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14/09/2020

le révérend père Malagrida s'amusait tout seul dans son lit à 75 ans, à ce que dit la sainte inquisition, qui l'a fait brûler comme un porc ; je n'en demande pas tant à Dieu

... https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Malagrida

Cartas e Escritos (Portuguese Edition) eBook: Malagrida, Gabriel, Govoni  S.J., Pe. Ilário: Amazon.fr

 

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Historiographe

et secrétaire intime de S.A.E. Monseigneur l’Électeur

Palatin

à Manheim

A Ferney, 21 Mai 1765.

Mon ami, que Son Altesse Électorale  me dise : Prends ton lit, et marche1, je vole à Schwetzingen. Il y a plus de huit mois que je ne suis sorti de ma chambre ; je meurs en détail, et nous ne sommes plus au temps des miracles. Je sais bien qu’il y a des gens qui ont encore de la force à soixante-douze ans ; les patriarches étaient des enfants à cet âge ;2 et même le révérend père Malagrida s'amusait tout seul dans son lit à 75 ans, à ce que dit la sainte inquisition, qui l'a fait brûler comme un porc ; je n'en demande pas tant à Dieu, je sais me borner dans mes désirs, et je vous jure que je ne lui demande un peu de santé que pour venir sur les bords du Rhin .

Ceux qui ont dit que je quittais mon petit château de Ferney ont été bien mal informés . Il est vrai que je me suis défait des Délices ; mais c’est que je ne me suis pas trouvé assez riche pour les garder, et que l’état de ma santé, qui exige la retraite la plus profonde, était incompatible avec l’affluence de monde que m’attirait le voisinage de Genève. J’ai jugé d’ailleurs que, n’ayant qu’un corps, je ne devais pas avoir deux maisons. Qu’il serait doux pour moi, mon cher ami, de passer quelques-uns de mes derniers jours auprès d’un prince tel que monseigneur l’électeur ! quel plaisir j’aurais, après lui avoir fait ma cour, de m’enfermer dans ma chambre avec quelques volumes de sa belle bibliothèque ! Dans quelque triste état que je sois, je ne veux pas désespérer de ma destinée ; je me flatte toujours de la plus douce de mes espérances. Mettez-moi à ses pieds, aimez-moi, et soyez bien sûr que je ne vous oublierai jamais.

J’ai été bien mal après ma lettre. »

 

 

1 Évangile selon Jean , V, 8 : https://www.aelf.org/bible/Jn/5

2 La seconde partie de ce paragraphe depuis et même a été biffée par l'éditeur sur le manuscrit original et manque dans les éditions .

La dernière ligne de la lettre est autographe .

13/09/2020

Mon cher Esculape, vous êtes entouré de vos dévots et dévotes qui accourent dans votre temple d'Epidaure

... Cher Pr Raoult , je ne vous aime pas , mais vous n'êtes pas seul, il faut le reconnaitre !

A juste titre ? Peut-être . Avez-vous bien respecté le commandement "d'abord ne pas nuire " ? Je l'espère .

En forme pour comparaitre devant la commission d'enquête du Sénat (concentré de personnes à risque, faut-il le souligner  ) ?

Portrait de Didier Raoult par ROTH sur Stars Portraits

 

 

 

« A Théodore Tronchin

Lundi soir 20è mai 1765 1

Mon cher Esculape, vous êtes entouré de vos dévots et dévotes qui accourent dans votre temple d'Epidaure . Je mêle mes vœux aux leurs , mais je vous importune le moins que je peux . Je souffre sans me plaindre toutes les misères attachées à la décadence de mon âge, et à la faiblesse de ma constitution . La résignation vaut mieux que la prière .

Mme la duchesse d'Anville arrive 2. Je vous supplie de lui présenter ma lettre, et de faire valoir auprès d'elle tous les sentiments d'attachement et de respect que je lui conserverai tant que je serai en vie . Mon extrême faiblesse ne me permet pas d'aller à Genève . Si je pouvais y aller , ce serait assurément pour elle et pour vous .

Tâchez d'avoir le temps de m'instruire en deux mots si Mme la duchesse de Châtillon 3 vient dans votre temple . Toute ma petite famille vous encense avec moi, mon cher Esculape .

V.

