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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Il faut connaître ses gens avant de leur prodiguer des louanges

... Mais est-ce parce que je connais mal nos hommes politiques que je ne suis pas enclin à leur prodiguer mes louanges ? ou est-ce parce que j'en sais déjà trop que je les critique ?

- Les deux, mon général !

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« A Etienne-Noël Damilaville

A Ferney, le 22 avril 1761 1

Je suis le partisan de M . Diderot parce qu'à ses profondes connaissances il joint le mérite de ne vouloir point jouer le philosophe, et qu'il l'a toujours été assez pour ne pas sacrifier à d'infâmes préjugés qui déshonorent la raison . Mais qu'un Jean-Jacques, un valet de Diogène, crie du fond de son tonneau contre la comédie, après avoir fait des comédies (et même détestables ) ; que ce polisson ait l'insolence de m'écrire que je corromps les mœurs de sa patrie ; qu'il se donne l'air d'aimer sa patrie (qui se moque de lui ) ; qu'enfin après avoir trois fois changé de religion, ce misérable fasse une brigue avec des prêtres sociniens de la ville de Genève, pour empêcher le peu de Genevois qui ont des talents, de venir les exercer dans ma maison (laquelle n'est pas dans le petit territoire de Genève ) ; tous ces traits rassemblés forment le portrait du fou le plus méprisable que j'aie jamais connu . M. le marquis de Ximènes a daigné s’abaisser jusqu'à couvrir de ridicule son ennuyeux et impertinent roman 2; ce roman est un libelle fort plat contre la nation qui donne à l'auteur de quoi vivre ; et ceux qui ont traité les quatre jolies lettres de M. de Ximenès de libelle, ont extravagué . Un homme de condition est au moins en droit de réprimer l'insolence d'un J.-J. qui imprime qu'il y a vingt à parier contre un que tout gentilhomme descend d'un fripon .

Voilà mon cher monsieur, ce que je pense hautement, et que je vous prie de dire à M. Diderot . Il ne doit pas être à se repentir d'avoir apostrophé ce pauvre homme, et de s'être écrié : ô Rousseau ! dans un dictionnaire 3. Il se trouve à la fin de compte que ô Rousseau ne signifie que ô insensé ! Il faut connaître ses gens avant de leur prodiguer des louanges . J'écris tout ceci pour vous . »

1 La copie Beaumarchais et les suivantes éditions, amalgament des passages de cette lettre et de celles du 8 mai 1761, du 9 mai à Damilaville et du 26 juin 1761 à d'Argental pour en faire une lettre datée du « 8 mai » 1761 .

2 Julie ou La nouvelle Héloïse .

3 A l'article « Encyclopédie » de l'Encyclopédie, Diderot avait écrit : « L 'éloge d'un honnête homme est la plus digne et la plus douce récompense d'un autre honnête homme : après l'éloge de sa conscience, le plus flatteur est celui d'un homme de bien . Ô Rousseau, mon cher et digne ami, je n'ai jamais eu la force de me refuser à ta louange : j'en ai senti croître mon goût pour la vérité, et mon amour pour la vertu . »

 

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31/03/2016 | Lien permanent

la jouissance de tous les droits qui appartiennent à des citoyens

... Sauf le droit de vote qui devient payant dans la patrie de notre bonne République ( aux seins généreux , dixit Vals) ! Bravo aux primates des primaires qui nous prennent pour des tirelires . Contravention à la liberté du vote, contravention à l'accès au vote, qui dit mieux ?

 Rappel : Article 21 de la déclaration universelle des Droits de l'Homme :

§3. La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote.

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« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

Ferney 21 septembre [1761] 1

J'ai l'honneur d'envoyer à mademoiselle Clairon un petit avant-goût du commentaire que je fais sur les pièces du grand Corneille . La note ci-jointe est sur les dernières lignes de la préface de Théodore 2. Elle passera, s'il lui plait, les citations latines du confesseur du pape Clément XII . Je crois qu'elle pourrait lire cette note à l'assemblée, qu'on pourrait même la déposer dans les archives et en donner une copie à MM. les premiers gentilshommes de la chambre . Je crois qu'il serait très aisé d'obtenir de Sa Majesté une déclaration qui confirmerai celle [de] 1641 3, et qui maintiendrait ses comédiens dans la jouissance de tous les droits qui appartiennent à des citoyens . Ce mot entière disait tout sans entrer dans aucun détail, et on en ferait usage dans l'occasion .

J'ai reçu une lettre de M. Huerne . Je supplie mademoiselle Clairon de vouloir bien lui envoyer ma réponse 4 après l'avoir lue et cachetée . Elle pardonnera s'il lui plait le peu de cérémonie de ce petit billet, attendu que le pauvre diable qui lui écrit n’est point du tout à son aise .

Il aime le théâtre plus que jamais, mais il trouve qu'il n'y a rien de si difficile que de trouver un 5è acte . Il se flatte que mademoiselle Clairon est en bonne santé et qu'elle embellit tous les actes qu'elle joue . »

1 L'édition Cayrol suivant une copie ancienne date de 1763 ; Moland corrige . Le dernier paragraphe manque dans les éditions : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-40-122456755.html

2 V* veut parler de son commentaire sur la dédicace de Corneille à cette pièce ; il le termine par une condamnation de la façon équivoque dont sont traités les acteurs .

