01/04/2019
in quantum possum, et in quantum indigent / Autant que je puis et autant qu'ils en ont besoin
... Telle devrait être la réponse de tout candidat à quelque élection lorsqu'on lui demande ce qu'il a l'intention de faire pour les citoyens défavorisés .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
5è mars 1764, aux Délices 1
Je reçois la lettre du 27 Février, dont mes anges m’honorent. Je suppose qu’ils ont reçu l’épître aux auteurs de la Gazette littéraire . Je suppose aussi qu’ils ont reçu celle que j’ai pris la liberté de leur adresser pour M. de Cideville 2, qui probablement a quelquefois le bonheur de les voir, et qui demeure rue Saint-Pierre.
Je suppose encore qu’ils ont la lettre de M. le premier président de Dijon, qui est tout à fait encourageante, conciliante, qui tranche toute difficulté, qui met tout le monde à son aise.
Je suppose de plus , qu'ils me diront si M. le duc de Praslin veut que je fasse venir des livres d'Italie, attendu qu'étant à la porte je serai servi plus vite, et je servirai mieux : j'entends que je servirai en cas que je ne devienne pas aveugle .
Autre supposition, c'est que mes anges auront daigné faire lire à mon frère Damilaville Les Trois Manières, car mon frère mérite cette bonté de leur part, et cette attention de la mienne .
Mes anges m’ordonnent d’envoyer aux comédiens ordinaires du roi la disposition de mes rôles ; je l’envoie in quantum possum, et in quantum indigent 3. Si mes anges ne trouvent pas que ma lettre pour M. le duc de Duras suffise, il faudra bien en écrire une directement, car j’aime à obéir à mes anges ; leur joug est doux et léger.
Non, pardieu ! il n’est pas si doux ; ils voudraient que d’ici au 12 du mois, qu’on doit jouer cette Olympie, je leur fisse un cinquième acte. Je le voudrais bien aussi ; ce n’est pas la mort de Statira au 4 qui me fait de la peine, c’est la scène des deux amants au 5 . C’est une situation assez forcée, assez peu vraisemblable, que deux amants viennent presser mademoiselle de faire un choix, dans le temps même qu’on brûle madame sa mère ; mais je voulais me donner le plaisir d’un bûcher ; et si Olympie ne se jette pas dans le bûcher aux yeux de ses deux amants, le grand tragique est manqué. La pièce est faite de façon qu’il faut qu’elle réussisse ou qu’elle tombe telle qu’elle est. Ne croyez pas que je suis paresseux, je suis impuissant : et puis d’ailleurs comment voulez-vous que je fasse à présent des vers ? Savez-vous bien que je suis entouré de quatre pieds de neige ? j’entends quatre pieds en hauteur, car j’en ai quarante lieues en longueur ; et, au bout de cet horizon, j’ai l’agrément de voir cinquante à soixante montagnes de glace en pain de sucre. Vous m’avouerez que cela ne ressemble pas au mont Parnasse : les Muses couchent à l’air, mais non pas sur la neige. Mon pays est fort au-dessus du paradis terrestre pendant l’été ; mais pendant l’hiver il l’emporte de beaucoup sur la Sibérie, si je faisais actuellement des vers, ils seraient à la glace.
On dit qu’on tolérera un peu la Tolérance ; Dieu soit béni ! D’ailleurs je ne conçois rien à tout ce qu’on me mande de chez vous . Il semble que ce soit un rêve . Je souhaite qu’il soit heureux. Mes anges le seront toujours, quelque train que prennent les affaires ; ainsi je trouve tout bon.
Avez-vous lu le mandement de votre archevêque ? Je sais que la pièce est sifflée ; mais ne pourriez-vous pas avoir la bonté de me la faire lire ? Certes ce que vous avez vu depuis quelques années est curieux.
Respect et tendresse.
V.
