21/07/2022
Vous n’êtes pas encore au point où je vous voudrais
... Telle est l'opinion déclarée des 27 au moment d'accepter de négocier l'adhésion de l'Albanie et de la Mécédoine du Nord : https://www.20minutes.fr/monde/3326943-20220718-union-eur...
« A Louis-César de La Baume Le Blanc, duc de La Vallière
21 février [1767] à Ferney
Il est vrai, monsieur le duc, que j’ai fait une drôle de tragédie où j’ai mis un petit-maître persan avec des paysans scythes, et une demoiselle de qualité qui raccommode ses chemises et celles de son père, supposé qu’on eût des chemises en Scythie. Comme vous ne haïssez pas les choses bizarres, j’aurais pris sans doute la liberté de vous envoyer cette facétie, si je n’étais occupé à la corriger : ce qui me coûte beaucoup, attendu que j’ai eu, il y a quelque temps, un petit soupçon d’apoplexie qui m’a un peu affaibli le cervelet. J’ai l’honneur d’entrer dans ma soixante et quatorzième année, quoi qu’en disent mes mauvaises estampes. Vous voyez que ma tragédie n’est pas un jeu d’enfant, mais elle tient beaucoup du radotage, ce qui revient à peu près au même.
Ou j’ai perdu entièrement la mémoire, ou je me souviens très bien que je vous ai remercié de votre beau certificat 1 en faveur d’Urcéus Codrus. Celui qui écrit sous ma dictée (parce que je suis aveugle tout l’hiver) se souvient très bien de vous avoir remercié de votre témoignage sur Urcéus. Nous sommes exacts, nous autres solitaires, parce que nous ne sommes point distraits par le fracas.
On dit que vous faites un bijou de l’hôtel Jansin 2. Je m’en rapporte bien à vous, surtout si vous avez autant d’argent que de goût.
On dit qu’on joue chez vous un jeu prodigieux. Fi ! cela n’est pas philosophe. Vous n’êtes pas encore au point où je vous voudrais.
Cependant conservez-moi vos bontés ; j’ai besoin de cette consolation, après avoir été vingt ans sans vous faire ma cour : car, si vous vous en souvenez, je me suis enfui de France au Catilina de Crébillon . C’était, pardieu un détestable ouvrage ; c’était le tombeau du sens commun ; mais je veux actuellement qu’on ait de l’indulgence pour les vieillards.
Je vous suis attaché pour le reste de ma vie avec bien du respect, et avec toute la vivacité des sentiments d’un jeune homme.
Voltaire. »
1 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/592
Voir lettre du 9 septembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/11/vous-n-en-serez-que-plus-heureux-en-vivant-pour-vous-et-pour-6354470.html
. Le duc de La Vallière y a répondu le 1er novembre 1766, y disant rendre hommage à la vérité, « en déclarant, le plus authentiquement qu'il est possible » ; « […] la lettre que vous m'avez adressée et qui commence par ces mots : Votre procédé est de l'ancienne chevalerie, est falsifié en beaucoup d'endroits dans le recueil où elle est imprimée ; »
Voir page 275 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome41.djvu/285
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20/07/2022
Nous ne pouvons y atteindre, dit Montagne, vengeons- nous par en médire
... Telle semble être la stratégie regrettable de NUPES pour ces premiers rounds législatifs : https://www.francetvinfo.fr/economie/pouvoir-achat/loi-po...
« A David-Louis Constant baron de Rebecque, seigneur d'Hermenches
à Lausanne
Corrections, acte Vè, scène IIde
….........................................................................................................
Sozame
….......................................................................
….........................................................................
….........................................................................
Tous mes ressentiments sont changés en regrets.
Obéide
Avez-vous bien connu mes sentiments secrets ?
Dans le fond de mon cœur avez-vous daigné lire ?
Sozame
Mes yeux t'ont vu pleurer sur le sang d'Indatire,
Mais je pleure sur toi dans ce moment cruel :
J'abhorre tes serments .
Obéide
Vous voyez cet autel,
Ce glaive dont ma main doit frapper Athamare,
Vous savez quels tourments mon refus lui prépare. –
Après ce coup terrible – et qu'il me faut porter
etc., page 66.
