Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Plus on vieillit, dit-on, plus on a le cœur dur : cela peut être vrai pour des ministres d’État, pour des évêques, et po

... Constat douloureux , la liste n'est pas exhaustive . Par pure grandeur d'âme, vaccinons-les quand même .

Les coups de cœurs du Challenge Bande Dessinée 2019 - Liste de 94 livres -  Babelio

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

20è novembre 1765 à Ferney

Il faut que vous sachiez, madame, qu’il y a près d’un mois que madame la duchesse d’Anville voulut bien se charger d’un assez gros paquet pour vous. Ce paquet, qui en contenait d’autres, est adressé à Mme Florian, qui doit prendre ce qui est pour elle, et vous faire tenir ce qui est pour vous. Le départ de madame la duchesse d’Anville a été retardé de jour en jour ; mais enfin elle ne sera pas toujours à Genève.

Je ne sais si ce que je vous envoie vous amusera ; mais vous verrez, dans la lettre qui est jointe à ce paquet 1, que je vous ouvre entièrement mon cœur. Je m’y suis livré au plaisir de causer avec vous comme si j’étais au coin de votre feu. Je ne peux vous rien dire de plus que ce que je vous ai dit. Je pense sur le présent et sur l’avenir comme j’ai parlé dans ma lettre. Plus on vieillit, dit-on, plus on a le cœur dur : cela peut être vrai pour des ministres d’État, pour des évêques, et pour des moines ; mais cela est bien faux pour ceux qui ont mis leur bonheur dans les douceurs de la société et dans les devoirs de la vie . Je trouve que la vieillesse rend l’amitié bien nécessaire ; elle est la consolation de nos misères et l’appui de notre faiblesse, encore plus que la philosophie.

Heureux vos amis, madame, qui vous consolent, et que vous consolez ! Je vous ai toujours dit que vous vivriez fort longtemps, et je me flatte que M. le président Hénault poussera encore loin sa carrière. Le chagrin, qui use l’âme et le corps, n’approche point de lui.

On m’a mandé qu’on avait découvert un bâtard de Moncrif qui a soixante et quatorze ans. Si cela est, Moncrif est le doyen des beaux esprits de Paris ; mais il veut toujours paraître jeune, et dit qu’il n’a que soixante-dix-huit ans 2 ; c’est avoir un grand fond de coquetterie . Je m’occupe à bâtir et à planter comme si j’étais jeune ; chacun a ses illusions.

Je vous ai mandé que je commençais mon quartier de quinze-vingts, qui arrive tous les ans avec les neiges. Voilà la saison, madame, où nous devons nous aimer tous deux à la folie . C’est dans mon cœur un sentiment de toute l’année.

Je ne sais s’il est vrai que M. le dauphin ait vomi un abcès de la poitrine, et si cette crise pourra le rendre aux vœux de la France. Je voudrais que les mauvaises humeurs, qu’on dit être dans les parlements et dans les évêques, eussent aussi une évacuation favorable ; mais l’esprit de parti est plus envenimé qu’un ulcère aux poumons.

Portez-vous bien, madame, et agréez mon tendre respect ; daignez ne me pas oublier auprès de votre ancien ami. »

2 Ce qui est exact .

Lire la suite

16/03/2021 | Lien permanent

Il est mort en brave homme .

... Daniel Levi , qui s'est bien battu : https://www.youtube.com/watch?v=mCog_OTKjjE

Daniel Levi • Taille, Poids, Mensurations, Age, Biographie, Wiki

 

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

3è mars 1767 à Ferney

Je ne pouvais croire, mon cher colonel, que vous eussiez fait ces vers 1 pour ne les point dire ; mais puisque ce n’est qu'un amusement que vous avez voulu vous donner je suis bien loin de le trouver mauvais . Je suis bien aise au contraire qu’on s'amuse de ses talents en tout genre .

