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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je supputais hier avec des Anglais qu'ils doivent plus de livres tournois qu'il n'y a de minutes depuis la création du m

... Brexit d'Outre-Manche avec dette britannique,   dette nationale française, histoires de gros sous qui échappent à mon entendement de vulgum pecus , complètement ignare au delà de premier million . Comment s'endetter de moult milliards sans se faire mettre en prison, se faire expulser, se faire mettre en tutelle, comme on en use pour citoyen de base ? Débiteurs et créanciers se tiennent par la barbichette d'une main, un couteau sur la gorge de l'autre ; rire n'est alors pas bien vu .

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« A Bernard-Louis Chauvelin

[aux Délices 1er novembre 1762] 1

Puisque Votre Excellence aime notre tripot à ce point, puisqu'elle se prête avec tant de bonté à nos tragiques bagatelles, voici la scène qui finit l’acte 3, et voici tout le 4è acte . Il n'y a plus à la vérité tant 2 de fracas à la fin de cet acte 4è . C'est un beau sujet de tableau, qu'une femme mourante, sa fille à ses pieds, un amant furieux venant enlever cette fille qui le repousse, l'amant saisi d'horreur et de pitié, tous les assistants empressés etc. C'est même pour parvenir à produire ce tableau sur la scène que j'avais arrangé toute la pièce, mais il est impossible que cette situation subsiste . Je me suis aperçu que Statira n'était là qu'un trouble-fête . Elle venait après une scène intéressante des deux amants, on souhaitait qu'elle pardonnât, mais au contraire , elle se réjouissait avec sa fille de ce qu'on allait tuer son amant . Elle s'évanouissait quand sa fille lui remontait qu’une religieuse ne doit pas être si vindicative . Alors Statira devenait presque odieuse, et sa mort était très froide . Ainsi tout ce spectacle préparé pour émouvoir ne faisait qu'un effet ridicule . De plus le retour de Cassandre auprès d'Olympie n’était pas vraisemblable . Pourquoi quitter le combat ? comment Antigone ne le suivait-il pas ? Mille raisons enfin concouraient pour faire supprimer une situation qui belle en elle-même était très mal placée .

Nous venons de jouer Le Droit du seigneur avec un prodigieux succès pour le pays de Gex ! mais quel pays au mois de novembre ! et que mes montagnes sont vilaines en hiver quand on ne joue pas la comédie !

Je n'enverrai à mes anges d'Argental notre Olympie (vos bontés la font vôtre) que quand vous et moi seront contents . Je trouve que cette pièce est comme la paix ; elle me paraissait faite et à mesure qu'on avance elle est difficile à faire . Je supputais hier avec des Anglais qu'ils doivent plus de livres tournois qu'il n'y a de minutes depuis la création du monde, et je crois que nous autres Français nous ne nous éloignons pas trop de ce compte .

Notre troupe se prosterne devant Vos Excellences, et moi je joins la plus tendre reconnaissance à mon respect . »

1 Le manuscrit olographe de quatre pages, non daté, est passé à la vente Libreria Banzi à Bologne en 1968 .

2 Quelques lignes en fac similé dans la vente ci dessus se terminent par ce mot .

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27/09/2017 | Lien permanent

Les philosophes sont les médecins des âmes dont les fanatiques sont les empoisonneurs . En vérité, mon cher maître, vou

... Ceci ne semble pas -et ne sera jamais- le souci premier de Donald Trump , va-en-guerre de première grandeur, danger public pour le monde . Insupportable !

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

9 de novembre [1764]

J'ai su par M. Duclos, mon cher et grand philosophe , qu'il s’était dit un petit mot à l'Académie touchant le Portatif . C'est vous sans doute qui m'avez rendu justice, et qui avez certifié que cet ouvrage est de plusieurs mains ; recevez mes remerciements . Il est plus difficile quelquefois de faire connaître la vérité au roi qu'aux académies ; cependant je crois être parvenu à détromper un peu sa Majesté, et à lui faire au moins approuver ma conduite dans cette petite affaire . Je crois qu'il a lu une partie du livre . Il y a dans la monde des Omer 1 qui ont l'esprit moins juste et le cœur moins bienfaisant . Je ne sais si je vous ai mandé qu'un de ces Omer disait qu'il ne serait point content s'il ne voyait pendre quelques philosophes . Je vois , par vos lettres, que vous n'avez nulle envie d'être pendu, et je ne crois pas les philosophes si pendables . Il me semble qu’eux seuls ont un peu adouci les mœurs des hommes, et que sans eux nous aurions deux ou trois Saint-Barthélémy de siècle en siècle . Eux seuls ont prêché la tolérance dans le temps que toutes les sectes sont intolérantes autant qu'elles le peuvent . Les philosophes sont les médecins des âmes dont les fanatiques sont les empoisonneurs .

