30/12/2018
La retraite, que mon état me rend absolument nécessaire
... est entachée de quelques soucis distribués larga manu par les différents gouvernements tant actuels que passés .
Comment et quand prendre sa retraite ? Joli casse-tête pour le retraité futur et abominable effort législatif pour unifier des régimes de retraites aussi nombreux et inégaux que les fromages français que chacun défend mordicus , incapable d'appliquer le principe de fraternité, et encore moins celui d'égalité . Les favorisés, pleurant comme des Madeleine, veulent rester dans la caste des nantis et braient à tout vent qu'on veut les spolier : ça suffit !

« A la Comédie-Française
Au château de Ferney 30 décembre 1763
Je suis aussi sensible au mérite de messieurs et de mesdames les pensionnaires du roi et aux témoignages de leur bienveillance, que je me sens incapable de faire des ouvrages dignes de leurs talents. Je les prie d’agréer mes sincères remerciements. Si mon âge, ma mauvaise santé, et la perte des yeux dont je suis menacé, me permettent de travailler à la tragédie d’Olympie, je ne manquerai pas de la leur envoyer incessamment . La retraite, que mon état me rend absolument nécessaire, me laisse le regret de n’être pas le témoin de leurs talents, et de ne pouvoir mêler mes applaudissements à ceux qu’ils reçoivent du public. Ils savent que j’ai toujours regardé leur art comme un de ceux qui font le plus d’honneur à la France et qui méritent le plus de considération. Les obligations que j’ai à leurs grands talents ont augmenté en moi ces sentiments que je conserverai toute ma vie . Je me flatte qu’ils sont persuadés de l’estime, du zèle et de la reconnaissance avec lesquels j’ai l'honneur d'être leur très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
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29/12/2018
Si ce texte, mal entendu... inspire malheureusement quelque indifférence, cette indifférence peut produire du moins un très grand bien,car on se lasse de persécuter pour des choses ont on ne se soucie point, et l’indifférence amène la paix
... Je vous laisse le choix , ci après, du projet de loi qui vous fait vous brosser le nombril avec le pinceau de l'indifférence
http://www.senat.fr/dossiers-legislatifs/textes-recents.h...
J'ai un faible , par exemple , pour le projet déposé par Bruno Retailleau qui atteint un sommet d'inutilité à l'heure actuelle et ne passionne que lui : http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppr18-156.html .
A vous la joie de découvrir ce qui se mijote au sénat et à l'assemblée nationale, ainsi qu'au parlement européen, c'est du lourd(dingue) .
Et puis, ne négligeons pas les sacro-saints Groupes d'amitié parlementaires, grands pourvoyeurs de gueuletons et de voyages plus ou moins exotiques , et amusez-vous à voir la composition de ces groupes selon les pays : surprises garanties, si tant est que des politicards puissent encore nous surprendre : http://www2.assemblee-nationale.fr/europe-et-internationa...
« A Élie Bertrand, Premier pasteur de l’Église
française, membre de plusieurs académies etc.
à Berne
30è décembre 1763 à Ferney
Mon cher philosophe, tandis que le traité de la Tolérance trouve grâce devant les catholiques, je serais très affligé qu’il pût déplaire à ceux mêmes en faveur desquels il a été composé. Il y aurait, ce me semble, peu de raison et beaucoup d’ingratitude à eux de s’élever contre un factum fait uniquement en leur faveur. Je ne connais point l’auteur de ce livre ; mais j’apprends de tous côtés qu’il réussit beaucoup, et qu’on a même remis entre les mains des ministres d’État un mémoire qu’ils ont demandé pour examiner ce qu’on pourrait faire pour donner un peu plus de liberté aux protestants de France.
J’ai cherché dans ce livre s’il y a quelques passages contre la révélation ; non seulement je n’en ai trouvé aucun, mais j’y ai vu le plus profond respect pour les choses mêmes dont le texte pourrait révolter ceux qui ne se servent que de leur raison. Si ce texte, mal entendu peut-être par ceux qui n’en croient que leurs lumières, et à qui la foi manque, inspire malheureusement quelque indifférence, cette indifférence peut produire du moins un très grand bien, car on se lasse de persécuter pour des choses ont on ne se soucie point, et l’indifférence amène la paix.