Au reste, je vous prie instamment de considérer qu'Athamare ne doit guère faire de compliments sans l'état où il est au quatrième acte . C'est bien assez qu'il dise à Hermodan :

Il m'en coûte

D'affliger la vieillesse et de percer ton cœur

Ton fils eût mérité de servir ma valeur etc.

Il est mort en brave homme .

Il est essentiel qu'il parle un peu durement à Sozame dont il est très mécontent, sans quoi Sozame paraîtrait trop cruel de ne pas s'opposer au sacrifice au cinquième acte en présence des Scythes . Enfin il me paraît qu'Athamare ne doit parler qu'en maître à Sozame au milieu du tumulte du quatrième acte .

J'ai changé quelque chose à Sozame dans le cinquième, mais je ne vous l'envoie point afin de ne point fatiguer la mémoire des acteurs .

Je vous prie surtout de considérer que si Athamare disait : Peins mon désespoir à Hermodan, les Scythes paraîtraient beaucoup trop barbares en le condamnant à mort . Vous conviendrez bien encore que quand un homme est présent on ne dit point à un autre, peins-lui mon désespoir ; on s'adresse à lui-même . Enfin, vous jugerez qu'il ne doit point être désespéré d'avoir tué un rival qui lui a parlé très insolemment .

Vous savez sans doute que retard ne se dit point dans la poésie noble 2, et qu'il n'y en a aucun exemple .

On ne peut être plus sensible que je le suis à toute la bonté que vous avez . Deux de nos acteurs de Ferney ont été obligés d'aller à Lyon, ainsi nous ne jouerons pas la pièce aussitôt que nous l’espérions . Une maladie de Lekain est cause aussi d'un retardement ou d'un retard à Paris . S'il arrivait quelque inconvénient pareil à Lausanne, je vous prie de m'en avertir . Je compte toujours que la pièce restera fidèlement entre vos mains . Et quelque chose qu'il arrive je n'ai que des grâces à vous rendre . »

2 Curieuse remarque sur retard . Effectivement c'est le mot ancien retardement que l'on retrouve ordinairement à sa place jusqu'au XVIIIè siècle .

Lire la suite

09/08/2022 | Lien permanent

Je souhaite des apoplexies aux Riballier, aux Larcher, aux Coger

... Pour Riballier, ses ossements ne bougent plus : http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnair...

Coger n'est pas plus vaillant .

Reste Larcher ; ce pharmacien-sénateur , engoncé dans un fauteuil kingsize, me semble bien, lui , gras-à-lard, pouvoir être victime de la malédiction voltairienne, ce qui réjouirait grand monde et n'étonnerait personne .

Le Président Larcher téléphone à André At

 

 

« A Bernard-Joseph Saurin

13 janvier [1768]

Mon cher confrère, savez-vous bien que je n'ai point votre Joueur anglais1? Vos Mœurs du temps 2 ont été parfaitement exécutées sur notre petit théâtre. Nous tâcherons de ne pas gâter votre joueur. Envoyez-le-nous par le contre-seing de M. Jeannel, qui aura volontiers la bonté de s'en charger. Nous aimons fort les comédies intéressantes : Multae sunt mansiones in domo patris mei 3; mais il paraît que pater meus a une maison à la Comédie française dont les acteurs font bien mal les honneurs. Pater meus est mal en domestiques 4; il est servi à la Comédie comme en Sorbonne.

Je suis enchanté que vous m'aimiez toujours un peu; cela regaillardit ma vieillesse. Je présente mes respects à celle qui vous rend heureux 5, et qui vous a donné un enfant, lequel ne sera pas certainement un sot.

Vivez heureusement, gaiement, et longtemps. Je souhaite des apoplexies aux Riballier, aux Larcher, aux Coger; et à vous, mon cher confrère, une santé aussi inaltérable que l'est mon attachement pour vous.

