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17/04/2016

depuis ce temps je n'ai pas manqué de les presser de faire tout ce que vous désirez

... Aurait dit Fanfoué Hollande aux syndicalistes en colère (pardonnez moi ce pléonasme) en évoquant ses décisions envers le patronat . Je me trompe peut-être , mais les faits sont là .

 

 

« A Alexis-Jean Le Bret 1

10 mai [1761] aux Délices

Je n'étais point monsieur dans ma petite retraite auprès de Genève quand j'ai reçu votre paquet, je l'envoyai à MM. Cramer et depuis ce temps je n'ai pas manqué de les presser de faire tout ce que vous désirez etc. »

 

je le ferai mettre dans un tonneau avec la moitié d'un manteau sur son vilain petit corps à bonnes fortunes .

... Ce qui évoque pour moi immédiatement Dirty Silly Keutard de triste mémoire, ce "vilain [très vilain] petit corps à bonnes fortunes"

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« A Etienne -Noël Damilaville

9 mai 1761

J'envoie aux philosophes le seul exemplaire que j'aie du procès du théâtre anglais 1, seul procès que nous puissions gagner aujourd'hui contre messieurs d'Albion . Monsieur Damilaville ou monsieur Thiériot doit avoir la lettre de M. le duc de La Vallière et la réponse  ; M.  le duc de La Vallière a lu cette réponse à Mme de Pompadour, et à M. le duc de Choiseul et en ont été très contents, et il mande qu'il faut sur-le-champ l'imprimer .

Il y a bien longtemps qu'on n'a reçu de nouvelles de monsieur Thieriot .

Les Anglais nous font bien du mal au dehors, et la superstition au dedans . Ne mettra-t-on point ordre à tout cela ? Les échos de nos montagnes nous disent que Belle-Isle est pris 2 ; c'est le dernier coup porté à notre commerce maritime : il faut songer à cultiver la terre .

Prault petit-fils est un petit sot . Il a imprimé l’Appel aux nations avec autant de fautes qu'il y a de lignes . Que monsieur Thieriot ne s'expliquait-il ? Je lui aurais envoyé depuis deux ans de quoi faire un honnête pécule en rogatons .

Vous me trouverez un peu de mauvaise humeur ; mais comment voulez-vous que je ne sois pas outré ? Je bâtis un joli théâtre à Ferney , et il se trouve un Jean-Jacques dans un village de France qui se ligue avec deux coquins de prêtres calvinistes pour empêcher un bon acteur de jouer chez moi . Jean-Jacques prétend qu'il ne convient pas à la dignité d'un horloger de Genève de jouer Cinna chez moi avec Mlle Corneille . Le polisson ! Le polisson ! S'il vient au pays, je le ferai mettre dans un tonneau avec la moitié d'un manteau sur son vilain petit corps à bonnes fortunes .

Pardonnez à ma colère , monsieur, vous qui n'aimez point les enthousiastes hypocrites .

V. »

1 L'Appel aux nations .

2 Belle-Ile-en-Mer, au sud de la presqu'ile de Quiberon avait fait l’objet le 8 avril 1761 d'un débarquement anglais . Le fort du Palais fut réduit le 7 juin, et l'île gardée par les Anglais jusqu'à la paix de paris en 1763, par laquelle elle fut échangée contre l'Acadie . Une partie des habitants de l'Acadie furent rapatriés à Belle-Ile et y firent souche . Voir : http://www.belle-ile-histoire.org/hist/diapo1761.pdf

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65036969/f35.image

et : http://retz-info-histoire.over-blog.com/article-6777617.html

et : http://www.infobretagne.com/sauzon.htm

 

16/04/2016

voir un pédant ignorant et malhonnête homme démasqué et trainé dans la fange

... est un voeu que je forme parfois, par exemple en voyant Trump-le-pompeux, mais sans espoir de le voir réalisé, l'argent est de son côté et une foule de ses semblables le porte aux nues .

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« A Etienne -Noël Damilaville

8 mai 1761

Mille compliments aux philosophes . Voici une lettre pour Protagoras 1. On n'a d'autre exemplaire de l’Épître sur l'agriculture que celui qu'on a reçu, à ce qu'on croit, par la voie des philosophes . On le renverra par la première poste purgé des fautes typographiques dont il fourmille .