 

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05/09/2016 | Lien permanent

Je vous aime assez pour vous apprendre des secrets que je ne devrais dire à personne , et je compte assez sur votre prob

...

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

8 juillet [1765]1

Mon cher philosophe votre lettre m'a pénétré le cœur . Je vous aime assez pour vous apprendre des secrets que je ne devrais dire à personne , et je compte assez sur votre probité, sur votre amitié pour être sûr que vous garderez le silence que je romps avec vous . Je ne vous parle point de l'intérêt que vous avez à vous taire : tout intérêt est chez vous subordonné à la vertu .

La plupart des lettres sont ouvertes à la poste . Les vôtres l'ont été depuis longtemps . Il y a quelque mois que vous m'écrivîtes, que direz-vous des ministres vos protecteurs ou plutôt vos protégés ?2 Et l'article n'était pas à leur louange . Un ministre m'écrivis quinze jours après, je ne suis pas honteux d'être votre protégé, mais etc.3 Ce ministre paraissait très irrité . On prétend encore qu'on a vu une lettre de vous à l'impératrice de Russie dans laquelle vous disiez, la France ressemble à une vipère, tout est bon , hors la tête 4. On ajoute que vous avez écrit dans ce goût au roi de Prusse . Vous sentez bien mon cher philosophe combien il a été inutile que je vous aie rendu justice, et que j'aie écrit à ceux qui se plaignaient ainsi de vous que vous êtes l'homme qui fait le plus d'honneur à la France . La voix d'un pauvre Jean criant dans le désert 5, et surtout d'un Jean persécuté ne fait pas un grand effet . Voilà donc où vous en êtes . C'est à vous à tout peser, voyez si vous voulez vous transplanter à votre âge, et s'il faut que Platon aille chez Denis, ou que Platon reste en Grèce . Votre cœur et votre raison sont pour la Grèce . Vous examinerez si en restant dans Athènes vous devez rechercher la bienveillance des Périclès . Je suis persuadé que le ministre qui n'a rien répondu sur votre pension ne garde ce silence que parce qu'un autre ministre lui a parlé 6. On est fâché contre vous depuis la Vision 7. Je sentis cruellement le coup que cette Vision porterait aux philosophes . Je vous le mandai 8, vous ne me crûtes pas mais j'étais très instruit . Mme la princesse de Robecque n'apprit qu'elle était en danger de mort que par cette brochure . Jugez quel effet elle dut faire . Depuis ce temps des trésors de colère se sont amassés contre nous, et vous ne l'ignorez pas .

J'ai cru apercevoir au travers de ces nuages qu'on vous estime comme on le doit, et qu'on aurait désiré votre estime .

Je sais bien que vous ne ferez jamais de démarche qui répugne à la hauteur de votre âme, mais il vous faut votre pension . Voulez-vous me faire votre agent quoique je ne sois pas sur les lieux ? Il y a un homme qui est dans une très grande place, et qui est mécontent de vous 9. Il n'est pas impossible que son ressentiment ait influé sur le refus ou sur le délai de la justice qu'on vous doit . Permettez-vous que je prenne la liberté de lui écrire ? Je suis sans conséquence, je ne compromettrais ni lui ni vous . Je lui proposerai une action généreuse . Il est très capable de la faire , très capable aussi de se moquer de moi, mais j'en courrai volontiers les risques, et rien ne retombera sur vous . Je ne ferai rien assurément sans avoir vos instructions que vous pourriez me faire parvenir en toute sûreté par la  voie dont vous vous êtes déjà servi .

On crie contre les philosophes . On a raison , car si l'opinion est la reine du monde, les philosophes gouvernent cette reine . Vous ne sauriez croire combien leur empire s'étend . Votre Destruction a fait beaucoup de bien . Bon soir, je suis las d'écrire, je ne le serai jamais de vous lire et de vous aimer .

V. »

1 D'Alembert a écrit le 30 juin à V* : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_(d%E2%80%99Alembert)/Correspondance_avec_Voltaire/062

Le même jour Du Pan écrit à Freudenreich : « Il y a peut-être demain comédie à Ferney , on y attend à la fin du mois Mlle Clairon . Voltaire avait détruit son théâtre . Il vient de le faire raccommoder, mais il n'y a place que pour vingt-cinq spectateurs . »

3 Lettre non connue, mais il est clair par la réponse de d'Alembert qu'il s'agit de Choiseul .

4 D'Alembert a bien écrit cela à Catherine II le 16 juin 1764 ; http://dalembert.academie- sciences.fr/Correspondance/oeuvres.php?Datedeb=01-01-1764&Datefin=31-12-1764

Sa lettre a dû être ouverte par le cabinet noir et Choiseul informé en parler à V*.

5 Évangile selon Matthieu, III, 3 ; Marc, I, 3 ; Luc, III, 4 ; Jean , I, 23.

6Voir lettre du 24 juin 1765 à d'Alembert, le ministre en question est alors Saint-Florentin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/10/16/nous-avons-besoin-des-hommes-d-etat-pour-nous-defendre-contr-6270423.html

7 La Vision de Palissot, de Morellet, 1760 ; voir lettre du 31 mai 1760 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/29/faites-moi-le-plaisir-mon-cher-ami-5631086.html

9 Sans doute encore Choiseul .

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14/11/2020 | Lien permanent

Que n'avons-nous à la tête du gouvernement des cœurs comme le vôtre !

