03/01/2019
Il fait usage de la pommade rouge, et remercie beaucoup madame la mère
... Après les Gilets jaunes, il est bien dit qu'on doit en voir de toutes les couleurs pour égayer la grisaille hivernale, et donc en toute logique, histoire de se faire mousser, ce sont les professeurs qui nous corrigent de leurs Stylos rouges . Logique, les écolos sont verts, les socialo roses, les gays arc-en-ciel, et les ours blancs .

1/20 ! revoir la copie .
« A Gabriel Cramer
[1763-1764] 1
Page 333 du tome 8 mettez partout Jaurigny à la place de Salcède .
1 Manuscrit olographe et édition Crowley . V* mentionne en plusieurs endroits Salcède, c'est-à-dire Juan de Salcedo, sur lequel on peut lire Albert de Meyer, Le Procès de l'attentat commis contre Guillaume le Taciturne, 1933,[ https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1935_num_21_93_2712_t1_0568_0000_2
] et aussi Jaurigny, c'est-à-dire Juan Jauregui ; mais la présente référence vise le chapître CLXIV de l'Essai sur les moeurs ; d'où la date suggérée car c'est en 1764 que parut l'Essai sur les moeurs en huit volumes .
« A Gabriel Cramer
[1763-1764]
Dieu merci, je ne ferai plus rien à Pierre, mais je désirerai toujours passionnément de voir monsieur Gabriel .
« A Gabriel Cramer
[1763-1764]
Il ne faut pas oublier Son Altesse le prince Louis de Rohan coadjuteur de Strasbourg, dans la nombreuse liste des souscripteurs 1. Plus n'en sait le déposant ; et s'il y a quelque chose de nouveau il prie monsieur Gabriel de l'en instruire . Il fait usage de la pommade rouge, et remercie beaucoup madame la mère . »
1 Il apparaît dans la liste pour trois exemplaires . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ren%C3%A9_de_Rohan
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02/01/2019
Quand les hommes sont bien occupés d’une sottise, ils ne songent pas à en faire une autre . Chaque impertinence a son temps
... Un clou chasse l'autre . Et la boite à clous est sans fond .

Superstition, quand tu nous tiens .
« A Etienne-Noël Damilaville
31è décembre [1763] 1
J’ignore, mon cher frère, si vous avez reçu en dernier lieu une Tolérance par Besançon, et une autre par l’adresse que vous m’avez donnée . L’un de ces deux paquets était pour frère Protagoras, à qui je vous supplie de faire rendre ce petit billet 2. Je suis un peu effarouché de ce qu’on a retenu à la poste de Paris deux paquets que frère Cramer envoyait à M. de Trudaine et à M. de Montigny. Il est très vraisemblable qu’on écrira beaucoup contre l’ouvrage le plus honnête qu’on ait fait depuis longtemps, et peut-être la précaution que j’ai prise de le communiquer à la cour avant de le livrer au public, lui nuira plus qu’elle ne lui servira.
Au reste, je pense que la fermentation au sujet des finances empêchera qu’on ne songe à la philosophie. Quand les hommes sont bien occupés d’une sottise, ils ne songent pas à en faire une autre . Chaque impertinence a son temps. Celle de votre archevêque est-elle vraie ? avait-il préparé un gros mandement dans le goût de celui du fou du Puy en Velay ? est-il vrai que le roi l’a menacé d’un petit martyre à Pierre-Encise, et que le mandement a été supprimé ?
Mais ne verrai-je point l’Anti-financier 3, qui est supprimé aussi ? Tous vos gros paquets, mon cher frère, m’arrivent, et les miens ne vous arrivent pas toujours. Il est plus aisé aux livres de sortir de France que d’y venir.
Vous ne m’avez pas dit un mot de frère Thieriot. L’amitié permet un peu de paresse ; mais il abuse de cette permission : il n’est pas tolérant, il est indifférent, et l’oubli total n’est pas d’un cœur bien fait.
A demain le premier jour de l’année 1764, qui probablement produira autant de sottises que les précédentes, sans recourir à l’Almanach de Liège.
Ecr. l’inf.
