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03/02/2016

la poste part, j'ai un peu de fièvre

... La poste a la fièvre et je pars .

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

2è février 1761 à Ferney

Je reçois votre lettre, mon cher monsieur et votre group1 ; du moins il est arrivé, et je vais l'envoyer chercher, ainsi il est comme reçu . Je n'ai que le temps de vous écrire ce second billet, la poste part, j'ai un peu de fièvre , Mme Denis ne se porte pas bien, tous mes contemporains meurent . Je vous embrasse . Tourton est un bien mauvais payeur 2.

V. »

 

1 Un sac d'argent scellé et cacheté .

Je ne sais rien, aidez-moi .

...

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« A Jean-Robert Tronchin

Mon cher correspondant avez-vous reçu mes deux lettres de change de Cadix ? Daignez envoyer cette incluse franco . Il fait bien froid . Je suis bien malingre, mais mon cœur est toujours très chaud pour vous . Point de paix, mais quelles nouvelles du maréchal de Belle-Isle 1, de M. de Choiseul, de M. Chauvelin ? Je ne sais rien, aidez-moi .

V.

A Ferney 2 février [1761]2 »

2 Date complétée par Tronchin .

Fais toujours réussir les sages, fais siffler les impertinents

... Amen !

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 Je n'ai pas lu ce livre, mais je suggère que les animaux bipèdes , mammifères à bouche ventrale que nous sommes, soient compris dans ces sages et impertinents , dignes de louanges ou de passer à la casserole, c'est selon .

« A Bernard-Joseph Saurin

Ferney, le 2 février 1761 1

Toutes les fois qu'un des frères gratifie le public de quelque bon ouvrage auquel on applaudit, je me jette à genoux dans mon petit oratoire ; je remercie Dieu, et je m'écrie : ô Dieu des bons esprits, Dieu des esprits justes, Dieu des esprits aimables, répands ta miséricorde sur tous nos frères, continue à confondre les sots, les hypocrites et les fanatiques . Plus nos frères feront de bons ouvrages, en quelque genre que ce puisse être, plus la gloire de ton saint nom sera étendue . Fais toujours réussir les sages, fais siffler les impertinents . Puissè-je voir avant de mourir ton fidèle serviteur Helvétius et ton serviteur fidèle Saurin dans le nombre des quarante !

Ce sont les vœux les plus ardents du moine Voltarius qui, du fond de sa cellule se joint à la communion des frères, les salue et les bénit dans l'esprit de concorde indissoluble . Il se flatte surtout que le vénérable frère Helvétius rassemblera autant qu'il pourra, les fidèles dispersés, les sauvera du venin du basilic et de la morsure du scorpion, et des dents des Fréron et des Palissot . Nous recommandons aussi aux combattants du Seigneur les persécuteurs fanatiques qu'il faut dévouer à l'exécration publique .

Pourquoi l'auteur des Mœurs du temps 2 qui peint si bien son monde ne peindrait-il pas un … 3?

Car est le peintre indigne de louange,

Qui ne sait peindre aussi bien diable qu'ange .4

J'embrasse frère Saurin bien tendrement .

Frère V. »

1 Le manuscrit est passé en vente le 26 janvier 1921 à Philadelphie .

3 Les éditions modernes remplacent les … par Omer (Joly de Fleury).

4 Vers de Marot , Épître à ceux qui après l'épigramme du beau tétin en firent d'autres, 49-50 : épîtres page 91 : https://archive.org/stream/oeuvresdeclment00marogoog/oeuvresdeclment00marogoog_djvu.txt

02/02/2016

Je vous ai rendu, monsieur, toute la justice que je vous dois dans cet avertissement

...

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« A Ponce-Denis Ecouchard Le Brun

2 février [1761]

J'ai l'honneur, monsieur, de vous écrire encore au sujet de Mlle Corneille ; vous ne laisserez point votre bonne œuvre imparfaite, et après l'avoir sauvée de la pauvreté, vous la sauverez du déshonneur ; j'écris à M. Du Molard en conformité 1 .

Vous avez dû recevoir le certificat de Mme Denis, voici celui du résident de France . J'ai eu l'honneur de vous envoyer la procuration du sieur L’Écluse du Tilloy, pour se joindre à la plainte de M. Corneille . Le sieur L’Écluse n'est point celui qui a monté sur le théâtre de la foire , je le crois son cousin ; il est seigneur de la terre du Tilloy en Gâtinais 2.

Je vous réitère, monsieur, qu'il ne s'agit que d'une procuration de M. Corneille ; que l'affaire ne fera nulle difficulté, que Fréron sera condamné à une peine infâmante, et à de gros dédommagements . Je suis bien sûr que vous saisirez une occasion aussi favorable, et que M. d'Argental vous aidera de tout son pouvoir ; ce n'est point au parlement qu'il faut s'adresser, comme je le croyais, mais au lieutenant-criminel, dont le nommé Fréron est naturellement le gibier .

