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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je craignais d'être cuit par l'Inquisition , mais grâce à la justice que vous m'avez rendue, je vois que je ferai des mi

... Dit saint Kerviel en délaçant ses chaussures avant d'intègrer sa cellule .

 

pas de miracle.jpg

 

 

 

« A Pierre-Jean Grosley 1

grand maire de Saint-Loup

Champagne

à Troyes

Au château de Ferney par Genève

16 avril [1759]

J'ai fait , monsieur, passer votre lettre au prêtre huguenot 2 de Berlin qui n'aurait point accepté le beau chapelet dont vous avez daigné vous pourvoir . Le professeur Shoepfling, autre huguenot, a pourtant parmi ses raretés un crucifix qui m'a appartenu 3. Je suis bien aise que de mon vivant, mes reliques aient quelque crédit et que mon chapelet de Genève ait édifié Rome . Je souhaite qu'il vous ait tenu lieu dans votre voyage de l'oraison de St Julien 4 et que vous ayez eu autant de bonnes fortunes que mon chapelet a de grains .Vous avez rendu témoignage de ma foi en Italie . Je craignais d'être cuit par l'Inquisition , mais grâce à la justice que vous m'avez rendue, je vois que je ferai des miracles si je voyage en terre papale .

Qui diable a pu dire à M. le maréchal de Richelieu que je faisais une tragédie d'un marin anglais 5 arquebusé à bord d'un vaisseau à Portsmouth ? Ce sujet ne me paraît bon que pour des matelots de la Grande Bretagne .

Soyez le bien revenu ,monsieur, dans votre patrie . Mais je suis très fâché que vous n'ayez pas repassé par mon ermitage . Je l'ai agrandi de deux belles terres que j'ai achetées sur la frontière de France, et qui se touchent . Je suis devenu un grand partisan de le nouvelle charrue et du nouveau semoir et je fais des expériences d'agriculture . On n'est point dans de tels ouvrages exposés aux sifflets comme quand on fait des tragédies . On n'est exposé qu'au maudit vent du nord qui règne souvent dans ce pays-ci , et qui attriste le plus belle situation de la nature . Vous avez vu de plus beaux climats mais à tout prendre je crois qu'il faut donner la préférence à la retraite que j'ai choisie puisque j'y suis libre et heureux.

Je vous y regrette, monsieur, et je me souviendrai toujours de l'honneur que vous m'avez fait .

Recevez les assurances de l'estime et de l'attachement que vous avez inspiré au Suisse

V. »

1 Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journalis... .Voir lettre du 22 janvier 1758 à Grosley, avant son voyage en Italie : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/28/o...

2 Formey, qui en accusera réception le 30 juillet 1759 ; voir aussi la lettre du 3 avril 1759 de V* à Jean-Henri-Samuel Formey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/05/27/je-ne-me-mele-point-dieu-merci-des-affaires-des-rois-et-je-m-5378853.html

4 Livre des proverbes français, de Leroux de Lincy : « L'oraison de Saint Julien avait, croyait-on, pour effet de faire trouver un bon gîte. Avoir l'hôtel Saint Julien était une expression proverbiale prise dans ce sens . Voir page 48 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5803576q/f175.image.r=saint%20julien

5 L'amiral Byng ; voir entre autres la lettre du 3 janvier 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/17/m... , Voir aussi Candide .

 

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07/06/2014 | Lien permanent

il est beaucoup plus aisé de tenir une nation dans la stupidité pendant mille ans comme nous avons eu l'honneur d'y être

... Facile ou pas facile, il semble bien que le plongeon dans la stupidité est un art donné à tout le monde, et ne semble effrayer personne, bien des cheminots et des intermittents du spectacle et autres nobles professions grévistes ou futures grévistes sont là pour le prouver . La capacité de nuisance à la France de certains syndicats n'est plus à démontrer .

Pour le monde politique, je suppose ici que ses membres ne sont jamais sortis du bain , en tout cas ces membres de l'opposition qui ne pensent qu'à la succession au trône UMP ou à piquer la place du futur-ex-candidat Sarko .

Stupides, cupides !

stupidité.jpg

 

Stupid cupid est heureusement plus amusant:

 http://www.youtube.com/watch?v=AS6oFnmDhDU&feature=kp

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Mort-Dieu, mon ancien ami, envoyez-moi au plus vite Abraham Chaumeix crucifié 1 : on dit que c'est là le titre, c'est au moins quelque chose de semblable ; il pleut des brochures, il en pleuvra toujours, et il faut laisser pleuvoir ; mais pour la prophétie d'Abraham Chaumeix, ce n'est pas chose à négliger par gens comme nous . Employez le crédit de M. Bouret pour me faire tenir Abraham Chaumeix .

