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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

J'ai une pension du roi, je rougirais de la recevoir tant qu'il y aura des officiers qui souffriront .

... Le jour où j'entendrai un quelconque ancien président de la république dire cela, les arbres à billets de banque pousseront partout et les poules auront des dents . Point de roi chez nous,  mais une foule de contribuables qui nourrissent au delà du raisonnable des profiteurs comme il en est peu .

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« A Etienne-Noël Damilaville

et à

Nicols-Claude Thieriot

Au château de Ferney par Genève

31è janvier 1761

Je reçois des lettres bien aimables de monsieur Damilaville et de monsieur Thieriot ; j'en avais grand besoin, car mes contemporains meurent de tous côtés, et je me porte assez mal . Cependant l’Épître à Mlle Clairon sera envoyée à mes amis probablement par la poste prochaine, après quoi j'aurai grand soin de tout ce qu'ils me recommandent; il faut mourir au lit d'honneur . Je suis très fâché que les impies aient rayé de ma pancarte 1, le culte et les exercices de religion, parce que je remplis tous ces devoirs avec la lus grande exactitude ; on ne devait pas non plus mettre dans les terres, au lieu de mes terres, parce que je ne suis pas obligé d'aller à la messe dans les terres d'autrui, mais je suis obligé d'y aller dans les miennes . Mes amis verront la preuve de ce que je prends la liberté de leur représenter, dans ma lettre à M. le marquis Albergati .2

La nécessité de remplir tous les devoirs de la religion chez moi, m'est d'autant plus sévèrement imposée, que je suis comptable de l'éducation que je donne à Mlle Corneille ; j'ai lu malheureusement la page 164 de Fréron dans laquelle il dit que je fais élever Mlle Corneille , au sortir du couvent, par un bateleur de foire, que je traite en frère depuis un an, et que Mlle Corneille aura une plaisante éducation 3. Ces lignes diffamatoires sont d'autant plus punissables, qu'elles outragent personnellement Mlle Corneille, et surtout Mme Denis ma nièce, qui l'élève comme sa fille . Mes amis, et le public, sentiront aisément que Mlle Corneille étant chez moi, ne peut jamais trouver un mari que par la conduite la plus irréprochable . Fréron la perd sans ressource en avançant faussement que je la fais élever par L’Écluse . Il est très faux que L’Écluse soit chez moi ; il y a environ six mois qu'il exerce sa profession de chirurgien-dentiste à Genève , et qu'il n'est sorti de cette ville . Mme Denis qui l'avait mandé il y a environ huit mois, pour lui accommoder les dents, ne l'a pas revu deux fois depuis ce temps-là ; il travaille sans relâche à Genève, et y rend de très grands services .

Il est très permis au nommé Fréron de critiquer tant qu'il voudra des vers et de la prose ; mais il ne lui est permis, ni d'attaquer une dame veuve d’un gentilhomme mort au service du roi ni une demoiselle , alliée aux plus grands maisons du royaume et qui porte un nom plus grand que ses alliances ; ni même le sieur L’Écluse, qui peut avoir joué autrefois la comédie, mais qui est chirurgien du roi de Pologne et auquel le reproche d'avoir été acteur, peut faire un très grand tort dans sa profession . Ces trois diffamations réunies forment un corps de délit, dont il est nécessaire de demander justice au lieutenant-criminel . Le père de Mlle Corneille outragée, doit agir en son nom, sans aucun délai . Si on m'avait envoyé plus tôt cette feuille infâme, le procès serait déjà commencé .

J'écris en conformité à M. d'Argental, à M. Titon du Tillet, et à M. Le Brun . Je supplie instamment monsieur Damilaville, monsieur Thieriot, et tous les honnêtes gens d'encourager le bonhomme Corneille à poursuivre sans délai cette affaire ; je me charge de tous les frais . J'ai d'ailleurs écrit à monsieur le chancelier, à Mme de Pompadour, à M. le duc de Choiseul, et au roi de Pologne 4. La poste va partir . Je n'ai que le temps d'ajouter à ma lettre que je persiste toujours dans mon opinion sur les finances . Il y a eu beaucoup de dissipation et de brigandage, je l'avoue, mais quand on a contre les Anglais une guerre si funeste, il faut, ou que toute la nation combatte, ou que la moitié de la nation s'épuise à payer la moitié qui verse son sang pour elle . J'ai une pension du roi, je rougirais de la recevoir tant qu'il y aura des officiers qui souffriront .

Je suis pénétré de la plus tendre reconnaissance pour toutes les bontés assidues de monsieur Damilaville et de monsieur Thieriot .

Plura alias 5.

V. »

1 C'est l'Avis vu précédemment .

3 Cette citation n'est pas textuelle et fausse même gravement le ton du passage incriminé . V* est plus qu'agacé par Fréron et se permet de substituer dans l’esprit du public sa version des faits, art dans lequel il est parfois malheureusement versé .

4 Parmi ces lettres, seule a première signée de Mme Denis (voir lettre du 30 janvier 1761 à Le Brun : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/31/m... ) nous est parvenue . Depuis Si on m'avait envoyé... un passage de neuf lignes supprimé sur l’édition de Kehl manque aussi sur toutes les édition suivantes .

