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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

après avoir fait de si jolies choses quand vous n’aviez rien à faire

... Vous avez fait de si moches autres choses quand vous aviez tout à faire . Beau bilan .

Bravo .

Bis ! Ter !

On en redemande . Encore , encore !

Père Noël exauce nous !

Père Noël normal reviens !

Père Noël, tu es inégalable .Toi seul le croit . Heureusement .

Bon ! j'arrête les mensonges, plus vite que toi .

Alors laisse tes rennes tranquilles et maintenant tire-toi !

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«Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

Aux Délices par Genève 15 décembre [1761]

Vous avez raison, monseigneur, vous avez raison ; il faut absolument que Cassandre soit innocent de l’empoisonnement d’Alexandre, et qu’il soit bien évident qu’il n’a frappé Statira que pour défendre son père : il doit intéresser, et il n’intéresserait pas s’il était coupable de ces crimes qui inspirent l’horreur et le mépris. Je suis de votre avis dans tout ce que vous dites, excepté dans la critique du poignard qu’on jette au nez d’Antigone : ce drôle-là ne le ramassera pas, quelque sot qu’il soit 1. Ce n’est pas un homme  à se tuer pour des filles  et d’ailleurs tant de prêtres, tant de religieuses et d’initiés se mettront entre eux, que je le défierais de se tuer. Je remercie vivement, tendrement, votre éminence Savez-vous bien que j’ai passé la nuit à faire usage de toutes vos remarques ?2 Il me paraît que vous ne vous souciez guère des grands mystères et des initiations. Cela n’est pas bien. Statira religieuse, Cassandre qui se confesse, tout cela me paraît fait pour la multitude. Le spectacle est auguste, et fournit des idées neuves : tout cela nous amusera sur notre petit théâtre. Je voudrais jouer devant votre éminence, recreatus prœsentia 3. Que vous êtes aimable de vous amuser des arts ! vous devez au moins les juger, après avoir fait de si jolies choses quand vous n’aviez rien à faire. Je vois par vos remarques que vous ne nous avez pas tout à fait abandonnés. Mon avis est que vous vous mettiez tout de bon à cultiver vos grands talents. Le cardinal Passionei disait qu’il n’y avait que lui qui eût de l’esprit dans le sacré-collège. Vous n’aviez pas encore le chapeau dans ce temps-là. Je tiens que votre éminence a plus d’esprit et de talent que lui, sans aucune comparaison. Je voudrais savoir si vous faites quelque chose, ou si vous continuez de lire. Je ne demande pas indiscrètement ce que vous faites, mais si vous faites. Le cardinal de Richelieu faisait de la théologie à Luçon. Dieu vous préservera de cette belle occupation. Je voudrais encore savoir si vous êtes heureux, car je veux qu’on le soit malgré les gens. Votre Éminence dira : Voilà un bavard bien curieux ; mais ce n’est pas curiosité, cela m’importe ; je veux absolument qu’on soit heureux dans la retraite.

Vous m’avez permis de vous envoyer dans quelque temps des remarques sur Corneille ; vous en aurez, et je suis persuadé que ce sera un amusement pour vous de corriger, retrancher, ajouter. Vous rendriez un très grand servie aux lettres. Eh ! mon Dieu ! qu’a-t-on de mieux à faire, et quelles sottises de toutes les espèces on fait à Paris ! Je ne reverrai jamais ce Paris ; on y perd son temps, l’esprit s’y dissipe, les idées s’y dispersent : on n’y est point à soi. Je ne suis heureux que depuis que je suis à moi-même : mais je le serais encore davantage, si je pouvais vous faire ma cour. Cependant, je suis bien vieux. Vale, Monseigneur, au pied de la lettre . Gratia, fama, valetudo.4

Mille tendres respects.

V.

On m’a envoyé les Chevaux et les Ânes  : voulez-vous que je les envoie à Votre Éminence ? 5» 

 

1 Cette locution proverbiale signifie à peu près « à d'autres ! ». L'édition Bourgoing ajoute qu'il soit .

2 Dans une lettre du 10 décembre 1761 où Bernis écrit notamment : « Je vous envoie, mon cher confrère, votre ouvrage de six jours . Je crois que quand vous en aurez employé six autres à soigner un peu le style de cette pièce, à mettre en place les premières expressions qui se sont présentées dans le feu de la composition, des expressions plus propres ou moins générales, cet ouvrage sera digne de vous […] je crains un peu pour l'impression que fera au théâtre le rôle de Cassandre . Empoisonneur et assassin, il est encore superstitieux, et ses remords n'intéressent guère, parce qu'ils ne partent que de ses craintes […] Antigone, aussi criminel que Cassandre, a un caractère plus décidé, et qui fait grand tort à l'autre . L'amour d'Olympie peut manquer son effet par le peu d'intérêt qu'on prendra peut-être à son amant . […] Je ne voudrais pas […] que Cassandre se poignardant, jetât le poignard à son rival ; cette action est bien délicate devant un parterre français . Si Antigone ne ramasse pas le poignard, cela rend l'action de Cassandre ridicule ; s'il le ramasse, et veut s'en frapper, on demande pourquoi un homme ambitieux se tue, parce que son rival expire, et lorsqu'en perdant une femme qu'il ne voulait épouser que par ambition il acquiert tous les droits qu'elle réunissait à la succession d'Alexandre ; […] Cette pièce m'est arrivée quand je commençait à être attaqué d'un gros rhume de poitrine, auquel la goutte s'est jointe . Je souffre moins aujourd'hui, et je profite de ce relâche pour vous écrire . On est bien sévère quand on est malade . Je vous dois cependant trois heures délicieuses […]. »

3 ranimé par [votre] présence .

4 Crédit, réputation, santé ; Horace, Épîtres, I, 4, 10 .

5 Ce post scriptum a été écrit dans la marge du bas . Voir lettre du 6 décembre 1761 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/07/est-ce-du-vieux-est-ce-du-nouveau-est-ce-du-bon-5883799.html

 

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14/12/2016 | Lien permanent

Il faut attaquer le monstre par les oreilles comme à la gorge

... Le monstre , c'est Poutine , il ne comprend que les coups .

