25/03/2018
Il y a des viandes que l’estomac du peuple ne peut pas digérer, et qu’il ne faut servir qu’aux honnêtes gens : c’est une bonne méthode dont tous nos frères devraient user
... Voilà qui va en faire bondir plus d'un, -tant pis,- mais remettons-nous un moment dans l'époque et usons des mots comme ils étaient compris alors . Alles klar ?
Le peuple français actuel, et plus particulièrement certains professionnels, effectivement sont incapables de digérer des réformes nécessaires et sèment le désordre pour garder des droits ineptes , des "avantages sociaux" qu'ils dénient au reste du prolétariat . Baste !
« A Etienne-Noël Damilaville , Premier commis
des bureaux du vingtième
Quai saint-Bernard
à Paris
28è mars 1763
Mon cher frère, vraiment l’aventure de l’Académie est tout à fait singulière ! Mais comment se peut-il faire qu’il n’y ait eu que quatre boules noires 1 ? Il faut que mes confrères soient de bien bonnes gens.
Mademoiselle Clairon ne vient plus à Ferney 2; mais si mon frère y vient, je ne regretterai personne ; car la philosophie et l’amitié me sont bien plus précieuses que des tragédies. J’ai mandé à mon frère et à l’ange d’Argental que la tragédie d’Olympie, que j’avais donnée à Manheim, était imprimée je ne sais où, et que j’avais été obligé d’en envoyer une copie plus correcte. Mon ange d’Argental veut la faire jouer après Pâques ; il est bien le maître. Il légitimera ce bâtard comme il lui plaira ; mais si on joue la pièce, je crois qu’il serait bon d’en empêcher le débit à Paris, avant qu’elle eût été sifflée ou supportée. Je prie mon frère d’en conférer avec mon ange.
Le livre sur la tolérance, dont il a paru quelques exemplaires en Suisse et à Genève, est intitulé les Lettres toulousaines. Ce livre est d’un bon parpaillot, nommé de Court 3, fils d’un prédicant. Il y a des anecdotes assez curieuses ; mais nous avons craint que ce livre ne fît un peu de tort à la cause des Calas, et l’auteur le supprime de bonne grâce, jusqu’à ce que le parlement toulousain ait envoyé ses procédures et ses motifs.
Quant au traité véritable de la Tolérance, ce sera un secret entre les adeptes. Il y a des viandes que l’estomac du peuple ne peut pas digérer, et qu’il ne faut servir qu’aux honnêtes gens : c’est une bonne méthode dont tous nos frères devraient user.
Je n’ai point encore vu la lettre de Jean-Jacques à Christophe ; j’ai grand’peur qu’elle ne fasse du mal à la philosophie.
Est-il vrai qu’on a envoyé à M. le marquis de Pompignan la relation de son voyage à Fontainebleau 4, et qu’il est résolu d’aller faire rire en personne tout Versailles ? Faites-lui, je vous prie, mes baisemains.
J’embrasse mes frères. Écrasez l'infâme. »
1Lors des élections à l'Académie, une boule noire est un vote contre le candidat,ici lors de l'élection de l'abbé de Radonvilliers . Voir : http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/claude-francois-lysarde-de-radonvilliers
2 Elle a cependant écrit le 23 mars 1763 : « […] vous et Mlle Corneille êtes mes dieux, jugez combien votre offre m'est agréable ; jugez du plaisir que j'éprouverais en allant vous rendre mes hommages . Je vous entendrais tous les jours, je pourrais témoigner ma reconnaissance à M. Tronchin, à qui je suis sûre que je vais devoir la vie ; j’aurais pour compagnes votre nièce et celle de Corneille . Il me paraît impossible que rien m'arrête . »
3 Ou plutôt Court de Gébelin.
4 Voir les Facéties : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-faceties-prefac...
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24/03/2018
vous êtes fort belle ; il est étonnant qu’avec cela vous fassiez des livres, et de bons livres
... Voir à ce sujet : http://www.buzz-litteraire.com/200903061329-le-grand-ecri...
« A Octavie Belot
28è mars 1763 aux Délices
Votre drôle de lettre, madame, m’a fait un plaisir que je ne peux vous exprimer. Vous ne pouvez pas dire que vous n’avez pas de quoi faire chanter un aveugle , car je chante vos louanges, et je chante encore celles du roi, qui a récompensé votre mérite. Il me reste environ un œil, qui lira avec grand plaisir l’Histoire des Tudors 1, quoiqu’il soit en assez mauvais état. Je vous admire de vous appliquer à des ouvrages si solides et si utiles avec un esprit fait pour la gaieté.
