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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

... soulager la veuve ; vingt personnes l’ont fait, pourquoi le roi ne le ferait-il pas ?

 

 

 

 

 

« A Claude-Henri de Fuzée de Voisenon

 

Aux Délices, 19 mars 1763

 

              En qualité de quinze-vint, je vous prie à tâtons, mon cher confrère, de me rendre un très grand service. Vous m’avez fait un si bel éloge de Mme la duchesse de Gramont, vous me l’avez peinte d’un esprit si solide et d’un cœur si généreux, que votre enthousiasme m’a enhardi à lui demander une nouvelle grâce après toutes celles qu’elle a daigné m’accorder[f1]  . J’abuse extrêmement, il est vrai de ses bontés ; mais il faut qu’elle m’accorde ce que je lui demande. C’est de se joindre à Mme de Pompadour, ou plutôt de joindre Mme de Pompadour à elle, pour obtenir du roi une aumône en faveur de la pauvre veuve Calas. Je dis une aumône sur sa cassette ; la plus légère, la plus mince nous suffira, et s’il n’a point d’argent, il faut qu’on lui en prête pour faire cette bonne œuvre. J’ai dans l’idée que l’Europe battrait des mains, que les protestants et catholiques applaudiraient, que tous les cœurs seraient touchés, que cette seule marque de bonté de la part de Sa Majesté ouvrirait les yeux à je ne sais combien de sots huguenots qui croient toujours qu’on veut les manger sur le gril , comme saint Laurent.

 

              Je m’adresse à vous, mon cher petit évêque [Voisenon, qui fit son discours de réception à l’Académie française le 22 janvier, signait « évêque de Montrouge » parce qu’il fréquentait la maison du duc de La Vallière à Montrouge], avec  la plus grande confiance, et je recommande cette petite négociation à votre humanité, à l’amitié dont vous m’honorez depuis si longtemps et à votre discrétion. Volez chez Mme la duchesse de Gramont, quand vous seriez asthmatique. Dites-lui que je vous ai fait confidence de l’extrême liberté que j’ai osé prendre avec elle ; que j’en suis bien honteux, que je lui en demande bien pardon ; mais faites réussir mon affaire, ayez-en la gloire ; je le dirai à tous les huguenots. N’aurez-vous pas d’ailleurs bien du plaisir à donner cet énorme soufflet aux huit juges de Toulouse, qui ont fait rouer, pour s’amuser, le père de famille le plus vertueux et le plus tendre qui fut dans ce pays des Visigoths ? D’ailleurs il y a une des filles assez jolie, qui s’est évanouie  deux fois à Versailles, il faut que le roi lui donne de quoi acheter de beau point de la reine de Hongrie [broderie fine]. Faites mon affaire, mon charmant confrère, Dieu vous bénira, et moi je vous adorerai.

 

              Voltaire

 

         On dira peut-être qu’il faut attendre que le procès soit fini ; non, il ne faut point attendre ; quand même Calas aurait pendu son fils, il faudrait encore soulager la veuve ; vingt personnes l’ont fait, pourquoi le roi ne le ferait-il pas ? en un mot, réussissez.

 

         Donnez votre bénédiction à Voltaire. »


 [f1]Dans sa lettre à la duchesse, du 18 mars : « (il) lui demande une grâce pour le capitaine Pictet, brave Suisse de Genève, elle l’accorde sur le champ. (Il) lui demande sa protection pour Mlle Corneille, et elle fait partir deux cents louis d’or pour la souscription du roi. (Il) l’implore pour la veuve Calas, et la veuve Calas gagne son procès. »

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19/03/2010 | Lien permanent

Il me semble que je commence à connaître l’art, en étudiant mon maître à fond.

... Ce qui vaut autant pour un artiste que pour tout élève qui veut tant soit peu progresser . Connaitre son maître puis en devenir un si possible, si nécessaire .

Connaitre l'art de l'orthographe et de la grammaire, savoir parler français, savoir compter sans calculette, voilà des bases que certains professeurs des écoles ne maitrisent pas aussi bien que les maîtres d'école, -bien nommés,- du passé, d'avant les réformettes à la gomme de l'Education nationale .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Ferney 8 juillet 1761

Vraiment je prenais bien mon temps pour écrire au cardinal Passionei 1. Il est mort, ou autant vaut ; et, à moins qu’il ne m’envoie de ses reliques, je n’en aurai point. J’ai peur à présent que mon paquet ne soit parti . Je m’abandonne à la Providence.