On enverra aussi l'exemplaire de l'Appel aux nations qui est plein de fautes à chaque page, et il y aura corrections et additions tant qu'on en pourra faire . Il est fort triste qu'on ait imprimé l'épître à la demoiselle Clairon 2; le public se soucie fort peu qu'on dise en vers à une actrice qu'elle joue bien, mais il aime fort à voir un pédant ignorant et malhonnête homme démasqué et trainé dans la fange où sa famille aurait dû croupir, un persécuteur de la philosophie et de la littérature, bourgeois insolent, fier de sa petite charge, un délateur absurde de la raison , traité comme il le mérite . C'est précisément le portrait de ce faquin qu'on a retranché, et le reste ne valait pas la peine d'être dit .

On embrasse les philosophes, et on les prie d'inspirer pour l’infâme toute l'horreur qu'on lui doit . »

2Voir lettre du 6 juillet 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/05/il-faut-qu-ils-sachent-que-je-suis-heureux-et-qu-ils-crevent-5732403.html

V* vise effectivement Omer Joly de Fleury .

 

15/04/2016

ce n'est pas assez de montrer qu'on a plus d'esprit que les autres . Allons donc, rendez quelque service au genre humain . Écrasez l’infâme

... Etait-ce une preuve d'esprit que de suivre la prestation télévisée de notre Fanfoué Hollande hier soir ? En était-ce une encore que de suivre le débat qui lui succèda ? Je pense que le débat valait mieux que les dires présidentiels convenus et prévisibles .

Rendre quelque(s) service(s) ? oups ! Au genre humain , dites-vous  ? dur, dur de trier le bon grain de l'ivraie ! dur, dur de penser aux autres quand on vit pour sa pomme .

Ecraser l'infâme ? reste à oser enfin l'entreprendre .

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« A Jean Le Rond d'Alembert

7 ou 8 mai [1761] 1

Monsieur le Protée, monsieur le multiforme, je crois que votre discours sur l'étude 2 est celui de vos ouvrages qui m'a fait le plus de plaisir, soit parce que c'est le dernier, soit parce que je m'y retrouve . Somme totale vous êtes grand penseur et grand metteur en œuvre . Mais ce n'est pas assez de montrer qu'on a plus d'esprit que les autres . Allons donc, rendez quelque service au genre humain . Écrasez l’infâme, sans pourtant risquer de tomber comme Samson sous les ruines du temple qu'il démolit . Faites sentir à notre siècle toute sa petitesse et tout son ridicule . Renversez ses idoles . Qui sont ces polissons qui ont fait brûler cette consultation de ce polisson qui a répondu à Mlle Clairon par du galimatias ? a-t-on jamais rien vu de plus sot que le livre de cet avocat ? et rien de plus impertinent que l'arrêt qui le condamne ?

La séance contre l'Encyclopédie, et le réquisitoire aussi insolent qu'absurde de maître Aliboron Omer ne sont-ils pas dignes du quatorzième siècle ? Faut-il qu'une troupe de convulsionnaires soit toute puissante ? et ne doit-on pas rougir quand on est homme, de ne pas sonner le tocsin contre ces ennemis de l'humanité ? Ne détruisit-on pas dans Athènes la tyrannie des Trente ? Et n'est-ce pas par le ridicule qu'il faut détruire dans Paris la tyrannie des 180 3? On se plaignait autrefois des jésuites, mais saint Médard 4 devient plus à craindre que saint Ignace . Si on ne peut étrangler le dernier moliniste avec les boyaux du dernier janséniste, rendons au moins ces perturbateurs du repos public si ridicules aux yeux des honnêtes gens, qu'ils n'aient plus pour eux que le faubourg Saint Marceau et les halles . Mon cher philosophe vous vous déclarez l'ennemi des grands et de leurs flatteurs et vous avez raison . Mais ces grands protègent dans l'occasion, ils peuvent faire du bien, ils méprisent l’infâme, ils ne persécuteront jamais les philosophes pour peu que les philosophes daignent s'humaniser avec eux . Mais pour vos pédants de Paris qui ont acheté un office, pour ces insolents bourgeois moitié fanatiques moitié imbéciles ils ne peuvent faire que du mal . Notre foutue académie a donné pour sujet de son prix, les louanges d'un chancelier janséniste 5, persécuteur de toute vérité, mauvais cartésien, ennemi de Neuton, faux savant et faux honnête homme . Passe pour le maréchal de Saxe qui aimait les filles et qui ne persécutait personne . Je suis indigné de tout ce qui m'est revenu de Paris . Je ne connais que vous qui puissiez venger la raison . Dites hardiment et fortement tout ce que vous avez sur le cœur . Frappez et cachez votre main . On vous reconnaitra, je veux bien croire qu'on en ait l'esprit, qu'on ait le nez assez bon, mais on ne pourra vous convaincre, et vous aurez détruit l'empire des cuistres dans la bonne compagnie . En un mot je vous recommande l’infâme . Faites-moi ce plaisir avant que je meure . C'est le point essentiel . L'Oracle des fidèles 6 devrait faire une prodigieuse sensation, mais la nation est trop frivole pour un livre qui demande de l'attention .