 

J’apprends dans le 4 moment qu'un homme qui était chargé de deux grands ministères 5, les va quitter 6. Il restera toujours très grand seigneur . Je vous demande en grâce de me dire si vous croyez cette nouvelle . Je vous garderai le secret .

Il vient de m'arriver quelque chose de fort plaisant . Je vous ai écrit mon billet à plusieurs reprises 7 . Je venais de me promener au grand soleil, la tête m'a tourné, j'ai été demi-heure sans savoir ce que je faisais . Je me suis fait vomir un peu , j'avais pris de la casse le matin . Je me suis trouvé sans idée . J'ai voulu achever le dernier article de ma lettre et je n'ai pu en venir à bout . Mon pouls était fort élevé, j'avais une petite sueur, et ma vue était fort affaiblie .

Remarquez bien l'endroit de ma lettre que j'ai souligné ; j’avais mis deux mots qui ne signi[fi]aient 8 rien du tout ; c'était Énolph, alnorph 9. Je voulais absolument continuer ma phrase, et je n'en pouvais venir à bout . J'ai pris le parti de me mettre dans mon lit, j'ai bu quelques gouttes d'eau fraîche . Enfin , je suis revenu à moi, j'ai été fort étonné de mon Énolph alnorph . Je l'ai fait effacer proprement , et j'ai mis quelque chose de raisonnable à la place ; mais ça n'a pas été sans peine . Cela m'a fait voir combien l'homme est peu de chose et que nos idées ne dépendant pas plus de nous que notre digestion . Mais il y a longtemps que j'en étais convaincu .

Crescere sentimus pariterque senescere mentem. »

1 L'édition Tronchin B. est incomplète ; ici, version de André Delattre « Lettres à Théodore Tronchin » dans le Mercure de France du 1er octobre 1950 .

2 Le registre du Conseil de Genève mentionne en date du 27 mai 1765 que les syndics ont reçu la visite « de mesdames les duchesses d'Anville, de La Rochefoucauld, et la comtesse de Chabot et celle de M. le duc de La Rochefoucauld. »

3 Adrienne-Emilie-Félicité de La Baume Le Blanc de La Vallière, duchesse de Châtillon

4 V* a biffé mont écrit avant dans le .

5 Ces mots soulignés sont écrits d'une main plus large sur une première graphie qui a été effacée . On notera que V* devait avoir écrit plus que Enolph alnorph qui n'auraient pas rempli plus de la moitié de l'espace .

6 V* pense à Choiseul que la comtesse d'Esparbès de Lussan (qui prétend succéder à la marquise de Pompadour comme favorite) tente de faire disgracier ; ce sera sans succès .

7 Effectivement la dernière ligne semble avoir été écrite après coup et d'une main tremblante .

8 Lapsus de la part de Wagnière .

9Nous sentons notre esprit croître et vieillir en même temps ; Lucrèce, De natura rerum, III, 446 .

12/09/2020

La raison a établi son empire . Il est assez aisé de lui fermer les portes, mais quand elle les a ouvertes une fois on ne la chasse plus

... Ah ! j'aimerais que ce que dit Votaire en 1765 soit aussi vrai en 2020 . Hélas non . La déraison pullule . La chasse au raisonnable est encore ouverte et n'a pas de morte saison .

 

« A Paul-Claude Moultou

20è mai 1765

Mon cher philosophe, j'ai fait en partie ce que votre prieur carme a désiré, j'ai rassemblé le plus de volumes que j'ai pu . J'en ai fait faire un petit ballot que j'ai envoyé par le coche de Lyon, à l'adresse de M. le vicomte de Saint-Priest à Montpellier 1 . Il faudra que le prieur ait l'attention d'en avertir M. de Saint-Priest . L'adresse porte , À monsieur Camp à Lyon, pour faire tenir à M. le vicomte de Saint-Priest à Montpellier . Je n'écris point au prieur, je suis trop malade, et d'ailleurs, je n'aurais à lui mander autre chose , sinon que je n'ai pu exécuter entièrement sa commission , n'ayant pas un seul exemplaire complet . Je donnerais tous les livres du monde pour l'ouvrage que vous m'avez fait espérer 2, et auquel je voudrais bien que vous puissiez travailler dans les moments de votre loisir . Vous tirerez de l'or du fumier des pères . Ces pauvres gens ont donné contre eux de terribles armes dont on n'a pas encore su se servir . Il fallait que le siècle de la philosophie fût arrivé pour qu'on discernât combien peu ils étaient philosophes, car avant ce siècle on raisonnait à peu près comme eux . La lumière s'étend à présent de tous cotés, et avec tant d'éclat que les jansénistes font tout ce qu'ils peuvent pour l'éteindre . Ils ont fait défendre l'excellent livre de d'Alembert sur la destruction des jésuites , parce que la leur y est annoncée, et que l'intrépide d'Alembert ne fait pas plus de cas des uns que des autres .

