18/03/2012
Je n'ai à craindre que d'être défiguré : cela est toujours fort désagréable.
Ce qui est la la crainte commune, à part Mickael Jackson qui cru se rendre plus beau !...

« A madame de FONTAINE,
à PARIS.
Aux Délices, 23 août [1755]
Ma chère enfant, il fait bien chaud pour montrer cinq magots de la Chine à cinq cents Parisiens; et la plupart des acteurs sont d'autres magots. Il est impossible que la pièce réussisse 1; mais il est encore plus triste que tout le monde dispose de mon bien comme si j'étais mort. J'écris à M. d'Argenson 2 et à Mme de Pompadour, touchant le nommé Prieur 3, qui a imprimé un manuscrit volé chez l'un ou chez l'autre. Ce manuscrit ne contient que des mémoires informes. Ce libraire est un sot, et le vendeur un fripon. Je n'ai à craindre que d'être défiguré : cela est toujours fort désagréable.
Adieu, ma chère nièce, votre sœur 4 vous embrasse; j'en fais autant. Nous vous aimons à la folie. »
2 Voir lettre du 20 août au comte d'Argenson, ministre de la guerre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/17/voila-de-bons-citoyens-dans-ce-siecle-philosophe-et-calculat.html
Il est à remarquer qu'à cette date Voltaire ne savait pas que l'Histoire de la guerre de 1741 avait été volée, et qu'il n'apprit que vers le 23 août le nom du libraire Prieur.
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Je fuis les hommes, et je m'en trouve bien; j'aime mes amis, et je m'en trouve encore mieux
« A M. THIERIOT.
Le 23 août [1755]
Mon ancien ami, amusez-vous tant que vous pourrez avec une Pucelle; cela est beau à votre âge. Il y a trente ans que je fis cette folie. Je vous ai envoyé la copie que j'avais depuis dix ans. Je ne puis songer à tout cela que pour en rougir. Dites aux gens qui sont assez bons pour éplucher cet ouvrage qu'ils commencent par critiquer sérieusement frère Jean des Entommeures et Gargantua.
Quant à mes cinq magots de la Chine, je les crois très-mal placés sur le théâtre de Paris, et je n'en attends pas plus de succès que je n'attends de reconnaissance des comédiens 1, à qui j'ai fait présent de la pièce. Il y a longtemps que j'ai affaire à l'ingratitude et à l'envie. Je fuis les hommes, et je m'en trouve bien; j'aime mes amis, et je m'en trouve encore mieux. Je voudrais vous revoir avant d'aller voir Pascal et Rameau 2, e tutti quanti, dans l'autre monde.
Puisque vous voyez M. d'Argenson le philosophe 3, présentez- lui, je vous prie, mes respects. »
1 Il parait, d'après la lettre de Voltaire à d'Argental du 26 février 1756, que les comédiens, à cette époque, n'avaient pas encore remercié l'auteur de l'Orphelin de la Chine, représenté le 20 août 1755 avec le plus brillant succès.
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17/03/2012
J'ai cherché une solitude, un tombeau. Me l'enviera-t-on?
Mon voisin, chêne de haute futaie est mort et a été incinéré à mon pied . J'ai eu chaud !
Pour moi, maintenant ça sent le sapin , c'est un comble !
« A M. le conseiller François TRONCHIN 1
Aux prétendues Délices, 23 août [1755]
Pardon, pardon j'ai très-bien compris la pancarte que monsieur votre frère m'a expliquée, et me voilà au fait. Il ne s'agit plus que d'employer à vivre doucement ce que vous voulez bien avoir la bonté de gouverner. Il faut embellir les Délices, rendre Monrion agréable, aller d'un bout du lac à l'autre, y boire votre vin, et oublier les Pucelles.
Il faudrait que tous les diables d'enfer fussent déchaînés pour que ce pucelage de trente années vînt me persécuter dans ma vieillesse.
J'ai cherché une solitude, un tombeau. Me l'enviera-t-on? »
1 Voir : Revue suisse, 1855, page 278 : http://books.google.fr/books?id=UEwpAAAAYAAJ&printsec...
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sifflez les Parisiens
Sur un terrain que je me garde bien de fréquenter ...

... car siffler n'est pas réservé aux arbitres, hélas !
« A M. COLINI 1
à PARIS.
Des Délices, 17 août [1755]
Faites, je vous prie, mille compliments à M. Lekain; je suis sûre qu'il jouera Gengis à merveille; mais Sarrasin est bien vieux pour Zamti. Ne doutez pas de l'amitié que j'aurai pour vous toute ma vie.
Je vous en dis autant. Divertissez-vous; voyez siffler mon Orphelin; sifflez les Parisiens, e ritornate a noi quando sarete stanco di piaceri, di donne, e di Parigi 2.
J'envoie cette lettre à l'adresse que vous me donnez.
V. »
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Je jette mon bonnet par- dessus les moulins
Et ça me soulage schtroupfement !