En vérité, mon cher maître, vous devriez bien donner quelques aphorismes de médecine, en préférant le bonheur de servir les hommes à la gloire de vous faire connaître . En attendant, je vous prie de juger le procès sur le Testament prétendu du cardinal de Richelieu, qui n'est pas plus philosophique que les autres testaments .

Je vous prie de me dire votre avis, qui me tiendra lieu de décision . Que dites-vous du nouveau roi de Pologne qui m'invite à l'aller voir 2, comme on va passer quinze jours à la campagne ? C'est un homme plein d'esprit et de goût .

Je ne sais qui est le plus philosophe de lui, du roi de Prusse et de la czarine . On est étonné des progrès que la raison fait dans le Nord, et il faut espérer qu'elle rendra les hommes très heureux, puisque sa rivale les a rendus si misérables .

Je vous envoie un ouvrage honnête qui ne fera pendre personne . »

1 Ici et un peu plus loin, Omer est remplacé par gens dans l'édition de Kehl ; on donne ici la leçon de Renouard, LXIII, 313, qui est certainement correcte .

2 On garde une trace de cette invitation dans une lettre de Nicolas-Auguste Poniatowski à la comtesse Katarzyna Mniszech, du 27 septembre 1764 .Voir : https://books.openedition.org/pur/55354

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03/01/2020 | Lien permanent

Je n'ai presque point quitté mon lit depuis deux mois

... Là je galèje  un peu !

Je veux dire que je n'ai pas quitté ma cour plus d'une fois par semaine , je maitrise parfaitement l'art d'accommoder les restes, les menus sont peu variés, ce qui ne m'a pas empêché de faire un peu de gras ( à déconfiner lui aussi, le plus tôt possible ) . A 16h, nous serons fixés sur notre liberté surveillée , vert : je bosse, rouge : je me recouche !

1Sans titre.png

On va charger ... Messieurs ajustez vos faux nez !

https://www.centenaire.org/fr/tresors-darchives/fonds-pri...

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime et

historiographe de Son Altesse Électorale , etc.

à Mannheim

20è février 1765 1

Mon cher ami, j'entre aujourd’hui dans ma soixante et douzième année, en dépit de mes estampes qui me donnent quelques jours de moins 2. Ce n'est pas sans peine que j'ai attrapé cet âge . Je n'ai presque point quitté mon lit depuis deux mois . Vous m'avez vu bien maigre, je suis devenu squelette . Je m'évapore comme du bois sec enflammé, et je serai bientôt réduit à rien . Mettez-moi, je vous prie, aux pieds de Son Altesse Électorale . Je veux qu’elle sache que je mourrai son admirateur, son attaché, son obligé .

Dites-moi je vous prie, si vous avez trois pieds de neige à Mannheim, comme nous sur les bords du lac Léman . Avez-vous de beaux opéras ? J'avais un pauvre petit théâtre grand comme la main ; je viens de le faire abattre : vous voyez que j'ai renoncé au Démon et à ses pompes . La Mettrie a fait L’Homme machine 3 et L'Homme plante 4. Il est triste de n'être qu'une plante du pays de Gex . J'aurai végété plus agréablement à Schwetzingen . Adieu, aimez-moi pour le peu de temps que j'ai encore à exister et à sentir .

V. »

1 Sur le manuscrit original, mention « f[ran]co Canstat »

2 Officiellement, V* est né en novembre , et lui se réclame né plus tôt .

 

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07/05/2020 | Lien permanent

Ce sont deux Genevois qui ont dans le pays la plus mauvaise réputation

... le vin blanc de la Cave du Mandement et la prison de Champ Dollon !*

Et ne pensez pas que la fréquentation de l'une vous amène obligatoirement à l'autre . Bien que  la consommation de l'un vous condamne, au choix, soit à l'hôpital soit à un séjour derrière les barreaux , rien qu'à repenser à ce décapant, j'en ai le poil qui se hérisse .