5Le reste une autre fois .

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31/01/2016 | Lien permanent

on ne prétend point chez nous que l’État doive périr, faute de subsides

... Que tous ceux qui devraient payer l'impôt sur la fortune prennent exemple sur Voltaire .

 

Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 14/8/2015

 

 

« A Jean-François Marmontel

chez

Madame de Geoffrin

rue Saint-Honoré

à Paris

13è août 1760

Nous avions été un peu alarmés, monsieur, de certaines terreurs paniques que MM. les directeurs de la poste avaient conçues 1, jamais crainte n'a été plus mal fondée ; M. le duc de Choiseul et Mme de Pompadour connaissent la façon de penser de l'oncle et de la nièce ; on peut tout nous envoyer sans risque ; on sait que nous aimons le roi et l’État ; ce n'est pas chez nous que les Damiens ont entendu des discours séditieux ; on ne prétend point chez nous que l’État doive périr, faute de subsides ; nous n'avons point de convulsionnaires dans nos terres ; je dessèche des marais, je bâtis une église, et je fais des vœux pour le roi ; nous défions tous le jansénistes et tous le molinistes, d'être plus attachés à l’État que nous le sommes ; il est vrai que nous rions du matin au soir, des Pompignans et des Frérons ; mais quoique Lefranc ait épousé la veuve 2 d'un directeur des postes, il ne peut empêcher qu'on ne me donne tous les ordinaires une liste de ses ridicules ; vous pouvez m'écrire en toute sûreté ; le roi ne trouve point mauvais que des amis s'écrivent que Fréron est un bas coquin, et Lefranc un impertinent . Les pauvretés de la littérature n'empêchent pas que M. le maréchal de Broglie ne soit dans Cassel .

Abraham Chaumeix, Jean Gauchat, Martin Trublet 3 ne m’empêcheront pas de donner un beau feu d'artifice à la fin de la campagne .

Mon cher ami, il faut que le roi sache que les philosophes lui sont plus attachés que les fanatiques et que les hypocrites de son royaume, l'univers n'en saura rien, l'univers n'est fait que pour Pompignan ; je vous écris cette lettre en droiture, parce que M. Bouret ne m'a offert ses bons offices que pour de gros paquets . Mandez-nous je vous prie, par qui l'on peut vous sauver dorénavant l'impôt d'une lettre ; dites-moi avec quelle noble fierté l'ami Fréron reçoit le fouet et la fleur de lys qu'on lui donne trois fois par semaine à la comédie . Donnez-nous des nouvelles, surtout de votre situation, de vos dessins et de vos espérances . L'oncle et la nièce s'intéressent également à vous . Présentez mes respects je vous prie à Mme de Geoffrin ; si vous voyez M. Duclos dites-lui , je vous prie, combien je l'estime, et à quel point je lui suis attaché ; mais surtout soyez bien persuadé que vous aurez toujours dans l'oncle et dans la nièce, deux amis essentiels .

Est-il possible qu'il y ait encore quelqu'un qui reçoive Fréron chez lui ? Ce chien fessé dans la rue peut-il trouver d'autre asile que celui qu'il s'est bâti avec ses feuilles ? Est-il vrai qu'il est brouillé avec Palissot , et que la discorde est dans le camp des ennemis ? Contribuez de tout votre pouvoir à écraser les méchants et la méchanceté ; les hypocrites et l'hypocrisie . Ayez la charité de nous mander tout ce que vous saurez de ces garnements, mais comme il faut mêler l’agréable à l'utile 4, parlez-moi de Melpomène-Clairon  ; que fait-elle ? que dit-elle ? que jouera-t-elle ? lui a-ton lu d'une voix fausse et grêle, le triste drame écrit pour la Denéle ?5 Quelque chose qu'elle joue ce sera un beau tapage quand elle reparaitra sur la scène . Adieu, si vous avez envie de faire quelque tragédie venez la faire chez nous ; c'est avec mes frères qu'il faut réciter son office .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

2 Marie-Antoinette-Félicie Grimod Du Fort, née de Caulaincourt . Il semble que V* a d'abord dicté la putain .

3 Le prénom de Martin est fantaisiste .

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14/08/2015 | Lien permanent

En attendant, ils montrent leur cul au roi de Prusse mais il y a cul, et cul

 ... Exact ! Tout dépend de ce qu'on en fait ... No comment !

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« A M. Charles-Augustin FERRIOL, comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 25 juin [1757].

