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08/02/2009

Des armes contre les sots...

Point de messe pour moi ni de culte autre que celui que je rends au chocolat du matin. La grand'messe a été dîte, ou plutôt la messe basse tant elle m'a semblée baclée, vendredi 6 février. Point d'ite missa est, point de bénédiction. Bon thé, excellent gateau, café bienvenu, tout cela sur une langue de bois!Satisfaction du devoir accompli mais pour quel avenir ?

"Je suis bien fâché qu’on soit si bête en France" : cette réflexion est toujours d'actualité car j'ai eu la frustration de voir des projets de qualité ramenés à leur ombre et des buts commerciaux irréalistes mis en avant . Quelle inculture ! Je ne peux citer de nom maintenant, mais nom d'une pipe ( ne rêvez pas !! sots que vous êtes !!) en bois, le courriel a du mal trop souvent à transmettre des idées claires , quand ce n'est pas absence de réseau (quelques élus comprendront les lignes précédentes, mes plates excuses pour les non initiés que j'éclairerai un jour ).

Volti* est de bon conseil ce jour (encore).

 

 

 

 

 

 

 

« A François de Chennevières

 

                Vous me demandez, mon ami, des armes contre les sots. Votre sens commun doit vous suffire. Les petits vers que vous m’avez envoyés sur Lisbonne [« Vers sur les ruines de Lisbonne attribués à M. de Voltaire » signalés par Thiriot dès le 19 janvier] sont de quelque bel esprit de café ou d’antichambre. Permettez-moi de vous dire que les laquais des gens d’esprit ne m’attribueraient pas ces pauvretés. Ma nièce est très sensible à votre souvenir, je vous embrasse de tout mon cœur et vous remercie de votre attention. Je suis bien fâché qu’on soit si bête en France, mais du temps de Boileau, on lui attribuait des vers de Cotin.

 

                Je vous dirai pour nouvelle que le roi de Prusse vient de m’envoyer ma tragédie de Mérope mise par lui en opéra en vers français ; il travaillait à la fois cet ouvrage et à son traité.

 

                P.S.- J’apprends dans le moment que vos petits vers sont d’un jeune homme de condition [= noble] [le marquis de Ximenes, signalé par Grimm seulement le 1er février], je les croyais d’un jeune homme en condition [= domestique]. Vale [= portez-vous bien ].

 

                        Voltaire

                        De Montriond, 8 février 1756. »

 

 

Et demain 9 février1759  , roulez carrosse, direction Gex avec Mme Denis pour parapher les actes d'achat de la seigneurie de Ferney pour la coquette somme de 49000 livres pour la seigneurie et 40000 pour les fonds et biens ruraux [multiplier à peu près par 8 en euros pour avoir le prix actuel !].

 

 

 

 

 

 

 

Pour François de Chennevières :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Chennevi%C3%A8res

Pour le marquis Augustin-Louis de Ximenes :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_Louis_de_Xim%C3%A9n%C3%A8s

Pour Cotin :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Cotin

 

07/02/2009

Tout est découvert, et constaté...

Avec Volti, il n'est pas difficile de trouver des lettres réclamant justice, -il a payé le prix de l'opposition-, mais mon petit challenge est d'en trouver qui se rapprochent de l'actualité avec des dates concordantes. M. K. finira-t-il KO ? ou OK ? Les paris sont ouverts . Je parie pour le blanchîment ( je devrais dire blanchissement, on a affaire à du linge sale et pourtant on peut dire qu'il est dans de beaux draps, oh joies de la langue française !) car il me semble avoir une bonne dose d'enzymes actifs sous la main, lui qui est un enzyme glouton.Tant pis dans ce cas, ou peut-être tant mieux dans le cas opposé, pour la morale. "Asinus asinum fricat" = l'âne frotte l'âne, "qui se ressemble s'assemble", donc les membres du gouvernement qui n'ont pas une âme sainte et qui n'ont pas la pureté du cristal, vont immanquablement apporter leur soutien au chouchou . Il est très mal vu de tirer sur les médecins en France. Je vais être, -encore, allez vous dire,- d'une mauvaise foi remarquable et d'un cynisme à toute épreuve ["tueur à sang froid" ma gentille Babeth !! ] : était-ce Dr Kouchner ou Mister K. qui fréquentait l'abbé Pierre en héritant au passage d'une aura de bienfaiteur, bon point pour franchir des portes de pouvoir et d'argent ? "Il est vrai qu’il est prêtre, il est vrai que je l’aime..." : Voltaire était sincère, M. K. aussi ?

