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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Malcomprenants je vous aimeeuh !!

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Je ne connais pas Jérôme Garcin, lui n'a pas l'honneur et l'avantage de me connaitre. Il a le droit , sur invitation de France Inter à 20h10 le 7 janvier 2009,  de dire ce que mon prère lqualifiait de "boeufferies" . Jugez plutôt celui qui, dans le monde de ceux qui parlent sans se comprendre eux-mêmes  pour le plaisir d'épater la galerie par la profondeur de leur analyse et de leur connaissance de plus célèbres qu'eux (on ne sait jamais, dans ce monde bling-bling, ça peut servir !!) ; celui qui , parlant de Françoise Sagan qui coupait la viande de Sartre lorsqu'ils déjeunaient (ensemble, bien sûr !), Sagan bafouillante à son habitude et Sartre quasi aveugle, se pose la question tout à fait surréaliste de savoir comment avec de tels handicaps de tels êtres réussissaient à se comprendre ! Sagan que je sache n'était ni sourde ni aveugle, Sartre n'était ni sourd ni muet, comment diable me direz-vous étaient -ils capables de communiquer ? That is the question ! And the answer is :"Garcin tu as du fromage blanc entre les oreilles, arrête de péter plus haut que .... Réfléchis deux secondes (une seconde par neurone ) et va épater la galerie ailleurs . Tu me gonfles."sartre.jpg

 

 

 

Pour revenir aux bonnes habitudes, voici la lettre du jour de qui vous savez .

"A René-Louis de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson

J'ai été un mois en route, Monsieur, de Berlin à Bruxelles . J'ai appris en arrivant votre nouvel établissement et vos peines [ succédant à son frère comme chancelier du duc d'Orléans et soupçonné d'avoir contribué à sa disgrâce ]. Voilà comme tout est dans le monde. Les deux tonneaux de Jupiter ont toujours leur robinet ouvert . Mais enfin , Monsieur, ces peines passent parce qu'elles sont injustes, et l'établissement reste . J'en ai quitté d'assez brillant et assez avantageux . On  [ Frédéric II ] m'offrait tout ce qui peut flatter . On s'est faché de ce que je n'ai point accepté . Mais quels rois, quelles cours, et quels bienfaits valent une amitié de dix années ? [ avec Emilie du Châtelet ]. A peine m'auraient-ils servi de consolation si cette amitié m'avait manqué .

J'ai eu tout lieu dans cette occasion de me louer des bontés de M. le Cardinal de Fleury . Mais il n'y a rien pour moi dans le monde que le devoir sacré qui m'arrête à Bruxelles [ procès où Emilie veut être reconnue héritière de marquis de Trichâteau ]. Plus je vis, plus tout ce qui n'est pas liberté et amitié me parait un supplice . Que peut prétendre de plus le plus grand roi de la terre ? Voilà pourtant ce qui est inconnu des rois et de leurs esclaves dorés .

 Vos affaires vous auront-elles permis , Monsieur , de lire un peu à tête reposée l'ouvrage du Salomon du Nord [ l'Anti-Machiavel ] et celui de la reine de Saba [ traité de physique d'Emilie ] ? Je ne doute pas du jugement que vous aurez porté sur les Institutions physiques . C'est assurément ce qu'on a écrit de meilleur sur la philosophie de Leibnits, et c'est une chose unique en son genre . Le livre du roi de Prusse est aussi singulier que le sien. Mais je voudrais que vos occupations et vos bontés pour moi pussent vous permettre de m'en dire votre avis . J'oserais souhaiter encore que vous me marquassiez si on ne désire pas qu'après avoir écrit comme Antonin l'auteur vive comme lui . Je voudrais enfin quelque chose que je pusse lui montrer . Il m'a parlé souvent de ceux qui font le plus honneur à la France, il a voulu connaître leur caractère et leur façon de penser . Je vous ai mis à la tête de ceux dont on doit rechercher le suffrage . Il est passionné pour la gloire . Je l'ai quitté, il est vrai, je l'ai sacrifié, mais je l'aime ; et pour l'honneur de l'humanité je voudrais qu'il fût à peu près parfait comme un roi peu l'être.

Le sentiment des hommes de mérite peut lui faire beaucoup d'impression . Je lui enverrais une page de votre lettre, si vous le permettiez . Son expédition de la Silésie [ F II envahit la Silésie le 16 décembre 1740 ] redouble l'attention du public sur lui . Il peut faire de grandes choses et de grandes fautes . S'il se conduit mal je briserai la trompette que j'ai entonnée .

M. de Valori n'a pas à se plaindre de la façon dont le roi de Prusse pense pour lui . Il le regarde comme un homme sage et plein de droiture . C'est sur quoi M. de Valori peut compter . Puisse-t-il rester longtemps dans cette cour, et puissent les couteaux qu'on aiguise de tous côtés se remettre dans le  fourreau ! Mais qu'il y ait guerre ou paix je ne songe qu'à l'amitié et à l'étude . rien ne m'ôtera ces deux biens . Celui de vous être attaché sera pour moi le plus précieux . il y a à Bruxelles deux coeurs qui sont à vous pour jamais . Mon respectueux dévouement ne finira qu'avec ma vie .

Volt.

Bruxelles, 8 janvier 1741."