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU
13 août [1755]
Mon héros veut-il ou dédaigne-t-il que je lui dédie mes magots de la Chine 1? Accoutumé aux hommages de l'Europe, méprise-t-il ceux de Pékin? Je le supplie de me donner ses ordres. Je les attends car, de peur d'être prévenu, je vais publier mes Magots moi-même.
Comment est-il possible que vous n'ayez pas reçu le rogaton de la Guerre de 1741? Je vous l'envoyai par Mme Denis. Je m'en souviens très-bien, et elle aussi. J'en avais fait faire trois copies une pour vous, une pour M. d'Argenson, une pour Mme de Pompadour. Il faut que le diable s'en soit mêlé . Mais de quoi ne se mêle-t-il pas?
Est-il possible encore, monseigneur, que j'ignore si vous avez reçu le paquet 2 de M. de Paulmy? Je jette mon bonnet par- dessus les moulins; je ne sais plus où j'en suis; mais mon cœur, qui vous appartient, est tranquille. »
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16/03/2012
Voilà comme il faudrait partout traiter les calomniateurs. Je ne les crains point ici , je ne les crains qu'en France
Qu'on leur arrache la langue, comme on a arraché ces légumes, pauvres innocents, eux qui vont passer à la casserole !
NDLR : quand le caillou est cuit, le jeter sur ce fichu voisin qui dit du mal de vous .
Lire sans tarder :
« A madame de FONTAINE
13 août [1755]
Ma chère nièce, vous êtes charmante.1 Vous courez, avec votre mauvaise santé, aux Invalides pour des Chinois. Tout Pékin est à vos pieds. Je me flatte qu'on jouera la pièce telle que je l'ai faite, et qu'on n'y changera pas un mot. J'aime infiniment mieux la savoir supprimée qu'altérée.
Les scélérats d'Europe 2 me font plus de peine que les héros de la Chine . Un fripon, nommé Grasset, que M. d'Argental m'avait heureusement indiqué, est venu ici pour imprimer un détestable ouvrage, sous le même titre que celui auquel je travaillai il y a trente ans, et que vous avez entre les mains. Vous savez que cet ouvrage de jeunesse n'est qu'une gaieté très-innocente. Deux fripons de Paris, qui en ont eu des fragments, ont rempli les vides comme ils ont pu, contre tout ce qu'il y a de plus respectable et de plus sacré. Grasset, leur émissaire, est venu m'offrir le manuscrit pour cinquante louis d'or, et m'en a donné un échantillon aussi absurde que scandaleux. Ce sont des sottises des halles, mais qui font dresser les cheveux sur la tête. Je courus sur-le-champ de ma campagne à la ville, et, aidé du résident de France, je déférai le coquin, il fut mis en prison, et banni, son bel échantillon lacéré et brûlé, et le Conseil m'a écrit pour me remercier de ma dénonciation. Voilà comme il faudrait partout traiter les calomniateurs. Je ne les crains point ici , je ne les crains qu'en France.
Il me semble, ma chère nièce, que vous n'avez pas votre part entière, et M. d'Argental a encore trois guenilles pour vous 3. Je vous demande pardon d'avoir imaginé que vous eussiez pu adopter l'idée que M. d'Argental a eue un moment1; j'espère qu'il ne l'a plus.
Ayez soin de votre santé, et aimez les deux solitaires qui vous aiment tendrement. Je vous embrasse, ma chère enfant, du fond de mon cœur. »
1 Tout ce qui suit figurait dans l'ancienne lettre du 23 mai, et, sauf deux paragraphes, était reproduit encore dans celle-ci.
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je ne conseille pas à ceux qui m'ont rendu de mauvais offices de m'en rendre encore
A ceux-là, point de pardon .
Qu'ils aillent au diable !
http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&v=qdrGIXdI4CI
Que les monstres les patafiolent !
http://www.youtube.com/watch?v=Om1LygHB06g&feature=endscreen
Qu'ils brûlent en enfer !
http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&v=1sQjgcwWdTo
« A M. Jean-Robert TRONCHIN, de LYON 1
Le 13 août 1755.
Si monseigneur le cardinal est instruit de la calomnie, n'est- il pas juste qu'il le soit de ma conduite? C'est ce que j'ai laissé à votre prudence et à votre amitié, suivant le temps et l'occasion.
Si le malheur incroyable que l'abbé Pernetti 2 m'a fait craindre m'arrivait en effet, en ce cas vous auriez toujours la bonté de me faire tenir mon bien en quelque endroit que je fusse, à mesure qu'il vous rentrerait et que j'aurais des besoins nouveaux. Mais j'espère que nous n'en serons pas réduits à cette extrémité si funeste et si peu méritée. Je ne demande qu'à finir mes jours en paix dans l'agréable retraite que votre esprit noble et conciliant m'a procurée.
Les belles-lettres ne servent qu'à empoisonner la vie, et il n'y a de bon en fait de lettres que celles de change. J'ai dépensé plus de quarante mille écus depuis que je suis ici, le reste servira à me faire mourir en paix ailleurs, si la calomnie vient me persécuter au pied des Alpes. Mais je ne conseille pas à ceux qui m'ont rendu de mauvais offices de m'en rendre encore, s'ils ne veulent que je rende leur nom exécrable à la postérité. Je suis un peu en colère, mais j'ai raison.
Voilà donc les Anglais qui prennent nos vaisseaux. Je renvoie mes maçons et mes charpentiers. Pourquoi donc deux nations commerçantes se font-elles la guerre? Elles y perdent l'une et l'autre. Il est honteux que les négociants de tous les pays n'aient pas établi entre eux la neutralité, comme faisaient autrefois les villes hanséatiques. Il faudrait laisser les rois se battre avec leurs grands diables de soldats, et que le reste du monde se mit enfin à être raisonnable. »
1 Lettre en réponse à celle de J.-R. Tronchin du 10 août : page 280 : http://books.google.fr/books?id=UEwpAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
2 L'abbé Jacques Pernetti, historiographe de la ville de Lyon , est l'auteur de « Lettres philosophiques sur les physionomies ». http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pernetti
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