Après cette lettre écrite et cachetée, des remords me sont venus au coin du feu. La scène d’Olympie entre ses deux amants, au 5è acte, m’a paru devoir commencer autrement. Voici une manière nouvelle ; je la soumets à mes anges , ils la jetteront dans le feu, si elle leur déplaît. »
1 Lettre amputée du 3è et du 4è paragraphe dans l'édition de Kehl et suivantes .
2 Lettre du 22 février 1764 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/03/12/j-ai-ete-pendant-trois-mois-sur-le-point-de-perdre-les-yeux-et-c-est-ce-qui.html
3 Autant que je puis et autant qu'ils en ont besoin .
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31/03/2019
Vous savez qu'en France les circonstances des affaires changent presque tous les jours ; et ce qu'on pouvait hier on ne le peut demain . En général, rien n'est si difficile que de faire du bien, mais pour le mal il se fait avec une facilité merveilleuse
... That's true ! Sorry !
Même si tu n'as pas de Rolex
https://www.francetvinfo.fr/societe/changement-d-heure/si...
« A Charles Manoël de Végobre, Avocat
à Genève
[Ferney 4è mars 1764] 1
Si j'ai été assez heureux, monsieur, pour tirer ce pauvre Chaumont des galères, je crains bien de ne pas réussir à rendre le même service à ses camarades . Vous savez qu'en France les circonstances des affaires changent presque tous les jours ; et ce qu'on pouvait hier on ne le peut demain . En général, rien n'est si difficile que de faire du bien, mais pour le mal il se fait avec une facilité merveilleuse . Je vous avouerai même que je désespère qu'on obtienne pour les Calas la justice entière et les dédommagements qu'on leur doit . Vous verrez vérifier ce discours qu'on tint l'année passée, il y a plus de magistrats que de Calas 2. On obtiendra la révision, les juges seront ménagés, Calas restera roué, l’affaire de Sirven sera probablement civilisée 3, mais il sera ruiné ; le meilleur des mondes possibles est plein de douleurs et de misères ; nous avons ici la plus grande dose de neige possible, et cela ne contribue pas à égayer la nature .
Je vous embrasse, monsieur, sans cérémonie avec la plus véritable amitié .
V. »
1 Manuscrit original avec mention de la date par Végobre ; l'édition Desnoiresterres est limitée aux deux premières phrases .
2 Voir lettre du 18 janvier 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/04/j-attends-tout-de-l-integrite-des-juges-du-conseil-et-surtou-6005346.html
3 Elle passera du criminel au civil ; le mot civiliser est rarement employé dans la langue littéraire, mais on le trouve par exemple dans un factum du « sieur Rompli », un marchand persan qui avait gagné un procès contre les Fermes en 1678 . On y lit que Martinon, directeur des Fermes, complice des employés des Fermes, avait eu de la chance que son affaire eût été « civilisée ».
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30/03/2019
je ne crois les nouvelles que quand elles sont bien confirmées
... Fi des fake news des réseaux sociaux et l'immédiateté de leurs mensonges ! Face de bouc , je ne te rejoindrai jamais, tu es aussi inutile pour moi qu'un I-Phone à une baleine . Un temps de réflexion, c'est ce qui me semble le strict nécessaire dès lors qu'on ne se trouve pas en danger physique immédiat , sinon nous ne sommes que des abrutis .

Pin-accro des réseaux sociaux - charges à tête creuse .
« A Etienne-Noël Damilaville
Aux Délices 4è mars 1764 1
Mon cher frère, j’ai reçu votre lettre du 26 février. Vous êtes un homme inimitable, et plût à Dieu que vous fussiez imité ! Vous favorisez les fidèles avec un zèle qui doit avoir sa récompense dans ce monde-ci et dans l’autre . M. Herman , qui est l’auteur de la Tolérance, vous doit mille tendres remerciements en qualité de votre frère, et Cramer, en qualité de libraire, vous en doit autant. Vous savez combien je m’intéresse à cet ouvrage, quoique j’aie été très fâché qu’on m’en crût l’auteur. Il n’y a pas de raison à m’imputer un livre farci de grec et d’hébreu et de citations de rabbins.
