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29/09/2015

je lui dirais qu'il ne fallait pas dans un temps de crise faire trembler les financiers, qu'on ne doit intimider qu'en temps de paix

... Mis en ligne le 8/8/2017 pour le 29/9/2015

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

Aux Délices 29 septembre 1760 1

Je suis bien fatigué, ma chère nièce, monsieur le grand écuyer de Cyrus, monsieur le jurisconsulte, vous avez fait une course à Paris qui est d'une belle âme . Venir voir Tancrède, pleurer et repartir c'est un trait que l’enchanteur qui écrira votre histoire et la mienne ne doit pas oublier . Nous venons aussi de jouer Tancrède de notre côté, et nous vous aurions cent fois mieux aimés à Tournay qu'à Paris . Je vous avertis que la pièce vaut mieux sur mon théâtre que sur celui des comédiens . J'y ai mis bien des choses qui rendent l'action beaucoup plus pathétique . Je n'ai pas eu le temps de les envoyer aux comédiens de Paris, et d'ailleurs on ne peut commander son armée à cent lieues de chez moi . Je vous avertis que je la dédie à Mme de Pompadour, non seulement parce qu'elle a beaucoup d’ennemis, et que j'aime passionnément à braver les cabales . Vous avez pu juger par ma lettre au roi de Pologne si je sais dire des vérités utiles . Si je voyais votre ami M. de Silhouette, je lui dirais qu'il ne fallait pas dans un temps de crise faire trembler les financiers, qu'on ne doit intimider qu'en temps de paix ; et j'ajouterais que si jamais il revient en place, il fera du bien à la nation ; mais je doute qu'il rentre dans le ministère .

Je doute aussi que nous ayons la paix qui nous est nécessaire . J'ajoute à tant de doutes que j'ignore si je pourrai aller vous voir à Hornoy . Il faut que je fasse le 2e volume de l'histoire du czar, dont je vous envoie le premier qui ne vous amusera guère . Rien de plus ennuyeux pour une Parisienne que des détails de la Russie . En récompense, je joins à mon paquet deux comédies .

Monsieur le grand écuyer de Cyrus, l'histoire de la princesse de Russie est plus amusante que celle de son beau-père . Je suis au désespoir que ce soit un roman, car je m'intéresse tendrement à Mme d'Aubane 2.

Monsieur le jurisconsulte, pensez-vous que cette princesse morte à Pétersbourg, et vivante à Bruxelles, soit en droit de reprendre son nom ? Je vous avertis que je suis pour l'affirmative attendu que j'ai lu dans un vieux sermon que Lazare étant ressuscité revint à partage avec ses deux sœurs . Voyez ce qu'on en pense dans votre école de droit .

Pardon de ma courte lettre ; il faut répéter Mahomet et L'Orphelin de la Chine . Le duc de Villars qui est un excellent acteur joue avec nous en chambre 3, afin de ne pas compromettre sur le théâtre la dignité de gouverneur de province .

Le théâtre de Tournay sera désormais à Ferney . J'y vais construire une salle de spectacle malgré le malheur des temps . Mais si je me damne en faisant bâtir un théâtre je me sauve en édifiant une église ; il faut que j'y entende la messe avec vous, après quoi nous jouerons des pièces nouvelles . En un mot, il faut que que je vous voie soit à Paris, soit à Hornoy, soit chez moi ; aimez-moi, car je vous aime de tout mon cœur tous tant que vous êtes . »

 

1 Copie ancienne qui omet, de même que les éditions suivant Pièces inédites, la fin à partir de En un mot ...

2 Voir lettre du 27 septembre 1760 à Schouvalov :

3 C'est-à-dire en privé .

Je crois que le démon de Socrate était un ami

... Mis en ligne le 8/8/2017 pour le 29/9/2015

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

29 septembre [1760] 1

Voici je crois mes dernières volontés, mon adorable ange, car je n'en peux plus . N'allez pas je vous en conjure casser mon testament . Faites essayer ce qui a si bien réussi chez moi . Voilà les cabales un peu dissipées, voilà le temps de jouer à son aise . Les comédiens ne doivent pas rejeter mes demandes . Cela serait bien injuste et me ferait une vraie peine . Aménaïde Denis vous embrasse . Je me jette aux pieds de Mme Scaliger . Je crois avoir profité de son excellent mémoire . Qu'il est doux d'avoir de tels anges !

