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09/06/2020

Si quelque chose avait pu me rendre ma santé et me rajeunir, c'eût été la justice éclatante qu'on vient de rendre

...

 

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« A François Tronchin

Conseiller d’État

rue des Chaudronniers

à Genève

[vers le 18 mars 1765]1

Mme Denis, mon cher ami, est encore bien languissante, et moi je le suis davantage . Je pense, sous votre bon plaisir, que jeudi vous sera plus convenable . Si quelque chose avait pu me rendre ma santé et me rajeunir, c'eût été la justice éclatante qu'on vient de rendre à la respectable veuve Calas . J'ai reçu des lettres bien attendrissantes d'elle, de nos avocats, et de tous ceux qui se sont intéressés à une affaire si juste et si importante . La lettre écrite au roi et présentée par le doyen des maîtres des requêtes pour obtenir une pension en faveur des Calas et l'abolition de la détestable fête annuelle de Toulouse est un beau monument . Dieu soit loué ! Je vous embrasse bien tendrement . »

1 La requête en faveur des Calas permet de dater approximativement la lettre, ainsi que la rencontre proposée pour un jeudi, qui aura lieu le 21 . Voir à ce propos aussi les lettres du 21 mars 1765 à Mme Denis, et à François Tronchin .

08/06/2020

Il n'y a pas, Dieu merci, l'ombre du sens commun dans ce ridicule chiffon

... que sont les déclarations de ce politicard Christian Jacob :

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/c-est-un-mensonge-le-president-des-republicains-christian-jacob-nie-l-existence-de-violences-policieres-en-france_3999519.html

 

Alors pour se changer les idées, pourquoi ne pas lire "Le Dérangeur" ?

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/06/06/le-derangeur-un-lexique-impertinent-qui-veut-decoloniser-la-langue-francaise_6041997_3212.html

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

18 mars 1765 1

Je crois que c'est un prêtre janséniste, mon cher frère, qui est l'auteur d’une des pièces d’éloquence que vous m'avez envoyées ; et je soupçonne non sans raisons le petit abbé d'Estrées, qui ferait bien mieux de servir à boire du vin de champagne comme son père, que de succéder au ministère d'Abraham Chaumeix . Il n'y a pas, Dieu merci, l'ombre du sens commun dans ce ridicule chiffon .

On commence aujourd'hui la destruction du petit théologien . Je voudrais bien savoir quel est ce maraud-là ? »

1La copie contemporaine de Darmstadt B. joint cette lettre à celle du 15 mars 1765 ; voir note : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1765-partie-9.html

07/06/2020

En conscience il est permis de braire ; Mais c’est pécher de mordre et de ruer

...

 

« A Jean-François Marmontel

A Ferney, 17 Mars [1765]

Mon cher ami, je reconnais votre cœur à la sensibilité que les Calas vous inspirent. Quand j’ai appris le succès, j’ai versé longtemps de ces larmes d’attendrissement et de joie que Mlle Clairon fait répandre. Je la trouve bien heureuse, cette divine Clairon. Non seulement elle est adorée du public, mais encore Fréron se déchaîne, à ce qu’on dit, contre elle 1. Elle obtient toutes les sortes de gloires. L’épigramme qu’on a daigné faire contre ce malheureux est aussi juste que bonne ; elle court le royaume 2. On disait ces jours passés, devant une demoiselle de Lyon, que l’ignorance n’est pas un péché ; elle répondit par ce petit huitain :

On nous écrit que maître Aliboron

Étant requis de faire pénitence :

Est-ce un péché, dit-il, que l’ignorance ? 

Un sien confrère aussitôt lui dit :  Non ;

On peut très bien, malgré l’An littéraire,

Sauver son âme en se faisant huer ;

En conscience il est permis de braire ;

Mais c’est pécher de mordre et de ruer. 

Je trouve maître Aliboron bien honoré qu’on daigne parler de lui ; il ne devait pas s’y attendre. On m’a mandé de Paris qu’il allait être secrétaire des commandements de la reine 3. J’avoue pourtant que je ne le crois pas, quoique la fortune soit assez faite pour les gens de son espèce.

Adieu, mon cher ami ; je vieillis terriblement, je m’affaiblis ; mais l’âge et les maladies n’ont aucun pouvoir sur les sentiments du cœur. Vivez aussi heureux que vous méritez de l’être. Je vous embrasse tendrement. »

3 Fausse nouvelle .

malheureusement parmi nous, l'éloquence, la connaissance des lois, la protection donnée à l'innocence ne fait pas des sénateurs

... C'est vrai .

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

Vous commencez, monsieur, votre carrière comme Cicéron ; mais malheureusement parmi nous, l'éloquence, la connaissance des lois, la protection donnée à l'innocence ne fait pas des sénateurs et des consuls . Vous n'aurez peut-être que de la gloire, mais vous l'aurez bien pure et bien éclatante .

J'aurai donc l'honneur, puisque vous le permettez, de vous envoyer dans quelques jours le mémoire de Sirven . Vous verrez qu'il est possible qu'on puisse rendre justice à cette famille infortunée, sans qu’elle purge sa contumace, et si on peut lui donner d'autres juges que ses bourreaux .

Je n'ai jamais eu le bonheur de vous voir mais je vous aime comme si je vous avais vu bien souvent ; je vous révère comme vous le méritez, mes sentiments sont au-dessus du très humble et très obéissant serviteur

V. 

17è mars 1765 à Ferney.»

