09/04/2018
ils [l']ont détérioré, [qu']ils ont coupé les arbres, [qu']on peut à présent avoir recours contre eux
... Et il est temps !
Oui, halte aux conn... Ecologistes de mes deux ! vous êtes d'une logique remarquable : brûler des pneus, ravager une route , ça sent bon le crétinisme de voyous inexcusables .
« A Joseph-Marie Balleidier
Procureur
à Gex
12 avril [1763], aux Délices 1
Je reçois la lettre de monsieur Balleidier touchant l'affaire Crassy . Je lui écrivis hier sur cet objet, et il n'a peut-être pas encore reçu ma lettre .
J'avancerai tout ce qui sera nécessaire, et monsieur Balleidier peut en assurer Mme Crassy, mais il faut que je sois assuré du remboursement . Je ne peux être assuré de ce remboursement qu'en cas que la famille poursuive à Dijon la confirmation de la sentence de Gex . Il faut donc que la mère me donne une procuration pour poursuivre en son nom ou en celui de ses enfants . M. Arnoud, mon avocat à Dijon, qui est le plus accrédité de la province se chargera de tout et l'affaire sera bientôt finie ; si on a une meilleure voie et des moyens plus sûrs on peut me les indiquer . Il est de l'intérêt de la famille de ne pas négliger une affaire qui la remet en possession de son patrimoine et il est de sa probité de ne pas me frustrer d'un argent que j'ai prêté avec quelque générosité . L'affaire presse, attendu que les jésuites gèrent leur patrimoine, qu'ils l'ont détérioré, qu'ils ont coupé les arbres, qu'on peut à présent avoir recours contre eux, et qu'il ne sera plus temps quand le domaine des jésuites sera remis aux économats, comme il le sera sûrement 2.
Il est d'ailleurs probable que MM. de Crassy rentreront dans leur domaine sans rien payer à M. de Chapeaurouge attendu que la longue jouissance de l'usure nommé antichrèse, absorbe beaucoup au delà du principal prêté aux auteurs de MM. de Crassy .
Ils voient sans doute combien la poursuite de cette affaire est avantageuse . Je leur ai procuré les moyens de recouvrer leur domaine . Je continuerai . Je ne demande que les suretés convenables .
Je prie monsieur Balleidier d'en conférer avec M. Rouph et avec la famille .
Voltaire . »
1 L'édition Vézinet imprime le deuxième paragraphe de la lettre en deux morceaux séparés . Date endossée par Balleidier .
2 Des ordonnances du 3 et du 5 février 1763 ont défini les attributions du « bureau des économats » pour l’administration et la vente des biens appartenant à l'ordre des Jésuites.
11:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
quand je pourrai entrer en jouissance, et s'il y a des oppositions
... Force doit rester à la loi, et les occupants illégaux de la Zad de Notre Dame des Landes doivent déguerpir, ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux, pollueurs et vindicatifs qu'ils doivent être tolérés ou soutenus . Je ne vois pas pourquoi on agirait en douceur avec ces squatters quand dans le même temps on envoie votre voiture à la fourrière pour un simple stationnement gênant . Allez, du balai !
« A Joseph-Marie Balleidier
Procureur
à Gex
[11 avril 1763] 1
Je prie monsieur Balleidier de me mander où en est la subhastation du domaine Burdet à Magny, quand je pourrai entrer en jouissance, et s'il y a des oppositions .
Je ne conçois pas comment je n'ai point une procuration légale de M. de Crassy, pour achever l'affaire qui doit faire rentrer cette famille dans son bien . J'ai prêté 1800 livres . Il est de l'intérêt de cette famille de recouvrer son domaine, et du mien de me faire payer .
Le sieur Roux ou Rouph 2, avocat, beau-frère de MM. de Crassy, me fit donner une procuration d'un des frères disant qu'elle suffisait ; mais elle ne suffit pas . Monsieur Balleidier est prié de m'éclaircir ces difficultés .
À l'égard d'Ornex on verra quelles mesures on pourra prendre .
J'ai à cœur l'affaire Crassy , j'ai écrit à celui qui m'a emprunté 1800 livres que si on ne me donnait pas satisfaction sur la procuration générale j'étais en droit de répéter 3 mon argent .
