22/09/2021
Je fais bien pis ; je crois que j’ai raison
... Est-il pire défaut ?
https://www.youtube.com/watch?v=GCTuXHW5vl4
« A Jean Le Rond d'Alembert
1er juillet [1766] 1
Ignis ubique latet, naturam amplectitur omnem,
Cuncta parit, renovat, dividit, unit, alit.2
Oui, mon cher philosophe, ces deux, mauvais vers sont de moi. Je suis comme l’évêque de Noyon 3, qui disait dans un de ses sermons : « Mes frères, je n’ai pris aucune des vérités que je viens de vous dire ni dans l’Écriture, ni dans les pères ; tout cela part de la tête de votre évêque. »
Je fais bien pis ; je crois que j’ai raison, et que le feu est précisément tel que je le dis dans ces deux vers. Votre Académie n’approuva pas mon idée, mais je ne m’en soucie guère. Elle était toute cartésienne alors, et on y citait même les petits globules de Malebranche : cela était fort douloureux. Je vous recommande, mon cher frère et mon maître, les Vernet dans l’occasion.
Vous m’enchantez de me dire que Mlle Clairon a rendu le pain bénit ; on aurait bien dû la claquer à Saint-Sulpice. Je m’y intéresse d’autant plus, moi qui vous parle, que je rends le pain bénit tous les ans avec une magnificence de village que peut-être le marquis Simon Lefranc n’a pas surpassée. Je suis toujours fâché que le puissant auteur de la belle Préface 4 ait pris martre pour renard, en citant saint Jean 5. Les pédants tireront avantage de cette méprise, comme Cyrille se prévalut de quelques balourdises de l’empereur Julien ; et de là ils concluront que les philosophes ont toujours tort.
Nous aurons incessamment dans notre ermitage un prince 6 qui vaut un peu mieux que le protecteur 7 de Catherin Fréron.
Êtes-vous homme à vous informer de ce jeune fou nommé M. de La Barre, et de son camarade, qu’on a si doucement condamnés à perdre le poing, la langue, et la vie, pour avoir imité Polyeucte et Néarque ?8 On me mande qu’ils ont dit, à leur interrogatoire, qu’ils avaient été induits à l’acte de folie qu’ils ont commis par la lecture des livres des encyclopédistes.
J’ai bien de la peine à le croire ; les fous ne lisent point, et assurément nul philosophe ne leur aurait conseillé des profanations. La chose est importante. Tâchez d’approfondir un bruit si odieux et si dangereux.
M. le chevalier de Rochefort m’a bien consolé de tous les importuns qui sont venus me faire perdre mon temps dans ma retraite. Dieu merci, je ne les reçois plus ; mais quand il me viendra des hommes tels que M. le chevalier de Rochefort, qui me parleront de vous, mes moments seront bien employés avec eux. Je viens de voir aussi un M. Bergier 9, qui pense comme il faut ; il dit qu’il a eu le bonheur de vous voir quelquefois, et il ne m’en a pas paru indigne.
N’oubliez pas, je vous en supplie, Polyeucte et Néarque ; mais surtout mandez-moi si vous êtes dans une situation heureuse, et si vous vous consolez des niches qu’on fait tous les jours à la philosophie. »
1 V* répond à la lettre du 25 juin 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6374
2 Le feu est partout caché, il embrase toute nature, il donne naissance à tout, renouvelle, divise, unit, nourrit toute chose ; ces vers latins sont en épigraphe à l'Essai sur la nature du feu et sur sa propagation, 1738 ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_la_nature_du_feu_et_sur_sa_propagation/%C3%89dition_Garnier/Avertissement
3 François de Clermont-Tonnerre , , né en 10-29, mort le !5 février 1701, membre de l'Académie française, et dont le malin d'Alembert a fait l'Apologie. (Beuchot.) ; voir la note : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/559
4 Voir lettre 6252 du 1er février 1766 à Frédéric II, roi de Prusse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/18/sans-justesse-il-n-y-a-ni-esprit-ni-talent-6316581.html
5 Frédéric a signalé comme apocryphe la passage de Saint Jean I, v, 7-8 alors qu'il s'agit seulement d'une inerpolation .
