16/05/2022
on espère mettre à la raison forces auteurs
... qui seraient employés pour faire renaître Gaston Lagaffe, génialissime héros de Franquin, et qui ne sauraient remplacer son créateur . Hergé n'a pas voulu une renaissance de Tintin, Geluck ne veut pas une re-création de son chat, et c'est bien ainsi . Gaston , éternel, tu ne prends pas une ride .
https://www.nouvelles-du-monde.com/polemique-pourquoi-gas...
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 janvier 1766]
On a très certainement rendu les paperasses de M. de Loÿs 1, car on a de l’ordre, quoiqu'on soit homme de lettres, et qui pis est poète .
On sera très obligé du premier volume de Dion Cassius 2, avec lequel on espère mettre à la raison forces auteurs très bons chrétiens, et très mauvais historiens . »
1 Etienne [ ?] de Loÿs , voir « XXVI. Lettre de Jean Cramer à M. [Etienne?] de Loys, 17 janvier 1767 (folio 70) » : https://archives.bge-geneve.ch/archives/archives/fonds/cramer_jean/n:89/view:all
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Point d’argent, point de Suisse. Il faut dire maintenant : De l’argent, et plus de Suisse.
...
« A Claire Cramer
[vers le 20 janvier 1767] 1
Je suis très-affligé de la mort de M. du Commun 2. Oui, c’était un philosophe ; mais il était philosophe pour lui, et il me faut des gens qui le soient pour les autres, des philosophes qui en fassent, des esprits qui répandent la lumière, qui rendent le fanatisme exécrable.
C’est n’être bon à rien que n’être bon qu’à soi.
Il faut absolument que je parle à votre mari. Où est M. Dupan ? Je leur écrirai.
Votre Vielding ou Villading 3 ressemble assez aux enfants mal élevés, qui reçoivent des confitures et vont vite les manger sans remercier.
On disait autrefois :
Point d’argent, point de Suisse.
Il faut dire maintenant :
De l’argent, et plus de Suisse.
Je n’ai pas vu François Tronchin depuis qu’il a eu pour trente-huit mille livres ce qui m’a coûté plus de cent mille. Tout cela peut entrer dans la Secchia rapita genevoise 4. Je rirai du moins, et avec vous, Génoise.
V. »
1 Manuscrit olographe passé à la vente Michelot ( Paris, 7 mai 1880 ) . Datée dans l'édition Voltaire à Ferney par rapport à la lettre du 25 janvier 1767 à Gabriel : « Je vous prie de dire à M. Des Franches, que ce M. de Vilding est un étrange original. »
2 Sur cette mort, voir lettre du 19 janvier 1767 à Gabriel Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/12/vous-pouvez-venir-sur-mon-territoire-et-je-ne-puis-aller-sur-6381602.html
3 Nom d’un patricien bernois.
4 La Guerre civile de Genève.
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15/05/2022
il dira qu'il aime mieux être Scythe que Persan
... La flatterie doit être battue par la diplomatie, et donc, notre président se gardera bien d'afficher une quelconque préférence autre que celle de la famille du Cheikh Khalifa ben Zayed al Nahyane, défunt remplacé par son demi-frère (mais héritier complet) le Cheikh Mohamed bin Zayed AL Nahyan . Business is business , for ever .
https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualite...
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
[vers le 20 janvier 1767] 1
Scythes, Persans, pays de Gex tout est à vos pieds . Quand mon cher colonel sera de loisir, il dira qu'il aime mieux être Scythe que Persan, et on lui enverra le rôle qu'il daignera embellir .
Tout Ferney vous fait de très tendres compliments . »
1 L'édition Roulin place la lettre à l'automne 1766, mais il est clair qu'elle a été écrite quelques jours avant celle du 31 janvier 1767 :à d'Hermenches : « M. votre frère compte vous aller voir mardi, mon cher colonel . Je lui donnerai Les Scythes pour vous . »
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qui sole mange, sole lui vient
... Qui a besoin d'un.e premier.e ministre, premier.e ministre lui vient !