 

 

Je n'ai pu m'empécher de penser à Obama en lisant ceci :"Son expédition ...  redouble l'attention du public sur lui . Il peut faire de grandes choses et de grandes fautes . S'il se conduit mal je briserai la trompette que j'ai entonnée ." J'ai traduit : "Son élection redouble l'attention... Il peut faire de grandes choses et de grandes fautes ( proportionnellement à la taille des USA, c'est vite fait !) . S'il se conduit mal : il se fera descendre par tous ceux qui l'on encensé, le retournement de veste est banal dans notre monde régit par la mode ."

 " Plus je vis, plus tout ce qui n'est pas liberté et amitié me parait un supplice . Que peut prétendre de plus le plus grand roi de la terre ? Voilà pourtant ce qui est inconnu des rois et de leurs esclaves dorés ." : il me semble entendre en écho Brassens, Brel et quelques autres . Tant pis pour les hommes de pouvoir et leurs cours de happy people , ils n'ont que ce qu'ils méritent, du pognon et des ulcères ! Serais-je anar ??

"puissent les couteaux qu'on aiguise de tous côtés se remettre dans le  fourreau !" : écoutez bandes d'affreux , un homme vous parle !!!

 

 

 

 

 

 

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08/01/2009 | Lien permanent

Passer sa vie entre la calomnie et la colique est un peu dur; mais l'étude et l'amitié consolent.

 

 

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« A M. Elie BERTRAND.

30 septembre [1755]

Voici, mon cher monsieur, une petite anecdote littéraire assez singulière. M. le conseiller de Bonstetten 1 et moi, nous sommes les seuls qui ayons eu l'idée de parler de Confucius dans l'Orphelin de la Chine, d'étonner et de confondre un Tartare (et il y a beaucoup de Tartares en ce monde) par l'exposition de la doctrine aussi simple qu'admirable de cet ancien législateur. Il était impossible de faire paraître Confucius lui-même, du temps de Gengis-kan, puisque ce philosophe vivait six cents ans avant Jésus-Christ; mais ma première intention avait été de représenter Zamti comme un de ses descendants, et de faire parler Confucius en lui. On me fit craindre le ridicule que le parterre de Paris attache presque toujours aux choses extraordinaires, et surtout à la sagesse. Je me privai de cette source de vraies beautés dans une pièce qui, étant pleine de morale et dénuée de galanterie, courait grand risque de déplaire à ma nation. La faveur qu'elle a obtenue m'enhardit, mais m'enhardit trop tard. Je vis tout ce qui manquait à cet ouvrage quand il fut imprimé je repris mes anciennes idées, et j'y travaillais quand je reçus votre lettre du 26 septembre. J'ai déjà corrigé tant de choses à la pièce que je ne craindrais point de la refondre pour professer hardiment la morale de Confucius dans mon sermon chinois. Tous ceux à qui j'ai fait part de cette entreprise l'ont approuvée avec transport. Mais M. de Bonstetten est le seul qui ait eu le mérite de l'invention. Je ne peux m'empêcher d'admirer la justesse et la force de l'esprit d'un homme qui, occupé de choses si différentes, trouve tout d'un coup, à la seule lecture d'une tragédie, la beauté essentielle qui devait caractériser la pièce. Voilà bien un nouveau motif qui m'attache à Berne, et qui me donne de nouveaux regrets. Je ne peux aller à Monrion, que j'ai cédé pour longtemps à M. de Giez et à sa famille. Qu'il y rétablisse sa santé; qu'il y demeure tant qu'il voudra, ma maison est à lui. Je suis d'ailleurs plus malade que jamais à mes prétendues Délices; et, depuis quelques jours, je me trouve dans l'impuissance totale de travailler.

Il est vrai, mon cher philosophe, que je badinais à trente ans, j'avais traduit le commencement de cet Hudibras 2, et peut-être cela était-il plus plaisant que celui dont vous me parlez. Pour cette Pucelle d'Orléans, je vous assure que je fais bien pénitence de ce péché de jeunesse. Je vous enverrais mon péché si j'en avais une copie. Je n'en ai aucune; mais j'en ferai venir de Paris incessamment, et uniquement pour vous. Vous la lirez à votre loisir, avec des amis philosophes.

Dulce est decipere in loco.(Hor., lib. IV, od. XII, y. 28.)


Je vous remercie tendrement d'avoir fait connaître à M. de Tressan la vérité. Bousquet n'est pas digne d'avoir affaire à un homme comme vous, et d'imprimer vos ouvrages. Ne pourrais- je trouver à Genève un libraire qui me convînt? N'avez-vous pas une imprimerie à Berne? Il faut du stoïcisme dans plus d'une occurrence; mais je n'adopte des stoïques que les principes qui laissent l'âme sensible aux douceurs de l'amitié, et qui avouent que la douleur est un mal. Passer sa vie entre la calomnie et la colique est un peu dur; mais l'étude et l'amitié consolent. Adieu, monsieur; vous faites une de mes plus grandes consolations. Conservez-moi les bontés que vous m'avez acquises de M. et de Mme de Freudenreich; vous sentez que je suis déjà bien attaché à M. de Bonstetten, par estime et par amour-propre. Mes respects, je vous en prie, à ces messieurs, à monsieur l'avoyer, à M. le colonel Jenner. Je suis à vous tendrement pour ma vie. »

 

1 Charles-Emmanuel von Bonstetten, ministre des finances pour les territoires welches de Berne, père de Charles-Victor de Bonstetten alors âgé de 10 ans qui fréquentera V* à Ferney plus tard ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Victor_de_Bonstetten

 

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04/04/2012 | Lien permanent

L'optimisme est désespérant . C'est une philosophie cruelle sous un nom consolant

 Le désir de consolation est impossible à rassasier !