Voltaire . »
1 L'édition Vézinet donne une version incomplète et mal datée . Balleidier a noté sur le manuscrit : « De M. de Voltaire / sans date / Reçue le 14è avril 1763 » . Il doit s'agir de la lettre mentionnée au début de celle du 12 avril 1763 .
2 Gilberte Deprez de Crassier a épousé Etienne Rouph de Varicourt, dont le frère , Pierre-Louis Rouph est un homme de loi . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Rouph_de_Varicourt
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08/04/2018
S'il a quelques nouvelles de Paris, il me fera grand plaisir de m'en instruire
...
« A Gabriel Cramer
[vers le 10 avril 1763]
J'envoie à monsieur Cramer les remarques sur le tragédie d'Othon qui suit Sophonisbe à ce que je crois .
Je le prie de vouloir bien me faire avoir quelques exemplaires du czar reliés en maroquin et en veau avec l'estampe ; il est bien triste que l'impératrice de Russie ait les premiers exemplaires par d'autres mains que les miennes .
S'il a quelques nouvelles de Paris, il me fera grand plaisir de m'en instruire .
Je le supplie d'employer tout son crédit pour me faire avoir deux exemplaires [de] la lettre de Jean-Jacques à Christophe . »
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07/04/2018
je peins le genre humain assez en laid pour le rendre ressemblant. ... vous savez que la vérité est mon premier devoir ; et la dire sans déplaire aux gens de mauvaise humeur, c’est la pierre philosophale
... Tout à fait d'actualité en cette période de grogne syndicale face à un gouvernement qui veut mettre un peu plus d'égalité entre les travailleurs de service public et travailleurs du privé . Qui détient la pierre philosophale qui convertira les exigences des uns en or de l'accord ?
Tout comme la vérité !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Aux Délices , 9 avril 1763
Mes anges, déployez vos ailes et couvrez-moi. Les frères Cramer se sont avisés de mettre mon nom en gros caractères à la tête de cet Essai sur l’Histoire générale 1, où je peins le genre humain assez en laid pour le rendre ressemblant. Ils m’avaient toujours promis de supprimer mon nom. Messieurs peuvent très bien brûler mon livre comme un mandement d’évêque ; mais j’ai toujours dit aux Cramer que je voulais être brûlé anonyme. Ils me l’avaient promis. Ils me manquent de parole, et leur édition est déjà en chemin . Ils manquent à la foi des traités, et ils me doivent assez pour être fidèles. Je suis outré. J’ai recours à vous. Je ne veux point être brûlé en mon propre et privé nom. Vous avez un Cramer 2 à Paris, vous me direz qu’il n’est point libraire, qu’il est prince de Genève . Mais un prince doit avoir de la clémence. Le fait est que s’ils n’ôtent pas mon nom, et s’ils n’insèrent pas dans l’ouvrage les cartons nécessaires, je demanderai net la saisie des exemplaires fataux ou fatals 3.
Les dernières pièces du père Pierre, et les dernières sottises de ma chère nation, ne laissent pas de me gêner ; car, en qualité de critique et d’historien, vous savez que la vérité est mon premier devoir ; et la dire sans déplaire aux gens de mauvaise humeur, c’est la pierre philosophale 4.
Ce qui m’est encore fort amer, c’est que lesdits Cramer ont recueilli tous les traits nouveaux que j’ai ajoutés à la nouvelle édition de l’Histoire générale , et de tous ces petits morceaux ils ont fait un recueil 5 qui se trouve être la satire du genre humain. Ils prétendent donner ce recueil comme un supplément pour ceux qui ont la première édition. Qu’arrivera-t-il ? Les traits qui ne frappaient pas quand ils étaient épars dans huit volumes paraîtront un peu trop piquants quand ils seront rassemblés dans un seul tome . Ce sera là le corps du délit. J’ai souvent représenté que la chose était dangereuse ; mais ces messieurs, en pesant mon danger et leur intérêt, ont vu que leur intérêt avait beaucoup plus de poids. Ils ont dit que s’ils n’avaient pas fait ce recueil, d’autres l’auraient fait ; et leur maudit recueil est en chemin avec l’édition entière de l’Histoire. Voilà donc dangers sur dangers ; et s’ils mettent mon nom au petit recueil, et s’ils n’y mettent pas les cartons, je me tiens pour brûlé, et, Dieu merci, c’est la seule récompense de cinquante ans de travaux. Messieurs devraient cependant me ménager un peu ; car, en vérité, pourront-il empêcher que leur refus de rendre justice au peuple ne soit consigné dans toutes les gazettes ? pourront-ils empêcher que ce refus ne soit aussi ridicule qu’injuste ? plairont-ils beaucoup au gouvernement en proscrivant des ouvrages où la conduite du roi se trouve, par le seul exposé et sans aucune louange, le modèle de la modération et de la sagesse, et où leurs irrégularités paraissent, sans aucun trait de satire, le comble de la mauvaise humeur, pour ne rien dire de plus ?
