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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

on ne peut servir deux maîtres , j'en veux avoir quatre pour n'en avoir point du tout et pour jouir pleinement du plus b

... Peut-être est-ce pour ça que les musulmans autorisent quatre femmes pour un mari , quatre maitresses se neutralisant seraient sensées donner la liberté que une, deux ou trois n'octroieraient jamais ? Une autre solution plus simple, pour le mâle s'entend, serait de n'avoir aucune épouse .

Pour la liberté féminine, de toute éternité on les a contraintes, et de toute éternité elles ont réussi à briser leurs chaines ; que les hommes ne crient pas victoire, celle-ci n'est qu'illusion et ils paieront , à juste titre, le prix de leur injustice .

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« A Charles de BROSSES , baron de Montfalcon 1

Aux Délices, 21 octobre [1758].

Eh bien ! monsieur, vous donnerez donc la préférence à M. de Fautrière, quid tum si fuscus Amintas? 2 Si je n'ai pas Tournay, je serai au moins votre voisin, car il faut bien que je vous sois quelque chose. Mais si vous concluez avec M. de Fautrière, je ne vous serai plus rien. Vous ne viendrez plus dans votre grand bailliage de Gex vous ne me montrerez point votre Salluste. Je serai privé du bonheur de vous entendre. Ce sera donc M. de Fautrière qui sera mon voisin. Je suis bien trompé, ou il possède moins bien que vous ses auteurs latins, italiens et anglais et, quelque mérite qu'il puisse avoir, je vous jure que vous serez très-regretté. Je persiste toujours dans le dessein d'avoir des possessions en France, en Suisse, à Genève, et même en Savoie. On dit, je ne sais où, qu'on ne peut servir deux maîtres 3 j'en veux avoir quatre pour n'en avoir point du tout et pour jouir pleinement du plus bel apanage de la nature humaine qu'on nomme liberté. J'ai toujours un très-grand regret à Tournay. Tout ce que je désire, si vous ne me le donnez pas, c'est que vous l'aimiez et que vous ne le donniez point à d'autres.

Je voudrais que vous pussiez vous plaire à l'embellir, que vous y bâtissiez, que vous y vinssiez tous les ans; mais vous n'en ferez rien. Nous avons ici le président de Ruffey 4, et madame sa femme 5. Nous avons un jeune M. de Bussy 6, qui vient de nous donner une comédie de sa façon sur notre théâtre, auprès de Genève. Vous voyez que nous devons nos plaisirs aux Dijonnais. C'est d'ailleurs une belle révolution dans les mœurs que des comédies, des danses et de la musique, et surtout de la philosophie, dans le pays où ce brigand de Calvin fit brûler ce fou de Servet au sujet de l'homoousios.

Revenons à Tournay; si vous ne vous accommodez pas avec M. de Fautrière, ne m'oubliez pas entièrement. Comptez toujours sur la très-respectueuse estime du libre Suisse V.7 »

2  Qu'importe alors si Amyntas est basané ? Virgile, Bucoliques, vvvviii .

3    Évangile selon Matthieu, vi, 24 .

4   M. Richard de Ruffey, président à la chambre des comptes de Dijon : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_Germain_Richard_de_Ruffey

5   Anne-Claude de La Forêt de Montfort . Voir : http://www.passionchateaux.com/ch_montfort.htm

6   On pense qu'il s'agit de Dagonneau de Bussy, dont on ne connait pas de pièce de théâtre, au moins publiée . Il est mort ruiné . Il possédait un hôtel à Dijon, rue Chabot Charny, situé sur l'emplacement qu'avait occupé autrefois un hospice appartenant au prieuré d'Époisses( fondé en 1185 par le duc Hugues III. Voir l'abbé Claude Courtépée, Histoire du Brionnais II, 148.)

7   De Brosses répondra le 25 octobre 1758 : page 524 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f524.image

« De m. le président de BROSSES

Il n'y a, dit-on, monsieur, mal que bien n'en vienne, et parfois un plus grand bien. Je ne serai pas votre vendeur, mais je resterai votre voisin, ce qui vaut encore mieux pour moi. Je vis bien par votre seconde lettre que c'était, ainsi que vous me le disiez, une fantaisie passagère que vous aviez prise pour ce lieu, et dont on vous avait bientôt dégoûté. Pour moi, vous me trouverez probablement toujours planté là comme un piquet, toutes et quantes fois que vous voudrez goûter du denier dix (c'est la taxe apostolique des fonds perdus) et avoir une certaine quantité de bois de construction dont nous conviendrions selon le devis. Le pays m'a toujours charmé, et depuis qu'il a acquis de nouveaux agréments par votre présence, je suis moins disposé que jamais à renoncer à l'incolat, malgré la proposition d'échange que M. de Fautrière m'a fait faire par un procureur qu'il a ici, pour certaines affaires qui ne lui ont pas extrêmement bien tourné. Je ne le connais point du tout; mais ce que j'en entends dire ne me donne qu'un goût médiocre pour traiter avec lui, il est vrai qu'il y a de méchantes langues dans le monde. Bref, j'attends le détail de ce qu'il me propose, et ne puis en aucun cas m'imaginer rien d'assez séduisant pour m'éloigner de votre voisinage.

Si Mme de Brosses n'eût été en couches [naissance d'Agathe-Augustine 1758-1850], je me serais mis de la caravane pour vous aller voir avec M. et Mme de Ruffey. C'est un fort galant homme qui a bien des connaissances, et qui aime les vers avec passion, même ceux qu'il fait. Sa femme a beaucoup d'esprit et de gaieté, et une gentillesse inépuisable dans la conversation . Mais, comme elle est tout à fait timide avec les personnes qu'elle ne connait pas, il ne serait pas étonnant qu'elle n'eût rien montré de ceci, et que son génie eût tremblé devant le vôtre. Vraiment l'Hélicon de Carrouge nous a fait voir une ode de M. de Bussy du dernier pindarique, Vitreo daturus nomina ponto. Pour la comédie qu'il a donnée sur votre théâtre, je ne la connais pas. Je soupçonne seulement que sa pièce manque de conduite . Vous voyez que nous faisons nos efforts pour soutenir la réputation que vous avez bien voulu donner à notre ville d'être en possession de produire des gens célèbres. Mais, après tout, nous ne pouvons pas toujours vous offrir des Bossuets, des Saumaises, des Rameaux, des Crébillons et des Buffons.

Voulez-vous donc toujours garder nos comédiens, et ne pas nous les renvoyer cet hiver? Un théâtre est en effet bien comique sur la place où fut brûlé Servet. J'ai dans mon vieux château un vieux fauteuil dans lequel Calvin, qui avait là sa petite maison de campagne, avait coutume de faire publiquement le prêche. J'en veux faire un regalo aux comédiens pour qu'il leur serve à dire Prends un siège, Cinna. Savez-vous que l'observation plaisante que vous faisiez là-dessus m'a trouvé au beau milieu du livre et de l'enthousiasme de Jean-Jacques qui se tue à faire le plus grand abus possible de l'esprit, et à s'époumoner en paradoxes. Par bonheur que ce n'est pas de bonne foi

Nihilo plus agit

Quam si det operam, ut cum ratione insaniat.