Si M. Duclos se souvient encore de moi, mille amitiés pour lui, je vous prie. »

1 Voir lettre du même jour à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/06/comptez-qu-un-homme-en-place-peut-toujours-nuire-6455686.html

Beverley, tragédie bourgeoise, imitée de l'anglais, en cinq actes et en vers libres, par Saurin, fut joué le 7 mai 1768, et imprimé la même année in-8°

3 Il y a bien des demeures dans la maison de mon père ; évangile de Jean, XIV, 2 : https://www.aelf.org/bible/Jn/14

4 Allusion aux querelles d'acteurs qui ont retardé la représentation de la pièce de Saurin ; voir les Mémoires secrets à la date du 6 janvier 1768 .

5 Mme Saurin, bien sûr .

Lire la suite

11/08/2023 | Lien permanent

Faites-vous un ami propre à vous censurer

... Il semble bien que le président et ses partisans y ont parfaitement réussi , quoique "ami" est, pour ceux-ci, bien exagéré .

 

 

« A Charles Bordes

Acte Vè, scène première après de vers :

Le cœur du criminel qui ravit son bonheur

Obéide

Moi vous venger ? Sur qui ? De quel sang ? Ah ! Mon père

Hermodan

Le ciel t'a réservé ce sanglant ministère .

Un Scythe

C'est ta gloire et la nôtre .

Sozame

Il me faut révérer

Les lois que vos aïeux ont voulu consacrer,

Mais le danger les suit : les Persans sont à craindre ,

Vous allumez la guerre et ne pourrez l'éteindre.

Le Scythe

Ces Persans que du moins nous croyons égaler

Par ce terrible exemple apprendront à trembler.

Hermodan

Ma fille, il n'est plus temps de garder le silence ;

Le sang d'un époux crie et ton délai l'offense .

Obéide

Je dois donc vous parler . Peuple, écoutez ma voix.

Je pourrais alléguer sans offenser vos lois

Que je naquis en Perse, et que ces lois sévères,

etc., comme dans la copie envoyée à l'imprimeur .

 

N.B. -- Après ce vers du Scythe : Tremble de rejeter un droit si légitime, mettez :

Obéide ( après quelques pas et un long silence )

Je l'accepte.

Scène IIde

Obéide

Eh bien que ferez-vous ? Corrigez : Eh bien qu'ordonnez-vous ?

Même scène IIde:

Obéide

Vivez, ayez -en le courage.

Les Persans croyez- moi vengeront leur outrage .

Mettez :

Les Persans disiez-vous vengeront leur outrage .

 

N. B. -- Tous les éditeurs ont mis dans l'avis au lecteur, page 77, ligne 2de : Ennemis des lois et de la sienne ; il faut : Ennemis des lois et de la science .

 

Je trouve mon cher confrère vos critiques très justes .

Faites-vous un ami propre à vous censurer .1

 

Je vous remercie autant que je vous aime . Que dites-vous de La Beaumelle ? Est-ce ainsi bon Dieu que sont faits les gens de lettres ? Voila mes ennemis depuis l'abbé Desfont 2.

Vous y consentez tous me paraît nécessaire et a été très bien reçu ainsi que tout le cinquième acte.

Continuez-moi vos bontés .

V.

13 juillet [1767] 3»

1 D'après Boileau, L'Art poétique, I, 186 : http://wattandedison.com/Nicolas_Boileau1.pdf

2 Desfontaine .

3Original autographe à parti de Je trouve mon cher confrère : l »édition Cayrol ne donne que la partie autographe .

Lire la suite

01/02/2023 | Lien permanent

quand les arbres auront des feuilles

... La "loi immigration" sera peut-être adoptée et décrétée ; qui sait ? En attendant , il n'est pas mauvais de savoir quelques chiffres et situations :

https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/infograph...

le-colloque-du-14-octobre-de-l-association-espoir-sera-consacre-au-theme-de-l-immigration-dessin-ballouhey-1695838765.jpg

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

Le vieux solitaire de Ferney remercie bien tendrement monsieur le baron de Rebecque d'Hermenches, monsieur le major qui méritait d'être major général d'une armée. Il a eu la bonté de se prêter avec sa courtoisie ordinaire à la rédemption d'un captif, frère de mon ami Wagnière . Votre charmant colonel général 1 vient d’accorder le congé qu'on demandait, et il a mis dans cette grâce toutes celles qui sont dans son caractère .

