25/12/2009
On me vole, on me défigure en prose et en vers
http://www.youtube.com/watch?v=DlgJ5i1J_kk&feature=re...
http://www.youtube.com/watch?v=nYtauVttsuI
« A Nicolas-Claude Thiriot
Je vous supplie mon ancien ami, de ma mander au juste ce que c’est que la Jeanne qui parait imprimée. Voici une lettre en réponse à La Guerre de 1741. On me vole, on me défigure en prose et en vers. Ecrivez-moi toujours à la même adresse. Je passerai mon hiver à Montriond à l’autre bout du lac près de Lausanne. J’y suis bien chaudement. Mrs de Lausanne viennent dîner avec moi, le reste du temps m’appartient. Ma maison est simple et propre. J’y fais bonne chère. Je voudrais que vous y fussiez.
V.
A Montriond 25 [décembre 1755]
15:22 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, thiriot, montriond, lausanne
22/12/2009
Le fracas et les plaisirs de Lyon nuisaient à ma santé et à mon travail
Je peux vous garantir qu'au XXI ième siècle le fracas de Lyon est essentiellement automobile et use en effet les nerfs des usagers obligés chaque jour de trainer dans des bouchons, qui pour être lyonnais , n'en ont pas l'agrément de leurs homonymes aux tables bien garnies .
Les plaisirs de Lyon, je vous le confesse, n'ont pas sur moi le même effet délétère que sur Volti !
Au contraire, ils sont pour moi source vivifiante et j'en redemande sans retard . Vous comprendrez quand vous serez plus grands !
Entre autres adresses, une qui m'est chère depuis quelques semaines ...

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine
Au château de Prangins,
22 décembre 1754
Je dicte ma lettre ma chère nièce, non pas que je sois plus malade qu’à l’ordinaire, mais parce que je suis dans mon lit fort frileux et fort paresseux. Je ne doute pas que vous n’ayez fait rendre à M. de Prangins [Jean-Georges Guiguier, baron de Prangins] la première lettre que je vous envoyai. Je n’ai point la force d’aller prendre actuellement les bains d’Aix en Savoie ; la saison est trop rigoureuse ; il faut attendre un temps plus doux . Si je pouvais me flatter que vous vinssiez ici au printemps avec le maître de la maison, je ne chercherais pas d’autre retraite jusqu’au printemps où vous en partiriez, et je ne pourrais pas en imaginer une plus agréable. La situation est d’après les romans, et le bâtiment est de l’histoire moderne [vers 1723]; il n’y a rien de si beau à 50 lieues à la ronde. Tout ce que nous craignons Mme Denis et moi, c’est de causer un peu d’embarras aux régisseurs de ce beau château. Surtout nous vous prions de présenter à M. de Prangins nos remerciements et nos excuses. Je voudrais qu’il sentît tout le plaisir qu’il me fait. Cette habitation est précisément tout ce qui me convient dans l’état douloureux où je suis. Ma santé et mes études en avaient besoin. Le fracas et les plaisirs de Lyon nuisaient à ma santé et à mon travail [lettres du 20 novembre et 2 décembre à d’Argental]. Vous ne sauriez croire l’obligation que je vous ai d’avoir trouvé une retraite si convenable à mon goût et à mon état. Il ne me manque que de vous y voir. C’est la seule chose que je désire dans ce monde. Il y a d’ailleurs des eaux minérales, qui, je crois, seraient fort bonnes pour vous, surtout au printemps. Flattez-nous au moins de cette espérance ; mandez-nous si M. de Prangins a reçu nos lettres. Vous devez regarder comme votre affaire propre notre séjour dans ce château, puisque c’est vous qui nous l’avez procuré. Je suis fâché que vous n’ayez plus la consolation de voir tous les jours votre frère ; je me flatte que vous en avez d’autres auxquelles je m’intéresse.
