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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

on dit que les aveugles sont gais

... Voltaire a précédé , et peu être inspiré Joseph Joubert qui déclare : " Les aveugles sont gais, parce que leur esprit n'est pas distrait de la représentation des choses qui peuvent leur plaire et qu'ils ont encore plus d'idées que nous n'avons de spectacles. C'est un dédommagement que le ciel leur accorde."

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Génial trait d'union avec le monde, le chien-guide

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19 février 1763 1

Mes anges, ceci vous amusera peut-être ; du moins en ai-je été amusé 2. Ce n’est qu’une chanson d’aveugle , mais on dit que les aveugles sont gais. J’enverrai bientôt quelque chose à mes anges de fort sérieux, car je ne laisse pas de l’être parfois. Vous savez que mon patron est L’Intimé 3, qui avait plusieurs tons.

Corneille m’ennuie à présent autant que Marie m’amuse. Quel exécrable fatras que quinze ou seize pièces de ce grand homme ! Pradon est un Sophocle en comparaison, et Danchet un Euripide. Comment a-t-on pu préférer à un homme tel que Racine un rabâcheur d’un si mauvais goût, qui, jusque dans ses plus beaux morceaux, qui ne sont, après tout, que des déclamations, pèche continuellement contre la langue, et est toujours ou trivial ou hors de la nature ? Que Boileau avait bien raison de ne faire nul cas de toutes ces amplifications de rhétorique ! Qu’il est rare, dans notre nation, d’avoir du goût !

Madame Denis est toujours bien malade : il y a quinze jours qu’elle a la fièvre. Nous espérons que, dans peu, elle sera en état de vous écrire. Nous vous promettons d’appeler Pierre Corneille le premier enfant mâle qu’aura Manon Cornélie. Il y a en effet un pape nommé Corneille, dont on a fait un saint, parce que, dans les premiers siècles, tous les évêques  prenaient le nom de saint, au lieu de celui de monseigneur 4.

Au reste, mes divins anges, ne soyez nullement en peine de François Corneille ni de sa petite femme . Je suis toujours le maître des arrangements, et je proportionnerai la part du père à la recette. Ai-je eu l’honneur de vous mander que le roi ne prend que douze exemplaires, et non pas cent, comme disait M. le contrôleur-général ? Sa Majesté approuve beaucoup ce mariage, et fera les choses noblement.

Le sang me bout sur les Calas ; quand la révision sera-t-elle donc ordonnée ?

N’entendrai-je parler que du triste succès de l’impression de Dupuis et Desronais ?5 Le tripot a bien fait ses affaires ; mais le libraire, dit-on, fait mal les siennes. Il n’y a que la pièce de M. le duc de Praslin qui réussisse parfaitement 6.

Toute la famille se met sous les ailes des anges .

J'attends des nouvelles de M. le président de La Marche.

V.»

1 L'édition de Kehl omet la dernière phrase .

3 Personnage des Plaideurs, de Racine ; voir acte III, sc. 3 : http://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/RACINE_PLAIDEURS.pdf

4 Cornélius ( 251-253 ) : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14166 . Il est exact que les premiers papes ont été automatiquement canonisés .

5 Privée des prestiges de la représentation, la pièce de Collé ne pouvait guère soutenir la comparaison avec l'histoire de Robert Challe, dont les Illustres françaises se lisaient encore  ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Illustres_Fran%C3%A7aises et http://data.bnf.fr/11949188/robert_challe_les_illustres_f... )

; l'ouvrage avait eu plus d'une douzaine d'éditions depuis l'originale de 1713, dont les dernières n'étaient pas très anciennes (1748 et 1756 , si on en croit certains bibliographes ) . La fin du siècle allait encore voir les éditions de Néaulme en 1775 et de Leboucq en 1780 .

6 La paix définitive a été signée à Paris le 10 février 1763 .

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19/01/2018 | Lien permanent

Alcibiade peut avoir fait quelques sottises, mais Alcibiade a fait de belles choses . Aussi le préfère-t-on à tous les c

... Emmanuel Macron  peut "avoir fait quelques sottises, mais ... " etc., etc. 

Faute de grives, mangeons des merles et accordons le bénéfice à celui qui fait plutôt qu'à celui qui stagne . Et vaccinons-nous !

BONNE SANTE  

ET  

TOUT LE RESTE A L'AVENANT

Cartes de voeux 2021 pour entreprises - Voeux professionnel

Dans le bon sens  ...

 

 

« A Charles Michel, marquis du Plessis-Villette

1er septembre [1765] 1

Il y a longtemps, monsieur, que je médite de vous écrire. Le séjour de Mlle Clairon m’a un peu dérangé ; et après son départ il a fallu réparer le temps que les plaisirs avaient dérobé à ma philosophie.

Je ne connaissais point le mérite de Mlle Clairon ; je n’avais pas même l’idée d’un jeu si animé et si parfait. J’avais été accoutumé à cette froide déclamation de nos froids théâtres, et je n’avais vu que des acteurs récitant des vers à d’autres acteurs, dans un petit cercle entouré de petits-maîtres.

Mlle Clairon m’a dit que ni elle ni Mlle Dumesnil n’avaient déployé l’action dont la scène est susceptible que depuis que M. le comte de Lauraguais a rendu au public, assez ingrat, le service de payer de son argent la liberté du théâtre et la beauté du spectacle 2. Pourquoi nul autre homme que lui n’a-t-il contribué à cette magnificence nécessaire ? et pourquoi ce même public s’est-il plus souvenu de quelques fautes de M. de Lauraguais 3 que de sa générosité et de son goût pour les arts ? Les torts qu’un homme peut avoir dans l’intérieur de sa famille ne regardent que sa famille ; les bienfaits publics regardent tous les honnêtes gens. Alcibiade peut avoir fait quelques sottises, mais Alcibiade a fait de belles choses . Aussi le préfère-t-on à tous les citoyens inutiles qui n’ont fait ni bien ni mal.

Je ne sais pas encore quelle espèce de vie vous mènerez ; mais comme je ne vous ai vu faire que des actions généreuses, comme vous avez un cœur sensible et beaucoup d’esprit, et que par-dessus tout cela vous allez être très riche, vous devez bien vous attendre qu’on épluchera votre conduite. Vous vous trouverez entre la flatterie et l’envie, mais j’espère que vous vous démêlerez très habilement de l’une et de l’autre. Pardonnez à ma petite morale.

Je ne vous envoie point les versiculets faits en l’honneur de Mlle Clairon. On en tira quelques exemplaires . Mlle Clairon en emporta une moitié, mes nièces se jetèrent sur l’autre ; je n’en ai pas à présent . Dès que j’en aurai recouvré une, je vous l’enverrai . Mais en vérité, ces bagatelles ne sont bonnes qu’aux yeux de ceux pour qui elles sont faites . Elles sont comme les chansons de table, qu’il ne faut chanter qu’en pointe de vin.