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« A Élie Bertrand i

pasteur de l'Eglise française à Berne.

A Montriond 18 février [1756]

 

J'avais, mon cher philosophe, un cruel redoublement de colique quand j'ai reçu votre lettre . Ma consolation est donc que je n'aurai pas la colique dans l'autre monde ? Vraiment, je l'espère bien ; et j'en dis un petit mot dans mon sermon ii. La question ne roule pas sur cet objet d'espérance . Elle tombe uniquement sur cet axiome, ou plutôt cette plaisanterie : tout est bien à présent, tout est comme il devait être, et le bonheur général présent résulte des maux présents de chaque être iii. Or en vérité cela est aussi ridicule que ce beau mot de Posidonius iv, qui disait à la goutte : tu ne me feras pas avouer que tu sois un mal .

 

Les hommes de tous les temps et de toutes les religions ont si vivement senti le malheur de la nature humaine qu'ils ont tous dit que l'œuvre de Dieu avait été altérée . Égyptiens, Grecs, Perses, Romains, tous ont imaginé quelque chose d'approchant de la chute du premier homme . Il faut avouer que l'ouvrage de Pope détruit cette vérité, et que mon petit discours y ramène . Car si tout est bien, si tout a été comme il devait être, il n'y a donc point de nature déchue . Mais au contraire , s'il y a du mal dans le monde, ce mal indique la corruption passée et la réparation à venir . Voilà la conséquence toute naturelle . Vous me direz que je ne tire pas cette conséquence, que je laisse le lecteur dans la tristesse et dans le doute . Eh ! bien , il n'y a qu'à ajouter le mot d'espérer v à celui d'adorer et de mettre :

 

mortels il faut souffrir

Se soumettre, adorer, espérer et mourir .

 

Mais le fond de l'ouvrage reste malheureusement d'une vérité incontestable . Le mal est sur la terre . Et c'est se moquer de moi que de dire que mille infortunés composent le bonheur . Oui, il y a du mal, et peu d'hommes voudraient recommencer leur carrière, peut-être pas un sur cent mille . Et quand on me dit que cela ne pouvait être autrement, on outrage la raison et mes douleurs . Un ouvrier qui a de mauvais matériaux et de mauvais instruments est bien reçu à dire : je n'ai pu faire autrement . Mais mon pauvre Pope, mon pauvre bossu, que j'ai connu, que j'ai aimé, qui t'a dit que Dieu ne pouvait te former sans bosse ? Tu te moques de l'histoire de la pomme . Elle est encore (humainement parlant, et faisant toujours abstraction du sacré), elle est plus raisonnable que l'optimisme de Leibnits, elle rend raison pourquoi tu es bossu, malade , et un peu malin .

 

On a besoin d'un Dieu qui parle au genre humain . L'optimisme est désespérant . C'est une philosophie cruelle sous un nom consolant . Hélas ! Si tout est bien quand tout est dans la souffrance, nous pourrions donc passer encore dans mille mondes, où l'on souffrira , et où tout sera bien . On ira de malheurs en malheurs, pour être mieux . Et si tout est bien, comment les leibnitsiens admettront-ils un mieux ? Ce mieux n'est-il pas une preuve que tout n'est pas bien ? Eh ! qui ne sait que Leibnits n'attendait pas ce mieux ? Entre nous, mon cher Monsieur, et Leibnits, et Shaftsburi, et Bolingbroke, et Pope n'ont songé qu'à avoir de l'esprit . Pour moi, je souffre et je le dis ; et je vous dis avec la même vérité que j'ai grande envie d'aller à Berne vous remercier de vos bontés et de celles de M. de Freydenreik . Vous savez toutes les nouvelles, tout est bien en France, Mme de Pompadour est dévote, et a pris un jésuite pour confesseur vi. »

 

ii Son Poème sur le désastre de Lisbonne : http://fr.wikisource.org/wiki/Po%C3%A8me_sur_le_d%C3%A9sa...

iii Essai sur l'homme, Pope, fin de la première épitre : page 45: http://books.google.be/books?id=aesFAAAAQAAJ&printsec...

iv Posidonius, philosophe stoïcien du premier siècle avant J.-C., établi à Rhodes . Pompée voulut entendre ses leçons, en revenant de Syrie ; Posidonius souffrant d'un accès de goutte aurait dit à plusieurs reprises : « Tu perds ton temps, douleur ; si importune que tu sois, tu ne me feras jamais avouer que tu sois un mal . » . Cette anecdote est rapportée par Cicéron et Pompée se plaisait à la raconter .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Posidonios

V* va publier dans les Mélanges de ses Œuvres complètes de 1756 des Dialogues entre Lucrèce et Posidonius .

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/10_Lucrece_Posid...

v Ce mot ne figurera pas dans l'édition car les deux vers ne concluront pas le poème ; ils sont suivis d'une anecdote et le dernier vers est : « Mais il pouvait encore ajouter l'espérance. »

vi Sacy ; voir page 101 et suiv. : http://books.google.be/books?id=q_c_AAAAcAAJ&pg=PA101...

