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05/04/2011

J'ai toujours un petit malheur, c'est que les choses les plus innocentes que j'écris sont presque toujours défigurées, falsifiées, et deviennent de petits poignards dont on veut me percer

 

 http://www.deezer.com/listen-9931164   Pas terrible, me direz-vous ! Je suis entièrement d'accord . N'est pas Chopin qui veut ....

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 Allons, encore un petit coup ... de poignard dans les oreilles :  http://www.deezer.com/listen-7847026

 Et pour vous achever, si vous fuyez, un Coup de poignard dans le dos (c'est lâche ! oui, mais il ne fallait pas fuir devant le danger ! ) : http://www.deezer.com/listen-8766629

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

5è avril 1776

 

Mon cher ange, ce vieux bonhomme vous fatigue de vers et de prose . J'ai toujours un petit malheur, c'est que les choses les plus innocentes que j'écris sont presque toujours défigurées, falsifiées, et deviennent de petits poignards dont on veut me percer . Je vous soumets la véritable lettre que j'ai écrite au roi de Prusse en dernier lieu 1, et dont malheureusement il a couru des copies très informes . S'il vous prend fantaisie de mettre cette copie véritable dans des mains sures qui puissent en faire un usage agréable, je vous serai très obligé . On connaitra deux choses, la manière dont je suis avec ce singulier monarque, et la manière dont je pense sur le temps présent . Qui sait si ces deux choses bien connues ne pourraient pas m'enhardir à faire quelque jour un petit tour à l'ombre des ailes de mon cher ange ? Il serait fort plaisant, à mon gré, que je vinsse dans ma quatre-vingt-troisième année vous embrasser en poste à la barbe des Pasquier et des Séguier 2. Il me semble que le maréchal de Richelieu n'a pas été traité bien favorablement dans la cour des pairs 3. J'ai bien peur que les neveux de Mme de Saint-Vincent, et le major, et les autres qui ont été emprisonnés à sa réquisition, et à ses risques, périls, et fortune , ne demandent de gros dommages, et de grandes réparations . Voilà une triste aventure . Le vainqueur de Mahon et de tant de belles femmes finit désagréablement sa carrière . Heureux qui sait rester en paix chez soi !

 

Serait-il bien vrai , mon cher ange, que l'auteur du Portier des Chartreux fût l'auteur du discours qu'a prononcé M. d'Aligre 4? Ce portier n'aurait-il pas mieux fait de s'en tenir à la règle de Saint Bruno qui ordonne le silence ? »

 

1 Lettre du 2 avril où V* fait l'éloge de Louis XVI et du gouvernement, et dont un passage est cité dans sa lettre du 23 mars à Vasselier :                  http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/29/il-etait-a-craindre-que-le-peuple-ne-se-revoltat-parce-qu-on.html

2 Dont les réquisitoires ont entrainé des condamnations par le parlement .

Pasquier : dans l'affaire du chevalier de La Barre, Voltaire est clairement visé durant le procès par le rapport du conseiller Pasquier qui appelle l’autodafé du « Dictionnaire philosophique » mais aussi l’éradication de son auteur « que Dieu demande en sacrifice ».

Antoine-louis Séguier : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Louis_S%C3%A9guier

3 La cour des pairs avait libéré Mme de Saint-Vincent, accusée d'avoir fait de faux billets au nom de Richelieu, et avait ordonné un nouvel examen du dossier ;                                                           voir lettres à d'Argental du 5 septembre 1774 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/05/2...

et                                                                                                                                              24 novembre 1774 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/23/vous-verrez-ce-que-peut-encore-un-jeune-homme-de-quatre-ving.html

 

4 Le 25 mars, V* a écrit dans les mêmes termes à De Lisle qui a noté sur le manuscrit : « M. d'Aligre (premier président) prononça, au lit de justice pour l'abolissement des corvées, un discours (contre les édits) composé, disait-on, par un avocat nommé Gervaise, auteur du livre infâme intitulé Le Portier des Chartreux. »

Marquis Etienne-François d'Aligre : voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Fran%C3%A7ois_d...                              et :                                                                                                             http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_des_Vaux...