6 Le prince de Brunswick.
7 Le prince de Deux-Ponts : https://journals.openedition.org/crcv/16148
8 Voir lettre du 16 juin 1766 à Alexandre d'Hornoy : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/09/je-suis-tres-touche-du-sort-des-polyeuctes-et-des-nearques-que-les-velches.html
9 Le traducteur Claude-François Bergier, frère du théologien : https://data.bnf.fr/fr/12268357/claude-francois_bergier/
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21/09/2021
Cesse d'admirer la fumée, les richesses et le bruit de l'heureuse Genève
... A Genève, de philosophes : point, des financiers : prou, et seul l'automne sera fidèle au rendez-vous .
« A Pierre-Michel Hennin
Mardi [juin-juillet 1766]
Omitte mirari beatae
fumum et opes strepitum que Geneve .1
Monsieur le Résident et M. le chevalier de Taulès sont-ils assez bons pour venir demain mercredi dîner avec les solitaires de Ferney ? Il n'y aura que des philosophes . »
1 Horace, Odes, III, 11-12 : Cesse d'admirer la fumée, les richesses et le bruit de l'heureuse Genève .
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oserai-je vous présenter une requête pour cent bouteilles du meilleur l'automne prochain
... Il faut voir le sourire béat du négociant à qui vous faites cette commande à l'une des Foires aux vins actuelles . Que modération aille se faire voir ! Cent bouteilles, six mois d'autonomie , à vue de nez (rouge) . Il faut soutenir les viticulteurs qui ont tant souffert [sic] cette année ( mais qui ont l'art de se rattraper en gonflant leurs prix, bien entendu, seule la vigne souffre réellement ) .
Actualisé : 48è anniversaire des foires au vin
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
[1766 ?] 1
Monsieur, permettez que je me joigne à mon gendre adoptif . Vous voyez que mes remerciements ne sont pas toujours pour du vin ; mais s'il est permis de joindre l’agréable à l'utile, oserai-je vous présenter une requête pour cent bouteilles du meilleur l'automne prochain . Il faut encore que j'implore vos bontés pour un petit tonneau de provins ou chapons . Pardon de mêler ainsi Bacchus avec Thémis 2, mais ce sont deux grandes divinités .
Madame Le Bault veut-elle bien recevoir mon respect, ainsi que vous, monsieur, qui honorez de vos bontés votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1Edition Mandat-Grancey . On a ici le post scriptum d'une lettre de Dupuits à Le Bault que l'éditeur signale, mais sans en donner le texte .
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20/09/2021
Il serait à souhaiter que le public donnât dans le même panneau, et qu’il relût nos auteurs du bon temps, au lieu de se gâter le goût par les misérables nouveautés dont on nous accable
... Les éditeurs, et plus particulièrement leurs lecteurs qui doivent faire un tri, sont bien du même avis . Le recherche de la perle dans le fumier n'est vraiment pas rigolote . La saison des prix littéraires arrive quand tombent les feuilles, notre ministresse de la culture va pouvoir papillonner .
https://twitter.com/jokesmanager/status/903637924327047168
« A Nicolas-Claude Thieriot
Mon cher et ancien ami, j’aurais plus de foi à votre régime qu’à l’eau de M. Vyl. La véritable eau de santé est de l’eau fraîche, et tous ceux qui prétendent faire subsister ensemble l’intempérance et la santé sont des charlatans. Une meilleure recette est celle qu’on vous envoie de Brandebourg tous les trois mois 1. Votre arrangement me paraît très bien fait et très adroit : il n’y a personne auprès de votre correspondant qui puisse l’avertir qu’on lui donne du vieux pour du nouveau. Il serait à souhaiter que le public donnât dans le même panneau, et qu’il relût nos auteurs du bon temps, au lieu de se gâter le goût par les misérables nouveautés dont on nous accable.
Vous êtes sans doute informé du nouveau livre qui paraît sous le nom de Fréret ; c’est un excellent ouvrage qui doit déjà être connu en Allemagne. Les citations sont aussi fidèles que curieuses, les preuves claires, et le raisonnement si vigoureux qu’il n’y a qu’un sot qui puisse y répliquer. Les Lettres sur les miracles 2 de Beaudinet et de Covelle ne sont point encore connues en France.