Vous avez vu sans doute Mme de Fontaine que nous vous avons renvoyée en assez bonne santé ; elle est chargée de payer tous les bijoux que vous m'avez fait tenir de Paris . Êtes-vous encore dans la rue Saint Honoré, ou à l'Arsenal ?2 Je ne sais pas trop où vous prendre ; vous me paraissez un beaucoup plus grand voyageur que moi ; vous faites plus de chemin dans Paris que je n'en ai fait dans l'Europe . Si vous avez la curiosité de voir à Lyon les cours de France et de Naples, je vous conseille de pousser jusqu'à Genève .

Pour moi je vous avertis que si vous vous contentez de courir d'un bout de Paris à l'autre, et que vous ne veniez point chez moi, je prendrai le parti de venir vous voir . Avez-vous pris quelque action dans les fermes générales ? On se plaignait autrefois qu'il y eût quarante de ces messieurs 3, et aujourd'hui tout le monde l'est . C'est le royaume qui est fermier général du royaume . Cette opération est tout à fait anglaise . Remarquez que depuis trente ans nous avons tout pris des Anglais : philosophie, petite vérole, nouvelle charrue et finances . Il ne nous manque que de prendre d'eux l'empire de la marine . Il me semble qu'on veut vous ôter à vous autres Parisiens la liberté de penser que vous devez aussi aux Anglais : mais il est beaucoup plus aisé de tenir une nation dans la stupidité pendant mille ans comme nous avons eu l'honneur d'y être que de nous replonger quand une fois nous en sommes sortis .

Frère Berthier, frère Abraham Chaumeix et leurs semblables auront beau crier que tout est perdu si on ne se met à avoir le sens commun, les cabales les plus infâmes auront beau exciter le parlement de Paris à faire des remontrances au roi, et à faire brûler l'Encyclopédie , le roi et les philosophes se moqueront du Parlement . Bonsoir ; j'adresse cette lettre à Mme de Fontaine ; pour Dieu envoyez-moi votre adresse .

Mille tendres amitiés .

V.

5 mai [1759] »

1 André Morellet : Mémoire pour Abraham Chaumeix, contre les prétendus philosophes Diderot et d'Alembert ; ou réfutation par faits authentiques des calomnies qu'on répand tous les jours, contre les citoyens zélés qui ont eu le courage de relever les erreurs dangereuses de l'Encyclopédie, 1759 ; cette défense de l'Encyclopédie qui utilisait les armes de l'ironie eût un retentissement considérable ; on l'attribue parfois, à tort , à Diderot .Voir : http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.1998.oferret&part=4949

2 Voir lettre du 11 juin 1759 à Thieriot  à laquelle il fit réponse en disant : « M. Bélidor est à Verdun faisant des cours de génie . Il faut m'adresser à présent mes lettres à l'Arsenal tout simplement parce que je ne loge plus chez lui . » Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Forest_de_B%C3%A9lidor

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19/06/2014 | Lien permanent

l'illustre brigand Charlemagne, surnommé le saint, jusqu'à nos ridicules jours

... Me fait invinciblement penser à un autre Charles qui est loin d'être magne, -plus près du diable que de la sainteté,- puisque qu'il n'est que Pasqua magna os, se réclamant disciple d'un magna Charles de Gaulle .

Autre temps, autres brigands, nos "ridicules jours " en voient naître quotidiennement, et le sexe dit faible apporte son lot dans cette abondante confrèrie : http://www.leparisien.fr/faits-divers/blanchiment-d-argent-de-la-drogue-l-ump-denonce-la-permissivite-de-la-gauche-13-10-2012-2230301.php

 PS : M. Philippe Goujon, dit Fifi Menu-Fretin, notable (UMP) mais insignifiant, se ridiculise par son analyse des faits . Qu'on le rejette à la Seine !

 Pas fleurie, mais à un poil du ridicule c'est sûr !

 (il est surnommé Tête de Bretzel ! )

a un poil du ridicule.jpg

 

 

« A M. Sébastien Dupont
avocat.

A Monrion, près de Lausanne, 10 mars [1757].