Ces gens là paraissent bien acharnés, mon cher colonel, et ils sont bien ennemis d'eux-mêmes . Nous ne pouvons y atteindre, dit Montagne, vengeons- nous par en médire 1. Le renard qui trouvait les raisins trop verts 2 a laissé , ce me semble, une nombreuse postérité . Je vois avec plaisir que vous ne vous laissez pas abattre par vos ennemis . Vous êtes un brave homme qu'on n'intimide point . N'y aura-t-il pas de l'indiscrétion à moi de vous proposer ce petit changement que j'ai fait à la scène IIde du cinquième acte entre Obéide et son père ? Cette correction m'a paru absolument nécessaire . Je vous supplie de la faire porter sur les deux rôles et sur la pièce . J'espère toujours venir vous entendre, je me flatte que vous m'avertirez du jour .
Les affaires de Genève sont toujours au même point, et la pauvre pays de Gex bien accablé .
21è février 1767. »
1 Montaigne : Essais, III, 7 ; https://fr.wikisource.org/wiki/Essais/Livre_III/Chapitre_7
2 Le Renard et les raisins, La Fontaine, Fables, III, 11 : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/renetrai.htm
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19/07/2022
assurément les Anglais ne seraient point du tout contents
... si le gouvernement ne mettait pas fin immédiatement à la vague de chaleur britannique . Que fait-on pour remettre une bonne couche de fog doublée d'un crachin bienvenu ? https://www.20minutes.fr/planete/3326491-20220717-canicul...
God save the string !
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 février 1767]
Je vous prie bien violemment, mon cher Caro, de songer à cette addition pour le nombre 31 qu'on a mise si cruellement au nombre 3, et qui fait un contresens abominable dont assurément les Anglais ne seraient point du tout contents . Je vous ai envoyé pour le nombre 3 un supplément, un adoucissement, un emplâtre tout à fait nécessaire, car ce qu'on dit de l'âme à ce nombre 3 aurait alarmé tout le parti fanatique . Il faut l'instruire et le ménager . Vale . »
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J'ai fait la page, la voici .
... Bravo et merci Cabu !

https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/d...
« A Gabriel Cramer
à Genève
[vers le 20 février 1767]
J'ai eu grand tort de ne pas relire avec assez d'attention la première feuille 1. je m'aperçois qu'on a mis au nombre 3, page 6, une addition qui était destinée au numéro 31 . Cette addition commence à ces mots : Comment l’Égyptien qui élevait des pyramides etc.. Elle n'a aucun rapport avec ce qui précède et ce qui suit . Elle paraît même contradictoire avec le nombre 4 , et elle interrompt absolument tout l'ordre de l'ouvrage . On envoya deux additions à M. Cramer . Leurs places étalent soigneusement marquées dans la copie en deux petites feuilles séparées .
Il est essentiel d'ôter cette addition qu’on a portée si mal à propos à la page 6 . Je crois que cette première feuille n'est pas encore tirée, puisque on ne me l'envoya qu'avant-hier . Il faut donc tout suspendre, et faire une nouvelle page qui remplace ce que l'on doit ôter .
C'est à quoi je vais travailler .
J'ai fait la page, la voici . »
1 Les Questions de Zapata : http://www.hemmelel.fr/blog/2007/11/27/les-67-questions-de-zapata-par-voltaire/
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18/07/2022
si je vis encore deux ou trois ans
...
« A Claude-Ignace Pajot de Vaux , Maître
des comptes, Chevalier de Saint-Louis 1
à Lons-le-Saulnier
par Saint-Claude
20è février 1767 à Ferney
J'espère, monsieur, que si je vis encore deux ou trois ans je viendrai à bout d'obtenir de M. le vice-chancelier ce qu'il semble n'avoir que différé . Je me suis fait informer par un premier commis s'il y a des exemples de vétérance accordée au bout de quatre années, on m'a répondu qu'il n'y en avait point, et qu'on n'en connait qu'une seule après huit ans de service . Soyez persuadé, monsieur, que quand il s'agira de vous servir, vous, ou votre famille, vous me trouverez toujours empressé à exécuter vos ordres . Je vous suis dévoué, ainsi qu'à Mme de Vaux et à M. votre frère .
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
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17/07/2022
il ne doit point parler de lui . Son intérêt particulier nuirait au bien général qu'on doit toujours envisager
... Consigne valable pour tous les chefs d'Etats et gouvernements qui ont à négocier avec des despotes type Poutine ou Mohammed ben Salman, et quelques autres tristes sires du même tonneau .