Je crois que le démon de Socrate était un ami . »

1 Sur le manuscrit, communiqué sans doute aux éditeurs de Kehl, d'Argental avait porté ces mots : «  Voici un petit mot que je n'avais pas vu d'abord et que je retrouve. » On a là un témoignage de la constante amitié du comte qui conserva pieusement tout ce qui venait de Voltaire .

28/09/2015

Si nous n'avions pas quelque ressource dans l'envie de plaire, nous paraitrions anéantis . Le plaisir me soutient

... J'ai de l'eau jusque là ... mais ça va, elle est bonne !

J'ai un gros nez rouge - Comptine avec gestes pour enfants et bébés (avec  les paroles) - YouTube

Beaujolais nouveau oblige !

 

Mis en ligne le 19/11/2020 pour le 28/9/2015

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Au château de Ferney par Genève

27 septembre 1760

Madame , je devrai donc à vos bontés les lumières dont j'ai besoin pour achever l'Histoire de Pierre Ier . J'ai eu l'honneur d'envoyer à Votre Altesse Sérénissime trois exemplaires du premier volume . Ils sont en chemin . J'ose supplier Votre Altesse Sérénissime de daigner ordonner qu'un de ces trois exemplaires parvienne à Mme la comtesse de Bassevits . Elle accompagne les manuscrits dont elle me favorise, d'une lettre qui vaut infiniment mieux que toutes les négociations de M. de Bassevits . Je me vois souvent humilié par des Allemands qui parlent notre langue, à commence par vous madame et par le roi de Prusse . Mme de Bassevits est du nombre des personnes qui écrivent purement avec esprit mais je suis enchanté d'être ainsi humilié . Hélas que reste-t-il à présent à nous autres Français ? le plaisir madame de voir des personnes comme vous parler leur langue mieux qu'eux . Nous avons fait la guerre aux Anglais sans avoir de vaisseaux, nous l'avons longtemps faite en Allemagne sans avoir de généraux . Nous nous sommes ruinés tantôt à vouloir ôter la Silésie à la reine de Hongrie tantôt à vouloir la lui rendre . Si nous n'avions pas quelque ressource dans l'envie de plaire, nous paraitrions anéantis . Le plaisir me soutient . Je compte mettre incessamment à vos pieds une tragédie nouvelle, tragédie de chevalerie, où l'on voit sur le théâtre des armes, des devises, une barrière, des chevaliers qui jettent le gage de bataille, une femme accusée défendue par un brave qui est son amant . On joue cette pièce à Paris, et moi je la joue sur mon petit théâtre de Tournay à une demi- lieue des Délices . Les chevaliers modernes sont un peu plus sérieux en Silésie . Je ne crois pas qu'il y ait d'exemple dans l'histoire d’un roi qui ait su en huit jours atteindre de soixante lieues un ennemi vainqueur, le battre, arrêter les progrès de trois armées confédérées et faire trembler ceux qui croyaient l'avoir abattu 1. Cela est bien beau, mais celui qui a fait ces grandes choses ne sera jamais heureux et j'en suis fâché . Agréez madame le profond respect et l'attachement inviolable du Suisse V. »

 

1 V* donne ici une version de la bataille de Liegnitz teintée d'un peu de ton épique .

La guerre est bien affreuse . Mais la crainte pour un fils l'est mille fois davantage

... Mis en ligne le 8/8/2017 pour le 28/9/2015

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

[28 septembre 1760 ?] 1

Madame, immédiatement après avoir ouvert le paquet de Mme de Bassevits, je vois que Votre Altesse Sérénissime m’honore d'une lettre qui me remplit d'inquiétude . Elle me fait trembler pour le prince Ernest 2, ah qu'il vive madame , et que le duc de Virtemberg mange tout . La guerre est bien affreuse . Mais la crainte pour un fils l'est mille fois davantage, permettez-moi d'oser madame partager tous vos sentiments . Je me jette à vos pieds et à ceux de votre auguste famille avec tout l'attendrissement et le respect que vous m'inspirez . La grande maîtresse des cœurs est bien alarmée . »

1 On ne connait pas la lettre à laquelle réponds ici V*.

2 Le futur Ernest II, qui règna de 1772 à 1804 .

27/09/2015

Je corromps toute la jeunesse de la pédante ville de Genève . Je créée les plaisirs . Les prédicants enragent . Je les écrase – ainsi soit de tous les prêtres insolents . Et de tous cagots

... De nos jours les moyens de corruption voltairiens seraient bien innocents .