* Selon les citoyens des 25 autres cantons .

 

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La sobriété calviniste existe, quelque soit le bâtiment , c'est "propre en ordre !" .

 

 

« A Jospeh-Marie Balleidier, Procureur

à Gex

Ferney 20è janvier 1763 1

Troisième lettre 2

Je vous prie, toute chose cessante de faire descendre la justice à Vallavran chez Bouquet , fermier d'un domaine à Vallavran, dont Charles Bêtems de Prégny est propriétaire ; d'interroger ledit Bouquet , à l'occasion d'un délit commis, lequel consiste à avoir coupé des arbres dans le 3 domaine de l'Ermitage, appartenant à Mme Denis, situé près de Collovrex 4.

Ledit Daniel Bouquet a trouvé le nommé Fatio fils demeurant à Collovrex, coupant un chêne 5, et faisant des fascines .

Bouquet s'est saisi d'une grosse branche de cet arbre, et l'a portée à l'Ermitage pour servir de témoignage .

Ce jeune Fatio et son père sont soupçonnés d'avoir coupé une vingtaine d'arbres dans mes nouvelles plantations . Ce sont deux Genevois qui ont dans le pays la plus mauvaise réputation . On requiert une information de vie et de mœurs . Il faudra requérir le sieur Maurice 6 , professeur à Genève, son voisin, de déposer . Nous nous informerons en attendant qui sont ceux qui pourront rendre témoignage .

N.B.-- Bouquet a pris deux témoins, ce n'est probablement qu'en déposant la branche à l'Ermitage .

Ceci requiert célérité .

Voltaire . »

1 Original signé, dernière phrase autographe . L'édition Vézinet est incomplète . On lit sur l'original : « De M. de Voltaire / Du 20è janvier 1763 /Le 21 je suis allé à Ferney / et y ai resté 2 jours . »

2 On ne connait pas les deux autres lettres .

3 mon corrigé en le sur le manuscrit .

4 Vallavran et Collovrex sont des lieux-dits proches entre Ferney et le lac Léman .

5 arbre a été corrigé en chêne sur le manuscrit .

6 Antoine Maurice (17 avril 1716- 23 juillet 1795), pasteur et professeur de théologie à Genève .

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06/12/2017 | Lien permanent

Le ministre exige des intendants la plus grande sévérité , tout notre pays souffre, et se plaint en vain

... En vain , évidemment ! l'adversaire n'est pas le ministre ni ses intendants . L'indiscipline française est le meilleur allié du virus . Il est plus que regrettable que le manque de réalisme de ceux qui ont confondu "déconfinement" et "tout est permis-taïaut-franc dans les bois" (en l'occurence la promiscuité dans les bistrots et teufs en tout genre) ait rallumé le feu du covid et son lot de morts inutiles . Le couvre-feu me semble être une mesurette , cautère sur une jambe de bois ! On envisage à nouveau le confinement ... ouaip !

 

 

« A Gabriel Cramer

J'apprends que monsieur Caro est aujourd’hui ce que je suis toute ma vie, un peu malade ; j'ai tout lieu d'espérer que ce sera peu de chose, car je connais peu de tempéraments aussi bons que celui de monsieur Caro Gabriele .

Je lui renvoie S. »

 

« J'écris encore . Le ministre exige des intendants la plus grande sévérité , tout notre pays souffre, et se plaint en vain . »

 

« Je crois qu'il faudra serrer un peu dans la suite, et mettre moins d'espace entre les noms des acteurs et le dialogue, car il arrivera qu'avec la préface le tout contiendra près de 500 pages, ce qui est trop pour une comédie . »

 

« J'en demande pardon, mais il faudra remanier B. Je tâcherai de ne plus tomber dans cet inconvénient .

Mille compliments à toute la famille . »

 

« Je n'en puis plus mon cher ami, mais on mettra tout en ordre et vous aurez tout .

V. »

 

« Je ne sais encore aucune nouvelle dans ma solitude des choses dont M. Caro me parle . Dès que je serai au fait, il n'y a rien que je ne fasse pour obliger M. Caro . Nous causerons de tout cela . »

 

« Je ne sais si je ne me suis pas trompé en envoyant un premier cahier pour un autre . Je crois que celui-ci est le véritable, et que c'est sur lui qu'il faut se régler . En tout cas, s'il se trouve quelque différence entre les deux copies ce sera peu de chose ; et je corrigerai sur l'épreuve .