Mais voici bien d'autres tragédies. Que dites-vous, monsieur, de la manière légère dont on se met à manier les souverains de l'Europe? Ce sont ces fripons de jansénistes qui auront fait le coup de Lisbonne s pour en jeter le chat aux jambes aux jésuites du Paraguai. J'aimerais mieux que ce fût l'affaire d'Oporto. Cela ferait exemple. Et le roi de Suède , est-il bien vrai que le sénat l'ait déposé? Et le roi d'Espagne , a-t-il tout de bon perdu la raison? Ma foi, le métier ne vaut plus rien. J'y renonce pour ma part, et vous prie de ne plus dire Le royaume de Tournay. Parlons-en pourtant toujours autant qu'il vous plaira; nous ne conclurons rien, n'importe, cela me servira de texte pour entretenir la conversation avec vous. Rien ne peut m'être plus agréable que ce commerce, à vos moments perdus; et rien n'égale les sentiments que je vous ai voués. Ils sont tels que vous les méritez. Toute autre expression ne les rendrait que faiblement. »



























 

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24/11/2013 | Lien permanent

je peux vous assurer qu'il n'y a point de ministre en France qui donnât sa faveur à prix d'argent

... Ou plus exactement j'aimerais vous l'assurer car je suis malheureusement parfaitement convaincu du contraire et ce n'est pas l'histoire politico-judiciaire de notre pays qui dira le contraire ; nous ne sommes à cet égard pas les premiers au monde, mais nous ne sommes pas totalement innocents . Pouvoir et argent, l'un tenant l'autre, l'un nourrissant l'autre , sont obtenus et dispensés par des humains faillibles , tout ministres qu'ils soient . En France on appelle ça gentiment "le piston", monnayé ou pas .

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Il n'y a pas que les cloches de Pâques qui distribuent des friandises

 

 

« A Louis Necker

19è mars 1764

Il faut d'abord vous dire, monsieur, que le ministre à qui je m’adressai pour obtenir la délivrance de ce pauvre galérien, a eu besoin de beaucoup d'adresse pour réussir aussi vite qu'il a fait, dans une chose qui n'est pas de son ministère . Il ne serait pas possible d'obtenir la même grâce pour vingt-quatre personnes , la plupart condamnées par les parlements . Vous savez dans quelles circonstances nous sommes ; mais voici les propositions que j'ai faites, et qui pourront réussir, en cas que vous soyez secondé par les parents et les amis de ceux qui sont condamnés pour cause de religion .

Le ministère a une grande prédilection pour la nouvelle colonie de la Guyane, on assure que le sol y est excellent, et que des personnes industrieuses et actives peuvent s'y enrichir en peu d'années . C'est, d'ailleurs le plus beau climat de la nature ; et les habitants des côtes méridionales de France ne trouveront pas l'air fort différent, attendu les vastes forêts qui dans ce pays tempèrent plus qu'ailleurs l'ardeur du soleil . Il me paraît qu'il vaut mieux s'enrichir à la Cayenne, que d'être enchaîné à Marseille .

Vous m'avez dit, monsieur, qu'ils pourraient fournir une somme de quinze à vingt mille livres pour obtenir leur liberté ; je peux vous assurer qu'il n'y a point de ministre en France qui donnât sa faveur à prix d'argent , mais si vous pouvez faire préparer cette somme pour leur faire une pacotille, pour leur acheter les choses nécessaires à leur établissement, et à l'espèce de culture qu'ils voudront entreprendre, s'ils se déterminent à partir avec leurs familles, s'ils peuvent même engager plusieurs de leurs amis à partir avec eux, il n'y aurait en ce cas qu'à m'envoyer un petit mémoire de leurs propositions . J'ai déjà parole qu'on fera pour eux humainement tout ce qu'on pourra pour favoriser leur établissement, leur liberté, et leur succès à la Guyane .

Il ne faudrait pas, à mon avis, qu'ils demandassent la permission de bâtir un temple, et d’amener avec eux des ministres, il faut qu'ils se présentent comme cultivateurs soit d'indigo, ou de cochenille, ou de coton, ou de soie, ou de tabac, ou de sucre, et non comme le peuple de Dieu passant les mers pour aller chanter les psaumes de Marot . Ils pourront secrètement embarquer un ministre, ou deux, si cela leur convient ; et quand ils seront une fois à la Guyane, ils auront affaire à un gouverneur, homme de mérite 1, qui connait mieux que personne au monde le prix de la tolérance, et qui ne part qu'avec la ferme résolution d'accorder à tout le monde la liberté de conscience .

Voyez, monsieur, si vous pouvez favoriser cette entreprise, et si on pourrait s'assurer de quelques familles qui voulussent se joindre à ceux qui sont détenus actuellement à Marseille . On peut faire toute cette affaire avec un carré de papier . J’ai déjà les noms des galériens que j'enverrai au ministre ; il ne s'agit que de trouver quelqu’un qui stipule pour eux, et pour les familles qui voudront s'embarquer . Il n'y a qu'à promettre qu'on se rendra dans trois mois au plus tard dans le port indiqué par le ministre, avec tous les ustensiles nécessaires à l'espèce de culture que chaque famille embrassera .

Il faudrait, je crois, qu'ils promissent aussi d'embarquer avec eux des provisions à leurs dépens, pour suppléer à ce qui pourrait manquer pendant la traversée ; que le ministère s'engageât à leur fournir une partie de ces provisions de bouche, et que les émigrants se chargeassent de l'autre partie .

Je ne propose cet arrangement que pour rendre tout plus facile ; car je crois que si une fois le ministère les avait fait embarquer il faudrait bien qu'il les nourrît, mais il en seront beaucoup mieux quand chacun arrivera avec sa petite provision ; et l'argent dont vous m'avez parlé peut aisément servir à cet usage . Faites donc au plus tôt votre proposition, monsieur, elle sera favorisée par un digne ministre d’État, et il la fera passer dans un Conseil à moins qu'il n'y trouve des obstacles imprévisibles . On ne doit jamais répondre de rien ; mais j'espère beaucoup . Il n’y a pas un moment à perdre, vous aurez la gloire de rendre un très grand service à l'humanité, et je serai votre premier commis dans le bureau de la bienfaisance . Je suis à vous sans cérémonie.

V. »

1 Etienne-François Turgot . Sur ce projet de colonisation de la Guyane, voir lettre du 24 janvier 1764 à Turgot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/30/il-voudrait-que-ses-creanciers-et-ses-debiteurs-produisissent-leurs-livres.html

 

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22/04/2019 | Lien permanent

C'est d'ordinaire aux grands seigneurs, aux hommes puissants et riches, qu'on donne un ouvrage, on doit faire précisémen

 http://www.deezer.com/listen-7199249

 NDLR -- Mise en ligne complétée le 23 août 1761 .