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

[vers le 5 avril 1767] 1

Sire,

Je ne sais plus quand les chiens qui se battent pour un os et à qui on donne cent coups de bâton, comme le dit très bien Votre Majesté 2, pourront aller demander un chenil dans vos États . Tous ces petits dogues-là, accoutumés à japper sur leurs paliers, deviennent indécis de jour en jour . Je crois qu'il y a deux familles qui partent incessamment mais je ne puis parler aux autres, la communication étant interdite par un cordon de troupes dont on vante déjà les conquêtes . On nous a pris plus de douze pintes de lait et plus de quatre paires de pigeons . Si cela continue, la campagne sera extrêmement glorieuse . Ce ne sont pourtant pas les malheurs de la guerre qui me font regretter le temps que j'ai passé auprès de Votre Majesté . Je ne me consolerai jamais du malheur qui me fait achever ma vie loin de vous . Je suis heureux autant qu'on peut l'être dans ma situation, mais je suis loin du seul prince véritablement philosophe . Je sais fort bien qu'il y a beaucoup de souverains qui pensent comme vous, mais où est celui qui pourrait faire la préface de cette Histoire de l’Église ? Où est celui qui a l'âme assez forte et le coup d’œil assez juste pour oser voir et dire qu'on peut très bien régner sans le lâche secours d'une secte ? Où est le prince assez instruit pour savoir que depuis dix-sept cents ans la secte chrétienne n’a jamais fait que du mal ? Vous avez vu sur cette matière bien des écrits auxquels il n'y a rien à répondre . Ils sont peut-être un peu trop longs, ils se répètent peut-être quelquefois les uns les autres . Je ne condamne pas toutes ces répétitions, ce sont les coups de marteau qui enfoncent le clou dont on perce la tête du fanatisme , mais il me semble qu'on pourrait faire une excellent recueil de tout ces livres en élaguant quelques superfluités et en resserrant les preuves . Je me suis longtemps flatté qu'une petite colonie de gens savants et sages viendraient se consacrer dans vos États à éclairer le genre humain . Mille obstacles à ce dessein s'accumulent tous les jours .

Si j’étais moins vieux, si j'avais de la santé je quitterais sans regret le château que j’ai bâti et les arbres que j'ai plantés pour venir achever ma vie dans le pays de Clèves avec deux ou trois philosophes et pour consacrer mes derniers jours sous votre protection à l'impression de quelques livres utiles .

Mais, Sire, ne pouvez-vous pas sans vous compromettre faire encourager quelque libraire de Berlin à les réimprimer tous et à les faire débiter dans l'Europe à un prix qui en rende la vente facile ? Ce serait un amusement pour Votre Majesté, et ceux qui travailleraient à cette bonne œuvre seraient récompensés dans ce monde plus que dans l'autre .

Comme j'allais continuer à vous demander cette grâce, je reçois la lettre dont Votre majesté m’honore du 24 mars . Elle a bien raison de dire que l'infâme ne sera jamais détruite par les armes, car il faudrait alors combattre pour une autre superstition qui ne serait reçue qu'en cas qu'elle fût plus abominable . Les armes peuvent détrôner un pape, déposséder un électeur ecclésiastique, mais non pas détrôner l'imposture .

Je ne conçois pas comment vous n'avez pas eu quelque bon évêché pour les frais de la guerre par le dernier traité, mais je sens bien que vous ne détruirez la superstition christicole 3 que par les armes de la raison .

Votre idée de l'attaquer par les moines est d'un grand capitaine . Les moines une fois abolis, l'erreur est exposée au mépris universel . On écrit beaucoup en France sur cette matière, tout le monde en parle . Les bénédictins eux-mêmes ont été si honteux de porter une robe couverte d'opprobre qu'ils ont présenté une requête au roi de France pour être sécularisés 4. Mais on n'a pas cru cette grande affaire assez mûre . On n'est pas assez hardi en France, et les dévots ont encore du crédit .

Voici un petit imprimé qui m'est tombé sous la main 5. Il n'est pas long, mais il dit beaucoup . Il faut attaquer le monstre par les oreilles comme à la gorge .

J'ai chez moi un jeune homme nommé M. de La Harpe qui cultive les lettres avec succès . Il a fait une épître d'un moine au fondateur de la Trappe qui me paraît excellente 6 . J'aurai l'honneur de l'envoyer à Votre Majesté par le premier ordinaire . Je ne crois pas qu'on le condamne à être disloqué et brûlé à petit feu comme cet infortuné qui est à Vezel et que je sais être un très bon sujet . Je remercie Votre Majesté, au nom de la raison et de la bienfaisance, de la protection qu'elle accorde à cette victime du fanatisme de nos druides .

Les Scythes sont un ouvrage fort médiocre . Ce sont plutôt les petits cantons suisses et un marquis français que les Scythes et un prince persan . Thieriot aura l'honneur d'envoyer de Paris cette rapsodie à Votre Majesté .

Je suis toujours fâché de mourir hors de vos États . Que Votre majesté daigne me conserver quelque souvenir pour ma consolation . »

1 Minute autographe à parti de Je ne me consolerai jamais, et dès lors fortement corrigée ; édition de Kehl .V* répond à la lettre du 24 mars 1767 de Frédéric, ce qui confirme la date du 5 avril proposée ici par plusieurs éditeurs , alors qu'elle ne figure pas sur le manuscrit . Une fois de plus la lettre de V* , avec ses audaces et ses hésitations,ne se comprend pas bien si on n'a pas lu la lettrede Frédéric II ; voir : Page 145 https://www.google.fr/books/edition/Oeuvres_de_Fr%C3%A9d%C3%A9ric_le_Grand/yRukOx2eQ3YC?hl=fr&gbpv=1&dq=oeuvres+de++fr%C3%A9d%C3%A9ric+II+de+prusse+tome+XXIII&pg=PP7&printsec=frontcover

2 Allusion au conte Les Deux Chiens et l'Homme (voir le début de la lettre de Frédéric II ).

3 Ce mot n'est déjà plus à l'époque qu'un archaïsme plaisant

4 Le 15 juin 1766, les bénédictins qui demandaient à quitter l'ordre avaient été autorisés à le faire ; voir Charles Guérin « Les Bénédictins français avant 1789 », Revue des questions bénédictines, 1er avril 1876, V, 479.

