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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

ite potius adementes et vendentes / Allez plutôt achetant et vendant 

... Ô période doublement bénie -par les vendeurs et les acheteurs- des soldes estivales !

Les soldes pour tous ! | Olivero, dessin de presse

 

 

 

« A Gabriel Cramer

Vous ne sauriez croire quel plaisir vous me faites, mon cher ami, en me procurant quelques exemplaires de cette édition de Lyon. Non seulement cela me délivre de trois ou quatre affamés qui me demandent continuellement ce cette pâture et à qui je ne peux pas dire comme dans l'évangile ite potius adementes et vendentes 1 : mais encore cela pourra servir à prévenir les méchancetés de ceux qui voudraient faire de la peine aux gens sur les éditions précédentes .

Le vieux malade vous embrasse tendrement .

20è décembre [1767]. »

1 Allez plutôt achetant et vendant ; réminiscence de deux passages de l'évangile de Matthieu, XXI, 12 et XXV, 9 : https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthieu%2021%3A12-13&version=LSG;BDS

et https://saintebible.com/matthew/25-9.htm

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12/07/2023 | Lien permanent

à toutes les questions que vous me faites, commençons par le moins intéressant, et le plus aisé

 

... Je suis toujours Gessien , bienheureux d'être proche du château de Voltaire, qui grouille de monde ces jours-ci, pour cause de préparation de la Fête à Voltaire, laquelle fête , cette année me déplait souverainement car on va honorer ce dadais méchant : JJ Rousseau .

 Au milieu de tout ce chambardement, le géant roupille, et je peux vous assurer qu'il n'ouvrira pas un oeil pour voir l'arrivée du JJR

le géant s en fout 7509.JPG

 

 

«De M. le duc de la VALLIÈRE

A Versailles, ce 22 avril 1756.

Je vais répondre avec le plus grand plaisir du monde, mon cher Voltaire, à toutes les questions que vous me faites, commençons par le moins intéressant, et le plus aisé. J'habite toujours Montrouge; je suis comme Proserpine, juste la moitié de ma vie à Versailles, l'autre moitié dans ma retraite délicieuse à tous égards; jamais un moment à Paris; je ne vais plus à Champs; il m'est impossible, à la vie que je mène, d'en jouir, et je le regarde précisément comme une maîtresse qui serait allée s'établir au nouveau monde. Il se pourrait quelquefois qu'il m'en revint des images agréables, mais je ne m'en croirais pas moins dans le cas d'en prendre une autre. Quant à l'abbé de Voisenon, hélas dans ce moment-ci c'est une brebis égarée; l'Amour me l'a ravi. Plus épris qu'un jeune écolier, il ne quitte plus l'objet de sa tendresse, et je crains d'autant plus pour sa santé que je ne crois point du tout qu'elle soit d'accord ni avec son ardeur ni avec son bonheur. Deux accès d'asthme ne me l'ont point encore ramené; il touche au troisième, et je le reverrai mauvais moment, comme vous voyez, pour lui proposer ce que je désire; et puis, à tout seigneur tout honneur 1.
Passons au plus intéressant. Un rayon de la grâce a éclairé, mais sans ivresse 2; quelques changements médiocres en sont le seul témoignage. On ne va plus au spectacle, on a fait maigre trois jours de la semaine, pendant tout le carême, mais sous la condition qu'on n'en serait point incommodée. Les moments qu'on peut donner à la lecture sont vraisemblablement employés à de bons livres; au reste, la même vie, les mêmes amis, et je me flatte d'être du nombre; aussi aimable qu'on a jamais été, et plus de crédit que jamais. Voilà la position où l'on est, et qui fait qu'on voudrait des psaumes de votre façon. L'on vous connait, on vous a admiré, et l'on veut vous lire encore; mais l'on est bien aise de vous prescrire l'objet de ses lectures. Ainsi, je vous le répète, il faut que vous nous donniez une heure par jour, et bientôt vous verrez que vous aurez satisfait et à nos désirs, et à votre réputation. Je vous le dis encore, et en vérité sans fadeur, de tout temps vous avez été destiné à faire cet ouvrage. Vous vous le devez, et à nous aussi, et c'est une marque d'attention à laquelle le bon prophète sera très-sensible; je le serai aussi très-sincèrement à cette preuve d'amitié de votre part, et j'en attends incessamment les heureux essais .
A l'égard de l'opéra prussien (Mérope), de la fin de la Pucelle que vous m'avez promise, et des autres choses que vous me faites espérer, envoyez- les à Genève, à M. Vasserot de Châteauvieux 3, il me les enverra par le premier ballot qu'il m'adressera. Je vous demande deux exemplaires de vos deux poèmes avec les notes 4, l'un pour Mme de Pompadour, l'autre pour moi. Envoyez-les-moi par la poste avec une première enveloppe à mon nom, et par-dessus une autre à M. de Malesherbes, premier président de la cour des aides. Il est accoutumé à en recevoir beaucoup pour moi. Vous feriez bien d'y joindre un ou deux psaumes, je vous en remercie d'avance 5 »



 

1. On peut conjecturer de ce que dit ici le duc de La Vallière que Voltaire, en éludant la demande qu'on lui faisait touchant des psaumes, aurait engagé le duc à s'adresser à l'abbé de Voisenon, qu'on appelait l'évêque de Montrouge, pour remplir un thème qui était plus de sa compétence que de celle d'un laïque.

2 Il s'agit ici de Mme de Pompadour.

3 Jean Vasserot de Chateauvieux, avocat, fils de Jean Vasserot (noble français protestant exilé en Hollande où il avait fait fortune ), possède le domaine de Dardagny uni à Châteauvieux et Confignon, proche de Genève, depuis 1731 .

4 Sur la Loi naturelle et sur le Désastre de Lisbonne.

5 Voltaire ne fit point de psaumes. Voir tome IX, page 481 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411325t/f483.image

et ci-après la lettre à Thieriot du 11 juin 1759, citée dans : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/07/i...