En mars-avril, le duc de La Vallière demandera à V* de traduire pour elle des psaumes en vers français . Il écrira le Précis de l'Ecclésiaste et le Précis du cantique des cantiques, qui ne seront publiés qu'en 1759 .

http://www.voltaire-integral.com/Html/09/20_Ecclesiaste.h...

http://www.voltaire-integral.com/Html/09/21_Cantique.html

 

 Amour consolation :

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Inconsolable besoin de consolation :

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Tout doux , tendrement , en couple :  Le monde comme un bébé : http://www.deezer.com/listen-585603

 

 

 

 

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18/02/2011 | Lien permanent

Le combat des dieux et des géants est au rang de ces grandes choses qui deviennent ridicules, et qu'une dépense royale p

 

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Cette image n'est pas sans évoquer l'actualité politique française qui voit ses combats de coqs et poules, mais aussi les affres dûs à l'euro au pays des anciens dieux et demi-dieux qui n'est plus qu'un pays de nains et humains de plus ou moins mauvaise volonté, la Grèce .

Je peux vous assurer qu'ils ne jouent pas à "je te tiens, tu me tiens par la barbichette !"

Nom de Zeus ! comment celà va-t-il finir ?

 

 

 Ce jour de 1754, Volti , en ménageant les "faiseurs de double croches," est fort mal à l'aise en voyant son enfant défiguré, lui qui aime le travail bien fait .

 

« A Joseph-Nicolas-Pancrace Royer1

 

Le 20 [septembre 1754]

 

J'avais eu, monsieur, l'honneur de vous écrire, non seulement pour vous marquer tout l'intérêt que je prends à votre mérite et à vos succès, mais pour vous faire voir aussi quelle est ma juste crainte que ces succès si bien mérités ne soient ruinés par le poème 2 défectueux que vous avez vainement embelli . Je peux vous assurer que l'ouvrage sur lequel vous avez travaillé ne peut réussir au théâtre . Ce poème, tel qu'on l'a imprimé plus d'une fois, est peut-être moins mauvais que celui dont vous vous êtes chargé ; mais l'un et l'autre ne sont faits ni pour le théâtre ni pour la musique . Souffrez donc que je vous renouvelle mon inquiétude sur votre entreprise, mes souhaits pour votre réussite, et ma douleur de voir exposer au théâtre un poème qui en est indigne de toutes façons, malgré les beautés étrangères dont votre ami, M. de Sireuil,3 en a couvert les défauts . Je vous avais prié, monsieur, de vouloir bien me faire tenir un exemplaire du poème tel que vous l'avez mis en musique, attendu que je ne le connais pas . Je me flatte, monsieur, que vous voudrez bien vous prêter à la condescendance de M. de Moncrif,4 examinateur de l'ouvrage, en mettant à la tête un avis nécessaire, conçu en ces termes :

« Ce poème est imprimé tout différemment dans le recueil des ouvrages de l'auteur ; les usages du théâtre lyrique et les convenances de la musique ont obligé d'y faire des changements pendant son absence . »

 

Il serait mieux, sans doute, de ne point hasarder les représentations de ce spectacle, qui n'était propre qu'à une fête donnée par le roi, et qui exige une quantité prodigieuse de machines singulières . Il faut une musique aussi belle que la vôtre, soutenue par la voix et par les agréments d'une actrice principale, pour faire pardonner le vice du sujet et l'embarras inévitable de l’exécution . Le combat des dieux et des géants est au rang de ces grandes choses qui deviennent ridicules, et qu'une dépense royale peut sauver à peine .

 

Je suis persuadé que vous sentez comme moi tous ces dangers ; mais si vous pensez que l'exécution puisse les surmonter, je n'ai auprès de vous que la voie de représentation 5. Je ne peux, encore une fois, que vous confier mes craintes ; elles sont aussi fortes que la véritable estime avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc . »

 

 

1 Né en Savoie en 1705, Royer fut nommé parLouis XV , inspecteur général de l'Opéra en 1753, et compositeur de la chambre du roi en 1754 ; il mourut le 11 janvier 1755 .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Nicolas_Pancrace_Royer

2 Pandore ou Prométhée , que V* appelait ironiquement Le Péché originel: http://baroquelibretto.free.fr/pandore.htm

Cet opéra fut répété en octobre 1752, mais non encore joué ni publié .

3 Voir l'évolution de l'opinion de V* au sujet de Royer et Sireuil : http://operabaroque.fr/LA_BORDE_PANDORE.htm

4 François-Augustin Paradis de Moncrif , poête et amuseur des grands, correspondant de V* de 1722 à 1760, réussira à être censeur royal, grâce à la faveur de la reine Marie Leszczynska .

5 Après avoir reçu le texte retenu par Royer et Sireuil, V* adressera ses protestations à Moncrif, à d'Argental et au président Hénault dans ses lettres datées du 15 octobre 1754 .

NDLR : à paraître .

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20/09/2011 | Lien permanent

j'ose dire qu'il y a une espèce de plaisir à sentir qu'on ne peut souffrir que par le malheur des autres

 

"Il faut que tous les musulmans soient naturellement bien malpropres, puisque Dieu a été obligé de leur ordonner de se laver cinq fois par jour "

Le ramadan est fini depuis peu. Yom kippour avait lieu ce week-end dernier.

Je ne sais quel autre dieu ou saint exige une reconnaissance éperdue de sa créature bipède à bouche ventrale ; en tout cas Volti, une fois de plus, appuie là où ça peut faire mal dans ces religions où le rite est d'une bêtise remarquable et culpabilise le croyant qui ose sortir du carcan.

Esclaves du rituel, libérez-vous ! Dieu n'est pas aussi c.. que ses représentants patentés qui vivent à vos dépens!

Persiste et signe .