5 Sans doute l'Anecdote sur Bélisaire .

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22/09/2022 | Lien permanent

Vous voulez toujours avoir raison, et moi aussi : c'est ainsi qu'on est fait

... Dit en substance notre cher président de la république française lors de sa dernière (en date) interview . Grand bien lui fasse, mais peut-on encore lui accorder le bénéfice du doute ? Si tant est que le doute en politique soit une qualité .

religions toujours raison.jpg

 Avoir raison, ou presque !

 

 

 

« A M. le baron Albrecht von HALLER

bailli de Roche

par Vevey

à Roche, pays de Vaud.

En bon Genevois, il faut, monsieur, solder mon compte avec vous . Vous avez donné copie de mes lettres et des vôtres ; cela n'est pas dans la règle des procédés ; mais je vous le pardonne parce que j'estime d'ailleurs tout ce que vous avez publié dans le monde .
Vous voulez toujours avoir raison, et moi aussi : c'est ainsi qu'on est fait ; mais comme je sais mieux que vous ce qui se passe dans mon âme, et (c'est la seule chose que je sais mieux que vous), je vous proteste, je vous jure, que je n'ai pas été un instant altéré de toutes ces misères de prêtraille et de typographie dont il a été question . Je suis venu à bout de ce que je voulais : c'est à ceux qui se sont attiré cette mortification à être aussi sages qu'ils sont ennuyeux.

Ne soyez point étonné que Grasset ait eu une médaille de ce bon pape Benoit . Il lui a fait accroire qu'il imprimerait à Lausanne les énormes et inlisibles volumes de Sa Sainteté . Le père de Menoux, jésuite, lui avait bien fait accroire qu'il le traduisait ; et il en a eu un bon bénéfice de deux mille livres de rente ; Grasset peut fort bien être pendu avec sa médaille à son cou ; je ne le souhaite pourtant pas . A l'égard de Servet, je vous estime assez pur croire que vous trouvez sa mort une cruauté de cannibale . Vous êtes physicien, et vous devez respecter celui qui a découvert le premier la circulation du sang ; ce n'est pas assez d'être physicien, je vous crois philosophe ; et j'imagine que je le suis en étant parfaitement libre, et m'étant rendu aussi heureux qu'on puisse l'être sur la terre . Il ne manque à mon bonheur que de pouvoir vous rencontrer et vous témoigner mes sentiments .

A l'égard d'une lettre anonyme très impertinente , vous m'apprenez qu'il y a eu dans le monde un sot nommé Atman et que cet Atman l'a écrite ; dieu veuille avoir son âme 1.

Un autre polisson de prêtre m'écrivit une autre lettre anonyme quand j’eus fait présent de huit louis d'or et d'un cheval à un officier suisse 2 de Lausanne pour l'aider à faire sa campagne ; il me mande que je devais donner beaucoup plus . J'ai reçu plus d'une lettre dans ce goût .

Il résulte de tout cela, monsieur, qu'il y a d'étranges gens et que peu ont l'esprit aussi bien fait que vous . J'aurais eu beaucoup plus de plaisir à vous entretenir de physique, et à m'instruire avec vous, qu'à vous parler de toutes ces pauvretés. Vous devez les mépriser autant que je les dédaigne. Je vous souhaite autant de plaisir dans votre terre de Roche que j'en ai dans les miennes, et me flatte qu'un homme qui a autant d'estime pour vous que j'en ai doit avoir quelque part à vos bontés, le tout sans cérémonie, votre très humble et très obéissant serviteur

V.

Tournay 24 mars [1759] »

1 Cette lettre est une réponse à celle du 16 mars 1759 de Haller . « […] Pour ma part à cette guerre littéraire vous m'avez déjà cru une fois, monsieur,l'auteur d'une lettre de feu M. Altmann, car elle était de lui, comme il me l'a avoué depuis vos plaintes, il ne paraît pas qu'un homme puisse m'estimer s’il me croit capable d’écrire des libelles . Mais je suis tranquille la-dessus . J'ai sans doute écrit des choses faibles, mais je n'ai pas à me reprocher des ouvrages qu'il me convient de désavouer. »

2 Crousaz ; voir lettre du 13 mars 1759 à Haller : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/04/23/j...

 

 

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08/05/2014 | Lien permanent

Cela est plaisant . Ces personnes en place sont des faiseurs de brochures qui dans leurs greniers avaient proposé de nou

... On les trouve face à Michel Barnier, dans le meilleur des cas, et dans son dos pour le descendre pour les plus détestables : https://www.lesechos.fr/

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy , Conseiller

au Parlement

rue d'Anjou au Marais

à Paris

15è mars 1769

Mon cher conseiller, les notaires et les procureurs diront tout ce qu’ils voudront, mais , nemo dat quod non habet 1 . Je n'ai qu'un seul exemplaire in-4° dont on m'a fait présent . Voilà tout ce que mon greffe me produit dans mon métier, quoiqu’on ait imprimé que j'avais gagné quatre cent mille francs à faire de mauvais livres . Cramer de Genève et Panckoucke de Paris se sont avisés de faire cette édition in-4° sans me consulter . Ils y ont mis des choses qui ne devaient pas y être ; je n'en ai jamais vu une seule feuille. Cela est extraordinaire mais cela est vrai 2. Il faut apparemment que je sois condamné puisqu'on a confisqué mon bien .

J'ai donné la jouissance du château de Tournay à Cramer par pure bénévolence, et pour être plus à portée d'avoir quelquefois des nouvelles de ce qu'il imprime . Il n'est pas venu chez moi quatre fois dans l’année . Il a vendu toute son édition à Panckoucke, que je ne connais point ; et d'ailleurs il n'y en a encore que la moitié d'imprimée 3.