Genève est toujours pédante, sa jeunesse suffisamment dissolue, et ses prêtres et pasteurs et popes et imams et gourous de tout poil aussi superflus  que possible à l'image de leurs ouailles moutonnières .

Ecr l'inf .

 

Mis en ligne le 19/11/2020 pour le 27/9/2015

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental Envoyé de

Parme, rue de la Sourdière

à Paris

et

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental 1

Je vous ai écrit des volumes ô mes anges, tout en jouant Alzire, Mahomet et L'Orphelin . Ah l'étonnante actrice 2 que nous avons trouvée ! Quelle Palmire ! Vingt ans ! Beauté, grâce , ingénuité et des larmes véritables , et des sanglots qui partent du cœur ! Pauvres Parisiens je vous plains ! Vous n'avez que des Hus .

Mme de Pompadour n'est point poule mouillée ni moi non plus . Avez-vous reçu Pierre le Grand, ô anges? Cramer s'en est chargé . Venons à l'essentiel .

Acte second

Aménaïde

Où portais-je mes pas , d'où vient que je frissonne ?

Moi des remords ! Qui ! Moi !.. Le crime seul les donne .

Ma cause est juste … ô cieux 3 protégez mes desseins.

Allons – rassurons-nous –

à Fanie qui avance

Suis-je en tout obéie ?

Aux soldats

Qu'on me rende 4 à la mort où vous m'alliez conduire 5.

Et puis le monologue :

J'ai dicté mon arrêt, je me suis condamnée 6.

etc .

Ce monologue a fait pleurer, mais moi j'ai fait pleurer aussi en disant :

Mais elle était ma fille – et voilà son époux 7.

Il faut que Brizard ait un glaçon dans l'âme . Encore une fois mes divins anges, ôtez-moi cet abominable car tu m'as déjà dit 8. Ôtez-moi ce séjour adoré où habite Aménaïde 9, propos de ruelle sur lequel Aldamon prend son texte pour faire conversation . Cela est intolérable . Vous me tuez quand j'y pense . Laissez ce troisième comme il était … et ce vers qui fait frémir :

Rien n'est changé – je suis encore sous le couteau.

Tremblez moins pour ma gloire 10.

Je vous conjure mes anges protecteurs, de faire apprendre à Catane son récit . Je vous demande – Arrêtez : vous n'êtes point mon père .

Prenez à cœur le long mémoire, les changements que je vous ai envoyés par M. de Courteilles, que je jouisse au moins en idée de deux représentations qui me satisfassent . Les cœurs sont-ils donc faits autrement à Paris que chez moi ? M. le duc de Villars ne s'y connait-il point ? ma nièce est-elle sans goût ? suis-je un chien? que coûte-t-il d'essayer ce qui fait chez nous le plus grand effet ?

Est-il vrai que les décorations ne sont pas belles ? qu'il n'y a pas assez d'assistants au 3 et au 5 ? que Granval néglige trop son rôle parce qu'il n'est pas le premier, que Lekain ne prononce pas, que Mlle Clairon a joué faux quelques endroits ? À qui croire ? La calomnie y règne 11.

Mme de Fontaine a fait une belle action 12. J'aurai bientôt un grand secret à vous confier 13 – nous venons de répéter Fanime – plus de larmes qu'à Tancrède – un Tamire admirable … Je corromps toute la jeunesse de la pédante ville de Genève 14. Je créée les plaisirs . Les prédicants enragent . Je les écrase – ainsi soit de tous les prêtres insolents .

Et de tous cagots .

Ô anges, à l'ombre de vos ailes

V.

27 septembre [1760]

J'apprends qu'on a imprimé la lettre au roi Stanislas – bon . Tant mieux . »

 

1 L'édition de Kehl omet le passage concernant les corrections depuis Avez-vous reçu Pierre le grand jusqu'à – Arrêtez : vous n'êtes point mon père .

