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07/03/2013

A tous croates, pandours, housards, qui ces présentes ouvriront, salut, et peu de butin

... Retournez d'où vous venez, les mains vides .

Ce que réclame HADOPI  et consorts .

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 Translation : http://www.pcinpact.com/news/58845-rolling-stone-magazine-lettre-ouverte-majors.htm

 

 

« A Madame Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
A Lausanne, 4 janvier 1758.
A tous croates, pandours, housards, qui ces présentes ouvriront, salut, et peu de butin.
Pandours et croates, laissez passer cette lettre à Son Altesse sérénissime Mme la duchesse de Saxe-Gotha, qui est aussi aimable, aussi bienfaisante, aussi noble, aussi douce, aussi éclairée que vous êtes ignorants, durs, pillards et sanguinaires. Sachez qu'il n'y a rien à gagner pour vous si vous prenez ma lettre en chemin, et que ce n'est pas là un butin qui vous convienne. Vous me feriez une extrême peine, dont il ne vous reviendrait rien du tout. D'ailleurs il ne doit être rien de commun entre Mme la duchesse de Gotha et vous, vilains pandours. Elle est le modèle parfait de la politesse, et vous ne savez pas vivre, elle a beaucoup d'esprit, et vous n'avez jamais rien lu, vous n'avez pas le moindre goût; vous cherchez à rendre ce monde-ci le plus abominable des mondes possibles, et elle voudrait qu'il fût le meilleur. Il le serait sans doute, si elle en était la maîtresse.
Il est vrai qu'elle est un peu embarrassée avec le système de Leibnitz elle ne sait comment faire, avec tant de mal physique et moral, pour vous prouver l'optimisme mais c'est vous qui en êtes cause, maudits housards c'est par vous que le mal est dans le monde; vous êtes les enfants du mauvais principe. Je vous conjure, au nom du bon principe, de ne jamais entrer dans ses États; j'espère encore y aller un jour, et je ne veux point y trouver de vos traces.
Madame, si ces messieurs sont un peu honnêtes, Votre Altesse sérénissime recevra sans doute mes profonds respects et mon très-tendre attachement en 1758. Monseigneur le duc, toute votre auguste famille, daigneront se souvenir de moi. La grande maitresse des cœurs ne m'oubliera pas. N'a-t-elle pas pris soin de quelque pauvre Français blessé à Rosbach ? 1 ne lui a-t-elle pas donné des bouillons ? Je veux finir, madame, par faire réparation à messieurs les housards. Je me flatte qu'ils n'ont point ravagé vos États, que Votre Altesse sérénissime est en paix au milieu de la guerre, et que la sérénité de sa belle âme se répand sur son pays. Je ne suis qu'un pauvre Suisse, mais il n'y a personne, dans les treize cantons, qui désire plus d'être à vos pieds que moi. Qu'on fasse la paix, et je fais un pèlerinage dans votre temple, qui est celui des Grâces.
Je réitère à Votre Altesse sérénissime mon respect et mes vœux.
Le Suisse V. »

 1 Julienne-Françoise de Buchwald, née de Neuenstein, grande gouvernante de la duchesse Louise-Dorothée, naquit le 7 octobre 1707, et mourut le 19 décembre 1789. Charles de Dalberg a fait son éloge dans un petit ouvrage intitulé : Madame de Buchwald. Seconde édition. Erfurt, 1787, vingt-quatre pages in-8. Frédéric II dira d'elle dans une lettre à sa sœur la margrave de Baireuth, le 17 septembre 1757 : « Madame de Buchwald me paraît une femme très-estimable, et qui vous conviendrait beaucoup : de l'esprit, des connaissances, point de prétentions, et un bon caractère. » : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/27_1/346/text/

 

06/03/2013

Il paraît qu'on s'est mis dans un labyrinthe dont aucun fil ne peut nous tirer, et qu'on n'en peut sortir que l'épée à la main

... Et qui pourrait dire le contraire dans les multiples conflits où la France est impliquée ?

Les rets sont serrés , la lumière est au bout

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« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à Lyon

Lausanne, 3 janvier 1758.