M. Herman trouve que l’idée d’en distribuer une vingtaine à des mains sûres, à des lecteurs sages et zélés, est la meilleure voie qu’on puisse prendre. Il faut toujours faire éclairer le grand nombre par le petit . Mon avis est que si la cour s’effarouchait de ce livre, il faudrait alors le supprimer, et en réserver le débit pour un temps plus favorable. Je ne suis point en France, et je suis même très aise qu’on sache que je n’y suis pas ; mais j’aurai toujours un grand respect pour les puissances, et je ne donnerai aucun conseil qui puisse leur déplaire . J’aime M. Herman, mais je ne veux point faire pour lui des démarches qu’on puisse me reprocher. Il pense lui-même comme moi, quoiqu’il ne soit pas Français, et il s’en rapporte entièrement à vos bontés et à votre prudence.
Je n’ai envoyé les Trois manières qu’à M. d’Argental, à condition qu’il vous les montrerait. Dieu me préserve d’être assez ingrat pour vous cacher quelque chose. !
Vous me rendrez un très grand service d’empêcher ce corsaire de Duchesne d’imprimer les Trois manières. Ce chien de Temple du goût 2, ou du dégoût, a mis en pièces cinq ou six de mes ouvrages : je suis indigné contre lui.
Tout ce qui s’est fait depuis quelque temps étonne les étrangers ; mais on est persuadé de la prudence du roi et on croit que le royaume lui devra sa paix intérieure, comme il lui doit sa paix publique.
On dit qu’il y a dans Paris cinq députés du parlement de Toulouse . J’espère qu’ils ne nuiront point aux pauvres Calas. On dit que M. le marquis Du Mesnil a ordre de se défaire de sa charge de lieutenant général du Dauphiné 3, mais je ne crois les nouvelles que quand elles sont bien confirmées .
Vous m’apprenez qu’on tourmente les protestants d’Alsace . Vous savez qu’il n’y a point de calvinistes dans cette province, mais des luthériens à qui on a laissé tous leurs privilèges. Ils sont des sujets très fidèles, et n’ont jamais remué : je serais bien surpris qu’on les molestât. Ce n’est assurément pas l’intention de M. le duc de Choiseul qu’on persécute personne.
J’ai communiqué à M. Herman votre remarque sur le peuple juif. On ne peut être plus atroce et plus barbare que cette nation, cela est vrai ; mais si on trouve des exemples incontestables de la plus grande tolérance chez ce peuple abominable, quelle leçon pour des peuples qui se vantent d’avoir de la politesse et de la douceur ! Si je voulais persuader à une nation d’être fidèle à ses lois, je ne trouverais point de meilleur argument que celui des troupes de voleurs qui exécutent entre eux les lois qu’ils se sont faites. Ainsi M. Herman dit aux chrétiens , si les barbares Juifs ont toléré les sadducéens, tolérez vos frères . Voyez si vous êtes content de cette réponse de M. Herman.
Vous ne me parlez plus de Thieriot : est-il dans votre société aussi négligé que négligeant ? Adieu, mon cher frère.
Ecr l'inf .
N.B. – Ne pourrai-je parvenir à voir le libelle attribué à l'abbé de Caveyrac, intitulé Il est temps de parler ?
Trouve-t-on le mandement de l’archevêque ? Est-il vrai qu’il y ait des prêtres embastillés ? C’est un bon temps pour écr. l’inf. »
1 Dans une copie ancienne manquent les passages suivants , suivie par les éditions : On dit que M. le marquis …. bien confirmées et dans le N.B. … le mandement de l'archevêque ?
2 Qui représente l'enseigne de la librairie Duchesne . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12258659/nicolas-bonaventure_duchesne/
3 Le marquis Du Mesnil fut effectivement remplacé par Gaspard , duc de Clermont-Tonnerre, et mourut deux mois après . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Louis_Joachim_de_Chastellier-Dumesnil
et lettre du 7 novembre 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/10/30/il-ne-s-agit-pas-tous-les-jours-mes-divins-anges-de-conspira-6101089.html
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29/03/2019
j'aimerais mieux qu'ils eussent mangé autrefois un ou deux petits garçons que de faire brûler tant d'innocents, et de se rendre coupables des massacres des Albigeois, de Mérindol et de Cabrières, de la Saint Barthélémy, et de tant d'autres horreurs
... Toutes les religions, ou plutôt tous leurs adeptes ont du sang sur les mains , qu'ils se présentent comme des messagers de paix et d'amour ou comme des soldats d'un dieu exigeant, fous d'Allah, catholiques intégristes, protestants sectaires, bouddhistes , animistes , tous sont exclusifs, tous sont/ont été violents ; je n'en connais pas d'exception , je serais heureux si on pouvait me prouver le contraire .