Je vous remercie de toutes vos nouvelles. Souvenez-vous toujours de la bonne cause : ce n’est pas assez d’être philosophe, il faut faire des philosophes .

Si vous voyez M. le comte de La Touraille, ne m’oubliez pas auprès de lui. Il me paraît avoir bien de la raison, de l’esprit, et du goût ; cela n’est pas à négliger. »

 

 

 

1 L'édition Œuvres du marquis de Villette « améliore » le texte sur quelques points mineurs .

2 Il a payé pour débarrasser la scène de spectateurs .

3 Son épouse a plaidé pour obtenir leur séparation . Voir : http://histoire-bibliophilie.blogspot.com/2013/07/linfatigable-comte-de-lauraguais.html

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01/01/2021 | Lien permanent

je vous demande en grâce de ne point fournir des armes à nos adversaires

... Mon cher Voltaire, les marchands d'armes ne connaissent ni foi, ni loi, ni patrie hors l'argent . Ils se fichent bien , ou même, plutôt, se réjouissent que les belligérants aient chacun le même arsenal . Le commerce des armes n'est pas près de péricliter ( industrie primordiale ! ) 

Boris Vian : https://www.youtube.com/watch?v=hqvQlnB7qq4&list=RDhq...

Pierre Perret : https://www.youtube.com/watch?v=mh0pf0k7PoM

HUMOUR « Jour de fête » - TE HOA NO TE NUNAA

 

 

 

« À Pierre Jabineau de La Voute.

À Ferney, 1er mars 1766

Je vous conjure, monsieur, de n’avoir pas tant raison 1 ; je vous demande en grâce de ne point fournir des armes à nos adversaires. Songeons d’abord qu’il est très-certain que la comédie fut instituée comme un acte de religion à Rome , que ce fut une fête pour apaiser les dieux dans une contagion ; que ni Roscius ni Æsopus ne furent infâmes. La profession d’un acteur n’était pas celle d’un chevalier romain ; mais la différence est grande entre l’infamie et l’indécence.

Permettez-moi de distinguer encore entre les comédiens et les mimes. Ces mimes étaient des bateleurs, des arlequins. Apulée, dans son Apologie, distingue l’acteur comique, l’acteur tragique, et le mime 2; ce dernier n’avait ni brodequin ni cothurne ; il se barbouillait le visage, fuligine faciem obductus ; il paraissait pieds nus, planipes. Ce métier était méprisable et méprisé : Corpore ridetur ipso dit Cicéron, de Oratore.

Ne pourriez-vous donc pas abandonner aux mimes l’infamie, en donnant aux autres acteurs une place honnête ? Ne pouvez-vous pas tirer un grand parti, monsieur, du titre Mathematicos 3? On déclare les mathématiciens infâmes sous les empereurs romains ; mais on n’entend pas les mathématiciens véritables ; on n’entend que les astrologues et les devins. Ainsi, par ceux qui montaient sur le théâtre, et qu’on diffame, tâchons d’entendre les mimes, et non pas ceux qui représentaient la Mèdée d’Ovide. Enfin nous sommes accusés, ne nous accusons pas nous-mêmes.

Pourriez-vous, monsieur, faire quelque usage des honneurs que reçut à Lyon la célèbre Andreini 4, qui fut enterrée avec beaucoup de pompe ? Pardonnez, monsieur, à un pauvre plaideur dont vous êtes le patron, sa délicatesse sur la cause que vous daignez défendre ; il est bien juste que je prenne vivement le parti de ceux qui ont fait valoir mes faibles ouvrages.

J’ajoute encore qu’aujourd’hui, en Italie, il y a beaucoup plus d’académiciens que de comédiens qui représentent des pièces de théâtre . Les tragédies surtout ne sont jouées que par des académiciens. Enfin je soumets toutes mes idées aux vôtres, et je vous réitère mes remerciements, ainsi que les sentiments de la plus vive estime. Vous allez devenir le vrai protecteur de l’art que je regarde comme le premier des beaux-arts, et auquel j’ai consacré une partie de ma vie. Soyez bien persuadé, monsieur, de la tendre et respectueuse reconnaissance de votre très humble et très obéissant serviteur."

2 Cette phrase qui signifie il fait rire par son corps même ne semble pas apparaître sous cette forme dans le De oratore de Cicéron . Les citations latines signifient « la figure couverte de suie », « pied plat »(ni socques ni cothuernes qui sont les chaussures des acteurs comiques et tragique) .

3 Voir lettre du 4 février 1766 à Jabineau .

4 Isabella Andreini, auteur de fameuses lettres d'amour qui furent peut-être connues de Guilleragues, auteur des Lettres portugaises . Le manuscrit donne le pour la, ce qui est un lapsus ; Beuchot signale en 1883 : « Jusqu’à ce jour on a imprimé : le célèbre Andreini, qui fut enterré. Isabelle Andreini, morte à Lyon en 1604, y eut des obsèques magnifiques . »

Voir : https://journals.openedition.org/italies/899

et : https://www.persee.fr/doc/licla_0992-5279_1991_num_15_1_1304

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12/06/2021 | Lien permanent

je fais des vœux au ciel avec vous pour qu'il réussisse en tout, et pour que les hommes soient moins asservis à leurs pr

... Voeux pour tout chef d'Etat digne de ce nom et des peuples qui ne soient pas bornés .

Philosophie, Aix - Marseille, Florilèges

http://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/jcms/c_10688539/...

 

 

 

« A Stanislas-Auguste Poniatowski, roi de Pologne

6 décembre 1767

Sire,

On m'apprend que Votre Majesté semble désirer que je lui écrive. Je n'ai osé prendre cette liberté ; un certain Bourdillon 1, qui professe secrètement le droit public à Bâle, prétend que vous êtes accablé d'affaires, et qu'il faut captare mollia fandi tempora 2. Je sais bien, sire, que vous avez beaucoup d'affaires mais je suis très sûr que vous n'en êtes pas accablé, et j'ai répondu au sieur Bourdillon Rex ille superior est negotiis 3.

Ce Bourdillon s'imagine que la Pologne serait beaucoup plus riche, plus peuplée, plus heureuse, si les serfs 4 étaient affranchis, s'ils avaient la liberté du corps et de l'âme, si les restes du gouvernement gothico-slavonico-romano-sarmatique étaient abolis un jour par un prince qui ne prendrait pas le titre de fils aîné de l'Église, mais celui de fils aîné de la raison. J'ai répondu au grave Bourdillon que je ne me mêlais pas d'affaires d'État, que je me bornais à admirer, à chérir les salutaires intentions de Votre Majesté, votre génie, votre humanité, et que je laissais les Grotius et les Puffendorf ennuyer leurs lecteurs par les citations des Anciens, qui n'ont pas fait le moindre bien aux Modernes. Je sais, disais-je à mon ami Bourdillon, que les Polonais seraient cent fois plus heureux si le roi était absolument le maître, et que rien n'est plus doux que de remettre ses intérêts entre les mains d'un souverain qui a justesse dans l'esprit et justice dans le cœur 5, mais je me garde bien d'aller plus loin. Vous n'ignorez pas, monsieur Bourdillon, qu'un roi est comme un tisserand continuellement occupé à reprendre les fils de sa toile qui se cassent; ou, si vous l'aimez mieux, comme Sisyphe, qui portait toujours son rocher au haut de la montagne, et qui le voyait retomber; ou enfin comme Hercule avec les têtes renaissantes de l'hydre.