Permettez-vous que je vous adresse cette lettre 4 pour un homme très malheureux, dont le fils est plus malheureux encore ? Ne pouvez-vous pas ordonner qu’on la contre-signe dans votre bureau ? L’adresse est dedans, sur un petit morceau de papier. »
1 L'édition Correspondance littéraire est limitée à un bref extrait et sans indication
2 Lettre à d'Alembert du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/02/peut-etre-dans-ce-moment-ci-ou-les-finances-mettent-tous-les-esprits-en-fer.html
3 Voir lettre du 26 décembre 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/12/25/pourquoi-envoyer-15-ou-16-citoyens-depenser-leur-argent-dans-les-pays-etran.html
4 Lettre non connue .
13:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
peut-être dans ce moment-ci où les finances mettent tous les esprits en fermentation, on ne veut pas qu'ils s’échauffent sur d'autres objets
... Reste à savoir qui est ce "on" . Les complotistes patentés savent . Grand bien leur fasse, il y a de grands messieurs en blanc qui viennent les chercher .

Ah Fanfoué ! tu as failli nous faire rire .
«A Jean Le Rond d'Alembert
31è décembre 1763
Mon cher philosophe, vous ne me dîtes point si vous avez reçu la Tolérance . Je ne sais plus où j'en suis . On a arrêté à la poste, consécutivement, deux exemplaires de cet ouvrage, que les Cramer envoyaient à M. de Trudaine, et à M. de Montigny son fils . Comment accorder cette rigueur avec l'approbation que Mme de P*** et plus d'un ministre d’État ont donnée à ce petit livret, qui est si honnête ? Deux paquets adressés à M. Damilaville sont restés entre les griffes des vautours . Il faut que le vôtre n'ait point échappé à leur barbarie , puisque je n'ai aucune nouvelle de vous . Tout cela m'embarrasse . Je vois qu'on ne tolère ni la tolérance, ni les tolérants . On a beau se contraindre dans des matières si délicates, jusqu'au point d'être sage, les fanatiques vous trouvent toujours trop hardi ; et peut-être dans ce moment-ci où les finances mettent tous les esprits en fermentation, on ne veut pas qu'ils s’échauffent sur d'autres objets .
On parlait d'un mandement de votre archevêque que le roi a fait, dit-on, supprimer amicalement . Ce mandement n’était pourtant pas tolérant . De quelque côté que vous vous tourniez à Paris, vous avez de quoi exercer votre philosophie ; vous vous contentez de rire des sottises des hommes , ils ne méritent pas que vous les éclairiez ; cependant il est toujours bon de couper de temps en temps quelques têtes de l'hydre, dussent-elles renaître . Ce monstre, en se souvenant du couteau, en est moins hardi et moins insolent ; il voit que vous tenez la massue prête à l'écraser, et il tremble .
J'ai été si dégoûté depuis peu de ce qu'on appelle les choses sérieuses, que je me suis mis à faire des contes de ma mère l'Oye . J'en suis un peu honteux à mon âge ; mais ce qui convient à tous les âges, c'est de vous aimer et de vous admirer .
V. »
12:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je sais bien qu'il mérite tous les jours les attentions de la justice divine et humaine
... Non, il ne s'agit pas ici de ce menteur de Benalla, mais de Buram Dah Abeid , homme autrement plus estimable , qui vient de retrouver la liberté toute relative , en Mauritanie , où la justice [sic] est encore loin de se préoccuper sérieusement de l'esclavage encore pratiqué sur son territoire et il n'est pas bon de s'y opposer
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/01/01/maurita...
Sommes-nous bien en 2019 alors qu'on vit à côté de pays aux moeurs détestables et impunies ?
https://www.youtube.com/watch?v=yuDbjyEQUv0
« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille
30è décembre 1763 à Ferney
Je vous croyais à Orléans, monsieur ; vous êtes venu apparemment à Paris pour voir comment on débrouillera le chaos des finances . Mais il paraît que vous faites plus de cas d'Apollon que de Plutus . Vous m'envoyez de très jolis vers auxquels un vieux malade de soixante et dix ans , presque aveugle, ne peut répondre qu'en prose .
Je ne sais si l'anecdote du Fort-l'Evêque de cet honnête homme de Fréron 1 n'est pas ancienne . Je sais bien qu'il mérite tous les jours les attentions de la justice divine et humaine, mais je ne savais pas qu’en dernier lieu on lui avait rendu selon ses œuvres . En tout cas, l'épigramme est bonne, et elle servira pour la première occasion .
Je vous prie de faire mes très tendres compliments à M. et Mme de Chennevières ; je ne peux écrire de ma main, mais mon état ne diminue rien des sentiments qui m'attachent à vous .