Pour me dépiquer, mes chers anges, je vous enverrai incessamment Zulime. Je me suis raccommodé avec elle, comme vous savez 2 mais je suis toujours brouillé avec Pierre-le-Cruel 3.

C’est avec un plaisir extrême que je commente Corneille. Je ne donnerai de notes que sur les pièces qui restent de lui au théâtre, et j’ose croire que ces notes ne seront pas inutiles. En vérité, cet homme-là me fera faire encore une tragédie. Il me semble que je commence à connaître l’art, en étudiant mon maître à fond.

Je ne sais comment iront les souscriptions ; mais je travaille à bon compte. Pourriez-vous avoir la bonté de me dire si Duclos est revenu ? Je lui crois un zèle actif qui me va comme de cire 4.

Et Oreste, que devient-il ? est-il fondu par les chaleurs ? M. le comte de Lauraguais me dédie le sien 5, et il est encore plus grec, encore plus déclamateur que le mien.

Omer est un grand cuistre ; mais Corneille est un grand homme.

Oncle, nièce, et pupille, hommage aux anges.

V.»

1 Mort le 5 juillet 1761 .

2 Vers cette époque, peut-être, d'Argental écrivait à V* sur ce sujet : « J'ai relu Zulime avec beaucoup d'attention, elle m'a fait grand plaisir, mais je crois sentir qu'elle pourrait m'en faire davantage […] Zulime est un édifice […] dont les fondements sont faibles et insuffisants . [Ils] devraient être dans l'explication de l'aventure, et selon moi cette explication laisse une infinité de choses à désirer [suit tout le détail des modifications à envisager]. […] la pièce une fois fondée elle doit faire le plus grand effet sur tout le monde , étant remplie de passion, écrite avec chaleur, et conduite avec raison . Il y aurait pourtant plusieurs vers à changer, quelques endroits à fortifier […] en un mot des négligences […] J'en ai marqué un petit nombre . Je suis sûr que vous en trouverez davantage . »

3 La tragédie de Don Pedre .

4 Dictionnaire de Furetière : « On dit […] comme de cire pour dire fort à propos . »

 

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14/06/2016 | Lien permanent

non content d’avoir fait mettre dans le contrat que ma vaisselle d'argent et mes chemises qui seraient à Tournay à ma mo

... Le président, via son percepteur, veut ma peau ! c'est sans doute le sentiment de bien de mes honorables concitoyens , et de droite ou gauche, du centre ou extrêmes confondus, tous nos présidents ont besoin, parfois exagérément, de ce qui est dans nos poches . Et le pire, c'est que ce racket vaut non seulement pour leur(s) quinquennat(s) mais jusqu'à leur dernier souffle !

A propos, petite question au gouvernement, ou plus exactement aux fonctionnaires que cela concerne : y a-t-il une pension de reversion pour la veuve d'un président ? si oui,  de quel montant ?

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A propos de chemises, voyons ce qui se cache sous la jaquette de ce bouquin !

 http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2015/02/fred...

 

 

« Voltaire, Marie-Louise Denis et Jean-Louis Wagnière

à

Jean-Philippe Fyot de La Marche

Je me souviens très bien qu'environ le douzième décembre de l'année 1758 le président De Brosses ayant vendu sa terre de Tournay à mon oncle, il dina avec nous aux Délices ; notre provision de bois n'était pas encore faite , mon oncle nous dit à table : Remercions M. le président De Brosses de douze moules de bois qu'il nous donne pour le vin du marché 1; monsieur le président répondit : c'est une bagatelle qui ne vaut pas un remerciement .

Denis .

 

A Ferney , 8 novembre 1761

Je certifie la même chose ; et tous les domestiques savent que quand on envoya chercher cinq ou six moules de bois dans la forêt de Tournay, on ne s'adressa jamais à Charles Baudy, que nous ne connaissions point .

Wagnière.

 

Mme de Fontaine et M. de Florian certifieront la même chose, et cela est public dans tout le pays .