Y'a qu'des honnet' gens dans l'gouvernement :

http://www.deezer.com/listen-232757

Qu'en dites-vous ? Ecoutez bien ! Ce chant du début du XXè siècle a encore un air d'actualité au début du siècle suivant . Que voulez-vous, les humains sont toujours faits de la même matière et obéissent aux mêmes besoins et désirs . Dur, le progrès vers le bien .

Mais bien sûr, vous le sentez bien (?!) : J'suis d'l'avis du gouvernement  :

http://www.deezer.com/listen-9240235

 

"Son nom d'Elie me fait soupçonner qu'il n'est pas d'une famille papiste, et la générosité de son âme me persuade qu'il est un de nos frères"

C'est quand même plus élégant que le "Il n'a pas une tête bien catholique" dit par l'outrecuidant Frèche (heureusement décédé !) à l'encontre de Laurent Fabius . Mais il est vrai que l'outre montpelliéraine tonitruante était loin d'avoir les qualités de Volti .

1718mort-aux-rats.png

http://www.lapin.org/index.php?number=1718#strips

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

15è mars 1765

 

Que vous avez une belle âme ! Mon cher frère . Au milieu des soins que vous vous donnez pour les Calas vous portez votre sensibilité sur les Sirven . Que n'avons-nous à la tête du gouvernement des cœurs comme le vôtre ! Par quel aveuglement funeste peut-on souffrir encore un monstre qui depuis quinze cents ans déchire le genre humain, et qui abrutit les hommes quand il ne les dévore pas ?

 

M. M. d'Argental doit recevoir dans quelques jours deux paquets de mort-au-rats, qui pourront au moins donner la colique à l'Infâme . Il doit partager la drogue avec vous i.

 

Je crois qu'en effet il ne sera pas mal de publier la lettre qu'un certain V. vous a écrite sur les Calas et sur les Sirven ii. Cela pourra préparer les esprits, et on verra ce qu'on pourra faire avec M. d'Argental . M. le premier président de Toulouse iii est très bien disposé . Il s'agira de voir si M. le vice-chancelier iv voudra qu'on ôte à ce parlement une affaire qui lui ressortit de plein droit . Les Sirven ont été condamnés à Castres ; s'ils vont à Toulouse n'est-il pas à craindre que les juges irrités ne fassent rouer, pendre, brûler ces pauvres Sirven, pour se venger de l'affront que la famille Calas leur fait essuyer v? Je ferai un mémoire que je vous enverrai . Mais ces Sirven sont bien moins instruits des procédures faites contre eux que ne l'étaient les Calas . Ils ne savent rien, sinon qu'ils ont été condamnés, et qu'ils ont perdu tout leur bien . D'ailleurs, n'étant jugés que par contumace, je ne vois pas comment on pourrait faire pour les soustraire à leurs juges naturels .

 

Le procédé de M. de Beaumont m'inspire de la vénération vi. Son nom d'Elie me fait soupçonner qu'il n'est pas d'une famille papiste, et la générosité de son âme me persuade qu'il est un de nos frères . Laissons d'ailleurs juger les Calas, ne troublons pas actuellement leur triomphe par une nouvelle guerre . Je me flatte bien que vous m'apprendrez le plein succès auquel je m'attends vii. On verra immédiatement après ce qu'on pourra faire pour les Sirven . Ce sera une belle époque pour la philosophie qu'elle seule ait secouru ceux qui expiraient sous le glaive du fanatisme . Remarquez, mon cher frère, qu'il n'y a pas eu un seul prêtre qui ait aidé les Calas, car Dieu merci l'abbé Mignot viii n'est pas prêtre .

 

Voulez-vous bien faire parvenir le petit billet ci-joint à la veuve Calas ix?

 

Adieu, mon cher frère, vous êtes un homme selon mon cœur ; votre zèle est égal à votre raison . Je hais les tièdes .

 

Qu'est-ce, je vous prie , que Le Pyrrhonien raisonnable du marquis d'Autrey x, qui croit prouver géométriquement le péché originel ? Ecr l'Inf, écr l'Inf vous dis-je . Je vous embrasse de toutes mes pauvres forces . »

 

 

i Le même jour V* informe d'Argental qu'il lui envoie 16 brochures à partager avec Damilaville ; il y a sans doute le Dictionnaire Philosophique ; cf. lettre MMMMCCCLV du 15 mars à d'Argental page 175 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f180.image.r...

ii Lettre datée du 1er mars à Damilaville : lettre MMMMCCCXLVIII page 165 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f180.image.r...

qui sera mise en brochure in-8 de 16 pages . Damilaville lui a écrit le 7 mars qu'il ferait imprimer cette lettre .

iii François de Bastard , premier président du parlement de Toulouse 1762-1768, puis conseiller d'Etat, il fut chancelier du duc d'Artois.

iv Maupéou.

v Le Conseil du roi avait cassé l'arrêt du parlement de Toulouse condamnant les Calas .

vi « Le généreux Élie veut encore défendre l'innocence des Sirven » après avoir défendu les Calas ; lettre à Damilaville du 9 mars, page 170 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f175.image.r...

vii La réhabilitation de Jean Calas.

viii Neveu de Voltaire .

ix C'est un simple billet amical.

x Le Pyrrhonien raisonnable ou Méthode nouvelle proposée aux incrédules par M. l'abbé de ***, 1765, de Henri-Jean-Baptiste Fabry de Moncault, comte d'Autrey .