V. »
1 Voir lettre du 22 décembre 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/22/la-divine-providence-nous-accorde-a-tous-une-partie-egale-d-5737514.html
11:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/01/2019
Personne ne doute de la justice de votre cause
... M. Aboubakar Kamara, insulté racialement cette fin d'année . Ce qui prouve que tous les voeux de paix ont encore bien du mal à être exaucés et que la lâcheté humaine est un boulet qu'on va devoir subir encore
http://www.football365.fr/premier-league-racisme-fulham-p...

Ah oui ! au fait , avant que j'oublie ...
« A Louis-Amable Deprez de Crassier 1
30è décembre 1763 à Ferney
Monsieur,
Personne ne doute de la justice de votre cause . C'est une famille qui veut rentrer dans son bien paternel, je crois même qu'il ne s'agira que d'une simple formalité et ni vous ni messieurs vos frères n'aurez rien à débourser, attendu que la jouissance de ceux qui ont possédé votre bien par antichrèse va bien au-delà des fonds qu'ils avaient reçus, et des arrérages de ces fonds .
Vous n'avez assurément besoin, monsieur, du crédit de personne pour réussir dans une affaire si juste .
J'ai l'honneur d'être avec des sentiments bien respectueux,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
10:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
un beau mandement bien chrétien, bien séditieux, bien intolérant, bien absurde
... A l'exact opposé des voeux présidentiels, on trouve l'oeuvre d'un évêque parisien, bien connu de Voltaire , prédécesseur froqué d'un Laurent Wauquiez , simple cul béni et auteur de prêches intolérants qui donnent envie de le battre comme plâtre si on n'a pas peur de se salir les mains .
Les trois voeux d'Emmanuel Macron vont avoir du mal à se réaliser avec des zozos de cet acabit .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
30è décembre 1763
Je mets sous les quatre ailes de mes anges ma réponse à notre ami Lekain et aux comédiens ordinaires du roi . Je les supplie de donner au féal Lekain ces deux paperasses 1. Si je croyais que mes anges les conjurés eussent le dessein de faire passer Olympie avant les Roués, j’y travaillerais sur-le-champ, quoique je ne sois guère en train . C’est à mes conjurés à me conduire, et à me dire ce qu’il faut faire. Je ne suis que l’instrument de leur conspiration ; c’est à eux de me manier comme ils voudront.
Je fais toujours des contes de ma mère l’Oye, en attendant leurs ordres. Il y a, je crois, une sottise dans le récit en petits vers de Théone la gaillarde :
Les dieux seuls purent comparaître
A cet hymen précipité ;
Il faut
Les dieux seuls daignèrent paraître .
car les dieux ne comparaissent pas. Je vous supplie donc de corriger cette sottise de votre aimable main blanche. Vous m’allez demander pourquoi, étant lynx sur les fautes de mes contes à dormir debout, je suis taupe sur les défauts des tragédies ? Mes anges, c’est qu’une tragédie est plus difficile à rapetasser qu’un conte. Il faut, pour une tragédie, un extrême recueillement ; et j’ai à présent mon curé en tête 2 ; il ne ressemble point du tout à l’hiérophante d’Olympie, qui négligeait le temporel . Mon prêtre me poursuit avec une vivacité tout à fait sacerdotale, et je ne sais trop que répondre au parlement de Dijon. J’ai pris la liberté d’exposer ma doléance en peu de mots à M. le duc de Praslin 3.
La Tolérance me tient aussi un peu en échec. Il y a un homme qui travaille à la cour en faveur des huguenots, et qui probablement ne réussira guère. On me fait craindre que la race des dévots ne se déchaîne contre ma Tolérance . Heureusement mon nom n’y est pas, et vous savez que j’ai toujours trouvé ridicule qu’on mît son nom à la tête d’un ouvrage ; cela n’est bon que pour un mandement d’évêque : par monseigneur, Cortiat , secrétaire 4.
On dit que l’archevêque de Paris avait préparé un beau mandement 5 bien chrétien, bien séditieux, bien intolérant, bien absurde, et que le roi lui a fait supprimer sa petite drôlerie 6. Cela passe pour constant ; mais vous vous gardez bien de m’en dire un mot. Vous oubliez toujours que je suis bon citoyen ; vous croyez que je n’habite que le temple d’Éphèse 7 et la petite île de Reno 8, auprès de Bologne, où mes trois maroufles firent leurs proscriptions.
Comment va la Gazette littéraire ? Il me vient d’Angleterre des paquets énormes ; mais qu’en ferai-je avec mes pauvres yeux ? je ne sais où j’en suis. Dieu vous donne santé et longue vie !
Respect et tendresse.