Je crois qu’on a envoyé un exemplaire de cet ouvrage à M. de Correvon 1, qui l’avait demandé plusieurs fois. Il y a longtemps que je n’ai eu de ses nouvelles. Vous me ferez le plaisir de lui dire que cet ouvrage a fait la plus grande impression dans l’esprit de nos ministres d’État qui l’ont lu.
J’espère d’ailleurs que nous viendrons à bout de notre jésuite intolérant, qui ne veut pas qu’un huguenot réussisse dans une demande très naturelle et raisonnable 2 à un prince catholique.
Je vous supplie, mon cher monsieur, de compter pour jamais sur mon attachement inviolable .
V.»
1 V* lui a écrit le 5 décembre 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/28/demande-qui-il-devrait-remercier-pour-son-election-6108821.html
2Les mots réussisse [,,,] raisonnable remplacent une première version, biffée et indéchiffrable .
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28/12/2018
Les dieux seuls daignèrent paraître A cet hymen précipité
... N'étant pas dieu, -enfin pas encore,- je n'ai rien vu ; ceux qui se prennent pour des dieux quand ils fréquentent des vedettes guère plus, et je vous laisse avec ce mariage sur les bras , rendez-vous dans ... 10 ans ?
https://www.voici.fr/news-people/actu-people/vincent-cass...

You know what ?
« A Gabriel Cramer
à Genève
[29 décembre 1763]
Il y a une grosse faute dans le récit de Théone l'égrillarde, elle dit :
Les dieux seuls pouvaient comparaître
A cet hymen précipité .
Corrigez :
Les dieux seuls daignèrent paraître
A cet hymen précipité 1.
Je supplie monsieur Caro de ne donner aucune copie des Trois manières . Ce conte n'est pas si plaisant que celui de la vieille et de sire Robert, mais il est plus galant, et les dames honnêtes s'en accommoderont mieux .
Si monsieur Caro reçoit des nouvelles de Paris samedi matin, il est supplié de m'en faire part . »
1 Tel est en effet le texte des Trois manières, dans l'édition des Contes de Guillaume Vadé ; cette allusion confirme la date portée sur le manuscrit .
et : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/voltaire-les-trois-manieres-version-2.html
02:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/12/2018
il est vrai que ce prêtre boit plus que toute notre maison ensemble . Il fait venir du vin de Champagne qu'il compte payer de notre dîme
... Il en est qui correspondent à cette description et notre période festive les confirment dans cette voie , croyez-moi . C'est humain . Les bergers et les rois mages se chargent du ravitaillement à la crèche pour que nos curés fassent honneur au premier miracle de Jésus , celui de noces de Cana . A votre santé !

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault, Conseiller
au Parlement
à Dijon
28è décembre 1763 aux Délices
Monsieur,
J'ai reçu la feuillette 1, et je suppose qu'elle est de l'année passée, elle n'en vaudra que mieux . Au moins mon curé n'aura pas la dîme de cette feuillette, et nous la boirons toute sans lui à votre santé ; il est vrai que ce prêtre boit plus que toute notre maison ensemble . Il fait venir du vin de Champagne qu'il compte payer de notre dîme . Son maudit procureur nous persécute . J'ai supplié monsieur le premier président de vouloir bien ne nous point juger sitôt . Comme il y a cent ans que ce procès dure y aurait-il un si grand mal qu'il durât encore quelques mois de plus ? Pourriez-vous, monsieur, avoir la bonté de voir avec monsieur le premier président ce qu'il peut faire ? en attendant qu'il prenne les arrangements qui lui conviendront le mieux avec la cour , sur cette affaire, dans laquelle Berne et Genève interviennent .
J'ai pris la liberté d'envoyer à monsieur le premier président, et à monsieur le procureur général, un petit livre que je crois fait par un huguenot, et dont on n'a tiré que trente-six exemplaires ; j'en ai attrapé deux ; si j'en avais eu un troisième il eût été pour vous ; mais j'ai compté que monsieur le premier président ou monsieur le procureur général vous prêterait le sien .