Savez-vous bien, mon cher major, que je pourrais bien venir voir manœuvrer votre régiment quand les arbres auront des feuilles ? À la manière dont vous vous y prenez, ce régiment sera celui des frères bleus comme Cromwell avait dressé celui des frères rouges 2, mais il y aura cette différence que Cromwell formait des fanatiques et vous des honnêtes gens .

Mme Denis est allée à Paris avec ma fille adoptive Corneille Dupuits pour arranger un peu nos affaires que des soupers de deux cents convives, des bals, des comédies avaient extrêmement dérangées . De mon côté je pourrai bien aller rendre mes profonds respects à la chambre des finances de Mgr le duc de Virtemberg, peu philosophe frère de Mgr le duc de Virtemberg grand philosophe .

Je vous supplie, mon brave major, de vouloir bien me mettre aux pieds de M. le maréchal de L'Orge . Je ne sais pas s'il est philosophe, mais je sais qu'il m'accorde sa protection dont j'aurai peut-être besoin auprès de M. Goll, président (si je ne me trompe ) de la chambre de Montbéliard 3. Sur ce, je vous renouvelle les protestations de l’amitié la plus vraie que je conserverai pour vous jusqu’à mon dernier souffle .

Le vieux Suisse V.

Ferney 17è mars 1768. »

1 Choiseul .

2 V* oppose les habits bleus des soldats français aux habits rouges des anglais .

Lire la suite

06/11/2023 | Lien permanent

Quoi ! des fanatiques auraient été unis, et des philosophes ne le seraient pas !

... Une preuve s'il en fallait, la rapidité de remplissage de la cagnotte pour Christophe Dettinger,  plus rapide que la collecte du Téléthon .

https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Gilets-jaunes-une...

Je demande alors, -- mais je peux me tromper--, qu'on lance une cagnotte pour tous ceux qui ont, de près ou de loin combattu les forces de l'ordre, et pour répartir le magot qui ne manquera pas d'être amassé tant les Français sont abrutis, je pense être en droit d'exiger des preuves de la part des casseurs : photos, films et bien entendu cartes d'identité à jour , afin que cet argent indûment récolté ne s'égare pas, et aille faire oeuvre utile  ce qui fâcherait cet énergumène de Mélenchon [sic].

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France .

J'enrage de voir autant d'imbécillité .

 

 

« A Jean-François Marmontel, de

l'Académie française

4è janvier 1764

Mon cher confrère, il y a un endroit de votre beau discours qui m’a bien fait rougir, tout le reste m’a paru très digne de vous, et la fin m’a attendri. Vous donnez un bel exemple aux gens de lettres en rendant les lettres respectables. Je ne désespère point de voir tous les vrais philosophes unis pour se défendre mutuellement, pour combattre le fanatisme, et pour rendre les persécuteurs exécrables au genre humain. Apprenez-leur, mon cher ami, à bien sentir leurs forces. Ils peuvent aisément diriger à la longue tous ceux qui sont nés avec un esprit juste. Ils répandent insensiblement la lumière, et le siècle sera bientôt étonné de se voir éclairé.

Quoi ! des fanatiques auraient été unis, et des philosophes ne le seraient pas ! Votre discours 1, aussi sage que noble, et qui fait entendre plus que vous n’en dites, me persuade que les principaux gens de lettres de Paris se regardent comme des frères. La raison est leur héritage : ils combattront sagement pour leur bien de famille. J’en connais qui ont un très grand zèle, et qui ont fait beaucoup de bien sans éclat.