M. Bourdillon me répondit : « Il finira sa toile, il fixera son rocher, il abattra les têtes de l'hydre. »

Je le souhaite, mon cher Bourdillon, et je fais des vœux au ciel avec vous pour qu'il réussisse en tout, et pour que les hommes soient moins asservis à leurs préjugés, et plus dignes d'être heureux. Je ne doute pas qu'un grand jurisconsulte comme vous ne soit en commerce de lettres avec un grand législateur. La première fois que vous l'ennuierez de votre fatras, dites-lui, je vous en prie, que

je suis avec un profond respect, avec admiration, avec dévouement,

de Sa Majesté,

le très humble, etc. »

1 C'est le nom sous lequel Voltaire avait publié l'Essai sur les Dissensions des églises de Pologne; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/461

2 Saisir les occasions favorables de parler, d'après Virgile, L'Enéide, IV, 293-294 :

Par les plaisirs vos moments sont comptés. / Goûtez longtemps cette douceur première; /A la raison joignez les voluptés; /Et que je puisse, à mon heure dernière, /Me croire heureux de vos félicités.

3 Ce roi là est supérieur aux affaires .

4 La copie porte chefs, ce qui manifestement est une erreur .

5 C'est la doctrine du despotisme éclairé . Mais il est cruel de la proposer à Stanislas-Auguste, monarque éclairé certes, mais qui peut d'autant moins faire table rase des traditions de son pays que celles-ci en constituent l'armature contre ses ennemis naturels, notamment la puissante Russie.

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25/06/2023 | Lien permanent

ses impertinences sont sifflées de l'Europe

... Et si elles ne le sont pas, c'est à désespérer . Je parle ici des boeufferies de cet ignoble Erdogan . Pour lui, pas besoin de psychiatre , aucun ne saurait le guérir tant il est faux et mauvais ; que les Turcs le privent du pouvoir, ce serait justice . Peuvent-ils le faire quand ils risquent leur vie ? nous avons connu autrefois les lettres de cachet, ils connaissent les édits du calife Erdogan , Poussah Ier .

Dessins de Chappatte on Twitter: "Erdogan et l'Europe - © Chappatte dans  The New York Times… "

De 2017, mais toujours d'actualité

 

«A Gabriel Cramer 

Je prie instamment monsieur Cramer de faire imprimer mon manuscrit avec les corrections et les additions suivantes avec le même caractère dont il se sert pour sa petite édition . Je lui serai très obligé . Je lui demande la plus grande diligence, et quatre ou cinq douzaines d'exemplaires . »

 

« Je prie instamment monsieur Cramer , de me faire l’amitié de faire imprimer sur-le-champ cet article séparé, en petit caractère avec bordure ; et de m'en faire tirer cinq ou six douzaines d'exemplaires . Il me rendra un très grand service. »

 

«  Je prie instamment monsieur Cramer de me faire renvoyer les trois dernières épreuves auxquelles il est nécessaire que je fasse encore des corrections . Je serais bien fâché qu'on eût tiré ces feuilles avant qu'elles fussent en état . Je le prie de ne pas perdre un moment d'en avertir son gros Suisse . »

 

« Je remercie bien sensiblement monsieur Cramer . Il me fait un plaisir dont plus d'une famille lui sera obligée . Je le prie de m'envoyer une douzaine d'exemplaires de cette feuille, afin que je les fasse parvenir aux intéressés .

J'espère encore que monsieur Cramer pourra passer à Ferney où sa belle-sœur est actuellement avec son beau-frère .

Je lui recommande la page 347 où il y a une correction qui pourrait embarrasser les imprimeurs ; il faut imprudence à la place d'étourderie, et qu'un mois au lieu qu'une année . »

 

« Je supplie monsieur Cramer de vouloir bien me donner des nouvelles de sa santé .

Je reçois une lettre de Montpellier d'une femme qui signe Grasset Cupidon ; voilà deux noms qui ne paraissent pas faits pour aller ensemble . Le premier est d'un fripon, vous me direz que l'autre est d'un fripon aussi, mais ce sont deux genres différents . Dites-moi , je vous prie, ce que c'est que cette Mme Grasset Cupidon . »

 

« Je vous envoie, mon cher Caro, ce petit billet que je reçois de Paris pour vous ; je n'y entends rien, je n'ai fait que parcourir rapidement le manuscrit ; vous qui le tenez vous saurez de quoi il s'agit ; si l'article dont il est question est déjà imprimé, il n'y a qu'à laisser je crois, les choses telles qu'elles sont . Vous ferez le tout pour le mieux ; je vous embrasse le plus tendrement du monde . »

 

« Je vous prie de souffrir les petites corrections que j'ai faites . Je les crois nécessaires . »

 

« Je vous renvoie mon cher Gabriel la partie de l'épreuve que je n'avais jamais vue, et dans laquelle il y a une faute que sans doute on corrigera .

Il faudrait encore nous voir pour les cartons.

Le parlement de Paris se déshonore plus que jamais, ses impertinences sont sifflées de l'Europe. »

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29/10/2020 | Lien permanent

Tout le monde avoue qu'il faut être philosophe, qu'il faut être libre, et presque personne ne l'est .

... Alors chantons "fais comme l'oiseau ..."

 Pie 3 14

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« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

à Lausanne

Aux Délices 9 septembre 1758

Vous voulez donc bien, madame, honorer de votre présence mes petits pénates champêtres mercredi 1. Vous êtes accoutumée à notre médiocrité, vous avez déjà bien voulu vous en contenter . Nous vous recevrons avec l'ancienne franchise et l'ancienne pauvreté suisse . Les affaires sont aussi délabrées en France qu'ailleurs , les particuliers qui y ont malheureusement leur bien, s’en ressentent . La terre est couverte de morts et de gueux dont quelques fripons ont les dépouilles .

Je n'ai nulle nouvelle des détails de la nouvelle victoire du Salomon du Nord , et je suis toujours très fâché de l'erreur où l'homme au triangle 2 est sur mon compte . Mais il faut prendre le parti de compter tous ces gens là pour rien et de vivre doucement pour soi et pour ses amis . Si Dieu vous fait jamais cette grâce, vous serez alors aussi heureuse qu'on peut l'être et que je le désire . Tout le monde avoue qu'il faut être philosophe, qu'il faut être libre, et presque personne ne l'est .

Je vous présente mes chagrins et mes respects .

