04/10/2020
nous sommes enchaînés à des formalités qui sont bien longues . Nous ne nous décourageons point
... Bureaucratie à la française ! That's life .
« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence
Chevalier de Saint-Louis etc.
au château de Dirac
près d'Angoulême
5è juin 1765
Mon cher et aimable philosophe, M. le marquis de Charas 1 est aussi aimable par son esprit que par sa figure ; il vous dira combien la petite famille de Ferney vous est attachée.
Vous avez fait une bien bonne œuvre en faisant imprimer la lettre concernant les Calas et les Sirven 2. Nous venons de perdre la femme de Sirven, qui enfin est morte de chagrin, en protestant de son innocence. Nous n’entreprendrons pas moins le procès. Le factum de M. de Beaumont est déjà tout dressé ; mais nous sommes enchaînés à des formalités qui sont bien longues . Nous ne nous décourageons point, et Beaumont espère la même justice pour les Sirven que pour les Calas.
Voici un petit paquet qu’on m’a prié de vous envoyer. Quand vous m’écrirez, adressez votre lettre sous l’enveloppe de M. Camp, banquier à Lyon. Il y a quelquefois des curieux qu’il faut dérouter.
Mille tendres respects à M. votre frère comme à vous , le tout pour ma vie. »
1 Il pourrait s'agir de François de La Laurencie de Charras, seigneur de Neuvicq, ancien mestre de camp de cavalerie, futur député suppléant de la noblesse de la sénéchaussée de St Jean d'Angély aux États généraux de 1789 . Voir : https://francearchives.fr/fr/agent/19029455
2 Voir lettre du 1er mars 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/14/on-vit-alors-que-s-il-y-a-de-grands-crimes-sur-la-terre-il-y-a-autant-de-ve.html
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03/10/2020
[Destinataire inconnu]
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Vous en userez comme il vous plaira ... Il y a quelque chose en campagne que vous ne devez pas négliger
... Entendez-vous M. le recteur Chems-eddine Hafiz qui jouez une version rebattue du "oui-mais" ; d'accord pour soutenir le président, mais à condition qu'il ne se conduise pas en homme politique, ce qui est, avouez-le, parfaitement impossible. Donc cher recteur , foin d'hyprocrisie, et reconnaissez que vous n'avez ni la volonté ni le pouvoir d'influencer en bien la communauté musulmane , laquelle n'est pas capable d'éradiquer ses extrêmistes . Essayez de vous souvenir, ou d'apprendre, qu'en France, et quelques autres pays catholiques, au XVIIIè siècle, on n'hésita pas à démanteler la sacro-sainte Compagnie de Jésus , puissante mais corrompue. Sunnites, chiites, kharidjistes, etc., -j'en passe et des moins bons,- faites le ménage chez vous plutôt que de crier comme des vierges effarouchées dès qu'on tente de laver votre linge sale .
https://www.lepoint.fr/politique/macron-tres-attendu-sur-...
« A Gabriel Cramer
[vers le 3 juin 1765]
Vous me contredites, mon cher Gabriel en écrivant 1 qu'on vous a remis un m[anu]s[crit] etc. tandis que je mande qu'on l'a envoyé de Paris . Vous faites entendre que c'est moi qui vous l'ai donné , et cela peut me compromettre avec M. l[e] D[uc] d[e] P[raslin] mais je tâcherai de réparer cette contradiction qui pourrait me causer beaucoup de désagrément .
Je vous assure que les conseils à un journaliste 2 et ce plat panégyrique ne sont pas dignes de votre presse . Vous en userez comme il vous plaira . Mais les journaux de Sheurler 3 m'étaient plus essentiels, et vous seraient d'une plus grande utilité que ces misères, croyez-moi . Il y a quelque chose en campagne que vous ne devez pas négliger . Ou mandez-moi nettement si vous n'avez pas écrit en Hollande pour avoir les journaux depuis 1725 , jusqu'à 1735, ou écrivez, mais ne me laissez pas dans l'embarras où je suis depuis trois mois . Je vous prie de me faire avoir ces dix années de journaux depuis 1725, et l'histoire de Moïse par Gaulmin 4, imprimée à Francfort et à La Haye à vos correspondants . Mandez qu'on adresse ces deux paquets par les chariots de poste à M. Souchay, négociant à Genève , qui paiera les paquets et le port . Mille tendres amitiés .