Vous ne me dites rien sur M. le duc de Praslin et sur M. d’Argental . Croyez-moi, faites-moi l’amitié de m’écrire quelques mots que je puisse leur envoyer afin qu’ils puissent connaître vos sentiments, qui ne se sont jamais démentis.

Si j’avais l’honneur d’être le moins du monde en relation avec M. le prince Louis de Rohan 2, je prendrais la liberté de lui écrire pour le remercier des obligations que vous lui avez, c’est-à-dire que je lui ai. Je vous supplie de lui présenter ma respectueuse reconnaissance.

Que tout ceci soit entre nous ; les profanes ne sont point faits pour les secrets des adeptes. 

V.»

1 Marmontel fut reçu à l'Académie le 22 décembre 1763 .

2 Futur cardinal de Rohan qui sera impliqué dans l'affaire du collier de la reine .

Lire la suite

09/01/2019 | Lien permanent

il faut liquider et épurer le passé en donnant des sûretés pour l'avenir

... C'est évident, mais bien des rois du pétrole à la COP 28, comptent bien continuer à se remplir les poches et leur seules assurances sont qu'ils se fichent du délabrement climatique comme de leurs premiers keffiehs : https://www.20minutes.fr/planete/cop/4065466-20231206-cop28-oui-existe-bien-feuille-route-sortir-energies-fossiles

Leurs contes des Mille et une nuits modernes finiront mal et Shéhérazade sera lapidée .

 

 

« A François-Louis Jeanmaire

9è avril 1768 à Ferney

Je réponds, monsieur, à votre lettre du 3 avril . J'ai l'honneur de vous répéter ici ce que je vous dis depuis trois mois, et ce que mes avocats m'ont réitéré, qu'il faut liquider et épurer le passé en donnant des sûretés pour l'avenir .

Je vous redis donc encore, monsieur, pour la vingtième fois, que le reliquat de mon compte se monte au dernier mars à la somme de 2174 livres .

Vous aurez peut-être été étonné que dans cette somme qui m'est due, il se trouve pour 900 livres de frais . Mais vous verrez par le compte ci-joint 1 signé d'un de mes avocats et de moi, que les frais se montent à une somme beaucoup plus forte, et que je n'ai réduit le tout à 900 livres que par une extrême discrétion, et par le désir que j'ai toujours eu de finir tout à l'amiable .

J'envoie à messieurs de la chambre des finances le double du compte de mon avocat 2.

Je répète encore que pour finir toute cette affaire il est d'une nécessité indispensable de liquider le passé . C'est avec vous, monsieur, que j'ai contracté ; c'est à vous que je dois demander que vous finissiez mon compte . Ni messieurs de la chambre des finances ni vous ne m'avez jamais répondu un seul mot sur cet article important qui est la base de tout . Je ne puis absolument rien faire sans avoir une liquidation du passé jusqu'au dernier mars .

Pour parvenir à cette liquidation il ne s'agit que de me donner les 2174 livres qui me sont dues ou du moins de m'en assurer le paiement 3. Est-il possible que ne m'ayant jamais répondu sur cet article vous trouviez mes plaintes mal fondées ? Vous sentez bien que c'est à moi seul de me plaindre . J'espère que vous voudrez bien terminer à la fin une chose si juste, et que je pourrai ajouter les sentiments de la reconnaissance à ceux avec lesquels j’ai l'honneur d'être,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

2Second manuscrit de la même lettre.

3Cette partie de phrase, depuis ou du moins […] est une addition marginale de la main de V*.

Lire la suite

06/12/2023 | Lien permanent

Il ne faut point troubler les ménages ; on doit respecter l'amour, on doit encore plus respecter la société. Il est très

... Eternel problème !

Citation Socrate enfants : Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises  manières, se...