Jean-Charles Gervaise de La Touche : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles_Gervaise_de_Lat...                                                                                                   et :                                                                http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Portier_des_Chartreux

 

 

04/04/2011

Il me semble que c'est une chose assez aisée de faire retarder les affaires ; voilà de toutes les grâces la plus facile à obtenir

http://www.deezer.com/listen-7344305

 

Ce titre est choisi en pensant très fortement à Mme Lagarde, ministre d'Etat en mauvais état, au bronzage inoxydable, copie conforme de ceux de Nanard le bienheureux  et Jacques Séguela, grands menteurs devant l'Eternel . Elle a écrit :  La politique est-elle esclave de la finance ?, (avec Jean-Paul Fitoussi), et moi je reponds et écris : "oui", et vous n'êtes pas un exemple pour changer cet état de choses .

Ah ! qu'il est aisé de disposer de l'argent du citoyen pour le mettre au Tapie .

Madame, vous croyez vous à une table de poker ? Pour faire tapis, il faut être crédible . Et moi, je ne vous crois pas . Vos menaces sont du bluff .

http://www.deezer.com/listen-2767995

Vos menaces ne sont qu'une censure déguisée du voile de la légalité .

La censure :  http://www.deezer.com/listen-2148317

 

PS . (oui, je sais, vu le contexte, que vient faire le PS ici ? ):Message aux résistants : " Le peuple, ici le peuple : Lallouette vole de ses propres ailes, je répète, Lallouette vole de ses propres ailes "

 

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« A Jean Dumas d'Aigueberre 1

 

J'ai été bien malade, mon cher ami, j'ai fait parler à M. de La Houssaye 2 comme vous me l'avez ordonné . Il me semble que c'est une chose assez aisée de faire retarder les affaires ; voilà de toutes les grâces la plus facile à obtenir . Je n'ai point vu M. l'abbé Berth, qui devait m’expliquer tant de choses , je ne sais où le déterrer . Si vous me mandez sa demeure, j'irai chez lui . Vous savez si j'ai de l'empressement à vous obéir . Notre Mérope n'est pas encore imprimée . Je doute qu'elle réussisse à la lecture autant qu'à la représentation . Ce n'est point moi qui ai fait la pièce, c'est Mlle Dumesnil . Que dites-vous d'une actrice qui fait pleurer le parterre pendant deux actes de suite ? Le public a pris un peu le change, il a mis sur mon compte une partie du plaisir extrême que lui ont fait les acteurs et la séduction a été au point que je n’ai pu paraître à la comédie qu'on ne m’ait battu des mains 3. Cette faveur populaire m'a un peu consolé de la petite persécution que j'ai essuyée de M. l'évêque de Mirepoix 4. L’Académie, le roi et le public m'avaient désigné pour avoir l'honneur de succéder à M. le cardinal de Fleury, parmi les quarante . Mais M. de Mirepoix n'a pas voulu, et il a enfin trouvé après deux mois et demi un évêque 5 pour remplir la place qu'on me destinait . Je crois qu'il convient à un profane comme moi de renoncer pour jamais à l'Académie, et de m'en tenir au bontés du public, mais il y a encore quelque chose de plus précieux que cette bienveillance peut-être passagère, c'est l'amitié constante d'un cœur comme le vôtre .

 

Les lettres sont ici plus persécutées que favorisées . On vient de mettre à la Bastille l'abbé Lenglet pour avoir publié des Mémoires déjà connus qui servent de supplément à l'Histoire de M. de Thou 6; il a rendu un très grand service aux bons citoyens, et aux amateurs des recherches sur l'histoire, il méritait des récompenses, et on l'emprisonne à l'âge de soixante et huit ans .

 

Insere nunc Meliboee piros ! pone ordine vitis 7.

 

Mme du Châtelet vous fait mille compliments ; elle marie sa fille, comme je crois vous l'avoir mandé, à M. le duc de Montenero, Napolitain au grand nez, à la taille courte, à la face maigre et noire, à la poitrine enfoncée ; il est ici et va vous enlever une Française aux joues rebondies . Vale et me ama .

 

V.

 

A Paris ce 4 avril 1743. »

 

Jean du Mas d'AIGUEBERRE [1692 - 1755,Toulouse]. Cet auteur était conseiller au parlement de Toulouse, il a fait trois pièces de théâtre, qui sont les Trois spectacles ; le Prince de Noisy, et Colinette. Il donna la première en 1729, et est mort au mois de juillet 1755, à Toulouse.

Intendant des finances .

3   La pièce avait été jouée le 20 février 1743 ; Barbier a fait le récit du succès de V* .

4   Boyer qui a fait obstacle à son élection à l'Académie ; de même que Languet de Gergy, archevêque de Sens et aussi Maurepas .

