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22/09/2019

il en est encore temps, on va consulter les anciens

... La visite de nos monuments historiques  pourrait bien nous inspirer, qui sait ?

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Mme Hidalgo consultant un projet d'alternative à la voiture et à la trottinette à Paris

 

« A Joseph-Marie Balleidier 1

M. de Voltaire ne reçut qu'hier la réponse de monsieur Balleidier concernant le chemin usurpé vers la Tuilerie . Ce chemin existe encore en partie, et fait foi de l'usurpation . Non seulement monsieur Balleidier a un acte où ce chemin est reconnu, mais le sieur Fatio possède un ancien terrier où ce chemin est spécifié .

Lorsque M. de Voltaire eut acheté l'ermitage, les voisins lui représentèrent son droit ; ils avaient tous vu feu M. Pélissari enclaver ce chemin dans son bois, et faire un fossé pour assurer son usurpation .

M. de Voltaire chargea le sieur Vuaillet de poursuivre cette affaire . Feu M. Pélissari engagea le sieur Vuaillet à ne point poursuivre ; il en est encore temps, on va consulter les anciens, et demander le terrier au sieur Fatio .

Mme Denis n'a communiqué qu'aujourd'hui dimanche à dix heures du matin, la lettre de monsieur Balleidier du 22 . M. de Voltaire veut bien avoir la bonté 2 les 655 livres à Durand et on enverra incessamment une procuration à monsieur Balleidier pour cet effet . Mais il faut au préalable que M. de Voltaire s'abouche avec ledit Durand .

Quant aux 3 livres 13 sols qu'on demande pour la cure de Colex à cause d'un bois situé dans le territoire de Colex, il faut spécifier quel est ce bois . Nous avons déjà payé pour des petites broussailles appelées le Cul-du-Chien . Il y en a un autre appelé Bois-sur-Grosse, il est près de Colovrex, mais il est sur la terre de Ferney .

À l'égard de la place de garde-marteau, Mme Denis ne connait point M. de Courteilles , M. de Voltaire le connait beaucoup, et il écrira aujourd’hui à M. de Courteilles, pour faire avoir à monsieur Balleidier la place de garde-marteau ou de greffier, en cas qu’elle ne soit pas déjà promise .

Mme Denis s’arrangera avec monsieur Balleidier lorsqu’il viendra pour la capitation .

Mlle Mathon vous prie de retirer l'argent des 570 3 fascines d'écorce, puisqu'on n'en veut pas payer davantage .

29è juillet 1764 à Ferney. »

1 Edition F. Vézinet « Quelques lignes inédites de Voltaire », Mélanges offerts par ses amis et ses élèves à M. Gustave Lanson, 1922 .

2 Il manque ici quelque chose comme de prêter ou d'avancer .

3 V* a d'abord dicté 550 .

21/09/2019

mon cabinet d’histoire naturelle est composé des neiges des Alpes et du mont Jura

... Ce cher Voltaire ne connut point le réchauffement climatique , ni la manière la plus efficace qui soit pour le diminuer, trouvée par la jeunesse du XXIè siècle : la grève . Alleluia ! Parmi tous ceux-là combien vont s'abstenir de filmer l'évènement, twitter, facebouquer, selfiser, etc. , vrais lutteurs climatiques, réalisant que ça ne fait que gaspiller de l'énergie ? Bien peu, j'en suis sûr; pouvoir dire "j'y étais" ne suffit plus à l'heure du smartphone, il faut se montrer au monde entier, l'ego et la gloriole ont trouvé leur média . Grévistes impubères de tous pays, je vous prie de ne laisser les rues pas plus sales que quand vous y êtes arrivés !

https://www.rtl.fr/actu/international/diaporama-la-jeunesse-du-monde-entier-se-mobilise-pour-la-greve-pour-le-climat-7798356877

 

 

« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey

à Dijon

28è juillet 1764, à Ferney

M. Legout 1 fait fort bien , monsieur, de s'en tenir à l'histoire naturelle des orangers en pleine terre, et des fleurs qu'il voit naitre au mois de janvier en Provence, pendant que mon cabinet d’histoire naturelle est composé des neiges des Alpes et du mont Jura . Mais je suis trop faible, trop vieux, trop malade pour me transplanter . Si je faisais un voyage ce serait pour vous aller voir à Dijon ; mais je ne suis point sorti de chez moi depuis que j'ai eu l'honneur de vous recevoir dans ma petite retraite . Je trouve M. de La Marche bien jeune, il ne peut tenir en place, il a besoin de mouvement comme moi de repos .