V. »

1 Dans une lettre non datée, de septembre/octobre de cette année, la comtesse écrit à Haller : « j'ai passé douze ou treize jours aux Délices chez les nièces de M. de Voltaire, qui vous rendent la justice la plus parfaite . Mme Denis qui me paraît une personne fort raisonnable et fort obligeante voudrait savoir l'allemand, qu'elle déteste,puisqu'on le parle à Francfort ; uniquement pour pouvoir avoir le bonheur de vous lire . »

2 Le chancelier Kaunitz, appelé ainsi par V*, parce qu'il a réalisé la triple alliance entre la France, l'Empire austro-hongrois et la Russie ; et aussi allusion à sa maison : voir lettre du 15 mai 1756 à la comtesse : « Vous aurez donc, madame, votre procès à Vienne, vos meubles à Bâle et votre personne à Venise . Vous allez apprendre l'italien et vous gouterez bientôt le plaisir d'entendre M. Metastasio;mais il est triste d'apprendre sa langue loin de lui . Vous devenez donc savante . Vous fixez précisément l’endroit où Marc-Aurèle écrivait ses pensées sur les bords du Danube, permettez que je réponde à votre érudition par des sentiments .

Marc-Aurèle autrefois des princes le modèle,

Sur les devoirs des rois écrivait en ces lieux ;

Et Thérèse fait à nos yeux

Tout ce qu'écrivait Marc Aurèle.

Cela pourrait servir d'inscription aux masures de votre Cornuntum . Remarquez en passant, madame, que les empereurs romains auraient été bien étonnés si on leur avait dit qu'il y aurait un jour autant de politesse à Vienne qu'à Rome, avec d'autre mérite que les Romains ignoraient . Vous me demandez un nom pour la maison de campagne du comte Kaunitz , il serait beaucoup plus aisé de s'expliquer sur le maître que sur la maison . Je sais à quel point ses grâces et son esprit ont réussi à Paris . Je sais combien on l’y respecte et on l'aime . Je suis bien moins instruit sur ses jardins . Il les appellera comme il lui plaira, il est bien juste qu'on nomme les enfants que l'on a faits . Si vous êtes marraine vous vous servirez des noms d'agrément et de goût pour baptiser la maison . Vous dites que son jardin est un triangle, un géomètre voudra qu'on l'appelle triangle, un savant en grec le nommera Carite, qui revient à peu près à favori . Mon petit ermitage auprès de Genève s'appelle insolemment les Délices, parce que je vois le lac, deux rivières, une ville, cent maisons de campagne et j'ai des fruits excellents .Mais , madame, puisque vous allez sur la Brenata au lieu de venir vers mon lac, je vais changer le nom de ma retraite, elle s'appellera les Regrets . Je suis à présent dans mon autre ermitage et c'est dans ces deux maisons que j'essaie d'être philosophe et que je continue de vous être attaché pour jamais avec le plus tendre respect .

Pardonnez-moi, si j'ai dicté la lettre, j'ai la fièvre et je suis de tous les malades celui qui vous est le plus dévoué. »

 

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22/10/2013 | Lien permanent

étant vieux et malingre, je ne peux vivre que chez moi, il est fort insolent d'avoir deux chez-moi, et d'en vouloir un t

 ... Dieu merci [formule doublement consacrée !], j'ai la chance de ne pas correspondre à ce tableau quant à mon physique, et la malchance (?) de ne briguer ni un deuxième et encore moins un troisième logis .

Dans ce registre du cumul, il semble bien que nos sénateurs , en moyenne gens de sens rassis, surtout bien assis de surcroit, sont cumulards dans l'âme . Il est vrai que ça rapporte .

 Morale : faites le plein !

 DSCF4669 trois chez moi.JPG

 

«  A Jean-François de SAINT-LAMBERT

[19] juillet 1758 1

Mon cher Tibulle, votre lettre a ragaillardi le vieux Lucrèce. Je ne me pendrai absolument pas comme fit le bon philosophe, et j'ai la plus grande envie de vivre avec vous. Je suis pénétré des bontés de M. de Boufflers , et je voudrais l'en venir remercier. Voici mon cas je suis depuis quelques jours chez l'électeur palatin par reconnaissance, je lui suis attaché, tout souverain qu'il est, parce qu'il m'a fait un très-grand plaisir, et j'ai fait cent quarante lieues pour lui dire que je lui suis obligé. J'en ferais davantage pour votre cour, pour Mme de Boufflers 2 et pour vous.

J'ai toute ma famille dans un de mes ermitages nommé les Délices, auprès de Genève. Je suis devenu jardinier, vigneron et laboureur. Il faut que je fasse en petit ce que le roi de Pologne fait en grand; que je plante, déplante, et bâtisse des nids à rat quand il rêve des palais. Je déteste les villes, je ne puis vivre qu'à la campagne, et, étant vieux et malingre, je ne peux vivre que chez moi, il est fort insolent d'avoir deux chez-moi, et d'en vouloir un troisième; mais ce troisième m'approcherait de vous. J'ai très-bonne compagnie à Lausanne et à Genève mais vous êtes meilleure compagnie. Mes Délices n'ont que soixante arpents, coûtent fort cher, et ne me rapportent rien du tout, c'est d'ailleurs terre hérétique dans laquelle je me damne visiblement, et j'ai voulu me sauver avec la protection du roi de Pologne. Fontenoy m'a paru tout propre à faire mon salut, attendu qu'il me rapporte dix mille livres de rente et que j'enrage d'avoir des terres qui ne me rapportent rien. Je ne peux abandonner absolument mes Délices, qui sont, révérence parler, ce qu'il y a de plus joli au monde pour la situation. Craon est un beau nom; Fontenoy aussi, à cause de la bataille. Craon n'est-il pas une maison de plaisance, et puis c'est tout ? Il n'y a rien là à cultiver, à labourer et planter. J'ai une nièce qui joue Mérope et Alzire à merveille, toute grosse et courte qu'elle est, et qui, malgré le droit des gens de Puffendorf et de Grotius, a été traînée dans les boues à Francfort-sur-le-Main, en prison, au nom de Sa gracieuse Majesté le roi de Prusse et comme ce monarque ne fait rien pour elle, du moins jusqu'à présent, je me crois obligé, en conscience, de lui laisser une bonne terre, un bon fonds, un bien assuré voilà ce qui m'a fait penser à Fontenoy. Il n'y a plus qu'une petite difficulté, c'est de savoir si on vend cette terre. Quoi qu'il en soit, la tête me tourne de l'envie de vous revoir. Ma reconnaissance à Mme de Boufflers. Si vous voyez l'évêque de Toul 3, dites-lui que le bruit de ses sermons est venu jusque dans le pays de Calvin, et que ce bruit-là m'a converti tout net.

Avez-vous à Commercy M. de Tressan 4? C'est bien le meilleur et le plus aimable esprit qui soit en France; et M. Devaux, jadis Panpan 5, est-il aussi à Commercy? Conservez-moi un peu d'amitié. Comment va votre machine, jadis si frêle? Je suis un squelette de soixante-quatre ans, mais [avec] des sentiments vifs, tels que vous les inspirez.