V. »
1 « paperasses » non perdues comme le disent , étrangement Beuchot et Moland ; ce sont évidemment les lettres : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/12/30/la-retraite-que-mon-etat-me-rend-absolument-necessaire.html
2 Pour l'affaire des dîmes .
3 Cette nouvelle requête à Praslin, si c'est de cela qu'il s'agit, n'est pas connue .
4 Ou Cortial .V* cite également cette formule tirée du mandement de Pompignan, au début de la Lettre d'un quakre, et de nouveau plus tard dans le Supplément du discours aux Welches : https://fr.wikisource.org/wiki/Suppl%C3%A9ment_du_Discours_aux_Welches/%C3%89dition_Garnier
5 De Christophe de Beaumont : Instruction pastorale de Mgr l'évêque de Paris sur les atteintes données à l'autorité de l’Église par les jugements des tribunaux séculiers dans l'affaire des jésuites, 1763 , effectivement publiée mais condamnée au pilori par le parlement de Paris le 21 janvier 1764 . Voir : https://books.google.fr/books?id=0YJbAAAAcAAJ&pg=PT3&lpg=PT3&dq=Instruction+pastorale+de+Mgr+l%27%C3%A9v%C3%AAque+de+Paris+sur+les+atteintes+donn%C3%A9es+%C3%A0+l%27autorit%C3%A9+de+l%E2%80%99%C3%89glise+par+les+jugements+des+tribunaux+s%C3%A9culiers+dans+l%27affaire+des+j%C3%A9suites&source=bl&ots=mV8xMuHjur&sig=aGLyjM1oLPNz7qce79lHH1RcyX8&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj8l6W1sMvfAhWgUBUIHYsOChsQ6AEwAHoECAAQAQ#v=onepage&q=Instruction%20pastorale%20de%20Mgr%20l'%C3%A9v%C3%AAque%20de%20Paris%20sur%20les%20atteintes%20donn%C3%A9es%20%C3%A0%20l'autorit%C3%A9%20de%20l%E2%80%99%C3%89glise%20par%20les%20jugements%20des%20tribunaux%20s%C3%A9culiers%20dans%20l'affaire%20des%20j%C3%A9suites&f=false
6 Formule en rappelant une du Bourgeois gentilhomme , I, 2 : http://www.toutmoliere.net/acte-1,405363.html
7 Lieu où se déroule la scène d'Olympie .
8 Allusion au Triumvirat .
02:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
31/12/2018
je vous réponds de mes efforts mais non pas de mes succès
... Telle pourra être la conclusion du discours de voeux présidentiels ce soir, s'il est réaliste .
A tous ceux qui estiment qu'il est plein de mépris pour eux, Français qui prennent cette excuse pour manifester et détruire, je dis " pensez-vous être respectables quand vous incendiez , menez à la ruine et mettez au chômage des concitoyens ?".
Gilets jaunes de malheur, moutons qui se croient lions, manipulés par les syndicats et les partis d'opposition de tous bords, qui a fait imprimer pour vous tant de banderoles , affiches et tracts qui sont loin d'être gratuits? le père Noël ? Un seul voeu pour vous : rentrez chez vous , vous nous avez assez enfumés !

Ca se tient !
« A Henri-Louis Lekain
A Ferney 30è décembre 1763
Vous verrez mon cher Guariges de France 1, par ma réponse à ces messieurs vos confrères, et à mesdames vos consœurs 2, combien j'ai été touché de l’attention qu'ils ont bien voulu avoir pour moi . Il me faut à présent autant de talent que de zèle, et c'est ce qui est fort difficile . N'allez pas croire, mon cher ami, qu’à soixante et dix ans on soit bien échauffé par les glaces du mont Jura et des Alpes . Un vieillard peut faire des contes de ma mère l'Oye, mais les tragédies en cinq actes et en vers alexandrins, demandent le feu d'un jeune homme ; je n'ai plus malheureusement, que celui de ma cheminée ; peut-être que le souffle de mes anges pourra ranimer en moi encore quelques étincelles ; je vous réponds de mes efforts mais non pas de mes succès ; je vous réponds surtout de la tendre amitié que conservera pour vous toute sa vie le vieux de la montagne
V. »
1 Le « Garrick » français .
2 Voir lettre du même jour aux comédiens français : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/12/30/la-retraite-que-mon-etat-me-rend-absolument-necessaire.html
Noter le mot consœur, dont - on a ici peut-être le premier emploi attesté .
02:29 | Lien permanent | Commentaires (0)