Je demande pourquoi le président De Brosses non content de m'avoir vendu sur sa parole d'honneur pour cent arpents de bois un bouquet de bois tout dévasté, qui ne contient pas en tout quarante arpents, non content de m'avoir vendu sur le pied de 3500 livres de rente, une chétive terre qu'il appelle comté, que je viens d'affermer douze cents livres et trois quarterons de paille 2, avec bien de la peine, non content d’avoir fait mettre dans le contrat que ma vaisselle d'argent et mes chemises qui seraient à Tournay à ma mort , lui appartiendraient ; non content de m'avoir envoyé des exploits pour quelques chênes employés au bâtiment de Tournay, non content de m'avoir fait assigner moi et mes vaches qui mangeaient de l'herbe, dit-il, dans sa prétendue forêt, non content dis-je de tous ces procédés, y ajoute celui de vouloir me faire payer aujourd’hui mon propre bois de chauffage, qui non seulement m'avait été cédé par lui en présence de douze personnes, mais qui m'appartient indépendamment de cette cession .

Je me demande pourquoi il suppose une vente de ces bois à un nommé Charles Baudy, tandis qu'il est connu, prouvé , démontré que cette vente est simulée, et que Charles Baudy était son commissionnaire .

Je demande pourquoi il me fait sous le nom de ce Charles Baudy un procès pour 144 livres qu'il fait monter à 300 livres, après m'avoir lésé de plus de 25000 livres .

Il répondra ce qu'il m'a déjà répondu : Auri sacra fames 3. Mais moi je lui répondrai que cette réponse est d'un fétiche, et non pas d'un président .

Je répondrai qu'un président de Toulouse qui vint il y a quelque temps aux Délices avec M. le duc de Villars fut effrayé à la vue de l'exploit de M. le président De Brosses , qu'il trouva la preuve de la vente simulée dans cet exploit même ; je ne répéterai pas ce que ce magistrat dit de fort et d'accablant sur cette affaire . Mais je répéterai qu'il me dit : Implorez l'équité et l'autorité de M. le premier président de Dijon, il empêchera certainement un homme de sa compagnie de faire éclater une action qui … Je supprime par respect le nom qu'il donna à cette action .

Et je supplie monsieur le premier président de juger dans le fond de son cœur . »

1 Le vin du marché est un cadeau que fait le vendeur à son acheteur .

2 Le quarteron étant le quart de cent, on a ici 75 bottes de paille .

3 Maudite soif de l'or ; Virgile, Enéide, III, 57 .

 

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14/11/2016 | Lien permanent

d'autant plus dangereux qu'il cite toujours avec une fidélité scrupuleuse , et qu'il détruit l'ancien par le nouveau , e

... Ce qui fait que bon nombre de nos chefaillons de partis n'ont pas de dangerosité réelle tant ils sont approximatifs dans leurs critiques des bords opposés . L'à-peu-près règne au pays des politiciens  à l'égal de propos de comptoir chez Dudule .

 

 

« A Anne-Robert-Jacques Turgot

Au château de Ferney pays de Gex

12 janvier 1761

Je n'ai rien de plus pressé monsieur que de vous parler de vous . Soyez très sûr que quand j'ai fait votre sauce 1 à M. D.. , ce n'était qu'en réponse à l'éloge très discret qu'il m'avait fait de vous . Que votre pudeur ne soit point alarmée . Nous chérissons vos faveurs, mais nous ne nous en vantons pas .

L’aventure de saint Grizel 2 intéresse beaucoup un de nos frères . Il y avait un digne homme qui nichait ce Grizel avec le bienheureux Fantin 3, saint Gauchat, saint Chaumé 4, le docteur Guyon, e tutti quanti . J'ai vu cet ouvrage instructif . Mais j'ai trouvé erreur dans les notes . Elles disent que les 50 mille livres avaient été volées pour l'amour de Dieu à Mme d'Egmont et suivant votre leçon c'est un intendant qui les a fournies . Je ne croyais pas que les intendants fussent si sots . Mais l'aventure d'Origène me fait tomber des nues . Un intendant châtré !5 Cela est incroyable . Comment le maréchal de Richelieu souffre-t-il cela dans son gouvernement ? C'est Dieu qui tolère Baal . Je n'ose vous supplier monsieur de daigner me donner des instructions sur ces divines aventures . Mais vous pouvez communiquer vos lumières à M. Da … et j'aurai par là le double esprit d’Élisée .