Mon cher ange, je serais bien homme à courir à Plombières pour y faire ma cour à la moitié de mon ange; mais pourquoi Mme d'Argental met-elle son salut dans des eaux? Le grand Tronchin prétend qu'elles ne valent rien, et que la nature n'a point fait nos corps pour s'inonder d'eaux minérales. Mme de Muy 1, qui était mourante, est venue dans notre temple d'Épidaure, et s'en est retournée jeune et fraîche. C'est le lac qui est la fontaine de Jouvence; ce n'est pas le précipice de Plombières.
Vous n'allez donc point aux eaux ! Vous jugez à Paris, vous y voyez des Iphigénie 2 et des Astarbé 3 mais, je vous en conjure, mettez au cabinet les Fanime, ou du moins ne donnez cette nourriture légère qu'en temps de disette.
Je doute fort que mon héros 4 passe par Plombières pour aller se battre en Allemagne cela n'aurait pas bon air pour un général d'armée. Il faut qu'un héros se porte bien, et ne prenne ni ne fasse semblant de prendre les eaux mais, s'il y va, il sera le second objet de mon voyage. Ce sera apparemment sur la fin d'août, à la seconde saison, que Mme d'Argental ira boire. Je me flatte que ma santé, toute faible qu'elle est, mes travaux qui ne sont que petits, et les soins de la campagne, me permettront cette excursion hors de ma douce retraite.
Je n'ai point encore reçu la Vie de monsieur Damiens dont vous m'aviez flatté, mais je viens d'en lire un exemplaire qu'on m'a prêté. L'ouvrage est bien ennuyeux mais il y a une douzaine de traits singuliers qui sont assez curieux au bout du compte, cet abominable homme n'était qu'un fou.
Vous n'êtes pas trop curieux, je crois, de nouvelles allemandes; et comme vous ne m'en dites jamais de françaises, je devrais vous épargner mes rogatons tudesques. Cependant je veux bien que vous sachiez que, dans la pauvre armée du comte de Daun, il y a treize mille hommes qui n'ont ni culottes ni fusils, et que l'impératrice leur en fait faire à Vienne. En attendant, ils montrent leur cul au roi de Prusse mais il y a cul, et cul. A l'égard de ceux qui sont dans Prague, mal nourris de chair de cheval, je ne sais pas ce qu'on en fera. Il n'y a pas d'apparence que le prince Charles imite la retraite des dix mille du maréchal de Belle-Isle. Le pain n'est pas à bon marché dans votre armée de Vestphalie. Vous me croyiez un auteur tragique 5, et je ne suis qu'un gazetier. Mon très-cher ange, je vous aime de tout mon cœur, et je me dépite bien souvent d'être si loin de vous. »

Iphigénie en Tauride, jouée avec un grand succès le 4 juin, est de Claude Guimond de La Touche, né en 1723, mort en 1760. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Guimond_de_La_Touche

3 Tragédie de Colardeau, représentée le 27 février 1758, retardée à cause de l''attentat de Damiens . D'Argental devait avoir lu la pièce en manuscrit . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Pierre_Colardeau

4  Le maréchal duc de Richelieu .

5  La Correspondance littéraire de Grimm et Diderot, en mai 1757, parle d'une tragédie de Saladin, dont s'occupait, disait-on, Voltaire; mais il n'en existe aucune trace.

 

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12/11/2012 | Lien permanent

vi baccio teneramente ...!

Voltaire amoureux, encore ! , je dirai même touché par le démon de midi, puisqu’il fréquente ( avec un succès dont je vous laisse juges ) sa nièce Marie-Louise depuis environ quatre ans ; cette jeune et accorte veuve ( ce n’est plus une oie blanche depuis longtemps ) a un tempérament qui la porte à éviter la solitude et qui saura choisir le meilleur parti .

        

 

« A Marie-Louise Denis

 

                   Votre lettre du 13, mon cher cœur, est de la plus grande philosophe du monde. Vous méprisez des avantages que je ne saurais vous conseiller de mépriser. C’est à vous à choisir entre les préjugés du monde et votre sagesse, c’est à vous de décider [ elle avait un  projet de mariage avec M. de La Caseique, et V. lui avait répondu «  plus je vous aime, plus je vous conjure de me percer le cœur en acceptant la proposition » ]. Pour moi je ne peux que vous aimer, vous admirer et attendre votre décision. Tout ce que je sais, c’est que nous ne délogeons point et que mon seul bonheur serait de loger avec vous.

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                   Que voulez-vous dire avec les petites fantaisies, etc. que vous prétendez qui gouvernent ma vie ? Ne vous ai-je pas ouvert mon cœur, ne savez-vous pas que j’ai cru devoir au public de ne point faire un éclat qu’il tournerait en ridicule ? [ quitter Mme du Châtelet pour Mme Denis ] que j’ai cru devoir marcher toujours sur la même ligne, respecter une liaison de vingt années, et trouver même dans la cour de Lorraine et dans la solitude où je suis à présent un abri contre les persécutions dont je suis continuellement menacé ? Je suis très instruit que si j’avais été à Paris ce mois-ci on m’aurait mis très mal dans l’esprit de Mme de P., et dans celui du roi. On m’a fait d’étranges niches [ Mme de Pompadour protégeait Crébillon et son Catilina dont Voltaire disait le plus grand mal ] . Je vous en dirai de bonnes à mon retour [ allusion à la grossesse de Mme du Châtelet ?]. Il y a encore bien loin d’ici à cet heureux moment. Ce ne sera que pour la fin du mois. Il est nécessaire que j’arrive tard et que je ne donne aucun prétexte à ceux qui voudraient me faire parler [ contre Crébillon]. Je continuerai assurément mon épître puisque le commencement vous plaît . Je rapetasse actuellement Sémiramis dont j’espère que vous serez plus contente que des premières leçons. Vous la lirez et vous me ferez lire la Femme à la mode [ pièce de Mme Denis qui deviendra La coquette punie ]. Il n’y a que mon rêve qui puisse me faire autant de plaisir que vos ouvrages. Mais je voudrais bien venir vite veiller avec vous comme je rêve ! Hélas, en suis-je digne ? Je compte sur vos bontés au moins.

