06/05/2019
chacun donne sur les oreilles de son voisin, qui le lui rend du plus grand cœur, de sorte que tous combattent contre tous sans savoir pourquoi . Voilà bien l'image de tout ce qui se passe aujourd’hui
... Les Gilets jaunes ? syndicalistes de tous bords , ouvriers comme patrons ? politiciens de droite à gauche et d'extrême- gauche à extrême-droite ?
Râler , sport national où tout le monde est champion sans aucun entrainement préalable , être contre tout, apparemment vouloir le bien de tous et intimement se dire tout pour moi et rien pour les autres . Jusqu'à quand remettrez-vous la grève de l'imbécillité ?

Une idée sur le sujet ? Non ? vous êtes un saint !
« A Etienne-Noël Damilaville
Aux Délices près de Genève
2è avril 1764 1
Mon cher frère, c'est un ex-jésuite archifanatique, et archifripon 2, qui a fait le mandement de l'archevêque gascon archi-imbécile . On dit que l'archibourreau de Toulouse l'a brûlé au haut, ou au bas de l'escalier des plaids . Je ne sais si vous vous souvenez d'un chant de La Pucelle 3 dans lequel tous les personnages deviennent fous, et où chacun donne sur les oreilles de son voisin, qui le lui rend du plus grand cœur, de sorte que tous combattent contre tous sans savoir pourquoi . Voilà bien l'image de tout ce qui se passe aujourd’hui . Il faut que les honnêtes gens profitent de la guerre que se font les méchants . La seule chose qui m’afflige c'est l'inaction des frères . C'est une chose déplorable que l'auteur de la Gazette ecclésiastique puisse imprimer toutes les semaines les sottises qu'il veut, et que les frères ne puissent donner une fois par an un bon ouvrage qui achèverait d'extirper le fanatisme . Les frères ne s'entendent point , ne s'ameutent point, n'ont point de ralliement ; ils sont isolés, dispersés ; ils se contentent de dire à souper ce qu'ils pensent quand ils se rencontrent . Si Dieu avait permis que frère Platon, vous et moi eussions vécu ensemble, nous n'aurions pas été inutiles au monde .
J'ai reçu une lettre de M. Marin, et vous verrez ce qu'il m'écrit par ce que je lui réponds 4. Je vous soumets ma lettre, et je vous prie de la lui rendre . Je doute beaucoup qu'on puisse obtenir des faveurs de M. de Sartines, et je crois que dans le temps où nous sommes il n'en faut attendre de personne . Puisse seulement notre petit troupeau demeurer fidèle ! Mon cœur est desséché quand je songe qu'il y a dans Paris une foule de gens d'esprit qui pensent comme nous, et qu'aucun d'eux ne serve la cause commune . Il faudra donc finir comme Candide par cultiver son jardin . Adieu mon cher frère . Écr l'inf .
Vous devez avoir reçu , ou vous recevrez incessamment un petit ballot de 48 exemplaires de Corneille, en deux paquets . Je crois vous avoir déjà prévenu que l'un est destiné pour M. de Laleu, et que vous disposerez de l'autre . Mais je vous supplierai de les garder tous deux bien précieusement jusqu'à ce que vous ayez de mes nouvelles, parce qu'il est juste que le roi et les siens aient leurs exemplaires avant qu'il en paraisse dans le public . »
1 L'édition de Kehl date du 12 à la suite de la copie Beaumarchais où manquent la moitié du second paragraphe (jusqu'à demeurer fidèle) et tout le troisième ; suivi par toutes les éditions .