Mandez-moi aux Délices près de Genève de quoi il est question, et raimez 6 un peu le Suisse Voltaire. »

1 Cette date n'est qu'approximative . Aux éditeurs de Kehl qui lui demandaient les lettres écrites par V*, Saint-Lambert répondit à Decroix : « J'ai beaucoup de regrets de ne pouvoir donner les lettres que ce grand homme m'a écrites, mais l'honnêtetté ne me permet pas de céder à l'envie d'obliger les éditeurs et à la vanité de publier le bien qu'il dit de moi ; elles ne paraitront jamais . » Pourtant quelques unes de ces letttres parurent uktérieurement sur le marché, dont quatre publiées par l'édition de Kehl . Pour la présente lettre, on dispose d'une copie contemeporaine .Beuchot la publia avec la date du 9 juillet, ce uqi n'est pas possible , V*n'arrivant chez l'Electeur que le 16 juillet et y étant « depuis quelques jours ».

2 Marie-Françoise-Catherine épouse de Louis-François de Boufflers : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Fran%C3%A7oise_Catherine_de_Beauvau-Craon

6 Raimer est-il un mot de Mme du Châtelet employé ici à dessein ? On le rencontre en effet dans une lettre d'elle du 2 mai 1743 et dans une autre du 29 mai 1743 .

 

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20/09/2013 | Lien permanent

Ces gros petits crapoussins-là s'imaginent qu'il n'y a qu'à boire et manger; ils crèvent comme des mouches, et nous maig

 ... Et moi, moins maigrelet que certains l'assurent, je suis allé trainer une dernière fois mes guètres dans le parc du château de Voltaire, sous la pluie, avant sa fermeture au grand public . Trempé . Un petit copain et une grande amie étaient dans mes pensées . Nostalgie . 

Le château rouvrira fin mars-début avril 2013, et d'ici là les travaux de réfection et modification de l'orangerie et de la chapelle devraient être bien avancés . Il y a six ans bien comptés que celà aurait dû être fait, mais je ne vous apprendrai plus rien sur les lenteurs administratives que tous nous connaissons au quotidien, sauf peut-être une exception : le fisc, autre race de crapoussins . 

Cette photo n'est pas en noir et blanc ...

 Croisée du destin ?

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« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

à Paris
[juin 1757]

Votre idée, ma chère nièce, de faire peindre de belles nudités d'après Natoire 1 et Boucher 2 pour ragaillardir ma vieillesse, est d'une âme compatissante, et je suis reconnaissant de cette belle invention. On peut aisément, en effet, faire copier à peu de frais on peut aussi faire copier, au Palais-Royal, ce qu'on trouvera de plus beau et de plus immodeste 3. M. le duc d'Orléans accorde cette liberté. On peut prendre deux copistes au lieu d'un. Si par hasard quelque brocanteur de vos amis avait deux tableaux, je vous prierais de les prendre, ce serait autant d'assuré. Quand ces tableaux feraient cinq pieds, il ne m'importe . Deux d'une dimension et deux d'une autre feront encore mon affaire . Des tableaux de 3 pieds à 3 pieds et 1/2 sur 4 à 4 pieds 1/2 de haut sont ce qu'il me faut . Je ne vous gêne en rien . Vous avez le temps et je vous serai très obligé . Je m'en rapporte absolument à vos bontés .
Vous ornerez ma maison du Chêne 4 comme vous avez orné celle des Délices. La maison du Chêne est plus grande, plus régulière elle a même un plus bel aspect; mais c'est le palais d'hiver, c'est pour le temps de nos spectacles, les Délices sont pour le temps des fleurs et des fruits. Ce n'est pas mal partager sa vie pour un malingre.
M. Tronchin dit que vous êtes fort contente de votre santé, et se vante toujours de la mienne; mais c'est une gasconnade.
Votre sœur est actuellement tout occupée des meubles pour la maison du Chêne. Elle insiste beaucoup sur une boule de lustre qu'elle prétend vous avoir demandée. Elle sera occupée en hiver de ses habits de théâtre. Nous espérons que vous viendrez voir encore nos douces retraites elles valent bien la vie de Paris, quand on a passé le temps des premières illusions; et, en vérité,Paris n'a jamais été moins regrettable qu'aujourd'hui.
Je suis toujours en peine des succès du char assyrien 5. Il y a certaines plaines dans le monde où il ferait un effet merveilleux. Je m'y intéresse plus qu'à Fanime 6.
Si vous voulez vous amuser, conduisez cette Fanime avec le fidèle d'Argental. Encore une fois, tout ce que je souhaite, c'est que Mlle Clairon soit aussi touchante dans ce rôle que l'a été Mme Denis. Si la pièce est bien jouée, elle pourra amuser votre Paris, tout autant que l'histoire de monsieur Damiens, que le parlement va donner au public en trois4 volumes in-4° 7.
Vous ferez comme il vous plaira avec Lekain et Clairon pour l'impression, si on imprime cette élégie amoureuse en dialogues: car, après tout, Fanime n'est que cela; mais de l'amour est quelque chose.
Il y a donc un Pagnon 8 de moins sur le globe. Ces gros petits crapoussins9 -là s'imaginent qu'il n'y a qu'à boire et manger; ils crèvent comme des mouches, et nous maigrelets, nous vivons.
Vivez, aimez-moi. Mille compliments à frère, à fils, au conducteur du char d'Assyrie.
Bonjour. »

1 Né à Nîmes en 1700, mort en 1777 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Joseph_Natoire

2 Né en 1703 à Paris, mort en 1770 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Boucher

3 Les nus féminins que V* aime à voir . On notera qu'il se soucie presque plus de la taille des tableaux, adaptée en fonction des pièces qui les recevront, que du sujet . Il tient également à avoir de « beaux cadres bien dorés ».On peut en voir encore quelques-uns dans son château de Ferney .

4 Rue du Grand Chêne à Lausanne, sa récente acquisition en abandonnant Monrion .

6 Suite à de multiples remaniements Zulime fut nommée Fanime ,et Médime . Voir :http://www.monsieurdevoltaire.com/article-zulime---avertissement-81729398.html

7 Les Pièces originales et procédures du procès fait à François Damiens, publiées en 1757, par Le Breton, greffier criminel du parlement de Paris, sont en un vol. in-4°, et en quatre vol. in-12. Voir : http://books.google.fr/books?id=optBAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

8 Son vrai nom était sans doute Paignon. Ce membre de la famille, dont il est question était secrétaire du roi depuis 1722. Il est nommé dans l'Almanach royal de 1757 , mais n'y est plus en 1758 .

9 Personne dont l'allure rappelle celle du crapaud ; terme familier datant de 1752 .

 

 

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10/11/2012 | Lien permanent

tous les pères [de l'Eglise] sans en excepter un seul, ont fondé la religion chrétienne sur cette malédiction prononcée

... Poisson d'avril décalé, avec une déclaration sérieuse .