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon, de

l'Académie des belles-lettres

rue du Doyenné Saint-Louis-du-Louvre

à Paris

25è décembre 1767

En qualité de vieux faiseur de vers, mon cher ami, je voudrais avoir fait les deux épigrammes qu'on m'a envoyées et surtout celle contre Pyrrhon 1, qui venge un honnête homme des insultes d'un fou; mais pour les vers contre M. Dorat 2, je les condamne, quoique bien faits. Il ne faut point troubler les ménages ; on doit respecter l'amour, on doit encore plus respecter la société. Il est très mal de m'imputer ce sacrilège. Je n'aime point d'ailleurs à nourrir les enfants que je n'ai point faits. En un mot, j'ai beaucoup à me plaindre, le procédé n'est pas honnête.

Oui vraiment j'ai lu Le Galérien 3 ; il y a des vers très heureux, il y en a qui partent du cœur, mais aussi il y en a de pillés. Le style est facile, mais quelquefois trop incorrect. La bourse donnée par le galérien à la dame ressemble trop à Nanine. Le vieux prédicant est un infâme d'avoir laissé son fils aux galères si longtemps. La reconnaissance pèche absolument contre la vraisemblance. Le dernier acte est languissant ; la pièce n'est pas bien faite, mais il y a des endroits touchants. L'auteur me l'a envoyée , je l'ai loué sur ce qu'il a de louable.

Il parait une nouvelle Histoire de Louis XIII 4, que je n'ai pas encore lue. Celle de Levassor 5doit être dans la bibliothèque du roi, comme Spinosa dans celle de monsieur l'archevêque.

Je vous ai déjà mandé 6, mon cher confrère en Melpomène, que j'ai envoyé à M. de La Borde Pandore, avec une grande partie des changements que vous désirez, le tout accompagné de quelques réflexions qui me sont communes avec maman 7. Elle s'est gorgée de vos huîtres. Je suis toujours embarrassé de savoir comment les huîtres font l'amour, cela n'est encore tiré au clair par aucun naturaliste.

J'attends avec bien de l'impatience l'ouvrage de M. Anquetil 8 ; j'aime Zoroastre et Brama, et je crois les Indiens le peuple de toute la terre le plus anciennement civilisé. Croiriez-vous que j'ai eu chez moi le fermier général du roi de Patna 9? Il sait très bien la langue courante des brames, et m'a envoyé des choses fort curieuses. Quand on songe que, chez les Indiens, le premier homme s'appelle Adimo, et la première femme d'un nom qui signifie la vie, ainsi que celui d'Ève ; quand on fait réflexion que notre article le était a vers le Gange, et qu'Abrama ressemble prodigieusement à Abram, la foi peut être un peu ébranlée 10; mais il reste toujours la charité, qui est bien plus nécessaire que la foi. Ceux qui m'imputent l'épigramme contre M. Dorat n'ont point du tout de charité . L'abbé Guyon encore moins , mais vous en avez, et de celle qu'il me faut. Je vous le rends bien, et je vous aime de tout mon cœur. »

1 L'épigramme contre Piron est celle de Marmontel qui commence par ce vers « Le vieil auteur du cantique à Priape...» : http://www.theatre-classique.fr/pages/theorie/MARMONTEL_CONTREPIRON.HTM

5 Sur cette « Histoire » de Michel Le Vasseur [Levassor]: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10431313

voir lettre à destinataire inconnu du 10 décembre 1738 : « On serait moins inondé de livres si on pensait comme moi, si on écrivait que ce qui mérite d'être su . Le Vasseur a fait en quatorze tomes l'histoire de Louis 13 . Un petit in douze est au juste la mesure qui lui convenait. » La Pléiade, Correspondance de Voltaire, 1964, tome I, page 1217, note 1

7 Mme Denis.

8 Abraham- Hyacinthe Anquetil-Du Perron, né en 1731, mort en 1805, frère d'Anquetil l'historien, publia, en 1771, Zend-Avesta, ouvrage de Zoroastre traduit en français sur l'original Zend, deux tomes en trois volumes in-4°.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_Hyacinthe_Anquetil-Duperron

et https://terrediran.com/avant-indiana-jones-abraham-hyacinthe-anquetil-duperron/