Je vous supplie de vouloir bien envoyer le petit billet de Cramer que vous avez à un pauvre diable nommé Merlin, libraire qui ne sait pas lire, et qui demeure rue de la Harpe à l’enseigne Saint Joseph, il en fera usage pour d'autres pauvres diables qui aiment les livres, et qui n'ont pas le moyen de les acheter .

Vous souvenez-vous d'une certaine qualification des Quarante écus, comme contraire ua respect dû aux personnes en place ? Cela est plaisant . Ces personnes en place sont des faiseurs de brochures qui dans leurs greniers avaient proposé de nouveaux systèmes de finances. C'est de ces gredins qu'on se moquait dans L'Homme aux quarante écus . On les y appelle par dérision les anciens ministres, l’ancien gouvernement . Les gens qui trouvèrent ce livre entre les mains du nommé Josserand, en voyant ces mots : gouvernement, ministres, contrôleurs généraux, s'imaginèrent que c'était en effet du contrôleur général et des ministres réels qu'on parlait . De pareille méprises ne sont pas rares . Le défaut le plus ordinaire de la plupart des hommes est de n'avoir pas le sens commun , témoin la manière dont les choses vont quelquefois . Si vous aviez pu voir comme moi le temps du système de Law 4, vous auriez été bien ébaubi .

Adieu, mon cher petit-neveu, ayez toujours un peu d’amitié pour votre très vieux grand-oncle . J'embrasse tendrement toute la famille .

V. »

1 Personne ne donne ce qu'il ne possède pas . Cet aphorisme a été corrigé ici, donné par Besterman sous la forme : Ne modat quod non habet.

2 Bien entendu ceci n'est pas à prendre au pied de la lettre . Il est seulement vrai que pour ce qui touchait au contenu de chaque volume de l'édition quarto Cramer ne consultait guère V*, mais il lui donnait néanmoins les feuilles à corriger .

3 A cette date, les douze premiers volumes allaient paraître . Le treizième, contenant les contes, devait suivre avant la fin de l'année et la collection atteindre trente volumes en 1777 .

4 Écrit Lass dans la manuscrit autographe .

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19/09/2024 | Lien permanent

Je me mets à présent au régime du repos; mais j'ai peur qu'il ne me vaille rien, et que je ne sois obligé d'y renoncer.

... Et zou ! un premier mai fêtant les "vrais travailleurs" .

Comme quoi le régime du repos n'est pas près d'être récompensé .

Comment un cerveau soi-disant brillant peut il sortir des boeufferies pareilles ? Je m'attends sans émotion et sans étonnement à revoir le mot d'ordre des antiques romains "du pain et des jeux! " . Si celà est, je vois très bien qui je mettrai au milieu du cirque pour se faire boulotter par la "France d'en bas" , - quoiqu'ils soient particulièrement toxiques .

Si ça veut rire, comme on dit, ça va être ta fête Nico, et n'oublie pas de faire la bise aux forts des halles quand ils t'apporteront le muguet !

Allons, vite une mise à jour , sans rien débrancher !

mise à jour ne pas déconnecter.jpg

 

 

« A madame de FONTAINE.

A Monrion, 16 décembre [1755].

Il faut que je dicte une lettre pour vous, ma chère nièce, en arrivant dans notre solitude de Monrion. Je ne vous ai point écrit depuis longtemps, mais je ne vous ai jamais oubliée. Tantôt malade, tantôt profondément occupé de bagatelles, j'ai été trop paresseux d'écrire. Si je vous avais écrit autant que j'ai parlé de vous, vous auriez eu de mes lettres tous les jours.
Je vais faire chercher les meilleurs pastels de Lausanne; vous en faites un si bel usage que j'irais vous en déterrer au bout du monde. Toutes nos petites Délices sont ornées de vos œuvres. Vous êtes déjà admirée à Genève, et vous l'emportez sur Liotard 1. Remerciez la nature, qui donne tout, de vous avoir donné le goût et le talent de faire des choses si agréables.
C'est assurément un grand bonheur de s'être procuré pour toute sa vie un amusement qui satisfait à la fois l'amour-propre et le goût, et qui fait qu'on vit souvent avec soi-même, sans être obligé d'aller chercher à perdre son temps en assez mauvaise compagnie, comme font la plupart de tous les hommes, et même de vous autres dames. L'ennui et l'insipidité sont un poison froid contre lequel bien peu de gens trouvent un antidote. Votre sœur et moi nous cherchons aussi à peindre. On me reproche un peu de nudités dans notre pauvre Jeanne d'Arc; on dit que les éditeurs l'ont étrangement défigurée. J'ai tiré mon épingle du jeu du mieux que j'ai pu, et, grâce à vos bontés, nous avons évité le grand scandale.
Je me mets à présent au régime du repos; mais j'ai peur qu'il ne me vaille rien, et que je ne sois obligé d'y renoncer.
Mme Denis se donne actuellement le tourment d'arranger notre retraite de Monrion. Nous avons eu aujourd'hui presque tout Lausanne. Je me flatte que les autres jours seront un peu plus à moi, je ne suis pas venu ici pour chercher du monde. La seule compagnie que je désire ici, c'est la vôtre. Peut-être que le docteur Tronchin ne sera pas inutile à votre santé , vous êtes dans l'âge où les estomacs se raccommodent, et moi dans celui où l'on ne raccommode rien. Sans doute vous trouverez bien le moyen d'amener votre enfant 2 avec vous. Si ma pauvre santé me permettait de lui servir de précepteur, je prendrais de bon cœur cet emploi; mais la meilleure éducation qu'il puisse avoir, c'est d'être auprès de vous.
Ma chère nièce, mille compliments à tout ce que vous aimez. »


 

 

 

 

 

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25/04/2012 | Lien permanent

Je corromps toute la jeunesse de la pédante ville de Genève . Je créée les plaisirs . Les prédicants enragent . Je les é

... De nos jours les moyens de corruption voltairiens seraient bien innocents .

Genève est toujours pédante, sa jeunesse suffisamment dissolue, et ses prêtres et pasteurs et popes et imams et gourous de tout poil aussi superflus  que possible à l'image de leurs ouailles moutonnières .

Ecr l'inf .