Vraiment oui, je voudrais bien vous envoyer ce recueil dont vous me parlez, il est assez plaisant que je n'en aie pas un seul exemplaire . On va en faire une nouvelle édition qui sera moins fautive que les autres . Soyez bien sûr que les premiers exemplaires seront pour vous , c'est un hommage que je vous dois .

On dit que le président De Brosses vient faire inoculer son fils à Genève 2, ce sera au meilleur marché possible . Portez-vous bien, je vous embrasse de tout mon cœur . »

2 Ce fils, Charles-Sébastien , fut effectivement inoculé ; il mourra le 29 mai 1765 .

20/09/2019

j’ai toujours souhaité que vous ne prissiez les armes que contre nos ennemis, je persiste dans ces sentiments

... Messieurs et mesdames les Gilets Jaunes qui persistez dans vos âneries et  gesticulations, stériles pour le moins, destructrices trop souvent .

 

 

«  A Charles Palissot de Montenoy, etc.

à Argenteuil

par Paris

26è juillet 1764 1

Votre lettre, monsieur, est pleine de goût et de raison . Vous connaissez votre siècle, et vous le peignez très bien. Les sentiments que vous voulez bien me témoigner me flattent d’autant plus qu’ils partent d’un esprit très éclairé. Vous méritiez d’être l’ami de tous les philosophes, au lieu d’écrire contre les philosophes. Je vous répète encore que j’aurais voulu surtout que vous eussiez épargné M. Diderot . Il a été persécuté et malheureux. C’est une raison qui devrait le rendre cher à tous les gens de lettres.

M. de Marmontel s’est trouvé dans le même cas. C’est contre les délateurs et les hypocrites qu’il faut s’élever, et non pas contre les opprimés. Je pardonne à Guillaume Vadé et à Jérôme Carré de s’être un peu moqués des ennemis de la raison et des lettres . Je trouve même fort bon que quand un évêque 2 fait un libelle impertinent sous le nom d’Instruction pastorale, on tourne monseigneur en ridicule ; mais nous ne devons pas déchirer nos frères. Il me paraît affreux que des gens de la même communion s’acharnent les uns contre les autres. Le sort des gens de lettres est bien cruel : ils se battent ensemble avec les fers dont ils sont chargés 3, ce sont des damnés qui se donnent des coups de griffes. Maître Aliboron, dit Fréron, a commencé ce beau combat. Je veux bien que tous les oiseaux donnent des coups de bec à ce hibou, mais je ne voudrais pas qu’ils s’arrachassent les plumes en fondant sur la bête.

Le Crevier dont vous avez parlé est un cuistre fanatique, qui a écrit un livre impertinent contre le président de Montesquieu 4. Tous les gens de bien vous auraient embrassé, si vous n’aviez frappé que de telles canailles. Je ne sais pas comment vous vous tirerez de tout cela, car vous voilà brouillé avec les philosophes et les anti-philosophes. J’ai toujours rendu justice à vos talents ; j’ai toujours souhaité que vous ne prissiez les armes que contre nos ennemis, je persiste dans ces sentiments, et je vous prie de me croire très sincèrement, monsieur, votre très humble et obéissant serviteur

V. »

1 L'édition Œuvres de M. Palissot, 1788, supprime la date et ajoute quelques lignes inventées à la fin ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-26.html

2 Lefranc de Pompignan .

3 Souvenir du Poème sur la Loi naturelle, III, 112-114 :

Je crois voir des forçats dans un cachot funeste,

Se pouvant secourir, l'un sur l'autre acharnés

Combattre avec les fers dont ils sont enchaînés !

19/09/2019

Autrefois, monsieur, on jugeait comme on pouvait, à présent on juge comme on veut

... et comme on doit !... dans le meilleur des cas .