Je vous réitère encore, monsieur, que j'ai été indispensablement obligé d'envoyer un petit avertissement , pour faire savoir que votre libraire a eu tort de mettre l'édition de vos lettres et des miennes sous le nom de Genève . C'est une chose très importante pour moi ; il ne faut pas qu'on croie dans le public que je fasse imprimer à Genève aucune brochure , en effet on n'en imprime aucune dans cette ville dont je suis éloigné de deux lieues, et il est nécessaire qu'on le sache, vous en sentez toutes les conséquences .

Je vous ai rendu, monsieur, toute la justice que je vous dois dans cet avertissement, et je me suis livré à tout ce que mon goût et mon cœur m'ont dicté . Je confie à votre amitié et à votre prudence, la copie de la lettre que j'écris à ce sujet . Soyez persuadé, monsieur, que je vous suis attaché comme le père de Mlle Corneille doit vous l'être .

Je présente mes respects à Mlle Le Brun .

V.

2è février 1761. »

1 Lettre qui ne nous est pas parvenue .

un chef d’œuvre en son genre

... http://www.monsieurdevoltaire.com/

Sans aucun doute !

 

« A Joseph de La Porte

2 février 1761

Je réitère à monsieur l'abbé de La Porte toutes les assurances de mon estime pour lui et de ma reconnaissance . La première feuille de l’année 1761 m'a paru un chef d’œuvre en son genre 1. J'ai toujours sur le cœur que messieurs de la poste n'aient pas daigné lui faire parvenir, il y a trois mois, mon paquet et ma lettre . Je lui fais mes sincères remerciements . »

1 L'abbé de La Porte, ancien collaborateur de Fréron avait trahi celui-ci ; le premier numéro de l'Observateur littéraire de 1761 contient de sévères critiques à l'égard de L'Année littéraire, ouvrage concurrent . Voir : http://dictionnaire-journaux.gazettes18e.fr/journal/1081-lobservateur-litteraire-2

Je demande en grâce qu'on imprime ce que j'ai dit, et non pas ce ce qu'on croit que j'ai dû dire

... On peut repasser l'enregistrement, en cas de doute, non ?

 

« A Etienne-Noël Damilaville

et à

Nicolas-Claude Thieriot

2 février [1761] à Ferney 1

Je réitère à monsieur Damilaville, et à monsieur Thieriot mes sincères remerciements de la bonté qu'ils ont de publier ma déclaration sur mes lettres et sur celles de Mme Denis, imprimées à Paris sous le nom de Genève . Il m'est très important que Genève qui n'est qu’à une lieue de mon séjour ne passe point pour un magasin clandestin d'éditions furtives . Je leur ai très grande obligation de vouloir bien détruire ce soupçon injuste qui n'est déjà que trop répandu .

Je les supplie aussi très instamment de ne rien changer à ma déclaration ; l'article du culte et des devoirs de la religion est essentiel ; je dois parler de ces devoirs, parce que je les remplis , et que surtout, j'en dois l'exemple à Mlle Corneille que j'élève . Il ne faut pas qu'après les calomnies punissables de Fréron, on puisse soupçonner que Mme Denis et moi nous ayons fait venir l'héritière du nom de Corneille aux portes de Genève pour ne pas professer hautement la religion du roi et du royaume . On a substitué à cet article nécessaire, que je m'occupe de ce qui intéresse mes amis . On doit concevoir combien cela est déplacé ; pour ne rien dire de plus . Je ne dois point compte au public de ce qui intéresse mes amis , mais je lui dois compte de la religion de Mlle Corneille .

J'insiste avec la même chaleur sur le changement qu'on veut faire dans ce que je dis de l'ode de M. Le Brun . Je dis, qu'il y a dans son ode des strophes admirables, et cela est vrai . Les trois dernières strophes, surtout, me paraissent aussi sublimes que touchantes ; et j'avoue qu'elles me déterminèrent sur le champ à me charger de Mlle Corneille, et à l'élever comme ma fille . Ces trois dernières strophes me paraissent admirables, je le répète . Vous voulez mettre à la place sentiments admirables, mais un sentiment de compassion n'est point admirable ; ce sont ces strophes qui le sont . Je demande en grâce qu'on imprime ce que j'ai dit, et non pas ce ce qu'on croit que j'ai dû dire . Je sais bien qu'il y a des longueurs dans l'ode, et des expressions hasardées . Le partage de M. Le Brun est de rendre son ode parfaite en la corrigeant ; et le mien de louer ce que j'y trouve de parfait .

Observez, je vous prie, mes chers amis, que M. Le Brun trouverait très mauvais que je me bornasse à faire l'éloge de ses sentiments, quand je lui dois celui des beautés réelles qui sont dans son ode . Observez qu'il doit se donner les plus grands mouvements pour faire attaquer criminellement Fréron par le bonhomme Corneille, et qu'il ne faut pas le refroidir 2.