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

15 de septembre [1761]

 

Vos très plaisantes lettres, mon cher philosophe, égayeraient Socrate tenant en main son gobelet de cigüe, et Servet sur ses fagots verts [i]. Vous demandez qui nous défera des Omérites [ii]; ce sera vous, pardieu, en vous moquant d'eux tant que vous pourrez, et en les couvrant de ridicule par vos bons mots.

 

Notre nation ne mérite pas que vous daigniez raisonner beaucoup avec elle ; mais c'est la première nation du monde pour saisir une bonne plaisanterie, et ce qu'assurément vous ne trouverez pas à Berlin, souvenez-vous-en .

 

Je vous remercie de toute mon âme de l'attention que vous donnez à Pierre. Songez , s'il vous plait, que je n'avais point son édition de 1664, quand j'ai commencé mon commentaire [iii]. Soyez sûr que tout sera très exact. Je n'oublierai pas surtout les petits persécuteurs de la littérature, quand je pourrai tomber sur eux.

 

J'ai déjà mandé à M. Duclos que je n'envoyais que des esquisses ; mon unique but est d'avoir le sentiment de l'Académie, après quoi je marche à mon aise et d'un pas sûr.

 

Je n'ai pas été assez poli, je le sais bien ; les compliments ne me coûteront rien ; mais en attendant, il faut tâcher d'avoir raison. Ou mon cœur est un fou, ou j'ai la plus grande raison quand je dis que les remords de Cinna viennent trop tard ; que son rôle serait attendrissant, admirable, si le discours d'Auguste, au second acte, le touchait tout d'un coup du noble repentir qu'il doit avoir. J'étais révolté, à l'âge de quinze ans, de voir Cinna persister avec Maxime dans son crime, et joindre la plus lâche fourberie à la plus horrible ingratitude. Les remords qu'il a ensuite ne paraissent point naturels, ils ne sont plus fondés, ils sont contradictoires avec cette atrocité réfléchie qu'il a étalée devant Maxime ; c'est un défaut capital que Metastasio a soigneusement évité dans sa Clémence de Titus. Il ne s'agit pas seulement de louer Corneille, il faut dire la vérité. Je la dirai à genoux, et l'encensoir dans la main.

 

Il est vrai que, dans l'examen de Polyeucte, je me suis armé quelquefois de vessie de cochon au lieu d'encensoir . Laissez faire, ne songez qu'au fond des choses ; la forme sera tout autre. Ce n'est pas une petite besogne d'examiner trente-deux pièces de théâtre, et de faire un commentaire qui soit à la fois une grammaire et une poétique. Ainsi donc, Messieurs, quand vous vous amuserez à parcourir mes esquisses, examinez-les comme s'il n'était pas question de Corneille ; souvenez-vous que les étrangers doivent apprendre la langue française dans ce livre. Quand j'aurai oublié une faute de langage, ne l'oubliez pas ; c'est là l'objet principal. On apprend notre langue à Moscou, à Copenhague, à Bude et à Lisbonne. On n'y fera point de tragédies françaises ; mais il est essentiel qu'on n'y prenne point des solécismes pour des beautés : vous instruirez l'Europe, en vous amusant.

 

Vous serez, mon cher ami, colloqué pour deux [iv]; mais si le roi, les princes et les fermiers généraux, qui ont souscrit, paient les Cramer, vous nous permettez de présenter humblement le livre à tous les gens de lettres qui ne sont ni fermiers généraux ni rois. Vous verrez ce que j'écris sur cela in mea epistola Olivetum Ciceronianum [v]. Adieu. Je suis absolument touché de l'intérêt que vous prenez de notre petite drôlerie [vi].

 

Je suis harassé de fatigue ; je bâtis, je commente, je suis malade ; je vous embrasse de tout mon cœur. »

i Rappel des démêlés avec certains pasteurs qu'ont eus V* pour avoir qualifié d'atroce l'âme de Calvin qui avait fait brûler Servet, et d'Alembert pour avoir écrit l'article « Genève » de l'Encyclopédie ; cf. lettres du 20 mai 1757 à Thiriot, 2 septembre 1757 à François Tronchin, 6 septembre 1757 à Le Fort, 12 décembre 1757 à d'Alembert, du 8 janvier 1758 à d'Alembert.

ii A savoir les émules d'Omer de Joly de Fleury, qui a fait notamment suspendre l'Encyclopédie par le Parlement .

Le 8 septembre, d'Alembert avait écrit à V* : "... nous avons reçu à l'Académie vos remarques sur les Horaces, sur Cinna et sur Le Cid, la préface du Cid, et l'Epître dédicatoire . Tout cela a été lu avec soin dans les assemblées, et DUclos nous dit hier que vous aviez reçu nos remarques et que vous en paraissiez content . N'oubliez pas d'insiter plus que vous ne faites dasn votre épître sur la protection qu'on accordait aux précurseurs de Corneille, et sur l'oubli profond où sont tombées toutes les infamies qu'on imprimait contre lui et qui vraisemblablement lui causaient beaucoup de chagrin .  ... Nous avons été très contents des remarques sur les HOraces, beaucoup mons de celles sur Cinna, qui nous ont paru faites à la hâte .  Les remarques sur le Cid sont meilleures mais ont encore besoin d'être revues . Il nous a semblé que vous n'insistiez pas toujours assez sur les beautés de l'auteur et quelquefois trop sur des  fautes qui peuvent n'en pas paraitre à tout le monde . Dans les endroits où vous critiquez Corneille il faut que vous ayez si évidemment raison que personne ne puisse être d'un avis contraire . dans les autres il faut ou ne rien dire ou ne parler qu'en doutant . ... Cependant le parelemnt se bat à outrance avec les jésuites, et Paris en est plus occupé que de la guerre d'Allemagne ... . La philosophie touche peut-être au moment où elle va être vengée des jésuites ; mais qui la vengera des  Omer et compagnie ? Pouvons-nous nous flatter que la destruction de la canaille jésuitique entrainera après elle l'abolition de la canaille jansénienne, et de la canaille intolérante ? ... N'oubliez pas de me faire inscrire pour deux exemplaires  ; oubliez-moi encore moins auprès de Mme Denis."

iii Cf. lettre à Duclos du 12 juillet 1761.

iv D'Alembert souscrit pour deux exemplaires.

v A d'Olivet, le 20 août : « On compte ... présenter (le livre) aux gens de lettres qui ne seraient pas en état de l'acquérir. C'est d'ordinaire aux grands seigneurs, aux hommes puissants et riches, qu'on donne un ouvrage, on doit faire précisément le contraire. »

vi Le Droit du Seigneur.

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15/09/2010 | Lien permanent

il me dénoncerai comme auteur de quelques livres contre la religion, moi qui assurément n'en ai jamais fait

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http://www.deezer.com/listen-5734750

http://www.deezer.com/listen-315556 : cette interprètation a le don de me faire frissonner, moi qui ne suis pourtant pas frileux comme Volti . 

Beethoven est grand et Furtwängler est son prophète !