Dois-je préciser que je me fiche du prétendu péché originel comme de ma première séance de catéchisme ? Au demeurant j'aime bien les pommes, n'en ait pas davantage la science infuse, et pour moi l'histoire d'Eve et  du serpent n'est qu'une métaphore dont ce cher docteur Freud donnerait une explication sexuelle sans contredit .

Fichues religions ! 

 apple péché originel.jpg

 

« A monsieur Pierre Rousseau

à Liège

directeur du Journal Encyclopédique 1

Messieurs, vous dites dans votre journal du mois de mars qu'une espèce de roman intitulé De l'Optimisme ou Candide, est attribué à un nommé M. de V. 2. Je ne sais de quel M. de V.  vous voulez parler ; mais je vous déclare que ce petit livre est de mon frère M. Démad, actuellement capitaine dans le régiment de Brunsvik, et à l'égard de la prétendue royauté des jésuites dans le Paraguay que vous appelez une misérable fable, je vous déclare à la face de l'Europe que rien n'est plus certain ; que j'ai servi sur un des vaisseaux espagnols envoyés à Buenos-Aires en 1756 pour mettre à la raison la colonie voisine du Saint-Sacrement , que j'ai passé trois mois à l'Assomption, que les jésuites ont de ma connaissance vingt-neuf provinces qu'ils appellent réductions, et qu’ils y sont les maitres absolus au moyen de huit réales par tête qu'ils payent au gouverneur de Buenos-Aires pour chaque père de famille, et encore ne payent-ils que le tiers de leurs cantons . Ils ne souffrent pas qu'aucun Espagnol reste plus de trois jours dans leurs réductions . Ils n'ont jamais 3 voulu que leurs sujets apprissent la langue castillane, ce sont eux seuls qui font faire l'exercice des armes aux Paraguains, ce sont eux seuls qui les conduisent . Le jésuite Thomas Verle, natif de Bavière, fut tué à l'attaque de la ville du Saint Sacrement, en montant à l'assaut, à la tête des Paraguains en 1737, et non pas en 1755 comme l'a dit le jésuite Charlevoix,4 auteur aussi insipide que mal instruit . On sait comment ils soutinrent la guerre contre Don Antequerra ; on sait ce qu'ils ont tramé en dernier lieu contre la couronne de Portugal et comme ils ont bravé les ordres du Conseil de Madrid .

Ils sont si puissant qu'ils obtinrent de Philippe V, en 1743, une confirmation de leur puissance, qu'on ne pouvait leur ôter . Je sais bien, messieurs, qu'ils n'ont pas de titre de roi, et par là on peut excuser ce que vous dîtes de la misérable fable de la royauté du Paraguay 5. Mais le dey d’Alger n'est pas roi, et n'en est pas moins maître . Je ne conseillerais pas à mon frère le capitaine de faire le voyage du Paraguay sans être le plus fort .

Au reste, messieurs, j'ai l'honneur de vous informer que mon frère le capitaine qui est le loustik 6 du régiment est un très bon chrétien, qui en s'amusant à composer le roman de Candide dans son quartier d'hiver, a eu principalement en vue de convertir les sociniens . Ces hérétiques ne se contentent pas de nier hautement la Trinité et les peines éternelles, ils disent que Dieu a nécessairement fait de notre monde le meilleur des mondes possibles, et que tout est bien . Cette idée est manifestement contraire à la doctrine du péché originel . Ces novateurs oublient que le serpent qui était le plus subtil des animaux, séduisit la femme tirée de la côte d’Adam, qu'Adam mangea de la pomme défendue , que Dieu maudit la terre qu'il avait bénite : maledicta terra in opere tuo ; in laboribus comedes 7.

Ignorent-ils que tous les pères sans en excepter un seul, ont fondé la religion chrétienne sur cette malédiction prononcée par Dieu même, dont nous ressentons continuellement les effets ? Les sociniens affectent d'exalter la providence, et ils ne voient pas que nous sommes des coupables tourmentés, qui devons avouer nos fautes et notre punition . Que ces hérétiques se gardent de paraître devant mon frère le capitaine , il leur ferait voir si tout est bien .

Je suis, messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur .

Démad

A Zastrou 1er avril 1759

P.-S. - Mon frère le capitaine est l'intime ami de M. Ralph, professeur assez connu dans l'académie de Francfort-sur-l'Oder, qui l'a beaucoup aidé à faire ce profond ouvrage de philosophie, et mon frère a eu la modestie de ne l'intituler que traduction de M. Ralph, modestie bien rare chez les auteurs . »

1 Original de la main de Wagnière . Le manuscrit qu'on possède est celui qui a servi pour l'édition, où le texte est précédé de cette note de l'éditeur (qui figure aussi, d'une autre main que celle de Wagnière, sur le manuscrit) : « N.B.- Cette lettre a été égarée pendant longtemps , et lorsqu'elle nous est parvenue, nous avons fait des recherches inutiles pour découvrir l'existence de M. Démad, capitaine dans le régiment de Brunswic . » On peut dater cette lettre , et ce qui le prouve, c'est par exemple la mention que V* en fait dans une lettre à Choiseul qui ne peut avoir été écrite que vers avril 1759 (lettre du 1er avril 1759 à César-Gabriel Choiseul, comte de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/05/24/ce-qu-il-desirait-le-plus-dans-le-plus-sot-des-mondes-possib-5376348.html)

2 De fait le Journal encyclopédique du 15 mars 1759 , qui dit : « Ce roman, dont nous ne croyons nullement que l'original allemand existe, est attribué à M. de V... »

3 Jamais, correction interlinéaire qui remplace pas, biffé .

4 Pierre-François-Xavier de Charlevoix, Histoire du Paraguay, 1756 , qui donne le nom de ce jésuite sous la forme de Thomas Werle .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Fran%C3%A7ois-Xavier_de_Charlevoix

5 Le Journal encyclopédique parle des « folies qu'on a débitées au sujet de la royauté qu'on prétend que les jésuites possèdent au Paraguay » ; voir aussi lettre du 14 novembre 1755 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/19/aidez-moi-mon-cher-ange-et-je-vous-promets-encore-une-traged.html

6 Le manuscrit (même main que le nota bene) et le Journal encyclopédique du 15 juillet 1762 donnent la note suivante : « Mot allemand signifiant joyeux » Les dictionnaires étymologiques assignent la date de 1762 comme première attestation de ce mot , dans la présente lettre . A proprement parler, dans les régiments suisses allemands, le loustic était le bouffon de la troupe .