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

26è juillet 1764

Autrefois, monsieur, on jugeait comme on pouvait, à présent on juge comme on veut . Il est plaisant qu’un homme ne soit pas le fils de son père . Il viendra peut-être un temps où il y aura des lois . Nous n'avons guère jusqu'ici que des recueils d'arrêts qui se contredisent . M. le prince de Conti a fait une belle action, mais il est triste qu'il l'ai faite tout seul . Vous allez en Angleterre 1, ce pays est digne d'être vu par vous . Si vous pouvez jamais venir à Ferney avec l'abbé Mignot, nous philosopherons ensemble . Il n'y a qu'un pas de Paris à Lyon, et c'est depuis Lyon chez moi le plus beau râclé 2 du monde . Je serais trop heureux d'entretenir un homme de votre mérite , vous n'avez pas assurément de clients qui vous soit plus attaché que moi . Mille très humbles respects à votre aimable moitié . »

1 Élie de Beaumont part en effet pour l'Angleterre le 12 septembre 1764 . Le journal de son voyage est publié par le vicomte Emmanuel-Henri de Grouchy sous le titre  « Voyages anciens, mœurs pittoresques . Un voyageur français en Angleterre en 1764. » Voir : https://data.bnf.fr/fr/12459455/emmanuel-henri_de_grouchy/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste-Jacques_%C3%89lie_de_Beaumont

18/09/2019

La plupart des hommes vivent comme des fous et meurent comme des sots : cela fait pitié...N’êtes-vous pas effrayée de l’excès de la sottise de notre nation , et ne voyez-vous pas que c’est une race de singes dans laquelle il y a eu quelques hommes ?

... Vrai de vrai .

Hélas !

Vive la France !

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

26è juillet 1764

Je commence, madame, par vous supplier de me mettre aux pieds de madame la maréchale de Luxembourg. Son protégé Jean-Jacques aura toujours des droits sur moi, puisqu’elle l’honore de ses bontés ; et j’aimerai toujours l’auteur du Vicaire savoyard, quoi qu’il ait fait et quoi  qu’il puisse faire. Il est vrai qu’il n’y a point en Savoie de pareils vicaires ; mais il faudrait qu’il y en eût dans toute l’Europe.

Il me semble, madame, qu’au milieu de toutes vos privations, vous pensez précisément comme madame de Maintenon, lorsqu’à votre âge elle était reine de France . Elle était dégoûtée de tout ; c’est qu’elle voyait les choses comme elles sont et qu’elle n’avait plus d’illusions. Vous souvient-il d’une de ses lettres dans laquelle elle peint si bien l’ennui et l’insipidité des courtisans ? Si vous jouissiez de vos deux yeux, je vous tiendrais bien plus heureuse que les reines et surtout que leurs suivantes. Maîtresse de vous-même, de votre temps, de vos occupations, avec du goût, de l’imagination, de l’esprit, de la philosophie et des amis, je ne vois pas quel sort pourrait être au-dessus du vôtre : mais il faut deux yeux ou du moins un pour jouir de la vie. Je sais ce qui en est avec mes fluxions horribles, qui me rendent quelquefois entièrement aveugle . Je n’ai pas vos ressources ; vous êtes à la tête de la bonne compagnie, et je vis dans la retraite ; mais je l’ai toujours aimée, et la vie de Paris m’est insupportable.

Dieu soit béni de ce que M. le président Hénault aime le monde autant qu’il en est aimé, et qu’il vit dans une heureuse dissipation . J’aimerais peut-être encore mieux qu’il se partageât uniquement entre vous et lui-même : il ne trouvera jamais de société plus charmante que ces deux-là. On m’a dit aujourd’hui du mal de la santé de M. d’Argenson . C’est le seul mal qu’on puisse dire de lui. Il ne se soucie guère que je m’intéresse à son bien-être,  mais cela ne me fait rien, et je lui serai toujours très attaché. Il n’y a plus de santé dans le monde . J’entends dire que mon frère d’Alembert, qui vous fait quelquefois sa cour, est assez mal. Celui-là est bien philosophe, et méprise souverainement les pauvres préjugés qui empoisonnent la vie. La plupart des hommes vivent comme des fous et meurent comme des sots : cela fait pitié.