 

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15/03/2011 | Lien permanent

vous avez négligé l'esprit de la morale pour l'esprit de conquête




« A Frédéric II


[vers le 15 juin 1743]


Grand roi, j'aime fort les héros,

Lorsque leur esprit s'abandonne

Aux doux passe-temps, aux bons mots

Car alors ils sont en repos,

Et ils ne font de tort à personne.

J'aime César, ce bel esprit,

César dont la main fortunée

A tous les lauriers destinée,

Agrandit Rome, et lui prescrit

Un autre ciel, une autre année.

J'aime César entre les bras

De la maitresse qui lui cède ;

Je ris et ne me fâche pas

De le voir , jeune et plein d'appas,

Dessus et dessous Nicomède.

Je l'admire plus que Caton,

Car il est tendre et magnanime,

Éloquent comme Cicéron,

Et tantôt gai, tantôt sublime

Comme un roi dont je tais le nom.

Mais je perds un peu de l'estime

Quand il passe le Rubicon,

Et je pleure quand ce grand homme,

Bon poète et bon orateur,

Ayant tant combattu pour Rome,

Combat Rome pour son malheur.



Vous êtes plus heureux, Sire, après votre prise de la Silésie, que votre devancier après Pharsale. Vous écrivez comme lui des commentaires ; vous aimez comme lui la société ; vous en faites le charme ; vous m'envoyez des vers bien jolis [Frederic se moquait de V* dans une lettre du 21 mai car il avait fait une lettre à la platitude servile à Boyer pour entrer à l'Académie ; il lui envoyait aussi une préface de son Histoire de mon temps ] et une préface digne de vous, qui annonce un ouvrage digne de la préface. Je n'y puis tenir ; le côté de votre aimant m'attire trop fort, tandis que le côté de l'aimant de la France me repousse. S'il y avait dans la Cochinchine un roi qui pensât, qui écrivit et qui parlât comme vous, il faudrait s'embarquer et aller à ses pieds. Tous les gens qui ont une étincelle de goût et de raison doivent devenir des reines de Saba.



Je vous avouerai cependant , grand roi, avec ma franchise impertinente, que je trouve que vous vous sacrifiez un peu trop dans cette belle préface de vos Mémoires. Pardon, ou plutôt point de pardon ; vous laissez trop entrevoir que vous avez négligé l'esprit de la morale pour l'esprit de conquête.[dans ses Mémoires, V* écrira qu'il « eut soin de transcrire » l'aveu du roi et entre autres : « L'ambition, l'intérêt, le désir de faire parler de moi l'emportèrent ; et la guerre fut résolue » ; et il regrettera de lui avoir « fait retrancher ce passage »] Qu'avez-vous donc à vous reprocher ? N'aviez-vous pas des droits très réels sur la Silésie, du moins sur la plus grande partie ; et le déni de justice ne vous autorisait-il pas assez ? Je n'en dirai pas davantage ; mais sur tous les articles je trouve Votre Majesté trop bonne, et elle est bien justifiée de jour en jour. Votre Majesté est avec moi une coquette bien séduisante ; elle me donne assez de faveurs pour me faire mourir d'envie d'avoir les dernières. Quel temps plus convenable pourrais-je prendre pour aller passer quelques jours auprès de mon héros ? Il a serré tous ses tonnerres, et il badine avec sa lyre ; ici on ne badine point, et s'il tonne, c'est sur nous. Ce vilain Mirepoix est aussi dur , aussi fanatique, aussi impérieux, que le cardinal de Fleury était doux, accommodant et poli. Oh ! qu'il fera regretter ce bon homme ! et que le précepteur de notre dauphin est loin du précepteur de notre roi ! Le choix que Sa Majesté a fait de lui est le seul qui ait affligé notre nation; tous nos autres ministres sont aimés ; le roi l'est. Il s'applique, il travaille, il est juste, et il aime de tout son cœur la plus aimable femme du monde [future duchesse de Châteauroux]. Il n'y a que Mirepoix qui obscurcisse la sérénité du ciel à Versailles et à Paris ; il répand un nuage bien sombre sur les belles-lettres ; on est au désespoir de voir Boyer à la place des Fénelon et des Bossuet : il est né persécuteur. Je ne sais par quelle fatalité tout moine qui a fait fortune à la cour a toujours été aussi cruel qu'ambitieux. Le premier bénéfice qu'il a eu après la mort du cardinal vaut près de quatre-vint mille livres de rente ; le premier appartement qu'il a eu à Paris est celui de la reine, et tout le monde s'attend à voir au premier jour sa tête, que Votre Majesté appelle si bien une tête d'âne,[Boyer signait assez peu lisiblement « l'anc. évêq. de Mirepoix » et V* et Frédéric firent semblant de lire « l ' âne » au lieu de « l'anc. » et Boyer devint « l'âne de Mirepoix »] ornée d'une calotte rouge apportée de Rome.[il ne fut pas cardinal]



Il est vrai que ce n'est pas lui qui a fait Marie à la coque [c'est l'archevêque de Sens qui a écrit la Vie de la vénérable mère Marguerite-Marie Alacoque]; mais, Sire, il n'est pas vrai non plus que j'aie écrit à l'auteur de Marie à la coque la lettre qu'on s'est plu à faire courir sous mon nom ; je n'en ai écrit qu'une à l'évêque de Mirepoix, dans laquelle je me suis plaint à lui très vivement et très inutilement des calomnies de ses délateurs et de ses espions. Je ne fléchis point le genou devant Baal [dans cette lettre, V* se disait vrai catholique et reniait la plupart des Lettres philosophiques ! ]; et autant que je respecte mon roi, autant je méprise ceux qui, à l'ombre de son autorité, abusent de leur place, et qui ne sont grands que pour faire du mal.