Mon cher ami, les Cramer ont dû vous envoyer cette esquisse des sottises et des atrocités humaines depuis l'illustre brigand Charlemagne, surnommé le saint, jusqu'à nos ridicules jours. Plus je lis et plus je vois les hommes, plus je regrette votre société. Je vis pourtant dans le pays le plus libre et le plus tranquille de la terre, et où il y a de l'esprit et des talents. Si je vous disais qu'à Lausanne, nous avons joué Zaïre mieux qu'à la Comédie de Paris; que nous jouons aujourd'hui l'Enfant prodigue; que, dans peu de jours, nous représentons une pièce nouvelle 1 que nous avons un très-joli théâtre 2; que notre société chante des opéras-buffa après la grande pièce , qu'on donne des rafraîchissements à tous les spectateurs; qu'ensuite on fait des soupers excellents, me croiriez-vous? Cela n'est pas d'usage à Colmar; mais en récompense vous avez des jésuites et des capucins. Soyez bien sûr que je vous regrette au milieu de tous nos plaisirs ils étaient faits pour vous. Voulez-vous bien avoir la bonté de demander pour moi au libraire Schœpflin deux exemplaires des Annales de l'Empire ? Je vous serai très-obligé. Il n'aurait qu'à les faire remettre au coche à mon adresse, à Lausanne. Je lui en payerai le prix, ou je lui enverrai l'Essai sur l'Histoire générale, à son choix. Je vous serai très-obligé.
Mille respects, je vous en prie, à monsieur le premier président 3 et à madame la première. Mme Denis [et moi], nous vous regrettons également; nous vous aimerons toujours. Nous en disons autant à Mme Dupont. »

1 Fatime, nouveau nom de Zulime qui a été remaniée . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-zulime---avertissement-81729398.html

2 C'est-à-dire à Mon-Repos, à l'une des extrémités de Lausanne, sur la route de Vevai. Mon-Repos ou Mont-Repos, qui appartenait alors à la marquise de Gentil, a appartenu depuis à un ancien agent de change de Paris, M. Perdonnet, né à Vevai, qui en avait fait un séjour enchanteur. (CL.)Voir : http://www.lausanne.ch/view.asp?docId=22756&domId=63038&language=F

3 Christophe de Klinglin, frère de Mme la comtesse de Lutzelbourg, fils de François-Christophe-Honoré de Klinglin (ancien prêteur royal à Strasbourg ). Voir : http://books.google.fr/books?id=7RJAAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

 

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13/10/2012 | Lien permanent

La France joue à présent un beau rôle dans l'Europe. On sent encore mieux cette gloire dans les pays étrangers qu'à Pari

... 1756 ?

... 2012 ?

Les deux mon général ! En tout cas, c'est ce que je souhaite, je n'aimerais pas que ce soient des images de politique-fiction .

 Pour le "respect" des Anglais évoqué ci-dessous , je veux bien attendre, mais pas trop longtemps quand même .

Comme j'ai quelques faiblesses, en voici une ; je vous laisse le soin de trouver ma voiture

morgan de toi pas de moi 9586.JPG

Un indice musical :  http://www.youtube.com/watch?v=L9nliELzH64

 

 

« A M. T H I E R I O T.

Aux Délices, 28 novembre [1756].

Je suis persuadé, mon ancien ami, que vous ne serez pas privé du petit legs que vous a fait Mme de La Popelinière 1. Son mari, qui en avait usé si généreusement avec elle, en usera de même avec vous. Il aime à faire des choses nobles. Je compterais autant sur son caractère que sur son billet. Je n'ose vous prier d'ajouter au petit paquet de livres que vous m'envoyez cette infâme édition de la Pucelle qu'on dit faite par La Beaumelle et par d'Arnaud 2. Je ne devrais pas infecter mon cabinet de ces horreurs; mais il faut tout voir. Je me flatte que les honnêtes gens ne m'imputeront pas de telles indignités. En vérité, il faudrait faire un exemple de ceux qui en imposent ainsi au public, et qui répandent le scandale sous le nom d'autrui.
On me parle encore de je ne sais quels vers 3 qui courent contre le roi de Prusse. Ceux qui me soupçonnent me connaissent bien mal. C'est le comble de la lâcheté d'écrire contre un prince à qui on a appartenu.
Je vous fais mon compliment de quitter vos moines 4. Il n'y a que leur bibliothèque de bonne et vous avez à deux pas celle du roi, qui est meilleure.
Mes respects à Mme de Sandwich 5; je crois qu'elle n'est pas fâchée des humiliations que les whigs essuient 6. La France joue à présent un beau rôle dans l'Europe. On sent encore mieux cette gloire dans les pays étrangers qu'à Paris. On entend la voix libre des nations elles parlent toutes avec respect, jusqu'aux Anglais mêmes; il leur manquait d'être humbles.
Adieu; la goutte et la calomnie me tracassent. Je vous embrasse. »

 

 

 

 

 

1 Cette dame avait légué un diamant à Thieriot.

2 Voltaire a reconnu son erreur quant à d'Arnaud; voir lettre du 19 décembre 1756 à Thieriot : page 141 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f144.image :

« Ceux qui m'avaient mandé, mon ancien ami, que La Beaumelle et d'Arnaud avaient fabriqué cette œuvre d'iniquité, se sont trompés, du moins à l'égard de d'Arnaud. Il n'est pas possible qu'un homme qui sait faire des vers ait pu en griffonner de si plats et de si ridicules. »

3 La pièce en vers « 0 Salomon du Nord. » dont il est déjà question dans la lettre du 9 novembre à Mme de Klinglin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/31/pourquoi-donc-les-francs-les-gaulois-ne-marchent-ils-pas.html

 Voir tome X., page 557 , poésie 12 :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113266/f559.image.r=o+salomon+du+nord

4 Ceux de l'abbaye Saint-Victor-des-Champs à Paris .

5 Lady Dorothy Montagüe-Sandwich, née Rochester . Elle mourra fin 1757 .

6 16 Novembre 1756 : Début du ministère whig de William Cavendishduc de Devonshire, premier ministre du Royaume Uni (fin en 1757). En fait c'est William Pitt, appelé en novembre qui va diriger la guerre selon son programme de réveil national, partageant le pouvoir avec Newcastle et Fox .