 

 

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29/06/2012 | Lien permanent

il n'a pas hésité à calomnier son bienfaiteur, dans l'espérance que sa fausse éloquence ferait excuser son infâme procéd

 Lettre écrite le 7 août 2011 pour parution le 3 novembre 2010 .

 

mechant fou.jpg

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

3 novembre 1766

 

Je reçois votre lettre du 27, mon cher et vertueux ami . Vous ne me mandez point ce que pense le public de la folie et de l'ingratitude de Jean-Jacques . Il semble qu'on ait trouvé de l'éloquence dans son extravagante lettre à M. Hume 1. Les gens de lettres ont donc aujourd'hui le goût bien faux et bien égaré . Ne savent-ils pas que la première loi est de confirmer son style à son sujet ? C'est le comble de l’impertinence d'affecter de grands mots quand il s'agit de petites choses . La lettre de Rousseau à M. Hume est aussi ridicule que le serait M. Chicaneau,2 s'il voulait s'expliquer comme Cinna, et comme Auguste . On voit évidemment que ce charlatan, en écrivant sa lettre, songe à la rendre publique ; l'art y paraît à chaque ligne ; il est clair que c'est un ouvrage médité et destiné au public . La rage d'écrire et d'imprimer l'a saisi au point qu'il a cru que le public enchanté de son style lui pardonnerait sa noirceur et qu'il n'a pas hésité à calomnier son bienfaiteur, dans l'espérance que sa fausse éloquence ferait excuser son infâme procédé .

 

L’enragé qu'il est m'a traité beaucoup plus mal encore que M. Hume ; il m'a accusé auprès de M. le prince de Conti et de Mme la duchesse de Luxembourg de l'avoir fait condamner à Genève, et de l’avoir fait chasser de Suisse . Il le dit en Angleterre à quiconque veut l'entendre ; et pourquoi le dit-il ? parce qu'il veut me rendre odieux . Et pourquoi veut-il me rendre odieux ? parce qu'il m'a outragé, parce qu'il m'écrivît il y a plusieurs années des lettres insolentes et absurdes, pour toute réponse à la bonté que j'avais eue de lui offrir une maison de campagne auprès de Genève .

 

C'est le plus méchant fou qui ait jamais existé, un singe qui mord ceux qui lui donnent à manger est plus raisonnable et plus humain que lui .

 

Comme je me trouve impliqué dans ses accusations contre M. Hume, j'ai été obligé d'écrire à cet estimable philosophe un détail succinct de mes bontés pour Jean-Jacques, et de la singulière ingratitude dont il m'a payé 3; je vous en enverrai une copie .

 

En attendant, je vous demande en grâce de faire voir à vos amis ce que je vous écris . M. d'Alembert s'est cru obligé de se justifier de l'accusation intentée contre lui par Jean-Jacques d'avoir voulu se moquer de lui 4. L'accusation que j'essuie depuis près de deux ans est un peu plus sérieuse . Je serais un barbare si j'avais en effet persécuté Rousseau, mais je serais un sot si je ne prenais pas cette occasion de le confondre, et de faire voir sans réplique qu'il est le plus méchant fou qui ait jamais déshonoré la littérature .

 

Ce qui m'afflige, c'est que je n'ai aucune nouvelle de Meyrin 5. Je me porte toujours fort mal . Je vous embrasse tendrement et douloureusement . »


1 Il s'agit de la lettre écrite par Rousseau le 10 juillet . Sur cette querelle Hume-Rousseau, voir lettre à d'Alembert du 15 octobre : page 100 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f105.image.r=.langFR

du 14 juillet à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/26/c-est-une-chose-abominable-que-la-mort-des-hommes-et-que-les.html

2 Personnage des Plaideurs, de Racine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Plaideurs

3 Il s'agit de la Lettre de M. de Voltaire à M. Hume, datée du 24 octobre et imprimée, à laquelle il va ajouter des notes ; http://www.voltaire-integral.com/Html/26/03_Hume.html

Voir lettre à Damilaville du 28 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/27/j-etais-fourre-dans-la-querelle-du-philosophe-bienfaisant-et.html

Le 17 novembre (ou décembre), V* propose au libraire Lacombe de « donner au public ma lettre à Hume avec des remarques historiques et critiques assez curieuses » qui paraitront sous le titre de Notes sur la Lettre de M. de Voltaire à M. Hume :

http://www.voltaire-integral.com/Html/26/04_Notes_Hume.html

Lettre à Lacombe : page 128 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f133.image.r=.langFR

4 Voir lettre du 28 octobre .

5 A savoir la réponse de Diderot , que V*, par code, nomme Meyrin .

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03/11/2010 | Lien permanent

Je me jette à vos gros et grands pieds

Aujourd'hui, vendredi dit saint, je me permets de vous présenter quelques figures remarquables du clergé catholique au XVIIIème siècle, allant des modestes capucins au pape, en passant par un abbé aux fonctions peu courantes !... Dieu reconnaitra les siens ...

  

 

 

 

 

 

Volti, représentant de luxe en bas de soie et montres, n'imaginait pas qu'un jour les frontaliers proches de Genève seraient le réservoir de main-d'oeuvre pour ce commerce de Genève qu'il ambitionnait de ruiner au profit de Ferney. Sic transit gloria mundi ...

montres ferney.jpg

 

«A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

 

 

                            Madame,

 

                            En attendant que vous veniez faire votre entrée dans votre nouvelle ville qu’il est si difficile de fonder [Versoix] ; avant que je vous harangue à la tête des capucins [de Gex ; il en est le père temporel]; capucins.jpgavant que je vous présente le vin de ville, le plus détestable vin qu’on ait jamais bu ; avant que je vous affuble du cordon de saint François que je vous dois [V* a fait accorder 600 livres aux capucins de Gex]; avant que je mette mon vieux cœur à vos pieds, pendant que les tracasseries sifflent à vos oreilles ; pendant que des polissons sont sous les armes dans le trou de Genève [violences du 16 février et 7 mars 1770]; pendant que tout le monde fait son jubilé chez les catholiques apostoliques romains           [avènement du pape Clément XIV];Clement-XIV.jpg pendant que votre ami Moustapha tremble d’être détrôné par une femme [Catherine II], je chante en secret ma bienfaitrice dans le fond de mes déserts et comme on ne peut vous écrire que pour vous louer et vous remercier, je vous remercie de ce que vous avez bien voulu faire pour mon gendre Dupuits Corneille [recommandation à son officier supérieur, Bourcet].