Vous seul, Sire, me consolez de tout ce que je vois, et quand je suis prêt à pleurer sur la décadence des arts, je me dis : il y a dans l'Europe un monarque qui les aime, qui les cultive, et qui est la gloire de son siècle ; je me dis enfin : je le verrai bientôt, ce monarque charmant, ce roi homme, ce Chaulieu couronné, ce Tacite, ce Xénophon ; oui, je veux partir ; Mme du Châtelet ne pourra m'en empêcher ; je quitterai Minerve pour Apollon. Vous êtes, Sire, ma plus grande passion, et il faut bien se contenter dans la vie.



Rien de plus inutile que mon très profond respect, etc. »

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15/06/2010 | Lien permanent

quand on aura passé quinze jours sans avoir un nouveau ministre ou un nouvel édit, quand la conversation ne roulera plu

... et de quoi me censurer "

Ce n'est pas demain la veille si j'en crois le cours des évènements .

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« A  Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

à Saint Joseph,

à Paris

3 décembre 1759.

Je ne vous ai point dépêché, madame, ce vieux chant de la Pucelle 1 que le roi de Prusse m'a renvoyé ( unique restitution qu'il a faite en sa vie). Les plaisanteries ne m'ont pas paru de saison ; il faut que les lettres et les vers arrivent du moins à propos. Je suis persuadé qu'ils seraient mal reçus immédiatement après la lecture de quelque arrêt du conseil qui vous ôterait la moitié de votre bien, et je crains toujours qu'on ne se trouve dans ce cas. Je ne conçois pas non plus comment on a le front de donner à Paris des pièces nouvelles: cela n'est pardonnable qu'à moi, dans mon enceinte des Alpes et du mont Jura. Il m'est permis de faire construire un petit théâtre, de jouer avec mes amis et devant mes amis ; mais je ne voudrais pas me hasarder dans Paris avec des gens de mauvaise humeur. Je voudrais que l'assemblée fût composée d'âmes plus contentes et plus tranquilles.
D'ailleurs vous m'apprenez que les personnes qui ont du goût ne vont plus guère aux spectacles, témoin Mme la duchesse de Luxembourg, 2 et je ne sais si le goût n'est point changé, comme tout le reste, dans ceux qui les fréquentent. Je ne reconnais plus la France ni sur terre, ni sur mer, ni en vers, ni en prose.
Vous me demandez ce que vous pouvez lire d'intéressant ; madame, lisez les gazettes : tout y est surprenant comme dans un roman. On y voit des vaisseaux chargés de jésuites 3, et on ne se lasse point d'admirer qu'ils ne soient encore chassés que d'un seul royaume ; on y voit les Français battus dans les quatre parties du monde, le marquis de Brandebourg faisant tête tout seul à quatre grands royaumes armés contre lui, nos ministres dégringolant l'un après l'autre comme les personnages de la lanterne magique,4 nos bateaux plats, nos descentes dans la rivière de la Vilaine 5. Une récapitulation de tout cela pourrait composer un volume qui ne serait pas gai, mais qui occuperait l'imagination. Je croyais qu'on donnerait les finances à l'abbé du Resnel ; car, puisqu'il a traduit le Tout est bien de Pope en vers, il doit en savoir plus que le Silhouette, qui ne l'a traduit qu'en prose. Ce n'est pas que ce M. de Silhouette n'ait de l'esprit, et même du génie, et qu'il ne soit fort instruit ; mais il paraît qu'il n'a connu ni la nation, ni les financiers, ni la cour ; qu'il a voulu gouverner en temps de guerre comme à-peine on le pourrait faire en temps de paix, et qu'il a ruiné le crédit qu'il cherchait, comptant pouvoir suffire aux besoins de l'État avec un argent qu'il n'avait pas. Ses idées m'ont paru très-belles, mais employées très-mal à propos. Je croyais sa tête formée sur les principes de l'Angleterre, mais il a fait tout le contraire de ce qu'on fait à Londres, où il avait vécu un an chez mon banquier Bénezet. L'Angleterre se soutient par le crédit, et ce crédit est si grand que le gouvernement n'emprunte qu'à quatre pour cent tout au plus. Nous n'avons encore su imiter les Anglais ni en finances, ni en marine, ni en philosophie, ni en agriculture. Il ne manque plus à ma chère patrie que de se battre pour des billets de confession, pour des places à l'hôpital, et de se jeter à la tête la faïence à cul noir sur laquelle elle mange, après avoir vendu sa vaisselle d'argent.
Vous m'avez parlé, madame, de la Lorraine et de la terre de Craon 6; vous me la faites regretter, puisque vous prétendez que vous pourriez quelque jour aller en Lorraine. Je me serais volontiers accommodé de Craon, si je m'étais flatté d'avoir l'honneur de vous y recevoir avec Mme la maréchale de Mirepoix ; mais ce sont là de beaux rêves. Ce n'est pas la faute du jésuite Menoux si je n'ai pas eu Craon; je crois que la véritable raison est que Mme la maréchale de Mirepoix n'a pas pu finir cette affaire. Le jésuite Menoux n'est point un sot comme vous le soupçonnez; c'est tout le contraire : il a attrapé un million au roi Stanislas sous prétexte de faire des missions dans des villages lorrains qui n'en ont que faire ; il s'est fait bâtir un palais à Nancy. Il fit croire au goguenard de pape Benoît XIII 7, auteur de trois livres ennuyeux in-folio 8, qu'il les traduisait tous trois ; il lui en montra deux pages, en obtint un bon bénéfice dont il dépouilla des bénédictins, et se moqua ainsi de Benoît XIII et de saint Benoît. Au reste il est grand cabaleur, grand intrigant, alerte, serviable, ennemi dangereux, et grand convertisseur. Je me tiens plus habile que lui, puisque, sans être jésuite, je me suis fait une petite retraite de deux lieues de pays à moi appartenantes.
J'en ai l'obligation à M. le duc de Choiseul, le plus généreux des hommes. Libre et indépendant, je ne me troquerais pas contre le général des jésuites.
Jouissez, madame, des douceurs d'une vie tout opposée; conversez avec vos amis ; nourrissez votre âme. Les charrues qui fendent la terre, les troupeaux qui l'engraissent, les greniers et les pressoirs, les prairies qui bordent les forêts, ne valent pas un moment de votre conversation.
Quand il gèlera bien fort, lorsqu'on ne pourra plus se battre ni en Canada ni en Allemagne ; quand on aura passé 9 quinze jours sans avoir un nouveau ministre ou un nouvel édit, quand la conversation ne roulera plus sur les malheurs publics, quand vous n'aurez rien à faire, donnez-moi vos ordres, madame, et je vous enverrai de quoi vous amuser et de quoi me censurer.
Je voudrais pouvoir vous apporter ces pauvretés moi-même, et jouir de la consolation de vous revoir ; mais je n'aime ni Paris, ni la vie qu'on y mène, ni la figure que j'y ferais, ni même celle qu'on y fait. Je dois aimer, madame, la retraite et vous. Je vous présente mon très-tendre respect.