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_whig_(Royaume-Uni)

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Cavendish_(4e_duc_de...)

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Pitt_l%27Ancien

 

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04/09/2012 | Lien permanent

les ridicules et les crimes ne sont que dans les villes

 

http://www.deezer.com/listen-1581654 : Honte à qui peut chanter ... quand « le fanatisme arme les bourreaux », Brassens rejoint Volti .

Mais il arrive aussi que le grand Georges ne soit pas tout à fait d'accord avec Volti :"Nous au village aussi l'on a de beaux assassinats !..." : http://www.deezer.com/listen-1152878

 

crime_paradis.jpg

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

23è mars 1765

 

Mon cher frère, voici les ordres que le dieu d'Epidaure 1 signifie à vos amygdales . Portez-vous bien, et jouissez de la force d'Hercule pour écraser l'hydre . Je suis affligé de n'avoir point encore appris que le Roi ait honoré d'une pension l'innocence des Calas .

 

Vous devez avoir reçu le mémoire des Sirven . Rien n'est plus clair ; leur innocence est plus palpable que celle des Calas . Il y avait du moins contre les Calas des sujets de soupçon, puisque le cadavre du fils avait été trouvé dans la maison paternelle, et que le père et la mère avaient nié d'abord que ce malheureux se fût pendu . Mais ici, on ne trouve pas le plus léger indice . Que d'horreurs, juste ciel ! On enlève une fille à son père et à sa mère, on la fouette, on la met en sang pour la faire catholique, elle se jette dans un puits, et son père, sa mère et ses sœurs sont condamnés au dernier supplice ! On est honteux, et on gémit d'être homme quand on voit que d'un côté on joue l'opéra-comique, et que de l'autre le fanatisme arme les bourreaux. Je suis à l'extrémité de la France, mais je suis encore trop près de tant d'abominations .

 

Est-il vrai qu'Helvétius est parti pour la Prusse 2? Du moins ne brûlera-t-on pas ses livres dans ce pays-là .

 

La Destruction 3 est-elle enfin entre les mains du public ? A bon entendeur salut doit être la devise de ce petit livre . Je doute que Le Pyrrhonien raisonnable 4 fasse une grande fortune, quoique l'auteur ait beaucoup d'esprit .

 

Il y a une petite brochure contre Racine et Boileau, qui ne peut être faite que par un sot, ou du moins par un homme sans goût ; et cependant je voudrais bien l'avoir 5.

 

Je ne sais ce que c'est que L'Homme de la campagne . Il y a dans Genève des Lettres de la campagne 6, auxquelles Jean-Jacques a répondu par des Lettres de la montagne . C'est un procès qui n'est intéressant que pour les Genevois . Pour l'Homme de la campagne si c'est une satire contre ceux qui se sont retirés du monde la satire a tort ; les ridicules et les crimes ne sont que dans les villes .

 

Adieu, mon cher frère, écr l'Inf . »

 

1 Le médecin Théodore Tronchin .

2 C'est effectif .

3 Ouvrage de d'Alembert Sur la destruction des jésuites en France par un auteur désintéressé .

http://books.google.com/books?id=_bUCAAAAQAAJ&printse...

4 Du comte d'Autrey ;

voir lettre du 15 mars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/14/q...

5 Peut-être la Lettre sur Corneille et Racine, de L.-B. Simon, 1758.

 

6 Lettres écrites de la campagne, de Jean-Robert Tronchin-Boissier, procureur général de Genève ;

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k68205d/f2.image...

voir lettre du 26 décembre 1764 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/26/i...

Sur les Lettres écrites de la montagne de J.-J. Rousseau, http://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_%C3%A9crites_de_la_...

et voir lettre du 26 décembre 1764 à Cramer,ci-dessus,

et lettre du 31 décembre 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/02/l...

 

 

 

 

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23/03/2011 | Lien permanent

Cela ne corrigera pas nos dames qui aiment un peu trop le brelan.

Brelan d'as, avec un A !

A comme Agathe !