 

                   Ma chère enfant, vous devez par ma dernière savoir ce que je pense de l’affaire à proposer à M. de Richelieu. Ce que j’ai appris depuis me fait croire qu’elle réussira. Nous en raisonnerons le 30 janvier. Eh ! bien Catilina va toujours, on en dit bien du mal. Mais le plus grand mal est de courir à une mauvaise pièce. Vi baccio teneramente, e l’anima mia baccia anche la vostra [ je vous baise tendrement, et mon âme baise encore la vôtre ].

 

                   Voltaire

                   A Cirey, le 18 janvier 1749. »

 

 

                   Ici, ce jour il pleut et les patinoires naturelles des chemins du château font de beaux ruisseaux , grande lessive bienvenue pour une fois .

A ce propos, je me permets une critique : pourquoi ces tonnerres de Brest* d’employés de la voirie n’ont –ils pas passé un coup de lame (=chasse-neige, je précise pour les pauvres gens qui ne connaissent pas la neige et le gel , et qui sont les doigts de pieds en éventail sur des plages de sable blond . Ah ! quelles images, quelle audace dans les termes !!!) dans l’allée qui mène au château ? C’était un véritable repoussoir à touristes bien intentionnés . L’hiver n’est pas achevé . Je leur accorde une deuxième chance ( ils ont eu la chance au grattage, échec ! !) .

                   Blogueuse ( et dans blogueuse il y a … !) curieuse, moi aussi, en toute amitié « Vi baccio teneramente »…

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18/01/2009 | Lien permanent

Je voudrais que ceux qui publient des vies particulières des princes ne craignissent point de nous ennuyer en nous appre

... Il y a en effet une vaste clientèle pour ce genre d'information-déformation, de tout temps ; les éditeurs n'ont aucune crainte, ils touchent le jackpot à tout coup bas ; il  n'est qu'à voir tout ce qui se déblatère sur les membres de la famille royale d'Angleterre : not at all amazing !

 

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Entre autres ...

 

 

« A Charles-Jean-François Hénault

Au château de Ferney, ce 13 septembre 1768

Mon très illustre et très aimable confrère, que j’aimerai tant que je vivrai, si vous vous portez bien, si vous êtes libre d’affaires, il faut que vous sachiez qu’il y a un Bury qui croit avoir fait une Histoire de Henri IV 1. Il court une critique 2 de cette histoire, qui fait une très grande impression par le style audacieux et tranchant dont elle est écrite, et par les fautes qu’elle relève ; mais il y a bien autant de fautes dans la critique que dans l’histoire. L’auteur de la critique est visiblement un huguenot, qui ne relève les erreurs de Bury que sur ce qui regarde les huguenots. Cet auteur s’appelle La Beaumelle ; il demeure au Carlat, dans le pays de Foix, patrie de Bayle, dont il n’est pas assurément concitoyen.

Voici comme il parle du roi dans son libelle, page 24 : « Je voudrais que ceux qui publient des vies particulières des princes ne craignissent point de nous ennuyer en nous apprenant comment ils furent élevés. Par exemple, je vois avec un charme infini, dans l’Histoire du Mogol 3, que le petit-fils de Scha-Abas 4 fut bercé pendant sept ans par des femmes ; qu’ensuite il fut bercé pendant huit ans par des hommes ; qu’on l’accoutuma de bonne heure à s’adorer lui-même, et à se croire formé d’un autre limon que ses sujets ; que tout ce qui l’environnait avait ordre de lui épargner le pénible soin d’agir, de penser, de vouloir, et de le rendre inhabile à toutes les fonctions du corps et de l’âme ; qu’en conséquence un prêtre le dispensait de la fatigue de prier de sa bouche le grand être ; que certains officiers étaient préposés pour lui mâcher noblement 5, comme dit Rabelais, le peu de paroles qu’il avait à prononcer. »

Voici maintenant comme ce maraud parle de vous, page 30 : « Du reste, il a copié cette faute de M. le président Hénault, guide peu sûr, abréviateur infidèle, hasardeux dans ses anecdotes ; trop court sur les grands événements pour être lu avec utilité ; trop long sur des minuties pour être lu sans ennui ; trop attentif à ramasser tout ce qui est étranger à son sujet, tout ce qui l’éloigne de son but, pour obtenir grâce sur les réticences affectées, sur les négligences de son style, sur les omissions de faits importants, sur la confusion qui règne dans ses dates ; auteur estimable pourtant, sinon par l’exécution, du moins par le projet, mais fort inférieur à Marcel 6, quoiqu’il l’ait fait oublier. »