Monsieur Cramer n'a point donné de nouvelles de sa goutte . Le calcul des probabilités porte à croire qu'il est mieux . »

 

« J'envoie à monsieur Caro cette lettre que je viens de recevoir . Que faut-il que je réponde ?

Comment va votre poignet ?

Mille compliments à votre femme et à M. Jean-Louis . »

 

« J'envoie à monsieur Cramer des six et des sept en grande quantité qui me sont inutiles . S'il pouvait me les changer contre deux troisième partie, et une cinquième, cela compléterai mes exemplaires, et je lui serai bien obligé . »

 

« Je pense qu'il faudrait de petits titres marginaux à cette 1ère feuille . De l'Espagne, De l'Allemagne, De l'Italie, etc .

Permettez que je garde la feuille jusqu'à demain . »

 

 

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28/10/2020 | Lien permanent

Il fait une très grande impression dans tous les pays où l'on aime à raisonner

... Ce serait tout à fait extraordinaire et pour tout dire inespéré s'il s'agissait d'un chef d'Etat ou de gouvernement ! Qui peut correspondre à ce constat ?

La vérité sur les notes à l'école : pourquoi elles sont biaisées - Parents  du 21ème siècle

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

18 novembre 1767 1

Mémoires ou Campagnes du maréchal de Luxembourg 2, il n’importe, mon cher ami, on y trouve des faits et des dates, j'en ai un besoin pressant, et je vous réitère mes supplications de m'envoyer cet ouvrage par la poste . Il n'y a qu'à en faire deux paquets s'il est trop gros .

On a imprimé en Hollande des lettres au Père Malebranche l'ouvrage est intitulé Le Militaire philosophe 3 ,il est excellent, le Père Malebranche n'aurait jamais pu y répondre. Il fait une très grande impression dans tous les pays où l'on aime à raisonner.

On m'assure de tous côtés que l'on doit assurer un état civil aux protestants, et légitimer leurs mariages il est étonnant que vous ne m'en disiez rien.

Bonsoir mon très cher ami, je vous embrasse bien fort. »

3 Première mention du Militaire philosophe , sous la plume de V*. Il s'agit, d'une version abrégée et déformée par Naigeon, dans un sens athée, des Difficultés sur la religion proposées au P. Malebranche, manuscrit , édité en 1971 par M. Roland Mortier, dans la collection de l'université libre de Bruxelles . Ce manuscrit n'est lui-même qu'un remaniement complet pour la matière, mais presque toujours résumé dans le détail, d'un ouvrage de Robert Challe, composé vers 1710 , dont le manuscrit primitif et le texte original ont disparu . On connaît celui-ci dans ses grandes lignes par le manuscrit édité par R. Mortier , et, de façon beaucoup plus exacte dans le détail, mais très incomplète dans la mesure où des morceaux considérables ont été supprimés, par divers manuscrits dont le plus fidèle, d'où dérivent deux autres manuscrits, a été établi par l'abbé Seffert et se trouve conservé à la Bibliothèque historique de Leningrad . Les deux versions figurent dans l'édition suivante : Robert Challe, Difficultés sur la religion proposée au père Malebranche, édition critique par F. Deloffre et M. Menemencioglu, The Voltaire Fondation, Oxford, et Jean Touzot, 38, rue Saint-Sulpice, Paris, 1982.

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10/06/2023 | Lien permanent

être heureux par la possession de sa femme

... et non pas celle d'un autre !

Même si le terme "possession", à sens unique, choque certaines âmes féministes, le mariage (sacré ? ) et son contrat sont bien là pour l'entériner, bon gré mal gré, depuis des siècles, toutes croyances religieuses confondues . Pour tous les réfractaires au mariage, la "possession" est parfaitement réciproque et librement consentie , vers infini et au-delà , sauf accident .