Ce n'est pas une pierre froide et polie,  mais une chaude voix dans une enveloppe jolie d'une interprête jazzy : http://www.youtube.com/watch?v=ATUSFPyK1x4

 

 

Le_Brelan_de_Joie_Couverture.jpg

Bonne lecture , esbaudissez-vous !

 

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f1/Arnac_-_Le_Brelan_de_Joie_Couverture.jpeg/400px-Arnac_-_Le_Brelan_de_Joie_Couverture.jpeg&imgrefurl=http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Brelan_de_joie/Texte_entier&h=580&w=400&sz=90&tbnid=mgVz0hGNC0nyEM:&tbnh=134&tbnw=92&prev=/images%3Fq%3Dbrelan&usg=__EhrsQolNZMpYlaZfYsk3viZezaU=&sa=X&ei=Q3koTO7sNcuTjAee5tVt&ved=0CDUQ9QEwCA

 

"Bruxelles est si peu bruyant" qu'il a fallu raconter des histoires belges pour qu'on se souvienne de cette modeste contrée, qui ne se jugeant pas assez petite  (ou au contraire , peut-être se voyant trop grande  ? ) est prête à se couper en deux !

Remontons dans le temps, alors que la Belgie n'existait pas encore .

 



« A Berger

A Bruxelles le [28 juin 1739]



Je reçois votre lettre du 25. Vous ne pouvez ajouter, monsieur, au plaisir que me font vos lettres, qu'en détruisant le bruit qui se répand, que j'ai envoyé mon Siècle de Louis XIV à Prault. Je sais qu'on n'en a que des copies très infidèles, et je serai fâché que les copies ou l'original fussent imprimées.



Je n'aurai jamais d'aussi brillantes nouvelles à vous apprendre que celles que vous nous envoyez. C'est ici le pays de l'uniformité. Bruxelles est si peu bruyant que la plus grande nouvelle d'aujourd'hui est une très petite fête que je donne à Mme du Châtelet, à Mme la princesse de Chimay [Gabrielle-Françoise de Beauvau, femme d'Alexandre d'Hénin-Liétard, prince de Chimay], et à M. le duc d'Arenberg [le 30, à Thiriot : après avoir vu « choir deux pauvres artificiers », il voit bien que « ce n'est pas à lui de donner des fêtes » ]. Rousseau, je crois, n'en sera pas [Jean-Baptiste Rousseau dont V* répète qu'il a été « chassé » par le comte d'Arenberg]. C'est surement la première fête qu'un poète ait donnée à ses dépens et où il n'y ait point de poésie. J'avais promis une devise fort galante pour le feu d'artifice ; mais j'ai fait faire de grandes lettres bien lumineuses, qui disent : Je suis du jeu ; va tout . Cela ne corrigera pas nos dames qui aiment un peu trop le brelan. Je n'ai pourtant fait cela que pour les corriger.



Si vous voyez M. Bouchardon qui élève des monuments un peu plus durables pour sa gloire et pour celle de sa nation, je vous prie de lui faire mes sincères compliments. Vous savez que les Phidias me sont aussi chers que les Homère.



Continuez, mon cher ami, à m'écrire de très longues lettres qui me dédommagent de tout ce que je ne vois pas à Paris. Ayez la bonté, je vous prie, d'envoyer à Prault ce petit billet que vous cachetterez avec un petit pain. Mille compliments à M. de Crébillon, à M. de La Bruère [? Leclerc de La Bruère sans doute, auteur de livrets d'opéra]. N'oubliez pas de dire à l'abbé Dubos [secrétaire perpétuel de l'Académie française à qui V* écrivit entre autre le 30 octobre 1738 pour lui présenter le plan du Siècle de Louis XIV en formation] combien je l'estime et je l'aime. Adieu. »

 

 

http://www.mediadico.com/dictionnaire/lecture.asp/definit...

 

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28/06/2010 | Lien permanent

toutes les petites faiblesses de l'humanité, et les défauts qui sont le fruit nécessaire du temps où l'on est né, et de

...  "L'éducation qu'on a reçue" ! mon pauvre Voltaire, tu ferais de sauts de cabri en prenant connaissance des programmes de l'Education nationale : comment faire plus compliqué et plus irréaliste ? comment faire plus avec moins de moyens ? déshabiller Paul pour habiller Jacques ? avec en prime , --ça aurait vraiment manqué à la tradition ! -- une grève des enseignants dès la rentrée . Je les trouve vraiment illogiques à l'infini de protester contre le fruit de leur propres réflexions , mais en fait, je ne devrais plus m'étonner quand on voit leur amour d'un jargon imbécile pour épater la galerie ou se faire paraitre plus savants qu'ils sont : on les retrouve dans un  "milieu aquatique profond standardisé " [traduction : piscine],ce qui  n'est pas fait pour éclaircir la pensée, et je sens bien qu'ils sont irrécupérables, en apnée depuis trop longtemps .

http://www.liberation.fr/societe/2015/04/24/education-par...