À propos je n'ai pas ici mes calculs de la vie humaine mais il est clair que nous autres animaux à deux pieds nous n'avons que 22 ans dans le ventre , l'un portant l'autre . Expliquez-moi comment à 30 ans on doit espérer 60 . J'en ai 67 et je suis bien malingre . Je voudrais vous voir avant de rendre mon corps et mon âme aux quatre éléments .

Dites, je vous prie à Mme du Deffand combien je lui suis attaché, elle pense et parle, et il y en a de par le monde qui ne savent pas même parler .

Oui oui j'ai reçu votre lettre 7 et je m'intéresse fort à votre pouce . »

 

1 Edition de Kehl, incomplète ; éditon Renouard plus fidèle mais il y manque les deux derniers paragraphes écits dasn la marge du bas sur le manuscrit .

3 Le parlement de Paris .

4 Allusion au cimetière Saint Médard, où se déroulaient les scènes des convulsionnaires jansénistes ; on les évoque dans Candide, chap . XXII (version initale ) .

5 Le chancelier d'Aguesseau ; mais ce sujet avait en fait été proposé l'année pécédente et gagné par Antoine-Léonard Thomas pour son Eloge du chancelier d'Aguesseau, 1761 ; voir :http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/antoine-leonard-thomas

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_L%C3%A9onard_Thomas

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Fran%C3%A7ois_d'Aguesseau

et : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00551610/document

6 Sur cet « oracles des fidèles », voir lettre du 8 décembre 1760 à Tieriot : L'Oracle des anciens fidèles, pour servir de suite et d'éclaircissement à la sainte Bible, 1760,condamné au feu par le parlement de Paris le 3 décembre 1760 et brûlé le 6 , serait de Simon Bigex ; V* désigne le véritable auteur dans sa lettre à Damilaville du 12 juillet 1763 ; l'attribution qu'il fait ici de l'ouvrage est- elle une plaisanterie ? Sur Bigex, voir Louis Bouvier :  « Simon Bigex, secrétaire de Voltaire », Revue savoisienne, Annecy, 15 novembre 1863, IV, 85-87 .

 

14/04/2016

Je vois avec des yeux d'envie que les Allemandes valent bien mieux que les Françaises

... Paroles de femme !

Femme(s) du XVIIIè , siècle, et non arrondissement .

A actualiser : est-ce encore vrai ? Je prêcherais plutôt pour l'égalité, ne voyant pas pourquoi les unes l'emporteraient sur les autres .

Quant à ceux qui ont tout de suite pensé qu'il était question de voitures, je vous laisse faire votre choix, sachant que les Allemandes ont une fâcheuse propension à se faire valoir en trichant , mentant sur leurs émanations nocives, et buvant plus que de raison , pire qu'à l'Oktoberfest, -bière ET schnaps : réveils difficiles garantis,- comme quand on passe à la pompe ! 

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Union cordiale ist besser !

 

 

« Marie-Louise Denis et Voltaire

à

Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

Ce 7 mai [1761]

Je n’ai reçu, madame, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire datée du 12è mars que le 30 avril . J'ai déploré mon sort . Ce retardement m'a fait sentir combien j'étais loin de vous .