 Résultat de recherche d'images pour "possession de sa femme"

"... le marié, rentré en possession de sa femme, ..." selon les termes consacrés

 

 

« A Jean-Baptiste-François de La Michodière 1

A Ferney , le 13 février 1763

Si j'avais des yeux, monsieur, j'aurais l'honneur de vous remercier de ma main, de la lettre dont vous avez bien voulu m'honorer . Recevez mes très humbles compliments pour vous et M. Thiroux de Crosne sur le mariage de madame votre fille 2. Celui de Mlle Corneille n'est pas si brillant ; je l'ai donnée à un jeune gentilhomme nommé Dupuits dont les terres sont voisines des miennes . Il n'est guère que cornette de dragons, mais il a un avantage commun avec M. de Crosne, celui d'être heureux par la possession de sa femme .

L'affaire que M. de Crosne rapporte est un peu éloignée des agréments dont il jouit ; elle est bien funeste, et je n'en connais guère de plus honteuse pour l'esprit humain . J'ai pris la liberté d'écrire à M. de Crosne sur cette affaire 3. Je dois me regarder en quelque façon comme un témoin ; il y a plusieurs mois que Pierre Calas, accusé d'avoir aidé son père et sa mère dans un parricide, est dans mon voisinage avec un autre de ses frères . J'ai balancé longtemps sur l'innocence de cette famille ; je ne pouvais croire que les juges eussent fait périr, par un supplice affreux, un père de famille innocent . Il n'y a rien que je n'aie fait pour m'éclaircir de la vérité . J'ai envoyé plusieurs personnes auprès des Calas, pour m'instruire de leurs mœurs et de leur conduite . Je les ai interrogés moi-même très souvent . J'ose être sûr de l'innocence de cette famille comme de mon existence . Ainsi j'espère que M. de Crosne aura reçu avec bonté la lettre que j'ai eu l'honneur de lui écrire . Ce n'est point une sollicitation que j'ai prétendu faire, ce n'est qu'un hommage que j'ai cru devoir à la vérité . Il me semble que les sollicitations ne doivent avoir lieu dans aucun procès, encor moins dans une affaire qui intéresse le genre humain . C'est pourquoi, monsieur, je n'ose même vous supplier d'accorder vos bons offices . On ne doit implorer que l'équité et les lumières de M . de Crosne . Vous avez lu les factums, et je regarde l'affaire comme déjà décidée dans votre cœur et dans celui de monsieur votre gendre .

J'ai l'honneur d'être avec bien du respect etc. »

2 Sa fille aînée Anne-Adélaïde-Angélique de la Michodière (1745- 1812 ) épouse le 24 janvier 1763 ,à Paris, Louis Thiroux de Crosne conseiller au parlement de Paris .

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11/01/2018 | Lien permanent

Il faut savoir jouir et savoir se passer; j'ai tâté de l'un et de l'autre

 

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Où donc a-t-on tâté  le plus?

 

 

« A M. DARGET 1

Le 5 août 1755.

Je vous dois, mon ancien ami, un compte exact de ce qui s'est passé en dernier lieu au sujet de ce poème de la Pucelle d'Orléans, dont on pourra dire comme de celle de Chapelain

Depuis trente ans on parle d'elle,
Et bientôt on n'en dira rien.