 

                            J’ai eu l’insolence d’envoyer à vos pieds et à vos jambes les premiers bas de soie qu’on ait jamais faits dans l’horrible abîme de glaces et de neiges où j’ai eu la sottise de me confiner . J’ai aujourd’hui une insolence beaucoup plus forte. A peine Mgr Atticus Corsicus Pollion [Choiseul, nommé selon la coutume romaine de trois noms] a dit en passant dans son cabinet : « Je consens qu’on reçoive des émigrants », que sur le champ j’ai fait venir des émigrants dans mes chaumières [les Natifs de Genève, pourchassés par les « Bourgeois qui se disent nobles et seigneurs » et qui « assassinèrent quelques Genevois qui ne sont que Natifs. Les confrères des assassinés ne pouvant se réfugier dans la ville [Versoix]…, choisirent mon village de Ferney pour lieu de leur transmigration ; ils se sont répandus aussi dans les villages d’alentour… Ce sont tous d’excellents horlogers… Notre dessein est de ruiner maintenant le commerce de Genève et d’établir celui de Ferney. »], à peine y ont-ils travaillé qu’ils ont fait assez de montres pour en envoyer une petite caisse en Espagne. C’est le commencement d’un très grand commerce (ce qui ne devrait pas déplaire à M. l’abbé Terray) [contrôleur général des finances].abbe terray.jpg J’envoie la caisse à monseigneur le duc par ce courrier afin qu’il voie combien il est aisé de fonder une colonie quand on le veut bien. Nous aurons dans trois mois de quoi remplir sept ou huit autres caisses, nous aurons des montres dignes d’être à votre ceinture, et Homère ne sera pas le seul qui aura parlé de cette ceinture [ceinture de Vénus].

 

                            Je me jette à vos gros et grands pieds [à la demande de V* qui voulait une chaussure pour les mesures de bas de soie, la duchesse avait envoyé un soulier démesuré] pour vous conjurer de favoriser cet envoi, pour que cette petite caisse parte sans délai pour Cadix, soit par l’air soit par la mer, pour que notre protecteur, notre fondateur daigne donner les ordres les plus précis. J’écris passionnément à M. de La Ponce [secrétaire de Choiseul] pour cette affaire, dont dépend absolument un commerce de plus de  cent mille écus par an. Je glisse même dans mon paquet un placet pour le roi. J’en présenterais un à Dieu, au diable, s’il y avait un diable, mais j’aime mieux présenter celui-ci aux Grâces.

 

O Grâces, protégez-nous !

 

C’est à vous qu’il faut s’adresser en vers et en prose.

 

                            Agréez, Madame, le profond respect, la reconnaissance, le zèle, l’impatience, les sentiments excessifs de votre très, humble et très obligé serviteur

 

                            Frère François

                            capucin plus indigne que jamais V…

 

                            9 avril 1770 à Ferney. »                           

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10/04/2009 | Lien permanent

votre très humble et très pauvre secrétaire des niaiseries

http://www.youtube.com/watch?v=88dOSmJiuIs&feature=related

 

" Qu’est ce que tu voulais que j’lui  dise ? "

D'accord, pas grand chose à voir avec la lettre qui suit .

 

Mais ce jour je réécoute Benabar, - et je me permets même de faire des dédicaces par mail qui pourront paraitre sottes ou pire (pourvu que non !! ), mais j'assume (trop fort ce James ;-))- et je découvre. Ses chants d'amour décoiffent et ses descriptions de la société valent le détour.

 

"Pas contemporain des Pharaons, ni du siècle des Lumières..." dit-il (et je vous assure qu'il ne pense pas à cet instant aux guirlandes de Noël qui se tressent en ce moment ! ), ce gars-là m'a plû, et puis a été un peu noyé, -en tout cas à mes oreilles-, dans le souk radiophonique ambiant .

 

Ce jour, j'ai un peu de vague à l'âme, mêlé de joie, et Benabar tombe à point. Il connait tous les sentiments et les chante bien, en tout cas, moi je trouve !

Il a une immense qualité, comme Volti, il pratique l'humour et va même jusqu'à l'autodérision.

 

 

 

 

niaiseries.jpg

En temps que secrétaire des niaiseries modernes, je vous laisse apprécier ce qui suit .

 

 

 

 

 

« A Philippe II, duc d’Orléans, régent de France

 

                            Faudra-t’il que le pauvre Voltaire ne vous ai d’autres obligations que de l’avoir corrigé par une année de Bastille ? [Du 16 mai 1717 au 14 avril 1718, condamné comme auteur du Regnante puero / Veneno et incestis famoso/ Administrante … eu d’autres « vers très exécrables » contre le régent et sa fille, sur les rapports « des sieurs d’Argenteuil et Beauregard »  auxquels il avait accordé sa confiance sans se rendre compte qu’ils étaient de la police.].Il se flattait qu’après l’avoir mis en purgatoire, vous vous souviendriez de lui dans le temps que vous ouvrez le paradis à tout le monde. Il prend la liberté de vous demander trois grâces : la première de souffrir qu’il ait l’honneur de vous dédier la tragédie qu’il vient de composer [Œdipe , qui sera représentée le 18 novembre 1718, obtiendra un privilège le 19 janvier 1719, mais sera dédiée à « Son Altesse Royale Madame » = princesse Palatine, et non au Régent.], la seconde de vouloir bien entendre quelque jour les morceaux d’un poème épique [la Henriade] sur celui de vos aïeux auquel vous ressemblez le plus, et la troisième de considérer que j’ai l’honneur de vous écrire une lettre où le mot de souscription ne se trouve point.