10 Les rapprochements entre les croyances indiennes et chrétiennes ont été faites bien avant Voltaire ; dans son Journal de Voyages aux Indes, 1721, Robert Challe compare la « Cita Maria » dont il entend parler à Pondichéry avec la « santa Maria » des chrétiens . Mais la conclusion qu'on en tirait à la fin du XVIIè siècle est différente : c'est que « quelques lumières » de la vraie religion sont passées jusqu'aux Indes par la prédication de l'apôtre Saint-Thomas, ce qui est actuellement admis .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97397187

Lire la suite

18/07/2023 | Lien permanent

je n'ai jamais jusqu'à présent fait errer ainsi des femmes et des filles .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

envoyé de Parme, etc. en son hôtel, quai d'Orsay à Paris

 

30è janv[ier] 1773 à F[erney]

 

C'était Paris, et non pas Lausanne i qu'il fallait craindre mon cher ange. Il y a huit ou dix jours qu'un fripon de libraire nommé Valade débite impunément une édition des Lois de Minos ii.

 

Il faut avouer que la pièce n'est pas tout entière de moi. On y trouve entre autres une mère et une fille errantes dans tes bras ; et je n'ai jamais jusqu'à présent fait errer ainsi des femmes et des filles .

 

Les autres vers qu'on iii a substitués aux miens sont aussi mauvais que si je les avais faits moi-même . On a ôté

 

Respectons plus Minos – aimons plus la justice.

 

qui n'était pas si mauvais, pour mettre à la place quelque chose d'assez commun , et qui énerve toute la force du dialogue . Je n'ai pas eu le courage de lire le reste. J'écris à M. de Sartines iv, pour le prier de mettre un frein à ces friponneries qui sont trop communes. Vous pourriez très aisément savoir comment Valade est parvenu à s'emparer d'une copie de la pièce, soit de celle qui était entre vos mains v, soit de celle de M. de Thibouville, soit de celle de Lekain.

 

Voilà un accident dont je ne me consolerai guère . Ceci est la fable de la laitière et du pot au lait. J'avais imaginé qu'on jouerait cette pièce à la cour ; qu'on me saurait gré d'avoir peint le roi de Suède vi, quoique Brizard ne lui ressemble point du tout ; qu'enfin j'aurais la consolation de vous voir vii. Mon pot au lait est renversé . Il faut abandonner Minos à Fréron, et attendre un temps plus favorable.

 

Un malheur ne vient jamais seul ; j'en essuie de plus d'une façon. C'est la destinée de notre pauvre nature humaine.

 

La poste qui va partir m'empêche d'écrire à monsieur de Thibouville ; je vous prie de lui communiquer ma lettre .

 

Bonsoir, mon cher ange, je mourrai donc sans vous revoir !

 

V. »

 

 

i V* avait « craint » le libraire Grasset de Lausanne , frère du Grasset qui travaillait pour Cramer à Genève ; il écrivit à d'Argental le 4 janvier «  le Grasset de Genève a probablement envoyé à son frère à Lausanne ... » Voir Page 130 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f135.image.p...

 

 

ii « Valade la débite publiquement sous les titre Les Lois de Minos ou Astérie, tragédie en cinq actes par M. de Voltaire, à Genève et se trouve à Paris chez Valade rue saint Jacques » écrira V* à Cramer.

 

 

 

iii « On » = MM. D'Argental et de Thibouville sans doute ; cf. lettre à Richelieu du 1er février : « Vous me faisiez beaucoup d'honneur de joindre vos vers aux miens ; mais en vérité vous deviez m'en avertir . L'art des vers est plus difficile qu'on ne pense. » Page 147 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f152.image.p...