Notre peuple devient vraiment une nation de coupeurs de cheveux en quatre , en un  mot : d'emmerdeurs , de pinailleurs .[oups ! pardon, j'avais dit "un mot ] .  

Et ce n'est pas le coiffeur à 9000€ de Fanfoué qui maitrisera l'EPI qui a poussé grâce aux soins de la vibrionnante Najat !

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 Ambiance  western "avant l'attaque des Sioux" ou Pikachu dans sa bulle ?

 

 

« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

19è septembre 1761, au château de Ferney

par Genève

Monsieur, les mânes de Corneille, sa petite-fille et moi, nous vous présentons les mêmes remerciements, et nous nous mettons tous aux pieds de votre auguste impératrice . Voici les des 1 derniers temps de ma vie consacrés à deux Pierre, qui ont tous deux le nom de Grand . J'avoue qu'il y en a un bien préférable à l'autre ; cinq ou six pièces de théâtre remplies de beautés avec des défauts , n'approchent certainement pas de deux mille lieues de pays policées, éclairées et enrichies .

Je suis très obligé à Votre Excellence de m'avoir épargné des batailles avec des Allemands . J'emploierai à servir sous vos étendards le temps que j'aurais perdu dans une guerre particulière . Vous pouvez compter, monsieur, que je mettrai toute l'attention dont je suis capable, à mettre en ordre les matériaux que vous m'envoierez ; et que les deux volumes seront absolument conformes à vos intentions .

Plus je vois aujourd'hui de campagnes dévastées, de pays dépeuplés, et de citoyens rendus malheureux par une guerre qu'on pouvait éviter, plus j'admire un homme qui au milieu de la guerre même a été fondateur et législateur et qui a fait la plus honorable et la plus utile paix . Si Corneille vivait, il aurait mieux célébré Pierre le Grand que moi, il eût plus fait admirer ses vertus, mais il ne les aurait pas senties davantage .

Je suis plus que jamais convaincu que toutes les petites faiblesses de l'humanité, et les défauts qui sont le fruit nécessaire du temps où l'on est né, et de l'éducation qu'on a reçue, doivent être éclipsés, et anéantis devant les grandes vertus que Pierre ne devait qu'à lui-même, et devant les travaux héroïques que ses vertus ont opérés .

On ne demande point en voyant un tableau de Raphaël, et une statue de Phidias, si Phidias et Raphaël ont eu des faiblesses ; on admire leurs ouvrages, et on s'en tient là, il doit en être ainsi des belles actions des héros .

Je ne m'occupe du commentaire de Corneille avec plaisir, que dans l'espérance qu'il rendra la langue française plus commune en Europe et que la vie de Pierre le Grand trouvera plus de lecteurs . Mon espérance est fondée sur l'attention scrupuleuse avec laquelle l'Académie française revoit mon ouvrage , c'est un moyen sûr de fixer la langue, et d’éclaircir tous les doutes des étrangers . On parlera le français plus facilement, grâce aux soins de l'Académie ; et la langue dans laquelle Pierre le Grand sera célébré comme il le mérite, en sera plus agréable toutes les nations .
Je me hâte de dépêcher Le Cid et Cinna, afin d'être tout entier à Pultawa et à Petersbourg ; je ne demande que trois mois pour achever le Corneille , après quoi, tout le reste de ma vie est à Pierre le Grand et à vous ; c'est avec ces sentiments, et le plus tendre respect que j'ai l'honneur d'être

monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Sic ; un mot manque par lapsus calami, on peut penser à labeurs .

 

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04/09/2016 | Lien permanent

Les détails me pillent, comme dit Montagne /« Je voy nonchalamment la mort, quand je la voy universellement, comme fin

... Maître Yoda -universellement connu- n'est pas sans me rappeler le phrasé de Montaigne, homme de bien, pas assez mis en lumière au lycée, dans l'étude des auteurs du XVIè siècle noyé, de Voltaire aimé témoigner ici je fais , jeunes Jedis .

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Tempête sous un crâne, que la lumière [Voltaire] soit !

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

7 septembre [1741] 1

Mes divins anges, la nouvelle du ministère de M. le comte de Choiseul n’est donc pas vraie, puisque vous ne m’en parlez pas dans votre lettre terrible du 21 août ? Je lui ai fait mon compliment sur la foi des gazettes. Si la nouvelle est fausse, mon compliment subsiste toujours, comme dit Dacier . Ma remarque, dit-il, peut être trouvée mauvaise, mais elle restera.