« A Jean-François-René Tabareau, directeur des postes à Lyon
Mardi au soir 20è janvier 1767 à Ferney
Nous vous avons, monsieur, l'obligation d'avoir satisfait parfaitement le goût d'un des sept péchés mortels . Notre gourmandise vous remercie très sensiblement de vos soles qui étaient aussi fraiches que si nous les avions mangées à Marseille . Je suis honteux des offres que vous voulez bien me faire . Plus j'en ai de reconnaissance, plus je crains d'en abuser, mais si vous avez quelque commissionnaire à qui vous vouliez bien me recommander nous profiterions de vos bontés Mme Denis et moi, jusqu'au point de vous envoyer quelquefois une petite liste de nos nécessités . Nous aurions en cela le plaisir d'obéir aux ordres du roi qui a défendu tout commerce entre la France et Genève . Entourés que nous sommes de neiges et de soldats, nous ignorons dans notre retraite si les voitures publiques de Lyon vont à Genève ; en cas qu'on ne pût se servir de cette voie,nous vous supplierions de permettre que votre courrier se chargeât jusqu'à Meyrin de quelques petits paquets, supposé qu'il fasse le voyage en voiture .
J'en étais là, monsieur, lorsque l'on nous apporte de votre part une alose et deux soles ; les chartreux de Ripaille 1 ne font pas si bonne chère que nous, et c'est beaucoup dire . Le proverbe ne savait pas encore que qui sole mange, sole lui vient .
Si Mme Denis et moi nous étions bien impudents, nous vous supplierions d'engager votre pourvoyeur à nous envoyer cet hiver par notre courrier deux pièces de volaille deux fois par semaine ; cela ne le chargerait pas beaucoup, nous paierions exactement le pourvoyeur, et le courrier ne sera pas oublié, mais en vérité nous n'osons pas avoir tant d'indiscrétion .
Je suis très fâché que votre parent qui était fait pour avoir de la considération s'attire des réponses mortifiantes qui courent le monde . S'il venait demander une grâce à M. le duc de Choiseul, la réponse vous venez trop tard est bonne ; mais elle ne vaut rien s'il ne s'agit que d'une visite du Jour de l'An . M. le duc de Choiseul est trop grand pour s’apercevoir si on lui fait sa cour de bonne heure ou trop tard .
Je ne savais pas que M. Jean-Georges, évêque 2 […] . L'église abhorre le sang, à ce qu'elle dit, l'évêque Jean-Georges n'a jamais fait périr personne que d'ennui . Je n'ai jamais entendu dire que j'eusse écrit une lettre à M. le duc de Choiseul sur l'évêque Jean-Georges . On ne tarit point sur les contes .
Avez-vous dans votre arrière bibliothèque la tragédie comique de Saul et de David ? Si vous ne l'avez pas je vous la déterrerai .
Comptez , monsieur, sur mon attachement inviolable.
V. »
1 A Ripaille, au bord du Léman, à l'est de Thonon, est installée la commanderie de l’ordre de St Maurice, fondée par Amédée VIII, duc de Savoie ; la vie qu'on y menait a donné lieu à l’expression faire Ripaille . On y visite ses remarquables cuisines .
2 Six ou sept mots sont emportés par la pliure du papier . Évidemment , il s'agit de Jean-Georges Le Franc de Pompignan, évêque du Puy.
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14/05/2022
Je ne vous demande pas pardon de mon ignorance, mais de ma sottise ... J’avais imaginé que je pourrais, lorsque la saison serait moins cruelle, venir vous faire ma cour à
... Saint-Tropez !"