J'ai lu un livre abominable intitulé Lettre à l'auteur de l'Oracle . Ce livre est d'autant plus dangereux qu'il cite toujours avec une fidélité scrupuleuse , et qu'il détruit l'ancien par le nouveau , et le nouveau par l'ancien avec des armes si terribles qu'on ne peut lui répondre que par un autodafé . Je voudrais bien connaître un si méchant homme pour avoir de lui l'opinion qu'il mérite, et pour le fuir, si jamais je le rencontre .

Je vous demande pardon monsieur de ne vous avoir point parlé de la petite fille du grand Corneille . Je n'étais pas encore sûr qu'on me laissât ce dépôt et je devais craindre que quelque grande dame ne fît ce qu'on m'a laissé faire, mais pour vous montrer que je ne suis point du tout modeste, je me vante à vous, d'avoir chassé les jésuites d'un domaine qu'ils avaient usurpé à ma porte sur six gentilshommes qui ont à peine de quoi servir le roi, et d'avoir fait rendre à des orphelins le bien que les saints leur ravissaient . Je me vante de faire envoyer incessamment aux galères un Grizel de nos cantons . Pardonnez à mon excès d'amour-propre .

Je vous supplie monsieur de me conserver vos bontés auprès de M. de Montigny-Trudaine . Il y a du malentendu dans cette affaire comme dans bien d'autres . Le conseil renvoie aux intendants, et les intendants au conseil, et cependant une province est pillée . Mais conservez-moi surtout vos bontés auprès de celui qui a fait le voyage du Suisse 6. C'est assurément un homme supérieur, et jamais la raison ne fut plus aimable . Je suis homme à le lui dire en face, s'il se fâche .

Mme Denis se souviendra de vous toute sa vie et moi je serai toute la mienne rempli pour vous du respect le plus vrai, et le plus tendre .

V.

On a donné certainement vos livres à Tournes .»

 

1 Faire sa sauce à quelqu'un est une expression chère aux burlesques, qui signifie réprimander ; on en trouve un exemple dans L’Iliade travestie de Marivaux, 1716 .

2 Joseph Grisel .

3 Un des personnages préféré comme cible par V* ; voir lettre du 12 juillet 1760 à Palissot :

et la Lettre sur les panégyriques écrite sous le nom de d'Irénée Aléthés :

4 Chaumeix .

5 Qui passe pour s'être châtré lui-même .

6 Tourny .

 

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12/01/2016 | Lien permanent

Ce qu'on devrait proposer, ce me semble, ce serait des conditions raisonnables, moyennant lesquelles ils ne seraient plu

... Ce que dit Voltaire en 1764 est de bon sens, ce qui ne semble pas être le lot de tous les partis politiques qui brassent des idées répressives avant que d'avoir des idées constructives . Le "contre" mène la danse avant le "pour" et le "avec" !

Bilan de la "Grande Consultation" ? Dès à présent, avant toute intervention du premier ministre, je parie, connaissant un peu mes concitoyens gaulois, pour une "Grande Désillusion" .

Résultat de recherche d'images pour "la grande illusion"

Remake 2019 : La Grande Illusion II

 

 

« A Paul-Claude Moultou

à Genève

11è mars 1764, à Ferney

Il est bien étrange, mon cher et aimable philosophe, qu'on propose le rappel des protestants en France ; car assurément on ne les en a pas chassés, au contraire, on les retient malgré eux, et on confisque leur bien quand ils viennent déjeuner à Genève ou à Lausanne . Ce qu'on devrait proposer, ce me semble, ce serait des conditions raisonnables, moyennant lesquelles ils ne seraient plus tentés d’abandonner leur patrie . Mais on m'assure que dans le livre de M. de La Morandière 1, on avance qu'il ne doit pas être permis à deux familles de s'assembler pour prier Dieu . C'est conseiller la persécution sous le nom de tolérance, mais il se peut qu'on m'ait trompé, je n'ai point vu le livre ; tout ce que je sais, c'est que les parlements brûlent à présent tous les livres qui leur déplaisent . On ne fera pas cet honneur à l'imitation théâtrale de ce pauvre Jean-Jacques, car on ne la lira pas 2. J'ai peur que le bonhomme ne devienne entièrement fou . Les dévots diront que c'est une punition divine .