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

19è décembre 1770

 

Que l'on fasse ou non la guerre aux Anglais, que le Parlement fasse ou non des sottises -moi je fais sottises et guerre. Mes anges recevront par M. le duc de Praslin un paquet. Ce paquet est la tragédie des Pélopides, c'est à dire Atrée et Thyeste . Il est vrai qu'elle a été faite sous mes yeux en onze jours par un jeune homme i. La jeunesse va vite, mais il faut l'encourager.

 

Ma sottise – vous la voyez .

 

Ma guerre est contre les Allobroges qui ont soutenu qu'un Visigoth nommé Crébillon avait fait des tragédies en vers François, ce qui n'est pas vrai ii.

 

Mes divins anges, il y va ici de la gloire de la nation.

 

De plus le nasillonneur De Brosses, président, veut être de l'Académie. C'est Foncemagne qui veut le faire entrer . Il est bon que Foncemagne sache que j'ai une consultation de neuf avocats de Paris qui m'autorisent à lui faire un procès pour dol. J'enverrai cette consultation, si on veut. Le président pour détourner le procès m'a écrit pour me faire entendre que si je lui faisais un procès, il me dénoncerai comme auteur de quelques livres contre la religion, moi qui assurément n'en ai jamais fait iii.

 

J'enverrai la lettre si on veut.

 

Tous les gens de lettres doivent avoir De Brosses en recommandation . Mes anges diront à M. de Foncemagne ce qu'ils voudront iv, je m'en remets à leur bonté, discrétion, prudhommie, et à leur horreur contre de tels procédés.

 

V. »

 

i V*, bien sur.

 

ii Crébillon père avait fait un Atrée et Thyeste représenté en 1707, imprimé en 1716 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Atr%C3%A9e_et_Thyeste

Voir ce que dit V* dans son article « Langue française » des Questions sur l'Encyclopédie, 1771 et son appréciation des vers de Crébillon ; « françois », graphie considérée comme barbare par V* qui veut que l'on respecte la prononciation dans la graphie.Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-ph...

et : http://books.google.fr/books?id=MSMHAAAAQAAJ&pg=PA163...

 

iii Cf. lettre à d'Alembert du 10 décembre 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/09/s...

et lettre à Mme Denis du 6 avril 1768 .

 

iv Le 12 décembre, d'Alembert a écrit à V* de faire intervenir d'Argental auprès du « doucereux Foncemagne » pour éviter la « plate acquisition » de De Brosses par l'Académie.Page 391 : http://books.google.fr/books?id=zzQHAAAAQAAJ&printsec...

 

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19/12/2010 | Lien permanent

dans le fond je suis bon homme . Il est vrai qu'ayant fait réflexion depuis quelques années qu'on ne gagnait rien à l'êt

... Et je pète la forme !

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« A Nicolas-Charles-Joseph Trublet

Au château de Ferney 27 avril 17611

Votre lettre 2 et votre procédé, monsieur, sont des preuves que vous n'êtes pas mon ennemi , et votre livre vous faisait soupçonner de l'être . J'aime bien mieux en croire votre lettre que votre livre . Vous aviez imprimé que je vous faisais bailler 3, et moi j'ai laissé imprimer que je me mettais à rire 4; il résulte de tout cela que vous êtes difficile à amuser, et que je suis mauvais plaisant ; mais enfin en baillant et en riant vous voilà mon confrère , et il faut tout oublier en bons chrétiens et en bons académiciens .

Je suis fort content, monsieur, de votre harangue et très reconnaissant de la bonté que vous avez de me l'envoyer . À l'égard de votre lettre, Nardi parvus onix eliciet cadum 5. Pardon de vous citer Horace, que vos héros MM. de Fontenelle et de La Motte ne citaient guère 6. Je suis obligé en conscience de vous dire que je ne suis pas né plus malin que vous ; et que dans le fond je suis bon homme . Il est vrai qu'ayant fait réflexion depuis quelques années qu'on ne gagnait rien à l'être, je me suis mis à être un peu gai parce qu'on m'a dit que cela était bon pour la santé . D'ailleurs je ne me suis pas cru assez important, assez considérable, pour dédaigner toujours certains illustres ennemis qui m'ont attaqué personnellement, pendant une quarantaine d'années, et qui les uns après les autres ont essayé de m'accabler comme si je leur avais disputé un évêché ou une place de fermier général . C'est par pure modestie que je leur ai donné enfin sur les doigts, je me suis cru précisément à leur niveau, et in arenam cum aequalibus descendi,7 comme dit Cicéron .

Croyez, monsieur, que je fais une grande différence entre vous et eux, mais je me souviens que mes rivaux et moi quand j’étais à Paris, nous étions tous fort peu de chose, de pauvres écoliers du siècle de Louis XIV, les uns en vers, les autres en prose, quelques uns moitié prose moitié vers, du nombre desquels j'avais l'honneur d'être, infatigable auteur de pièces médiocres, grand compositeur de riens, pesant gravement des œufs de mouche dans des balances de toile d'araignée ; je n'ai presque vu que de la petite charlatanerie , je sens parfaitement la valeur de ce néant, mais comme je sens également le néant de tout le reste, j'imite le Vejanius d'Horace :

Vejanius armis

Herculis ad postem fixis, latet abditus agro 8.

C'est de cette retraite que je vous dis très sincèrement que je trouve des choses utiles et agréables dans tout ce que vous avez fait ; que je vous pardonne cordialement de m'avoir pincé ; que je suis fâché de vous avoir donné quelques coups d'épingle ; que votre procédé me désarme pour jamais ; que bonhomie vaut mieux que raillerie 9, et que je suis monsieur mon cher confrère, de tout mon cœur, avec une véritable estime, et sans compliment, comme si de rien n'était, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1Il existe de nombreuses copies contemporaines de cette lettre ; le texte est pratiquement celui des éditions, dont la première est : Lettre de M. de Voltaire à M. le duc de La Vallière ; l'édition de Kehl reprend le texte des Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse , 1766 .

2 La lettre de Trublet envoyée par d'Olivet , ne nous est pas parvenue ; d'après certains manuscrits elle aurait porté la date du 20 ou 22 avril 1761 .

3 Dans ses Essais sur divers sujets de littérature et de morale, 1760 . Trublet avait écrit : « On a osé dire de La Henriade, et on l'a dit sans malignité, Je ne sais pourquoi je baille en la lisant […] Ce n'est pas le poète qui ennuie et fait bailler dans La Henriade : c'est la poésie, ou plutôt les vers. » Cette remarque de Trublet s'explique en partie par l'hostilité des amis de Trublet, Fontenelle , La Motte, Marivaux même, à l'égard de la versification telle qu'elle était pratiquée à l'époque .

4 V* avait été plus dur qu'il ne le dit ici ; voir Le Pauvre Diable, vers 222-234 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/satire-le-pauvr...

et L’Épître sur l'agriculture , vers 84-86 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-epitre-a-madame...