2 Patouillet ; voir les Honnêtetés littéraires, XXIII . Voir page 138 : https://books.google.fr/books?id=Lh4-AAAAcAAJ&pg=PA137&lpg=PA137&dq=Patouillet%C2%A0Honn%C3%AAtet%C3%A9s+litt%C3%A9raires,+XXIII&source=bl&ots=z0E5X8xNaG&sig=ACfU3U3gLu9dkF2MA8hk0lRfm9dacAbv4A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi2iNTG1IbiAhUEgRoKHXO3CLcQ6AEwAHoECAkQAQ#v=onepage&q=Patouillet%C2%A0Honn%C3%AAtet%C3%A9s%20litt%C3%A9raires%2C%20XXIII&f=false
3 C'est actuellement le chant XVII : https://fr.wikisource.org/wiki/La_Pucelle_d%E2%80%99Orl%C3%A9ans/17
4 Lettre inconnue .
12:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
Tout ce que je vois jette les semences d’une révolution qui arrivera immanquablement, et dont je n’aurai pas le plaisir d’être témoin. Les Français arrivent tard à tout, mais enfin ils arrivent ... on éclatera à la première occasion
... Je ne connais pas de Voltaire de nos jours, et qui plus est, ait la clairvoyance de l'original .
« A Bernard-Louis Chauvelin
2è avril 1764
Votre Excellence est assez bonne pour avoir des griefs contre moi. J’en ai moi-même un bien fort : c’est que je n’en peux plus, c’est que j’ai absolument perdu la santé, et qu’étant menacé de perdre la vue, tout ce que je peux faire, c’est de dicter une malheureuse lettre. Je suis tombé tout d’un coup, mais ce n’est pas de bien haut. Je ne savais pas que madame l’ambassadrice eût été malade ; je vous assure que je m’y serais plus intéressé qu’à ma propre misère, par la raison que j’aime beaucoup mieux les pièces de Racine que celles de Pradon, et que les beaux ouvrages de la nature inspirent plus d’intérêt que les autres.
J’avoue que j’ai eu grand tort de ne vous pas envoyer les Trois Manières ; mais puisque vous les avez, je ne peux réparer mon tort . Tout ce que je peux faire, c’est de vous donner madame Gertrude 1, si vous ne l’avez pas.
A l’égard de ce qui devait vous revenir vers le mois d’avril, ne prenez pas cela pour un poisson d’avril, s’il vous plaît . Je tiendrai ma parole tôt ou tard ; mais donnez un peu de temps à un pauvre malade. J’ai été accablé de fardeaux que mes forces ne pouvaient porter ; et, dans l’état où je suis réduit, il m’est impossible de m’appliquer. J’ai consumé la petite bougie que la nature m’avait donnée ; il ne reste plus qu’un faible lumignon que le moindre effort éteindrait absolument.
Oserais-je demander à Votre Excellence si elle est contente de la Gazette littéraire ? Il me semble que cette entreprise est en bonnes mains, et que, de tous les journaux, c’est celui qui met le plus au fait des sciences de l’Europe . C’est dommage qu’il ne parle point de mandements d’évêques, qu’on brûle tous les jours. Tout ce que je vois jette les semences d’une révolution qui arrivera immanquablement, et dont je n’aurai pas le plaisir d’être témoin. Les Français arrivent tard à tout, mais enfin ils arrivent. La lumière s’est tellement répandue de proche en proche, qu’on éclatera à la première occasion ; et alors ce sera un beau tapage. Les jeunes gens sont bien heureux ; ils verront de belles choses .2
A propos, je n’ose vous envoyer un conte à dormir debout 3, qui est très indigne d’un grave ambassadeur ; mais pour peu que madame l’ambassadrice se plaise aux Mille et une Nuits, je l’enverrai par la première poste ; en attendant, voici un petit avis d’un nommé Vadé à mes chers compatriotes 4. Ce Vadé-là était un homme bien difficile à vivre. Mille sincères et tendres respects.
V. »
1 L’Éducation d'une Fille.
2 Prédiction révolutionnaire célèbre (Georges Avenel).
3 Ce qui plaît aux dames .
4 Copie manuscrite du Discours aux Welches, par Antoine Vadé . On ne connait pas d'édition séparée du Discours aux Welches, inséré dans les Contes de Guillaume Vadé, mais V* en avait probablement un certain nombre de tirages à part .
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05/05/2019
la grande règle des conspirateurs est de n’admettre jamais dans leur complot que ceux qui peuvent les servir, et de tuer sans miséricorde tous ceux qui peuvent se douter de la conspiration
... De ce fait, si j'étais candidat aux élections européennes et tenant absolument à être élu, je m'abstiendrai de dire ce que je pense réellement du chef de parti et de ses choix de têtes de liste, l'actualité nous en donne moult exemples .