Dès que j’aurai quelque chose qui puisse amuser Mme la duchesse d'Anville, je ne manquerai pas de vous le faire tenir . Il n'y a que son extrême indulgence et la vôtre, qui puisse me faire prendre cette hardiesse .

Vous savez que l'auteur de l'apologie de la Saint-Barthélemy est à Rome en personne, tandis qu'à Paris il est au carcan en peinture . Dieu le récompensera, il sera peut-être cardinal .

Vraiment vous seriez un homme charmant de venir égayer un pauvre malade . Mme Denis a une passion violente pour vous . Vous connaissez les sentiments inviolables que je vous ai voués .

V. »

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08/04/2019 | Lien permanent

votre substitut ne s’applique au cul que des sangsues et se fait charpenter les testicules

... Sacré constat !

Vision d'enfer !

Est-ce pris en charge par la Sécu ou est-ce mis dans le même tonneau que l'homéopathie ?

https://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-les-sangsues-au-service-de-la-medecine_117.html

A votre santé !

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Ferney 21è septembre 1764

Mon héros ne m’a point appris dans quel temps madame la comtesse d’Egmont irait dans ses terres papales. Je me mets aux pieds du père et de la fille ; mais je voudrais savoir si c’est cet automne qu’ils iront du côté des Alpes. Les fêtes que mon héros a données dans son royaume d’Aquitaine ont retenti jusque dans nos déserts. Il soutient toujours l’honneur de la France, en paix comme en guerre. Assurément on lui a bien de l’obligation ; mais on ne l’imite guère en aucun genre.

Je ne sais s’il accompagne Mme d’Egmont en Italie, et s’il veut avoir le plaisir de voir la ville souterraine. Nous voudrions bien lui donner quelque pièce nouvelle sur le théâtre des marionnettes de Ferney. C’est tout ce que nous pouvons lui offrir sur son passage, à moins que nous n’ayons quelque parente de Mme Ménage 1 à lui présenter . Nos Genevoises ne sont pas dignes de lui. La jolie vie que vous menez, Monseigneur le gouverneur de Guyenne ! tandis que votre substitut 2 ne s’applique au cul que des sangsues et se fait charpenter les testicules . Ma misérable santé m’empêche de l’aller voir. Je ne sors point de Ferney, et je n’en sortirai que pour vous. J’ai renoncé à la vie ambulante et bruyante . Car si vous êtes jeune, je suis vieux, et je ménage le peu de temps qui me reste.

M. le duc de Rendan est venu à Genève avec M. le duc de La Trémoille 3 et quarante officiers. Il y avait là de quoi prendre la ville. Cependant on ne leur a pas fait les plus légers honneurs. La garnison se met sous les armes, et ne s’y est pas mise pour des commandants de province. Cela est assez ridicule. On ne s’empresse pas aujourd’hui à fêter notre nation . Il n’y a que vous qu’on distingue.

Je vous crois à présent à Paris. On dit que le tripot de la comédie va comme les autres tripots, misérablement, mais vous brillez par l’opéra-comique ; et cela soutient la gloire d’un pays.

Si vous venez dans notre tripot, madame Denis vous donnera une ombre-chevalier 4 et la comédie . Mais donnez vos ordres à l’avance. Je suis bien indigne de paraître devant vous et devant Mme d’Egmont . Je ne fais que radoter . Pardonnez à ma misère. »

2 Le duc de Lorges .

3 Jean Bretagne Charles Godefroy, duc de la Trémoille, dont l'arrivée est signalée sur les registres du conseil en même temps que celle du duc de Rendan ; voir lettre du 3 août 1764 à Mme Pajot de Vaux : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/09/27/il-nous-vient-un-monde-prodigieux-mais-il-n-y-a-point-de-fetes-agreables-sa.html Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Bretagne-Charles_de_La_Tr%C3%A9moille

4 V* , comme beaucoup de gens dit ombre chevalier au lieu de omble chevalier .

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09/11/2019 | Lien permanent

j'ose dire encore que j'ai mieux servi la République que lui, puisque je n'ai cherché qu'à rétablir la concorde

... On n'a pas fini d'entendre de telles affirmations en cette période électorale, y compris lors de débats menés par ... Cyril Hanouna ( c'est une menace ? On ne nous épargne rien ) !  En fait les périodes de renouvellement de la gent politique font que nous sommes perpétuellement assommés par le blabla pré-électoral qui est vite suivi par la critique de ce qui est fait, l'exigence de ce qui devrait être fait, les guéguerres internes, les alliances bidon, les "affaires", etc., etc.