 

Je suis avec un profond respect

         Monseigneur

         de Votre Altesse Royale

                 votre très humble et très pauvre

                                 secrétaire des niaiseries

                                                                          

                                                                Voltaire. [Il signe encore « Arouet » en mai 1718, dès juin certaines sont signées « Arouet de Voltaire ». Celle-ci dont on possède le manuscrit autographe est signée « Voltaire ». Vers mars 1719, il explique à Jean-Baptiste Rousseau qu’il «  a été si malheureux sous le nom d’Arouet qu’ (il) en (a) pris un autre surtout pour ne plus être confondu avec le poète Roy. »]

 

                            Novembre ( ?) 1718. »

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05/11/2009 | Lien permanent

Il a tonné sur une montagne dont le sommet est inaccessible ; donc il y a des dieux qui habitent sur cette montagne, et

... Et la trouille fait le reste : religions et prêtres, fidèles et fanatiques, charité et guerres, recherche du paradis et angoisse de l'enfer .

Ô incorrigibles humains crédules et superstitieux !

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Plutôt que de se trainer à genoux en peuple soumis et lâche, mettons nous à la muscu ! l'exemple vient d'en haut ! Non ?

 

 

 

« A Jean-Jacques Dortous de Mairan

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève, 16 august 1761

Votre lettre du 2è août , monsieur, me flatte autant qu’elle m’instruit ; vous m’avez donné un peu de vanité toute ma vie ; car il me semble que j’ai été de votre avis sur tout. J’ai pensé invariablement comme vous sur l’estimation des forces 1, malgré la mauvaise foi de Maupertuis, et même de Bernouilli, et de Muchenbrok 2. Et comme les vieillards aiment à conter, je vous dirai qu’en passant à Leyde, le frère Muschembrok, qui était un bon machiniste et un bon homme, me dit : « Monsieur, les partisans des carrés de la vitesse sont des fripons ; mais je n’ose pas le dire. »

J’ai été entièrement de votre opinion sur l’aurore boréale, et je souscris à tout ce que vous dites sur le mont Olympe, d’autant plus que vous citez Homère. J’ai toujours été persuadé que les phénomènes célestes ont été en grande partie la source des fables. Il a tonné sur une montagne dont le sommet est inaccessible ; donc il y a des dieux qui habitent sur cette montagne, et qui lancent le tonnerre . Le soleil paraît 3 d’orient en occident ; donc il a de bons chevaux . La lune parcourt un moins grand espace ; donc, si le soleil a quatre chevaux, la lune doit n’en avoir que deux . Il ne pleut point sur la tête de celui qui voit un arc-en-ciel ; donc l’arc-en-ciel est un signe  qu’il n’y aura jamais de déluge, etc., etc., etc., etc., etc., etc.

Je n’ai jamais osé vous braver, monsieur, que sur les Egyptiens ; et je croirai que ce peuple est très nouveau, jusqu’à ce que vous m’ayez prouvé qu’un pays inondé tous les ans, et par conséquent inhabitable sans le secours des plus grands travaux, a été pourtant habité avant les belles plaines de l’Asie. Tous vos doutes et toutes vos sages réflexions envoyées au jésuite Parenin 4 sont d’un philosophe ; mais Parenin était sur les lieux, et vous savez que ni lui ni personne n’ont pensé que les adorateurs d’un chien et d’un bœuf aient instruit le gouvernement chinois, adorateur d’un seul Dieu depuis environ cinq mille ans. Pour nous autres barbares qui existons d’hier, et qui devons notre religion à un petit peuple abominable, rogneur d’espèces, et marchand de vieilles culottes, je ne vous en parle pas ; car nous n’avons été que des polissons en tout genre jusqu’à l’établissement de l’Académie, et au phénomène du Cid.

Je suis persuadé, monsieur, que vous vous intéressez à la gloire de ce grand homme 5. Pressez l’Académie, je vous en supplie, de vouloir bien me renvoyer incessamment l’Épître dédicatoire que je lui adresse, la préface du Cid, les notes sur le Cid, les Horace, et Cinna, afin que je commence à élever le monument que je destine à la gloire de la nation.

Il me faut la sanction de l’Académie. Je corrigerai sur-le-champ tout ce que vous aurez trouvé défectueux ; car je corrige encore plus vite et plus volontiers que je ne compose.

Je crois, monsieur, que vous voyez quelquefois madame Geoffrin ; je vous supplie de lui dire combien mademoiselle Corneille et moi nous sommes touchés de son procédé généreux. Elle a souscrit pour la valeur de six exemplaires : elle ne pouvait répondre plus noblement aux impertinences d’un factum ridicule 6, dont assurément mademoiselle Corneille n’est point complice. Cette jeune personne a autant de naïveté que Pierre Corneille avait de grandeur. On lui lisait Cinna ces jours passés  quand elle entendit ce vers : 

Je vous aime, Emilie, et le ciel me foudroie, etc. 7

Fi donc, dit-elle, ne prononcez pas ces vilains mots-là. C’est de votre oncle, lui répondit-on. Tant pis, dit-elle ; est-ce qu’on parle ainsi à sa maîtresse ? Adieu, monsieur ; je recommande l’oncle et la nièce à votre zèle, à votre diligence, à votre bon goût, à vos bontés. Je vous félicite d’une vieillesse plus saine que la mienne ; vivez aussi longtemps que le secrétaire votre prédécesseur 8, dont vous avez le mérite, l’érudition, et les grâces.

Votre très humble et très obéissant serviteur

Le Suisse V. »

3 Mot suivi de courir dans l'édition de Kehl .

5 Kehl remplace grand homme par grand Corneille

7 Corneille, Cinna, III, 4 .

8 Fontenelle qui vécut centenaire .

 

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20/07/2016 | Lien permanent

Pourquoi faut-il que je sois éternellement la victime de la calomnie ?

Amusez-vous d'abord et essayez de deviner quels ont été mes choix sur : http://www.youtube.com/watch?v=RZzlezxLu7s&NR=1&f...