Il me paraît que les jésuites restent à Besançon . Pour moi j'en ai un qui me dit la messe, et je me flatte que le pape m'en saura fort bon gré .
J'ai l’honneur d'être avec bien du respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Voltaire.
Je présente mes respects à madame Le Bault . »
1 Tonneau de vin commandé par la lettre du 6 septembre 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/09/01/l-adonis-du-parlement-monsieur-m-a-fait-l-honneur-de-m-appor-6076457.html
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26/12/2018
je n’ai cherché qu’à être utile, et pour l’être, il faut dire la vérité. Quiconque veut critiquer tout est un Zoïle ; quiconque admire tout est un sot
... Et à la vérité, combien d'entre nous savent ce qu'est un Zoïle ?
Je ne le sais que parce que je fréquente Voltaire depuis quelque temps maintenant .
Combien savent qu'il est plus utile d'avouer "je ne sais pas" que faire semblant ?
Et après avoir vu l'émission documentaire sur les Reliques du Christ, quand l'Eglise et les fidèles admettront-ils la fausseté de ces choses prétendument sacrées, faisant oeuvre utile en admettant la vérité ? Je crois bien jamais, tant la superstition est ancrée dans ce monde qui maintient la croyance au Père Noël !

Où est la vérité dans la Bible ? et dans le Coran ? et dans la Torah ?
« A Pierre-Joseph Thoulier abbé d'Olivet, de
L'Académie française
dans l'impasse de Saint-Tomas du Louvre
à Paris
26è décembre 1763 à Ferney
Mon cher doyen , car M. le maréchal de Richelieu n’est que le doyen des agréments, et vous êtes le doyen de l’Académie, je vous souhaite des années heureuses depuis 1764 jusqu’en 1784. Pour moi, je n’espère que peu de jours ; vous savez qu’il a plu à Dieu de me faire d’une étoffe très faible et très peu durable. Je ne me suis jamais attendu à parvenir jusqu’aux soixante et dix ans, dont j’ai l’honneur d’être affublé. Je m’attendais encore moins à passer gaiement ma vie entre le mont Jura et les Alpes, entre la nièce de Corneille et un jésuite qui s’est avisé d’être mon aumônier. Je suis bien aise de vous dire que je mène dans mon petit château la plus jolie vie du monde, et que je n’ai été véritablement heureux que dans cette retraite. Mademoiselle Corneille a été très bien mariée ; toute sa famille est chez moi ; on y rit du matin au soir. Son oncle est tout commenté et tout imprimé. On criera contre moi, on me trouvera trop critique et je m’en moque ; je n’ai cherché qu’à être utile, et pour l’être, il faut dire la vérité. Quiconque veut critiquer tout est un Zoïle ; quiconque admire tout est un sot. J’ai tâché de garder le milieu entre ces deux extrémités, et je m’en rapporterai à vous.
Madame Denis, mon cher Doyen vous fait bien ses compliments ; et moi je vous fais mes condoléances . Je pense avec chagrin que nous ne nous reverrons plus. Je suis devenu si nécessaire à ma petite colonie que je ne puis plus la quitter, et probablement vous ne sortirez point de Paris. Soyez-y aussi heureux que la pauvre nature humaine le comporte. Consolez-moi par un peu de souvenir du chagrin d’être loin de vous ; c’est la seule peine d’esprit dont je puisse me plaindre. Je ne vous écris pas de ma main, attendu qu’une grosse fluxion me rend aveugle depuis six mois. Me voilà comme Tirésie ; mais je n’ai pas su les secrets des dieux comme lui, quoique je les aie cherchés longtemps. Adieu, mon très cher doyen.
V. »
00:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/12/2018
Votre intendant nous avait promis de l'avoine, dont nous manquons absolument, nous vous prions de vouloir bien lui ordonner d'acquitter sa promesse
... Ceci peut résumer la conclusion des cahiers de doléances mis à disposition des grincheux afin de faire bouger un peu ceux qu'ils dépeignent comme des dirigeants méprisants ; lors, l'intendant doit faire diligence pour fournir de l'avoine à ceux qui ne veulent plus avoir seulement du foin . Pour cela, mon petit doigt me dit qu'il va y avoir des moissons inattendues .