« A Paul-Claude Moultou
à Genève
Vraiment, monsieur, je ne savais pas qu'à l'heure de midi etc. on eût laissé 27 volumes au public etc. Les hommes sont bien sots, bien fous, et quelquefois bien fripons . L'erreur que vous avez découverte mérite d'être relevée, et vous pourrez aisément en parler dans la belle histoire des premiers siècles que vous préparez . Le passage d'Athénagoras prouve formellement que les empereurs romains n'avaient point été persécuteurs . Les vrais persécuteurs ont été chez nous . Il fallait que les premiers chrétiens donnassent une bien mauvaise idée d'eux, pour qu'on les accusât d'être anthropophages . Pour moi, je vous avoue que j'aimerais mieux qu'ils eussent mangé autrefois un ou deux petits garçons que de faire brûler tant d'innocents, et de se rendre coupables des massacres des Albigeois, de Mérindol et de Cabrières, de la Saint Barthélémy, et de tant d'autres horreurs . Cette abomination nous est particulière . Il faut que notre religion soit bien vraie, puisqu'on n'a jamais craint de lui nuire en la prêchant ainsi .
Mettez-moi, monsieur, je vous en conjure , aux pieds de Mme la duchesse d'Anville ; je lui suis respectueusement attaché pour le reste de ma vie . Je n'avais pas imaginé que ces rogatons dont vous me parlez pussent l'amuser ; mais puisqu’elle daigne descendre à des bagatelles, on aura l'honneur de lui en envoyer .
Adieu, monsieur, je regarde comme la consolation de ma vie, l'amitié d'un philosophe tel que vous, comptez de ma part sur un attachement égal à ma respectueuse estime .
V.
2è mars 1764. »
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28/03/2019
Il est bien étrange que cette pièce ait été ignorée
... par Monsanto qui a volontairement dissimulé le pouvoir cancérigène connu de son Roundup/glyphosate, d'où la juste condamnation qui vient de tomber . Qui casse paye !
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/proces-roundup-monsanto...
« A Louis-Gaspard Fabry, Maire
subdélégué etc.
à Gex
2è mars 1764 à Ferney
On ne peut être, monsieur, plus sensible que nous le sommes Mme Denis et moi, à toutes vos bontés . Il est bien étrange que cette pièce ait été ignorée par M. Duval dans le temps qu'il plaidait contre un curé de Ferney, et qu'elle n'ait jamais été citée même par M. de Montréal . Cela redouble encore les obligations que nous vous avons .
J'ai l'honneur d'être avec toute la reconnaissance possible, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
08:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/03/2019
Si avec cela vous avez de la santé, il ne vous manque rien
... Portez-vous bien mesdames, et faites des enfants dont nous soyons les pères !

Retenez bien l'adresse , on va embaucher d'ici peu à la maternité de Portland
« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay
[Madame de La Live d'Epinay / place Vendôme / à Paris ]
2è mars 1764 à Ferney
En vous remerciant, madame, de la bonté que vous avez d’informer des gens de l’autre monde du bel établissement que vous faites dans celui-ci 1. Vous serez toujours ma belle philosophe, quand même vous m’auriez oublié. Je me mets aux pieds de madame votre fille, à condition qu’elle sera philosophe aussi.