 

 

 

La_Linea-2.jpg

 

 

 

"Vous êtes l’homme du siècle, l’homme de la France, celui qui soutient son honneur, celui que tout le monde voudrait imiter et que personne n’égale" : NON ! je ne ferai pas cette dédicace à quelque homme qui soit au pouvoir en ce moment !

Volti est vraiment un flatteur né .

Richelieu le lisait-il en souriant ? Si oui, il avait de l'humour qui amène à de bonnes intentions, et le but était atteint . Si non, pris au premier degré ces termes peuvent donner la grosse tête .

Volti, ton amitié inaltérable me fait envie .

 

Par contre cet éloge conviendrait très bien à l'abbé Pierre qu'il me plait de comparer à Volti lors de mes visites quand j'évoque le défenseur des Calas et le pourfendeur d'injustices qui ne sera arrêté dans son combat que par la mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

 

                            Vous ne m’avez jamais mandé, mon héros, si vous avez reçu le petit paquet contresigné. Vous avez dédaigné l’hommage de mes magots [V* lui a offert la dédicace de l’Orphelin de la Chine, sans réponse]. On leur a cassé le nez et les oreilles sur votre théâtre [jouée le 20 août à a Comédie Française ; en 1755, Richelieu est premier gentilhomme de la chambre chargé des spectacles]. Scènes et noms et vers ont été changés, tout a été estropié excepté par Mlle Clairon. On a fait jouer le rôle d’un mari aimé par un bonhomme de 74 ans [Sarrazin ; V* critique aussi : Grandval « dur et n’a point de nuances », Mlle Dumesnil « s’enivre trop souvent », et note que Lekain, chez lui, avait « très mal joué la déclaration d’Orosmane ». Lekain qu’il appellera pourtant son « grand ami » fin septembre.] qui n’a pas plus de dents que moi. Lekain n’a pas été entendu, et il est fort propre pour les rôles muets. On voit bien que vous ne vous souciez guère des spectacles à la manière dont ils vont. J’ai dû présumer que vous ne faites pas plus de cas de ma dédicace puisque vous ne m’avez pas répondu [lettres du 31 juillet et 13 août]. Je vous l’envoie pourtant. Voyez, Monseigneur, si vous voulez me permettre d’en faire usage. Le reste sera une dissertation sur les tragédies de la Chine, que probablement vous ne lires point. Je suis dans la nécessité de faire imprimer sur le champ à Genève ma pièce telle que je l’ai faite [par les Cramer, pour « les pays étrangers » et par Lambert « pour Paris »), puisque les comédiens ont eu la ridicule insolence de la jouer à Paris telle que je ne l’ai pas faite. Si vous agréez la dédicace, daignez donc me donner vos ordres sur le champ [lettre à Lambert avec « une épitre dédicatoire à M. le maréchal de Richelieu et une lettre qu’il faut mettre à la fin de la pièce » (lettre de JJ Rousseau),  qui sont « la seule chose importante pour lui ». « Les petits boucliers qui repoussent les coups qu’on lui porte »]. Sinon, vous jugez bien que je ne prendrai pas la liberté d’aller fourrer là votre nom et d’abuser de vos bontés sans votre permission expresse. En ce cas la pièce paraitra toute nue. Et l’auteur ne vous la dédiera que dans le fond de son cœur.

 

 

                            Je vous redis et je vous assure très positivement que je vous ai envoyé le fatras historique et mal digéré où votre gloire personnelle est pour quelque chose [La Guerre de 1741]. Il est arrivé à ce rogaton la même chose qu’à l’Histoire universelle. Un fripon l’a vendu 25 louis d’or à un imprimeur nommé Prieur à Paris [Mme Denis lui apprendra : « Chimène (=marquis de Ximenes) a volé (ses brouillons) chez Mme Denis. La Morlière les a vendus de sa part au libraire Prieur ; et ce … La Morlière est encore en dernier lieu allé à Rouen les vendre une seconde fois. C’est une chose dont Lambert peur (l’) instruire ; V* a fait saisir l’édition à Paris chez Prieur en faisant intervenir Mme de Pompadour.], et monsieur de Malesherbes a eu la faiblesse de permettre l’édition [V* lui écrira le 12 septembre]. Ne m’attribuera-t-on pas encore cette prévarication, comme on a eu la barbarie et la sottise de m’attribuer l’Histoire universelle telle qu’on a eu l’impertinence de l’imprimer ? Pourquoi faut-il que je sois éternellement la victime de la calomnie ? Vos bontés me consolent de tout.

 

 

                            Les comédiens de Paris auraient grand besoin de dépendre uniquement de vos ordres. Je leur ai fait présent de ma pièce, et ils ont eu la bassesse de dire à mon secrétaire qu’il n’y entrerait que pour son argent [Collini envoyé à Paris par V* et qui veut voir la pièce]. Voilà des procédés un peu tartares.

 

 

                            Je suis fâché que la France se barbarise malgré vous de jour en jour ; sauvez-la donc de la décadence, conservez-moi vos bontés et pour Dieu daignez m’instruire si vous avez mon paquet.

 

 

                            26 août 1755 à mes prétendues Délices.

 

 

                            Pardon du verbiage inutile, vous avez reçu mon paquet. Voici le croquis de la dédicace que vous daignez accepter. On dit que j’ai gagné mon procès dans le public. Je me flatte que vous gagnerez plus pleinement le vôtre au Parlement [il s’agit de l’interprétation du testament du cardinal de Richelieu. V* regrettera le 12 septembre la perte de ce procès]. Vous en gagnez un plus considérable dans le temps présent et dans la postérité. Vous êtes l’homme du siècle, l’homme de la France, celui qui soutient son honneur, celui que tout le monde voudrait imiter et que personne n’égale.

 

 

                            Madame Denis et moi, nous vous présentons nos plus tendres respects.

 

 

                            V.

