02/02/2016
je mourrai au lit d'honneur
... Le lit, ce lieu de tous les dangers ....
« A Gabriel Cramer
[janvier-février 1761]
Je ne demande que huit jours pour commencer l'Histoire générale, je suis bien malade, mais je mourrai au lit d'honneur ; la tête me tourne actuellement, j'ai une humeur de goutte qui me tue, et une humeur de prêtres qui m'achève, mais je suis un peu soutenu par l’amitié de Messieurs Cramer, et par l'espérance qu'il y aura plus d'une voix pour les galères en faveur du curé .
Il faudrait que je visse ces jours-ci un Cramer quelconque, sans quoi, point d'Histoire, point de Pucelle ; il y a pourtant un chant qui fait pleurer . »
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01/02/2016
demandée en mariage, puis refusée
... L'Amour est dans le pré ? Bachelor ?
That's life folks !
« [Destinataire inconnu] 1
[janvier-février 1761]
[La jeune fille dont il a la garde, Mlle Corneille, a été demandée en mariage, puis refusée à cause d'un libelle publié contre son père, et parce qu'elle vit chez V* et reçoit son éducation d'un contempteur de la foi .]
1 Ce pourrait être une des lettres mentionnées par V* à la fin de sa lettre du 31 janvier 1761 à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/31/j-ai-une-pension-du-roi-je-rougirais-de-la-recevoir-tant-qu-5753138.html
09:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
Tous les curés sont en campagne pour justifier leur confrère
... Le contraire est plus que rare, beaucoup plus rare encore que l'excommunication qui menacerait à juste titre le prêtre fautif . Esprit de corps pour un corps sans esprit (surtout pas sain, ni Saint ! ) .
« A Jean Vasserot de Châteauvieux
à Genève
[janvier-février 1761] 1
Mon cher Cicéron plus j'y réfléchis, plus j'admire l'insolence du petit scribe de la petite juridiction . Je vois la profondeur de toutes ces iniquités . Vous avez dû recevoir la lettre de Croze . Voilà le sacrilège joint à l'assassinat . On a de plus séduit une sœur grise pour lui faire déposer sur le danger réel où le fils de Croze a été pendant quinze jours, et pour lui faire en quelque sorte rétracter sa première déclaration . Tous les curés sont en campagne pour justifier leur confrère 2 . Il a des appuis, mais nous avons pour nous Dieu et le parlement . Aidez-moi de vos conseils . Cette affaire est [ho]rrible, et digne de l'attenti[on] d'un […] co[mm]e vous . »
1 Le bas du feuillet étant manquant, environ une ligne de texte n'est pas restituée .
2 Peut-être pour parer l'effet de cette campagne, V* engagea Mme Denis à écrire à l'évêque d’Annecy, Deschamps de Chaumont ; la première lettre est du début de février, puis la correspondance se poursuivit pendant un mois à peu près . L'évêque résume l'affaire dans une lettre à un inconnu qui serait du début mars 1761 .
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faire venir cinq jésuites de plus à Ornex . C'est au conseil à voir s'il lui convient d'avoir un tel voisinage
... Voltaire s'est fait fort d'aider ses voisins spoliés, dont voici l'un d'eux
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_%C3%89tienne_Philibert...
« A François-Jean Turrettini
[janvier-février 1761] 1
Monsieur, je vous supplie de lire au conseil la lettre du sieur Croze touchant la subornation sacrilège du frère Fessy jésuite, dont il demande justice à Gex . Il est important pour la république de connaître les jésuites vos voisins .
Le conseil est intéressé à savoir que leur supérieur Fabré nous dit à ma nièce et à moi il y a plusieurs mois qu'il comptait faire venir cinq jésuites de plus à Ornex . C'est au conseil à voir s'il lui convient d'avoir un tel voisinage .
J'ai l'honneur de certifier au conseil magnifique, que les jésuites ayant obtenu du roi subrepticement permission d'acquérir le domaine des Mlles Balthazar, qu'ils ne peuvent avoir, puisque c'est un bien de mineurs, ils ont fait insérer dans cette permission illégale et surprise, que c'est une récompense des services secrets qu'ils ont rendus dans Genève .