5   Paul-Albert de Luynes, évêque de Bayeux élu à l'unanimité le 22 mars 1743, et reçu le 16 mai .

6   Lenglet du Fresnoy ; Mémoires servant d'éclaircissement et de preuves à l'Histoire de M. de Thou . Tome 6è, ou Supplément ..., 1743 .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Lenglet_Du_Fresnoy

7   Greffe maintenant, Mélibée, des poiriers ! aligne des vignes .

03/04/2011

quoique enfin j'eusse bien des choses à vous dire sur tout cela

Et bien, je ne dirai rien, n'en pensant pas moins, comme vous le savez !

 

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« A Jean de Vaines

 

3è avril 1776

 

Je n'interromprai point aujourd'hui, Monsieur, vos occupations pour vous écrire deux pages, quoique je sois encore tout plein des édits 1, des remontrances, des pères de la patrie 2, et de la chanson qui court les rues :

ô les fichus pères, ô guai !

ô les fichus pères ! 3

quoique je vienne de lire les Mémoires de Sully, et que je ne fasse nulle comparaison entre Sully second 4, et Sully premier ; quoique enfin j'eusse bien des choses à vous dire sur tout cela .

 

Permettez-moi, Monsieur, de mettre dans votre paquet cette lettre pour M. le marquis de Condorcet.

 

Conservez toujours vos bontés pour le vieux malade .

 

V. »

 

2 Il s'agit des membres du parlement qui avaient fait des remontrances en particulier sur l'abolition des corvées ; il avait fallu la tenue d'un lit de justice, le 12 mars, pour faire enregistrer les édits de Turgot .

3 Ecouter : http://www.youtube.com/watch?v=2j50oU6cy1w ,en corrigeant la date 1776 et non 1784 .

4 Turgot.

Voir la lettre à Dupont de Nemours du même jour : page 193 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80042j/f198.image.r=45.langFR

 

02/04/2011

Il faut punir les insolents : mordieu .

 

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 http://www.deezer.com/listen-2714538

 

 

« A Gabriel Cramer

 

[vers le 1er avril 1760]

 

Lécluze est arrivé ; il est fort drôle 1. Il n'y a qu'une faute au Quand 2. Il faut punir les insolents : mordieu . Jeanne est prête 3. Il y a seulement trois ou quatre pompons qui manquent . Pierre 4 attendra, tant mieux . »

 

1 Louis Lécluze de Tilloy qui est ainsi présenté par V* le 5 avril : « Il était le meilleur acteur de l'Opéra-Comique ; on a assassiné son fils à Bâle . Cela n'empêche pas le père de donner tous les jours à table des espèces de parades à mourir de rire ... Il représente la nation, elle rit de ses pertes. »

http://gatinais.histoire.pagesperso-orange.fr/LEcluse.htm

3 La Pucelle ; le 2 avril, V* envoie deux chants à d'Argental .

http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre957.html#page_1

01/04/2011

le remercier, je ne sais pas trop bien de quoi, car j'avais demandé plusieurs choses, et on me disait qu'il me les avait toutes accordées

1er avril : ouverture du château de Voltaire à la visite à 10h ; voir :  

http://voltaire.monuments-nationaux.fr/fr/bdd/page/visites

http://www.monuments-nationaux.fr/fr/actualites/a-la-une/...

et

 http://voltaire-a-ferney.org/40.html

Résistances ! cette exposition est tout à fait à sa place  chez  Volti . Non seulement il a fait de la résistance aux pouvoirs injustes, non seulement il a résisté aux maux, mais il a fait des mots son arme pour contre-attaquer . J'ai hâte de voir ce que Michel Butor et Michel Launay, entre autres, ont choisi de montrer, et je peux vous assurer que ce matin je serai fernésien, avec au coeur une pensée plus qu'amicale pour Mam'zelle Wagnière .