                            27 août. »

 

 

 

 

 

 

La pluie étant au rendez-vous, c'est en écoutant cette radio que j'ai rédigé cette petite bafouille : www.divertis.com/radio/radio1259_Bach_Radio

Note : do you speak english ?

No ?

 

Alors réjouissez-vous , oreilles au vent et coeur ouvert, revivez de bons moments : http://www.dailymotion.com/video/x1b1kj_jacques-brel-ces-...

 

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Je déteste les poules mouillées, et les âmes faibles

poule mouillée sarkozy_bebepoulet.jpg

Dédicace du XXIè siècle à l'insomniaque du XVIIIè :

http://www.deezer.com/listen-7928223

 

Continuons à prendre sans modération l'antidote à la morosité : Voltaire, et suivons ses conseils diététiques avec modération, tout comme lui : un demi-setier de bon vin par repas !

 En cette période où l'on parle plus de dinde et de chapon (l'eunuque, neuneu, qui va se faire dévorer puceau ! ),  n'oublions pas celle qui fit l'oeuf qui nous embrouille : La Poule :

http://www.deezer.com/listen-7928223

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

 

21è décembre 1768

 

Madame, Madame, les imaginations ne dorment point i, et quand même elles prendraient en se couchant une dose des oraisons funèbres de l'évêque du Puy ii et de l'évêque de Troyes iii, le diable les bercerait toujours. Quand la marâtre nature nous prive de la vue, elle peint les objets avec plus de force dans le cerveau . C'est ce que la coquine me fait éprouver. Je suis votre confrère des Quinze-Vingts dès que la neige est sur mon horizon de quatre-vingt lieues de tour. Le diable alors me berce beaucoup plus que dans d'autres saisons. Je n'ai trouvé à cela d'autre exorcisme de celui de boire ; je bois beaucoup, c'est-à-dire un demi-setier à chaque repas iv ; et je vous conseille d'en faire autant ; mais il faut que ce soit d'excellent vin. Personne de mon temps n'en avait de bon à Paris.

 

L'aventure du président Hénault est assurément bien singulière v. On s'est moqué de moi avec des Beloste et des Bélestat vi. On m'assure aujourd'hui que c'est un homme d'un très grand nom, et que vous connaissez vii. Je ne veux rien croire, ni même chercher à croire. L'abbé Boudot a eu la bonté de fureter à la bibliothèque du roi . Il en résulte qu'il est très vrai qu'aux premiers états de Blois dont vous ne vous souciez guère, on donna trois fois au parlement le titre d'états généraux au petit pied viii. Je ne pense point du tout que les parlements représentent les états généraux sur quelque pied que ce puisse être et quand même j'aurais acheté une charge de conseiller au parlement pour quarante mille francs, je ne me croirais point du tout partie des états généraux de France. Mais je ne veux point entrer dans cet discussion, et me brouiller avec tous les parlements du royaume, à moins que le roi ne me donne quatre ou cinq régiments à mes ordres. De toutes les facéties qui sont venues troubler mon repos dans ma retraite, celle-ci est la plus extraordinaire .

 

L'A.B.C. est un ancien ouvrage traduit de l'anglais, imprimé en 1762 ix. Cela est fier, profond, hardi. Cette lecture demande de l'attention. Il n'y a point de ministre, point d'évêque en deçà de la mer à qui cet A.B.C. puisse plaire. Cela est insolent, vous dis-je, pour les têtes françaises. Si vous voulez le lire, vous qui avez une tête de tout pays, j'en chercherai un exemplaire et je vous l'enverrai ; mais l'ouvrage a un pouce d'épaisseur. Si votre mère a ses ports francs comme votre beau-père x, je le lui adresserai pour vous .

 

Il faut que je vous conte ce qu'on ne sait pas à Paris. Le singe de Nicolet, qui demeure à Rome xi, s'est avisé de canoniser non seulement Mme de Chantal xii à qui St François de Sales avait fait deux enfants, mais il a canonisé un frère capucin nommé frère Cucufin d'Ascoli. J'ai vu le procès-verbal de la canonisation xiii. Il y est dit qu'il se plaisait fort à se faire donner des coups de pied dans le cul par humilité, et qu'il répandait exprès des œufs frais et de la bouillie sur sa barbe, afin que les profanes se moquassent de lui, et qu'il offrit à Dieu leurs railleries.

 

Railleries à part, il faut que Rezzonico soit un grand imbécile. Il ne sait pas encore que l'Europe entière rit de Rome comme de St Cucufin.

 

Je sais pourtant qu'il y a encore des Hottentots, même à Paris ; mais dans dix ans il n'y en aura plus, croyez moi sur parole . Quoiqu'il en soit, Madame, buvez, dormez, amusez-vous le moins mal que vous le pourrez, supportez la vie, ne craignez point la mort que Cicéron appelle la fin de toutes les douleurs ; Cicéron était un homme de fort bon sens. Je déteste les poules mouillées, et les âmes faibles . Il est trop honteux d'asservir son âme à la démence et à la bêtise de gens dont on n'aurait pas voulu pour ses palefreniers. Souvenons-nous des vers de l'abbé de Chaulieu :

Plus j'approche du terme et moins je le redoute.

Sur des principes sûrs mon esprit affermi,

Content, persuadé, ne connait plus le doute,

Des suites de ma fin je n'ai jamais frémi.xiv

 

Adieu, Madame, je baise vos mains avec mes lèvres fort plates ; et je vous serai attaché jusqu'à mon dernier moment. »

 

i Mme du Deffand s'est plainte d'insomnies dans sa lettre du 13 décembre et demanda « du Voltaire » pour les supporter.