J'ai eu l'honneur de vous faire une réponse à la lettre dont vous me parlez le 13 janvier . Le 20 mars je vous ai envoyé le mémoire que vous m'aviez chargé de demander au chevalier de Florian 1. J'y ai joint une Épître en vers sur l’agriculture très agréable que mon oncle a daigné m'adresser et dont je suis fort glorieuse .

Voilà un compte exact de ma conduite qui d'ordinaire n'est pas trop bonne . Mais je compte sur vos bontés . Il est vrai madame que mon oncle a fait une très belle action en offrant à Mlle Corneille une main bienfaisante . Son nom seul est intéressant, elle était dans une situation triste . Il est bien étonnant que M. de Fontenelle, son parent , ne lui ai rien laissé . Mon oncle est né plus sensible, il a réparé cette faute . J'en suis d'autant plus contente que cette jeune personne est un très bon sujet, elle est gaie, caressante et très reconnaissante . Si nous trouvons à la marier, mon oncle s'y prêtera de tout son cœur . Si elle aime mieux rester avec nous, elle nous fera une société agréable .

Je ne suis point étonnée, madame, que Tancrède vous plaise . Cette pièce est faite pour les cœurs sensibles, le rôle d'Aménaide est un des plus beaux qui soient au théâtre . Je l'ai joué quelquefois et j'espère le jouer encore . Je sais que vous lisez les vers à merveille et mon oncle est très flatté que vous preniez du plaisir à rendre les siens . Mlle Clairon fait un effet prodigieux dans cette pièce, elle dit toujours que si M. de Voltaire ne veut pas aller l'entendre, elle viendra le trouver et lui jouera toutes ses pièces . Il bâtit actuellement une église à Ferney et finira par un théâtre . Vous voyez madame qu'il remplit tous ses devoirs, c'est à vous à le justifier aux yeux de tous vos rigoristes d'Allemagne . Si vous vous chargiez de sa cause elle serait en de si bonnes mains que je ne désespèrerais pas que vous ne le fissiez canoniser un jour à Vienne, mais il l'est déjà puisqu'une princesse fait pour lui des choses charmantes .

Je vois avec des yeux d'envie que les Allemandes valent bien mieux que les Françaises . On ne peut faire plus agréablement des vers, ni louer plus finement . Mon oncle aura l'honneur de vous écrire incessamment . Vous nous feriez aimer la guerre si nous n’espérions de vos nouvelles que dans ces moments de carnages et d'horreurs . Honorez-nous de vos lettres madame et faisons la paix . Vous savez que vous avez pour ce temps-là des projets à exécuter . Nous souhaitons de nous trouver sur votre passage et de vous renouveler notre attachement le plus inviolable , le plus respectueux et le plus tendre .

Denis .

 

Réponse à l'illustre dame 2

qui me soupçonne d’en avoir trop dit.

Je n'ai pas l'honneur d'être sage,

Mes écrits sont peu compassés.

J'en disais trop dans mon jeune âge,

Mais si je viens vous rendre hommage,

Quoique mes beaux jours soient passés,

Je vous en dirai davantage,

Et je n'en dirai point assez .

Pour vous madame la comtesse, il y a bien longtemps que vous ne m'avez rien dit . Je ne peux vous en faire de reproches puisque vous êtes dans la première des cours et dans la plus aimable . Je conçois bien qu'on ne vous laisse pas le temps d'écrire . Mais vous pensez à trop de choses à la fois pour oublier entièrement le plus respectueux et le plus attaché de vos anciens courtisans, le plus pénétré de votre mérite, et qui certainement ne vous oubliera jamais .

V. »

1 A cette date, Mme Denis écrivait en effet à la comtesse Bentinck : « Pardonnez-moi si j'ai tardé si longtemps . Mais ma lettre a eu de la peine à joindre M. Florian, qui est actuellement chez Mme de Fontaine au château d'Ornoy en Picardie . Il m'envoie ce mémoire madame, il me charge d'avoir l'honneur de vous le faire tenir . Si vous voulez avoir la bonté de lui remettre cet argent, il suffira de faire prendre une lettre de change à Vienne à l'ordre de M. de Florian sur M. Tourton, banquier à Paris . »

2 Dans une lettre du 2 juin 1761, la comtesse Bentinck nomme cette « illustre dame » : c'est la princesse de Trautson ; voir : https://archive.org/stream/charlottesophiec01lebliala/charlottesophiec01lebliala_djvu.txt

 

 

13/04/2016

Je n'étais qu'un Bourguignon de frontières et je suis à présent de la capitale

... Et je le regrette bien .