5 Un petit onyx plein de nard fera sortir une jarre [de vin ] ; Horace, Odes, IV, xii, 17 .

6 Fontenelle et La Motte étaient les « héros du parti moderne » comme les appelait Desfontaines . Trublet avait écrit et édité des Mémoires pour servir à l'histoire de la vie et des ouvrages de MM. Fontenelle et de La Motte, 1759 .

7 Je suis descendu dans l'arène avec mes égaux .

8 Vejanius, après avoir suspendu les armes d'Hercule au chambranle d'une porte, se tient caché dans un champ ; Horace, Épîtres, I, i, 4-5 .

9 Cette formule était souvent citée comme un jugement sur Marivaux . On voit qu'en réalité V* se l'applique à lui-même . C'est apparemment l'abbé Trublet qui, en répandant ce mot, l'a rapporté à Marivaux .

 

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07/04/2016 | Lien permanent

Je n'ai point cette roideur d'esprit des vieillards, mon cher ange ; je suis flexible comme une anguille, et vif comme u

... J'ai une affection profonde pour toute personne capable d'en dire autant, alliance de jeunesse d'esprit , d'humour, d'intelligence .

Vive Voltaire !

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
A Tournay, 22 octobre [1759] 1
Acteurs moitié français, moitié suisses, décorateurs de mon théâtre de Polichinelle, Durant quelques moments souffrez que je respire 2 et que je réponde à mon ange. Je devrais lui avoir déjà envoyé la pièce, telle que Mme Scaliger la veut. Mon ange est aussi un peu Scaliger, et je le suis plus qu'eux tous. Vous ne la reconnaîtrez pas, cette Chevalerie. J'en use comme dans le temps où j'envoyais à Mlle Desmares 3 des corrections dans un pâté : hesternus error, hodierna virtus 4. Si j'avais quatre-vingts ans, je chercherais à me corriger. Je n'ai point cette roideur d'esprit des vieillards, mon cher ange ; je suis flexible comme une anguille, et vif comme un lézard, et travaillant toujours comme un écureuil. Dès qu'on me fait apercevoir d'une sottise, j'en mets vite une autre à la place.
Notre conseil n'a jamais pu adopter les négociations de monsieur l'ambassadeur 5: il sera refusé tout net; mais nous adoucirons le mauvais succès de son ambassade par une réception dont j'espère que lui et madame l'ambassadrice seront contents. D'ailleurs il entend raison; il ne voudra pas qu'un Maure envoie un espion dans Syracuse quand les portes sont fermées; il ne voudra pas que ce Maure propose de mettre tout à feu et à sang si l'on pend une fille. Figurez-vous le beau rôle que jouerait la fille pendant tout ce temps-là; et ne voilà-t-il pas une intrigue bien attachante que l'embarras de quatre chevaliers qui délibéreraient de sang-froid si l'on exécutera mademoiselle ou non! et puis alors comment justifier cette pauvre créature ? qu'aurait-elle à dire? tout déposerait contre elle. L'abbé d'Espagnac, grand raisonneur, lui dirait : Mon enfant, non-seulement vous avez écrit à Solamir 6, mais vous l'excitez contre nous; il est clair que vous êtes une malheureuse. Elle serait forcée à dire toujours : Non, non, non, pendant deux actes; ce serait un procès criminel sans preuves justificatives, et Joly de Fleury ferait brûler son billet comme un mandement d'évêque, et comme l'Ecclésiaste 7.
O juges malheureux qui, dans vos sottes mains 8,

Tenez si pesamment la plume et la balance,

Combien vos jugements sont aveugles et vains!
Mon cher ange, on dit que la dernière pièce 9 du traducteur de Pope est sifflée; dites-moi si elle réussit à la longue. Dites- moi s'il est vrai que le duc de Broglie est le Germanicus qui ranimera les pauvres légions de Varus. Quoi ! les Anglais auraient pris Surate! ah! ils prendront Pondichéry; et Dupleix en rira, et j'en pleurerai, car j'y perdrai la moitié de mon bien, et mon beau château nel gusto grande ne sera pas achevé ; et, après avoir fait l'insolent pendant deux ans, je demanderai l'aumône à la porte de mon palais. Faites la paix, je vous en prie, mon cher ange.
N'oubliez pas de demander à M. le duc de Choiseul s'il est content de la Marmotte 10.

V.
Mme Denis joue bien. Nous avons un Tancrède admirable. Je crois jouer parfaitement le bon homme; je me trompe peut- être, mais je vous aime passionnément, et en cela je ne me trompe pas; autant en fait la nièce.
Je supplie mes anges de m'écrire par Genève, et non à Genève; cet à Genève a l'air d'un réfugié. 11»

1 Date complétée par d'Argental ; l'édition de Kehl omet : Madame Scaliger ...Mon cher ange, de même que les éditions suivantes .

3 Cette actrice, nièce de la fameuse Champmêlé, créa le rôle de Jocaste dans l'OEdipe de Voltaire (1718) . Retirée du théâtre à Pâques 1721, elle mourut en 1753.On connait l'histoire des corrections à sa pièce que V* lui avait envoyée dans un pâté pour les faire bien recevoir . http://fr.wikipedia.org/wiki/Charlotte_Desmares

Voir aussi : http://www.hachettebnf.fr/sites/default/files/contenus_co...

4 Erreur d'hier, vertu d’aujourd’hui .

5 Le « mémoire » sur Tancrède ; voir lettre du 5 septembre 1759 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/05/le-temps-etant-fort-cher-5461761.html

6 V* a ajouté ou Norador entre parenthèses en dessous de la ligne .

7 Le Précis de l'Ecclésiaste et du Cantique des cantiques avait été brûlé le 7 septembre 1759; la condamnation est du 3. Pour l’expression brûler comme un mandement d'évêque, elle revient dans un passage du Pot pourri composé peu de temps après ; voir romans et contes .

9 Trois édits pour lesquels Louis XV avait tenu un lit de justice à Versailles le 20 septembre 1759, et qui cependant n'eurent pas d'exécution, étaient l'ouvrage de Silhouette. Ils furent remplacés par d'autres. Sur « la pièce sifflée », voir la lettre du 13 octobre 1759 à Mme du Deffand et la note sur Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/29/que-j-aime-les-gens-qui-disent-ce-qu-ils-pensent-c-est-ne-vivre-qu-a-demi-q.html

10 Au sujet des négociations avec Frédéric II , V* écrit le 15 novembre 1759 à d'Argental : « Il [V*] a été envoyé secrètement en 1743 auprès de Luc, il eut le bonheur de déterrer que Luc alors se joindrait à la France . Il le promit, le traité fut conclu depuis et signé par M. le cardinal de Tencin . Il pourrait rendre aujourd'hui quelque service non moins nécessaire . »

11 L'avant-dernier paragraphe est écrit dans la marge du bas de la quatrième page du manuscrit, le dernier au bas de la première page ; cette dernière phrase éclaire les intentions de V* en acquérant Ferney et Tournay .