 

Il faut que je vous informe d'un petit trait qui apprendra aux rois à être modestes . Le roi de Prusse m'écrit du 147 novembre, Daun s'enfuit, je vous écrirai dans trois jours de Dresde, et le troisème jour il est détruit

 »

1 Dans sa lettre du 28 octobre 1759, Mme du Deffand rappelait : « Mais monsieur si vous aviez autant de bonté que je voudrais, vous auriez un chier de papier sur votre bureau où vous écririez dans vos moments de loisir tout ce qui vous passerait par la tête » , «  Je compte sur les chants de La Pucelle que vous me promettez ; prenez soin de mon amusement , je vous supplie ... »

2 Wagnière a écrit Lux et V* a complété au-dessus de la ligne .

4 Connue depuis longtemps la lanterne magique fut décrite pour la première fois de façon exacte par Athanassius Kircher, Ars magna lucis et umbrae, 1646 . elle fut rendue populaire à Paris par le physicien Nollet qui en faisait la démonstration dans ses conférences, V* s'y amusait lui-même aux Délices et à Ferney .

5 Quelques vaisseaux de la flotte de Conflans avaient trouvé refuge dans l’embouchure de la Vilaine, près de La Roche-Bernard, vers l’actuel barrage d'Arzal .

6 Lettre de Mme du Deffand du 28 octobre 1759: «  N'avez-vous pas eu envie, monsieur, d'acheter une terre en Lorraine, cette terre n'était-ce pas Craon ? Le père de Menoux n'était-il pas votre négociateur, et le père de Menoux n'est-il pas un sot ? Si vous avez encore cette fantaisie, chargez-moi de cette affaire ; je suis intime amie de Mme la maréchale de Mirepoix et de M. le président de Beauvau ; je voudrais que vous eussiez un établissement dans cette province . Que sait-on ce qui arriverait ? Enfin j'en prendrais l'espérance, de ne pas mourir sans avoir l'honneur de vous revoir, soit vous en nous venant trouver, soit moi en vous allant chercher . »

7 En fait Benoît XIV .

9 Passé a été ajouté par V* au dessus de la ligne .

 

 

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11/12/2014 | Lien permanent

J'aurais désiré encore qu'on eût attendu, pour faire les petits changements jugés nécessaires, qu'on m'eût averti

Je suppose que c'est ce que pensent et la police et le corps de la magistrature, suite aux déclarations mélodramatiques d'un candidat/président qui ne prêche que la répression, faute d'avoir mis les moyens dans la prévention .

Ce qui est résumé magistralement par ceci :

Petits changements et grosses bêtises !

 

petits changements grosses bétises.jpg

 

Cet agité me semble également totalement ignorer ( ce qui ne m'étonne pas, au fond ) qu'il existe déjà des lois et des représentants de l'ordre .

Non, Sarko , tu n'es pas le sauveur des Français !