Le parlement 6 est puissant, mais la vérité est plus forte que lui. Rien ne résiste à une histoire simple et vraie ; et ce qu’il y a certainement de mieux à faire, c’est de ne rien dire. Vous sentez bien que je parle toujours au ministre d’un petit-fils 7 de Louis XIV, à l’ami de MM. les ducs de Praslin et de Choiseul, et non pas au conseiller d’honneur.
Le but et le résumé de cette longue lettre est qu’il m’importe très peu qu’Omer dénonce mon livre, mais que je ne veux pas qu’il dénonce mon nom, et que je vous supplie, mes divins anges, d’engager le prince Cramer à ordonner à quelqu’un des officiers de sa garde d’ôter ce nom, qui n’est pas en odeur de sainteté. Cette précaution et quelques cartons sont tout ce que je veux.
Si j’étais seulement commis de la chambre syndicale, j’arrêterais le débit d’Olympie jusqu’à ce qu’elle ait été tolérée ou sifflée au théâtre ; mais je ne suis pas fait pour avoir des dignités en France ; je ne veux qu’un titre, et le voici .
Je ne sais quel Anglais fit mettre sur son tombeau : ci-gît l’ami de Philippe Sidney 8 . Je veux qu’on grave sur le mien : ci-gît l’ami de monsieur et de madame d’Argental . »
1 On ne connait guère d'exemplaires de cet ouvrage portant le nom de Voltaire .
2 Philibert Cramer .
3 Rappel de Boursault : Le Mercure galant, IV, 6 :
La Rissole / Nos coups aux ennemis furent des coups fataux, /Nous gagnâmes sur eux quatre combats navaux .
Merlin / Il faut dire fatals et navals . C'est la règle .
4 Terminant la première page par ces cinq mots, V* les répète au début de la troisième .
5 Ces Additions parurent sans nom d'auteur, mais furent publiées sur les directives de V* et sous son contrôle . Ce genre d'affirmations fausses va se multiplier les années suivantes .
6 V* a souligné seulement parle..., intentionnellement semble-t-il .
7 L'infant duc de Parme .
8 Sur cet « anglais », voir une lettre à Frédéric de 1738 , page 235 : https://books.google.fr/books?id=qsI4AQAAMAAJ&pg=PA235&lpg=PA235&dq=ci+git+l%27ami+de+sidney&source=bl&ots=hSP5nwt5lI&sig=iiIzsHQqw3_RFHGQrBbZOMAL00Q&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiE57OP0qfaAhVlIcAKHXpkAMEQ6AEINTAB#v=onepage&q=ci%20git%20l'ami%20de%20sidney&f=false
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06/04/2018
Nous vous donnerons un rôle de financier, puisque vous en avez le ventre et nous vous en souhaitons le coffre fort
... Et puisque c'est une chose trop sérieuse pour être entre les mains d'un seul, c'est un trio qui officie , ce sont Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Benjamin Griveaux qui se prennent un ventre de sénateur en dansant devant le coffre . La valse des milliards n'a pas fini de nous faire tourner en bourrique , ce n'est pas le seul souci, et le pire n'est jamais sûr .