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« A Maria Anna Louisa Jablonowska, princesse de Talmont

 

23è septembre 1771, à Ferney

 

Madame,

 

J'ai soixante-dix-huit ans [i], je suis né faible, je suis très malade et presque aveugle. Moustapha lui-même excuserait un homme qui dans cet état ne serait pas exact à écrire.

 

Si monsieur le prince de Salm [ii] vous a dit que je me portais bien, je lui pardonne cette horrible calomnie en considération du plaisir infini que j'ai eu quand il m'a fait l'honneur de venir dans ma chaumière.

 

A l'égard du Grand Turc , Madame, je ne puis absolument prendre son parti ; il n'aime ni l'opéra, ni la comédie, ni aucun des beaux-arts ; il ne parle point français ; il n'est pas mon prochain ; je ne puis l'aimer. J'aurai toujours une dent contre ces gens qui ont dévasté, appauvri et abruti la Grèce entière. Vous ne pouvez honnêtement exiger de moi que j'aime les destructeurs de la patrie d'Homère, de Sophocle et de Démosthène. Je vous respecte même assez pour croire que dans le fond du cœur vous pensez comme moi.

 

J'aurais désiré que vos braves Polonais qui sont si généreux, si nobles et si éloquents et qui ont toujours résisté aux Turcs avec tant de courage, se fussent joints aux Russes [iii] pour chasser d'Europe la famille d'Ortogul [iv]. Mes vœux n'ont pas été exaucés, et j'en suis bien fâché. Mais quelque chose qui arrive, je suis persuadé que votre respectable nation conservera toujours ce qu'il y a de plus précieux au monde : la liberté. Les Turcs n'ont jamais pu l'entamer, nulle puissance ne la lui ravira. Vous essuierez toujours des orages, mais vous ne serez jamais submergés. Vous êtes comme les baleines qui se jouent dans les tempêtes.

 

Pour vous, Madame, qui êtes dans un port assez commode [v], je conçois quel est le chagrin de votre belle âme de voir les peines de vos compatriotes. Vous avez toujours pensé avec grandeur, et j'ose dire qu'il y a une espèce de plaisir à sentir qu'on ne peut souffrir que par le malheur des autres. Je ne puis qu'approuver tous vos sentiments, excepté votre tendre amitié pour des Barbares qui traitent si mal votre sexe, et qui lui ôtent cette liberté dont vous faites tant de cas. Que vous importe, qu'ils se lavent en commençant par le coude ? Comme vous n'avez aucun intérêt à ces ablutions, autant vaudrait pour vous qu'ils fussent aussi crasseux que les Samoyèdes . Il faut que tous les musulmans soient naturellement bien malpropres, puisque Dieu a été obligé de leur ordonner de se laver cinq fois par jour .

 

Au reste, Madame, je sens que je serai toujours rempli de respect et d'attachement pour vous, soit que vous fussiez née à La Mecque ou à Jérusalem, ou dans Astracan. Je finis mes jours dans un désert fort différent de tous ces lieux si renommés. J'y fais des vœux pour votre bonheur supposé qu'en effet il y ait du bonheur sur notre globe. Vous avez vu des malheurs de toutes les espèces, je vous recommande à votre esprit et à votre courage.

 

Agréez, madame, le profond respect de votre très humble et très obéissant serviteur

 

Le vieux malade de Ferney V. »

i En réalité, soixante-dix-sept en février passé.

ii Friedrich Johann Otto, prince de Salm-Kyrburg, qui est venu en août, lui apportant les compliments de la princesse (de Talmont) que V* « avait beaucoup vue autrefois à Paris. »

iii Le 6 mai, plus ou moins anonymement la princesse lui avait envoyé un Manifeste des Confédérés (polonais) et le 4 juin V* lui exprimera son désaccord : les Polonais ne peuvent s'allier aux Russes qui les oppriment.

iv Les Ortokid.

v Paris.

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23/09/2010 | Lien permanent

povera e nuda vai filosofia [tu t'en vas pauvre et nue, philosophie]

http://www.youtube.com/watch?v=I96ywoNhh9M&feature=pl...#!

"Appelle ton chien et allons chasser" est si je ne me trompe, le titre de ce que vous venez d'entendre, et correspond à l'ambiance actuelle en France, sauf erreur de ma part . Et ce n'est pas aussi guilleret que cet air de crin-crin !

http://fr.wikipedia.org/wiki/Caton_l%27Ancien

"...les Catons ne sont pas faits pour réussir chez une nation qui n'aime plus que l'opéra-comique.": je remplace ici "opéra-comique" par "Ile de la tentation", "secret story", Castaldi, Vendetta, le foot, McDo, les rumeurs, les séries policières américaines, Navarro (oui, je sais, ça ne passe plus ! ), Derrick (ceux qui l'aiment ne sont pas réputés pour leur hyper-activité, et j'ai des preuves ! ), ...

 

 Caton ... 

On rigole un peu moins !

 

 

 

A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet

de l'Académie des sciences, etc.

 

11è juillet 1776

 

Mon esprit et mon cœur vous remercient, intrépide et vrai philosophe, d'avoir bien voulu me faire l'analyse de cette pièce de théâtre [à savoir, les intrigues qui ont abouti à la démission de Turgot]. Je ne la connaissais que par des récits infidèles ; vous m'en parlez comme un grand connaisseur. Le héros principal est un Caton, mais les Catons ne sont pas faits pour réussir chez une nation qui n'aime plus que l'opéra-comique. Je voudrais pouvoir voir l'auteur avant de mourir. Je fais actuellement un recueil de tous ses ouvrages que j'ai pu rassembler [Édits de Sa Majesté Louis XVI pendant l'administration de M. Turgot, édition posthume dans l'édition de Kehl]. Il me paraît que c'est une collection unique, elle sera un jour bien précieuse. Si vous le voyez, je vous prie instamment de lui dire combien je révère et combien j'aime son génie et son caractère.