Cependant,... vive Sarko ! le seul acteur digne de jouer dans ce film de fiction où chaque individu  était espionné et réprimé dès qu'il avait eu la moindre pensée déviante envers l'ordre établi . Ce n'est qu'une marche de plus gravie dans l'idiotie répressive ;  déjà qu'il se faisait fort de réprimer fiscalement ceux qui seraient passés à l'étranger pour échapper à l'impôt français ! Comment est-il capable de prouver cette évasion fiscale ?

Vite ! vite !! qu'il retourne au boulot ! il n'en manquera pas, lui qui était avocat d'affaire . Les évadés fiscaux bons payeurs auront un connaisseur pour les aider , je n'en doute pas .

P.S .-  Je n'ai aucune envie d'aller me former au terrorisme ailleurs que sur :

http://presidentielle2012.canalplus.fr/a-la-une/les_tontons_flingueurs_du_ps

 Suis-je répréhensible, mister ex-président ?

 

 

 

 

« A M. LEKAIN

6 septembre [1755]

Je vous suis très-obligé de votre souvenir, mon grand acteur, et du soin que vous prenez d'embellir votre rôle de Tartare 1. J'avais mis expressément, pour condition du présent que je fais à vos camarades, qu'on payerait les dépenses de votre habillement. J'avais écrit à M. le maréchal de Richelieu, en réponse à une de ses lettres, que j'aurais souhaité que M. Grandval eût joué Zamti, qui est un premier rôle, et que M. Sarrasin n'eût joué que par complaisance.

J'aurais désiré encore qu'on eût attendu, pour faire les petits changements jugés nécessaires, qu'on m'eût averti, on a substitué des vers qui ne sont pas français 2, et je ne crois pas que la pièce puisse aller loin.

Je vous prie de faire mes compliments et mes remerciements à Mlle Clairon. Mme Denis vous est très-obligée, ainsi que moi. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. »


 

1 Gengis Khan dans l'Orphelin de la Chine.

2 Voir lettre du même jour à Mme de Fontaine, une de ses nièces  : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/22/les-petits-estomacs-ont-grande-confiance-en-lui.html

 

 

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23/03/2012 | Lien permanent

Voilà comme il faudrait partout traiter les calomniateurs. Je ne les crains point ici , je ne les crains qu'en France

 Qu'on leur arrache la langue, comme on a arraché ces légumes, pauvres innocents, eux qui vont passer à la casserole !

NDLR : quand le caillou est cuit, le jeter sur ce fichu voisin qui dit du mal de vous  .

calomnies2814.JPG

 Lire sans tarder :

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-epitre-sur-la-calomnie-57561017-comments.html#anchorComment

 

 

 

« A madame de FONTAINE

13 août [1755]

Ma chère nièce, vous êtes charmante.1 Vous courez, avec votre mauvaise santé, aux Invalides pour des Chinois. Tout Pékin est à vos pieds. Je me flatte qu'on jouera la pièce telle que je l'ai faite, et qu'on n'y changera pas un mot. J'aime infiniment mieux la savoir supprimée qu'altérée.

Les scélérats d'Europe 2 me font plus de peine que les héros de la Chine . Un fripon, nommé Grasset, que M. d'Argental m'avait heureusement indiqué, est venu ici pour imprimer un détestable ouvrage, sous le même titre que celui auquel je travaillai il y a trente ans, et que vous avez entre les mains. Vous savez que cet ouvrage de jeunesse n'est qu'une gaieté très-innocente. Deux fripons de Paris, qui en ont eu des fragments, ont rempli les vides comme ils ont pu, contre tout ce qu'il y a de plus respectable et de plus sacré. Grasset, leur émissaire, est venu m'offrir le manuscrit pour cinquante louis d'or, et m'en a donné un échantillon aussi absurde que scandaleux. Ce sont des sottises des halles, mais qui font dresser les cheveux sur la tête. Je courus sur-le-champ de ma campagne à la ville, et, aidé du résident de France, je déférai le coquin, il fut mis en prison, et banni, son bel échantillon lacéré et brûlé, et le Conseil m'a écrit pour me remercier de ma dénonciation. Voilà comme il faudrait partout traiter les calomniateurs. Je ne les crains point ici , je ne les crains qu'en France.

Il me semble, ma chère nièce, que vous n'avez pas votre part entière, et M. d'Argental a encore trois guenilles pour vous 3. Je vous demande pardon d'avoir imaginé que vous eussiez pu adopter l'idée que M. d'Argental a eue un moment1; j'espère qu'il ne l'a plus.

Ayez soin de votre santé, et aimez les deux solitaires qui vous aiment tendrement. Je vous embrasse, ma chère enfant, du fond de mon cœur. »

 

1 Tout ce qui suit figurait dans l'ancienne lettre du 23 mai, et, sauf deux paragraphes, était reproduit encore dans celle-ci.

2 Les Eroe cinese de Métastase, traduits par Richelet.

3 Trois chants de la Pucelle. Elle n'en avait eu que douze par Thieriot.

 

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16/03/2012 | Lien permanent

J’ai cru devoir à votre mérite et à l’estime que vous m’avez inspirée les informations que je vous donne, et desquelles

... L'information est à ce point vitale que nombre de gouvernements en privent leurs citoyens en priorité, le couvercle est mis et la machine au mensonge tourne à fond, et aucun continent n'y échappe ( même si c'est plus discret en Europe ) , comme on le voit au Burkina Faso où les forces armées tuent des civils : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/29/le-burkina-faso-suspend-l-acces-a-plusieurs-sites-d-informations-dont-celui-du-monde-ainsi-qu-a-la-chaine-tv5-monde_6230456_3212.html

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https://rsf.org/fr/ces-dirigeants-qui-menacent-les-journa...