Bienvenue à l'inutile et malfaisant Zemmour. On est loin du remarquable débarquement d'août 1944 des Forces Alliées, et proche de la pochade du Gendarme de St Tropez, et je suis sûr que l'apparition du déculotté du premier tour serait un repoussoir suffisant capable de vider la Neptune-plage . Allez, va prendre une tôle !
Trop frileux pour concourir à Calais ! ... C'est vrai que "La misère est moins pénible au soleil ..."
« A Pierre de Buisson, chevalier de Beauteville
19 janvier 1767, au soir, à Ferney 1
Monsieur,
Je ne vous demande pas pardon de mon ignorance, mais de ma sottise ; heureusement Votre Excellence est indulgente et remplie de bontés. J’avais imaginé que je pourrais, lorsque la saison serait moins cruelle, venir vous faire ma cour à Soleure, et aller ensuite arranger mes petites affaires avec Sa très dérangée Altesse le duc de Virtemberg. Je croyais que messieurs les trésoriers des lignes, qui font quelquefois toucher de l’argent à Bâle, pourraient accepter la petite négociation que je proposais, le receveur du duc à Montbéliard m’ayant assuré qu’ils paieraient sans difficulté. Je trouve actuellement un correspondant à Neuchâtel qui me fera mes remises. Je ne puis remercier assez Votre Excellence de ses offres généreuses. M. Hennin ne nous a donné qu’un passeport signé de lui pour le commissionnaire qui porte nos lettres. J’avoue que nous avons mangé aujourd’hui des soles aussi fraîches que si elles avaient été pêchées ce matin ; mais, par Apicius, ce n’est pas à M. Hennin que nous en avons l’obligation. Nous manquons précisément de tout ; nous n’avons autour de nous que des neiges. La voiture publique de Lyon n’arrive plus ; nous sommes bloqués, nous sommes les seuls qui souffrons. Les officiers qui nous assiègent en conviennent. J’ai pris la liberté d’en écrire un mot à M. le duc de Choiseul, et beaucoup de mots à MM. Dubois et de Bournonville 2; il est très-certain que les Genevois peuvent faire venir tout ce qu’ils veulent par la Savoie, par Milan, par la Suisse, par le Valais ; qu’ils peuvent manger des gelinottes, et de tout, excepté des soles. Ils ont de bon sucre, de bon café, de bonne bougie, et moi rien, tout comme Fréron 3. La guerre et les neiges finiront quand il plaira à Dieu.
À l’égard de la petite affaire 4 à laquelle Votre Excellence a daigné s’intéresser, je laisse agir ceux qui en sont les auteurs. J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect et un attachement inviolable, monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire.»
1 Le manuscrit olographe a été acheté par Charavay à la vente Sotheby à Londres le 31 mars 1875 .
2 La lettre à Choiseul et la lettre à Bournonville sont conservées ; voir lettre du 9 janvier 1767 à Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/19/si-votre-tete-repose-sur-les-deux-oreillers-de-la-justice-et-6377292.html
et du 10 janvier 1767 à Bournonville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/22/les-genevois-nagent-dans-l-abondance-parce-qu-outre-les-best-6377860.html
La lettre à Dubois n'est pas connue .
3 Dans l’Écossaise, acte I, scène 1 ; voir : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome5.djvu/431
4 L’affaire Le Jeune ou Doiret.
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13/05/2022
Nous sommes précisément à Ferney comme dans une ville assiégée... Cela serait bien plaisant, si cela n’était pas insupportable
... Voyons où nous en étions il y a trois ans : https://www.ferney-voltaire.fr/wp-content/uploads/FerneyM...
Et aujourd'hui : https://www.ferney-voltaire.fr/vivre-a-ferney-voltaire/cadre-de-vie/urbanisme/
Bilan : "Laisse béton !" [ laid ce béton !]