 

ii Jean-Georges Lefranc de Pompignan, qui a prononcé l'oraison funèbre de la reine le 11 août 1768.

iii Mathias Poncet de La Rivière qui a prononcé entre autres l'oraison funèbre de Louise-Élisabeth de France, duchesse de Parme, le 12 février 1760.

iv Soit un peu moins d'un quart de litre.

v Voir les reproches faits à l'œuvre historique de Hénault dans l'Examen critique ... attribué à Bélestat et attribué à La Beaumelle par V* ; cf. lettres du 18 septembre à d'Argental, et du 26 octobre à Mme Denis. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/18/d...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/26/m...

vi Le 28 novembre, à Marmontel , il dit « qu'il n'y a point de marquis de Bélestat » bien qu'il ait reçu de Montpellier deux lettres signées de ce nom. Il va recevoir une lettre datée du 20 décembre où le marquis revendique la paternité de l'ouvrage en spécifiant qu'il n'a pas à en rougir.

vii Le 13 décembre, Mme du Deffand lui demandait de citer le nom de l'auteur qu'il avait « découvert » après avoir parlé de « La Beaumelle, Beloste, Bélestat » et « détruire » ainsi les soupçons qui pesaient sur lui .

viii Cette affirmation que V* a remarquée dans l'Examen critique ..., était complétée de « qu'il est étrange qu'aucun historien n'ait parlé d'un fait si public. »

ix L'A.B.C., dialogue curieux traduit de l'anglais de M. Huet, daté 1762, en réalité de Genève 1768, de V*. http://www.voltaire-integral.com/Html/27/16_A-B-C.html

Et voir Note 26 page 286 : http://books.google.fr/books?id=MwHgAAAAMAAJ&pg=PA287...

x Duc et duchesse de Choiseul , cette dernière étant nommée le plus souvent comme « la grand-maman » dans les lettres à Mme du Deffand (qui en fait a quarante ans de plus que la duchesse).

xi Nicolet , directeur de la Comédie italienne, avait effectivement un singe savant, mais ici V* parle du pape Clément XIII, né Rezzonico.

xii Jeanne-Françoise Frémyot, baronne de Chantal, fondatrice avec saint François de Sales de l'ordre de la Visitation, canonisée en 1767 . http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_de_Chantal

http://home.infionline.net/~ddisse/chantal.html

xiv Le dernier vers est réellement : « Je ne suis libertin, ni dévot à demi . », premier quatrain de la deuxième des Trois Façons de penser sur la mort .Page 12 : http://books.google.fr/books?id=zpw-AAAAYAAJ&pg=PA3&a...

 

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21/12/2010 | Lien permanent

Elle vous aimait, monseigneur

...

DSCF5947 elle vous aimait.png

 

« A Frédéric-Wilhelm,
margrave de BAIREUTH. 1
Au château de Tournay, 17 février [1759].
Monseigneur, mon cœur remplit un bien triste devoir en envoyant à Votre Altesse sérénissime, ainsi qu'au roi votre beau- frère, cet ouvrage, que ce monarque m'a encouragé de composer.
Ma vieillesse, mon peu de talent, ma douleur même, ne m'ont pas permis d'être digne de mon sujet; mais j'espère qu'au moins le dernier vers ne vous déplaira pas.
Elle vous aimait, monseigneur, et, après vous, son cœur était à son frère. Ce souvenir, quoique très-douloureux, vous est cher, et peut mêler quelque douceur à son amertume.
Que Votre Altesse sérénissime daigne recevoir avec indulgence ce faible tribut d'un attachement que j'aurai jusqu'au tombeau. Puissiez-vous ajouter à de longs jours tous ceux que cette auguste princesse devait espérer de passer avec vous!
Je suis avec le plus profond respect,

monseigneur

de votre Altesse sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de Sa Majesté très chrétienne .

 

Ode

sur la perte que l’Allemagne a faite de

Son Altesse Royale Mme la margrave de Bareith 2

1

Lorsqu'en des tourbillons de flamme et de fumée

Cent tonnerres d'airain précédés des éclairs

De leurs globes brûlants écrasent une armée,

Quand de guerriers mourants les sillons sont couverts,

Tous ceux qu'épargna la foudre

Voyant rouler dans la poudre

Leurs compagnons massacrés,

Sourds à la pitié timide

Marchent d'un pas intrépide

Sur leurs membres déchirés .

 

2

Ces féroces humains, plus durs, plus inflexibles

Que de l’acier qui les couvre au milieu des combats

S'étonnent à la fin de se trouver sensibles,

D'éprouver la pitié qu'ils ne connaissaient pas,

Quand la mort, qu'ils ont bravée

Dans cette foule abreuvée

Du sang qu'ils ont répandu,

Vient d’un pas lent et tranquille

Seule aux portes d'un asile

Où repose la vertu .

 

3

Une famille entière, interdite, éplorée

Voit ce spectre avancer vers un lit de douleurs ;

La victime l'attend, pâle, défigurée,

Tendant une main faible à ses amis en pleurs ;

Tournant en vain la paupière

Vers un reste de lumière

Qu'elle gémit de trouver,

Elle présente sa tête.

La faux redoutable est prête

Et la mort va la lever .

 

4

A cette heure prescrite, à ce moment terrible

Où d'un froid éternel ce beau corps est glacé,

Où ce souffle de l'âme, être incompréhensible,

Des sens qu'il anima s'est enfin dispersé,

Ce spectacle lamentable,

Cette perte irréparable

Vous frappe d'un coup plus fort

Que cent mille funérailles

De ceux qui dans les batailles

Donnaient et souffraient la mort .

 

5

Ô Bareith ! Ô vertus ! Ô grâces adorées !

Femme sans préjugé, sans vice et sans erreur,

Quand la mort t'enleva des sanglantes contrées

Théâtre de combats, de rapine et d'horreur,

Les nations acharnées

De leurs haines forcenées

Suspendirent les fureurs .

Les discordes s'arrêtèrent,

Tous les peuples s'accordèrent

Pour t'honorer de leurs pleurs .

 

6

Des veuves, des enfants sur ces rives funestes,

Au milieu des débris des murs et des remparts,

Cherchent de leurs parents les pitoyables restes

Ramassant en tremblant leurs ossements épars .

Ton nom seul est dans leur bouche

C'est ta perte qui les touche,

Ta perte est leur seul effroi ;

Et ces familles errantes

Dans la misère expirantes

Ne gémissent que sur toi .