Si je trouve dans mes paperasses quelques petits morceaux qui puissent figurer dans vos envois, je ne manquerai pas de vous en faire part ; mais à présent je suis si occupé de l’édition in-4° que les Cramer font de mes anciennes sottises, je suis si enseveli dans des tas de papiers, que je ne peux rien débrouiller . Mais quand je serai défait de cet embarras désagréable, je chercherai tous les matériaux qui pourront vous convenir. Nous comptons avoir incessamment un des neveux de votre correspondant. J’aime bien autant les voir chez moi que de les 3 aller chercher chez eux. Nous avons eu l’abbé Morellet ; c’est un homme très aimable, très instruit, très vertueux. Voilà comme les vrais philosophes sont faits, et ce sont eux qu’on veut persécuter ! Adieu, mon cher ami ; vivez tranquille et heureux.
V.
26 juin [1766].4 »
1 Le payement de ce que lui donnait le roi de Prusse, dont il était le correspondant littéraire.
3 Le manuscrit écrit d'une main non identifiée ( voir fin de la lettre du 22 juin 1766 à d'Argental : ) porte ici des pour de les .
4 Manuscrit original avec initiale et date autographes, année ajoutée par Thieriot . La lettre à laquelle répond V* est du 16 juin 1766
17:31 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il examine d’abord de sang-froid, ensuite il argumente avec force, et il conclut en foudroyant
... Non, il ne s'agit pas de notre président, quand bien même certains le nomment Jupiter .
Je ne connais aucun homme politique qui raisonne comme l'aime Voltaire . Ils ne savent que critiquer en ânonnant, geais parés des plumes du paon (même le déplumé Ciotti, que je trouve assez puant, il ne foudroie pas , il n'émet que des pets ).
« A Etienne-Noël Damilaville
26 juin 1766 1
Je suis enchanté de l’abbé Morellet, mon cher frère. En vérité, tous ces philosophes-là sont les plus aimables et les plus vertueux des hommes ; et voilà ceux qu’Omer veut persécuter ! Il n'y a qu’un homme infiniment instruit dans la belle science de la théologie et des pères qui puisse avoir fait l’examen critique des apologistes 2. J’avoue que le livre est sage et modéré : tout critique doit l’être ; mais je ne pense pas qu’on doive blâmer le lord Bolingbroke d’avoir écrit avec la fierté anglaise, et d’avoir rendu odieux ce qu’il a prouvé être méprisable 3. Il fait, ce me semble, passer son enthousiasme dans l’âme du lecteur. Il examine d’abord de sang-froid, ensuite il argumente avec force, et il conclut en foudroyant. Les Tusculanes de Cicéron et ses Philippiques ne doivent point être écrites du même style.
Les Sirven et moi, mon cher frère, nous vous aurons une égale obligation de presser notre Élie . Je suis sûr qu'il se fera plus d'honneur par cette cause que par celle de M. de La Luzerne . L'aventure des Sirven est liée aux plus grands objets ; elle tient à l'intérêt public, aux mœurs et aux lois de notre nation . J'attends tous les jours les lettres de Beaudinet et de Covelle qui sont imprimées à Neuchâtel . Je vous suis bien obligé de m'avoir envoyé quatre exemplaires de la justification du président de Thou . J'aurais souhaité que Merlin, qui probablement a imprimé ce petit ouvrage, y eût apporté plus de soin, et y eût mis plus de correction ; il y a des fautes qui ne sont pas pardonnables . Il faudrait surtout qu'il fit corriger à la main le vers d'Horace qui est à la page 7, et qu'un homme qui sait son latin et son Horace voulût bien s'en donner la peine . Ce vers est si ridiculement défiguré qu'il peut faire grand tort à l'ouvrage .
Vous me faites bien plaisir, mon cher frère, de me dire que Mlle Sainval 4 a réellement du talent. Il est à souhaiter qu’elle soutienne le théâtre, qui tombe, dit-on, en langueur. Mais quand aurons-nous des hommes qui aient de la figure et de la voix ?
J’ai écrit à M. Grimm . Il s’agit 5 de me faire savoir les noms des principales personnes d’Allemagne que je pourrai intéresser à favoriser les Sirven 6. Je vous supplie de lui en écrire un mot, et de le presser de m’envoyer les instructions que je lui demande. Les Sirven et moi, nous vous en aurons une égale obligation 7. Adieu, mon cher frère : s’il n’y a point de nouveauté à présent, le livre attribué à Fréret doit en tenir lieu pour longtemps . Il fait honneur à l’esprit humain.