« Au baron Jacob Friedrich von Bielfeld
Au château de Ferney en Bourgogne
par Genève ce 8è d'avril 1763
Vous croyez, monsieur , que je n'ai point d'amour-propre ou vous voulez que la tête me tourne de l'honneur que vous me faites . Vous voulez bien me dédier un livre agréable et instructif 1. Je n'ai rien de pareil à vous offrir ; vous me prenez trop à votre avantage . Vous voilà donc rendu à Berlin ? Je vois que vous aimez les triomphes, c'est apparemment ce qui fait que vous ne venez pas chez nous . Mais venez, si vous aimez la comédie . Ce vieux bonhomme de Mauricius 2, que vous avez vu à Hambourg, me mandait qu'il jouait Lusignan mieux que moi, parce qu'il était paralytique . Je ne le suis pas encore mais je deviens aveugle . Nous vous donnerons un rôle de financier, puisque vous en avez le ventre et nous vous en souhaitons le coffre fort . Mme Denis est une grande actrice , Mlle Corneille devenue Mme Dupuits est toujours chez moi et joue les soubrettes très joliment, son mari en qualité d'officier de dragon doit faire les petits-maîtres, moi les vieillards comme de raison, attendu que j'ai soixante-dix ans ; voilà notre troupe complète . Le théâtre est assez joli, mais je ne pense pas que vous quitterez la Sprée pour mon lac, et le séjour de la gloire pour celui de nos chétifs amusements . Si vous venez, vous nous comblerez de joie, sinon ce sera de regrets : et pour le temps qui me reste à badiner sur la terre, je serai très sérieusement avec bien de la reconnaissance, monsieur,
Voltaire
gentilhomme de la chambre du roi . »
1Lettres familières et autres, 1763 , du baron von Bielfeld : https://books.google.fr/books?id=yGgHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
et voir page 7, dédicace à V* du 1er mai 1762 : https://books.google.fr/books?id=YUcKAAAAIAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
2 Sur celui-ci, voir lettre du 14 février 1763 à Capacelli : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/01/11/le-bel-art-de-la-declamation-c-est-a-dire-dans-l-art-de-se-r-6016179.html
00:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/04/2018
on est impudent avec bienséance quand il s'agit de rendre service
...
« Au ministre Jacob Vernes
à Séligny
Suisse
[6 avril 1763] 1
J'ai donné monsieur à tout hasard, une lettre pour M. le baron de Breteuil 2, parce qu'il faut que je fasse tout ce que vous m'ordonnez . Il y a environ trente ans que je ne l'ai vu, mais cela n'y fait rien, on est impudent avec bienséance quand il s'agit de rendre service et de vous obéir .
La lettre à Christophe me donne la pépie, je ne dormirai point que je n'aie vu la lettre à Christophe, avez-vous lu la lettre à Christophe ? pouvez-vous me faire avoir la lettre à Christophe ? où trouve-t-ton la lettre à Christophe ? Bonsoir mon cher philosophe, mes respects à Arius 3. »
1 Mention de Vernes : « De M. de Voltaire, le 6è d'avril 1763 »
2 On connait la réponse de Breteuil écrite à son retour de Russie le 1er août 1763 . il en résulte que V* lui avait parlé de François-Pierre Pictet, car Breteuil répond : « J'ai beaucoup vécu avec votre géant de Russie . » Voir : http://utpictura18.univ-montp3.fr/GenerateurNotice.php?numnotice=A4615
3 Arius, père de l'hérésie arienne, niait la divinité et la consubstantialité du verbe ; ici, par ce mot de code, V* désigne apparemment Firmin d'Abauzit (1679-1767) qui a été bibliothécaire de la ville de Genève .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Firmin_Abauzit
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04/04/2018
Vos maudits compositeurs ont toujours la rage de mettre des grandes lettres partout . Cela est d'une barbarie insupportable
... Et je suis au regret de vous dire qu'il y en a assez de vos banderoles de protestations, bande d'hurluberlus grévistes qui , sous prétexte de défendre le service public, prennent en otages ceux qui n'ont pas les véritables rentes de la SNCF . Vous êtes des malfaisants, au sens premier du terme .
Les rois du coloriage : en marche, les trains : à l'arrêt . Logique ?
« A Gabriel Cramer
[vers le 5 avril 1763]
Voici C et D de l'Inde .
Vos maudits compositeurs ont toujours la rage de mettre des grandes lettres partout . Cela est d'une barbarie insupportable .
Votre premier garçon compte vous envoyer demain Agésilas, Othon et Sophonisbe, trois pièces fort au dessous de celles de l'abbé Pellegrin .
Il est bien étrange que M. de Tournes pour qui l'on prend tant de peine n'écrive pas lui-même à celui qui la prend . »
16:51 | Lien permanent | Commentaires (0)