2 Lucrèce Angélique (de Normandie) Rilliet ; elle épousa le marquis de Florian après la mort de sa femme, Ex Mme de Fontaine, nièce de V*.

3 V* a d'abord écrit puis rayé ciel approuve .

4 V* a d'abord écrit puis rayé même .

5 Tancrède, II, 1, premiers vers .

6 Ibid sc 7 .

7 Ibid sc 3.

9 Ibid sc 7

11Tancrède, III, 3 .

13 Clogenson suggère que ce « grand secret » serait une révision d'Oreste . Ce serait un grand mot pour une petite chose, car rien n'était plus commun de la part de V* que de remanier ses pièces .

14 Voir la fin de la lettre de J.-J. Rousseau du 17 juin 1760 citée dans la lettre du 23 juin 1760 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/28/je-voudrais-que-vous-ecrasassiez-l-infame-c-est-la-le-grand-5647116.html

 

Adieu, monsieur, daignez, dans le chaos, dans la décadence, dans le temps ridicule où nous sommes, me fortifier contre ce pauvre siècle

...

 

 

« A Louis-Elisabeth de La Vergne, comte de Tressan

Au château de Ferney 27 septembre [1760] 1

Je vous fais mon compliment comme mille autres, mon très aimable gouverneur, et, je crois, plus sincèrement et plus tendrement que les mille autres . Je défie les Menoux même de s'intéresser plus à vous que moi . Vous voilà gouverneur de la Lorraine allemande, vous avez beau faire, vous ne serez jamais allemand . Mais pourquoi n'êtes-vous pas gouverneur de mon petit pays de Gex ? pourquoi Tityre ne fait-il pas paître ses moutons sous un Pollion tel que vous ? J'ai l'honneur de vous envoyer les deux premiers exemplaires d'une partie de l'Histoire de Pierre le Grand ; il y a un an qu’ils sont imprimés, mais je n'ai pu les faire paraître plus tôt parce qu'il a fallu avoir auparavant le consentement de la cour de Pétersbourg . Vous êtes, comme de raison, le premier à qui je présente cet hommage . Vous verrez que j'ai fait usage du témoignage honorable que je vous dois . De ces deux exemplaires, que je fais partir par la messagerie de Genève, il y en a un pour le roi de Pologne . Je manquerais à mon devoir si je priais un autre que vous de mettre à ses pieds cette faible marque de mon respects et de ma reconnaissance . Il est vrai que je lui présente l'histoire de son ennemi ; mais celui qui embellit Nancy rend justice à celui qui a bâti Pétersbourg ; et le cœur de Stanislas n'a point d'ennemis . Permettez donc, mon adorable gouverneur, que je m'adresse à vous pour faire parvenir Pierre le Grand à Stanislas le bienfaisant . Ce dernier titre est le plus beau .

La Lorraine allemande vous fait-elle oublier l'Académie française dont vous seriez l'ornement ? Certainement vous ne feriez pas une harangue dans le goût de notre ami Lefranc de Pompignan . Vous n'auriez pas protégé la pièce des Philosophes, et sans déplaire à l'auguste fille du roi de Pologne, auprès de qui vous êtes, vous auriez concilié tous les esprits . Quoique je n'aime guère la ville de Paris, il me semble que je ferais le voyage pour vous donner ma voix . Je ne sais si deux Genevois ont eu le bonheur après lequel je soupire , celui de vous voir ? Je les avais chargés d'une lettre pour vous 2 : j'avais pris même, la liberté de vous communiquer mon petit remerciement au roi de Pologne, de son livre intitulé : L'Incrédulité combattue par le simple bon sens 3. Il a daigné me remercier de ma lettre par un billet de sa main 4 qui n'a pas été contresigné Menoux .

Adieu, monsieur, daignez, dans le chaos, dans la décadence, dans le temps ridicule où nous sommes, me fortifier contre ce pauvre siècle, par votre souvenir, par vos bontés, par les charmes de votre esprit qui est du bon temps . Mille tendres respects .

V. »

 

1 Une copie contemporaine est datée par erreur 1761 ; une copie ancienne donne 23 pour le quantième, suivie de toutes les autres éditions .

 

 

Comment a-t-on le front d'inventer tant de circonstances et de détails !