Quelques remarques pour Emmanuel Macron et les Français : https://www.lepoint.fr/societe/en-direct-14-juillet-suive...
« A Johann Rudolph Frey 1
Au château de Ferney par Genève
20è février 1767
Monsieur,
Pour répondre à la confiance dont vous m'honorez, souffrez que je vous dise que le manuscrit de votre ami 2 ne doit point paraître, à mon avis, dans l'état où il est . Je pense qu'il ne doit point parler de lui . Son intérêt particulier nuirait au bien général qu'on doit toujours envisager . Il donnerait d'ailleurs trop de publicité à une aventure qu'il doit ensevelir dans l'oubli .
Il faut absolument retoucher le style en plusieurs endroits . Je pense encore que pour rendre ce morceau plus intéressant il faudrait y joindre quelques réflexions sur les abus qui partent de la même source . Les maladies dont je suis accablé ne me permettent pas de travailler à présent, mais si je me rétablis je me ferai un vrai plaisir de chercher à mériter votre confiance ; je sais quel est votre mérite .
J'ai l'honneur d'être, avec les sentiments respectueux qu'il m'inspire, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi . »
1 Voir : https://www.worldcat.org/title/johann-rudolf-frey-1727-1799-freund-isaak-iselins/oclc/3958673
2 Peut-être Isaac Iselin . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaak_Iselin
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16/07/2022
ils seraient respectés du public s’ils se soutenaient les uns les autres
... Ceux qui font en sorte que les informations ne soient pas fausses, mensongères, malveillantes : https://www.20minutes.fr/societe/3312791-20220627-lutte-c...
Il n'est pas trop tard pour oeuvrer en ce sens .
« A Claude-Joseph Dorat
20 février 1767 à Ferney
Il est vrai, monsieur, que j’avais été flatté de la promesse que vous m’aviez faite, lorsqu’une lettre que j’avais écrite à M. le chevalier de Pezay 1 m’en attira une très obligeante de vous. Cette espérance adoucissait beaucoup le mal dont je ne connaissais qu’une partie. Des vers tels que vous les savez faire auraient plu davantage au public que la publication de quelques lettres qui ne sont pas faites pour lui.
Les procédés de Jean-Jacques Rousseau ne sont point des querelles de littérature ; ce sont des complots formés par l’ingratitude et par la méchanceté la plus noire, dont les médiateurs de Genève et le ministère de France sont assez instruits.
Au reste, personne n’a jamais souhaité plus passionnément que moi l’union des gens de lettres ; personne n’a mieux senti combien ils seraient utiles, et à quel point ils seraient respectés du public s’ils se soutenaient les uns les autres. Il faut laisser aux folliculaires, aux Desfontaines, aux Frérons, l’infâme métier de déchirer leurs confrères pour gagner quelque argent . Ce sont des misérables qui ont fait de la littérature une arène de gladiateurs. Vous avez redoublé mon estime pour vous, monsieur, en m’apprenant que vous n’aviez nul commerce avec ce vil Fréron, qui est, dit-on, l’opprobre de la société 2, et dont on ne prononce le nom qu’avec horreur et mépris. Cet homme, assurément, n’était fait ni pour apprécier vos agréables ouvrages, ni pour approcher de votre personne. S’il y avait encore des Chaulieu et des Lafare, ce serait leur société qui vous conviendrait, ainsi qu’à M. le chevalier Pezay, votre ami. Je vous répéterai 3 encore que j’ai été très-touché des lettres que vous m’avez écrites ; mais le public les ignore, il a vu la pièce que vous m’aviez promis de réparer. Je vous en parle pour la dernière fois. Je ne veux plus me livrer qu’au plaisir de vous dire combien j’ambitionne votre estime et votre amitié, et avec quels sentiments j’ai l’honneur d’être , monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .
V. »
1Lettre du 5 janvier 1767 à Pezay : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/12/on-doit-etre-tres-serieux-sur-les-procedes-sur-l-honneur-et-sur-les-devoirs.html
2 Voir lettre du 13 février 1767 à Palissot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/06/25/le-public-prend-toujours-le-parti-de-ceux-qui-se-vengent-et-jamais-de-ceux.html
3 Il l'avait déjà dit dans la .lettre du 8 janvier 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/16/la-ridicule-infamie-que-des-velches-ont-attachee-a-reciter-c-6376922.html
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