Mme Dupuits, ci-devant Mlle Corneille, prétend qu’elle vous a vue, et que vous êtes fort belle ; il est étonnant qu’avec cela vous fassiez des livres, et de bons livres. Il faut qu’il n’y ait pas un moment de perdu dans votre vie ; mais il n’appartient pas à un vieil aveugle de vous dire des galanteries. Je me borne à vous féliciter de faire de si bonnes choses et d’être couchée sur l’état des pensions, ce qui est une des meilleures manières de se coucher. Tous les saints dont vous me parlez sont les miens, et je les invoquerais tous pour obtenir une petite part dans votre bienveillance. Je supplie madame la veuve B. d’agréer la reconnaissance du laboureur V. »
1 David Hume : Histoire de la maison de Tudor sur le trône d'Angleterre, traduite […] par Mme B***, 1763 ; voir par ex . https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=ucm.5323843616;view=1up;seq=9
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23/03/2018
Il ne tient qu'à vous de m'envoyer un détail exact qui puisse autoriser mon zèle : il est très vif et très sincère, mais il a besoin d'être éclairé
... Serge Tournaire et Aude Buresi, juges, ont pu le dire tour à tour à cette anguille qu'est Nicolas Sarkozy . A mon avis, ils ne sont pas près d'avoir satisfaction, le prévenu est tout, sauf clair .
« A Pierre Rousseau etc. 1
Chez monsieur le Comte de Turpin
rue Garancière
à Paris
26è mars 1763 aux Délices 2
J'ai écrit , monsieur, dès que j'ai reçu votre lettre, mais je n'ai pu écrire qu'en général, et vous jugez bien que la requête d'un solitaire des Alpes a très peu d'effet à Paris et à Versailles, surtout quand elle n'est pas assez motivée . J'aurais désiré que vous m'eussiez instruit des prétextes qu'on a pris pour saisir vos effets . Il faut apparemment qu'on vous suppose quelques dettes, ou que vous ayez eu le malheur de transiger avec des personnes qui abusent de votre facilité . Il n'est que trop ordinaire aux gens de lettres de faire de mauvais marchés . En ce cas, ne pourrait-on pas demander des arbitres , et les faire agréer par M. le duc de Bouillon ? Cette voie me paraît la plus raisonnable, la plus courte et la moins dispendieuse . Je ne vois pas , d'ailleurs, qu'on puisse vous empêcher de faire un journal ; c'est un travail que tout le monde peut entreprendre, et s'il y a quelque avantage, c'est pour celui qui réussit le mieux .
Je conçois encore moins comment on a pu saisir les effets de madame votre femme, sans quelque sentence juridique, obtenue en vertu de quelque dette contractée, ou de quelque acte de société . Vous me laissez dans une ignorance totale de ce qu'il était nécessaire de savoir pour vous rendre service . Il ne tient qu'à vous de m'envoyer un détail exact qui puisse autoriser mon zèle : il est très vif et très sincère, mais il a besoin d'être éclairé .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec tous les sentiments qui vous sont dus, votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
2 Sur l'adresse, une main étrangère a barré les indications et les a remplacées par «à Bouillon »
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22/03/2018
Est-il bien vrai que maître Marin a été fourré à la Bastille pour quatre vers d'une tragédie oubliée
... et que maître Sarkozy, mis en examen favorisé, couche encore dans son lit douillet sans coup férir ? Le Code le permet, de façon exceptionnelle, c'est vrai, mais s'il s'agissait de vous ou de moi aurions -nous profité de cet accommodement ? Niet ! Nada ! Nichts ! Que pouic ! Et dire qu'il vit à nos crochets ...
Avoir le beurre, l'argent du beurre, et la main de etc.
« A Etienne-Noël Damilaville
Le 26 mars [1763]
Est-il bien vrai que maître Marin a été fourré à la Bastille pour quatre vers d'une tragédie oubliée, composée par maître Dorat ? On m'a envoyé ces quatre vers 1. Ils peuvent regarder les rois fainéants de la première race ; mais comment peut-on les appliquer à un roi qui a gagné deux batailles en personne ; qui a volé de Flandre en Allemagne ; qui a pris Fribourg en relevant d'une maladie mortelle ; qui tient conseil tous les jours, et qui est lui-même le premier ministre ? Tout cela est exactement vrai . Je ne peux croire qu'on lui ai fait l'outrage de mettre Marin à la Bastille . Je vous prie, mon cher frère, de me dire ce qui en est .