C’est ce même La Beaumelle qui, dans ses Mémoires de Maintenon, insulte toutes les grandes maisons du royaume, et prodigue le mensonge et la calomnie avec l’audace qu’un historien fidèle n’aurait jamais, et que quelques sots ont prise pour la noble hardiesse de la vérité. Je sais qu’il fait actuellement une Histoire de Henri IV 7, dans laquelle il essaie de vous réfuter sur plusieurs points. Cet homme a de l’esprit et de la lecture, un style violent, mais serré et ferme, qui éblouit le lecteur : il est protégé par deux ou trois dames qui ont été élevées à Saint-Cyr, et dont il tient les Lettres de Mme de Maintenon, qu’il a fait imprimer 8. Le roi, instruit de l’insolence de cet homme, qui a été prédicant à Genève, lui a fait défense, par M. de Saint-Florentin, d’exercer son talent de médire. Cette défense lui a été signifiée par le commandant du pays de Foix 9.

Mon zèle et mon amitié ne m’ont pas permis de vous laisser ignorer ce qui intéresse également la vérité, la nation, et vous. Je vous crois à portée de faire un usage utile de tout ce que je vous mande ; je m’en remets à votre sagesse, et je vous prie de me continuer une amitié qui fait la consolation de ma vie.

Je vous prie, mon cher et illustre confrère, de dire à Mme Du Deffand qu’elle sera toujours dans mon cœur. »

3 Le « Mogol » est Louis XV.

4 Shah-Abbas est Louis XIV ; son petit-fils, Louis XV.

5 V* pense à un passage du Vè livre, chap. XXIII de Rabelais . Voir page 254 et suiv. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1044328m/f368.item.r=XXIII

6 Guillaume Marcel est l'auteur de deux séries de Tablettes chronologiques, 1682, consacrées à l'histoire profane et à l'histoire ecclésiastique . Voir : https://data.bnf.fr/fr/14605577/guillaume_marcel/fr.pdf

et https://archive.org/details/tabletteschrono00lepagoog/page/n12/mode/2up

et : https://archive.org/details/lestabletteschr00marcgoog/page/n7/mode/2up

7La Beaumelle ne publia jamais d'histoire de Henri IV . V*, se fondant sur un bruit , tente d'exciter l'inquiétude du président Hénault qui consacre une grande place à Henri IV dans son Abrégé chronologique de l'histoire de France .

9 Malgré les dénonciations de V*, l'intervention du ministre Saint-Florentin s'est en effet bornée à lui demander de ménager son ennemi : voir lettre du 22 juillet 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/17/qu-il-y-a-une-difference-immense-entre-les-sentiments-des-so-6433691.html

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27/03/2024 | Lien permanent

... et que vous finissiez cette affaire ; c'est ainsi qu'elles devraient toutes être terminées, par l'arbitrage d'un jur

... Est-ce pour celà que Serge Dassault demande qu'on lève son immunité parlementaire afin que la justice fasse son travail sans plus tergiverser ?

Je salue ce reste de décence et d'un certain courage , -alors qu'il y a peu je déclarais mon hostilité envers ces hors-la-loi que sont nos parlementaires et membres du gouvernement,- tout en sachant bien que M. Dassault dispose d'une puissance de feu avocatière supérieure à celle du Rafale et que son risque d'être touché et coulé est minime . Bon point pour le principe, quand même !

Qui sera assez couillu(e) pour suivre cet exemple ? [les dames sont comprises dans cette apostrophe]

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 Il a atterri, pas trop tôt !

 

« A Sébastien Dupont

avocat, etc.

à Colmar

Alsace

Aux Délices 20 janvier 1759

Je crois , mon cher ami, que je pourrais bien résigner ma dignité de surarbitre dans le procès de Goll le riche et des Goll les pauvres, contre M. le prince de Bauffremont 1; j'ai conseillé qu'on s'adressât à vous seul, et que vous finissiez cette affaire ; c'est ainsi qu'elles devraient toutes être terminées, par l'arbitrage d'un jurisconsulte éclairé et non par des procédures infinies, qui fatiguent les juges et qui les obligent 2 à juger au hasard .

Je crois qu'heureusement le sot livre du sot moine non moins fripon que sot, aura trouvé peu de lecteurs ; ce n'était pas au procureur général à se plaindre, c'était à son libraire ; vous n'avez pas mal fait d'intimider un peu le maroufle . J'ai ici quelquefois, votre ancien confrère Adam 3 ; ce n'est pas le premier homme du monde, mais il me semble que c'est un assez bon diable ; ne vous ai-je pas déjà dit qu'il est , lui troisième, dans une terre à six ou sept mille livres de rente dont les jésuites ont dépouillé les possesseurs 4 qui se damnaient visiblement, en abusant de leurs richesses ? ne vous ai-je pas dit que je suis leur voisin et que j'ai acheté deux terres auprès des Délices . Je voudrais vous y tenir entre les jésuites et les huguenots .