C'est peu qu'on ait déshonoré la littérature jusqu'à imprimer le Siècle de Louis XIV avec des notes aussi absurdes que calomnieuses, et qu'on se soit avisé de faire un libelle scandaleux d'un ouvrage approuvé de tous les honnêtes gens de l'Europe; c'est peu qu'on ait donné sous mon nom une prétendue Histoire universelle, dont il n'y avait pas dix chapitres qui fussent de moi, et dont l'ignorance a rempli tous les vides, les mêmes gens qui me persécutent depuis si longtemps ont mis le comble à ces malversations inouïes jusqu'à nos jours parmi les gens de lettres. Ils ont déterré quelques fragments de cet ancien poème de la Pucelle d'Orléans, qui était assurément un badinage très-innocent; quand ils ont su que j'étais en France, ils ont ajouté à cet ouvrage des vers aussi plats qu'offensants contre les amis que j'ai en France 2, et contre les personnes 3 et les choses les plus respectables. Quand on a vu que j'avais choisi un petit asile auprès de Genève, où ma mauvaise santé m'a forcé de chercher des secours auprès d'un des plus célèbres médecins de l'Europe, il ont glissé au plus vite dans l'ouvrage des vers contre Calvin4, ils vivent du fruit de leurs manœuvres, ils vendent chèrement leurs manuscrits ridicules aux dupes qui les achètent, et se font ainsi un revenu fondé sur la calomnie. En vérité, mon cher ami, si ces malheureux pouvaient être appelés des gens de lettres, je serais presque de l'avis de ce citoyen de Genève 5 qui a soutenu avec tant d'esprit que les belles-lettres ont servi à corrompre les mœurs. On a député dans le pays où je suis un homme qui se mêle de vendre des livres, il se nomme Grasset; il vint dans ma maison le 26 juillet, et me proposa de me vendre cinquante louis d'or un de ces manuscrits; il m'en fit voir un échantillon, c'était une page remplie de tout ce que la sottise et l'impudence peuvent rassembler de plus méprisable et de plus atroce; voilà ce que cet homme vendait sous mon nom, et ce qu'il voulait me vendre à moi-même. Il me dit, en présence de plusieurs personnes, que le manuscrit venait d'un Allemand qui l'avait vendu cent ducats, ensuite il dit qu'il venait d'un ancien secrétaire de monseigneur le prince Henri il entend sans doute le secrétaire à qui votre beau-frère a succédé, et qui était avec cet autre fripon de Tinois, mais ni le roi de Prusse, ni le prince Henri, n'ont jamais eu entre leurs mains des choses si indignes d'eux. Il nomma plusieurs personnes, il assura que La Beaumelle en avait un exemplaire à Amsterdam , je pris le parti de porter sur-le-champ au résident de France la feuille scandaleuse que cet homme m'avait apportée écrite de sa main. On mit Grasset en prison; il dit alors qu'il la tenait d'un nommé Maubert, ci-devant capucin, auteur de je ne sais quel Testament politique du cardinal Albéroni 6, dans lequel le ministère de France et M. le maréchal de Belle-Isle sont calomniés avec cette impudence qu'on punissait autrefois et qu'on méprise aujourd'hui; enfin on a banni de Genève le nommé Grasset. On a interrogé le sieur Maubert, et on lui a signifié que, si l'ouvrage paraissait, on s'en prendrait à lui. Voilà tout ce que j'ai pu faire, dans un pays où la justice n'est pas rigoureuse, j'attends de votre amitié que vous voudrez bien m'instruire de ce que vous pourrez apprendre sur cette misère. Si vous voyez M. de Croismare et M. Duverney, je vous prie de leur faire mes très-humbles compliments; mes Délices me font souvenir de Plaisance 7. Je n'ose demander des ognons de tulipe à M. Duverney, c'est la seule chose qui me manque dans ma retraite trop belle pour un philosophe. Il faut savoir jouir et savoir se passer; j'ai tâté de l'un et de l'autre. Je vous souhaite fortune, agréments; et j'aurais voulu que ma maison eût été sur le chemin de Vesel.
P. S. Pourrez-vous avoir la bonté de me dire le nom de ce Provençal 8 qui était ci-devant secrétaire du prince Henri? Je vous embrasse. Je suis bien malade. »

5 Jean-Jacques Rousseau.

7 Château de Pâris-Duverney, près de Nogent-sur-Marne.

8 Il s'appelait du Puget; voyez lettre de Darget du 6 septembre .
 

 

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12/03/2012 | Lien permanent

Je passe mon temps à faire des gambades sur le bord de mon tombeau

Jolie fin de vie : 

 http://www.deezer.com/listen-5474716

 Oui, Volti n'aurait  pas été en désaccord avec Sarcloret (Sarclo pour les amis )lui qui jusqu'au bout a apprécié la joliesse des femmes, tant actrices qu'amies .

 

 

« A Marie Vichy de Chamrond, marquise du Deffand


 

10è auguste 1772


 

J'ai tort, Madame, j'ai très tort [&]; mais je n'ai pas pourtant si grand tort que vous le pensez. Car en premier lieu je croyais que vous n'aviez plus du tout de goût pour les vers, et surtout pour les miens. Et secondement, je n'étais pas content de l'édition dont vous avez la bonté de me parler. Je vous en envoie une meilleure.


 

Pour peu que vous vouliez connaître le système de Spinosa vous le verrez assez proprement exposé dans les notes [&&]. Si vous aimez à vous moquer des systèmes de nos rêveurs, il y aura encore de quoi vous amuser.