Je suis persuadé que M. de Chapeaurouge en qualité de conseiller et secrétaire d’État se portera de lui-même avec le plus grand zèle à rompre le funeste marché qu'il a fait avec les jésuites en leur vendant ce domaine aux portes de Genève, et à celles de Ferney et de Tournay ; et que le magnifique conseil entrera dans les vues si utiles à tout le pays, de ne pas permettre que les jésuites s'agrandissent ici aux dépens des vrais propriétaires . Je me flatte qu'il exhortera M. de Chapeaurouge à suivre ses inclinations nobles et patriotiques , et à rendre aux propriétaires naturels le bien Balthazar, soit celui qui était engagé par antichrèse, soit celui qui était libre ; le tout au même prix qu'il l'avait vendu aux jésuites . Rien n'est plus juste ni plus convenable , et cela seul peut prévenir un procès ruineux pour lui dans lequel on verrait avec douleur le secrétaire d’État de Genève réuni avec les jésuites contre des pupilles qui redemandent le bien de leurs pères . J'attends tout de la sagesse et du zèle du magnifique conseil . J'ai l'honneur d'être avec respect
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire . »
1 La date est fixée par référence à Fessy et aux jésuites d'Ornex . De la même époque date un Mémoire endossé par V* « ferme du Jonc » ; cette ferme n'appartenant pas au père Fesse [Fessy ?] , était demandée à la fois par la ville de Gex pour son collège et par le curé de Ferney pour « être en état d'avoir un vicaire »
07:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
Point de nouvelles d'Afrique . On me traite fort mal à Alger
... Enfin je le suppose, à tort peut-être, car l'esprit de Voltaire ne connait pas d'autre frontière hostile que celle dressée par les sots et les fanatiques . En est-il plus là-bas qu'ici ? c'est à craindre mais pas sûr .
L'histoire et la géographie réservent parfois de curieuses surprises : Voltaire s'est trouvé en Algérie , la preuve : https://fr.wikipedia.org/wiki/A%C3%AFn_Lechiekh
« A Gabriel Cramer
[janvier-février 1761] 1
J'envoie à M. Cramer le C corrigé, et copié .
Point de nouvelles d'Afrique . On me traite fort mal à Alger .
1 Cette date est proposée par l'édition Crowley selon son hypothèse que « l' Afrique » représente Tancrède et « Alger » Genève , ce qui reste douteux quand même .
06:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Quomodo valent os et culum ?
... A ceux qui dénient toute valeur au latin, et au grec ancien, j'affirme que souvent leur "os" ne parle pas mieux que leur "culum" , ad eundem gradum, ad nauseum . Pour autant, je ne demande pas spécialement de réponse à la question-titre , vous pouvez en être sûrs, ni stomatologue ni proctologue ne suis .
Voir : http://www.johndesq.com/lq/
« A Gabriel Cramer
Arrêtez, arrêtez, ne faites pas tirer la seconde feuille de Tancrède, il me vient des idées . Si elles éclosent la pièce sera plus digne de vos soins . Quomodo valent os et culum 1?
Samedi [31 janvier 1761 ?] »
1 Comment se portent ta bouche et ton cul ?
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31/01/2016
J'ai une pension du roi, je rougirais de la recevoir tant qu'il y aura des officiers qui souffriront .
... Le jour où j'entendrai un quelconque ancien président de la république dire cela, les arbres à billets de banque pousseront partout et les poules auront des dents . Point de roi chez nous, mais une foule de contribuables qui nourrissent au delà du raisonnable des profiteurs comme il en est peu .