 

Mis en ligne le 19/11/2020 pour le 27/9/2015

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental Envoyé de

Parme, rue de la Sourdière

à Paris

et

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental 1

Je vous ai écrit des volumes ô mes anges, tout en jouant Alzire, Mahomet et L'Orphelin . Ah l'étonnante actrice 2 que nous avons trouvée ! Quelle Palmire ! Vingt ans ! Beauté, grâce , ingénuité et des larmes véritables , et des sanglots qui partent du cœur ! Pauvres Parisiens je vous plains ! Vous n'avez que des Hus .

Mme de Pompadour n'est point poule mouillée ni moi non plus . Avez-vous reçu Pierre le Grand, ô anges? Cramer s'en est chargé . Venons à l'essentiel .

Acte second

Aménaïde

Où portais-je mes pas , d'où vient que je frissonne ?

Moi des remords ! Qui ! Moi !.. Le crime seul les donne .

Ma cause est juste … ô cieux 3 protégez mes desseins.

Allons – rassurons-nous –

à Fanie qui avance

Suis-je en tout obéie ?

Aux soldats

Qu'on me rende 4 à la mort où vous m'alliez conduire 5.

Et puis le monologue :

J'ai dicté mon arrêt, je me suis condamnée 6.

etc .

Ce monologue a fait pleurer, mais moi j'ai fait pleurer aussi en disant :

Mais elle était ma fille – et voilà son époux 7.

Il faut que Brizard ait un glaçon dans l'âme . Encore une fois mes divins anges, ôtez-moi cet abominable car tu m'as déjà dit 8. Ôtez-moi ce séjour adoré où habite Aménaïde 9, propos de ruelle sur lequel Aldamon prend son texte pour faire conversation . Cela est intolérable . Vous me tuez quand j'y pense . Laissez ce troisième comme il était … et ce vers qui fait frémir :

Rien n'est changé – je suis encore sous le couteau.

Tremblez moins pour ma gloire 10.

Je vous conjure mes anges protecteurs, de faire apprendre à Catane son récit . Je vous demande – Arrêtez : vous n'êtes point mon père .

Prenez à cœur le long mémoire, les changements que je vous ai envoyés par M. de Courteilles, que je jouisse au moins en idée de deux représentations qui me satisfassent . Les cœurs sont-ils donc faits autrement à Paris que chez moi ? M. le duc de Villars ne s'y connait-il point ? ma nièce est-elle sans goût ? suis-je un chien? que coûte-t-il d'essayer ce qui fait chez nous le plus grand effet ?

Est-il vrai que les décorations ne sont pas belles ? qu'il n'y a pas assez d'assistants au 3 et au 5 ? que Granval néglige trop son rôle parce qu'il n'est pas le premier, que Lekain ne prononce pas, que Mlle Clairon a joué faux quelques endroits ? À qui croire ? La calomnie y règne 11.

Mme de Fontaine a fait une belle action 12. J'aurai bientôt un grand secret à vous confier 13 – nous venons de répéter Fanime – plus de larmes qu'à Tancrède – un Tamire admirable … Je corromps toute la jeunesse de la pédante ville de Genève 14. Je créée les plaisirs . Les prédicants enragent . Je les écrase – ainsi soit de tous les prêtres insolents .

Et de tous cagots .

Ô anges, à l'ombre de vos ailes

V.

27 septembre [1760]

J'apprends qu'on a imprimé la lettre au roi Stanislas – bon . Tant mieux . »

 

1 L'édition de Kehl omet le passage concernant les corrections depuis Avez-vous reçu Pierre le grand jusqu'à – Arrêtez : vous n'êtes point mon père .

2 Lucrèce Angélique (de Normandie) Rilliet ; elle épousa le marquis de Florian après la mort de sa femme, Ex Mme de Fontaine, nièce de V*.

3 V* a d'abord écrit puis rayé ciel approuve .

4 V* a d'abord écrit puis rayé même .

5 Tancrède, II, 1, premiers vers .

6 Ibid sc 7 .

7 Ibid sc 3.

9 Ibid sc 7

11Tancrède, III, 3 .

13 Clogenson suggère que ce « grand secret » serait une révision d'Oreste . Ce serait un grand mot pour une petite chose, car rien n'était plus commun de la part de V* que de remanier ses pièces .

14 Voir la fin de la lettre de J.-J. Rousseau du 17 juin 1760 citée dans la lettre du 23 juin 1760 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/28/je-voudrais-que-vous-ecrasassiez-l-infame-c-est-la-le-grand-5647116.html

 

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27/09/2015 | Lien permanent

Qui ? Moi, n'en pas passer par ce que vous daigneriez ordonner !

... Dit en rougissant Manuel Valls à son patron-président-sur-siège-éjectable .

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« A Jean-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney, 25 novembre 1761

Monsieur,

Qui ? Moi, n'en pas passer par ce que vous daigneriez ordonner ! Ah ! mon blanc-seing est ma réponse . Je suis confus et reconnaissant, mais je ne suis point étonné . Je ne le suis, monsieur , que des procédés de M. De Brosses dont je n'avais vu d'exemple ni dans les terres australes, ni chez les fétiches . Tout cela me paraissait anti-président et anti-littéraire . M. Fargès ou Fargesse , le maître des requêtes, qui est à peu près son oncle 1 et qui a passé chez moi, a paru émerveillé de cette affaire, et a bien promis d'interposer son autorité d’oncle, attendu qu'il est d'une ligne plus haut que son neveu . Mais, monsieur, je compte encore plus sur l'autorité de votre raison et de votre vertu .

Que M. De Brosses me permette de me laisser vivre et mourir gaiement, c'est tout ce que je lui demande . Il m'a fait cent reproches . Il s'est brouillé avec le conseil, pour un demi-arpent dont la justice appartient évidemment au roi, et qu'il a voulu avoir à mes dépens . Ce n'est pas de cette façon qu'il sera premier président de Besançon . Enfin qu'il oublie toutes ces misères, indignes de sa place . Il m'a vendu cher ses coquilles 2. C'est bien assez . Il a mon argent et je lui demande son amitié pour le vin du marché .