 

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06/11/2014 | Lien permanent

Continuez à combattre en faveur du bon goût et du sens commun

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Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 22/8/2015

 

« A Nicolas-Claude Thieriot 1

Mon cher correspondant, je vous rends mille grâces de votre exactitude, de votre zèle pour la bonne cause et de tous vos envois . J'ai reçu aujourd’hui vos deux lettres du 15 août , le discours imprimé à Athènes 2, l'épigramme du chat-huant . Je vous ai accusé par M. de Chennevières la réception de Mose's Legation . J'attends toujours une certaine épître au stentor Astruc dont vous m'avez flatté 3. Je ne vous ai écrit qu'une seule lettre par la poste 4, et j'ai pris ce parti parce que vous ne m'avez encore indiqué personne à l'hôtel des postes par qui je puisse faire passer mon petit commercium epistolicum cum Tirioto 5 . Je ne pouvais pas adresser cette lettre à M. de Chennevières à qui on venait d'envoyer un énorme paquet . Celle-ci viendra sous son couvert .

Le discours imprimé à Athènes est savant, adroit, ingénieux, à propos, et peut faire beaucoup de bien . Nommez l'auteur afin que je le bénisse .

On peut tirer parti de l'histoire d'Elie Catherine né à Quimper-Corentin 6. Il est bon de faire connaître les scélérats . La philosophie ne peut que gagner à toute cette guerre . Le public voit d'un côté Palissot, Fréron et Pompignan à la tête de la religion, et de l'autre les hommes les plus éclairés qui respectent cette religion encore plus que les Fréron ne la déshonorent .

Je pense que vous êtes trop difficile de blâmer mes réponses à Palissot 7. Songez qu'il a passé plusieurs jours chez moi, qu'il m'a été recommandé par ce qu'on appelle les puissances, et que je lui ai mandé, Vous avez tort et vous devez avoir des remords 8.

Monnet et Corbi persistent donc toujours dans l'idée de m'imprimer ?9

Mais comment se tireront-ils d'affaire pour l’Histoire générale à laquelle j'ai ajouté dix chapitres, en ayant corrigé cinquante ?

Continuez à combattre en faveur du bon goût et du sens commun . Exhortez sans cesse tous les philosophes à marcher les rangs serrés contre l'ennemi . Ils seront les maîtres de la nation s'ils s'entendent .

Quel est le savetier Blaise dans la relation de la grande bataille ?10

Quel est ou qui est le petit abbé, le petit prestolet ?11

Qui est l'auteur de L'Avant-Coureur ?12

Qui est l'approbateur des feuilles de Fréron ?13

Le roi Stanislas m'a envoyé son livre moitié de lui, moitié du jésuite Menoux . Voici ma réponse 14. Voyez si elle est honnête et si Protagoras en sera content .

Et vale .

V.

20 août [1760] »

1 L'éditeur a rayé sur le manuscrit les passages suivants qui manquent dans toutes les éditions : « J'ai reçu aujourd’hui … sous son couvert » et « Quel est le savetier …. feuilles de Fréron »

2 Voir lettre du même jour à Mme d'Epinay ; seule la lettre du « 13 août au soir » de Thieriot nous est parvenue .

4 Est-ce la lettre du 11 août 1760 à Thieriot ?

5 Latin de cuisine : commerce épistolaire avec Thieriot .

6 On a ici la première allusion à ce qui devait devenir les Anecdotes sur Fréron ; voir les judicieuses remarques de Bengesco sur cet ouvrage (II, 92-96) . L'autographe de la préface de V* à cet ouvrage est conservé à la bibliothèque de Grenoble .

7 « Je suis de ceux qui n'ont jamais donné leur consentement à votre commercium epistolicum avec Palissot . Il n'était pas convenable de rien discuter avec un pareil polisson. » lettre du 13 août 1760 de Thieriot .

9 Thieriot en avait informé V* dans sa lettre du 13 août 1760 .

10 Les 4 derniers mots sont ajoutés entre les lignes . Fréron avait signalé que l'avant-garde des « philosophes rimailleurs et prosailleurs » était conduite par une « espèce de savetier appelé Blaise » , il s'agissait de Michel-Jean Sedaine, auteur de Blaise le savetier, et du Diable à quatre . Voir sur la relation, la lettre du 17 août 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/16/tant-qu-il-y-aura-des-regardants-il-y-aura-des-combattants-e-6277606.html

11 Le « petit abbé » surnommé par Fréron « l'abbé Micromégan » était le chevalier de Méhégan, auteur d'une fréronade intitulée Lettre à M. D*** sur L' année littéraire, 1755 ; le « petit prestolet » était l'abbé Joseph de La Porte, qui, après avoir collaboré avec Fréron aux Lettres sur quelques écrits de ce temps, l'avait trahi .

13 L'approbateur des feuilles de Fréron qui lui faisait de grandes difficultés était Coqueley de Chaussepierre ; voir la lettre du 10 août 1760 à d'Argental .

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22/08/2015 | Lien permanent

témoigner de bouche les sentiments

... Ce qui est plus chaleureux et a quand même plus d'allure qu'un tweet aussitôt dit aussitôt à jeter aux oubliettes avec des milliards de ses semblables  .

Ce matin j'étais constipé -- enfin pas moi, Voltaire -- et après demain le Manneken Pis ne pissera plus ; me voilà bien parti à vous parler pipi-caca, mais bon, l'humain n'est pas un pur esprit, vous le savez aussi bien que moi

http://www.lepoint.fr/insolite/pourquoi-le-manneken-pis-s...

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« A la Comédie Française

Je prie messieurs les comédiens du roi qui me font l'honneur de représenter mes ouvrages de vouloir bien se prêter aux arrangements des rôles que M. Lekain leur présentera de ma part , en les remerciant de leur zèle, des soins dont ils m'honorent et en les assurant de l'estime infinie que j'ai pour leurs talents et du regret que j'ai de n'en être pas le témoin et de ne leur pas témoigner de bouche les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être leur très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Au château de Ferney 30 mars 1761. »

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18/03/2016 | Lien permanent

Quand on peut, avec des paroles, tirer une famille d’honnêtes gens de la plus horrible calamité, on doit dire ces parole

... L'actualité du côté de la Pologne et de l'Ukraine, avec la maltraitance des réfugiés doit inciter les dirigeants des autres pays à crier contre ces injustices, sans tarder . Il est temps que Loukachenko, ce sale individu soutenu par le petit Poutine , se fasse corriger par l'Europe . Bernard Guetta ne doit pas rester le seul lanceur d'alerte : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/migrant...

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

19 août [1766] comme disent les Velches,

car ailleurs on dit auguste. 1

Je demande pardon à mon héros de ne lui point écrire de ma main, et je lui demande encore pardon de ne lui pas écrire gaiement ; mais je suis malade et triste. Sa missionnaire a l’air d’un oiseau 2 ; elle s’en retourne à tire-d’aile à Paris. Vous avez bien raison de dire qu’elle a une imagination brillante, et faite pour vous. Elle dit que vous n’avez que trente à quarante ans, tout au plus . Elle me confirme dans l’idée où j’ai toujours été que vous n’êtes pas un homme comme un autre. Je vous admire sans pouvoir vous suivre. Vous savez que la terre est couverte de chênes et de roseaux : vous êtes le chêne, et je suis un vieux roseau tout courbé par les orages. J’avoue même que la tempête qui a fait périr ce jeune fou de chevalier de La Barre m’a fait plier la tête. Il faut bien que ce malheureux jeune homme n’ait pas été aussi coupable qu’on l’a dit, puisque non-seulement huit avocats ont pris sa défense, mais que, de vingt-cinq juges, il y en a eu dix qui n’ont jamais voulu opiner à la mort.

