandale par sa piété .
« Alors on fit des informations, on jeta des monitoires, on assigna des témoins, mais personne ne voulait accuser juridiquement de jeunes indiscrets dont on avait pitié . On voulait cacher leurs fautes qu'on imputait à l'ivresse et à la folie de leur âge .
« Belleval alla chez tous les témoins, il les menaça, il les fit trembler, il se servit de toutes les armes de la religion ; enfin il força le juge d'Abbeville à le faire assigner lui-même en témoignage . Il ne se contenta pas de grossir les objets dans son interrogatoire, il indiqua les noms de tous ceux qui pouvaient témoigner ; il requit même le juge de les entendre . Mais cet indigne délateur fut bien surpris lorsque le juge ayant été forcé d'agir et de rechercher les imprudents complices du chevalier de La Barre, il trouva le fils du délateur Belleval à la tête .
« Belleval désespéré fit évader son fils avec le sieur de Talonde, fils du président de Bancour, et le jeune d'Ouville, fils du maire de la ville . Mais poussant jusqu'au bout sa jalousie et sa vengeance contre le chevalier de La Barre il le fit suivre par un espion . Le chevalier fut arrêté avec le sieur Moisnel son ami . La tête leur tourna comme vous le pouvez bien penser, dans leur interrogatoire . Cependant Moisnel répondit plus sagement que La Barre . Celui-ci se perdit lui-même . Vous savez le reste .
« je me trouvai samedi à Abbeville où une petite affaire m'avait conduit , lorsque La Barre et Moisnel escortés de quatre archers, y arrivèrent de Paris par une route détournée . Je ne saurais vous donner une juste idée de la consternation de cette ville, de l'horreur qu'on y ressent contre Belleval, et de l'effroi qui règne dans toutes les familles . Le peuple même trouve l'arrêt trop cruel ; il déchirerait Belleval ; il est sortit d’Abbeville, e ton ne sait où il est , etc.
« N.B. – Les accusés ont été condamné par le parlement de Paris, en confirmation de la sentence d'Abbeville, à avoir la langue et le poing coupés, la tête tranchée, et à être jetés dans les flammes, après avoir subi la question ordinaire et extraordinaire . Le chevalier d e La Barre a été seul exécuté, on continue le procès du sieur Moisnel . Plusieurs avocats ont signé une consultation par laquelle ils prouvent l’illégalité de l'arrêt . Il y avait vingt-cinq juges, quinze opinèrent la mort et dix une correction légère .
« Le chevalier de La Barre a soutenu les tourments et la mort sans aucune faiblesse et sans aucune ostentation . Le seul moment où il a paru ému est celui où il a vu le sieur de Belleval dans la foule des spectateurs . Le peuple aurait mis Belleval en pièces, s'il n'y avait pas eu main-forte . Il y avait cinq bourreaux à l'exécution du chevalier . Il était petit-fils d’un lieutenant général des armées et serait devenu un excellent officier . Le cardinal Le Camus dont il était parent avait commis des profanations bien plus grandes, car il avait communié un cochon avec un hostie . Il ne fut qu'exilé ; il devint ensuite cardinal et mourut en odeur de sainteté . Son parent est mort dans les plus horribles supplices pour avoir chanté des chansons et pour n'avoir pas ôté son chapeau . »
3 Il y avait cinq accusés, le chevalier de La Barre, Moinel, Douville de Maillefeu, Dumaisniel de Saveuse, et d’Étallonde de Morival ; le premier et le dernier avaient été condamnés à être brûlés, mais d’Étallonde était contumace. La Barre seul fut exécuté.
4Un Mémoire à consulter pour le sieur Moinel et autres accusés est suivi d’une Consultation datée du 27 juin 1766, et signée Cellier, d’Outremont, Muyart de Vouglans, Gerbier, Timbergue, Benoist fils, Turpin et Linguet. Le Mémoire et la Consultation font partie du Recueil intéressant publié par Devérité.
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/10/2021
On dit qu’une jolie et brave Lyonnaise a rossé trois citoyens. Le porteur n’est pas du nombre ; elle lui aurait donné un baiser
... Bravo ! Bien fait pour ses agresseurs .
« A Pierre-Michel Hennin, Résident
de France
en son hôtel
[12 juillet 1766] 1
Ange de paix, voici un Genevois qui vous donnera de quoi faire votre métier de bienfaisance. Tandis que vous cherchez à peupler le pays de Gex de protestants, on les en chasse , on ravit le bien patrimonial d’une famille. C’est par charité chrétienne, à la vérité ; mais c’est contre les lois mêmes de Louis XIV, qui ne sont pas si sévères que les déprédateurs fiscaux. Permettez que je recommande à vos bontés, à votre protection, et à vos conseils, le porteur de ma requête.
On dit qu’une jolie et brave Lyonnaise a rossé trois citoyens. Le porteur n’est pas du nombre ; elle lui aurait donné un baiser.
V. »
1 Voir la réponse de Hennin : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6408
11:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je ne suis point étonné, monsieur, qu'on veuille couvrir sa honte par de l'opiniâtreté. Il n'y avait qu'un parti à prendre, c'était de réparer son injustice ; on n'en a pas eu le courage
... Ce temps est enfin passé, l'Eglise doit enfin se mettre à nu et condamner ses prêtres et représentants pédophiles criminels . Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France a estimé qu'"on ne peut pas réparer l'irréparable" : facile défaussement, on croirait entendre un armateur devant l'épave du Titanic . Les grenouilles de bénitiers complices n'ont pas fini de faire brûler des cierges pour le pardon de leurs curés déviants .
« A Charles-Manoël de Végobre, Avocat
à Lausanne.
Je ne suis point étonné, monsieur, qu'on veuille couvrir sa honte par de l'opiniâtreté . Il n'y avait qu'un parti à prendre, c'était de réparer son injustice ; on n'en a pas eu le courage, il ne reste plus qu'à couvrir sa faute par une autre .
Je vais écrire pour le jeune homme que vous me recommandez . Il vous appartient et cela suffit , il m'est cher dès ce moment-là ; mais je vous avertis que j'ai bien peu de crédit, et que la foule de ceux qui demandent la même chose est assez grande . Ne doutez pas de mon zèle, c'est tout ce que je puis promettre .
Le capitoul David est mort comme il méritait de mourir 1 et comme il avait vécu . Le juge qui a condamné les Sirven n'est pas moins coupable, mais j’ai bien peur, monsieur, que dans l'état où sont actuellement les choses en France nous n’obtenions aucune justice . Le temps était plus favorable pour les Calas, mais on s'est acharné contre leurs défenseurs ; on les a accusés de ne pas croire à une religion qu'ils ont voulu rendre pure et humaine . Il semble que dans le monde on ne puisse faire le bien impunément .
Le professeur Vernet a fait un bien mauvais livre, il a semé de la méchanceté, et il a recueilli de l'opprobre . Adieu, monsieur, soyez persuadé de mes respectueux sentiments .
V.
12è juillet 1766 à Ferney . »
1 Devenu fou après sa destitution, il s'est suicidé .Voir : https://fr.vikidia.org/wiki/Affaire_Calas
et : https://www.grandsudinsolite.fr/1201-31-haute-garonne-l-a...
et : file:///C:/Users/james/AppData/Local/Temp/1393320368-3376...
09:36 | Lien permanent | Commentaires (0)