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Je suis au courant !

 

 

« A Jean-André de Luc

[vers le 19 janvier 1766]1

M. Bertrand est à Varsovie , monsieur, mais la lettre de M. de Freudenrich 2, l'un des premiers seigneurs de Berne suffira . C'est à vous à juger si j'ai mérité les invectives qu'un homme dont je déplore la mauvaise conduite et les malheurs à vomies contre moi depuis cinq ans . Décidez s'il a dû m'insulter et me calomnier dans les Lettres de la montagne ; j'ose dire encore que j'ai mieux servi la République que lui, puisque je n'ai cherché qu'à rétablir la concorde . Il y a plusieurs ouvrages de cet auteur que je n'ai point approuvés ; mais , si on lui a dit que je n’étais pas son admirateur, il ne devait pas être mon calomniateur . Je sais que l'amour-propre d'un écrivain est bien fort, mais il ne doit pas l'être jusqu’à l'emporter sur sa probité . Je le plains, mais il doit rougir . Vous êtres trop juste pour condamner mes sentiments, et pour ne pas aimer ceux avec lesquels je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Voir : https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vta4abfa3f0e987384a/dao/0/layout:linear#id:58423392?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00

L'édition Bernard Gagnebin met cette lettre dans « Voltaire a-t-il provoqué l’expulsion de Rousseau de l'île Saint-Pierre ? », 1943-1854

2Voir : http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1140045a1c/?letters=decade&s=1760&r=11661#subicons

et : https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vta4abfa3f0e987...

« Monsieur,

« Vous m'étonnez , monsieur, en m'apprenant qu'on ose vous soupçonner d'avoir contribué à faire sortir le sieur Rousseau des terres de Leurs Excellences . Votre cœur généreux et bienfaisant doit vous mettre au- dessus de tout pareil soupçon, je ne conçois donc pas qu'on pousse l’effronterie jusqu'à vous attribuer des sollicitations vis-à-vis de moi et de M. le ministre Bertrand .

« J'ai conservé toutes les lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire ; je viens de les relire, je n'y ai trouvé ni trace ni indication quelconque relative au sieur Rousseau ou à son bannissement . M. Le ministre Bertrand m'a montré toutes vos lettres, il n'y est jamais fait mention de M. Rousseau ni directement ni indirectement, bien plus , dans les conversations que j'ai eues avec M. Bertrand il ne m’a jamais témoigné qu'il souhaitait le bannissement du sieur Rousseau, bien loin de nous avoir sollicité soit par commission soit autrement . Voilà monsieur ce que j'ai l'honneur de vous déclarer sur mon honneur . Je suis véritablement affligé qu'on vous tracasse, par des imputations si peu vraisemblables et si contraire à votre caractère et qu'on trouble le précieux loisir dont on devrait vous laisser jouir en paix . C'est du fond de mon cœur que je souhaite que vos jours soient prolongés et qu'ils ne vous offrent que ce qui peut rendre la vie heureuse et remplie de vos souhaits, c'est avec ces sentiments et le plus respectueux dévouement que j'ai l'honneur d'être,

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

« Freudenrych banneret

« Berne ce 16 janvier 1766. »

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07/05/2021 | Lien permanent

Je lui remontrai l'énormité et l'ingratitude de ce procédé

... se plaint M. Dupont-Motetti à Mme Borne en apprenant la décision de la cour de cassation qui doit le mener à un procès tout à fait justifié pour prise illégale d'intérêts : https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/28/la-cour...

Cet homme , vindicatif , orgueilleux et avide de pouvoir , --comme bien des avocats politiciens,--  n'a pas résisté à la tentation d'user et abuser de sa fonction ministérielle ; qu'il en paye les conséquences , sinon, qu'on ne parle plus de justice en France .

Soupçons de «prise illégale d'intérêts»: la Cour de justice de la  République va juger Eric Dupond-Moretti - l'Opinion

https://www.lopinion.fr/politique/soupcons-de-prise-illeg...