Comme je vous embrasse, vous et les vôtres ! »
1 Copie contemporaine Darmstadt B. Copie Beaumarchais-Kehl dont le texte a été adopté avec addition du deuxième paragraphe qui y est omis en entier ainsi que dans toutes les éditions ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6376
2 Voir lettre du 1er avril 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/06/m-6325583.html
3 L’Examen important de milord Bolingbroke a donc déjà été envoyé en manuscrit à Damilaville ; il ne sera publié qu'en août ; voir lettre du 25 août 1766 à Frédéric II landgrave de Hesse-Cassel : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6473
4 Mlle Saint-Val l'aînée ; voir lettre du 13 juin 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/01/ceux-qui-font-mourir-des-citoyens-sans-dire-precisement-pour-6335108.html
5 Le manuscrit Darmstadt ajoute ici actuellement .
6 Voir lettre du 13 juin 1766 à Grimm : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/04/c-est-le-public-que-je-prends-toujours-pour-juge-dans-les-af-6335566.html
7 Dans le manuscrit Darmstadt ces deux phrases sont remplacées par : Je vous supplie de m'envoyer au plus tôt les instructions dont j'ai besoin.
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19/09/2021
Par quelle fatalité se peut-il que tant de fanatiques imbéciles aient fondé des sectes de fous, et que tant d’esprits supérieurs puissent à peine venir à bout de fonder une petite école de raison ? ... il leur manque l’enthousiasme, l’activité.
... Triste constat . On ne peut mieux dire , mais il faut mieux faire .
« A Jean Le Rond d'Alembert
26 de juin 1766 1
Mon digne et aimable philosophe, je l’ai vu, ce brave Mords-les 2, qui les a si bien mordus ; il est du naturel des vrais braves, qui ont autant de douceur que de courage ; il est visiblement appelé à l’apostolat. Par quelle fatalité se peut-il que tant de fanatiques imbéciles aient fondé des sectes de fous, et que tant d’esprits supérieurs puissent à peine venir à bout de fonder une petite école de raison ? C’est peut-être parce qu’ils sont sages ; il leur manque l’enthousiasme, l’activité. Tous les philosophes sont trop tièdes ; ils se contentent de rire des erreurs des hommes au lieu de les écraser. Les missionnaires courent la terre et les mers ; il faut au moins que les philosophes courent les rues ; il faut qu’ils aillent semer le bon grain de maisons en maisons. On réussit encore plus par la prédication que par les écrits des pères. Acquittez-vous de ces deux grands devoirs, mon cher frère ; prêchez et écrivez, combattez, convertissez, rendez les fanatiques si odieux et si méprisables que le gouvernement soit honteux de les soutenir.
Il faudra bien à la fin que ceux à qui une secte fanatique et persécutrice a valu des honneurs et des richesses se contentent de leurs avantages, qu’ils se bornent à jouir en paix, et qu’ils se défassent de l’idée de rendre leurs erreurs respectables. Ils diront aux philosophes : « Laissez-nous jouir, et nous vous laisserons raisonner ». On pensera un jour en France comme en Angleterre, où la religion n’est regardée par le Parlement que comme une affaire de politique ; mais pour en venir là, mon cher frère, il faut du travail et du temps.
L’église de la sagesse commence à s’étendre dans nos quartiers, où régnait, il y a douze ans, le plus sombre fanatisme. Les provinces s’éclairent, les jeunes magistrats pensent hautement : il y a des avocats généraux qui font des anti-Omer . Le livre attribué à Fréret, et qui est peut-être de Fréret, fait un bien prodigieux. Il y a beaucoup de confesseurs, et j’espère qu’il n’y aura point de martyrs 3. Il y a beaucoup de tracasseries politiques à Genève ; mais je ne connais pas de ville où il y ait moins de calvinistes que dans cette ville de Calvin. On est étonné des progrès que la raison humaine a faits en si peu d’années. Ce petit professeur de bêtises, nommé Vernet, est l’objet du mépris public. Son livre contre vous et contre les philosophes est le plus inconnu des livres, malgré la prétendue troisième édition 4 . Vous sentez bien que la Lettre curieuse de Robert Covelle, que je vous ai envoyée, n’est calculée que pour le méridien de Genève, et pour mortifier ce pédant . Il y a un frère qui possède une métairie dans ma terre de Tournay, il y vient quelquefois ; je compte avoir le plaisir de le faire mettre au pilori dès que j’aurai un peu de santé ; c’est une plaisanterie que les philosophes peuvent se permettre avec de tels prêtres, sans être persécuteurs comme eux.