Mes chers anges ; il est vrai qu’il y a un Legouz à Dijon, parent de M. de La Marche. Faisons donc comme Nollet, qui avait imaginé une madame Truchot, avec laquelle il couchait régulièrement ; quand il l’eut vue, il lui dit, pour s’excuser, qu’il n’y coucherait plus. J’ai demandé à M. de La Marche le nom de quelques académiciens de Dijon 2, mes confrères ; il m’a nommé un Picardet 3. Picardet me paraît mon affaire. Je veux que Picardet soit l’auteur du Droit du Seigneur. Picardet est mon homme. Voici donc la préface de Picardet ; puisse-t-elle amuser mes anges !

Je vous dis, moi, qu’il y a plus de trente fautes dans l’édition de Prault, que Prault fils est un franc fieux 4, et s’il vous plaît, pourquoi prenez-vous son parti ? Que vous importe ? en quoi, mes anges, les négligences de Prault peuvent-elles retomber sur vous ? qu’à de commun Prault avec mes chers anges ? C’est, ce me semble, mademoiselle Quinault qui me retrancha de L’Enfant prodigue des vers que madame de Pompadour voulut absolument dire quand elle joua, et que tout le monde comique veut réciter. Qu’est-ce que cela vous fait ? pour Dieu, laissez-moi crier sur mes vers . Paris est au roi / mes vers sont à moi / je veux m’en réjouir / selon mon plaisir 5.

Vous me mandez douze, Parme dit trente . Voici le nœud , c’est à ce que je présume, qu’on avait d’abord dit douze, et qu’ensuite on a eu la noble vanité des trente. Puisse mon commentaire ne pas aller à trente volumes , mais je vois qu’il sera prolixe. Les Cramer feront tout comme ils voudront . Les détails me pillent, comme dit Montagne 6. Quand j'aurai envoyé à l'Académie un nombre honnête, alors il y aura programme 7. Songez que j’ai trente-deux 8 pièces à commenter, dont dix-huit inlisibles . Plaignez-moi, encouragez-moi, ne me grondez pas, et aimez votre créature, qui baise le bout de vos ailes.

V.

Le président Hénault est bien à plaindre de ne pas voir l'impératrice de la Chine 9. »

1 Date complétée par d'Argental .

2 De Dijon est ajouté au-dessus de la ligne .

3 Henri-Claude Picardet avait publié un Prospectus d'un ouvrage intitulé La Religion donnée en spectacle à l'esprit humain, 1754 ; voir Au temps de l'Encyclopédie : l'Académie de Dijon de 1740 à 1793 ,de Roger Tisserand, 1936 .

5 Ces quatre vers parodient une chanson populaire, sur l'air de la Camargo .

6 Essais, III, 4 . Montaigne le dit sur l'idée de la mort .Voir : http://www.bribes.org/trismegiste/es3ch04.htm

: «  Je voy nonchalamment la mort, quand je la voy universellement, comme fin de la vie. Je la gourmande en bloc : par le menu, elle me pille. »

7 Phrase rayée sur la copie Beaumarchais-Kehl et omise par les édition suivantes .

8 Nombre exact si l'on ne compte pas Psyché, pièce écrite en collaboration avec Molière .

9 L'édition de Kehl supprime ce post-scriptum rayé sur la copie Beaumarchais-Kehl .

 

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12/08/2016 | Lien permanent

On cabale à la cour, à l’église, à l’armée ; Au Parnasse on se bat pour un peu de fumée, Pour un nom, pour du vent

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 Et tous les moyens sont permis ...

 

 

«A Charles-Godefroy de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon 1

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève le 31 juillet 1761 2

Vous voilà, monseigneur, comme le marquis de La Fare 3, qui commença à sentir son talent pour la poésie à peu près à votre âge, quand certains talents plus précieux étaient sur le point de baisser un peu, et de l’avertir qu’il y avait encore d’autres plaisirs.

Ses premiers vers furent pour l’amour, les seconds pour l’abbé de Chaulieu. Vos premiers sont pour moi, cela n’est pas juste ; mais je vous en dois plus de reconnaissance. Vous me dites que j’ai triomphé de mes ennemis ; c’est vous qui faites mon triomphe.  

Au pied de mes rochers, au creux de mes vallons

Pourrai-je regretter les rives de la Seine ?

La fille de Corneille écoute mes leçons ;

Je suis chanté par un Turenne :

J’ai pour moi deux grandes maisons,

Chez Bellone et chez Melpomène.

A l’abri de ces deux beaux noms,

On peut mépriser les frelons ;

Et contempler gaiement leur sottise et leur haine.

C’est quelque chose d’être heureux :

Mais c’est un grand plaisir de le dire à l’envie,

De l’abattre à nos pieds, et d’en rire à ses yeux !

Qu’un souper est délicieux,

Quand on brave, en mangeant, les griffes des harpies !

Que des frères Berthier les cris injurieux

Sont une plaisante cérémonie !

Que c’est pour un amant un passe-temps bien doux

D’embrasser la beauté qui subjugue son âme,

Et d’affubler encor du sel d'une épigramme

Un rival fâcheux et jaloux !