Voulez-vous bien avoir la bonté d'envoyer, par la petite poste, ce chiffon à Mme de Florian ?
Je soupire après les feuilles de l'Encyclopédie, que mon frère m'a promises .
J'embrasse toujours mes frères . »
1 Voir lettre du 25 mars 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/03/19/j-aime-encore-mieux-un-sifflet-qu-un-changement-fait-malgre-6035491.html
00:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/03/2018
Envoyez-moi je vous prie par les messageries les plus promptes, le paquet que je vous ai demandé
... Qui a dit cela :
1° L'acheteur des tableaux de Guéant
2° Le juge d'instruction à Sarkozy
3° Sarkozy à Kadhafi
4° Moi-même à un vendeur du Bon Coin
« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime
et historiographe de Son altesse Électorale
à Manheim
Je vous fais mon compliment de tout mon cœur, mon cher ami, de votre historiographerie 1. Vous voilà en pied 2 de toute façon . Envoyez-moi je vous prie par les messageries les plus promptes, le paquet que je vous ai demandé, et mettez aux pieds de Son Altesse Électorale son vieux serviteur qui est presque aveugle .
Je vous embrasse du meilleur de mon âme .
V.
Aux Délices 26è mars 1763 3. »
1 Néologisme créé et déjà utilisé par V*, voir : https://fr.wiktionary.org/wiki/historiographerie
2 Être en pied signifie la même chose qu'avoir le pied à l'étrier .
3 Sur l'original, mention « f[ran]co Reinhausen [changé en Canstatt] ».
13:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
20/03/2018
Je souhaite que notre gouvernement soit aussi bien en argent comptant que le vôtre
... Qui a pu dire celà ?
1° Khadafi à Sarkozy
2° Sarkozy à Khadafi
3° Un ministre proche du candidat à la présidentielle
Les paris sont ouverts, la justice tranchera peut-être .
« A François Tronchin
[vers le 25 mars 1763]
Mon cher , la Sérénissime est donc puissamment riche, puisqu'elle est quatre ans entiers sans demander ce qu'on lui doit . Je souhaite que notre gouvernement soit aussi bien en argent comptant que le vôtre . Puisque vous m'assurez que monsieur votre frère n'a point payé sa part de la grande muraille, j'envoie la mienne à monsieur le trésorier . Le retardement ne vient ni de votre faute , ni de la mienne, puisqu'on ne nous avait rien demandé . Je vous embrasse de tout mon cœur vous et votre petit cheval, sur lequel vous ne venez plus nous voir . »
17:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
dire aussi à vos ministres qu'ils fassent le plus d'enfants qu'ils pourront aux servantes, mais que d'ailleurs ils soient infiniment circonspects
... Non, ce n'est pas un mot d'ordre, ni une note de service, non plus qu'une prière concernant nos ministres gouvernementaux, quoique ...
Il est vrai que certains feraient mieux de s'occuper d'une famille, ça leur éviterait peut-être d'être malhonnêtes, comme un Claude Guéant, par exemple . Malheureusement SGDG .
« A Jean Ribote-Charron
à Montauban .
[vers le 25 mars 1763]1
On aura bientôt l'arrêt du Conseil imprimé . En attendant voici une relation que l'on m'a envoyée . Elle amuse toute la cour, il y en a cinq ou six autres de cette façon , et surtout une chanson que tout le monde chante* à table . L'ami Pompignan tient la nation en joie . Si vous pouvez faire dire de ma part au ministre Rabaut 2 qu'il est un fou et qu'il faut qu'il se taise jusqu'à ce que le procès des Calas soit entièrement gagné, vous rendrez un très grand service et de dire aussi à vos ministres qu'ils fassent le plus d'enfants 3 qu'ils pourront aux servantes, mais que d'ailleurs ils soient infiniment circonspects . Il est question de leur faire du bien pourvu qu'ils ne l'empêchent pas .
On vous fait, monsieur, mille compliments très sincères .
* Le refrain de la chanson est vive le roi et Simon Lefranc, son favori, son favori . 4»
1 Jusqu'en 1981 cette lettre a été datée de 1764 .
2 Paul Rabaut : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Rabaut
et voir : https://www.museeprotestant.org/notice/paul-rabaut-1718-1794/
3 Depuis fassent le plus d'enfants, passage omis dans les éditions .
4 La note a été ajoutée par V* à la tête de la première page, elle n'a pas été reproduite dans les éditions .
16:53 | Lien permanent | Commentaires (0)