 

Pour vous je vous crois enfoncé dans la géométrie. Je vous pardonne si vous faites dans les mathématiques des découvertes nouvelles, comme ont fait Sir Isaac [Newton] et capitaine Halley. Mais n'oubliez pas, je vous en prie, notre Académie. Il faut que vous nous fassiez l'honneur d'en être à la première occasion. Nous avons besoin d'un homme tel que vous. Alors je dirai : nunc dimittis[= maintenant tu quittes ...] Pourquoi faut-il que je sois si éloigné de vous ? Que je ne puisse vous parler et surtout vous entendre ? Vous ranimez ma vieillesse un moment par votre lettre, mais je retombe bientôt après dans mon anéantissement . Où est le temps où vous rallumiez mon feu avec M. d'Alembert ? Où est le temps encore plus éloigné où notre Caton daigna passer quelques jours aux Délices dans la chambre des fleurs ?[d'Alembert et Condorcet sont venus chez V* en septembre-octobre 1770, et Turgot en novembre 1760] Je suis de tous les côtés livré aux regrets, et malheureusement je suis sans espérance ; c'est le pire de tous les états. C'est même le signal que nous donne la nature pour sortir de ce monde, car quel motif nous y peut retenir quand l'illusion de cette espérance est perdue ?

 

Conservez-moi du moins la consolation réelle de votre amitié, j'en ai besoin. J'ai vu dans l'espace de plus de quatre-vingts ans bien des choses affreuses, et je crains d'en voir encore si ma vie se prolonge . Pétrarque disait : povera e nuda vai filosofia [tu t'en vas pauvre et nue, philosophie]. Il faut dire à présent : sferzata e sanguinosa vai filosofia [tu t'en vas fouettée et sanglante, philosophie]. Ai-je pu trouver un asile dans mes déserts sur la fin de mes jours ? Je n'en sais rien .

 

Je vous aime de tout mon cœur, et je vous suis bien respectueusement dévoué. »

 

 Une tête intéressante qui n'est pas sans me rappeller Bébel ( un nez de boxeur) et un videur de boîte de nuit ( avec des rides de sharpei) !

 
Marco_Porcio_Caton_Major.jpg
Un peu de sagesse africaine, loin des wuwuzelas : http://news.fr.msn.com/m6-actualite/monde/photo.aspx?cp-d...

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07/07/2010 | Lien permanent

Tâchons de parler à la fois aux yeux, aux oreilles et à l’âme ; on critiquera, mais ce ne sera qu'en pleurant

... Ceci ne semble pas être le souci premier des politiciens qui font pleurer tant leurs interventions sont pénibles et indigestes .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

4è avril 1764 1

J'ai vu, mes anges, de fort bons vers de M. de La Harpe sur les talents de Mlle Dumesnil , et sur les talents acquis de Mlle Clairon 2. Je me souviens qu'autrefois cette petite innocente de Gaussin me disait tout doucement : allez, allez, Mlle Clairon sera une grande actrice, mais ne les fera jamais pleurer .

Mais quoi ! Est-il possible que Mlle Clairon ne dise pas, Empêchez-moi surtout de le revoir jamais 3, d'une manière à se faire claquer, mais claquer pendant un quart d'heure ? On trouve qu'il n'y a pas assez d''amour dans son rôle ; je maintiens, moi, que ce vers vaut toute une églogue . Allez, allez, la pièce est pleine d'intérêt, et voilà ce qui la soutient . Que quelque auteur s'avise un jour de mettre un bûcher et point d'intérêt dans sa pièce, comptez qu'on y jettera monsieur, pour réchauffer son ouvrage . Il faut qu'il y ait un grand appareil au spectacle, c’est mon avis ; mais il faut que cet appareil fasse toujours une situation intéressante, et qui tienne les esprits en suspens . Tel est le 3è acte de Tancrède, tel est le 4è acte de Mahomet .

Tâchons de parler à la fois aux yeux, aux oreilles et à l’âme ; on critiquera, mais ce ne sera qu'en pleurant. Je suis bien las des drames qui ne sont que des conversations ; ils sont beaux, mais, entre nous, ils sont un peu à la glace.

M. le maréchal de Richelieu est donc pour Bellecour 4. Son père était de la clique qui avait soutenu Pradon .

Je suis très fâché que Mme d'ArgentaI ait pris médecine par nécessité ; mais je serais plus fâché encore si elle l’avait prise sans nécessité, car c’est alors que les médecines font très grand mal. J’ai lu votre écriture tout courant et sans hésiter un moment, malgré toute la faiblesse de mes yeux. Mon cœur aime passionnément les caractères des deux anges. Envoyez-moi, je vous prie, quand vous n’aurez rien à faire, toutes les critiques possibles d’Olympie . Qui sait si elles ne me piqueront pas d’honneur, et si à la fin je ne trouverai pas quelque chose de nouveau ?

M. Gilbert de Voisins 5 n’est-il pas infiniment plus vieux que moi ? J’ai une très mauvaise opinion de ce corps-là, et je m’imagine qu’il pourrait bien m’aller juger incessamment dans l’autre monde ; mais surtout que M. le duc de Praslin se débarrasse vite de sa goutte, et qu’il songe bien sérieusement à sa santé. Je vous le répète, le ministère est un fardeau affreux quand on souffre.