J'ai bien peur après l’œuvre des six jours de dire aussi poenituit fecise 3. Mais si j'avais votre suffrage, je ne me repentirais assurément pas .

Je suis avec un profond respect et une vive reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Il était son cousin, car sa tante Marie-Charlotte de Fargès était la mère de Mme De Brosses, née François Castel de Saint-Pierre-Crèvecoeur . François de Fargès écrivait la veille à Mme Denis : « Ma négociation a été fort difficile, madame ; j'ai trouvé M. De Brosses et toute sa famille très ulcérés de la lettre que M. de Voltaire lui a écrite et surtout de la publicité qu'il y a mise ; car M. de Brosses est instruit que monsieur votre oncle en a envoyé des copies […] il consent qu'il ne soit plus question des moules de bois qui font l'objet de la contestation ; il en tiendra compte à l'homme dont M. de Voltaire les a pris, pourvu que M. de Voltaire veuille bien vous promettre d'en distribuer la valeur dans le courant de l'hiver aux pauvres de la paroisse de Tournay […] A l'égard du procès-verbal concernant les dégradations dont M. de Brosses se plaint, il l'a fait plutôt pour en empêcher de nouvelles, que dans le dessein de faire aucune poursuite, moins encore dans le projet odieux de vous ruiner un jour ; et le propos que l'on fait tenir à cet égard est une imposture . Il veut bien encore […] promettre de ne faire aucune poursuite en conséquence de ce procès-verbal, sous la condition expresse, et sans laquelle sa promesse sera rétractée, qu'il n'en sera plus fait à l'avenir, que M. de Voltaire laissera exactement le nombre d'arbres, par poses prescrit dans le contrat sans rien intervertir à cet égard [...] [qu']il tiendra en défense des bestiaux les coupes nouvelles, pour ne pas empêcher les bois de revenir ; qu'il fera recéper et mettre en bonne revenue ce qui pourrait avoir été brouté par les bestiaux dans l’intervalle de sa jouissance [...]Enfin , madame, qu'il ne soit plus question du passé, et qu'à l'avenir, l'entière exécution des actes assure et maintienne la bonne intelligence que M. De Brosses désire, qu'il ne rompra jamais par sa faute […]. »

2 Formule faisant allusion à l'expression proverbiale A qui vendez-vous vos coquilles ? A ceux qui viennent de St Michel ? laquelle se dit à ceux qui offrent des choses dont on n'a que faire ; elle joue en même temps sur le fait que De Brosses a écrit un livre sur les coquillages fossilisés .

 

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30/11/2016 | Lien permanent

L’histoire et la bibliographie sont son fait ; mais on risque avec cela de mourir de faim, si on n’a pas quelque chose d

... Ce ne sont pas les professeurs qui sont en ordre de marche actuellement qui diront le contraire, hélas !

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

À Ferney, ce 16 mars 1767

Votre lettre du 2 de mars, monseigneur, m’étonne et m’afflige infiniment. Mon attachement pour vous, mon respect pour votre maison, et toutes les bienséances réunies, ne me permirent pas de vous envoyer une pièce de théâtre le jour que j’apprenais la mort de Mme la duchesse de Fronsac. Je vous écrivis 1, et je vous demandai vos ordres. Voici la pièce que je vous envoie. Il se sera passé un temps assez considérable pour que votre affliction vous laisse la liberté de gratifier votre troupe de cette nouveauté, et que vous puissiez même l’honorer de votre présence.

M. de Thibouville va faire jouer à Paris Les Scythes ; c’est une obligation que je lui ai, car c’est une peine très grande, et souvent désagréable, que de conduire des acteurs.

J’ai chez moi actuellement M. de La Harpe et sa femme. Vous n’ignorez pas que M. de La Harpe est un homme de très grand mérite, qui vient de remporter deux prix à notre Académie, par deux ouvrages excellents 2. Il récite les vers comme il les fait . C’est le meilleur acteur qu’il y ait aujourd’hui en France. Il est un peu petit, mais sa femme est grande. Elle joue comme Mlle Clairon, à cela près qu’elle est beaucoup plus attendrissante. Je souhaite que la pièce soit jouée à Paris et à Bordeaux comme elle l’est à Ferney.

La petite Durancy est mon élève. Elle vint, il y a dix ans, à Genève ; c’était un enfant. Je lui promis de lui donner un rôle, si jamais elle entrait à Paris à la Comédie ; elle me fit même, par plaisanterie, signer cet engagement ; il est devenu sérieux, et il a fallu le remplir. Je lui ai donné le rôle d’Obéide. Je ne connais point Mlle Dubois ; je ne savais pas même quelle sorte d’emploi elle avait à la Comédie. Vous savez qu’il y a près de vingt ans que les Fréron me chassèrent de Paris, où je ne retournerai jamais. Vous savez aussi que les pièces de théâtre font mon amusement ; j’en fais présent aux comédiens, et je ne dois attendre d’eux que des remerciements, et non des tracasseries. C’était même pour arrêter toutes les querelles de ce tripot que j’avais fait imprimer la pièce, que je ne comptais pas livrer au théâtre, ainsi que je le dis dans la préface. Enfin la voici avec tous les changements que j’ai faits depuis, et avec les directions, en marge, pour l’intelligence de la pièce, et pour gouverner le jeu des acteurs. Je ne sais si vous serez en état de vous en amuser, mais vous le serez toujours de la protéger. Ces petites fêtes font l’agrément de ma vieillesse. Je vous envoie la pièce dans un autre paquet, et j’annonce sur l’enveloppe le titre du livre afin qu’il puisse servir de passeport.

Je me doutais bien que Galien 3, qui, dans ma tragédie, joue le rôle d’un jeune Scythe, ne jouerait pas dans votre réponse celui d’un futur inspecteur des toiles . Mais vous êtes assez puissant pour lui procurer autre chose. L’histoire et la bibliographie sont son fait ; mais on risque avec cela de mourir de faim, si on n’a pas quelque chose d’ailleurs. Il attend tout de vos bontés. Il travaille toujours beaucoup, et il a déjà plusieurs portefeuilles remplis de bons matériaux sur le Dauphiné, où il voudrait bien aller faire un tour pour voir ses parents près Grenoble, qui n’est pas loin d’ici.