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
A Ferney, 19 janvier 1767
Monsieur,
Il y a environ six semaines que j’ai reçu cent bouteilles de vin sans aucun avis, et comme nous sommes bloqués actuellement de tous côtés par les soldats et par les neiges, il ne m’est pas possible de savoir d’où ce vin nous est venu. Je soupçonne que c’est vous qui me l’avez envoyé, et je voudrais savoir ce que je vous dois. Plût à Dieu que votre bonté pût nous consoler dans la disette extrême où nous sommes de tout ce qui est nécessaire à la vie ; nous manquons de tout sans aucune exagération. Nous sommes précisément à Ferney comme dans une ville assiégée. Je ne m’attendais pas à soutenir ici les horreurs de la guerre dans mes derniers jours. Cela serait bien plaisant, si cela n’était pas insupportable.
Je vous supplie de me mettre aux pieds de Mme Le Bault, de monsieur le premier président, et de monsieur le procureur général.
J’ai l’honneur d’être, avec bien du respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
09:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous êtes trop généreux pour n’avoir pas pour moi plus de pitié que de colère
... C'est la prière de Jean Castex au pape François en présentant le bilan de son activité ministérielle ; il sera pardonné, son purgatoire se termine .
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille 1
Au château de Ferney, 19è janvier 1767
Je suis vieux, monsieur, malade, borgne d’un œil, et maléficié de l’autre. Je joins à tous ces agréments celui d’être assiégé, ou du moins bloqué. Nous n’avons, dans ma petite retraite, ni de quoi manger, ni de quoi boire, ni de quoi nous chauffer . Nous sommes entourés de soldats de six pieds, et de neiges hautes de dix ou douze ; et tout cela parce que Jean-Jacques Rousseau a échauffé quelques têtes d’horlogers et de marchands de draps. La situation très triste où nous nous trouvons ne m’a pas permis de répondre plus tôt à l’honneur de votre lettre . Vous êtes trop généreux pour n’avoir pas pour moi plus de pitié que de colère.
Nous avons ici M. et Mme de La Harpe, qui sont tous deux très aimables. M. de La Harpe commence à prendre un vol supérieur ; il a remporté deux prix de suite à l’Académie, par d’excellents ouvrages 2. J’espère qu’il vous donnera à Pâques une fort bonne tragédie. Il eut l’honneur de dédier à M. le prince de Condé sa tragédie de Warwick, qui avait beaucoup réussi. J’ai vu une ode 3 de lui à S. A.S., dans laquelle il y a autant de poésie que dans les plus belles de Rousseau. Il mérite assurément la protection du digne petit-fils du grand Condé ; il a beaucoup de mérite, et il est très-pauvre, il ne partage actuellement que la disette où nous sommes.
Adieu, monsieur ; agréez les assurances de mes tendres et respectueux sentiments, et ayez la bonté de me mettre aux pieds de Son Altesse sérénissime 4.
V... »
2 La Délivrance de Salerne , et Le Poète. Voir : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/11910286/te/page3
3 Ode à monseigneur le prince de Condé, au retour de la campagne de 1763 : https://books.google.fr/books?id=fh1qFov2IJEC&pg=PA81&lpg=PA81&dq=Ode+%C3%A0+monseigneur+le+prince+de+Cond%C3%A9,+au+retour+de+la+campagne+de+1763.+la+harpe&source=bl&ots=HGNvh6XFWK&sig=ACfU3U1kqk_KEcY-7JjLaQZYtFSV2tcmCg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiJoI6Xtdr3AhVGOBoKHaN_Ck4Q6AF6BAgDEAM#v=onepage&q=Ode%20%C3%A0%20monseigneur%20le%20prince%20de%20Cond%C3%A9%2C%20au%20retour%20de%20la%20campagne%20de%201763.%20la%20harpe&f=false
4 La Touraille est écuyer du prince de Condé ; voir lettre du 10 mars 1760 à Larcher : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/11/les-faibles-ouvrages-qui-ont-pu-echapper-a-mon-loisir-et-a-l-inutilite-ou-j.html
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