Voici ce que le confident de madame la margrave m'écrit 1« On croit, comme vous, qu'il faut faire la paix. Le roi de Prusse le désire, à ce qu'il paraît. Je voulais vous dire les obstacles que j'envisage; mais les ordres de Son Altesse royale m'obligent à renvoyer mes idées à une autre poste. Je ne sais si elle vous écrira par celle-ci mais je peux vous assurer que vous n'êtes oublié ni dans les succès ni dans les triomphes. »

Cette année sera peut-être celle de nos malheurs, comme 1757 a été l'année des vicissitudes. Si la victoire de Lissa est aussi complète que le roi de Prusse le dit; s'il a vingt mille prisonniers comme il s'en vante, malgré l'improbabilité du nombre; s'il est secouru des Anglais, comme il y a grande apparence, voilà en Allemagne une balance établie, et les deux plats de la balance seront chargés de cadavres et vides d'argent. L'Allemagne sera divisée et affaiblie, et, en ce cas, la France sera plus heureuse que si elle avait agrandi la maison d'Autriche par des victoires funestes. Mais aussi, d'un autre côté, s'il arrive de nouvelles infortunes aux armées de France; si les Hanovriens, aidés des Prussiens, font en 1758 ce que les pandours firent en 1742 ,s'ils nous chassent, si nos armées et notre argent sont dissipés, si enfin la Prusse victorieuse se réunit un jour avec l'Autriche contre la France, et si les anciennes haines l'emportent sur les nouveaux traités, la France aurait alors autant à craindre qu'à se repentir, et ce ne serait qu'en ruinant ses finances qu'elle pourrait résister sur mer et sur terre.

Prenons à présent la chose d'une autre face. Il peut se faire que le maréchal de Richelieu batte l'armée de Hanovre, que les Russes et les Suédois fassent la guerre sérieusement, que les Autrichiens, alors plus libres dans leurs opérations, pressent le roi de Prusse malgré toutes ses victoires.

Encore un autre cas plus vraisemblable. Que tous les succès soient balancés, que le roi de Prusse désire sincèrement la paix, comme je le crois, la France ne peut-elle pas alors conclure cette paix avec bienséance ? Mais, dans tous les cas possibles, le roi de Prusse peut-il se détacher des Anglais, qui lui érigent une statue, et qui vont lui donner des subsides? La France peut-elle se détacher de la maison d'Autriche, pour n'avoir plus aucun allié ? Il paraît qu'on s'est mis dans un labyrinthe dont aucun fil ne peut nous tirer, et qu'on n'en peut sortir que l'épée à la main. En effet, que proposer? Et à qui faire des propositions? Sera- ce aux Hanovriens, après la rupture de leur capitulation ? au roi de Prusse, après avoir été si honteusement battus par lui ? aux Autrichiens, après des traités si récents ? Peut-on négocier séparément avec quelque puissance ? Et n'est-on pas réduit à attendre que tous les partis, également affaiblis et déchirés, désirent une paix nécessaire?

La postérité aura peine à croire qu'un marquis de Brandebourg se soit soutenu seul contre la France, l'Autriche, la moitié de l'empire, la Russie, la Suède; mais enfin ce miracle est arrivé, il subsiste, et tout ce que la France peut faire aujourd'hui, c'est de se soutenir contre Hanovre. Cette humiliation est étrange et unique; mais il la faut dévorer.

Je suis très-persuadé que si la personne respectable 2 que vous connaissez, et qui connaît si bien l'Europe, avait été à la tête des affaires, elles ne seraient pas dans ces tristes termes. Plût à Dieu qu'il fit servir son génie et les ressources de sa prudence à finir glorieusement un tel embarras ?

Son Éminence aura incessamment une lettre de la sœur; mais que peut faire le frère? Il désire la paix, oui; mais à condition qu'il gardera toute la Silésie, à condition qu'il restera uni avec Hanovre, dont il est garant. Encore une fois, je ne vois qu'un nuage épais, et je n'espère que dans les lumières de l'homme supérieur qui peut percer ce nuage.
Je vous ai confié mes doutes et mon ignorance; c'est tout ce que j'ai à vous présenter pour vos étrennes.

J'écris mon cher monsieur à M. Cathala pour les cerisiers de la vallée de Montmorency qui doivent être arrivés . Je crois que vos pêchers de chartreux le sont aussi . Que la tribu Tronchin se souvienne un jour de moi en mangeant de gros gobets 3 et de grosses mignonnes 4. Mes compliments à M. de Gauffecourt, mais surtout à M. Camp et à vos neveux .

Mme Denis et moi nous faisons mille vœux pour votre bonheur .

V.