Il y a actuellement à Paris une inquisition très sévère sur les livres . On s'y prend trop tard . La raison a établi son empire . Il est assez aisé de lui fermer les portes, mais quand elle les a ouvertes une fois on ne la chasse plus .

On attend Mme la duchesse d'Anville ces jours-ci ; elle prend bien mal son temps, vous n'êtes pas à Genève . Adieu mon cher philosophe . Quand vous reviendrez nous parlerons de Tertullien et d'Irénée ; ils étaient de maîtres fous, et leurs prédécesseurs aussi . »

11/09/2020

Si vous voulez avoir des informations, je crois qu'il les faut juridiques ...vous auriez une réponse satisfaisante qui vous mettrait en état de rendre à vos concitoyens le service qu'ils semblent attendre de vous

... Consigne raisonnable à tous élus et fonctionnaires , et tous dirigeants de tout poil .

 

 

« A Gian-Francesco Marengo à Paris

Au château de Ferney, 20 mai 1765 1

La confiance que vous voulez bien me témoigner, monsieur, me flatte et m'honore . La retraite profonde où je vis, mon âge avancé, et les maladies dont je suis accablé , mettent hors d'état de faire les recherches qui seraient nécessaires pour le dessein que vous avez . J'avoue que vous avez raison de penser que le sieur Jean-Jacques Rousseau, ne s'étant guère occupé à Paris qu'à exciter des troubles dans le parterre de l'Opéra, étant chassé de France, de Genève et de Berne , n'est guère propre à concilier les esprits d'une République . Mais, monsieur, je ne puis vous rendre un compte bien exact de ses livres que je n'ai presque point lus, ni de sa personne que je ne connais point du tout . Si vous voulez avoir des informations, je crois qu'il les faut juridiques ; je pense que si vous écriviez à messieurs du Conseil d’État de Genève, ou du mons à M. le procureur général, vous auriez une réponse satisfaisante qui vous mettrait en état de rendre à vos concitoyens le service qu'ils semblent attendre de vous . La voix d'un particulier est trop peu de chose dans une pareille affaire .

J'ai l'honneur d'être, bien respectueusement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi. »

10/09/2020

Faites beau bruit, vous et les frères

... de Charlie Hebdo !

Trop de silence tue : https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo...

Il faut persévérer contre l'infâme et non simplement l'oublier : https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo...

Où en est l'enquête sur les attentats de « Charlie Hebdo » et de l'Hyper  Cacher ?

Disparus mais vivifiants

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

20è mai 1765

Voici, mon cher frère, deux petits croquis de Donat Calas. J’aurais désiré qu’on l’eût fait un peu plus ressemblant, et qu’on n’eût pas sacrifié une chose si importante à l’idée de le représenter dans une attitude douloureuse qui défigure son joli visage. Si vous voulez vous servir de ce dessin, recommandez au peintre de faire Donat le plus joli qu’il pourra. Vous saurez d’ailleurs, mon cher frère, que vous avez carte blanche pour mettre votre frère au rang de ceux qui contribuent à la façon de cette estampe. Ce monument éternisera la plus horrible des injustices, la plus belle réparation, et la générosité de votre zèle vertueux.

Il semble que plus les philosophes font de bien, plus on s’efforce de les persécuter. On a saisi le ballot qui contenait le bel ouvrage de notre cher Archimède . L’autre aura le même sort . La Philosophie de l’Histoire, que tous les gens sensés trouvent très sage, ne sera pas épargnée. Tout est suspect de la part de ceux qui rendent à la nation de vrais services. Je crains bien de n’avoir jamais l’Encyclopédie . Mon âge, ma mauvaise santé, et la fureur des jansénistes, me priveront de la consolation de lire ce grand ouvrage. Ne pourrais-je pas, par votre crédit, obtenir qu’on m’en fît parvenir trois tomes ? je garderais religieusement le secret.