 

Vous verrez de plus dans les notes des Cabales, si j'ai eu si grand tort de me réjouir de la chute et de la dispersion de Messieurs [&&&]. La plupart sont comme moi à la campagne ; je leur souhaite d'en tirer le parti que j'en tire .


 

Je me suis mis à établir une colonie ; rien n'est plus amusant . Ma colonie serait bien plus nombreuse et plus brillante si M. M. l'abbé Terray ne m'avait réduit à une extrême modestie.[&&&&]


 

Puisque vous avez vu M. Huber, il fera votre portrait, il vous peindra en pastel, à l'huile, en mezzo tinto, il vous dessinera sur une carte avec des ciseaux, le tout en caricature. C'est ainsi qu'il m'a rendu ridicule d'un bout de l'Europe à l'autre. Mon ami Fréron ne me caractérise pas mieux pour réjouir ceux qui achètent ses feuilles.


 

Nous voici bientôt, Madame, à l'anniversaire centenaire de la Saint-Barthélémy. J'ai envie de faire un bouquet pour le jour de cette belle fête [&&&&&]. En ce cas vous aurez raison de dire que je n'ai point changé depuis cinquante ans que j'ai fait La Henriade [&&&&&&]. Mon corps n'a pas plus changé que mon esprit. Je suis toujours malade comme je l'étais. Je passe mon temps à faire des gambades sur le bord de mon tombeau ; et c'est en vérité ce que font tous les hommes, ils sont tous Jean qui pleure et qui rit ; mais combien y en a-t-il malheureusement qui sont Jean qui mord, Jean qui vole, Jean qui calomnie, Jean qui tue !


 

Eh ! Bien , Madame,n'avouerez-vous pas à la fin que ma Catherine Seconde n'est pas Catherine qui file ? ne conviendrez-vous pas qu'il n'y a rien de plus étonnant ? Au bout de quatre ans de guerre, au lieu de mettre des impôts, elle augmente d'un cinquième la paie de toutes ses troupes . Voilà un bel exemple pour nos Colberts.


 

Adieu, madame, quoi qu'en dise M. Huber, je n'ai pas longtemps à vivre, et quoi que vous en disiez, j'ai la plus grande envie du monde de vous faire ma cour. Comptez que je vous suis attaché avec le plus tendre respect. »

 

&Elle lui reprochait le 1er août de ne pas lui avoir envoyé la dernière édition de ses quatre derniers ouvrages.


 

&& Dans les Systèmes.


 

&&& L'ancien parlement de Paris, dissous et exilé «  à la campagne » par Maupéou, après la disgrâce de Choiseul. Mme du Deffand et ses amis blâmaient V* d'approuver la reforme de Maupéou, et en déduisaient qu'il avait l'ingratitude d'abandonner Choiseul.

Le 23 octobre, à Marmontel, il explique pourquoi il a écrit les Cabales, et ajoute : « Je n'ai prétendu … être d'aucun parti ; et c'est même ce qui m'a déterminé à faire la petite plaisanterie des Cabales … plus je me suis moqué de toutes les cabales, moins on me doit accuser d'en être. »


 


 


 

&&&& Cf. lettre du 31 juillet à Mme de Saint Julien.


 

&&&&& Stances pour le 24 août 1772, qu'il enverra le 15 août à Mme du Deffand avec commentaire : « Ce bouquet n'estpas d'oeillets et de roses, il y rentre un peu d'épines et de chardons … Il est triste qu'il entre nécessairement un peu de fleurs de lys dans ce malheureux bouquet. Mais avouez que j'ai raison quand je dis que la nature a eu beaucoup de bonté en nous rendant frivoles et vains. Si nous étions toujours occupés de l'image de nos malheurs et de nos sottises, la nature huamine serait la nature infernale. »


 

&&&&&& Qui contient une description de la Saint Barthélémy.

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10/08/2010 | Lien permanent

quid agis dulcissime rerum ? = Que fais-tu toi qui m'est cher entre toutes choses ?

... A l'heure où le très saint pape François dit sa troisième messe de nativité, je lui demande de bien vouloir faire quelque prière pour vous chère Mam'zelle Wagnière et que Voltaire, mon/notre François préféré vous aide en cas de besoin, je me ferai son intercesseur bien volontiers .

Joyeux Noël à tous !

