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05/01/2016

Il recommande quatre arbitres

... Qui donc ? Sarko ?

 

« A [destinataire inconnu]

Ferney , 5 janvier 17611

[A prêté 15 000 livres à MM. de Crassy, sans intérêt, afin de leur permettre de rentrer en possession de leur maison de famille , mais il ne désire pas acheter la propriété . Il n'estime pas juste que Chapeaurouge la vende aux propriétaires pour un prix plus élevé qu’aux jésuites . Il recommande quatre arbitres .] »

1 Le manuscrit fut acheté par Pearlman le 29 juillet 1930 chez Sotheby .

 

04/01/2016

Unissez-vous à moi contre les crimes des prêtres

... Oseraient peut-être dire un jour tous les grands prêtres, muphtis, popes, khans, papes et tutti quanti s'ils avaient encore un peu d'amour de la vérité, eux qui vivent de la crédulité populaire . 

 

« A Gabriel Cramer

[4 janvier 1761] 1

Nos prêtres sont fort au-dessus des vôtres, mon cher Gabriel, ils assassinent . La cause du pauvre de Croze qui est mourant l'a emporté sur Tancrède et sur Jeanne . Imprimez je vous prie sans délai la requête du père de ce jeune homme assassiné par son curé . Elle servira du moins à confondre la justice de Gex, si elle ne venge pas ce meurtre . Je vous demande en grâce de ne pas perdre un moment . Le saint jour du dimanche doit être employé à dresser une requête contre ceux qui ont commis un assassinat le dimanche . Unissez-vous à moi contre les crimes des prêtres .

V. »

1 La lettre a été écrite apparemment un dimanche vers cette époque, et en outre le mémorandum est daté du 3 janvier .

 

Soyez gai vous dis-je ; et vous vous porterez à merveilles

...

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, ancien

conseiller au parlement de Rouen

rue Saint-Pierre

près du rempart

à Paris

Au château de Ferney, pays de Gex

4 janvier 1761 1

Vous vous êtes blessé avec vos armes, mon cher et ancien ami . Il n'y a qu'à ne vous plus battre ; et vous serez guéri . Dissipation, régime, et sagesse, voilà vos remèdes . Je vous proposerais Tronchin, si je me flattais que vous daignassiez venir dans nos petits royaumes . Mais vous préfèrerez les bords de la Seine au beau bassin de nos Alpes . Je m'intéresse beaucoup teretibus suris 2 de notre grand abbé . Vous êtes de jeunes gens en comparaison du vieillard des Alpes . Il ne tient qu'à vous de vous porter mieux que moi : je suis né faible, j'ai vécu languissant ; j'acquiers dans mes retraites de la force et même un peu d'imagination . On ne meurt point ici . Nous avons une femme d'esprit de cent trois ans 3 que j'aurais mariée à Fontenelle s'il n’était pas mort jeune . Nous avons aussi l'héritière du nom de Corneille, et ses 17 ans . Vous savez qu'elle a l'esprit très naturel, et que c'est pour cela que Fontenelle l’avait déshéritée . Vous savez toutes mes marches . Il est vrai que j'ai fait rendre le bien que les jésuites avaient usurpé sur six frères tous au service du roi . Mais apprenez que je ne m'en tiens pas là . Je suis occupé à présent à procurer à un prêtre un emploi dans les galères . Si je peux faire pendre un prédicant huguenot, sublimi feriam sidera vertice 4. Je suis comme le musicien de Dufresnay, en chantant son opéra 5, il fait le tout en badinant . Mais je vous aime sérieusement . Autant en fait Mme Denis . Soyez gai vous dis-je ; et vous vous porterez à merveilles .

Je vous embrasse ex toto corde .

V. »

1 Cette lettre répond à une lettre du 27 décembre 1761 .

2 Aux jambes faites au tour ; d'après Horace, Odes, II, 4, 21 . Cideville écrivait : « […] je me plains [de ma santé] , et l'abbé du Resnel n'est pas encore si bien traité, il végète, il ne se soutient plus sur ses jambes […]. »

3 Mme Lullin ; voir lettre du 9 février 1759 à Louise-Suzanne Gallatin : déjà mise en ligne

4 Je frapperai les astres du sommet de ma tête ; Horace, Odes, I, 1, 36 .

5 On disait que Charles de La Rivière Dufresnay composait ses opéras en les chantant à un ami musicien .

 

je souffre très patiemment qu'on me persécute, mais je ne souffre pas qu'on me rende ridicule

... Ecce homo !

 

 

« A François de Chennevières

De Ferney 4 janvier [1761] 1

Je suis honteux, je me mettrais dans un trou de souris, mon cher correspondant . Je ne réponds qu'en vile prose et qu'en courant à vos aimables vers . Voilà comme sont faits les maçons et les laboureurs , et j'ai l'honneur de l'être . Voulez-vous bien pourtant me mander s'il est vrai qu'on ait joué à Versailles cette Femme qui a raison et qu'on m'impute, et qui est détestablement imprimée ? Le tiers de cet ouvrage est à peine de ma façon : je souffre très patiemment qu'on me persécute, mais je ne souffre pas qu'on me rende ridicule .