7 La terre est maudite à cause de toi, tu gagneras ton pain à la sueur de ton front .

 

 

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19/08/2014 | Lien permanent

Ce matin quatre citoyens m'ont fait dire qu'ils voulaient me parler ; je leur ai envoyé un carrosse, je leur ai donné à

... Si seulement c'était vrai, Roselyne ! (Bachelot, précisément "ministre de la Culture" ! sic. ). Non seulement tu ne fais rien de concret, mais en plus tu te permets des jugements de valeur absolument indignes , incapable en plus d'affronter ceux que tu te glorifies d'aider financièrement et qui ne demandent que d'exercer leurs métiers d'artistes . Avoue que tu n'es dans ce gouvernement que la cinquième roue du carrosse, béni-oui-oui d'offfice , grosse tête de marionnette de foire . "Cette soirée n'a pas été utile au cinéma ...": tu ne crois pas si bien dire, il y a eu d'un côté des acteurs, des vrais, et de l'autre ta vanité vexée et ta vacuité insondable : https://actu.orange.fr/politique/roselyne-bachelot-etrille-la-ceremonie-des-cesar-un-meeting-politique-a-l-antipathie-incroyable-magic-CNT000001xNZ1k.html

Chapeau bas à Corinne Masiéro ! Rassurez-vous, vous n'êtes pas en "état de ruine" , même si Morandini , franc comme un âne qui recule, fait caviarder vos seins et sexe .

Corinne Masiero, nue sur la scène des César, persiste et signe : "Je m'en  fous"

https://www.rtl.fr/culture/cine-series/cesar-2021-corinne...

https://www.rtl.fr/culture/cine-series/corinne-masiero-repond-a-roselyne-bachelot-quand-allez-vous-arreter-de-nous-faire-crever-7900009004

 

 

« A Pierre Lullin Conseiller Secrétaire

d’État

à Genève

Jeudi au soir 21è novembre 1765 à Ferney 1

Monsieur,

Ce matin quatre citoyens m'ont fait dire qu'ils voulaient me parler ; je leur ai envoyé un carrosse, je leur ai donné à dîner, et nous avons discuté de leurs affaires .

Je dois d'abord leur rendre témoignage qu'aucun d'eux n'a laissé échapper un seul mot qui pût offenser les magistrats . Je ne crois pas qu'il soit impossible de ramener les esprits, mais j'avoue que le conciliation est fort difficile . Il y a des articles sur lesquels il m'a paru qu'ils se rendraient 2; il y en a d'autres qui demandent un homme plus instruit que moi, et plus capable de persuader . J'avais imaginé un tempérament qui semblait assurer l'autorité du Conseil, et favoriser la liberté des citoyens ; je vous en ferai part quand je pourrai avoir l'honneur de vous entretenir . Vous serez du moins convaincu que je n'ai profité de la confiance qu'on a bien voulu avoir en moi, que pour établir la concorde 3. Mes lumières sont bornées, mes vœux pour la prospérité de la République ont plus d'étendue .

Je vous supplie, monsieur, d'assurer le Conseil de mon zèle et de mon très respectueux dévouement, et de croire que j'aurai toujours l'honneur d'être avec les mêmes sentiments

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Desnoiresterres donne une version incomplète .

2 On a tous les renseignements possibles, intéressants, sur cette entrevue dans une lettre de Pierre Lullin à Jean-Pierre Crommelin du 22 novembre 1765 : « De Genève du vendredi 22 novembre 1765 . / Monsieur,/ Je dois vous informer de quelques conversations que vous avons eues avec M. de Voltaire, que le Conseil m'a ordonné de vous mander, présumant que M. le duc de Praslin pourrait en avoir connaissance, et dont vous ne parlerez point le premier . / Je reçus le 27 du mois dernier une lettre de M. de Voltaire, dans laquelle après m’avoir dit un mot de l'affaire des dîmes, il ajoutait :

« Je me suis toujours fait, monsieur, un honneur et un devoir …  [http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/21/si-vous-pouvez-vous-echapper-quelques-moments-et-venir-diner-6298986.html ] » / +

« J'eus l'honneur de lire au Conseil cette lettre, dont je reçus l'ordre d'aller à Ferney ; il y avait déjà quelque temps qu'on parlait beaucoup des visites que les représentants faisaient à M. de Voltaire . On présuma qu'il voulait m'en entretenir . Je me rendis à Ferney le 30, je lui dis que j'avais préféré d'avoir l’honneur de le voir, que Messeigneurs informés de ses sentiments pour eux m'avaient chargé de lui exprimer leur sensibilité . Il me dit d'abord avec une grande effusion de cœur qu'il était plein de respect pour le Conseil et qu'il désirait qu'il fût persuadé de son dévouement et de son zèle pour tout ce qui peut intéresser l’État ; qu'on l’avait calomnié dans le public et représenté comme ayant des liaisons intimes et dangereuses avec les représentants et qu'il espérait que le Conseil n'aurait ajouté aucune créance à ces bruits , qu'il était vrai que ne pouvant refuser sa porte à personne il avait reçu la visite de De Luc fils accompagné de Vieussieux, que le sujet ou le prétexte de cette visite fut le désir qu'avait De Luc de connaître par lui-même les titres qui étaient au château de Ferney, qui prouvaient que ses ancêtres avaient possédé cette terre ; qu'après l'avoir satisfait là-dessus la conversation était naturellement tombée sur nos dissensions et sur Rousseau ; qu'ils lui témoignèrent leur crainte sur l'abus du droit négatif, qu'il leur répondit qu'elle était chimérique, que la crainte des abus à venir portait à tout, parce qu'il est possible d'abuser de tout, qu'il fallait se reposer sur la sagesse du Conseil, qui lui paraissait bien éloigné d’abuser de son autorité, qu'il lui avait paru faible dans sa conduite vis-à-vis Rousseau : que la continuation des dissensions lui paraissait tendre à une médiation, ce qui était un pas vers la servitude, qu'il leur dit que tant qu'ils suivraient les directions de Rousseau, il ne pourrait leur taire qu'ils serait regardés à la cour de France comme des rebelles et des séditieux, que Rousseau y était en abomination . Ils l'assurèrent qu'ils ne suivaient plus ses conseils . Il leur répondit qu'ils ne le connaissaient pas, qu'il avait le cœur noir, qu'il se bornerait à leur en citer un exemple qui le concernait ; qu'il avait écrit il n'y a pas longtemps : « Si vous avez dit que je n'étais pas secrétaire d'ambassade à Venise, vous en avez menti et si je ne l'ai pas été vous pouvez me dire que c'est moi qui en ai menti » ; que pour s'assurer de la qualité de Rousseau il avait écrit pour avoir du bureau ce qui pouvait le concerner, qu'on lui avait envoyé la copie de trois lettres que Rousseau avait écrit à M. Du Theil, premier commis du bureau des Affaires étrangères en 1741, dans lesquelles en se plaignait de l’ambassadeur, il dit qu'il mange son pain, qu'il était à ses gages, et qu'il était son secrétaire, qu'il s'était brouillé avec lui pour le règlement d'un compte, qu'il avait eu peur qu'il ne le jetât par la fenêtre, et qu'il l'avait menacé de coups de bâton : qu'il leur avait lu ces lettres, et il me les fit lire.

