25/05/2020
Il est vrai que vous avez adouci quelquefois mes souffrances par vos jolis vers
... M. Jean-Loup Dabadie , merci . On ira tous au paradis : https://www.youtube.com/watch?v=DBXaKjMsTbI
« A François de Chennevières, Premier commis
aux bureaux de la Guerre etc. etc.
à Versailles
11è mars 1765 à Ferney 1
Il est vrai que je suis malade, mon cher confrère, mais il y a soixante ans que je le suis . Je n'ai jamais connu la santé . Je me suis accoutumé à souffrir de bien des façons ; il n'y a pas d'autre parti à prendre dans le meilleur des mondes possibles . Il est vrai que vous avez adouci quelquefois mes souffrances par vos jolis vers, mais bientôt je ne pourrai plus lire du tout . Mme Denis est actuellement un peu malade ; mais ce qui chez moi est une vieille habitude n'est chez elle qu'un petit accident . Nous vous embrassons tendrement vous et la sœur du pot . »
1 L'édition Gauthier-Villars change à tort l'année pour 1763 .
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24/05/2020
Je lui demande en grâce de ne pas négliger une affaire qui me soucie si sensiblement
... Oui, monsieur Franck Riester, ministre de la Culture, et vous aussi monsieur Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments Nationaux , j'ai ce souci : quand donc pourra-t-on visiter à nouveau le château de Voltaire, et au moins avoir accès au parc ?
Autre souci, où est "Premier désir", cette si jolie statue d'Eve, d'Emile Lambert, que j'ai eu la désagréable surprise de ne plus voir sur aucune photo récente ? Bibliquement chassée du paradis, elle était si bien chez Voltaire, libre .
R.S.V.P.
« A Gabriel Cramer
[vers le 10 mars 1765]
Je prie monsieur Cramer plus que jamais d'ordonner qu'on envoie sans différer chez Souchay l'épreuve de cette feuille qu'il m'a promise . Il s'agit d'une affaire aussi intéressante que celle des Calas, et à laquelle monsieur Cramer prendrait autant d'intérêt que moi, s'il connaissait les personnes que je veux servir . Je lui demande en grâce de ne pas négliger une affaire qui me soucie si sensiblement . S'il lui manque quelque chose pour compléter quelque tome, il n'aura qu'à parler . »
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23/05/2020
Paris est ivre , on craint qu'ayant cuvé son vin, il ne lui reste une grande pesanteur de tête
... Voici le remède pour ceux qui ont forcé la dose en fêtant le déconfinement : https://www.youtube.com/watch?v=jF06KtI3uZw&list=UU55...
Pour tous ceux qui croient qu'ARTE est trop sérieuse ( ou sérieux ?) et que nul n'est plus drôle que Cyril Hanouna
« A Etienne-Noël Damilaville
8è mars 1765
Mon cher frère, vous m'apprenez deux nouvelles bien intéressantes ; on juge les Calas 1, et le généreux Élie veut encore défendre l'innocence des Sirven . Cette seconde affaire me parait plus difficile à traiter que la première, parce que les Sirven se sont enfuis, et hors du royaume ; parce qu'ils ont condamnés par contumace ; parce qu'ils doivent se représenter en justice ; parce qu'enfin ayant été condamnés par un juge subalterne, la loi veut qu'ils en appellent au parlement de Toulouse . C'est au divin Élie à savoir si l'on peut intervertir l’ordre judiciaire, et si le Conseil a les bras assez longs pour donner cet énorme soufflet à un parlement . Je crois qu’en attendant il ne serait pas mal de lâcher quelques exemplaires d’une certaine lettre sur cette affaire 2.
Quand à celle que j'ai écrite à Cideville 3, il est discret, et je lui ai bien recommandé de se taire . Je dis ici à tout le monde que la Destruction est d'un génie supérieur, et que cependant elle n'est pas de M. d'Alembert . Quoi qu'il en soit, les nez fins le flaireront à la première page . Tout l 'ouvrage sent l'Archimède Protagoras d'une lieue de loin . Qu'il dorme en paix, la nation le remerciera avant qu'il soit peu .
J'ai reçu le paquet que vous avez eu la bonté de m'envoyer . Je vous remercie tendrement malgré vous et vos dents, de toutes les bontés que vous avez pour moi .
Vous me mandez que Paris est ivre , on craint qu'ayant cuvé son vin, il ne lui reste une grande pesanteur de tête .
Je lirai L'Homme éclairé par ses besoins 4. J'ai grand besoin qu'on m'éclaire, et j'espère que le livre ne sera pas un amas de lieux communs . Un livre n'est excusable qu'autant qu'il apprend quelque chose .
Bonsoir, mon cher frère . Avant de finir, il faut que je vous demande quel cas on fait du Pyrrhonien raisonnable qu'on attribue au marquis d'Autrey 5. Pourquoi emploie-t-il toute la sagacité de son esprit à défendre la plus détestable des causes ? Pourquoi s'est-il déclaré contre Platon Diderot ? J'ai toujours été affligé qu'un certain ton d'enthousiasme et de hauteur ait attiré des ennemis à la raison . Sachons souffrir, résignons-nous, et surtout écr l'inf. »
1 Quarante maîtres des requêtes sont en train d'examiner le dossier d el'affaire Calas, et vont réhabiliter Jean Calas et sa famille le lendemain, trois ans jour pour jour après la condamnation à mort de Jean Calas .