Le premier qui dit la vérité .... https://www.youtube.com/watch?v=AfpSRnahQig&list=RDAf...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
2è avril 1764 1
Il faut que je demande les ordres de mes anges sur une affaire d’État de la plus grande importance. Je sais que la grande règle des conspirateurs est de n’admettre jamais dans leur complot que ceux qui peuvent les servir, et de tuer sans miséricorde tous ceux qui peuvent se douter de la conspiration. Il y a plusieurs mois que je balance sur la manière dont je dois m’y prendre pour assassiner M. de Chauvelin l’ambassadeur. Il prétend, depuis un an, que je lui ai promis quelque chose pour le mois d’avril, et que ce n’est pas un poisson d’avril que je lui ai promis. Il était alors très vraisemblable qu’Octave et Antoine 2 paraîtraient avant Pâques . La destinée a voulu que le couvent d’Éphèse 3 eût la préférence. Enfin nous voici au mois d’avril . Voyez mes anges, si vous voulez que M. de Chauvelin soit de la conspiration . Son caractère semble l’en rendre digne ; cela est absolument du ministère des Affaires étrangères ; je ne ferai rien sans vos ordres ; j’ai résisté une année entière ; il ne sait rien du tout, et je ne rendrai la place que quand vous m’aurez ordonné de capituler. En ce cas, il faudra qu’il fasse serment, par écrit, lui et sa jeune femme, de ne jamais révéler la conspiration.
Il n’en est pas de même de M. de Thibouville ; il croit fermement, avec mademoiselle Clairon, que je travaille à Pierre-le-Cruel ; il est bon de fixer ainsi les incertitudes des curieux ; mais le fait est que je ne puis travailler à rien ; je suis très malade ; la fin de l’hiver et le commencement du printemps m’ont infiniment affaibli, et je crois qu’il faut dire adieu à toute espèce de vers et de prose. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que j’avais fourni quelques matériaux assez curieux pour votre gazette ; j’ai encore un petit cahier à vous envoyer, supposé que vous ayez été content des premiers ; mais, après cela, je ne sais pas ce que je deviendrai : les nouveautés me manquent, et les forces aussi.
Je vous supplie de vouloir bien me donner des nouvelles de la santé de M. le duc de Praslin ; je suis fâché de le voir goutteux avant le temps, car il me semble que la goutte n’est bonne qu’à mon âge : il ne faut jamais qu’un ministre soit malade ; c’est une chose affreuse que de souffrir et d’avoir à travailler, cela mine l’esprit et le corps. Il n’y a que l’entière liberté de n’avoir jamais rien à faire que ce que je veux, et d’être le maître de tous mes moments, qui m’ait fait supporter la vie. Portez-vous bien, mes divins anges.
J'ai reçu une lettre de M. Marin concernant des détails de librairie dont M. Damilaville s'était bien voulu charger, ce sont des minuties qui ne valent pas la peine de vous importuner, et dont M. Damilaville vous rendra compte,si vos bontés s'étendent jusqu'à ces petits détails .
Voyez d’ailleurs, avec M. le duc de Praslin, si vous voulez que j’assassine M. de Chauvelin, ou que je lui révèle le secret. Je sais bien qu’assassiner est le plus sûr, mais c’est un parti que je ne peux prendre sans votre permission expresse. »
1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais, supprime l'avant-dernier paragraphe .