Ne lisez-vous pas quelquefois l’histoire ? Ne voyez-vous pas combien la nature humaine est avilie depuis les beaux temps des Romains ? N’êtes-vous pas effrayée de l’excès de la sottise de notre nation , et ne voyez-vous pas que c’est une race de singes dans laquelle il y a eu quelques hommes ?

Adieu, madame ; je suis un peu malade, et je ne vois pas le monde en beau. Ayez soin de votre santé, supportez la vie, méprisez tout ce qui est méprisable ; fortifiez votre âme tant que vous pourrez, digérez, conversez, dormez. J’oubliais de vous parler de Cornélie. C’était, à ce que dit l’histoire, une assez sotte petite femme qui ne se mêla jamais de rien. Corneille a très bien fait de l’ennoblir ; mais je ne puis souffrir qu’elle traite César comme un marmouset.

Permettez-moi de croire que l’amour n’est pas la seule passion naturelle . L’ambition et la vengeance sont également l’apanage de notre espèce pour notre malheur. Je souscris d’ailleurs à toutes vos idées, excepté à ce que vous dites sur l’abbé Pellegrin et sa Pélopée 1. Le grand défaut de notre théâtre, à mon gré, c’est qu’il n’est guère qu’un recueil de conservations en rimes. Mille tendres respects. »

17/09/2019

Faudra-t-il donc que je meure sans avoir vu les derniers tomes de cette Encyclopédie dont j'attends mon salut ?

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Voir le dernier article  (idéal au Scrabble): https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9di...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

26è juillet 1764 1

On dit frère Protagoras malade 2; Dieu nous le conserve, mon cher frère, car sans lui et frère Platon 3 que deviendraient les initiés ?

Voudriez-vous bien avoir la bonté de faire parvenir ce petit billet à frère Élie, et cet autre à l'imprimeur de l'Encyclopédie ? Faudra-t-il donc que je meure sans avoir vu les derniers tomes de cette Encyclopédie dont j'attends mon salut ? Dieu veuille que ces derniers tomes soient plus forts que les premiers ! C'est ainsi qu'il faut répondre aux persécuteurs .

Écr l'inf. »

1 Copie par Wagnière qui, suivie par les éditions, amalgame une version abrégée de la présente lettre avec celle du 6 août 1764 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-26.html

, voir aussi la lettre du 29 juin 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/08/13/aimons-la-vertu-mon-cher-frere-et-rions-des-fous-6169753.html

; on a ici la version de l'édition de Kehl

2 D'Alembert .

3 Diderot .

 

 

16/09/2019

Je ne perdrai au moins mon indépendance qu'en mourant

... Ce qui n'est pas le cas de ce truand Patrick Balkany et son épouse qui déshonorent la fonction de maire. Soutenus par Sarkozy, grand bien leur fasse , crabe parmi les crabes .

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"Il eut l'emploi, qui certes n'est pas mince,

Et qu'à la cour , où tout se peint en beau

Nous appelons être l'ami du prince;

Mais qu'à la ville et surtout en province

Les gens grossiers ont nommé maquereau ."

Voltaire

La Pucelle chant I.

 

 

« A Théodore Tronchin

Mardi 24 [juillet 1764] 1

Je vous prie mon cher Esculape de me mander si M. le duc de Lorges me fait l'honneur de venir dîner jeudi à Ferney et s'il est au régime . Je doute que M. de Lauraguais ait battu sa femme . Je sais qu'il est physicien et je n'ai jamais ouï dire qu'il fut philosophe . Les brouillons qui ont dit que vous aviez concerté chez moi la perte de Jean-Jacques ne sont pas plus philosophes que M. de Lauraguais . J'ai été affligé de la nouvelle infamie qu'ils ont faite, mais je ne les crains pas, et j'ai, en tout sens , de quoi les braver . Je me porte très mal, mais je sais souffrir . Je ne perdrai au moins mon indépendance qu'en mourant . Voilà ma philosophie, et vous aimer est mon devoir . »

1 L'édition Cayrol place cette lettre au début 1761 . Elle est ici datée par les allusions au duc de Lorges ( voir lettre du 21 juillet 1764 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/09/11/quoique-les-finances-de-la-france-soient-encore-plus-derangees-que-celles-d.html ), à Lauraguais, au retour à Ferney , le 24 juillet même, et au fait que ce jour est bien un jeudi .