 Chat va ? Bisou !

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 https://www.youtube.com/watch?v=8YtJ1_8ZZu4

dédicace pour LoveVoltaire

 

« A Nicolas-Claude THIERIOT.
15è décembre 1759. 1
Vous ne vous plaindrez pas cette fois-ci, mon cher et ancien ami, que j'épargne les ports de lettres 2. J'ai peur qu'il ne soit ridicule de parler de comédie dans le temps qu'il n'est question que de culs noirs, de bourses vides, de flottes dispersées, et de malheurs en tout genre sur terre et sur mer. L'espérance de la paix est dans le fond de la boîte de Pandore ; mais, pendant que tout l'État souffre, il se trouve toujours des gredins qui impriment, des oisifs qui lisent, et des Frérons qui mordent. Je vous prie de m'envoyer, par M. Bouret ou par quelque autre contresigneur,3 la Femme qui a raison, et la malsemaine 4 dans laquelle Fréron répand son venin de crapaud.
On m'a envoyé la magnifique édition de l'Ecclésiaste 5 : elle est imprimée au Louvre, avec mon portrait à la tête ; mais il y a beaucoup de fautes, et le texte manque au bas des pages. Il en paraîtra une belle édition approuvée par le pape. Il faut apprendre à de petits esprits insolents, qui abusent de leurs places, à quel point on doit les mépriser 6, et à quel point on peut les confondre. On reviendrait à Paris leur marquer tout le dédain qu'on leur doit, si on n'aimait pas mieux être chez soi libre et tranquille.

Sed nil dulcius est bene quam munita tenere
Edita doctrina sapientum templa serena,

unde queas alios passim videre palantes .7
On doit regretter la perte de Madame,8 mais Paris ne regrette que ses annuités et ses billets de loterie . Connaissez-vous Mlle de Bazincour qui est chez moi ? J'ai aussi un géomètre qui traduit l'Arioste en vers . Il a fait un livre de trigonométrie sphérique qu'il a dédié à d’Alembert . Il s'appelle La Valette . En aviez-vous entendu parler ? son nom est-il sur vos tablettes ? Que faites-vous à votre Arsenal ? quid agis dulcissime rerum 9»

1 L'édition de Kehl supprime tout ce qui est après la citation de Lucrèce .

2 Thieriot commençait sa lettre du 28 novembre 1759 ; à laquelle V* a déjà répondu le 5 décembre 1759 ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/05/je-n-ai-point-de-culs-noirs-xii-et-j-ai-renonce-aux-blancs-q.html ) par : « Est-ce l'augmentation des ports de lettres qui rend les vôtres si rares, mon très illustre ami ? N'ayez aucun égard je vous conjure, à médiocre fortune pour cette dépense qui de toutes celles que j'ai à faire en est la plus agréable . Depuis neuf mois n=bientôt que je me suis retiré ici [à l'Arsenal] vous ne m'avez écrit que deux fois . »

4 Ce mot désignant l'Année littéraire de Fréron, est déjà rencontré dans une lettre à d'Olivet le 4 octobre 1735 à propos des Observations de Chauffour : « Que fait mon abbé des Chauffours (3) ? Il broche, dans ses Malsemaines (4), une satire honnêtement impertinente ,... » : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1735-partie-7-111792805.html

5 C'était sans doute la Pompadour qui avait fait imprimer cette édition. (Clogenson.)

On ne connait pas cette édition, voir lettre du 15 juin 1759 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/07/il-n-a-jamais-commence-aucune-de-ses-pieces-par-dire-a-une-f.html

Quand V* parle ensuite d'une « plus belle édition approuvée par le pape » on sent qu'il est ironique .

6 Ceci s'adressait à Omer Joly de Fleury et à l'abbé Terrai, sur le rapport duquel le parlement ordonna que l'on brûlât le Précis du Cantique des cantiques.

7 D'après Lucrèce , De natura rerum , II, 7-10 : Sed nil dulcius est bene quam munita tenere Respicere unde queas alios, passimque videre Errare, atque viam palantes quærere vitre. Mais rien n'est plus doux que d'occuper solidement les hauts lieux fortifiés par la sagesse des philosophes, régions sereines d'où l'on peut voir les autres hommes errer à l'aventure .

9 Que fais-tu toi qui m'est cher entre toutes choses ?

 

 

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