2 Le Triumvirat.
3 Olympie .
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04/05/2019
avec du régime, de l'attention, de la résignation on vient à bout de ses maux jusqu'à ce qu'on crève
... Ti bouffes, ti bouffes pas, ti crèves quand même , comme dit la morale de La Cigale et la Fourmi : https://www.youtube.com/watch?v=TVATOwy9Hoo

Comment mourir "médicalement correct " :
https://www.cairn.info/la-raison-et-les-remedes--9782130384700.htm
« A Théodore Tronchin
[A mon cher Esculape]
[ 29 mars 1764 ?] 1
Notre petit Hercule en conduisant Agathe 2 au temple d'Epidaure veut absolument que je consulte Esculape . Mais je n'ose . J'en suis indigne . Il est vrai que j'ai un peu de fièvre toutes les nuits . Mais c'est le beau printemps qui me la donne ; on dit qu'il faut être enrhumé, avoir la fièvre, être dégoûté à l'équinoxe , qu'avec du régime, de l'attention, de la résignation on vient à bout de ses maux jusqu'à ce qu'on crève, qu'il ne faut pas importuner Esculape pour des niaiseries ;
Nec deus intersit nisi dignus vindice nodus .3
Mon cher grand homme y a-t-il quelque chose de nouveau ? Je me flatte que vous n'êtes pas de ceux qui veulent que les fornicateurs se mettent à genoux 4. Défaites-vous de toutes ces pauvretés-là .
V. »
1 L'année est fixée par la référence à Covelle, e tla date exacte par l'allusion au temps et à la fièvre de V* : le 27 il n'en était pas question, e tle 28 il était au lit 'voir lettre du 28 mars à Collini : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/05/04/je-fais-ce-que-je-peux-pour-ne-pas-perdre-patience-6148565.html
2 Agathe Frick , femme de chambre de Mme Denis .
3 Qu'un dieu n'ait pas à s'en mêler, à moins que le noeud de soit digne d'un tel vengeur ; Horace, Art poétique, 191 .
4 Un certain Robert Covelle ayant fait un enfant à une certaine Catherine Ferboz, a été condamné le 1er mars 1764 à demander « pardon à Dieu, genoux en terre » . De cette genevoiserie assez commune, V* fit une cause célèbre . Voir l'étude pas toujours parfaitement exacte de Jean-Pierre Ferrier : « Covelle, Voltaire et l'affaire de la génuflexion » dans le Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, 1946 . Voir : https://books.google.fr/books?id=SvzBDQAAQBAJ&pg=PA393&lpg=PA393&dq=Covelle,+Voltaire+et+l%27affaire+de+la+g%C3%A9nuflexion%C2%A0&source=bl&ots=z5edwhiBCo&sig=ACfU3U0n8XRQvIVzWQJ6k6LeTynkuqNy0Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiVi-SFkoLiAhXgDmMBHcIIAnkQ6AEwA3oECAcQAQ#v=onepage&q=Covelle%2C%20Voltaire%20et%20l'affaire%20de%20la%20g%C3%A9nuflexion%C2%A0&f=false
et La Guerre civile de Genève : http://prudent-diamant.e-monsite.com/pages/voltaire-fiches-de-lecture/la-guerre-civile-de-geneve.html
18:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
Votre famille est une famille de sages
... 
Famille modèle
Je ne sais si j'entendrai un jour dire cela de ma famille . En fait je n'ai aucun doute , seuls des gens mal informés pourraient le dire .
La sagesse est toujours temporaire et peut sauter plusieurs générations . Le dalaï lama lui-même, que l'on dit sage, est le dernier de cette qualité et le dernier chainon d'une famille dont on ignore la folie ou la sagesse de lui avoir fait prendre cette voie si extraordinaire .
Om mani padme hum ?!
Mais je préfère, tout agnostique que je suis, https://www.youtube.com/watch?v=kkJC8p48g6g&list=RDkk...
« A Jean Lévesque de Burigny 1
Aux Délices , près de Genève,
le 29 mars 1764 2
[Il est malade et presque aveugle ] Je recevrai avec la plus vive reconnaissance l'histoire de ce brave chancelier, homme de lettres et homme d’État 3 […] Il n'appartient qu'à un philosophe d’écrire cette histoire . Votre famille est une famille de sages . Je fais mes compliments à monsieur votre neveu [...] »
1 Voir : https://data.bnf.fr/fr/12205928/jean_levesque_de_burigny/
et : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/514-jean-levesque-de-burigny
2 Le manuscrit était dans les archives de la famille Noiron, de Reims .
3 Vie de Michel de l'Hôpital, chancelier de France, ouvrage anonyme de Jean-Simon Lévesque de Pouilly, 1764 , cet auteur étant le neveu du correspondant de V* . Voir : https://data.bnf.fr/fr/14543508/jean-simon_levesque_de_pouilly/
16:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je fais ce que je peux pour ne pas perdre patience
...