 

 

 

 

« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles

 

 clavel de brenles.jpg

         (secreto)

 

         Tout est découvert, et constaté, mon cher ami, aussi bien que le fameux vol de Genève [vol par Félix et Jean-Baptiste Pignatelli d’une grosse somme, ils sont arrêtés à Lyon et ramenés à Genève le 20 janvier 1759 ]. C’est un nommé Lervèche, ci-devant précepteur de M. Constant, qui écrivit le libelle [ Jean-Pierre Le Resche auteur d’une lettre non signée dans le Journal helvétique d’octobre 1758 ];il l’envoya aussi à Allamand pour le corriger, il l’envoya aussi à M. de Chavannes, à Vevey, et M. de Chavannes méprisa cette ordure [François de Chavannes, frère de Mme de Brenles, ministre à Vevey, que V*** avait cru être l’auteur du libelle ]. Mme de Brenles doit embrasser notre ami Polier et ne point juger contre lui . Il est vrai qu’il est prêtre, il est vrai que je l’aime, mais dans l’Europe il y a trois ou quatre prêtres honnêtes gens que j’aime de tout mon cœur .

        

         Ce n’est point lui qui m’a averti de tout ce tissu d’iniquités et de bassesses ; il a tout ignoré, et ses ennemis se sont cachés de lui. Les mêmes personnes très respectables qui m’ont donné avis de toutes ces horreurs m’ont averti aussi qu’on imprimait à Lausanne un livre scandaleux, intitulé La Guerre de M. de Voltaire [ La Guerre littéraire ou choix de quelques pièces de M. de V.*** ], dans lequel on renouvelle l’affaire de Saurin et celle de Servet, et cent autres horreurs . On [ le banneret de Berne : Freudenreich] en a été instruit à Berne et très indigné. On a écrit à M. le bailli de Lausanne ; il lui sera très aisé d’arrêter le cours de ces infamies qui peuvent troubler et déshonorer votre ville . Grasset est violemment soupçonné ; mais il y a  d’autres imprimeurs [ Arnay, ex-associé de Bousquet, libraire, soupçonné par V* et du Pan ]. Une visite chez eux, une défense de continuer, une saisie des exemplaires, ne sont pas chose difficile . Vous pourriez très aisément, mon cher ami, accélérer l’effet de la justice et les bontés de monsieur le bailli, en le pressant d’interposer son autorité, et d’agir vivement dans une affaire où il n’ya pas un instant à perdre ; je vous aurai une obligation qui égalerait la tendre amitié que j’ai pour vous . Je vous demande instamment de m’instruire de tout ce qui se sera passé et de n’en parler à personne .

 

         Je vous donne avis que Mme Denis ne sait rien de tout cela, et que je n’en ai écrit à âme qui vive à Lausanne excepté à M. de Tscharner [ Albrecht von Tscharner bailli de Lausanne ].

 

         Mille tendres respects à madame votre femme . Je vous embrasse tendrement .

 

         Voltaire

         Aux Délices, 7 février 1759. »

 

 

 

 

Pour connaître Jacques Abraham Elie Daniel Clavel de Brenles :

http://www.swisscastles.ch/vaud/chateau/ussieres.html

 

Amis bloggers, mille tendres respects à mesdames vos femmes

Amies bloggueuses, je vous embrasse tendrement.