Tros Rutulus vae fuat nullos discrimine habebit .5

Voulez-vous bien présenter mes respects à M. et Mme de Klinglin ? Comment se porte madame Dupont et toute votre jolie petite famille ?

Tuus semper 6.

V. »

2 Sur le manuscrit poussent corrigé en obligent .

3 Sur le père Adam, qui est ici mentionné pour la première fois dans la correspondance de V*, on a une note de Cayrol dans Beuchot, LVIII, 16 : « Il existe entre les mains de M. Bulan, négociant à Amiens, trois lettres du père Adam adressées à M. Coste, médecin de l'hôpital militaire de Nancy, en 1769,1773,et 1775, pour le remercier d'avoir sauvé la vie à une nièce qu'il aimait, et pour lui faire obtenir son acte de naissance, afin d’avoir part à l’augmentation de pension accordée aux jésuites âgés de plus de soixante ans . Il paraît d'après cette correspondance que le père Adam était né en 1705 . elle indique encore l'inquiétude que lui donnait la santé de Voltaire, et la manière dont il parle du philosophe est loin de prouver qu'il ait été ingrat envers son bienfaiteur. »

5 Qu'il soit Troyen ou Rutule, cela ne fera aucune différence . Virgile, l'Enéide, X, 108 (citation inexacte).

 

6 Toujours à toi .

 

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10/02/2014 | Lien permanent

je ne me connais guère en fossiles , je me contente de la superficie de la terre, je la cultive avec une charrue à cinq

...

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« A Louis Bollioud Mermet 1

Au château de Tournay

par Genève 17è avril 1759

Ma mauvaise santé, monsieur, qui me prive de l'honneur de vous écrire de ma main, ne peut m'empêcher de joindre mes remerciements à ceux de M. Bertrand 2; je m'acquitte de ce devoir envers l'Académie et envers vous avec d'autant plus de satisfaction que je crois M. Bertrand très digne de l'honneur qu'on a bien voulu lui faire , il m'a chargé de vous présenter pour nouveau tribut l’article des bélemnites 3 ; pour moi, monsieur, je ne me connais guère en fossiles , je me contente de la superficie de la terre, je la cultive avec une charrue à cinq semoirs ; cette invention de M. de Châteauvieux 4 fait de la culture de la terre une expérience de physique très agréable, et en même temps fort utile, puisqu'elle épargne beaucoup de semence et beaucoup de temps .mais il n'est pas à présumer que les simples fermiers ou laboureurs se servent de cet instrument dont le premier achat les effrayerait et qui de plus demande des ouvriers habiles pour le réparer quand il est dérangé ; il y a des choses qui conviennent au berger Thircis, et qui ne conviennent point au berger Pierrot .

Je me souviens, monsieur, qu'ayant l'honneur d’assister à vos assemblées, un de nos académiciens nous montra le dessin d'un nouveau pressoir qui me parut plus commode et moins massif que les pressoirs ordinaires, je fus frappé de cette machine ingénieuse, mais je n'avais alors point de vignes, je suis devenu vigneron, laboureur et berger, oserai-je, monsieur, vous supplier de vouloir bien me faire communiquer ce dessin de nouveau pressoir ; j'espère que l'académicien qui l'a inventé excusera ma liberté en faveur de l'utilité publique, et de l'estime qu'il m'a inspirée .

Je vous supplie de vouloir bien présenter mon profond respect à l'Académie . J'ai l'honneur d'être , monsieur, avec tous les sentiments que je dois à elle et à vous, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

2 Voir lettre du 10 avril 1759 à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/06/04/je-vous-garantis-qu-ils-ne-trouveront-pas-les-50-millions-si-5384026.html

3 Coquillages fossiles, allongés, sans équivalent dans les espèces vivantes .

4 Jean Vasserot, baron de Châteauvieux

 

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09/06/2014 | Lien permanent

je regarde avec pitié Les traités frauduleux, la sourde inimitié Et les fureurs de la vengeance

 ... Et je regarde avec amusement des rapprochements incongrus qui tiennent plus de l'humour noir que de la bienséance et l'à-propos . Merci à Google pour ses Actualités du 12 juin 2013 !

Je ne pourrai plus désormais voir la rubrique nécrologique sans imaginer qu'elle pourrait fort bien , aux yeux de certains, figurer dans la rubrique divertissement , tant il est vrai que mourir peut être vu comme un oubli de respirer par distraction .

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Je vois très bien dans une revue TV : Résumé si vous avez manqué le début ...

 

 

 

 

« A Alexandre d'Adhémar de Monteil de Brunier, marquis d'Adhémar 1

[février 1758 ? ]2

Il n'est chère que de vilain, monsieur le grand maître ; vous écrivez rarement mais aussi , quand vous vous y mettez, vous écrivez des lettres charmantes ; vous n'avez pas perdu le talent de faire des jolis vers ; les talents ne se rouillent pas auprès de votre adorable personne .

Pour moi, dans la retraite où la raison m'attire,

Je goûte en paix la liberté ;

Cette sage divinité,

Que tout mortel ou regrette ou désire,

Fait ici ma félicité .