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

6è janvier 1768 à Ferney

M. Hennin, résident à Genève, me mande, monseigneur, qu'il a eu l'honneur de vous écrire au sujet de Gallien. Vous avez vu, par mes lettres, que je n'espérais pas que ce jeune homme se maintînt longtemps dans ce poste. Il s'est avisé de faire imprimer une mauvaise pasquinade 1, dans le style d'un laquais, sur les affaires de Genève et il a eu la méchanceté inepte de me l'attribuer, en l'imprimant sous le nom d'un vieillard moribond, et en ajoutant à ce titre des qualifications peu agréables.

M. Hennin m'a envoyé l'ouvrage, et m'a instruit en même temps qu'il était obligé de le renvoyer, et qu'il vous en écrivait.

Mon respect pour la protection dont vous l'honorez m'avait fait toujours dévorer dans le silence les perfidies qu'il m'avait faites. Il allait acheter à Genève tous les libelles qu'il pouvait déterrer contre moi, et les vendait à ceux qui venaient dans le château. Je lui remontrai l'énormité et l'ingratitude de ce procédé. Je voulus bien ne l'imputer qu'à sa curiosité et à sa légèreté. Je ne voulus point vous en instruire. J'espérai toujours que le temps et l'envie de vous plaire pourraient corriger son caractère. Je vois, par une triste expérience, que mes ménagements ont été trop grands et mes espérances trop vaines.

Je pense qu'il serait convenable qu'il allât en Dauphiné pour y faire imprimer l'histoire de cette province, qu'il a entreprise. Il est du village de Salmorans, dont il a pris le nom, et il avait toujours témoigné le désir d'y aller voir ses parents.

Peut-être l'article de ses dettes sera-t-il un peu embarrassant avant qu'il parte de Genève. On prétend qu'elles vont à plus de cent louis . C'est ce que j'ignore . Mais je sais qu'il répond aux marchands que c'est à vous à payer la plupart des fournitures. J'ai déjà payé deux cents livres, dont je vous avais envoyé les quittances, et que vous avez eu la bonté de me rembourser.

Je vous ai mandé que je ne paierais rien de plus sans votre ordre précis, et j'ai tenu parole, à un louis près. Peut-être voudriez-vous bien encore accorder une petite somme, afin qu'un jeune homme que vous avez daigné faire élever avec tant de générosité ne partît pas de Genève absolument en banqueroutier.

Tous les esprits sont violemment irrités contre lui à Genève. Cette affaire est très désagréable; mais, après tout, l'âge peut le mûrir. Tout ce que vous avez daigné faire pour lui peut parler à son cœur et, quelque chose qui arrive, vous aurez toujours la satisfaction d'avoir exercé les sentiments de votre caractère noble et bienfaisant.

Le thermomètre est ici à treize degrés et un quart au-dessous de la glace . L'encre gèle ; mais quoique Gallien m'intitule vieillard moribond, je sens que mon cœur a encore quelque chaleur. Elle est tout entière pour vous , elle anime le profond respect avec lequel je. vous serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie.

V. »

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31/07/2023 | Lien permanent

C'est à vous à savoir quels sont vos ennemis

... N'attendez pas les injonctions des dictateurs , ils sont légions, et tous plus détestables les uns que les autres , y compris cette plaie moderne que sont les influenceurs.ceuses. Je vous souhaite d'avoir encore assez d'esprit pour les reconnaitre et les bannir .

 

 

« A Claude-Joseph Dorat, ancien Mousquetaire

du roi, etc.

Barrière Vaugirard

à Paris

1er mars 1768, au château de Ferney 1

J'ai toujours sur le cœur, monsieur, la calomnie qui m'impute mille ouvrages que je ne connais pas, et la mauvaise foi qui se sert de mon nom pour faire courir des épigrammes que je n'ai ni faites ni pu faire. Cette mauvaise foi m'a été extrêmement sensible.