Résiste : http://www.deezer.com/listen-8773797

 

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« A Marie-Louise Denis

à l'hôtel d'Herbouville

rue Pavée à Paris

 

Ce jeudi [1er avril 1745]

 

Je comptais bien , ma chère enfant, vous revoir après le spectacle à Versailles 1. La lutinerie de la cour en ordonna tout autrement . On me dit qu'il fallait courir après le roi à bride abattue, et se trouver à un certain moment dans un certain coin, pour le remercier, je ne sais pas trop bien de quoi, car j'avais demandé plusieurs choses, et on me disait qu'il me les avait toutes accordées . On me présenta donc à Sa Très Gracieuse Majesté, qui me reçu très gracieusement et que je remerciai très humblement . Mais faire signer des brevets est une chose beaucoup plus difficile que de faire des remerciements . On dit à présent qu'il faut que je ne désempare pas jusqu'à ce que tout soit bien cimenté, scellé et consommé 2. J'aimerais mieux venir vous embrasser, et et finir votre affaire avec La Porte que la mienne avec le roi . Je serai honteux d'être heureux si vous ne l'êtes pas et quand vous voudrez, je parlerai à M. le contrôleur général qui doit avoir quelque crédit sur les La Porte . Si vous voyez Mme Dupin, dites-lui bien à quel point je lui suis dévoué . Si vous dites à votre sœur que je lui ai écrit, dites-lui qu'après vous c'est celle de mes nièces que j'aime le mieux . Vous méritez, ma chère enfant, des sentiments bien distingués et je les aurai assurément pour vous toute ma vie . Je vous embrasse avec la plus vive tendresse.

 

V. »

 

1Le dimanche précédent, il avait invité sa nièce à venir au château dans sa petite chambre n° 144 près du « piu puzzolente cacatoio di Versailles ».

Voir aussi lettre du 2 décembre 1745 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/02/trou-ou-je-demeure-petite-chambre-n-144-pres-du-piu-puzzolen.html#more

2 Charge de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et place d’historiographe de France ; le brevet d'historiographe est daté du 1er avril 1745 ; V* ne deviendra gentilhomme ordinaire qu'en novembre 1746 quand une charge se libèrera, et le brevet sera signé le 22 décembre 1746.

 

31/03/2011

Je tâcherai de bien voir, de faire bien voir et de commencer dès demain à travailler sans discontinuer

 http://www.youtube.com/watch?v=m8KO0bMntws&feature=related

 http://www.youtube.com/watch?v=OAX2qh7xkZM&feature=related

 

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A l'heure où l'on veut parler de laïcité, il me plait de présenter cette photo au cadrage retouché .

Croix de bois, croix de fer (il fut un temps où l'on pouvait dire "crois Deferre"), je n'affiche pas ici , d'une manière subliminale, tel un Jacques Ségéla en manque d'UV, une quelconque appartenance ou sympathie exacerbée pour la catholique religion, qui m'a tenu dans un illusoire espoir le temps d'avoir du poil au menton ( et ailleurs aussi ! ). Donc , faites une croix sur cette option (oh ! pardon, je fais encore du prosélytisme ! )

Je tâche "de voir, de faire bien voir" que si on veut d'une manière intégriste supprimer tout signe religieux , la tâche est immense .

Commençons par supprimer tout ce qui de près ou de loin est cruciforme, puis emportés par notre élan salvateur, redressons la gibbosité des croissants ( ce qui d'ailleurs se fait déjà, par simple flemme ), et très rapidement, de l'hallal passons à l'hallali pour la mise hors la loi du safran aux relents bouddhistes, sans oublier la croix de David qui orne bien des crêches de Noël et la poitrine des flics de l'oncle Sam .

A tous ceux qui prendraient ces propositions au sérieux, je dis "continuez à rester des esclaves de religions , de religieux, de superstitions" et aussi "vivez dans la sainte trouille" car le gouvernement laïc " is watching you !"

PS. - Religieux de tous bord, rassurez-vous ! Vous êtes en France ! Rien ne peux vous arriver d'autre que de perdre la foi ! J'espère que restera la Liberté, se maintiendra l'Egalité, se développera la Fraternité . Lisez et écoutez Voltaire, frère des Hommes ! AMEN !

 Et puis, Love is my religion ! http://www.youtube.com/watch?v=r-eXYJnV3V4&feature=related ... oui, Mam'zelle Wagnière ...

 http://www.youtube.com/watch?v=HFeB7zTGesk&feature=related

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

[30 mars 1778]

 

J'aime à voir par vos vitres, mon cher maître, et surtout à voir par vos yeux . Vous êtes mon voyant ; tout mort que je suis je compte venir aujourd'hui à l'Académie 1. Je tâcherai de bien voir, de faire bien voir et de commencer dès demain à travailler sans discontinuer 2. Je veux mourir en m'éclairant avec vous et en vous servant . »

 