J’ai une nièce dont les terres sont aux portes d’Abbeville ; j’ai entre les mains l’interrogatoire ; et je peux vous assurer que, dans toute cette affaire, il y a tout au plus de quoi enfermer pour trois mois à Saint-Lazare des étourdis dont le plus âgé avait vingt et un ans, et le plus jeune quinze ans et demi.

Il semble que l’affaire des Calas n’ait inspiré que de la cruauté. Je ne m’accoutume point à ce mélange de frivolité et de barbarie , des singes devenus des tigres affligent ma sensibilité, et révoltent mon esprit. Il est triste que les nations étrangères ne nous connaissent, depuis quelques années, que par les choses les plus avilissantes et les plus odieuses.

Je ne suis pas étonné d’ailleurs que la calomnie se joigne à la cruauté. Le hasard, ce maître du monde, m’avait adressé une malheureuse famille qui se trouve précisément dans la même situation que les Calas, et pour laquelle les mêmes avocats vont présenter la même requête. Le roi de Prusse m’ayant envoyé cent écus 3 d’aumône pour cette famille malheureuse, et lui ayant offert un asile dans ses États, je lui ai répondu avec la cajolerie qu’il faut mettre dans les lettres qu’on écrit à des rois victorieux. C’était dans le temps que M. le prince de Brunswick 4 faisait à mes petits pénates le même honneur que vous avez daigné leur faire. Voilà l’occasion du bruit qui a couru que je voulais aller finir ma carrière dans les États du roi de Prusse : chose dont je suis très éloigné, presque tout mon bien étant placé dans le Palatinat et dans la Souabe. Je sais que tous les lieux sont égaux, et qu’il est fort indifférent de mourir sur les bords de l’Elbe ou du Rhin. Je quitterais même sans regret la retraite où vous avez daigné me voir, et que j’ai très embellie. Il la faudra même quitter, si la calomnie m’y force ; mais je n’en ai eu jusqu’à présent nulle envie.

Il faut que je vous dise une chose bien singulière. On a affecté de mettre dans l’arrêt qui condamne le chevalier de La Barre, qu’il faisait des génuflexions devant le Dictionnaire philosophique ; il n’avait jamais eu ce livre. Le procès-verbal porte qu’un de ses camarades et lui s’étaient mis à genoux devant le Portier des Chartreux 5, et l’Ode à Priape de Piron ; ils récitaient les Litanies du Con 6 ; ils faisaient des folies de jeunes pages ; et il n’y avait personne de la bande qui fût capable de lire un livre de philosophie. Tout le mal est venu d’une abbesse dont un vieux scélérat a été jaloux, et le roi n’a jamais su la cause véritable de cette horrible catastrophe. La voix du public indigné s’est tellement élevée contre ce jugement atroce que les juges n’ont pas osé poursuivre le procès après l’exécution du chevalier de La Barre, qui est mort avec un courage et un sang-froid étonnant, et qui serait devenu un excellent officier.

Des avocats m’ont mandé qu’on avait fait jouer dans cette affaire des ressorts abominables. J’y suis intéressé par ce Dictionnaire philosophique qu’on m’a très faussement imputé. J’en suis si peu l’auteur que l’article Messie, qui est tout entier dans le Dictionnaire encyclopédique, est d’un ministre protestant, homme de condition, et très homme de bien ; et j’ai entre les mains son manuscrit, écrit de sa propre main.

Il y a plusieurs autres articles dont les auteurs sont connus ; et, en un mot, on ne pourra jamais me convaincre d’être l’auteur de cet ouvrage. On m’impute beaucoup de livres, et depuis longtemps je n’en fais aucun. Je remplis mes devoirs ; j’ai, Dieu merci, les attestations de mes curés et des états de ma petite province. On peut me persécuter, mais ce ne sera certainement pas avec justice. Si d’ailleurs j’avais besoin d’un asile, il n’y a aucun souverain, depuis l’impératrice de Russie jusqu’au landgrave de Hesse, qui ne m’en ait offert. Je ne serais pas persécuté en Italie ; pourquoi le serais-je dans ma patrie ? Je ne vois pas quelle pourrait être la raison d’une persécution nouvelle, à moins que ce ne fût pour plaire à Fréron.

J’ai encore une chose à vous dire, mon héros, dans ma confession générale : c’est que je n’ai jamais été gai que par emprunt. Quiconque fait des tragédies et écrit des histoires est naturellement sérieux, quelque Français qu’il puisse être. Vous avez adouci et égayé mes mœurs, quand j’ai été assez heureux pour vous faire ma cour. J’étais chenille, j’ai pris quelquefois des ailes de papillon ; mais je suis redevenu chenille.

Vivez heureux, et vivez longtemps : voilà mon refrain, la nation a besoin de vous. Le prince de Brunswick se désespérait de ne vous avoir pas vu ; il convenait avec moi que vous êtes le seul qui ayez soutenu la gloire de la France. Votre gaieté doit être inaltérable ; elle est accompagnée des suffrages du public, et je ne connais guère de carrière plus belle que la vôtre. Agréez mes vœux ardents et mon très-respectueux hommage, qui ne finira qu’avec ma vie.

V.

Oserais-je vous conjurer de donner ce mémoire 7 à M. de Saint-Florentin, et de daigner l’appuyer de votre puissante protection et de toutes vos forces ? Quand on peut, avec des paroles, tirer une famille d’honnêtes gens de la plus horrible calamité, on doit dire ces paroles . Je vous le demande en grâce. »

1 Initiale, date et post-scriptum autographes .

2 Mme de Saint-Julien, dont Voltaire parle dans sa lettre du 20 août 1766 à Damilaville : « Je suis tantôt aux eaux, tantôt à Ferney, mon cher frère. Je vous ai écrit par Mme de Saint-Julien, sœur de M. le marquis de La Tour du Pin, commandant en Bourgogne, et parente de M. le duc de Choiseul. Elle est venue avec monsieur son frère, et a bien voulu passer quelques jours dans ma retraite. »

Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin, épousa le 18 décembre 1748 François-David Bollioud de Saint-julien, baron d'Argental .