... Tout bonnement pour mieux se vendre ou vendre du papier people !

 

« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

Au château de Ferney par Genève

27 septembre 1760 1

Monsieur, Votre Excellence a reçu sans doute la lettre de M. de comte de Golofkin 2. J'ai pris la liberté de lui adresser pour vous un petit ballot contenant quelques exemplaires du premier volume de l'Histoire de Pierre le Grand . Votre Excellence en présentera un à sa Majesté Impériale si elle le juge à propos . Je m'en remets en tout à vos bontés . J'ai amassé de mon côté des matériaux pour le second volume . Ils viennent de M. le comte de Basssevits qui fut longtemps employé à Petersbourg . Le gentilhomme 3 que vous m'aviez annoncé et qui devait me rendre de votre part de nouveaux mémoires n'est point venu . Je l'attends depuis près de deux mois .

Je ne peux m'empêcher de vous conter qu'on m'a remis des anecdotes bien étranges, et qui sont singulièrement romanesques . On prétend que la princesse épouse du csarovits ne mourut point en Russie, qu'elle se fit passer pour morte, qu'on enterra une bûche qu'on mit dans la bière, que la comtesse de Konismark conduisit cette aventure incroyable, qu’elle se sauva avec un domestique de cette comtesse, que ce domestique passa pour son père, qu'elle vint à Paris, qu'elle s'embarqua pour l'Amérique, qu'un officier français qui avait été à Pétersbourg la reconnut en Amérique et l'épousa, que cet officier se nommait d'Aubane, qu'étant revenu d'Amérique, elle fut reconnue par le maréchal de Saxe, que le maréchal se crut obligé de découvrir cet étrange secret au roi de France, que le roi quoique alors en guerre avec la reine de Hongrie lui écrivit de sa main pour l'instruire de la bizarre destinée de sa tante ,

que la reine de Hongrie écrivit à la princesse en la priant de se séparer d'un mari trop en dessous d'elle et de venir à Vienne,

mais que la princesse était déjà retournée en Amérique, qu'elle y resta jusqu'en 1757 temps auquel son mari mourut, et qu'enfin elle est actuellement à Bruxelles où elle vit retirée et subsiste d'une pension de 20 mille florins d'Allemagne que lui fait la reine de Hongrie.

Comment a-t-on le front d'inventer tant de circonstances et de détails ! ne se pourrait-il pas qu'une aventurière ait pris le nom de la princesse épouse du csarovits ?

Je vais écrire à Versailles pour savoir quel peut être le fondement d'une telle histoire, incroyable dans tous les points 4.

Je me flatte que notre histoire de votre grand empereur sera plus vraie . Songez monsieur que je me suis établi votre secrétaire, dictez-moi du palais de l'impératrice, et j'écrirai .

M. de Soltikof passe sa vie à étudier, il se dérobe quelquefois à son travail pour assister à nos petits jeux olympiques . Nous jouons des tragédies nouvelles sur mon petit théâtre de Tournay, nous avons des acteurs et des actrices qui valent mieux que des comédiens de profession . Notre vie est plus agréable que celle qu’on mène actuellement en Silésie . On s'y égorge, et nous nous réjouissons .

J'ignore toujours si vous avez reçu le gros ballot que j'adressai à M. de Keizerling, et la caisse de Coladon . Il y a malheureusement bien loin d'ici à Pétersbourg . Je serai toute ma vie avec le plus sincère et le plus inviolable dévouement de Votre Excellence le très humble obéissant serviteur .

Voltaire. »

 

1 Manuscrit olographe . L'édition de Kehl suivie des autres éditions donne 21 pour quantième .

2 Il s'agit de la lettre du 26 août, de La Haye, par laquelle Golovkin rendait compte de ses démarches pour éviter que le libraire de Hondt n'imprimât l'Histoire de Pierre le Grand ; voir un extrait de cette lettre en note de la lettre du 2 août 1760 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/22/mon-zele-ne-se-ralentira-point-vous-m-avez-fait-russe-5748380.html

3 Pouchkine .

4 Voir sur toute cette histoire la lettre à la comtesse Bassewitz du 22 janvier 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/22/d-aubant-fut-amoureux-d-elle-et-de-sa-principaute-ils-se-mar-5748378.html