Voltaire parle ici de la capitale bourguignonne Dijon, ce qui m'aurait suffisamment convenu, plutôt que notre capitale nationale .

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« A Louis Quarré de Quintin

Ferney, 6 mai 1761 1

Vous êtes je crois le premier procureur général qui ait envoyé des douceurs et qui en ait dites à un pauvre homme de lettres comme moi . Je ne me flattais pas, monsieur, que ce serait vous qui me donnassiez des épices .

[Le remercie d'avoir assuré son élection à l'Académie de Dijon . Ira le remercier en personne aussitôt que son église sera achevée .]

Je n'étais qu'un Bourguignon de frontières et je suis à présent de la capitale […] Je bâtis une église et une grange et je vais de l'une à l'autre ; je suis architecte, sacristain, laboureur et jardinier, et de plus, grand barbouilleur de vers et de prose, le tout avec une santé si mauvaise que je ne peux presque être trois heures hors de ma chambre [...] »

1 Le manuscrit olographe, de trois pages, signé, est passé le 21 février 1936 chez Cornuau . Il doit mentionner Ruffey comme destinataire, mais celui-ci n'était pas alors le procureur général de Dijon ; voir aussi lettre du 24 avril 1761 à Ruffey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/03/on-m-a-envoye-des-confitures-5783412.html

 

je n'aime pas ces fureurs étudiées, ces déclamations

... De même que Nuit debout me fait irrésistiblement penser au Nuit grav' des paquets de cigarette : mise en garde bidon, ça pique les yeux  un moment, ça part en fumée, ça pollue, ça ne sert à rien .

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 Ou "comment se faire entendre dans le bordel ambiant !"

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

4 mai [1761]

Les divins anges auront de l'Oreste tant qu'ils voudront . J'ai relu les fureurs, je n'aime pas ces fureurs étudiées, ces déclamations . Je ne les aime pas même dans Andromaque . Je ne sais ce qui m'est arrivé, mais je ne suis content ni de ce que je fais , ni de ce que je lis . Il y a surtout une consultation d'avocat pour Mlle Clairon qui est du style des charniers Saint-Innocent 1. J'ai pardonné à l’archidiacre, j'oublie Fréron, mais Omer me le paiera .

Les jésuites sont bien impudents d'oser dire que frère La Valette ne faisait pas le commerce, et qu'il ne vendait que les denrées du cru . Je connais un homme d'honneur, un brave corsaire qui l'a vu, déguisé en matelot , courir les colonies anglaises et hollandaises, et qui l'a accompagné dans un voyage à Amsterdam .

Je suis encore plus indigné de tout ce que je vois, que de tout ce que je lis . Je regrette fort le chevalier d'Aydie 2 car il était bien fâché contre le genre humain . Je crois que je n'aime que mes anges et Ferney .

M. le duc de Choiseul m'a écrit une fort jolie lettre 3, mais il est si grand seigneur que je n'ose l'aimer .

Le cardinal de Bernis est à Lyon . Je ne l'ai pas prié de venir dans mon joli séjour . Je ne suis pas arrangé encore, et il est cardinal .

Je vous demanderai encore grâce, de lire Le Droit du seigneur ou L’Écueil du sage . Je vous dis qu'il faut que vous ayez des âmes de bronze si vous n'en êtes pas contents . Il est vrai que c'est toute autre chose que ce que vous avez vu – mais songeons à Oreste . J'y travaille dans l'instant . »

 

3 Du 23 avril 1761 : « Je vous demande mille pardons, mon cher solitaire, d'avoir été si longtemps sasn vous écrire ; j'en suis d'autant ^plus fâché que mon silence forcé occasionne nécesssairement la rareté de vos lettres et que je vous assure que, dans la nombre de celles que je suis dans le cas d elire, les vôtres avaient la préférence [...] »