En voici bien d'une autre ! A bon jour, bonne œuvre.
Le jour de l'an, une couturière, lingère, apprentie femme de chambre de ma nièce, déclare qu'elle est grosse d'un laquais, nommé André . La fille est nièce d'un pasteur de Nyon , son père est un chirurgien et un très honnête homme . C’est le second enfant que nous faisons dans la maison . L'année passée un autre laquais augmenta encore la ville de Nyon d'un petit Suisse . Nous peuplons le pays . Nous devrions être en bénédiction . Mais un oncle ministre, et le consistoire, et le scandale, tout cela choque mes mœurs douces . Dîtes-moi franchement pourrait-on recevoir la pauvrette à Lyon? Elle a l'honneur d'être huguenote, et mon laquais celui d'être papiste. Franchement, il faudrait que monsieur le cardinal la convertit; elle est jeune, jolie; ce serait une œuvre pie mais, en attendant, il faut qu'elle accouche. Y a-t-il quelque âme honnête qui pût se charger d'elle et mettre son enfant chez les orphelins de Lyon ? On l'enverrait à cette personne charitable quand son ventre sera un peu rond . Je voudrais en savoir autant que mon faquin de laquais . Cela n'est-il pas abominable que ces drôles-là aient un plaisir que je ne peux avoir ? En un mot si sans vous commettre vous pouvez faire qu'on ait quelque soin de cette malheureuse enfant, Dieu vous bénira et Mme Denis qui est fort embarrassée vous aura grande obligation . »

1 Cette lettre n'est pas connue .

2 Le cardinal de Tencin .

4 Gosses pêches très rouges , à chair blanche : http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%AAche_%28fruit%29

 

04/03/2013

On forme souvent des vœux qui nous seraient préjudiciables s'ils s'accomplissaient; aussi n'en fais-je plus. Si quelque chose au monde peut contenter mes désirs, c'est la paix

... Je comprends , au vu de ces écrits, l'assiduité de Voltaire auprès de cette margravine .

 

Emmaus Voeux Roses_opt.jpg

 

 

« De Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margrave de Baireuth.

Le 2 janvier [1758], car, grâce au ciel, nous avons fini la plus funeste des années.

Vous me dites tant de choses obligeantes sur celle qui court, que c'est un sujet de reconnaissance de plus pour moi. Je vous souhaite tout ce qui peut vous rendre parfaitement heureux. Pour ce qui me regarde, j'abandonne mon sort à la destinée. On forme souvent des vœux qui nous seraient préjudiciables s'ils s'accomplissaient; aussi n'en fais-je plus. Si quelque chose au monde peut contenter mes désirs, c'est la paix. Je pense comme vous sur la guerre; nous avons un tiers qui pense certainement comme nous, mais peut-on toujours, suivre sa façon de penser? Ne faut-il pas se soumettre à bien des préjugés établis depuis que le monde existe? L'homme court après le clinquant de la réputation, chacun la cherche dans son métier et dans ses talents on veut s'immortaliser. Ne faut-il pas chercher cette gloire chimérique dans les idées, vraies ou fausses, que l'esprit de l'homme s'en fait? Démocrite avait bien raison de rire de la folie humaine. Je vois une hypocrite 1, d'un côté, courant les processions et implorant les saints, occupée à brouiller toute l'Europe, et à la priver de ses habitants. Je vois, de l'autre côté, un philosophe 2 faire couler (quoique avec regret) des flots de sang humain. Je vois un peuple avare 3 conjuré à la perte des mortels, pour accumuler ses richesses. Mais baste ! je pourrais trop voir, et cela n'est pas nécessaire. Il faut vous contenter, pour cette fois, de mon verbiage et de mes réflexions, car je n'ai point de nouvelles depuis la dernière lettre que vous avez reçue de moi.
Ce que vous me proposez est un peu scabreux; je m'explique sur ce sujet dans la lettre 4 que je vous adresse. J'en reviens à ma vieille phrase, que l'on est sourd dans votre patrie. Si je pouvais vous parler, vous jugeriez peut-être différemment que vous ne faites. Le roi est dans le cas d'Orphée 5, si sa bonne fortune ne le tire d'affaire. I1 souhaite la paix, mais il y a bien des mais. Si elle ne se fait avant le printemps, toute l'Allemagne sera ruinée et désolée. L'état où elle se trouve déjà est affreux. Quelque conduite sage qu'on tienne, on ne peut se mettre à l'abri des violences et du pillage. Je ne finirais point si je vous faisais un détail des malheurs qui l'accablent. C'est une honte que, dans un siècle policé, on en agisse avec tant de cruauté. Le roi n'en souffre point. Malgré tout ce qu'on en dit, le peuple saxon l'aime, mais la noblesse le hait, parce qu'elle est privée des pensions et des appointements qu'elle retirait. On débite contre lui des calomnies atroces. Peut-on y ajouter foi ? elles viennent de ses ennemis. L'envie a persécuté tous les grands hommes; il faut y joindre l'animosité. Que n'est-on sourd quand elle lance ses traits empoisonnés?. Encore une fois, il faut que je finisse, car je m'aperçois que je bavarde trop. Soyez persuadé de toute mon estime, et que je serai toute ma vie la véritable amie du frère Suisse.