Si vous voyez le véritable prophète Élie, dites-lui, je vous en prie, que nous sommes réduits à faire signer dans Gex une procuration aux filles de Sirven, pour sommer le greffier du parlement toulousain de délivrer copie de l’arrêt qui confirme l’injuste sentence ; et si le greffier refuse, nous enverrons acte de son refus.

Je trouve que cette cause peut faire au moins autant d’honneur à l’éloquence de M. de Beaumont que la cause des Calas. Cette fureur épidémique, qui a persuadé tous les tribunaux d’une province que la loi des protestants est parricide, est un sujet digne d’un citoyen tel que lui. Quiconque arrache une branche du fanatisme fait une plaie à l’arbre dont il se sent jusque dans ses racines.

Rendons encore ce service à l’humanité dans l’affaire des Sirven, et demeurons inébranlables dans celle d’écr. l’inf.

Je pense que désormais il est à propos que vous m’écriviez à Lyon, sous l’enveloppe de  M. Camp, banquier ; la curiosité des méchants sera trompée. Dites à frère Archimède qu’il en fasse autant. Nous pourrons jouir de la consolation de nous ouvrir nos cœurs ; le mien est à vous jusqu’au dernier moment de ma languissante vie.

Ècr l'inf. 

N.B. – Soutenez constamment que l’abbé Bazin est le véritable auteur de la Philosophie de l’Histoire. Comment n’en pas croire son neveu ? quelle fureur de m’imputer jusqu’à l’ouvrage d’un théologien antiquaire ! persécutera-t-on toujours l’auteur de la chrétienne Zaïre ? Faites beau bruit, vous et les frères. »

 

 

09/09/2020

Il est temps que la philosophie apprenne aux hommes à être sages et justes

...

 

« A Jean-Baptiste de Chiniac de La Bastide 1

17è mai 1765 au château de Ferney

Je vois, monsieur, par les vers attendrissants que vous avez bien voulu m’envoyer, combien votre cœur sensible a été touché de la funeste aventure des Calas. Vous avez dû applaudir plus que personne à la justice que messieurs les maîtres des requêtes viennent de rendre à cette famille, et aux bienfaits dont le roi l’a honorée. Cette affaire m’a coûté trois ans de peine, que je ne regrette pas. Il y en a une autre à peu près semblable concernant une famille de Castres. Je ne conçois pas par quelle fureur on s’imagine, en Languedoc, que les pères et les mères égorgent leurs enfants, dès qu’ils les soupçonnent devoir être catholiques. Tantum relligio potuit suadere malorum !2 Il est temps que la philosophie apprenne aux hommes à être sages et justes.

J’ai l’honneur d’être, avec des sentiments respectueux, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. 

V.»

2 Comme dans la lettre du 16 avril 1765 à Damilaville ; tant la religion a pu inspirer de crimes , Lucrèce, De natura rerum, I, 101.

08/09/2020

On suppose qu'il a fait partir les soufflets à tours de bras que la presse a donnés à un théologien de Paris

... Mais qui donc peut encore bien s'intéresser à la théologie en ce temps où le virus SRAS-covid rempli plus les rues et laboratoires de ceux qui le craignent qu'elle ne remplit temples et  églises ?

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 15 mai 1765]

Ce n'est pas assurément la peine de faire venir deux exemplaires des journaux de Schurler 1 de dix années ; monsieur Cramer est instamment supplié d'écrire à son correspondant de Hollande, qu'il se hâte d'envoyer à Genève à mon adresse, par les chariots de poste, les journaux depuis 1725 jusqu’à 1735 .

On dit que le nommé Pellet à Genève réimprimait autrefois lesdits journaux . Monsieur Cramer est prié d'avoir la bonté de s'en informer ; et en cas qu'on pût les y trouver tout serait fini, et monsieur Cramer contremanderait ceux de Hollande .

On suppose qu'il a fait partir les soufflets à tours de bras que la presse a donnés à un théologien de Paris .

Mille tendres compliments à toute sa famille . »

1 Le Mercure historique et politique, dont 200 volumes parurent à La Haye de 1686 à 1782 A ce propos, voir lettre du 5 septembre 1760 à Cramer .