 

Ayant le malheur d’être devenu un homme public

 

pean kouchner article_photo_.jpg

«  A Nicolas, heureux époux actuel de Carla, palais de l’Elysée à  Paris

 

 

 

J’avais bien raison, Nicolas, quand je te suppliais de vouloir bien arrêter les libelles du sieur Péan ; il s’est joint aux éditions Fayard pour composer ce malheureux libelle diffamatoire qui mérite assurément la punition la plus exemplaire. Ayant le malheur d’être devenu un homme public par mes grandes œuvres et coups médiatiques, je suis obligé de repousser les calomnies publiques .

 

                   Péan dans son libelle diffamatoire, cite un autre libelle , dans lequel Omar Bongo dit que j’ai eu une querelle de comédie  avec lui et que ce despote m’ a refusé son paiement . Je te demande en grâce, Nicolas, de vouloir bien faire signer par tes camarades le certificat ci-joint . Il m’est absolument nécessaire . Tu vois quelle est la rage des journalistes ; et quelle funeste récompense je recueille de tant de travaux . Mon honneur m’est plus cher que mes écrits, et je me flatte que vous ne me refuserez pas un certificat dans lequel je ne demande que la plus exacte vérité .

 

                   Tous ceux qui sont cités dans cet infâme libelle m’en ont donné , c’est la meilleure manière de répondre aux calomnies. Je voudrais bien mériter votre amitié par mes talents, mais je n’en suis digne que par ma reconnaissance . Je te conjure de m’obtenir un certificat qui me fasse honneur, je t’en aurai une obligation infinie .

 

Nous soussignés instruis qu’il court un libelle diffamatoire également horrible et méprisable, intitulé Le Monde selon K. dans lequel on ose avancer que M.  Kouchner a usé de rapines à l’occasion de ses activités de ministre théatral, et dans lequel on fait dire au sieur Omar Bongo que ledit sieur Kouchner a été insulté nous déclarons sur notre honneur tous unanimement, que M. Kouchner  en a toujours agi avec nous généreusement à l’occasion de ses garden parties, et que l’affaire prétendue entre lui et un chef d’état démocrate  est une calomnie qui n’a pas le moindre fondement etc.

 

                   M. Kouchner, irréprochable french doctor honoris causa

                   A Paris, ce 6 février 2009. »

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci-dessous, une "charmante" lettre de notre Caliméro du XVIIIème (siècle bien sûr! ) qui m'a servi pour faire le pastiche qui précède. Ah qu'il est bon pour le moral de fréquenter des personnages célèbres qui ont parfois des points communs qui unissent les siècles .

 

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« A Mademoiselle Jeanne –Françoise Quinault , rue d’Anjou faubourg Saint Antoine à Paris

 

 

                   J’avais bien raison, Mademoiselle, quand je vous suppliais de vouloir bien arrêter les libelles du sieur de Merville [ Guyot de Merville qui « farcit ses préfaces d’injures inutiles » ] ; il s’est joint à l’abbé Desfontaines pour composer ce malheureux libelle diffamatoire [ La Voltairomanie ] qui mérite assurément la punition la plus exemplaire. Ayant le malheur d’être devenu un homme public par mes ouvrages, je suis obligé de repousser les calomnies publiques .

 

                   L’abbé Desfontaines dans son libelle diffamatoire, cite un autre libelle du sieur de Saint Hyacinthe [ L’Apothéose ou la déification d’Aristarchus] , dans lequel ce Saint Hyacinthe dit que j’ai eu une querelle à la Comédie avec un officier nommé Beauregard, et que cet officier m’insulta en présence d’un acteur . Je vous demande en grâce, Mademoiselle, de vouloir bien faire signer par vos camarades le certificat ci-joint . Il m’est absolument nécessaire . Vous voyez quelle est la rage des gens de lettres ; et quelle funeste récompense je recueille de tant de travaux . Mon honneur m’est plus cher que mes écrits, et je me flatte que vous ne me refuserez pas un certificat dans lequel je ne demande que la plus exacte vérité .