V. »
1 La lettre de Cramer commence par : « Il y a deux mois que l'on remit entre mes mains un manuscrit plein d'esprit et de raison [...] » ; voir lettre du 1er juin 1765 à Cramer .
2 Il doit s'agir de la Lettre sur les inconvénients attachés à la littérature, composée vers 1740 et qui figure dans le premier volume des Nouveaux mélanges publié en 1765 ; voir : http://laviedoru.over-blog.com/2016/12/voltaire-sur-les-inconvenients-attaches-a-la-litterature-lefevre-critique-theatre-salons-academie-francaise-merite
3 Voir lettre du 15 mai 1765 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/07/on-suppose-qu-il-a-fait-partir-les-soufflets-a-tours-de-bras-6261740.html
4 Gilbert Gaulmin a traduit et édité l'ouvrage anonyme De vita et morte Mosis, 1629 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8597417.image
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02/10/2020
Il me paraîtrait bien convenable qu'on tint compte à mon cher Caro du sacrifice qu'il fait
... en se portant volontaire pour tester des projets de vaccin :
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/cov...
Serai-je assez couillu/inconscient pour tenter l'aventure ? Donneur de sang, oui, facile pour moi , mais (col)labo sur pattes ? Je vous tiens au courant .
....
PS- J'y vais : 1/25 000, c'est quand même moins risqué que le Loto. Plus on est de fous, etc. !
« A Gabriel Cramer
[1er juin 1765 ?]1
Comment se porte madame Cramer ? J'ai promis que mon cher Caro ferait partir aujourd'hui le manuscrit, ou partie du manuscrit . Il me paraîtrait bien convenable qu'on tint compte à mon cher Caro du sacrifice qu'il fait . Je voudrais bien voir sa lettre, et je la lui renverrais sur-le-champ . »
1 Datée d'après la lettre du 30 mai 1765 à Choiseul, et d'après une lettre du 1er juin de Cramer au même, qui annonce l'envoi des « dernières pages du manuscrit », la première partie s'étant « égarée chez l'imprimeur. »
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01/10/2020
il faudra prendre d’autres mesures
... C'est bien ce que vont se dire mutuellement le premier ministre Jean Castex et les maires des grandes villes particulièrement touchées par le Covid ou "Comment faire pour ne pas passer à l'écarlate ?"
Philippe Etchebest , lui, fait flotter le drapeau noir sur la marmite .
« A Etienne-Noël Damilaville
31 mai 1765
J’écrivis hier à mon cher frère 1, à son adresse, et je lui envoyai les réponses de M. Tronchin . Je lui écrivis il y a quelques jours un petit billet par M. Héron 2, et un autre par M. d’Argental 3.
Il doit être instruit du juste sujet de mes inquiétudes ; il doit savoir qu’un gros paquet envoyé à M. Gaudet a été intercepté.
Il est à croire qu’une lettre, envoyée depuis sous le couvert de M. Gaudet, a été interceptée encore. Dans cette lettre, on avertissait mon cher frère que des gens malintentionnés avaient été alarmés de son commerce avec Genève ; qu’on avait ouvert ses lettres depuis plus de six semaines. On donnait l’adresse de M. Camp, banquier à Lyon. Mais comme il y a beaucoup d’apparence que si mon frère a reçu cette lettre, elle a été ouverte, et que si elle ne lui est pas parvenue, on ouvrira toutes les lettres adressées à M. Camp, il faudra prendre d’autres mesures. Je supplie donc mon cher frère de m’instruire de tout ce qui se passe, de me mander quelles lettres il a reçues de moi depuis plus de quinze jours, et d’adresser son paquet à mademoiselle Sainton, à Lyon. Il faudra, sous l’enveloppe de Mlle Sainton, écrire simplement à madame Racle 4 à Genève. Les lettres qui arriveront pour madame Racle me seront rendues.