« A Etienne-Noël Damilaville
et à
Nicols-Claude Thieriot
Au château de Ferney par Genève
31è janvier 1761
Je reçois des lettres bien aimables de monsieur Damilaville et de monsieur Thieriot ; j'en avais grand besoin, car mes contemporains meurent de tous côtés, et je me porte assez mal . Cependant l’Épître à Mlle Clairon sera envoyée à mes amis probablement par la poste prochaine, après quoi j'aurai grand soin de tout ce qu'ils me recommandent; il faut mourir au lit d'honneur . Je suis très fâché que les impies aient rayé de ma pancarte 1, le culte et les exercices de religion, parce que je remplis tous ces devoirs avec la lus grande exactitude ; on ne devait pas non plus mettre dans les terres, au lieu de mes terres, parce que je ne suis pas obligé d'aller à la messe dans les terres d'autrui, mais je suis obligé d'y aller dans les miennes . Mes amis verront la preuve de ce que je prends la liberté de leur représenter, dans ma lettre à M. le marquis Albergati .2
La nécessité de remplir tous les devoirs de la religion chez moi, m'est d'autant plus sévèrement imposée, que je suis comptable de l'éducation que je donne à Mlle Corneille ; j'ai lu malheureusement la page 164 de Fréron dans laquelle il dit que je fais élever Mlle Corneille , au sortir du couvent, par un bateleur de foire, que je traite en frère depuis un an, et que Mlle Corneille aura une plaisante éducation 3. Ces lignes diffamatoires sont d'autant plus punissables, qu'elles outragent personnellement Mlle Corneille, et surtout Mme Denis ma nièce, qui l'élève comme sa fille . Mes amis, et le public, sentiront aisément que Mlle Corneille étant chez moi, ne peut jamais trouver un mari que par la conduite la plus irréprochable . Fréron la perd sans ressource en avançant faussement que je la fais élever par L’Écluse . Il est très faux que L’Écluse soit chez moi ; il y a environ six mois qu'il exerce sa profession de chirurgien-dentiste à Genève , et qu'il n'est sorti de cette ville . Mme Denis qui l'avait mandé il y a environ huit mois, pour lui accommoder les dents, ne l'a pas revu deux fois depuis ce temps-là ; il travaille sans relâche à Genève, et y rend de très grands services .
Il est très permis au nommé Fréron de critiquer tant qu'il voudra des vers et de la prose ; mais il ne lui est permis, ni d'attaquer une dame veuve d’un gentilhomme mort au service du roi ni une demoiselle , alliée aux plus grands maisons du royaume et qui porte un nom plus grand que ses alliances ; ni même le sieur L’Écluse, qui peut avoir joué autrefois la comédie, mais qui est chirurgien du roi de Pologne et auquel le reproche d'avoir été acteur, peut faire un très grand tort dans sa profession . Ces trois diffamations réunies forment un corps de délit, dont il est nécessaire de demander justice au lieutenant-criminel . Le père de Mlle Corneille outragée, doit agir en son nom, sans aucun délai . Si on m'avait envoyé plus tôt cette feuille infâme, le procès serait déjà commencé .
J'écris en conformité à M. d'Argental, à M. Titon du Tillet, et à M. Le Brun . Je supplie instamment monsieur Damilaville, monsieur Thieriot, et tous les honnêtes gens d'encourager le bonhomme Corneille à poursuivre sans délai cette affaire ; je me charge de tous les frais . J'ai d'ailleurs écrit à monsieur le chancelier, à Mme de Pompadour, à M. le duc de Choiseul, et au roi de Pologne 4. La poste va partir . Je n'ai que le temps d'ajouter à ma lettre que je persiste toujours dans mon opinion sur les finances . Il y a eu beaucoup de dissipation et de brigandage, je l'avoue, mais quand on a contre les Anglais une guerre si funeste, il faut, ou que toute la nation combatte, ou que la moitié de la nation s'épuise à payer la moitié qui verse son sang pour elle . J'ai une pension du roi, je rougirais de la recevoir tant qu'il y aura des officiers qui souffriront .
Je suis pénétré de la plus tendre reconnaissance pour toutes les bontés assidues de monsieur Damilaville et de monsieur Thieriot .
Plura alias 5.
V. »
1 C'est l'Avis vu précédemment .
2 Voir lettre du 23 décembre 1760 à Albergati Capacelli : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/23/je-pardonne-de-tout-mon-coeur-a-tous-ceux-dont-je-me-suis-mo-5737506.html
3 Cette citation n'est pas textuelle et fausse même gravement le ton du passage incriminé . V* est plus qu'agacé par Fréron et se permet de substituer dans l’esprit du public sa version des faits, art dans lequel il est parfois malheureusement versé .
4 Parmi ces lettres, seule a première signée de Mme Denis (voir lettre du 30 janvier 1761 à Le Brun : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/31/m... ) nous est parvenue . Depuis Si on m'avait envoyé... un passage de neuf lignes supprimé sur l’édition de Kehl manque aussi sur toutes les édition suivantes .
5Le reste une autre fois .
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