WILHELMINE. »

1 Marie-Thérèse d'Autriche .

2 Frédéric II .

3 Les Anglais .

4 On ne sait quelle est cette lettre, où il s'agissait sans doute de paix. (Clogenson.)

5 Des femmes, par excès d'amour, mirent Orphée en pièces; la Pompadour, Élisabeth et Marie-Thérèse, par un excès contraire, en eussent fait autant de Frédéric, prince très- peu soucieux du sexe féminin, et qui, de plus, composait des vers contre elles. Voyez sa lettre du 18 mai 1759, à Voltaire; il s'y compare aussi à Orphée, en songeant au sort que lui réservaient ses trois illustrissimes ennemies. (Clogenson.)

 

 

nous vous souhaitons bonne année et bonne vinée

... Ah ! l'heureux temps où on se dispensait d'avertissements infantilisants, comme "l'abus d'alcool est dangereux" et "fumer nuit gravement à la santé" . Je vous défie de trouver quelqu'un qui se soit abstenu de se saoûler ou de fumer au seul avertissement d'une étiquette . Tant qu'il y aura des toubibs alcoolos et fumeurs, je pense que ces avis seront aussi vains que ceux des dermato et coiffeurs chauves qui veulent vous vendre des remèdes pour la repousse des tifs . 

 

 

 

« . A M. le conseiller Antoine-Jean-Gabriel LE BAULT

A Lausanne, 3 janvier [1758].
Vos bouteilles, monsieur, sont arrivées; je n'ai d'autre chagrin que de ne les pas boire avec vous. J'en ai deux paniers à Lausanne, et les deux autres sont, je crois, à Genève. M. Cathala ou M. Tronchin vous feront toucher ce que je vous dois, mais ils ne pourront vous témoigner ma reconnaissance.
On dit Breslau repris par le roi de Prusse; il y a trois mois qu'il m'écrivait qu'il voulait mourir, et que je le consolais 1. A présent il renverse tout devant lui. Mais il ne boit pas de si bon vin de Bourgogne que moi. Mme Denis et moi, nous vous souhaitons bonne année et bonne vinée, à vous, monsieur, et à Mme Le Bault.
Recevez la respectueuse reconnaissance du Suisse
VOLTAIRE. »

 

il faut bien aussi que je vous assassine de lettres, mon cher ange

... Fi des tweets et SMS volatiles et niais .

 

 

 

« A M. LE COMTE D'ARGENTAL.

Lausanne, 20 décembre, [1757] au soir.

Quand les Prussiens tuent tant de monde, il faut bien aussi que je vous assassine de lettres, mon cher ange. Il est difficile que vous ayez su plus tôt que nous autres Suisses la nouvelle victoire du roi de Prusse, près de Neumarck en Silésie 1. Ce diable de Salomon est un terrible Philistin. La renommée le dit déjà dans Breslau mais il ne faut pas croire toujours la renommée. Elle parle d'une bataille entre M. de Richelieu et les Hanovriens elle prétend que nous avons été très-malmenés 2, et je n'en veux rien croire, car, si cela était vrai, nous perdrions encore cent mille hommes et deux cents millions, comme dans la guerre de 1741, dont Dieu nous préserve ! Peut-on songer à des Fanime à l'eau rose, quand on joue des tragédies si sanglantes?3 Dites-moi donc, je vous en prie, si vous êtes content, si vous avez eu ce que vous appelez votre audience 4. Écrivez-moi un mot pour consoler le Suisse.

V. »

1 Dans l'espoir de prendre ses quartiers d'hiver en Silésie, le prince Charles et Daun avaient marché vers Leuthen, mais Frédéric II prévoyant manœuvra si bien que le 5 décembre il infligea une sévère défaite aux Autrichiens (19 décembre), leur tuant ou faisant prisonniers 53 000 hommes sur 90 000 alors qu'il n'avait que 40 000 hommes sous ses ordres .

2 C'était une fausse nouvelle. Richelieu obtint même un avantage sur les Hanovriens, dans un combat, le 25 décembre.

3 On sent venir l’atmosphère de Candide .

4 Relativement à la maison incendiée par les Anglais, bien de la famille d'Argental .

 

03/03/2013

Je vous demande en grâce de ne pas retrancher un mot de la fin ; il me semble que ce que j'ai dit doit être dit

... Et les non-dits méritent le même respect .

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

A Lausanne 3 de janvier [1758]

Le peu que je viens de lire du septième tome, mon cher grand homme, confirme bien ce que j'avais dit quand vous commençâtes : que vous vous tailliez des ailes pour voler à la postérité . Comptez que je vous révère, vous et M. Diderot .