« Il me dit ensuite qu'on accusait le Conseil d'être la cause des ordres que le canton de Berne avait donné à Rousseau de se retirer . Je l'assurais que le Conseil n'avait jamais rien écrit à aucune puissance sur le compte de Rousseau . Il ajouté qu'on l'accusait d'avoir écrit un mémoire adressé à M. le duc de Praslin contre le magistrat, qu'on pouvait s'informer si ce fait n'était pas faux, que toutes les fois qu'il avait écrit, c'était d'une manière favorable au Conseil . Il s'étendit ensuite sur la folie qu'il y avait d'imaginer qu'il pût se lier avec les représentants dans des vues défavorables au Conseil , qu'il fait trop de cas de son estime et de celle de tous ses amis pour avoir de semblables desseins . Tout ceci fut dit de manière que je compris qu'il avait fortement désiré de s'expectorer avec moi . Il me pressa de garder le secret et invita le Conseil à en faire de même . Il me dit qu'il se trouvait dans une position telle qu'il pouvait rendre au Conseil des services importants dans l'occasion qu'il regardait comme très prochaine, mais qu'il ne fallait pas s'effaroucher si on voyait aller quelques-uns des principaux chez lui, qu'ils le regardaient comme une personne neutre, qu'ainsi ce qu'il pourrait leur dire ferait plus d'effet que ce qui partirait de tout autre , que le Conseil pouvait prendre confiance en lui, qu'il ferait ce qu'il désirerait, qu'il lui était entièrement dévoué et il m'en donna pour preuve qu'on lui avait écrit de se séparer de la République pour l'affaire des dîmes, qu'il n'avait pas voulu le faire présumant qu'on voulait peut-être lui être favorable et nous condamner . Je le remerciai beaucoup de ses dispositions, l'assurant que j'en informerais le Conseil.

« Je me trouvai seul ensuite avec Mme Denis qui me dit qu'elle désirait me parler depuis quelque temps et elle m'informa que lorsque son oncle quitta les Délices Chapuis, De Luc et d'autres allèrent lui témoigner leurs regrets de ce qu'il quittait le territoire de la République . Ils parurent parler au nom des citoyens qui se flattaient de n'avoir en rien contribué à cette retraite ; elle me dit qu'elle ne pouvait dissimuler que le brûlement du Dictionnaire philosophique avait affecté son oncle, que cependant elle l'avait calmé en lui représentant que le Conseil était gêné dans ses délibérations par les ménagements qu’il doit avoir pour le Consistoire et par l'égalité qu'il doit observer dans ses jugements ayant brûlé Émile : elle me réitéra les sentiments de son oncle pour la République et elle m’assura qu'il avait été très fâché des bruits répandus contre lui . Elle pense que les visites de M. De Luc et autres n'avaient pour but que de se rendre son oncle favorable dans le cas de l'appel de la médiation et elle me dit qu'elle tenait de lieu sûr que si on était obligé d'y recourir, l'intention de la Cour était de se tenir radicalement au premier ouvrage .

« Sur mon rapport j'eus ordre de me rendre à Ferney et de dire à M. de Voltaire que le Conseil avait une véritable satisfaction de ses sentiments, persuadé qu'il était qu'il lui rendrait service dans toutes les occasions . Mes ordres portaient de le sonder, sans cependant rien avouer qui pût lui faire croire que le Conseil voulût le charger d'aucune proposition .

« La veille de mon départ M. de Voltaire avait envoyé à M. le conseiller Jacob Tronchin une lettre ,dans laquelle après lui avoir manifesté ses sentiments pour sa famille à l'occasion du libelle, et son attachement à la constitution du gouvernement, il dit, « que voyant avec douleur les jalousies et les divisions qui règnent il propose une entrevue dans un dîner à sa campagne entre deux magistrats des plus conciliants et deux des plus sages citoyens à laquelle on pourrait inviter un avocat auquel les deux partis auraient confiance », et il finit en invitant M. Tronchin à y aller avec M. le conseiller Turretin au cas que sa proposition ne pût avoir lieu . MM. les syndics à qui M. Tronchin communiqua cette lettre, lui ordonnèrent de lui répondre qu'il la leur avait communiquée et qu'ils y réfléchiraient : on n'en dit rien d'abord au Conseil, on me mit dans la confidence . On m'ordonna de feindre d'ignorer le contenu de cette lettre et je me rendis à Ferney le lendemain 14 de ce mois ; j'informai M. de Voltaire que j'avais rendu compte au Conseil de notre précédente conversation et que j'avais eu ordre de lui témoigner de nouveau la sensibilité du Conseil aux sentiments qu'il m’avait exprimés. Il me réitéra les assurances de son dévouement et il me dit, qu'il avait écrit à M. Tronchin et s'il ne m’avait pas communiqué sa lettre ; je lui dis que je l'ignorais entièrement , il en parut un peu surpris et tout de suite il me dit : « Il y a beaucoup de mécontentement et d’aigreur, il faut chercher quelques moyens qui puissent contenter les représentants . Il vaut mieux le faire par vous-même que par autrui. M. le duc de Praslin a bien connaissance que le roi a été médiateur, mais il ne connait point votre constitution . » Je le trouvai tout occupé de la lecture des lettres populaires et d'un manuscrit que mes yeux ne purent lire étant un peu éloigné de lui ; « J'ai beaucoup réfléchi, dit-il, sur les moyens de concilier vos différends et j'imagine qu'on pourrait contenter les représentants en trouvant un expédient qui donnât de l'efficace aux représentations mais qui les rendît extrêmement rares . Pour cela je pense qu'il faudrait fixer le nombre de représentants, leur âge et leur qualité afin que le Conseil y ait égard . Si on poussait ce nombre jusqu'à 6 ou 700, je doute qu'il fût aisé de persuader un si grand nombre de citoyens à moins que le grief ne fût évident » ; je lui répondis que ce moyen altérerait notre constitution, qu'il n'était pas si difficile qu'il l'imaginait de réunir 6 à 700 bourgeois, que telles étaient les liaisons qu'occasionnaient les cercles, les fabriques et le commerce, qu'un chef, pour peu qu'il soit accrédité, peut faire appuyer ses griefs prétendus par ce nombre de citoyens et même par un plus grand, qu'ainsi l'expédient proposé irait toujours à faire porter au Conseil général les fantaisies d'un homme en tête de la démocratie . Il me parut sentir la force de cette réflexion, il n’insista pas, il ne me dit rien de plus et je partis .

« MM. les syndics informèrent le Conseil de la lettre de M. de Voltaire et l'avis fut que M. Tronchin irait à Ferney où après avoir exprimé à M. de Voltaire les sentiments du Conseil pour lui, il lui dirait qu'il jugeait n'avoir pas le droit de transiger sur la constitution du gouvernement de la République, qu'ainsi l'entrevue qu'il proposait, ne pourrait aboutir à rien . M. Tronchin fut chargé de l'en détourner le plus poliment qu'il pourrait . M. Tronchin est allé à Ferney le 20, M. de Voltaire a bien pris la résolution du Conseil et il a dit que dans toute cette affaire

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17/03/2021 | Lien permanent

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