J'ai envoyé à M. Sénac un mémoire qui semble concerner son ministère , il s’agit d'un marais qui mît la peste dans mon petit pays . M. Sénac ne se soucie pas qu'on meure entre le mont Jura et les Alpes . Il ne me répond pas .

Je vous embrasse mon cher correspondant. »

1 L'édition Cayrol date la lettre de 1763 ; Moland a eu raison de la dater de 1761 .

 

03/01/2016

mes terres touchant de tous les côtés au lieu où le crime a été commis ; et les habitants de ce lieu d'une férocité qu'on ne peut trop craindre et trop réprimer

...

 

« A Jean-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney trois janvier 1761

Monsieur, permettez qu'au commencement de cette année je vous renouvelle les sentiments de reconnaissance que je dois à vos bontés et à toutes celles dont monsieur votre père m'a honoré si longtemps . Permettez en même temps que j'aie recours à vous, dans un événement qui intéresse toute notre petite province de Gex au nom de laquelle j'ai l'honneur de vous parler .

Le fils d'un bourgeois de Saconnex au pays de Gex a été assassiné par un curé d'un village nommé Moens, et par plusieurs paysans complices de ce curé . Le crime a été commis le 28 décembre, nous sommes au trois janvier ; à peine y a-t-il une faible procédure commencée par la justice de Gex . J'ai vu le fils du sieur de Croze blessé, je l'ai vu dans son lit n'attendant que la mort . Le père , très âgé, et incapable de suivre cette cruelle affaire par son âge et sa douleur, m'a remis un mémoire que j'ai envoyé à monsieur le procureur général 1. Je vous supplie instamment monsieur de vouloir bien vous le faire représenter . Les officiers de la justice de Gex furent très empressés à faire une descente sur les lieux il y a deux ans, au sujet de six noix volées sur mes terres, et d'un coup de sabre très léger donné sur le bras du voleur . Ils entendirent cinquante-deux témoins, ils firent des informations de vie et de mœurs croyant que je payerais tous les frais ( en quoi ils se sont trompés) . Aujourd’hui il s'agit de la sureté publique, d'un assassinat avéré, d'un mourant et de deux blessés, je crois que nous avons besoin de votre autorité pour encourager les officiers de Gex à faire toutes les diligences que mérite un cas si extraordinaire . Nous attendons tout de votre bonté et de votre pouvoir , et en mon particulier monsieur je vous aurai plus d'obligation qu'un autre, mes terres touchant de tous les côtés au lieu où le crime a été commis ; et les habitants de ce lieu d'une férocité qu'on ne peut trop craindre et trop réprimer .

Je suis avec beaucoup de respect

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

 

1 Louis Quarré de Quintin .

 

ils avaient eu tant de coups de bâtons sur la tête que leur cervelle en était ébranlée

... Tant et si bien que la déchéance de nationalité française occupait une place inopportune dans l'esprit de nos dirigeants . Quelques  coups de pieds au cul  pour rééquilibrer seraient peut-être nécessaires ?...

 

« A Louis-Gaspard Fabry

Ferney, 3 janvier [1761]

[Dit que Montigny et Turgot vont presser Trudaine de conclure l'affaire de leur petite province contre Sédillot]

Je ne sais pas trop quand notre nouvel intendant arrivera 1. Mais je regretterai toujours que vous n'ayez pas eu M. Turgot . L'aventure du curé de Moëns est encore plus grave et plus criminelle qu'on ne l'avait dit . Elle a été bien mal entamée par les plaignants, mais ils avaient eu tant de coups de bâtons sur la tête que leur cervelle en était ébranlée [...] »

1 Jean-François Dufour de Villeneuve, qui venait de succéder à Joly de Fleury comme intendant de Bourgogne .

 

ce petit mémoire, qui m’intéresse infiniment

... Face à ma petite mémoire qui flanche indéfiniment .

 

 

« A Gabriel Cramer

[3 janvier 1761]

Je vous prie instamment, mon cher Gabriel, de vouloir bien faire imprimer sur-le-champ ce petit mémoire, qui m’intéresse infiniment. »1

 

1 D'après l éditeur Fernand Caussy « Voltaire et ses curés », La Revue de Paris du 15 juillet 1909, le « mémoire » est la Supplique à M. le lieutenant criminel du Pays de Gex relative aux démêlés du curé Ancian et de Croze . Cette supplique, datée « à Saconnex le 3 janvier 1761 » est signée « Ambroise Decroze / Vachat , procureur » . un exemplaire de ce document de quatre pages, conservé par Bestermann, comporte deux additions de la main de Wagnière . La première au dessous de la date, est simplement « pays de Gex » ; la seconde, qui suit la signature est ainsi conçue : « N.B. – Depuis ce mémoire la fille ainée du sieur de Croze ayant été se confesser à un jésuite du pays nommé Fessi, ce jésuite lui refusa l'absolution, et lui dit qu'elle serait privée des sacrements jusqu'à ce qu'elle obtint de son père un désistement en faveur du curé . » Caussy date arbitrairement du 30 décembre 1760, sans préciser la source ; de même plus loin il datera du 2 janvier 1761 la lettre du 11 janvier 1761 à Cramer .