Il me semble que tous ceux qui ont écrit contre les philosophes sont punis dans ce monde . Les jésuites ont été chassés ; Abraham Chaumeix s’est enfui à Moscou ; Berthier est mort d’un poison froid 5; Fréron a été honni sur tous les théâtres, et Vernet sera pilorié infailliblement.
Vous devriez, en vérité, punir tous ces marauds-là par quelqu’un de ces livres moitié sérieux, moitié plaisants, que vous savez si bien faire. Le ridicule vient à bout de tout ; c’est la plus forte des armes, et personne ne la manie mieux que vous. C’est un grand plaisir de rire en se vengeant. Si vous n’écrasez pas l’infâme, vous avez manqué votre vocation. Je ne peux plus rien faire. J’ai peu de temps à vivre , je mourrai, si je puis, en riant, mais, à coup sûr, en vous aimant. »
1 Réponse à la lettre du 23 juin de d'Alembert : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_(d%E2%80%99Alembert)/Correspondance_avec_Voltaire/069
2 Morellet, bien entendu .
3 V* ne s'attendait pas à la condamnation à mort et l'exécution de La Barre ( le 1er juillet 1766). .
4 Les Lettres de Vernet ont eu réellement trois éditions.
5 Selon la version de V*, car Berthier mourra après V*, en 1782 ; voir lettre du 5 décembre 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/13/on-n-est-pas-toujours-sur-pegase-on-est-ballotte-dans-le-mem-5509651.html
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l'auteur est actuellement occupé à donner à ces notes une tournure moins dangereuse et à les présenter sous un aspect qui effarouche moins les hypocrites
... On croirait bien que Voltaire parle de Zemmour (avec un Z qui veut dire Zéro , ou de manière plus charitable Zinzin ).
« A Jacques Lacombe
[vers le 25 juin 1766] 1
Vous avez dû, monsieur, recevoir une collection d'assez mauvais ouvrages encore plus mal imprimés et remplis de fautes typographiques, sans compter celles de l'auteur ; je me flatte que vous m'en accuserez la réception .
J’ai été si charmé, monsieur, pour l’honneur des lettres, de voir un homme de votre mérite quitter la profession de Patru pour celle des Estiennes ; vos attentions pour moi m’ont tant flatté, que je voudrais n’avoir jamais eu que vous pour éditeur. Si jamais cette entreprise pouvait s’accorder avec celle des Cramer, ce serait peut-être rendre service à la littérature. J’ai corrigé tous mes ouvrages dans ma retraite avec beaucoup de soin, et surtout l’Histoire générale 2, qui est un fruit de trente ans de travail, conduit à sa maturité autant que mes forces l’ont permis.
Je ne sais si vous exécutez le projet dont vous m’aviez parlé ; je souhaite que vous puissiez en venir à bout sans vous compromettre : en ce cas, on vous enverrait plusieurs chapitres nouveaux et quelques additions assez curieuses. Quant à la pièce d'un de mes amis, accompagnée de notes historiques, un ministre d’État qui a eu la bonté de la lire a craint que parmi ces notes il ne s'en trouvât de trop hasardées qui pourraient être préjudiciables à l'éditeur ; je sais que l'auteur est actuellement occupé à donner à ces notes une tournure moins dangereuse et à les présenter sous un aspect qui effarouche moins les hypocrites et leur donne moins de prise ; les fond subsistera, la forme seule sera changée . Je crois qu'il pourra bien se passer plus d'un mois avant que l'on vous porte ce manuscrit . Comptez, monsieur, que je m’intéresse véritablement à vous. Je vous prie de me mander si vous êtes content de votre nouvelle profession : je voudrais être à portée de vous marquer par des services l’estime que vous m’avez inspirée.
Vous devez voir par ma lettre qu'il n'est pas besoin que je signe mon nom . »
1 Copie contemporaine ; l'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais datée du 26 mai 1766, incomplète et augmentée de fragments des lettres du 29 mars et du 5 avril 1766 . la suppression des deux premières phrases, notamment, permet à ces éditeurs d'avancer la date . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/03/je-me-connais-trop-bien-pour-n-etre-pas-modeste-6325002.html
2 Louis Moland , dans l'édition Garnier, 1877, met « Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations ».
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