![]()
Bonnes fêtes quand même .
Tel qui rit à Noël, à Pâques ... ! ... vous connaissez le dicton .
« A Catherine-Josèphte de Loras du Saix, baronne de Monthoux
à Annemasse
Madame,
Mme Denis et moi nous nous étions flattés d'avoir l'honneur de vous voir à votre passage . Vous savez combien nous nous intéressons à tout ce qui vous touche . Nous vous supplions de ne pas douter de nos sentiments.
Votre intendant nous avait promis de l'avoine, dont nous manquons absolument, nous vous prions de vouloir bien lui ordonner d'acquitter sa promesse .
J'ai l'honneur d'être bien respectueusement
madame,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
26è décembre 1763 à Ferney. »
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24/12/2018
Pourquoi envoyer 15 ou 16 citoyens dépenser leur argent dans les pays étrangers ? Ce n’est pas les punir, c’est punir la France. Nous avons une jurisprudence aussi ridicule que tout le reste ; cependant tout va et tout ira
... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 24/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .
« A Etienne-Noël Damilaville
26è décembre 1763 1
Je souhaite à mon cher frère, pour l’an de grâce 1764, une santé inébranlable, quelque excellente place dans la finance, qui lui laisse le loisir de se livrer aux belles-lettres. Je lui souhaite une vinée abondante dans la vigne du Seigneur, avec l’extirpation de l’infâme.
Je souhaite à mon frère Thieriot un zèle moins tiède. Que dites-vous de ce ronfleur-là, qui ne m’a pas dit seulement un mot du conte de ma mère l’Oye, que je lui ai envoyé !
On parle de l’Anti-financier 2 ; vaut-il la peine qu’on en parle ? Je supplie mon cher frère de vouloir bien me l’envoyer. M. de Laverdy a-t-il déjà changé tout le système des finances ? Il me semble qu’on a banni quinze ou seize personnes avec le sieur Bigot. Pourquoi envoyer 15 ou 16 citoyens dépenser leur argent dans les pays étrangers ? Ce n’est pas les punir, c’est punir la France. Nous avons une jurisprudence aussi ridicule que tout le reste ; cependant tout va et tout ira.
S’il y a quelque chose de nouveau, je supplie mon cher frère de m’en faire part. Il est surtout prié de faire commémoration de moi avec frère Platon.
N’y a-t-il pas deux volumes de planches de l’Encyclopédie que l’on distribue aux souscripteurs ? Briasson et Cie m’ont oublié. J’attends cette Encyclopédie pour m’amuser et pour m’instruire le reste de mes jours.
Je vous embrasse le plus tendrement du monde.
Ecr. l’inf. »
1 L'édition Correspondance littéraire donne une version incomplète sans nom de destinataire .
2 L’Anti-financier, ou Relevé de quelques-unes des malversations dont se rendent journellement coupables les fermiers-généraux, et des vexations qu’ils commettent dans les provinces, de Jean-baptiste Darigrand, 1763 ; V* note sur son exemplaire « par un avocat nommé Danegrard ou d'Aligran ». Voir : https://books.google.fr/books?id=LYQxAAAAMAAJ&pg=PA4&lpg=PA4&dq=L%E2%80%99Anti-financier,+ou+Relev%C3%A9+de+quelques-unes+des+malversations+dont+se+rendent+journellement+coupables+les+fermiers-g%C3%A9n%C3%A9raux,+et+des+vexations+qu%E2%80%99ils+commettent+dans+les+provinces,+de+Jean-baptiste+Darigrand&source=bl&ots=uYWqRHJuv2&sig=PEVIXR0znh01q0WHMR4XeoGQc24&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiB-MLHibffAhUPJBoKHW-YCzYQ6AEwBnoECAgQAQ#v=onepage&q=L%E2%80%99Anti-financier%2C%20ou%20Relev%C3%A9%20de%20quelques-unes%20des%20malversations%20dont%20se%20rendent%20journellement%20coupables%20les%20fermiers-g%C3%A9n%C3%A9raux%2C%20et%20des%20vexations%20qu%E2%80%99ils%20commettent%20dans%20les%20provinces%2C%20de%20Jean-baptiste%20Darigrand&f=false
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