Savez-vous bien que je suis quelquefois en commerce de lettres avec monsieur votre fils ? Mais je lui demande pardon de n’avoir pas répondu à sa dernière lettre, j’étais extrêmement malade. Je ne sors presque plus du coin de mon feu, tout s’affaiblit chez moi, hors mon respectueux attachement pour vous. La tranquillité dont je jouis est la seule chose qui me fasse vivre. Je crois, madame, que vous avez mieux que de la tranquillité ; vous devez jouir de tout le bonheur que vous méritez ; vous faites celui de vos amis, il faut bien qu’il vous en revienne quelque chose. Si avec cela vous avez de la santé, il ne vous manque rien. Pardonnez-moi, s’il vous plaît, de ne vous pas écrire de ma main ; je deviens un peu aveugle ; mais on dit que quand il n’y aura plus de neige sur nos montagnes, j’aurai la vue du monde la plus nette. Je ne veux pas vous excéder par une longue lettre ; vous êtes peut-être occupée actuellement à coiffer la mariée. Je présente mes très humbles respects à la mère et à la fille.
V. »
1 Mme d'Epinay marie sa fille Angélique-Louise-Charlotte au vicomte Dominique de Belsunce le 10 mars 1764, âgée d'un peu plus de quatorze ans : https://gw.geneanet.org/favrejhas?lang=fr&n=lalive+d+epinay&oc=0&p=angelique+louise+charlotte+pauline
15:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
On pourrait déposer les volumes entre les mains de quelque homme intelligent et fidèle , qui moyennant un profit honnête, se chargerait de la vente
... Le problème est bien de trouver cet homme "intelligent et fidèle" qui se contenterait d'un "profit honnête" . L'actualité judiciaire montre que l'honnêteté en affaires, surtout chez les intermédiaires, est denrée rare et l'association Anticor [anticorruption] ne manque pas de grain à moudre .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
[vers le 1ermars 1764] 1
Mes anges, protecteurs des deux Pierre, sont priés humblement de considérer,
Que le roi ayant souscrit pour deux cents exemplaires, M. de Laborde ayant favorisé cette entreprise avec toute la générosité possible, et ayant payé d'avance la moitié de la souscription de Sa Majesté, il demande aujourd'hui la délivrance de ces deux cents exemplaires, après nous avoir flatté que le roi n'en prendrait qu'une douzaine .
Il est certain que le roi n'a que faire de ces deux mille quatre cents volumes, qui composent les deux cents exemplaires souscrits par Sa Majesté .
Si le roi en prend 50 c'est beaucoup . Ne pourrait-on pas engager le roi ou ses ayants cause à faire présent de ces 150 exemplaires restants à Pierre Corneille du Pont-Marie 2? Cela pourrait composer une somme de trois cents louis d'or pour ledit Pierre ; mais pour lui procurer cet avantage il ne faudrait pas baisser le prix . On pourrait déposer les volumes entre les mains de quelque homme intelligent et fidèle , qui moyennant un profit honnête, se chargerait de la vente . On pourrait même du produit faire une petite rente sur la tête de M. Pierre et de sa femme . Je soumets ma proposition aux lumières et aux bontés de mes anges, et je leur demande bien pardon de ne leur envoyer aujourd'hui que trois mémoires.
N.B. – Les exemplaires sont en chemin . »
1 Manuscrit original intitulé par Wagnière « Mémoire pour Pierre Corneille du Pont-Marie, au sujet de Pierre Corneille auteur de Cinna » . Le 14 mars 1764 (voir lettre à Damilaville ) , V* exprime sa satisfaction que sa suggestion soit approuvée par les d'Argental : d'où la date proposée ici, cette lettre ayant été toujours datée de décembre 1764 dans les éditions .Voir page 537 : https://books.google.fr/books?id=rZ5fAAAAcAAJ&pg=PA537&lpg=PA537&dq=pierre+corneille+du+pont-marie&source=bl&ots=UHVaAC_jkF&sig=ACfU3U13rUJQEbjgK3SOq8ocPx6xzbYOsA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiN1sCE8KHhAhUyA2MBHW7cCXgQ6AEwDHoECAgQAQ#v=onepage&q=pierre%20corneille%20du%20pont-marie&f=false
2 Le père de Marie-Françoise ; à propos de cette famille, voir : https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1984_num_34_2_5554#annor_0003-4134_1984_num_34_2_T1_0151_0000
09:48 | Lien permanent | Commentaires (0)