Il y a encore quelques gens d'un grand mérite qui ont mis de belles pierres à vos pyramides . Pour moi chétif et mes compagnons nous devons vous demander pardon pour nos petits cailloux ; mais vous les avez exigés . En voici trois pour le commencement de votre huitième volume . Je me suis hâté parce que après Habacuc,1 Habile 2 doit venir . Je vous demande en grâce de ne pas retrancher un mot de la fin ; il me semble que ce que j'ai dit doit être dit .

L’article Hémistiche 3 que vous m'avez confié sera plus long, quoiqu’il semble devoir être plus court . Je voudrais y donner en vers de petits préceptes et de petits exemples de la manière dont on peut varier l'uniformité des hémistiches ; j'aurais peut-être encore quelques nouveautés à dire, mais je ne suis qu'un vieux Suisse . Vous autres Parisiens vous jetterez mes hémistiches au feu s'ils ne vous plaisent pas .

Quand aurai-je le Père de famille ?4 On m'a dit que cela est extrêmement touchant . L'auteur prouve que les géomètres et les mathématiciens ont un cœur .

Pour les prêtres ils n'en ont point . J'ignore si l'hérétique de Prades a conspiré contre le roi de Prusse 5. Je ne le crois pas ; mais les prêtres hérétique de Genève conspirent contre nous ; il n'y a sorte d'atrocité que quelques uns d'eux n’aient faite contre le mot Atroce 6; mais je les attends à l’article Servet 7 . En attendant ils doivent vous écrire . Je vous prie très instamment de leur mander, pour toute réponse, que vous avez reçu leur lettre, que vous leur rendrez service autant que vous le pourrez et que vous me chargez de leur signifier vos intentions et de finir cette affaire . Je vous assure que, mes amis et moi, nous les mènerons bon train , ils boiront le calice jusqu'à la lie . Faites ce que je vous demande et laissez agir nos 8 amis : vous serez content . J'attends à Lausanne Histoire 9 contresignée . Je suis un peu incommodé des mouches dont mon appartement est plein, vis-à-vis des glaces éternelles de Alpes . Il y a toujours dans ce monde quelque mouche qui me pique, mais cela ne m'empêchera pas de vous servir .

On dit Breslau repris par le roi de Prusse,10 cela pourrait bien être car il y a plus d'un mois qu'il ne m'a envoyé de vers . Je le crois très occupé et vous aussi . Ainsi je finis en vous embrassant de tout mon cœur, ainsi fait Mme Denis.

Le Suisse V. »

1Encyclopédie VIII, 5a, article de Mallet : voir : de.revues.org/69?&id=69&file=1 ; et autres articles religieux de l'abbé Mallet dans l' Encyclopédie

2Encyclopédie VIII, 6, anonyme .

3Encyclopédie VIII, 113-114, est bien signé de Voltaire .

4Voir lettre du 29 décembre 1757 à d'Alembert où V* demande déjà cette œuvre de Diderot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/27/i...

5 Frédéric II pensait avoir raison de penser que de Prades qui avait fait sa paix avec l’Église, avait trahi le secret de sa correspondance avec la France ; il le fit enfermer à Magdebourg ; voir lettre de Thieriot à V* du 27 décembre 1757 .

7 Il n'y a pas d'article Servet dans l'Encyclopédie, mais seulement Servettistes Encyclopédie XV, 120a-121a.

8 Ici il faut peut-être lire « vos », sinon V* se trouverait exclu .

9 Voir lettre du 29 décembre 1757 à d'Alembert .

 

J'ai bien peur que les annuités, les loteries, les rentes ne soient pas meilleures que nos troupes

... Politiciennes .

 Dur de trouver quelque chose à se mettre sous la dent au rayon surgelé

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« A Jean-Louis Labat, baron de Grandcour

à Genève

1er janvier [1758]

Mon cher baron, je vous souhaite la bonne année à vous, à toute votre famille et au grand Tronchin .

Rendez-moi je vous prie un petit service . Vous avez auprès de monsieur votre fils un précepteur qui est un jeune homme d'un très grand mérite . Pourrait-il se donner la peine, à votre prière, de faire ce que je demande par le papier ci-joint ?1 Je vous serai très obligé .

Si Luc a gagné deux ou trois batailles pour ses étrennes mandez-le moi .

J'ai bien peur que les annuités, les loteries, les rentes ne soient pas meilleures que nos troupes . Qu'en pensez-vous baron ?

Aimez toujours un peu le Suisse

V. »

1 Ce papier n'est pas connu .