1 Le compte-rendu de la séance du 30 mars : « M. de Voltaire est venu à l'Académie sur les quatre heures . M. le directeur et tous les académiciens présents ont été au devant de lui dans la première salle ... M. le directeur l'a prié de prendre la première place, et de présider la séance ... M. le directeur a dit ..., qu'il proposait à la compagnie de déférer à M. de Voltaire le directorat du trimestre d'avril sans être tiré au sort ... La proposition de M. le directeur a été acceptée d'une voix unanime et par acclamation ... » ; à son départ, « il a été reconduit ... jusqu'à la porte de la première salle par tous les académiciens ... »

2 Au dictionnaire .                                                                        Il fera un plan (dont on a retrouvé le manuscrit) pour un nouveau dictionnaire ; minute de la séance du 7 mai : « Il a été résolu sur le proposition de M. de Voltaire, qu'on travaillerait sans délai à un nouveau Dictionnaire qui contiendra : l'étymologie reconnue de chaque mot, et quelquefois l'étymologie probable ; la conjugaison des verbes irréguliers qui sont peu en usage ; les diverses acceptations de chaque terme avec des exemples tirés des auteurs les plus approuvés ; toutes les expressions pittoresques et énergiques de Montaigne, d'Amyot, de Charron, etc. qu’il est à souhaiter qu’on fasse revivre, et dont nos voisins se sont saisis ... Chaque académicien peut se charger d'une lettre de l'alphabet ; l'Académie examinera le travail de chacun de ses membres ... »

Le 8 mai, Mme Denis écrira à Wagnière : « il va à l'Académie et il y crie comme un diable . Il veut leur faire faire un nouveau Dictionnaire . Ces messieurs rechignent ; ils craignent que cela ne leur donne trop de peine. »

V* assista aux séances du 30 mars, 6 avril, 27 avril et 4 mai .

30/03/2011

si les juges se trompent si souvent , c'est que les formes ne leur permettent guère de peser les probabilités . Ils opposent une loi équivoque à une autre loi équivoque

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http://www.deezer.com/listen-2161740

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Personne n'échappe à ses juges !  http://www.deezer.com/listen-5185371

Les Francs-juges , de Berlioz : http://www.deezer.com/listen-3386925

 

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« A Jean-Baptiste-Nicolas de Lisle

Capitaine de dragons, etc. à Paris

 

30è mars 1775

 

Le vieux Perrin Dandin vous remercie bien, Monsieur, de lui avoir envoyé le dernier mémoire de M. le comte de Guignes 1. Il en reçut un autre le même jour sans qu'il pût savoir à qui il le devait . Il ne présume point du tout que M. le comte de Guignes lui ai fait cet honneur lui-même ; il l'en remercierait malgré ses maladies qui le rendent très souvent incapable d'écrire .

 

Il semble que les mémoires signés Tort 2, soient des armes parlantes . Jamais aucun tort ne m'a paru plus évident . J'ai la vanité de croire que Dieu m'avait fait pour être avocat 3. Je vois que dans toutes les affaires il y a un centre, un point principal contre lequel toutes les chicanes doivent échouer . C'est sur ce principe que j'osai me mêler des procès criminels affreux et absurdes , intentés contre les Calas, les Sirven, Montbailly, contre M. de Morangiès .

 

Je tiens la cause de M. le maréchal de Richelieu 4 pour infaillible, par le même principe . Je crois même qu'il est impossible à ses ennemis de penser autrement . Je suis persuadé que si les juges se trompent si souvent , c'est que les formes ne leur permettent guère de peser les probabilités . Ils opposent une loi équivoque à une autre loi équivoque, tandis qu'il faudrait opposer raison à raison, et vraisemblance à vraisemblance . Tout procès est un problème, il faut avoir à l'esprit un peu de géométrique pour le résoudre ; la mort est un problème aussi , je le résoudrai bientôt, mais il m'est démontré qu'en attendant je vous sera attaché, Monsieur, avec la plus vive reconnaissance .

 

V. »

 

1 Condorcet écrivit que le comte de Guignes, ambassadeur en Angleterre, fut « accusé par son secrétaire d'avoir joué dans les fonds publics à Londres ».

2 Le 17 mai, V* parlera de ce Tort, adversaire de de Guignes, comme d'un joueur impudent .

3 Le jeune Arouet avait été obligé par son père de suivre des études de droit, et il fut clerc chez maître Alain .

4 Contre Mme de Saint-Vincent qui aurait fait des faux en « calquant sur un verre » pour extorquer à Richelieu une somme considérable .