 

                   Tous ceux qui sont cités dans cet infâme libelle m’en ont donné , c’est la meilleure manière de répondre aux calomnies. Je voudrais bien mériter votre amitié par mes talents, mais je n’en suis digne que par ma reconnaissance . Je vous conjure de m’obtenir un certificat qui me fasse honneur, je vous en aurai une obligation infinie [ Mlle Quinault ne donnera pas ce certificat et Voltaire lui enverra en remplacement une « lettre ostensible » qui ne la « commet en rien » ].

 

Nous soussignés instruis qu’il court un libelle diffamatoire également horrible et méprisable, intitulé La Voltairomanie dans lequel on ose avancer que M. de Voltaire a usé de rapines à l’occasion de ses pièces de théatre, et dans lequel on fait dire au sieur de Saint Hyacinthe que ledit sieur de Voltaire a été insulté en notre présence par un officier nous déclarons sur notre honneur tous unanimement [la première version disait « et de notre seule volonté » ], que M. de Voltaire en a toujours agi avec nous généreusement à l’occasion de ses pièces, et que l’affaire prétendue entre lui et un officier est une calomnie qui n’a pas le moindre fondement etc.

 

                   Voltaire

                   A Cirey, ce 6 février 1739. »

 

 

 Pour connaître Mlle Quinault  qui, avouez-le messieurs, a de jolis arguments à faire valoir :http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne-Fran%C3%A7oise_Quinault

 

04/02/2009

Ceux qui par passe-temps se sont mis à gouverner l’État depuis quelques années.

Dimanche 1 : rien.

Lundi 2 : don de plasma, 135 donneurs de sang se sont présentés à Gex dont 11 nouveaux ; bonne collecte, bravo et merci à tous .

Mardi 3 : presque rien.

kouchner-depart.jpg

Mercredi 4 : "Vous pouvez vérifier, rien dans les mains !!..." 

Pour moi-même en personne, ici parlant ,travail de déménageur, circulez, il n'y a plus rien à voir ! Place nette sur la planète et "du passé faisons table rase " comme dit mon camarade "camarade" ! Emotion du matin, le french doctor s'est fait des c.... en or dans des pays réputés pour leur démocratie . Bon c'est vrai, comme tout bon routier on ne revient jamais à vide, sacs de riz à l'aller, sacs de pognon au retour .Certains vont sans doute admirer son sens du rapatriement des fonds prêtés à ces pays en voie de développement et dont, bien évidemment, ils n'ont pas l'usage, -sinon ça se saurait ! Ah qu'il est bon d'être riche et célèbre pour un ami de l'abbé Pierre ! Ce dernier est peut être le seul capable de lui accorder l'absolution après l'avoir engueulé bien sûr : "mais c'est pas possibb.' ! ".

Aujourd'hui, petite lettre à un homme qui n'a peut-être pas bonne presse encore aujourd'hui en Corse ;  dîtes-moi ce qu'il en est, SVP !

 

 

« A Daniel-Marc-Antoine Chardon

 

                        Je vous l’avais bien dit, Monsieur, que vous vous couvririez de gloire, et que votre nom serait béni par quatre cent mille personnes. Daignez au milieu des éloges qu’on vous doit, agréer mes remerciements [ dans l'affaire Sirven, il a obtenu le rapport de celle ci devant le Conseil du Roi théoriquement moins défavorable que celui de Toulouse ; Voltaire sera déçu de la suite donnée ].

 

                        J’ai l’honneur, Monsieur, de vous envoyer un petit écrit qui m’est tombé entre les mains [ son conte, l'Homme aux quarante écus ]. C’est une espèce de réponse à ceux qui par passe-temps se sont mis à gouverner l’État depuis quelques années. Je n’ose le présenter à M. le duc de Choiseul. Cela est hérissé de calculs qui réjouiraient peu une tête toute farcie d’escadrons et de bataillons, et des intérêts de tous les princes de l’Europe. Cependant, Monsieur, si vous jugiez qu’il y eût dans cette rhapsodie quelque plaisanterie bonne ou mauvaise qui pût la faire digérer gaiement après ses tristes dîners, je hasarderais de mettre à ses pieds comme aux vôtres, l’Homme aux Quarante Ecus.