06/06/2020

je tremble que vous ne soyez malade en dépit de la consultation

... M. / Mme le professeur, aussi, n'enverrai-je pas mon enfant en cours avant la rentrée de septembre 2020 , telle est le prétexte des parents anxieux . A juste titre ?

Ont-ils la logique de porter un masque hors de chez eux ? ne pas se retrouver en troupeau ? Je crains bien que non , il y a des parsecs entre ce qu'on dit et ce qu'on fait en France ( NDLR : James se cantonne au seul pays qu'il connaisse un peu ).

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

17è mars 1765

Mon cher frère, vous devez avoir reçu la consultation de Tronchin ; mais je tremble que vous ne soyez malade en dépit de la consultation. Je fais des vœux à l’Etre des êtres pour votre santé. Félicitons-nous tous deux de la justice rendue aux Calas, et du triomphe de la raison sur le fanatisme . J’ai cent lettres à répondre ; en voici une pour M. de Beaumont, et une pour madame Calas ; une que je vous supplie aussi de vouloir bien faire tenir par la petite poste, pour M. de Chimène 1.

On est enivré à Genève, comme à Paris, du gain de notre procès. Voilà un beau moment dans les fastes de la raison, qui ne sont pas le plus gros livre que nous ayons. Ma santé s’affaiblit beaucoup ; mais mon tendre attachement pour vous se fortifie tous les jours. Ma lettre est écourtée, mes sentiments ne le 2 sont pas.

Ecr. l’inf., mon cher frère, écr. l’inf., et dites à frère Protagoras : écr. l’inf. le matin et écr. l’inf. le soir. »

1 Lettre non connue .

2 Correction du texte de Besterman qui omet le, disparu par saut du même au même .

au milieu des acclamations publiques distinguez les sentiments de votre très humble et très obéissant serviteur

... Eddy Mitchell, qui est un vrai chanteur, un grand rockeur, et qui a ma préférence sur tous  : https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=de...

Quel bonheur d'entendre un chanteur qui est compréhensible .

Eddy Mitchell - Destination Terre (2000, Carboard Sleeve, CD ...

 

 

 

« A Anne-Rose Calas

Vous devez, madame, être accablée de lettres et de visites . Genève est comme Paris, il bat des mains à vos juges . L'Europe attendrie bénit la justice qu'on vous a rendue . J'ai embrassé Donat Calas en versant des larmes de joie . Vous avez suspendu tous les maux de M. Debrus et les miens . Nous n'avons senti que votre félicité au milieu de nos douleurs . J’embrasse Pierre de tout mon cœur . Souffrez que je vous en dise autant, aussi bien qu'à mesdemoiselles vos filles . Ne m’oubliez pas, je vous en supplie auprès de M. de Lavaysse, et au milieu des acclamations publiques distinguez les sentiments de votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

17è mars 1765 à Ferney 1. »

1 Mme Calas a écrit le nom de Voltaire et la date sur la manuscrit original .

05/06/2020

le travail est une jouissance

... Mais en France on trouve facilement une foule de peine à jouir !

Paroles de syndicaliste CGT, CFTC, FO, etc., etc. ?

https://www.lemonde.fr/blog/xaviergorce/2017/05/15/peine-...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

17 mars 1765

Divins anges, la protection que vous avez donnée aux Calas n’a pas été inutile. Vous avez goûté une joie bien pure en voyant le succès de vos bontés. Un petit Calas était avec moi quand je reçus votre lettre, et celle de madame Calas, et celle d’Elie, et tant d’autres : nous versions des larmes d’attendrissement le petit Calas et moi. Mes vieux yeux en fournissaient autant que les siens ; nous étouffions, mes chers anges. C’est pourtant la philosophie toute seule qui a remporté cette victoire. Quand pourra-t-elle écraser toutes les têtes de l’hydre du fanatisme !

Vous me parlez des Roués, mais le roué Calas est le seul qui me remue. Seriez-vous capables de descendre à lire de la prose au milieu de la foule des vers dont vous êtes entourés . Voici le commencement d’une espèce d’histoire ancienne 1 qui me paraît curieuse. Si elle vous fait plaisir, je tâcherai d’en avoir la suite pour vous amuser ; elle a l’air d’être vraie, et cependant la religion y est respectée. N’engagerez-vous pas le frère Marin a en favoriser le débit ? Je crois que les bons entendeurs pourront profiter à cette lecture ; il y a en vérité des chapitres fort scientifiques, et le scientifique n’est jamais scandaleux.

Je crois qu’on tousse par tout le royaume ; nous toussons beaucoup sur la frontière ; c’est une épidémie. Nous espérons bien que Mme Fournier 2 empêchera l’un de mes anges de tousser. Tout Ferney, qui est sens dessus dessous est à vos pieds . Et pourquoi est-il sans dessus dessous ? c’est que je suis maçon : je bâtis comme si j’étais jeune ; mais le travail est une jouissance.

Me sera-t-il permis de vous présenter encore un placet pour un passeport ? Les Genevois m’accablent, parce que vous m’aimez ; mais je serai sobre sur l’usage que je ferai de vos bontés. Encore ce petit passe-port, je vous en conjure, et puis plus ; vous me ferez un plaisir bien sensible ; vous ne vous lassez jamais d’en faire.

V. »

1 La Philosophie de l'histoire .

2 Fournier est un médecin ; pourquoi V* met-il Mme ? Il l'a déjà nommé « ma mie » , voir lettre du 23 décembre 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/02/26/que-m-importe-lui-dit-le-vizir-que-le-chien-ait-mordu-le-porc-ou-que-le-por.html