3 L'édition de Kehl et suivantes mettent « cinq cents livres » ; voir lettre du 11 août 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/11/06/on-voit-les-choses-de-loin-sous-des-points-de-vue-si-differents-qu-il-est-b.html

6 Pantagruel, livre III, chap. 26 , de Rabelais .

7 Pour les d’Espinas ou d’Espinasse ; voir note de V* à la lettre du octobre 1766 à Richelieu : « Affaires des religionnaires, Vivarais ; Intendance de Languedoc . Jean-Pierre Espinas, d’une honnête famille de Château-Neuf, paroisse de Saint-Félix, près de Vernons en Vivarais, ayant été vingt-trois ans aux galères pour avoir donné à souper et à coucher dans sa maison à un ministre de la religion prétendue réformée, et ayant obtenu sa délivrance par brevet du 23 de janvier 1763, se trouvant chargé d’une femme mourante et de trois enfants réduits à la mendicité, remontre très humblement à Sa Majesté que son bien ayant été confisqué pendant vingt-six ans, à condition que la troisième partie en serait distraite pour l’entretien de ses enfants, jamais lesdits enfants n’ont joui de cette grâce. Il conjure Sa Majesté de daigner lui accorder la possession de son patrimoine, pour soulager sa vieillesse et sa famille. » (Note de Voltaire.)

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12/11/2021 | Lien permanent

Le chagrin s'est emparé de moi, et m'a fait perdre la tête. Je suis devenu imbécile

Imbecile et verité.jpg
 
 

 

 



 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental


4è auguste 1777


Mon cher ange, il y a plus de soixante ans que vous voulez bien m'aimer un peu. Il faut que je fasse à mon ange un petit croquis de ma situation, quoiqu'il soit défendu de parler de soi-même, et quoiqu'on ait joué L'Égoïsme [ de Jean-François Cailhava de l'Estendoux, à la Comédie française le 19 juin 1777] bien ou mal, dans votre tripot de Paris.


J'ai quatre-vingt-trois ans, comme vous savez, et il y a environ soixante et six ans que je travaille . Tous les gens de lettres en France, hors moi, jouissent des faveurs de la cour, et on m'a ôté, je ne sais comment, du moins on ne me paye plus, une pension de deux mille livres que j'avais avant que Louis XV fût sacré [Louis XV fut sacré en octobre 1722 ;la pension reçue dans la période 172-1722 était pour dédommager des pertes subies après la faillite du système Law].


Je suis retiré depuis trente ans ou environ sur la frontière de la Suisse [arrivée à Genève et à Prangins en décembre 1754]. Je n'avais qu'un protecteur en France, c'était M. Turgot ; on me l'a ôté ; il me restait M. de Trudaine, on me l'ôte encore [Trudaine est « remercié » par Necker, et mourra le 5 août].


J'avais eu l'impudence de bâtir une ville ; cette noble sottise m'a ruiné [après la chute de Turgot en mai 1776 ; V* a prêté des sommes considérables à ceux qui se sont installés à Ferney, et on commence à fuir Ferney pour aller à la nouvelle ville de Versoix].


J'avais repris mon ancien métier de cuisine [ = le théâtre] pour me consoler ; je ne sens que trop , toute réflexion faite, que je n'entends rien à la nouvelle cuisine, et que l'ancienne est hors de mode.


Le chagrin s'est emparé de moi, et m'a fait perdre la tête. Je suis devenu imbécile au point que j'ai pris pour une chose sérieuse la plaisanterie de M. de Thibouville qui me demandait des pastilles d'épine-vinette. J'ai eu la bêtise de ne pas entendre ce logogriphe ; j'ai cru me ressouvenir qu'on faisait autrefois des pastilles d'épine-vinette à Dijon, et j'en ai fait tenir une petite boite à votre voisin au lieu de vous envoyer le mauvais pâté que je vous avais promis [Agathocle].


Ce pâté est bien froid, cependant il partira à l'adresse que vous m'avez donnée à condition que vous n'en mangerez qu'avec M. de Thibouville, et que vous me le renverrez tel qu'il est, partagé en cinq morceaux [5 actes].


Je ne vous dirai point combien tous les pâtés qu'on m'a envoyés de votre nouvelle cuisine m'ont paru dégoûtants. Mon extrême aversion pour ce mauvais goût ne rendra pas mon pâté meilleur. Peut-être qu'en le faisant réchauffer on pourrait le servir sur table dans deux ou trois ans, mais il faudrait surtout qu'il fut servi par les mains d'une jeune personne de dix-huit à vingt ans, qui sût faire les honneurs d'un pâté comme Mlle Adrienne [ Lecouvreur] les faisait à trente ans passés. Il nous faudrait aussi un maître d'hôtel tel que celui qui est le chef de la cuisine ancienne [Lekain], et qui vous fait sa cour quelquefois. Et avec toutes ces précautions, je doute encore que ce pâté qui n'est pas assez épicé fût bien reçu. Quoi qu'il en soit, goûtez-en un petit moment, mon cher ange, et renvoyez-le moi subito, subito.



Je ne vous parle point du voyageur que vous prétendiez devoir passer chez moi [ Joseph II, empereur qui voyageait sous le nom de comte Falkenstein, fils d'Élisabeth d'Autriche]. Je ne sais si vous savez qu'il a été assez mécontent de la ville [Genève, dont Jacques Necker a été le représentant à Paris de 1768 à 1776] qui a été représentée quelques années par un grand homme de finances, et que cette ville a été encore plus mécontente de lui. Quoi qu'il en soit, je ne l'ai point vu [le 10 août, Frédéric lui écrit qu'il a « … appris de bonne part que l'Impératrice a défendu à son fils de voir le vieux patriarche de la tolérance. » ], et je ne compte point cette disgrâce parmi les mille et une infortunes que je vous ai étalées au commencement de mon épître chagrine.[*]



Le résultat de tout ce bavardage, c'est que j'aimerai mon cher ange, et que je me mettrai à l'ombre de ses ailes, jusqu'au dernier moment de ma ridicule vie.



V. »

 


*V* présente les faits à De Lisle le 18 juillet : « Mon âge, mes maladies et ma discrétion m'ont empêché de me trouver sur sa route … Deux horlogers genevois, habitants de Ferney, moins discrets …, s'avisèrent, après boire , d'aller à sa rencontre jusqu'à Saint Genis, arrêtèrent son carrosse, lui demandèrent où il allait, et s'il ne venait pas chez moi … L'un de ces républicains polis lui dit que c'était une députation de ma part. L'empereur ayant appris depuis que ces messieurs étaient des natifs de Genève n'a point voulu coucher dans la ville, ni même voir les syndics, qui se sont présentés à lui … »

Charles Bonnet les présente ainsi à Haller le 16 juillet : « Le vieillard attendait avec tout son monde bien paré ; il avait mis sa grande perruque dès huit heures du matin, fait d'immenses préparatifs pour le dîner, et poussé l'attention pour le monarque jusqu'à faire enlever toutes les pierres du grand chemin … Cependant le voyageur lui donna la mortification de passer outre sans s'arrêter un seul instant ; et même lorsque le postillon lui nomma Ferney, l'empereur lui cria fort haut et par deux fois : « Fouette cocher! » De là il alla dans la nouvelle ville (Versoix)... Il est clair par toute sa conduite qu'il a voulu mortifier le seigneur de Ferney, qui, je vous l'assure, l'a profondément senti... »

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04/08/2010 | Lien permanent

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