                        Quant aux ragoûts un peu plus salés, je ne manquerai pas de vous les faire tenir entre deux plats. Ils sont tous de la nouvelle cuisine, la sauce est courte, et cela ne peut s’envoyer plus aisément qu’un pâté de Périgueux.

 

                        J’ai l’honneur d’être avec beaucoup de respect, et avec autant d’attachement que d’estime, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

                                   

                                   Voltaire

                                   3 février 1768, à Ferney. »

 

 

Encore quelques images ayant trait à l'alimentation : pour un édenté presque complet, frugal mais connaisseur, gourmand avec mesure, ces illustrations ont un goût bien particulier , je pense .

31/01/2009

travailler pour des rois? Rois de quoi ?

Ce dernier jour du premier mois de cette année 2009 de l’ère du fox à poils durs, je vous livre tout brut le credo d’un Volti* surbooké et survolté dans un exercice qu’il déteste, créer un spectacle de commande qu’on nommerait aujourd’hui comédie musicale .

A bientôt cher amis, je cours me défouler sur un trispot ( les archers me comprendront). !

 

 

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

Mon aimable ami, je suis un barbare qui n’écrit point ou qui n’écris qu’en vile prose .Vos vers font mon plaisir et ma confusion. Mais ne plaindrez-vous pas un pauvre diable qui est bouffon du roi à cinquante ans [ il écrit la Princesse de Navarre ], et qui est plus embarrassé avec les musiciens, les décorateurs, les comédiens, les comédiennes, les chanteurs, les danseurs, que ne le seront les huit ou neuf électeurs pour se faire un César allemand [ Charles VII empereur est mort le 20 janvier]? Je cours de Paris à Versailles, je fais des vers en chaise de poste . Il faut louer le roi hautement, Mme la dauphine finement, la famille royale tout doucement, contenter la cour, ne pas déplaire à la ville .

        

Oh qu’il est plus doux mille fois

De consacrer son harmonie

A la tendre amitié dont le saint nœud nous lie !

Qu’il vaut mieux obéir aux lois

De son cœur et de son génie

Que de travailler pour des rois !

 

                   Bonjour mon cher ami, je cours à Paris pour une répétition, je reviens pour une décoration [ La Princesse de Navarre sera représentée le 23 février ]. Je vous attends pour me consoler et pour me juger . Que n’êtes-vous venu pour m’aider ! Adieu, je vous aime autant que j’écris peu .

 

                            Voltaire

                            A Versailles, 31 janvier 1745. »

 

 

 

Moi aussi, j'écris "PEU" !

29/01/2009

Je n’ai point d’admirateurs, je n’en veux point : je veux des amis

Avant de venir au travail, j'ai eu le temps (bref) d'écouter deux dinosaures de la presse : Cavanna et Delfeil de Ton, piliers de Hara Kiri puis de Charlie Hebdo . En hommage à leur humour je n'ai pas résisté à la tentation, et j'ai eu la chance de trouver cette lettre de Volti* datée du jour, il y a 253 ans, où l'on voit qu'il est au sommet de son art de dire du bien en se moquant proprement de l'interlocuteur et ses colègues (pasteurs protestants ). Pour ceux qui ont l'ego exacerbé et un sens de l'humour atrophié, vous pourrez, si vous prenez tout au premier degré, lancer une fatwa et une "terrible" excommunication sur Volti* (ça ne lui fera ni chaud ni froid !) et sur moi qui rit à ces écrits :"cent mille Arabes qui ont été engloutis sous terre : cela peut servir merveilleusement votre éloquence chrétienne, d’autant plus que ces pauvres diables étaient des infidèles"

 

 

harakiri.jpg

 

 

« A Jacob Vernes

 

                            Il est vrai, mon cher Monsieur, que vous m’avez envoyé des vers, mais j’aime bien mieux votre prose. Je n’ai point d’admirateurs, je n’en veux point : je veux des amis, et surtout des amis comme vous.