On m’avait mandé que madame de Pompadour était absolument hors d’affaire ; mais ce que vous me dîtes, le 29 de mars, me donne beaucoup de crainte. Je lui avais fait mon compliment sur sa convalescence ; je suis bien fâché d’avoir eu tort. Mille tendres respects ; tout Ferney baise le bout des ailes de mes anges.

V.»

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais supprime le 4è paragraphe .

2 Ces vers ont été imprimés à la fin de la première édition de la lettre du 27 janvier 1764 à Mme du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/04/on-n-est-occupe-que-des-enormes-sottises-qu-on-fait-de-tous-cotes-le-raison.html

4 J.-C. G. Colson , Bellecour au théâtre, a joué le rôle d'Antigone dans a première représentation d'Olympie ; voir lettre du 27 mars 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/05/02/n... ; voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/bellecour#

5 Pierre Gilbert de Voisins a requis en 1734 contre les Lettres philosophiques . Voir note 9 : https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_philosophiques/Avertissement

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08/05/2019 | Lien permanent

Nous aurons gagné notre procès, si cette aventure sert à inspirer la tolérance et l’humanité à des cœurs barbares qui ne

... Ce n'est pas demain la veille que cela se réalisera, l'intolérance et l'inhumanité étant le moteur de trop de chefs d'Etats dont la liste est longue comme un catalogue de La Redoute . Pour l'instant les yeux sont tournés vers l'Ukraine et l'ogre russe, Xi Jin Ping et Taïwan, le Burkina Faso, le Brésil, et tutti quanti , et plus brouillés de larmes que fermés de rigolade .

http://les-lectures-de-lilas.l.e.pic.centerblog.net/o/28b0e12c.jpg

http://les-lectures-de-lilas.centerblog.net/rub-petit-tra...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

29 octobre 1766 1

Point de nouvelles de Meyrin, mon cher ami ; mais j’en ai du moins reçu du prophète Élie. Il dit qu’il a fini à la fin son factum pour les Sirven 2; qu’à son retour à Paris, il va le faire signer par des avocats, et le faire imprimer. Dieu le veuille ! Je vois qu’il est occupé d’affaires intéressantes et épineuses. Son procès devenu personnel contre Mme de Roncherolles, son autre procès pour les biens que réclame madame sa femme 3, me font une extrême peine. Mais enfin nous avons entrepris l’affaire des Sirven, il faut en venir à bout. Nous aurons gagné notre procès, si cette aventure sert à inspirer la tolérance et l’humanité à des cœurs barbares qui ne les ont point connues.

Mandez-moi ce qu’on pense du procès de l’ingratitude contre la bienfaisance. Ce charlatan de Jean-Jacques n’est-il pas le mépris de tous ceux qui ont le sens commun, et l’exécration de ceux qui ont un cœur ? Mes deux conseillers 4 sont partis, mais l’un s’en va à sa terre d’Hornoy, l’autre à son abbaye. J’espère que vous les verrez cet hiver. Puisque je ne jouis pas de la consolation de votre société, il faut au moins que ma famille en jouisse.

Informez-vous, je vous prie, de ce qu’est devenu le paquet de Meyrin. Ne l’aurait-on pas fait partir par les rouliers, au lieu de le mettre à la diligence ? Délivrez-moi de cette inquiétude.

On annonce un livre qui me tente ; il est intitulé Recherches des découvertes attribuées aux modernes 5. Envoyez-le moi, je vous prie, s’il en vaut la peine.

Voulez-vous bien faire dire à Merlin qu’il se prépare à payer, au commencement de l’année prochaine, les mille livres qu’il doit à son correspondant de Genève ? Ces mille livres appartiennent au sieur Wagnière. Merlin en devait payer cinq cents au mois de juin passé. J’en ai le billet ; je le chercherai quand je me porterai mieux, et je vous l’enverrai.

Bonsoir, mon cher ami. Voici une lettre 6 que je vous prie de faire remettre chez M. Élie de Beaumont.

Renvoyez-moi donc les lettres de Jean-Jacques. »

1 L'édition Correspondance littéraire ne donne pas le destinataire .

5Louis Dutens : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Dutens

Recherches sur l’origine des découvertes attribuées aux modernes, où l'on démontre que nos plus célèbres philosophes ont puisé la plupart de leurs connaissances dans les ouvrages des anciens , 1766, deux volumes in-8°, réimprimés en 1776, 1812. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76020g/f3.item.texteImage

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28/01/2022 | Lien permanent

Nous sommes plus savants sur certains chefs intéressants que dans le siècle passé mais adieu les talents, le goût, le gé

... En cette période de passages d'examens, les résultats de ces chers collégiens, lycéens et étudiants de tous poils viennent confirmer ce constat .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon , de

l'Académie des belles-lettres

rue du Doyenné-Saint-Louis-du Louvre

à Paris

Ami aussi essentiel qu'aimable, ayez tout pouvoir sur Pandore. Vous me donnez le fond de la boîte, et j'espère tout de votre goût, de la facilité de M. de La Borde. A l'égard de ma docilité, vous n'en doutez pas.