« A Cosimo Alessandro Collini
Mon cher ami, je vous adresse un voyageur qui est digne de voir Manheim, votre bibliothèque, votre académie et toutes vos raretés, mais surtout le respectable maître de toutes ces belles choses ; c’est M Mallet 1, d’une très bonne famille de Genève, homme d’un vrai mérite. Il a été longtemps à la cour de Copenhague, où il est fort regretté ; il a fait l’Histoire de Danemark, comme vous celle du Palatinat 2. Je vous prie de le recommander à M. Harold 3 avec le même empressement que je vous le recommande. Votre théâtre de Schwetzingen a porté bonheur à Olympie ; on dit qu’elle est bien jouée et bien reçue à Paris. Le public a témoigné qu’il ne serait pas fâché de voir l’auteur ; mais si je pouvais faire un voyage, ce serait vers le Rhin que j’irais, et non vers la Seine . Mon état me permet moins que jamais ce bonheur, je dépéris tous les jours . Je suis actuellement au lit, avec un peu de fièvre ; mes souffrances sont continuelles . Je fais ce que je peux pour ne pas perdre patience. On dit que la philosophie rend heureux ; mais je crois que les gens qui ont dit cela se portaient bien. Je vous embrasse de tout mon cœur.
V.
Ferney ce 28è mars 1764. »
1 Paul Henri Mallet ; sur cet ouvrage, Histoire du Danemarc, voir lettre de 1763 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/06/18/vous-avez-tres-bien-releve-mes-inadvertances.html
2 Voir lettre à Collini du 20 septembre 1762 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/14/dire-je-vous-hais-avec-la-plus-douloureuse-tendresse-5971120.html
3 Cet Anglais ami de Collini, était attaché à la personne de l'électeur Charles-Théodore. L'opéra traduit de l'italien par Collini, était intitulé Cajo Fabricio ( voir : https://data.bnf.fr/fr/15587723/johann_adolf_hasse_cajo_fabricio/
). Il avait été représenté sur le théâtre du palais de Manheim. (Clogenson).
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03/05/2019
Que reste-t-il à tous ces rois qui ont ébranlé l’Europe par leurs guerres
... Rien de plus qu'une place six pieds sous terre, comme tout le monde !

« A Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt, margravine de Baden-Durlach
A Ferney 28 mars 1764
Madame, Votre Altesse Sérénissime se doute bien que je porte une furieuse envie à celui qui aura l’honneur de vous rendre cette lettre. Il jouira de l’avantage de voir une cour dans laquelle tout le monde voudrait vivre, et d’être admis auprès d’une princesse dont on voudrait être né sujet. C’est, madame, un citoyen de Genève, d’une des meilleures familles de cette république, il se nomme Mallet 1. Il a été longtemps à la cour de Danemark, où il est fort estimé . J’ose dire qu’il est digne d’être présenté à Votre Altesse Sérénissime . Personne n’est plus sensible que lui au mérite supérieur . Enfin, madame, quoiqu’il ne soit qu’un voyageur, il deviendra votre sujet, dès qu’il aura eu le bonheur de vous voir et de vous entendre ; c’est le sort de tous ceux qui ont passé à Carlsruhe . Cette noble retraite est devenue, grâce à Votre Altesse Sérénissime, l’asile de la vertu et du bonheur. Que reste-t-il à tous ces rois qui ont ébranlé l’Europe par leurs guerres, que de revenir chacun dans leur Carls Rue 2? Vous êtes, madame, plus sage qu’eux tous, car vous êtes demeurée en paix chez vous, et ils sont forcés enfin de vous imiter.
Je suis avec un profond respect,
madame,
de Vos Altesses Sérénissimes,
le très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire.»
1 Paul-Henri Mallet : voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/541-paul-henri-mallet
2 Une édition donne Carls ruhe , ce qui semble plus juste que rue, car on a un jeu de mot adéquat : paix de Charles .
18:30 | Lien permanent | Commentaires (0)