Cela n’est pas chrétien, j’en conviens avec vous ;

Mais ces gens le sont-ils ? Ce monde est une guerre ;

On a des ennemis en tout genre, en tous lieux :

Tout mortel combat sur la terre ;

Le diable avec Michel combattit dans les cieux ,

On cabale à la cour, à l’église, à l’armée ;

Au Parnasse on se bat pour un peu de fumée,

Pour un nom, pour du vent : et je conclus au bout

Qu’il faut jouir en paix, et se moquer de tout. 4

Cependant, monseigneur, tout en riant, on peut faire du bien. Votre Altesse en veut faire à Mlle Corneille ; vous voulez que je vous taxe pour le nombre des exemplaires . Si je ne consultais que votre cœur, je vous traiterais comme le roi ; vous en seriez pour la valeur de deux cents. Mais comme je sais que vous allez partout semant votre argent, et que souvent il ne vous en reste guère, je me réduis à six, et j’augmenterai le nombre si j’apprends que vous êtes devenu économe. Je supplie Votre Altesse d’agréer mon profond respect, et de me conserver vos bontés au Suisse

Voltaire. »

2 Copie contemporaine datée à tort de 1762 ; copie corrrigée par V* , incomplète ainsi que six autres copies . Le nom de Turenne au quatorzième vers est supprimé dans tous les textes autres que la manuscrit 1 .

3 Charles-Auguste, marquis de La Fare . Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Auguste_de_La_Fare

 

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01/07/2016 | Lien permanent

Nous manquons d'hommes presque en tous les genres . Si nous n'avons point de talents tâchons au moins d'avoir de la rais

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« A Etienne -Noël Damilaville

Aux Délices 7è mai 1764 1

Je suis encore obligé, mon cher frère, de vous écrire au sujet des anciennes craintes que j'avais eues de voir mon nom à la tête des œuvres posthumes de mon ami Guillaume Vadé . Renvoyez-moi, je vous prie, la lettre que je vous ai déjà redemandée 2 ; ma crainte était fort juste puisque j'avais entre les mains un exemplaire à la tête duquel mon nom se trouvait . M. Crommelin, qui est un ministre de paix, ne sèmera pas sans doute la zizanie , et je crois avoir fait assez de bien aux Cramer pour être en droit de compter sur leur reconnaissance . Je ne veux avoir pour ennemis que les fanatiques et les Fréron ; je veux ignorer l'auteur de la tracasserie qui a mandé à Gabriel Cramer que je me plaignais de lui dans les termes les plus violents . Il m'a communiqué copie de plusieurs lettres reçues de Paris, dans lesquelles il paraît un dessein formé de le détacher de moi, après que j’ai travaillé pour lui dix années entières, et que je lui ai fait présent de tous mes ouvrages . Le Corneille ne lui a pas été inutile . Je ne me repentirai jamais d'avoir contribué un peu à sa fortune, et à celle de sa famille, mais ils ne doivent point trouver mauvais que j'aie eu quelques alarmes de me trouver responsable en mon propre et privé nom des fadaises d’Antoine et de Guillaume Vadé . Non seulement je ne veux point répondre de ces fadaises, mais pour peu qu’elles indisposent le public, mon avis est qu'on les supprime entièrement ; et c'est sur quoi je demanderai vos bons offices .

Quant à l'édition qu'on veut faire des commentaires du Corneille détachés du texte 3, je crois que les libraires de Paris doivent me savoir quelque gré des mesures que je leur propose, uniquement pour leur faire plaisir . Je ne veux que le bien de la chose ; je donne tout gratis aux comédiens et aux libraires ; je fais quelquefois des ingrats, ce n'est pas la seule tribulation attachée à la littérature .

J'écrirai incessamment à M. le maréchal de Richelieu au sujet de ce comte d'Oliban . Je ne conçois pas cette rage de vouloir paraître en public quand on déplait au public . Ce n'est pas l'amour qu'il fallait peindre aveugle, c'est l'amour-propre .

Je ne sais aucune nouvelle du théâtre de Paris . On dit que Lekain est le seul homme qu'on puisse entendre . Nous manquons d'hommes presque en tous les genres . Si nous n'avons point de talents tâchons au moins d'avoir de la raison, et sur ce, mon cher frère, écr l'inf. »

1 L'édition de Kehl, à la suite de la copie Beaumarchais donne une version abrégée et déformée amalgamée avec des extraits de la lettre du 16 mai 1764, le tout étant placé sous la date du 11 mai 1764 ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-16.html

3 Un Commentaire sur le théâtre de Pierre Corneille a été publié sous le format in-12, pour faire l'assortiment aux nombreuses éditions de Corneille dans ce format ; voir une lettre de Cramer à Panckoucke, sur ce sujet, du 17 décembre 1772 .

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