Mandez-moi donc, sous cette adresse, tout ce que vous avez sur le cœur ; et croyez que le mien est aussi pénétré de tendresse pour vous que de douleur. »
1 Lettre du 30 mai 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/30/m-6266808.html
2 Lettre du 27 mai 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/25/la-lettre-est-a-son-adresse-et-je-suis-bien-sur-qu-elle-n-ar-6265806.html
3 Lettre du 27 mai 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/17/voila-le-funeste-effet-du-systeme-de-l-intolerance-6264146.html
4 Née Anne-Catherine Guillot, femme de Léonard Racle , architecte qui réalise les deux ailes pour agrandir le château de Ferney .Voir : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/019434/2010-01-27/
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30/09/2020
Voilà tout ce que je sais de cette petite affaire, qui ne mérite pas de dérober un moment aux occupations d’un ministre
... Même un ex- ministre d'ailleurs ! https://www.lepoint.fr/politique/deputes-lrem-aurore-berg...
Bien . Circulons, il n'y a plus rien d'intéressant à voir !
« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin
Il y a deux mois, ou environ, qu’on envoya de Paris aux frères Cramer à Genève un manuscrit contenant la justification de la Gazette littéraire. On leur assura qu’ils feraient plaisir à monseigneur le duc de Praslin d’imprimer cet ouvrage, et on leur recommanda de lui envoyer les premiers exemplaires.
MM. Cramer me firent lire le manuscrit. Je le trouvai aussi spirituel que raisonnable, et je fus surpris qu’on ne l’imprimât point à Paris. On me pria de presser l’imprimeur, et on m’écrivit plusieurs lettres. En conséquence je crus qu’on avait commencé par pressentir les volontés de monseigneur le duc de Praslin.
M. de Montpéroux s’est rencontré aujourd’hui chez moi avec M. Cramer l’aîné, qui n’a pas manqué d’envoyer deux exemplaires, comme on le lui avait recommandé.
Nous avons jugé que la lettre de monseigneur le Duc à M. de Montpéroux 1 avait précédé la réception de ces deux exemplaires .
Nous avons présumé aussi que les auteurs de la justification de la Gazette littéraire n’avaient pas consulté le protecteur de cette Gazette, et n’avaient pas eu son agrément.
Sans approfondir les raisons de supprimer ce petit livre, M. Cramer s’est engagé à le supprimer, uniquement pour montrer sa déférence aux désirs de monseigneur le duc de Praslin ; et il m’a même promis, en présence de M. de Montpéroux, d’envoyer le manuscrit, ou du moins les feuilles qu’il pourra retrouver. Voilà l’état des choses.
S’il est vrai (ce qu’on m’a mandé) que le détracteur qui avait écrit contre MM. d'Arnaud et Suard leur ait demandé pardon, et que la paix soit faite, je conçois qu’il ne faut pas faire d’hostilités. Si on a pris seulement des alarmes sur ce que cet écrit s’imprimait à Genève, ces alarmes peuvent être apaisées par la lecture de l’ouvrage, qui est certainement d’un homme supérieur, et digne d’être protégé par monseigneur le duc de Praslin.
Voilà tout ce que je sais de cette petite affaire, qui ne mérite pas de dérober un moment aux occupations d’un ministre, et que je suppose entièrement finie.
Je supplie monseigneur le duc de Praslin de vouloir bien agréer mon attachement et mon respect.
V.
A Genève 30 mai [1765]2 »
1 Cette lettre du 19 mai 1765 est conservée . Voir des extraits dans : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/25/c-est-le-pays-de-candide-c-est-le-pays-des-gros-moutons-rouges.html
2 En marge de l'original, V* a noté : « Mémoire pour Mgr le duc de Praslin en main propre. »
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29/09/2020
Je voudrais n’avoir jamais rien écrit.
... Et moi, je suis heureux de pouvoir lire ceci , sans lassitude !