 

7

De la douce vertu tel est le sûr empire,

Telle est la digne offrande à tes mânes sacrés ;

Vous , qui n'êtes que grands, vous, qu'un flatteur admire,

Vous traitons-nous ainsi lorsque vous expirez ?

La mort que Dieu vous envoie

Est le seul moment de joie

Qui console nos esprits ;

Emportez, âmes cruelles,

Ou nos haines éternelles,

Ou nos éternels mépris .

 

8

Mais toi dont la vertu fut toujours secourable,

Toi dans qui l'héroïsme égale la bonté,

Qui pensais en grand homme, en philosophe aimable,

Qui de ton sexe enfin n'avais que la beauté,

Si ton insensible cendre

Chez les morts pouvait entendre

Tous ces cris de notre amour,

Tu dirais dans ta pensée,

Les dieux m'ont récompensée

Quand ils m'ont ôté le jour .

 

9

C'est nous, tristes vivants, nous qui sommes à plaindre,

Dans nos champs désolés et sous nos boulevards,

Condamnés à souffrir, condamnés à tout craindre

Des serpents de l'envie ou des fureurs de Mars.

Les peuples foulés gémissent ;

Les arts, les vertus périssent ;

On assassine les rois ;

Tandis que l'on ose encore

Dans ce siècle que j'abhorre

Parler de meurs et de lois .

 

10

Beaux-arts, où fuirez-vous ? Troupe errante et céleste,

De l'Olympe usurpé chassés par des titans,

Beaux-arts, elle adoucit votre destin funeste :

Puisqu'elle eut du génie, elle aima les talents .

Mais la stupide insolence,

Et l'orgueilleuse ignorance

De nos modernes Midas

Confond , d'un œil imbécile,

Un Homère avec Zoïle

Ou ne le regarde pas .

 

11

Hélas ! qui désormais dans une cour paisible

Retiendra sagement la superstition,

Le sanglant fanatisme et l'athéisme horrible

Enchainés sous les pieds de la religion ?

Qui prendre pour son modèle

La loi pure et naturelle

Que Dieu grava dans nos cœurs ?

Loi sainte, aujourd'hui proscrite

Par une foule hypocrite

D'ignorants persécuteurs ?

 

12

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25/03/2014 | Lien permanent

Plus j'envisage tout ce qui s'est passé sur la terre, plus je serais content de ma retraite, si elle n'était pas si éloi

... Hey ! mister Sarko ! ne crains rien, la retraite est proche et comme tu le demandes si haut et fort nous allons t'aider à retourner dans tes foyers et jouer au pater familias avec grande fifille Carla et petite fifille , plus quelques garçons plus ou moins indépendants . Cependant, ce qui me gène est de savoir que tu vas toucher une royale pension de retraite payée par nos impôts, ce qui nous fera un trio de présidents richement dotés qui devront cependant attendre cinq ans avant d'avoir la chance de jouer à la belote avec un quatrième ; la question est de savoir si les deux anciens vont tenir le coup encore cinq ans .

Je dois faire remarquer à ces bêtes à concours, vedettes de meetings dominicaux, qui ont sans doute , et en vérité, réuni chacun environ une cinquantaine de milliers de fans et désoeuvrés curieux, qu'ils ont dans le même temps emm...é des centaines de milliers d'habitants . Bel exemple de démocratie !

Tout comme Paris Match, vous tablez sur le choc des photos , le poids des mots étant tellement faible que vous croyez qu'en braillant ils seront un gage d'avenir heure . Que nenni !


Meeting au sommet

Chantons en choeur : "Sarkozy ! Ça sent le roussi !"

meeting réunion au sommet2155.JPG



 

 

 

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.

8 novembre [1755]

Mon cher ange, je suis toujours pénétré de vos bontés pour les Chinois. Vous devez avoir reçu deux exemplaires un peu corrigés, mais non autant que vous et moi le voudrions. J'ai dérobé quelques moments à mes travaux historiques, à mes maladies, à mes chagrins, pour faire cette petite besogne. La malignité qu'on a eue de placer M. deThibouville dans cet impertinent manuscrit qui court, et de lui montrer cette infamie, m'a mis au désespoir. Il est vrai qu'on l'a mis en grande compagnie. Les polissons qui défigurent et qui vendent l'ouvrage n'épargnent personne, ils fourrent tout le monde dans leurs caquets. Je me flatte que vous ferez avec de M. de Thibouville votre ministère d'ange consolateur.

J'ai vu, pendant neuf jours, vos deux pèlerins d'Emmaüs 1. C'est véritablement une neuvaine qu'ils ont faite. Ils m'ont paru avoir beaucoup d'esprit et de goût, et je crois qu'ils feront de bonnes choses. Pour moi, mon cher ange, je suis réduit à planter. J'achève cette maudite Histoire générale, qui est un vaste tableau faisant peu d'honneur au genre humain. Plus j'envisage tout ce qui s'est passé sur la terre, plus je serais content de ma retraite, si elle n'était pas si éloignée de vous. Si Mme d'Argental a si longtemps mal au pied, il faut que M. de Chàteaubrun lui dédie son Philoctète 2; mais ce pied m'alarme. Je reçois, dans ce moment, une Ode sur la Mort, intitulée de main de maître 3; elle m'arrive d'Allemagne, et il y a des vers pour moi. Tout cela est bien plaisant, et la vie est un drôle de songe. Je ne rêve pourtant pas en vous aimant de tout mon cœur. Mille tendres respects à tous les anges. »

 

 

 

 

 

1 Patu et Palissot : voir lettre du 29 octobre 1755 à l'abbé de Prades : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/28/frere-rhubarbe-a-frere-gaillard-salut.html

 

2 Joué, pour la première fois, le 1er mars 1755 : http://cesar.org.uk/cesar2/people/people.php?fct=edit&person_UOID=100201

Jean-Baptiste Vivien de Châteaubrun : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Vivien_de_Ch%C3%A2teaubrun

 

 

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16/04/2012 | Lien permanent

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