Indépendant, heureux, au sein de l'abondance,

Et dans les bras de l'amitié,

Je ne puis regretter ni Berlin ni la France, et je regarde avec pitié

Les traités frauduleux, la sourde inimitié

Et les fureurs de la vengeance .

Mes vins, mes fruits, mes fleurs, ces campagnes, les eaux,

Mes fertiles vergers et mes riants berceaux,

Trois fleuves que de loin mon œil charmé contemple,

Mes pénates brillants, fermés aux envieux

Voilà mes rois, voilà mes dieux,

Je n'ai point d'autre cour, je n'ai point d'autre temple .

Loin des courtisans dangereux,

Loin des fanatiques affreux,

L'étude me soutient, la raison m’illumine ;

Je dis ce que je pense, et fais ce que je veux ;

Mais vous êtes bien plus heureux :

Vous vivez auprès de Wilhelmine .

Vous devez recevoir incessamment un chambellan 3 de son Altesse Royale qui est presque aussi malade que moi, mais qui est presque aussi aimable que vous ; j'ai eu l'honneur de le posséder quelquefois dans mon ermitage des Délices où nous avons bu à votre santé . Mme Denis, compagne de ma retraite et de ma vie heureuse, vous aime toujours et vous fait les plus tendres compliments ; je vous fais les miens sur votre dignité de grand maître . Souvenez-vous que j'ai été assez heureux pour poser les premières pierres de cet édifice ; ne m'oubliez jamais auprès de Monseigneur et de son Altesse Royale . Je voudrais leur pouvoir faire ma cour encore une fois avant que de mourir . Ils ont un frère qu'il faudra toujours regarder comme un grand homme, quoi qu'il arrive ; et dont j'ambitionnerai toujours les bontés quoi qu'il soit arrivé . Comptez, monsieur, sur ma tendre amitié et sur tous les sentiments qui m'attacheront à vous pour jamais .

Le Suisse V. »

1 Grand maître à la cour de Bayreuth ; voir : http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?f=2&t=36216&view=print

2Aucune des copies de cette lettre parvenues à ce jour ne sont datées, non plus que l'édition . La date proposée

par Besterman se fonde sur le fait que les affaires de Prusse sont encore dans l'incertitude et que le chambellan doit revenir de façon imminente .

3 Louis-Alexandre Riqueti, chevalier de Mirabeau ; voir lettre du 15 juillet 1757 à la margravine de Baireuth : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/22/la-gloire-qui-s-achete-par-tant-de-peines-est-moins-rare-que.html

 

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13/06/2013 | Lien permanent

Si on ne souhaite pas ma personne, je veux au moins qu'on souhaite mes ouvrages

... Dit  Dieu le père à Diderot, qui fit la sourde oreille et écrivit les misères et malheurs de La Religieuse .

... Dit Jésus, Dieu le fils à Voltaire qui botta en touche et écrivit le Traité sur la Tolérance et une prière qui vaut bien le Pater noster .

... Dit le Saint Esprit à James qui  alors remercia les deux humains précédents d'avoir eu l'esprit assez ouvert pour douter et le courage de s'engager pour la liberté et la fraternité .

 trinité 0114.jpg


 

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.
Conseiller du Parlement

rue de la Sourdière

à Paris

 
A Monrion près de Lausanne , 3 mars [1757].

Mon cher ange, on peut mal servir Mlle Clairon 1 sans la rater absolument. On peut être de communi martyrum, sans être de frigidis et maleficiatis 2. Ce sera à peu près le rôle que je jouerai avec elle. Je lui donnerai, quand vous voudrez, cette Zulime bien changée et sous un autre nom. Vous déciderez du temps le plus favorable quand vous serez quitte de la mauvaise tragédie de Robert-François Damiens, quand les querelles qui anéantissent le goût des arts seront apaisées, quand Paris respirera. Pour l'autre pièce, ce n'est pas une affaire prête il ne faut pas d'ailleurs être toujours ce Voltaire qui,
Volume sur volume incessamment desserre .3
Si on ne souhaite pas ma personne, je veux au moins qu'on souhaite mes ouvrages.
Béni soit Dieu qui vous donne la persévérance dans le goût des beaux-arts, et surtout du tripot de la comédie, tandis qu'on n'entend parler que des querelles des parlements et des prêtres, qu'on ne rend point la justice, que la secte des margouillistes fait de petits progrès, et qu'on assassine des rois ! Vous m'approuverez de passer mes hivers dans un petit pays où on ne vit que pour son plaisir, et où Zaïre a été mieux jouée, à tout prendre, qu'à Paris. J'ai fait couler des larmes de tous les yeux suisses. Mme Denis n'a pas les beaux yeux 4 de Gaussin, mais elle joue infiniment mieux qu'elle. On vient de trente lieues pour nous entendre. Nous mangeons des gelinottes, des coqs de bruyère, des truites de vingt livres; et, dès que les arbres auront remis leur livrée verte, nous allons à cet ermitage des Délices, qui mérite son nom.
Ne sommes-nous pas fort à plaindre? Oui, mon cher et respectable ami, nous le sommes, puisque nous vivons loin de vous.
J'ai une extrême curiosité de savoir si on envoie cent mille hommes en Allemagne 5; mais vous ne vous en souciez guère, et vous ne m'en direz rien. J'aimerais encore mieux que votre parlement se mit à rendre enfin la justice, et me fit payer de cinquante mille francs dont ce fat de Bernard 6, fils de Samuel Bernard, et fat de dix millions, m'a fait banqueroute en mourant.
Adieu, mon divin ange; jugez Damiens, et portez-vous bien. »