« A Etienne-Noël Damilaville
A Genève, 30è mai 1765 1
Le malade réformé à la suite de Tronchin envoie aux malades de Paris les réponses de l’oracle d’Epidaure. Mais je vous répéterai toujours, mon cher ami, qu’une sœur du pot 2 fait plus de bien à un malade qu’elle soigne, qu’Esculape n’en peut faire en dictant ses ordonnances de cent lieues. D’ailleurs M. Tronchin n’a pas un moment dont il puisse disposer, et ne peut donner au nombre prodigieux de consultations dont on l’accable toute l’attention qu’il voudrait. Je vous exhorte, mon cher ami, à ne pas négliger de faire voir votre mal de gorge à quelqu’un en qui vous aurez confiance.
Nos amis, qui ont fait ce charmant ouvrage de la justification de la Gazette littéraire 3, doivent être très affligés qu’il ne paraisse pas. Mais tout doit céder aux désirs de M. le duc de Praslin . Cette Gazette littéraire est dans son département ; c’est lui qui la protège, c’est à lui à décider de ce qui doit être publié et de ce qui doit être supprimé. Gabriel, à qui on avait envoyé le manuscrit, veut bien sacrifier son édition ; il lui en coûtera son argent ; un libraire de Hollande ne serait pas si honnête. J’ignore si l’ouvrage était connu de M. le duc de Praslin. Il se peut que vos amis ne l’aient pas consulté, et qu’ils se soient reposés sur l’envie de lui plaire ; en ce cas, il n’est tenu à rien, et ne doit aucun dédommagement . D’ailleurs la quantité de livres écrits librement est si grande dans l’oisiveté de la paix, que je conçois bien que tout ce qui vient de l’étranger est suspect. Les lettres de ce fou de d’Éon 4, de cet autre fou de Vergy 5; L’Espion chinois 6, la vie de madame de Pompadour 7, les récriminations de la société de Jésus, inondent l’Europe. Toutes les fois qu’il paraît un nouveau livre, je tremble. Il a beau être détestable, je crains toujours qu’on ne me l’impute. Je voudrais n’avoir jamais rien écrit. C’est une barbarie de m’avoir attribué ce Dictionnaire philosophique, dont plus de quatre auteurs sont assez connus. Il n’y a point d’homme de lettres et de goût qui ne sente la différence des styles.
Pour le fatras chaldéen et syriaque de l’abbé Bazin, je m’y perds . Il n’y a que des calomniateurs bien maladroits qui puissent dire au roi que j’ai fait un tel ouvrage. Je ne crois pas qu’il y ait un bénédictin en France qui soit capable d’en être l’auteur. Je suis bien las d’être en butte aux discours des hommes. Dans quelle solitude faut-il donc s’ensevelir ? Adieu, mon cher ami ; plaignez et aimez votre ami.
Voltaire. »
1 L'édition de Kehl suivie des autres supprime les mots ce fou de [d’Éon] et cet autre fou de [Vergy].
2 Une sœur de charité .
3 Les Observations sur une dénonciation de la Gazette littéraire faite à M. l'archevêque de Paris, de Morellet ; voir lettre du 2 avril 1765 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/13/nous-ne-laisserons-pas-d-etre-assez-embarrasses-cet-ete-fern-6251377.html
et lettre du 28 mai 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/26/j-avertis-toujours-qu-il-est-rare-de-guerir-ses-malades-a-cent-lieues-et-qu.html
4 Voir lettre du 18 août 1764 à T. Tronchin :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/10/13/j-ai-eu-le-plaisir-pour-vous-faire-enrager-d-avoir-trois-acces-de-fievre-ma.html
5 Voir lettre du 24 janvier 1765 à d'Argental :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/08/je-me-gueris-moi-meme-par-le-regime-et-par-la-patience-et-jusqu-ici-je-m-en.html
6 Par Goudar, attribué au chevalier d’Éon . Voir lettre de janvier-février 1765 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/20/ne-vous-affligez-pas-pour-la-prevarication-impudente-d-un-miserable-librair.html
7 Sur les prétendus Mémoires de Mme de Pompadour ; Beuchot dit que V* se réfère aux Mémoires de Mme de Pompadour , mais ceux-ci ne furent publiés qu'en 1766 à Liège.
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