Comme il se connaît en livres rares, il en a acheté un petit nombre de ce genre, et que vous n’avez pas. Il veut vous les offrir ; mais comme ce sont de ces livres sur lesquels on n’entend pas raillerie en France, je ne suis point du tout d’avis qu’il vous les envoie . Il y aurait du danger, et les conséquences en pourraient être fâcheuses . Il vaut mieux qu’il les garde jusqu’à ce que vous m’ayez fait connaître vos ordres sur ces deux derniers articles.

Agréez, monsieur, les sentiments inaltérables du respect et de l’attachement que je conserverai pour vous jusqu’au dernier moment de ma vie.

V. »

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31/08/2022 | Lien permanent

il est évident que le roi ne veut que ce qui est juste et raisonnable ; il veut payer les dettes de l’État, et soulager

... Si Louis XV ne fut alors ni compris ni soutenu, il serait diablement extraordinaire que notre président réussisse à ramener à la raison notre peuple de râleurs chroniques, rois , eux, du y'a qu'à et du faut qu'on .

Quant aux lycéens-collégiens à genoux, mains sur la tête, il est bien dommage que ça ne soit pas plus souvent qu'on les voie calmés ainsi . Je n'ai aucune sympathie pour ces voyous habitués à tricher et détruire .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11è décembre 1763 1

Vous devez à présent, mon cher frère, avoir reçu quelques Tolérance. Il est vrai qu’elles ont été bien reçues des personnes principales 2 à qui les premiers exemplaires ont été adressés, dans le temps que M. Turrettin était chargé de votre paquet. Je crois même vous l’avoir déjà dit ; mais il faudra bien du temps pour que ce grain lève et ne soit pas étouffé par l’ivraie.

Vous savez sans doute que le livre attribué à Saint-Evremond est de Du Marsais, l’un des meilleurs encyclopédistes 3. Il est bien à désirer qu’on en fasse une édition nouvelle plus correcte. Je n’aime point le titre : Par permission de Jean, etc. L’ouvrage est sérieux et sage ; il ne lui faut pas un titre comique.

Je vous supplie de vouloir bien m’envoyer encore un exemplaire, car j’ai marginé tout le mien, suivant ma louable coutume.

Un libraire de Rouen, nommé Besogne, m’a bien la mine d’avoir imprimé cet ouvrage . Si on le lui renvoyait corrigé, il pourrait en faire une édition plus supportable.

Je reçois exactement ce qu’on m’envoie de Paris ; mais je crois m’apercevoir que le timbre de Genève n’est pas toujours respecté chez vous. Les livres vous arrivent très difficilement par la poste, à moins qu’ils ne parviennent sous l’adresse des ministres ; et c’est une liberté qu’on ne peut prendre que très rarement.

Vous avez dû recevoir, mon cher frère, un petit paquet pour amuser frère Thieriot.

Vous ai-je mandé que j’avais été fort content de Warwick 4, et que je conçois de grandes espérances de son auteur ?

Ne pourriez-vous pas, mon cher frère, charger Merlin de me faire avoir le Droit ecclésiastique 5, composé par M. du Boucher d’Argis ? On dit que c’est un fort bon livre, et qu’il y a beaucoup à profiter.

La nouvelle déclaration 6 du roi, que vous avez eu la bonté de m’envoyer, doit faire renaître la confiance, et rendre le roi et le ministère plus chers à la nation : il est évident que le roi ne veut que ce qui est juste et raisonnable ; il veut payer les dettes de l’État, et soulager le peuple. J’ose espérer que cette déclaration donnera du crédit aux effets publics.

Mon cher frère, recevez mes tendres embrassements, et embrassez pour moi les frères. Ecr. l’inf. »

1 L'édition Correspondance littéraire donne une version incomplète et sans nom de destinataire .

2 Praslin, Choiseul, Mme de Pompadour .

3 Il ne s'agit pas ici de l'Examen de la religion (voir lettre du 6 décembre 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/30/quand-on-peut-servir-son-prochain-sans-risque-on-est-coupable-devant-dieu-d.html ) , mais de La Vraie religion traduite de l’Écriture sainte, 1761 . Cet ouvrage est aussi de La Serre, mais la page de titre l'attribue à Gilbert Burnet, « par permission de Jean, Luc, Marc et Matthieu » . Au début du texte, on suggère aussi une autre attribution à Saint-Evremond , et V* a écrit en marge de ce passage, dans son exemplaire : « Jamais il est de Dumarsais. » De même en face du faux-titre, on lit : « Ce livre n'est et ne peut être de Saint-Evremond, il est très mal écrit, et aussi mal fait que scandaleux . »

Voir : https://data.bnf.fr/atelier/11910323/de_la_serre/

On observe la contradiction entre cette appréciation et celle qu'on lit dans la lettre à Damilaville : ce qui peut faire douter certains de la sincérité d'autres marginalia de V* .

5 L’Institution du droit ecclésiastique de France, de Claude Fleury, paru d'abord à Paris en 1677 sous le pseudonyme de Charles Bonel ; plus tard l'ouvrage paru sous le vrai nom de l'auteur sous la forme d'une Nouvelle édition revue […] par M. Antoine-Gaspard Bouchet d'Argis, 1762-1763. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57537d.image et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57538r.image

Et voir : https://data.bnf.fr/12247338/antoine-gaspard_boucher_d_argis/

6 Déclaration du 21 novembre 1763, enregistrée le 1er décembre, dans laquelle le roi annonçait une réforme des finances du royaume .

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08/12/2018 | Lien permanent

en fait d’ouvrages de goût, il ne faut jamais répondre ; en fait d’histoire, il faut répondre toujours, j’entends sur le

... A appliquer sans réserve . Ça fait gagner du temps .

 

 

 

« A Charles-Jean-François Hénault

 31è octobre 1768 à Ferney

Ah ! nous voilà d’accord, mon cher et illustre confrère. Oui, sans doute, j’y mettrai mon nom 1, quoique je ne l’aie jamais mis à aucun de mes ouvrages. Mon amour-propre se réserve pour les grandes occasions, et je n’en sais point de plus honorable que celle de défendre la vérité et votre gloire.