1 Allusion à la mésaventure de Ximenès, dont il est parlé , note 1 et 2 , page 533 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f536.image....

2 Du commun des martyrs , …, impuissants et frappés de maléfice .

4 Marie-Louise Denis avait du strabisme.

5 On les envoya .

6 Voir lettre à Mme de Fontaine du 12 septembre 1754 et notes page 259 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f261.image

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09/10/2012 | Lien permanent

Je voudrais espérer, pour l'intérêt du genre humain, que cette neutralité pût acheminer à une bonne paix

... Et non pas, comme disent certains imbéciles, à une "bonne" guerre pour "dresser" les gens et leur apprendre à vivre , et relancer l'économie . Messieurs (et mesdames aussi parfois) qui voulez la guerre, je vous la laisse, battez-vous entre vous et rendez-vous au cimetière !

Aux quelques ignares qui décrivent un Voltaire épris de guerres pour gagner plus d'argent , je demande en toute simplicité de lire l'opinion sincère de cet homme qui honnissait les guerres et les "conquérants" . 

Aujourd'hui est un jour à marquer d'une pierre rouge chez les ovins qui , au nombre d'environ cent mille, vont connaitre ce qu'est le poids de la tradition et le fil du couteau . Abraham et Mohammed, même combat, il faut que le sang coule , et parfois celui des moutons ne suffit pas, hélas .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Shaun_le_mouton

Jusqu'à hier il faisait la fête, aujourd'hui, c'est lui qui est dans le plat

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« A Madame Louise Dorothée von MEININGEN, duchesse de SAXE-GOTHA

Aux Délices, près de Genève, 21 avril [1757].

Madame, la bonté de votre cœur vous fait regretter un ministre 1, et celle de votre esprit vous met en état de vous passer de tout ministre. Votre Altesse sérénissime saura conserver en paix ses États dans la guerre qui les environne. On dit que le Hanovre donne enfin l'exemple de la neutralité; si cela est vrai, c'est une nouvelle bien importante. Je voudrais espérer, pour l'intérêt du genre humain, que cette neutralité pût acheminer à une bonne paix. Mais l'armée française, dans le pays de Clèves et dans Wesel, ne permet pas de douter qu'il n'y ait à présent d'autre chemin à la paix que celui de la guerre.
J'avoue que j'ai peine à voir la véritable raison pour laquelle le roi de Prusse a évacué une place telle que Wesel. Elle me parut, il y a quelques années, très-bien fortifiée: rien n'y manquait; elle pouvait arrêter une armée au moins six semaines. A-t-il eu un besoin pressant de ses troupes qui gardaient cette place? ou veut-il attirer les Français en Westphalie, et peut-être sous Magdebourg, pour leur livrer bataille avec avantage? Je me garderai bien de vouloir rien deviner. Votre Altesse sérénissime
pourrait m'éclairer, si elle daignait m'honorer de ses lumières; mais jusque-là, je suis dans une entière obscurité.
On fait plus de libelles en vers et en prose contre le roi de Prusse qu'il n'y a de régiments qui marchent contre lui. Je me flatte qu'il ne me soupçonnera d'aucun de ces indignes ouvrages.
Il m'a rendu toutes ses bontés; il sait combien je le respecte et heureusement il a trop de goût pour m'imputer ces sottises, qui sont indignes d'un honnête homme, et même d'un écrivain médiocre.
Ce n'est point aux particuliers à se mêler des querelles des princes. La seule chose dont je me mêle, madame, est d'être attaché pour ma vie à Votre Altesse sérénissime et à toute votre auguste maison, avec le plus profond et le plus tendre respect. Elle me permet de ne pas oublier la grande maîtresse des cœurs 2. »

2 Julienne-Françoise de Buchwald, née de Neuenstein, grande gouvernante de la duchesse Louise-Dorothée, naquit le 7 octobre 1707, et mourut le 19 décembre 1789. Charles de Dalberg a fait son éloge dans un petit ouvrage intitulé : Madame de Buchwald. Seconde édition. Erfurt, 1787, vingt-quatre pages in-8. Frédéric II dira d'elle dans une lettre à sa soeur la margrave de Baireuth, le 17 septembre 1757 : « Madame de Buchwald me paraît une femme très-estimable, et qui vous conviendrait beaucoup : de l'esprit, des connaissances, point de prétentions, et un bon caractère

. » : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/27_1/346/text/

 

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26/10/2012 | Lien permanent

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