 

 

 

« A François de Varagne-Gardouch, marquis de Bélestat

Ferney, 17 octobre 1768 1

Quoique je sois très-malade, monsieur, l’envie de servir, et l’importance des choses dont il s’agit, me forcent de vous écrire encore, dans l’incertitude si ma première lettre 2 vous parviendra. J’ai déjà eu l’honneur de vous dire qu’on débite à Genève, sous votre nom, un petit livre dont voici le titre : Examen de la nouvelle Histoire de Henri IV, de M.  de Bury, par M.  le marquis de B…, lu dans une séance d’Académie, ...

On trouve à la page 24 le passage 3 que je fais copier, et que je vous envoie. On sent aisément l’allusion coupable qui règne dans ce passage. Le président Hénault est d’ailleurs cruellement outragé dans une autre page 4 de ce libelle. Il y en a plusieurs exemplaires à Paris ; mais il passe pour être de vous ; cette calomnie peut vous faire des ennemis puissants, et vous nuire le reste de votre vie. Le nommé La Beaumelle est noté chez les ministres ; il lui est défendu de venir à Paris ; et, en dernier lieu, M. le comte de Gudanes, commandant du pays de Foix, où ce malheureux habite, lui a intimé les défenses du roi de ne rien imprimer. C’est à vous, monsieur, à consulter vos amis et vos parents sur cette aventure, et à voir si vous devez écrire à M. le comte de Saint-Florentin pour vous justifier, et pour faire connaître que ce n’est pas vous, mais La Beaumelle, qui a composé et imprimé cet écrit. J’ai cru devoir à votre mérite et à l’estime que vous m’avez inspirée les informations que je vous donne, et desquelles vous ferez l’usage le plus convenable. »

1 Copie ancienne d'après la première édition ; édition Antoine Sabatier de Castres , Tableau philosophique de l'esprit de M. de Voltaire, 1771.

3 C’est celui qui est rapporté dans la lettre à Hénault du 13 septembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html

4 Ce passage est aussi rapporté dans la lettre du 13 septembre à Hénault.

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29/04/2024 | Lien permanent

J'ajoute, car voici le temps de tout dire, que personne ne vous regardera comme le martyr de la liberté

Lu dans le Dauphiné Libéré ... avec commentaires (effectivement ,comment taire mon insatisfaction, mon ire ?)

Aubry : soulagée, et même plus "c'est un IMMENSE soulagement . Nous devons réfléchir dans ce moment à la vérité des faits, au respect des personnes et de la justice " ; réfléchis bien , ma poule, dans "ce moment" et si ce n'est pas trop te demander, dans ceux qui suivront .

Ségolène : "laisser respirer, le laisser tranquille" ; respirer, oui, c'est vital, mais petite précaution, mettre un masque protecteur face à cet individu puant de suffisance et de malhonnêteté .

Cambadélis, soulagé, itou : "Il sort d'un cauchemar . Il est désormais un homme libre" ; si ce qu'il a vécu est un cauchemar, doit-on considérer les sans-abris, et ceux qui meurent de faim comme de doux rêveurs ?

"Homme libre toujours tu chériras la mer" disait Victor H. , je crains moi qu'il n'applique  : "homme libre, toujours tu pétriras la chair ".

Delanoë (Bertrand) : clame sa "joie", et , comme Martine, invite à "un examen de conscience"  ; ce qui me semble totalement illusoire , la confession sincère n'étant pas le fort de l'homo politicus .

Destot ( j'ai failli écrire "Destop", vu le contexte !) invite Dominique à faire appel à Bouygue  sans doute , pour se "reconstruire sereinement" ; je ne vois pas ce qu'il a à reconstruire, il me semble toujours aussi digne de confiance qu'auparavant, avec peut-être un petit bémol, une impalpable allure de planche pourrie .

Longuet se met en valeur par la valeur de ses interlocuteurs ; est-ce bien raisonnable ? "Je considère que c'est un homme intéressant, avec lequel j'ai souvent débattu ", oui, comme on dit "battu, cocu et content !"

Copé est pour le coïtus interruptus et appelle à "la retenue"

Buffet Marie-Georges tacle et se rebiffe : "mauvaise nouvelle pour la justice et pour les femmes", car "la vérité n'est pas dite" ; paroles d'experte ?

 Mais à qui pensent-ils en faisant ces déclarations -qui n'ont aucun rapport avec celles des Droits de l'Homme et du Citoyen - ?

A Dirty Silly Keutard, bien évidemment . Bien loin de penser au suicide comme Frédéric, je pense qu'il aura plaisir à écraser quelques têtes , je le crains .

 

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Site recommandable :  http://cartoons.courrierinternational.com/node/825488

 

 

 

 

 

Mise en ligne d'une lettre du 15 octobre 1757 à Frédéric II, rédigée ce jour pour parution le 15 octobre 2010 :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/08/26/du-haut-rang-ou-vous-etes-vous-ne-pouvez-guere-voir-qu-elle.html

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26/08/2011 | Lien permanent

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