J’avais déjà prié M. Marin 2 de vous engager à prêter les armes d’Achille à votre Patrocle, qui espère ne pas trouver d’Hector. Je lui ai même envoyé en dernier lieu une liste des faits qu’on ne peut guère vérifier que dans la bibliothèque du roi, me flattant que M. l’abbé Boudot voudrait bien se donner cette peine. Je vous envoie un double de cette liste ; elle consiste en dix articles principaux qui méritent des éclaircissements 3.

Vous jugerez par ces articles mêmes que le critique a de profondes et de singulières connaissances de notre histoire, quoiqu’il se trompe en bien des endroits.

Il serait convenable que vous lussiez cet ouvrage ; vous seriez bien plus à portée alors de m’éclairer. Vous verriez combien le style, quoique inégal, peut faire d’illusion. Je sais qu’on a envoyé à Paris six cents exemplaires de la première édition, et que le débit n’en a pas été permis ; mais l’ouvrage est répandu dans les provinces et dans les pays étrangers ; il est surtout vanté par les protestants ; et, comme l’auteur semble vouloir défendre la mémoire d’Henri IV, il devient par là cher aux lecteurs qui n’approfondissent rien.

Vous voyez évidemment, par toutes ces raisons, qu’il est absolument nécessaire de le réfuter.

M. Marin a entre les mains une carte sur laquelle l’imprimeur m’a écrit que l’ouvrage est de M. le marquis de Bélestat ; mais je suis persuadé que ce libraire m’a trompé, et que l’auteur a joint à toutes ses hardiesses celle de mettre ses critiques sous un nom qui s’attire de la considération.

M. le marquis de Belestat est un jeune homme 4 de mérite qui m’a fait l’honneur de m’écrire quelquefois. Le style de ses lettres est absolument différent de celui de la critique qu’on lui impute ; mais on peut avoir un style épistolaire naturel et faible, et un style plus fort et plus recherché pour un ouvrage destiné au public.

Quoi qu’il en soit, je lui ai écrit en dernier lieu 5 pour l’avertir qu’on lui attribue cette pièce ; je n’en ai point eu de réponse 6. Peut-être n’est-il plus à Montpellier, d’où il avait daté les dernières lettres que j’ai reçues de lui.

Vous voilà bien au fait, mon cher et illustre confrère ; vous jugerez si j’ai cette affaire à cœur, si votre gloire m’est chère, si un attachement de quarante années peut se démentir. Je vous répéterai ici mon ancienne maxime : en fait d’ouvrages de goût, il ne faut jamais répondre ; en fait d’histoire, il faut répondre toujours, j’entends sur les choses qui en valent la peine, et principalement celles qui intéressent la nation.

Si vous m’envoyez les instructions qui me sont nécessaires, je vous prie de me les adresser par M. Marin, qui me les fera tenir contresignées.

Il ne me reste qu’à vous embrasser avec la tendresse la plus vive, et à vous souhaiter une vie longue et heureuse, que vous méritez si bien. Tant que la mienne durera, vous n’aurez point de serviteur qui vous soit plus inviolablement attaché. »

1 Dans sa lettre du 17 octobre 1768 Voltaire parlait de publier une défense de Hénault contre l’Examen de la nouvelle Histoire de Henri IV. Mais il fit seulement quelques notes ; voir Le Siècle de Louis XIV , page 532 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/542

Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/30/certainement-je-ne-prendrai-pas-la-liberte-de-combattre-pour-6496324.html

2 La dernière lettre à Marin est du 19 août : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/10/n... . Il faut qu’il en ait une de perdue. (Beuchot.)

3 L'édition de Kehl donne cette liste que voici :

« 1° Voir dans l’Avis aux bons Catholiques, imprimé à Toulouse, et qui est à la Bibliothèque du roi parmi les recueils de la Ligue, si. dans cet écrit, la validité du mariage de Jeanne d’Albret avec Antoine de Bourbon est contestée : et s’il est vrai que le pape Grégoire XIII signifia qu’il ne regardait pas ce mariage comme légitime. Cette dernière partie de l’anecdote me paraît entièrement fausse.

« 2° Voir si, dans le contrat de mariage de Marguerite de Valois et du prince de Béarn, Jeanne d’Albret prit la qualité de majesté fidélissime.

« 3° Consulter les manuscrits concernant les premiers états de Blois ; et voir si les députés furent chargés d’une instruction portant que les cours de parlement sont les états généraux au petit pied.

« 4° Savoir si Marguerite de Valois eut en dot les sénéchaussées du Quercy et de l’Agénois, avec le pouvoir de nommer aux évêchés et aux abbayes.

« 5° Savoir s’il est vrai que la sentence rendue par le juge de Saint-Jean-d’Angely porte que la princesse de Condé sera appliquée a la question.

« 6° Savoir si, par l’édit de mars 1552 et l’édit de décembre 1563, la nouvelle religion est véritablement autorisée, et si elle y est appelée religion prétendue réformée ;

« 7° S’il est vrai que Jeanne d’Albret se soit opposée longtemps au mariage du prince de Béarn son fils, depuis Henri IV, avec Marguerite ;

« 8° S’il est vrai qu’en dernier lieu on ait retrouvé, au greffe du parlement de Rouen, un édit de Henri IV, de janvier 1595, qui chassait tous les jésuites du royaume. Il est sûr que Henri IV assura le pape qu’il ne donnerait point cet édit. De Thou dit que cet édit ne fut point accordé ; ce fait est très-important.

« 9° Savoir s’il est vrai que le roi Charles VI ne fut déclaré majeur qu’à l’âge de vingt-deux ans ; il fut pourtant sacré en 1380, âgé de treize ans et quelques jours, et le sacre faisait cesser la régence.

« 10° N’est-il pas vrai qu’avant l’édit de Charles V les rois étaient majeurs à vingt et un ans, et non à vingt-deux ?

(Note de Voltaire.)

4  Né en 1725 il a à l'époque quarante trois ans .

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10/05/2024 | Lien permanent

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