2 Lettre du 1er mars 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/14/on-vit-alors-que-s-il-y-a-de-grands-crimes-sur-la-terre-il-y-a-autant-de-ve.html
3 Lettre du 4 février 1765 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/26/on-parle-a-paris-et-on-ne-pense-guere-la-journee-se-passe-en-futilites-on-n.html
4 De Jean Blanchet, 1764 : https://books.google.fr/books?id=otVcEpJEDVcC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
5 Henri-Jean-Baptiste Fabry de Moncault, comte d'Autrey : Le Pyrrhonien raisonnable, ou Méthode nouvelle, proposée aux incrédules par M. l'abbé de ***, 1765 ; voir : https://data.bnf.fr/fr/12074766/henri-jean-baptiste_fabry_de_moncault_autrey/
et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6529152t.texteImage
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22/05/2020
c'est en Franche-Comté que sont les beaux hommes
... Natif de cette belle région , en toute modestie, je confirme .
« A Claude-Ignace Pajot de Vaux, Conseiller
maître en la Chambre des comptes de Dôle
Chevalier de saint-Louis
à Lons-le-Saunier
6è mars 1765 à Ferney
Que n'ai-je pu, monsieur, me trouver à l'arrivée du petit François dans ce monde ! et que je vous suis obligé de m'avoir donné part de l’heureux accouchement de madame votre femme ! Je me flatte que la santé de la mère et du fils sont excellentes, elle est faite ainsi que vous, pour donner de beaux enfants à la nation . On ne fait à la cour que des petites bamboches, c'est en Franche-Comté que sont les beaux hommes . Il n'y a pas d'apparence que je voie monsieur votre fils au sortir de son enfance ; ma vieillesse infirme me défend de l'espérer . J'aurais du moins voulu avoir la consolation de le voir dans son berceau . Je présente mes respects à la mère, et à ses deux maris .
V. »
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21/05/2020
C'est le chien de Diogène qui est attaqué de la rage
... Cette description conviendrait tout à fait en conclusion de la déclaration de Megan Rapinoe contre le Jean-foutre Donald Trump :
Tristement vrai
« A Etie-Noël Damilaville
6è mars 1765
Voici , mon cher frère, la réponse de l'oracle d'Epidaure . Il me paraît qu'il a raison dans tout ce qu'il vous dit . Vous serez de son avis sur Jean-Jacques . Il connait mieux que personne la méchanceté de ce misérable, dont le cœur est aussi mal fait que l'esprit . C'est le chien de Diogène qui est attaqué de la rage .
Ne songez à présent, mon cher frère, qu'à guérir vos amygdales ; conservez votre santé, elle est précieuse aux gens qui pensent, et surtout à moi qui attache une partie de mon existence à la vôtre .
Écr l'inf. »
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Il me semble que Bicêtre était plus son fait
... Qui ?
Jair Bolsonaro, président brésilien modèle, modèle de ce qu'il ne faut faire en aucun cas, réussit l'exploit d'être plus malfaisant que le dernier dictateur d'une république bananière .
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/cor...
https://www.humeurs.be/tag/jair-bolsonaro/
« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental
6è mars 1765
Mon cher ange, je dois des compliments à M. de Belloy, que vous protégez. Me permettrez-vous de vous les adresser ? Est-il vrai que l’ami Fréron a frisé le Fort-l’Evêque ?1 Il me semble que Bicêtre était plus son fait.
Vous ai-je dit combien j’ai été content du mémoire d’Elie de Beaumont ? Que je vous suis obligé, mon cher ange, de l’avoir encouragé ! Vous n’aurez pas peu contribué à la justification des Calas. C’est une action bien méritoire et bien digne de vous.
Un officier suisse fort aimable se charge d’un petit paquet pour vous ; je vous supplierai de le partager avec M. Damilaville.
Respect et tendresse aux anges. »
1 La nouvelle a été donnée par d'Alembert le 27 février 1765 : « Fréron a pensé aller au Fort-l'Evêque […] pour avoir insulté grossièrement à son ordinaire Mlle Clairon ; elle s'en est plainte, mais le compère Stanislas et le reine ont intercédé pour ce maraud, qui est toujours cependant aux arrêts chez lui sous la verge de la police . Il est bien honteux qu'un pareil coquin trouve des protections respectables . »
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20/05/2020
Je joins de loin mes acclamations à celles de tout Paris
... aux heureux déconfinés des départements verts !
Consolation : il fait très beau, et si François d'Assise veut bien plaider pour moi et dire un mot aux pigeons, pies et merles, j'aurai le loisir de manger les quelques cerises restantes.
« A Pierre-Laurent Buyrette de Belloy
6 mars 1765 1
Je suis presque entièrement aveugle, monsieur, mais j'ai encore des oreilles, et les cris de la renommée m'ont appris vos grands succès ; j'ai un cœur qui s'y intéresse . Je joins de loin mes acclamations à celles de tout Paris . Jouissez de votre bonheur, et de votre mérite . Il ne vous manque que d'être dénigré par Fréron pour mettre le comble à votre gloire . Je vous embrasse sans cérémonie, il n'en faut point faire entre confrères .
V.»
1 Il y a plusieurs copies contemporaines dont est ici retenue la plus soignée , de l'édition Lettres, 1766 . Les Mémoires secrets signalent cette lettre à la date du 17 mars, en même temps que la réponse de Belloy . Le 4 avril 1765, envoyant une copie de la présente à Formey. , Trubler ajoute, non sans perspicacité : « Il y a encore lancé un trait à Fréron, comme il fait dans tout ce qu'il écrit . Ce n'est pas prudent : c'est donner acte et aveu à Fréron de sa sensibilité aux traits qu'il lui lance de son côté, et il vaudrait mieux feindre de les mépriser ; mais l'amour-propre de Voltaire est trop fort pour être habile . » Il faut ajouter que les critiques de Fréron sont souvent pénétrantes et frappent juste .
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