J'ai envoyé à M. Le Brun le certificat de Mme Denis, et celui du résident de France 3 à Genève . Ces deux pièces démontrent que L’Écluse depuis six mois n'a point mis les pieds chez moi ; que je ne donne point Mlle Corneille à élever à un bateleur de la foire ; et que M. Corneille le père, Mlle Corneille, Mme Denis et le sieur L’Écluse lui même, sont en droit de demander la punition d'un calomniateur, qui sous prétexte de parler des fadaises de la presse, insulte des familles entières et des personnes qui ont l'honneur d'être du corps de la noblesse . Il est très certain que Mlle Corneille ne trouverait pas à se marier si cet outrage restait impuni .

Je renvoie à mes deux amis l'épître d'Abraham Chaumeix à Mlle Clairon telle que je l'ai reçue de Paris . M. Thieriot peut se donner le plaisir de porter ces étrennes à Melpomène . Mon correspondant de Paris a mis l'abbé Guyon en note 4, d'autres prétendent qu'il fallait un autre nom ; que m'importe !

Valete 5.

Monsieur Thieriot ne se dessaisira pas du pantaedai 6. »

1 L'édition de Kehl élague le texte .

2 Cette phrase livre si crûment les mobiles de V* que l'édition de Kehl l'a supprimée . Elle a supprimé également le paragraphe qui suit appelant à la vengeance contre Fréron .

3 Encore Montpéroux .

5 Portez vous bien .

la raison est préférable à l'éloquence

... Ne l'oublions pas quand un marchand de soupe nous fait l'article . Beaux parleurs, nous décortiquerons vos paroles, nos impôts sont trop précieux pour être mis en de mauvaises mains ; les exemples ne manquent pas .

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« A Jean Lévesque de Burigny

Au château de Ferney près de Gex 1

par Genève [janvier-février 1761 ?]2

Tout ce que je puis vous dire, monsieur, c'est que feu M. Secousse m'écrivit 3, il y a quelques années, à Berlin, que son oncle avait réglé les droits et les reprises de Mlle des Vieux, fondés sur son contrat avec M. Bossuet . C'est une chose que je vous assure sur mon honneur . Au reste c'est à vous à voir si vous croyez possible 4 qu'un homme aussi éclairé que lui, ait toujours été de bonne foi, surtout en accusant M. de Fénelon d'une hérésie dangereuse, tandis qu'on ne devrait l'accuser que de trop de délicatesse et de beaucoup 5 de galimatias . Je serais très affligé si le panégyriste de Porphyre 6 et de l'ancienne philosophie, donnait la préférence à certaines opinions sur cette philosophie . M. de Meaux était un homme éloquent, mais la raison est préférable à l'éloquence . Vous me ferez beaucoup d'honneur et de plaisir de m'envoyer votre ouvrage . Mais vous me feriez un très grand tort si vous m'accusiez d'avoir dit que l'éloquent Bossuet ne croyait pas ce qu'il disait . J'ai rapporté seulement qu'on prétendait qu'il avait des sentiments différents de la théologie 7, comme un sage magistrat qui s'élèverait quelquefois au-dessus de la lettre de la loi , par la force de son génie . Il me paraît qu’il est de l'intérêt de tous les gens sensés que Bossuet ait été dans le fond plus indulgent qu'il ne le paraissait .

Je me recommande à vous, monsieur, comme à un homme de lettres et un philosophe pour qui j'ai toujours eu autant d'estime que d'attachement pour votre famille . Si vous voulez bien me faire parvenir votre ouvrage 8 par M. Jannel ou M. Bourret, ce sera la voie la plus prompte, et j'aurai plus tôt le plaisir de m’instruire .

Je vous présente mes remerciements et tous les sentiments respectueux avec lesquels je serai toujours, monsieur, votre etc. »

1 Près de Gex, par Genève , seulement dans l'édition de Kehl .

2 Le manuscrit original qui était entre les mains de la famille Noiron, à Reils, a été acheté par Michelmore à la vente Philips le 24 juin 1919 ; l'édition Jean-Vincent Genet est incomplète mais basée sur l'autographe . Pour la date proposée, le 12 septembre, V* dira au même avoir « reçu fort tard » l’ouvrage sur Bossuet qu'il demande ici, voir lettre du 12 septembre 1761 à Burigny : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-38-122359402.html

3 Pour la correspondance avec Denis-François Secousse, né en 1691 et mort en 1754 à Paris sa ville natale, voir lettre du 5 août 1752 à d'Argental : page 149 : https://books.google.fr/books?id=wkEaAAAAYAAJ&pg=PA14...

lettre du 1er septembre 1752 à d'Argental : page 162 ; lettre du 3 octobre 1752 : page 193 .

4 Possible seulement dans l'édition de Kehl .

5 De beaucoup n'est pas dans l'édition de Kehl .

6 Porphyre, écrivain grec du IIIè siècle avait écrit quinze livres contre le christianisme . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Porphyre_de_Tyr

7 Dans le « Catalogue[...] des écrivains français » du Siècle de Louis XIV, article Bossuet : « […] on a prétendu que ce grand homme avait des sentiments philosophiques différents de sa théologie, à peu près comme un savant magistrat qui, jugeant selon la lettre de la loi, s'élèverait quelquefois en secret au dessus d'elle par la force de son génie. »