J’ai apporté avec moi votre Léda. Apportez-nous le portrait de votre fils avec quelques-uns de vos petits chefs-d’œuvre ; mais songez que vos lettres nous font pour le moins autant de plaisir que vos crayons et vos pinceaux. Ce n’est plus le temps d’être paresseuse avec des gens qu’on a confinés dans un château sur les bords d’un lac. Ecrivez-nous, rassurez-nous contre la crainte d’abuser des bontés du maître de maison, et encore plus de la crainte de ne vous point voir ce printemps.
Adieu mon aimable nièce.
Voltaire. »
Exposition de papier découpé au Château de Prangins, dont les œuvres de Jean Huber qui s’est particulièrement dédié à Voltaire.
Château de Prangins
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21/12/2009
on dit qu’il y a des aveugles qui donnent des coups de pied dans le ventre de ceux qui veulent leur rendre la lumière

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« A Michel-Ange-André Le Roux Deshautesrayes
21 décembre [1760 ]
Monsieur,
J’avais déjà lu vos Doutes [Doutes sur la dissertation de M. de Guignes, qui a pour titre : Mémoire dans lequel on prouve que les Chinois sont une colonie égyptienne.]. Ils m’avaient parus des convictions. Je suis bien flatté de les tenir de la main de l’auteur même. Les langues que vous possédez et que vous enseignez sont nécessaires pour connaître l’Antiquité, et cette connaissance de l’Antiquité nous montre combien on nous a trompé en tout. C’est l’empereur Camhi [Kyang-Hi (1661-1721)], autant qu’il m’en souvient, qui montra à frère Parennin, jésuite de mérite et mandarin, un vieux livre de géométrie dans lequel il est dit que la proposition du carré de l’hypothénuse était connue du temps des premiers rois [ce que Parennin a écrit à Dortous de Mairan (Lettres édifiantes et curieuses). V* ajoute ce fait en 1761 en l’honneur des Chinois dans l’Essai sur les Mœurs.]. Les Indiens revendiquent cette démonstration. Ce petit procès littéraire au bout du monde dure depuis 4 ou 5 mille ans, et nous autres qu’étions-nous il y a 20 siècles ? Des barbares qui ne savions pas écrire, mais qui égorgions des filles et des petits garçons à l’honneur de Teutatès, comme nous en avons égorgé en 1572 à l’honneur de st Barthélemy.
Un officier qui commande dans un fort près du Gange [Louis-Laurent de Féderbe, chevalier de Maudave] et qui est l’ami intime d’un des principaux bramines m’a apporté une copie des 4 Vedams qu’il assure être très fidèle [L’Ezour-Veidam que V* va donner à la bibliothèque royale l’été 1761, est un apocryphe écrit sans doute par les jésuites de Pondichéry pour amener les Indiens vishnouistes au catholicisme. V* ajoutera un chapitre sur les brahmanes, le Veidam et l’Ezour-Veidam dans son Essai et indiquera cette addition le 3 mars 1761 dans le Journal encyclopédique.]. Il est difficile que ce livre n’ait au moins 5 mille ans d’antiquité. C’est bien à nous qui ne devons notre sacrement de baptême qu’aux usages des anciens Gangarides qui passèrent chez les Arabes et que N.S. J.-C. a sanctifiés, c’est bien à nous vraiment de combattre l’antiquité de ceux qui nous ont fourni du poivre de toute antiquité ! Le monde est bien vieux. Les habitants de la Gaule cisalpine sont bien jeunes et souvent bien sots ou bien fous. Si quelqu’un peut les rendre plus raisonnables c’est vous, Monsieur, mais on dit qu’il y a des aveugles qui donnent des coups de pied dans le ventre de ceux qui veulent leur rendre la lumière. Je suis plein d’estime pour vous, Monsieur, et des plus respectueux sentiments.
V. »
12:35 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, deshautesrayes, kyang hi, antiquité, parennin, chinois, mairan, féderbe