 

                            On dit que vous avez prononcé un discours admirable sur le malheur de Lisbonne, [? ? :le Discours Philosophique sur ces Paroles de M. Pope : Tout ce qui est, est bien ] et qu’on ne voudrait pas que cette ville eût été sauvée, tant votre discours a paru beau. Vous avez encore Méquinez, et quelque cent mille Arabes qui ont été engloutis sous terre : cela peut servir merveilleusement votre éloquence chrétienne, d’autant plus que ces pauvres diables étaient des infidèles.

 

                            Tous ces désastres ont privé Lausanne de la comédie. On a joué Nanine à Berne ; mais pour expier ce crime affreux, on a indiqué un jour de jeûne. Mme Denis, qui ne jeûne point, a été très fâchée qu’on ne bâtît point un théâtre à Lausanne, mais cela ne l’a point brouillée avec les ministres. Il en vient quelques uns dans mon petit ermitage à Montriond. Ils sont tous fort aimables et très instruits. Il faut avouer qu’il y a plus d’esprit et de connaissance dans cette profession que dans aucune autre. Il est vrai que je n’entends point leurs sermons, mais quand leur conversation ressemble à la vôtre, je vous assure qu’ils me plaisent beaucoup plus.

 

                            Mille compliments à toute votre famille, et à M. et Mme de Labat.[Jean-Louis Labat, baron de Grandcour ]

 

                            Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie.

 

                   Voltaire

                   A Montriond, 29 janvier 1756. »

 

 

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Vernes

 

a lento risu

Non, non  merci, point de grève pour moi ! J'ai déjà donné et ça n'a rien donné . Mon goût pour l'inutile se limite désormais à la balade en montagne et au tir à l'arc, à la contemplation -que vous devinez béate !- des programmes télévisés. La seule grève qui me tente est bien sûr celle qui s'étend le long de flots (bleus) avec du sable (blond, quoique je préfère les brunes qui ne comptent par pour des ...) et un alizé coquin qui joue avec les survivants de mon caillou. plage-moorea.jpgPas en grève, mais en plein délire sous le brouillard ( le stratus comme disent nos météorologues hélvètes ), avec des idées à la limite de la lisibilité .Comme dit Volti*, je suis dans de beaux draps !!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean-Louis-Vincent Capperonnier de Gauffecourt

 

 

                    J’ai payé, mon cher philosophe, a lento risu [avec un tranquille sourire ; -Horace] l’argent que vous m’avez ordonné de payer pour vos beaux grands draps sans couture. Je n’ai pu avoir votre reçu parce que M. Grand [ Isaac Jean Georges Grand, banquier de Lausanne ] est toujours à la chasse, et tire plus de lièvres que de lettres de change. Mais vous êtes couché sur son grand livre, et j’espère que j’aurai un reçu dans quelques mois. Vous aurez avant ce temps là le catéchisme de la ste religion naturelle [Poême sur la religion naturelle ou sur la loi naturelle : une version 1751-1752 en Prusse et à Bareuth, l’autre en avril-mai 1753 à Gotha ].

 

                    Je vous supplie d’adresser l’incluse à Mme de L’Épinay, chez qui Liébault a récité le  catéchisme [ Nicolas Liébault a lu la première version dédiée à Frederic II, obtenue par le secrétaire de la margravine, le marquis d’Adhémar ]. Obtenez de Mme de L’Épinay qu’elle mette son honneur à faire rendre cette lettre. Je prierai Dieu pour le salut de votre âme.

 

                    Mme Denis vous baise des deux côtés. Ne nous oubliez pas auprès de vos amis ; et n’oubliez pas Marc. Je vous embrasse philosophiquement.

 

                    Voltaire

                    Montriond, le 29 janvier 1756. »

 

Voir : pour Jean Louis Vincent Capperonnier de Gauffecourt

 

http://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&...