J'appris, il y a quelques mois, qu'on prétendait que j'avais récité une épigramme 2, ou plutôt des vers contre vous, qui me paraissent très injustes, quoique assez bien faits 3. Cette imposture fut confondue, mais je fus très affligé. J'en écrivis à Mme Necker 4, qu'on me dit être votre amie . Je vous en écris aujourd'hui à vous-même, monsieur. Quoique j'aie eu quelques légers sujets de me plaindre de vous 5, je l'ai entièrement oublié, et les excuses que vous avez bien voulu me faire m'ont infiniment plus touché que le petit tort dont j'avais sujet de me plaindre ne m'avait été sensible. Il m'était impossible, après cela, de rien faire qui pût vous déplaire. J'étais d'ailleurs malade et mourant quand cette épigramme parut. Songez au temps où elle fut faite . Pouvais-je alors deviner que vous eussiez une maîtresse à l'Opéra? Était-ce à moi de la faire parler? Je n'ai jamais vu les vers que vous aviez composés pour elle . En un mot, monsieur, je suis trop vrai et j'ai trop de franchise pour n'être pas cru, quand j'ai juré à Mme Necker, sur mon honneur, que je n'avais nulle part à cette tracasserie.

C'est à vous à savoir quels sont vos ennemis. Pour moi, je ne le suis pas . J'ai été très affligé de cette imposture. J'ai des preuves en main qui me justifieraient pleinement mais je ne veux ni compromettre ni accuser personne. Je me bornerai à mon devoir c'est celui de repousser la calomnie.

Voilà, monsieur, ce que la vérité m'oblige à vous écrire, et cette même vérité doit en être crue quand je vous assure de toute l'estime et de tous les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Permettez que M. le chevalier de Pezay trouve ici les assurances des sentiments que je lui dois . »

1 Original signé, post scriptum autographe .

3 C'est l'épigramme de La Harpe, qui commence par ce vers « Bon Dieu, que cet auteur est triste en sa gaîté » . Voir : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7698

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14/10/2023 | Lien permanent

cela n'était clair que pour des hommes qui n'écoutent que la raison

... Qu'en est-il du conflit détestable Israel-Hamas : https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-pa...

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« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

4è mars 1768

Mon cher patron des infortunés, le départ de ma nièce et de la petite-nièce du grand Corneille, qui vont passer quelques mois dans votre ville, et toutes les difficultés qu'on trouve dans nos déserts quand il faut prendre le moindre arrangement, m'ont empêché de vous remercier plus tôt de votre lettre du 12 février, et de votre excellent mémoire pour ces pauvres gens de Sainte-Foy. Franchement notre jurisprudence criminelle est affreuse . Les accusés n'auraient pas resté vingt-quatre heures en prison en Angleterre et nous osons traiter les Anglais de barbares, parce qu'ils ne sont pas si gais et si frivoles que nous! Leurs lois sont en faveur de l'humanité, et les nôtres sont contre l'humanité.

A l'égard des Sirven, pour qui vous aviez attendri tant de cœurs, je sais qu'on a ménagé le parlement de Toulouse, à qui on n'a pas voulu ravir le droit de juger un Languedochien 1, mais pourquoi vient-on de ravir au parlement de Besançon le droit de juger un Franc-Comtois? Fantet avait été déclaré innocent par ses juges naturels ; on l'envoie à Douai, à cent cinquante lieues de chez lui, pour le faire déclarer coupable, tandis qu'on livre les pauvres Sirven, les plus innocents des hommes, à la barbarie de leurs ennemis. Je respecte assurément le Conseil mais je pleure sur tout ce que je vois. Il est clair comme le jour que les pistolets n'appartenaient point à M. de La Luzerne ; mais cela n'était clair que pour des hommes qui n'écoutent que la raison, et non pour ceux qui sont asservis aux formes judicielles. Il n'y avait nulle preuve sur les pistolets, et il y en avait sur les coups d'épée donnés par derrière . M. de La Luzerne a été condamné dans la rigueur de la loi mais la loi ne disait pas qu'il dût lui en coûter la plus grande partie de son bien.

Je serai bien content des parlements, s'ils s'accordent tous à faire des feux de joie de la bulle du pauvre Rezzonico12. Il me semble que ce serait un bon tour à lui jouer que de déclarer qu'il paraît un certain libelle qu'on met impudemment sur le compte du pape, et que, pour venger cet outrage fait à Sa Sainteté, on jette au feu ledit libelle au bas du grand escalier. Voilà ce que j'appellerais une très bonne jurisprudence. Une bonne jurisprudence encore, et la meilleure de toutes, est celle qui met M. et Mme de Canon en possession de leur terre. Je leur souhaite toutes les prospérités qu'ils méritent . Ils connaissent mes respectueux sentiments.

V. »

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23/10/2023 | Lien permanent

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