Je suis bien étonné qu'on ait fait un opéra d'Ernelinde, de Rodoald, et de Ricimer 1; cela pourrait faire souvenir les mauvais plaisants

De ce plaisant projet d'un poète ignorant

Qui de tant de héros va choisir Childebrand. 2

Le bizarre a succédé au naturel en tout genre. Nous sommes plus savants sur certains chefs intéressants que dans le siècle passé mais adieu les talents, le goût, le génie et les grâces.

Mes compliments à Rodoald je vais relire Atis 3.

J'ai peur que vous ne soyez dégoûté de l'empire romain et d'Eudoxie, depuis que vous avez vu la misère où les pauvres acteurs sont tombés. On dit qu'il n'y a que la Sorbonne qui soit plus méprisée que la Comédie française.

J'envie le bonheur de M. Dupuits, qui va vous embrasser. Je félicite M. de La Harpe de tous ses succès. Il en est si occupé qu'il n'a pas daigné m'écrire un mot depuis qu'il est parti de Ferney 4.

Mme Denis vous regrette tous les jours . Elle brave l'hiver, et j'y succombe. Je lis et j'écris des sottises au coin de mon feu, pour me dépiquer.

J'ai reçu d'excellents mémoires sur l'Inde 5. Cela me console des mauvais livres qu'on m'envoie de Paris. Ces mémoires seraient seraient mal reçus de votre Académie, et encore plus de vos théologiens. Il est prouvé que les Indiens ont des livres écrits il y a cinq mille ans . Il nous sied bien après cela de faire les entendus ! Leurs pagodes, qu'on a prises pour des représentations représentations de diables, sont évidemment les vertus personnifiées.

Je suis las des impertinences de l'Europe. Je partirai pour l'Inde, quand j'aurai de la santé et de la vigueur. En attendant, conservez-moi une amitié qui fait ma consolation.

V.

7è décembre 1767 à Ferney. »

1 Sur cet opéra, voir lettre du novembre 1767 à Chabanon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/15/je-presume-qu-il-passe-fort-agreablement-son-temps-avec-quel-6447856.html

Les paroles d'Ernelinde sont de Poinsinet, la musique de Philidor. La première représentation avait été donnée le 24 novembre 1707.

2 Boileau, Art poétique., ch. III, v. 241-242 : https://fr.wikisource.org/wiki/Boileau_-_%C5%92uvres_po%C3%A9tiques/L%E2%80%99Art_po%C3%A9tique/Chant_III#cite_note-16

La citation comme l'idée sont familières à V* à cette époque.

4 Cette phrase a été barrée en vue de l'édition sur le manuscrit original ; elle a cependant été imprimée .

5 Phrase importante . Ces écrits sur l'Inde vont marquer profondément V* dans les cinq- six années subséquentes . Le commencement du chapitre XXIX du Précis du Siècle de Louis XV montre qu'il a reçu les deux premier volumes de l'ouvrage de John Zephaniah Holwell, Interesting Historical Events, Relative to the Provinces of Bengal, and the Empire of Indostan, 1766-1771 .

Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_29

et https://wellcomecollection.org/works/me6m8q8z

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27/06/2023 | Lien permanent

je voudrais un armistice éternel entre les hommes

... Et si nous sommes assez nombreux à le vouloir, il sera effectif .

Faire crever d'ennui les va-en-guerre, les profiteurs de guerre, voilà mon voeu qui rejoint celui de Voltaire .

J'aimerais, à l'occasion , trouver encore quelque âne bâté portant ses accusations de "Voltaire était favorable à la guerre pour gagner encore plus d'argent !" . Je dis ici âne bâté pour rester poli,- il y a des dames qui me lisent peut-être,- alors que je pense à d'autres épithètes plus rudes et plus adaptées en ce cas . Cessez donc de juger Voltaire avec un esprit borné .

Voir : http://users.online.be/~lesa6740/archive/dec-98/societe/travail/armistice.htm

 

armistice de reve.gif

 

 

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG

à l'île Jard

à Strasbourg

Aux Délices, 20 septembre [1758]

On ne sait plus que croire et que penser, madame. Hier, tout le monde avoue que les Russes ont été détruits, aujourd'hui, tout le monde avoue que les Russes sont ressuscités pour battre le roi de Prusse. La nouvelle vous sera venue de Paris de la défaite des Anglais auprès de Saint-Malo. C'est du baume sur la blessure que la perte de Louisbourg nous a faite. Je voudrais bien, en qualité de curieux, et encore plus d'homme pacifique, savoir ce que c'est que cet armistice entre le maréchal de Contades et M. le prince de Brunswick, je voudrais un armistice éternel entre les hommes.

Je vous remercie de tout mon cœur, madame, des petites coquetteries que vous faites en ma faveur en Lorraine. Vous savez combien j'aimerais une terre qui me rapprocherait de vous mais M. de Fontenoy 1 veut à présent vendre trois cent mille livres son Champignelle 2, qui ne rapporte pas plus de six mille livres de rente. Mme de Mirepoix et Mme de Boufflers veulent me vendre Craon mais il est substitué, et ce marché est difficile à conclure.

Puisque Colini a l'honneur de vous faire quelquefois sa cour, je vous prie instamment, madame, de lui faire dire que je lui ai écrit deux fois par M. Turckeim, le banquier, et que j'ignore s'il a reçu mes lettres 3. Mme Denis vous présente ses respects autant en fait son oncle le Suisse. Il est plein de reconnaissance pour le petit mot dont vous l'avez honoré dans certaine lettre 4. Portez-vous bien surtout. »

1  Fontenoy-sur-Moselle près de Toul .

4 A Mme de Pompadour .

 

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01/11/2013 | Lien permanent

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