 

iv De Sartines lieutenant général de police ; dans sa lettre du 1er février à d'Argental : « ... il est certain que M. de Sartines aurait puni le vol de Valade et confisqué sa marchandise, si on lui avait dit un mot. Je lui ai écrit ... »

 

v Dans sa lettre du 1er février à d'Argental : « L'imprimé est certainement d'après le manuscrit qui était chez vous . J'en juge par ce vers : « tout pouvoir a son terme » Vous avez voulu absolument terme au lieu de borne... »

 

vi Voir la lettre à d'Alembert du 13 novembre 1772 pour le sens des Lois de Minos : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/12/j...

 

vii Voir par exemple la lettre à Richelieu du 1er février au sujet de ce voyage envisagé à Paris pour la représentation.


Lire la suite

30/01/2011 | Lien permanent

d’honnêtes gens dignes d’entendre la parole de Dieu

http://www.dailymotion.com/video/xa4kf8_la-chanson-de-lar...

Je suis influencé par ce temps de neige !...

 

"Entendre la parole de Dieu ! ..."

Mon Dieu ! pour moi,  c'est s'entendre soi-même. Paroles de Dieu, comme on y va . Tout comme au jeu du téléphone arabe, je me méfie du texte transmis par voix humaine .

Mon Dieu que de con.... on te fait dire, et combien sont à les suivre, quand ils ne les inventent pas  (l'un n'excluant pas l'autre d'ailleurs ).

Un prophête ça va ! mille prophêtes...  bonjour les dégats !! Le trouillomètre à zéro de l'homo sapiens face à la divinité n'est pas fait pour inspirer des actes de grande valeur .

Chassés du paradis , nos aieux . Beaucoup semblent ne retenir que le "chassés" et ont une attitude de gibier, peu propice à la réflexion, et tentent de détourner le glaive céleste sur le dos du (- salopard de -) voisin qui ne pense pas tout à fait comme eux.

Les "gens dignes d'... " ne sont pas légions , mais ont le mérite d'exister quand même. La vie est généralement assez longue pour qu'on ait le temps d'en rencontrer et fréquenter , heureusement !

 

 

 

«  A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

 

[vers le 15 janvier 1762]

 

                            Est-il vrai que Dubois récite le rôle d’Atide [l’épouse secrète dans Zulime, jouée en décembre 1761-janvier 1762 ] comme une petite fille qui ânonne sa leçon ?

 

                            Les Etrennes du chevalier de Molmire ne paraissent pas vous être dédiées [Elles s’intitulent Les Chevaux et les Anes ou les Etrennes aux sots.]. Ne montrez le sermon du bon rabbin Akib [Sermon du rabbin Akib prononcé à Smyrne le 20 novembre 1761, que V* écrivit suite à l’autodafé où fut brûlé le père Malagrida, le 21 septembre 1761 au Portugal, pour avoir écrit  la Vie de sainte Anne et la Vie de l’Antéchrist] qu’à d’honnêtes gens dignes d’entendre la parole de Dieu. Savez-vous que j’avais autrefois une pension que je perdis en perdant la place d’historiographe ? Le roi vient de m’en donner une autre sans qu’assurément j’aie osé la demander ; et M. le comte de Saint-Florentin m’envoie l’ordonnance pour être payé de la première année. La façon est infiniment agréable. Je soupçonne que c’est un tour de Mme de Pompadour et de M. le duc de Choiseul.

 

                            Voltaire. »

 

 

Vous trouverez la représentation, format tapisserie, de la gravure suivante dans la boutique du château de Voltaire à Ferney-Voltaire 01210.

Les autodafés semblent aussi vieux que l'écriture, enfin je le pense, et ont encore de l'avanir si je me fie aux informations venant de ce vaste monde .

 

autodafe phénix.jpg

 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.delanopo...

 

Lire la suite

15/01/2010 | Lien permanent

Page : 328 329 330 331 332 333 334 335 336 337 338