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25/04/2025

Autrefois on trouvait à Lyon des livres curieux 

... On peut encore en trouver : https://lyonsecret.com/meilleures-librairies-lyon/

 

 

« A Joseph Vasselier

20è octobre 1769

Vraiment je remercie bien fort mon correspondant de m'avoir envoyé le livre du jésuite sicilien 1. Cela est digne de Sanchez et d'Escobar 2. S'il vous tombe sous la main pareils ouvrages, je me recommande à vos bontés . Autrefois on trouvait à Lyon des livres curieux ; mais actuellement il n'y a plus de librairie . Vous avez un grand théâtre, je le voudrais plus petit avec de bons acteurs .

Serez-vous assez bon, monsieur, pour vouloir bien qu’on fasse parvenir par les voitures publiques ce paquet pour Limoges ? »

2 Les deux casuistes espagnols rendus célèbres par Les Provinciales *: https://materialisme-dialectique.com/blaise-pascal-les-provinciales-septieme-lettre-1656/

et voir lettre du 30 septembre 1767 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/07/m-6441944.html

je suis fâché qu'on se soit adressé à M. l'archevêque de Lyon

... Mgr Olivier de Germay, en fait, non, je ne suis pas fâché qu'on vous demande quelques mots sur le défunt pape François ; est-il mort en odeur de sainteté ? Va savoir : https://lyon.catholique.fr/actualites/2025/04/21/communiq...

 

 

« A Joseph Vasselier

Il n'est pas juste, monsieur, qu'on ne vous rende pas de que vous avez donné à M. Tabareau . Je vous suis très obligé pour Les Guèbres ; mais je suis fâché qu'on se soit adressé à M. l'archevêque de Lyon. Il valait mieux je crois ne rien tenter du tout que de hasarder une pareille tentative . Le mal d’ailleurs est très médiocre . Réjouissez-vous avec moi que les Turcs ennemis des Guèbres et des chrétiens aient été bien battus .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

18è octobre 1769. »

les affaires des particuliers ne doivent point être prostituées ainsi en public ; cet honneur n’appartient qu’aux souverains

... Ils sont quasiment payés pour ça et rien d'autre .

 

« À Jean-François Coste 1

À Ferney, 17 octobre 1769.

Je suis très fâché sans doute, monsieur, d’avoir été tympanisé dans la Gazette de Berne 2 d’une manière si indécente : les affaires des particuliers ne doivent point être prostituées ainsi en public ; cet honneur n’appartient qu’aux souverains. Je ne me souviens plus des mots qui étaient dans le mémoire 3 dont vous vous chargeâtes pour M. le duc de Choiseul, mais je sais très bien que le gazetier suisse n’en devait avoir aucune connaissance. Je vois que vous pensez comme moi ; mais après tout, ce n’est qu’une bagatelle qui n’est bonne qu’à être oubliée.

J’ ai l’honneur d’être, monsieur, bien véritablement votre très humble et très obéissant serviteur. »

24/04/2025

vingt-huit mille six cents livres en or, pour être employés à la destination dont nous sommes convenus

... Ceci est une bagatelle pour Jul qui pond des disques plus vite qu'une fourmi ne donne de nouvelles ouvrières, et qui engrange une fortune à chaque concert : https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/musique/concert...

Hélas on a fauché la bague à Jul : https://www.youtube.com/watch?v=mALpWwwiJvY&ab_channel=Patachou-Topic

Pour tout vous dire je déteste les utilisateurs de l'autotune, et Jul en fait partie .

 

 

 

« A Gaspard-Henri Schérer Banquier

à Lyon

J'ai fait mettre hier, monsieur, au carrosse de Versoix à Lyon un group de vingt-huit mille six cents livres en or, pour être employés à la destination dont nous sommes convenus . J'ai l'honneur de vous en donner avis, et de vous assurer de l'attachement sincère avec lequel je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Mardi au soir 17è octobre 1769 à Ferney. 1»

1 Original signé . Le manuscrit est endossé : « Reçue 19 octobre » et en dessous du texte, il a été porté un décompte : 898 louis à 24 livres, soit 21552 livres ; 1 group contenant 7000, soit 28552 livres » . Port payé : 41 livres 11 sols. [Reste ] 28510 livres 5 sols ( à porter au crédit de Voltaire. »

On m’a dit qu’il y avait des Français dans l’armée turque : je ne veux pas le croire

... Y a-t-il des Turcs dans l'armée française ? A part dans la Légion étrangère, je ne crois pas . Toujours est-il que le Chat-j'ai-pété ne m'a pas répondu à ce sujet : secret défense ? L'Ia n'est pas d'une franchise extraordinaire .

 

 

« À Catherine II, impératrice de Russie.

17 octobre 1769

Madame,

Le très vieux et très indigne chevalier de Votre Majesté impériale était accablé de mille faux bruits qui couraient et qui l’affligeaient. Voilà tout à coup la nouvelle consolante qui se répand de tous côtés que votre armée a battu complètement les esclaves de Moustapha vers le Dniester. Je renais, je rajeunis, ma législatrice est victorieuse ; celle qui établit la tolérance, et qui fait fleurir les arts, a puni les ennemis des arts : elle est victorieuse, elle jouit de toute sa gloire. Ah ! madame, cette victoire était nécessaire : les hommes ne jugent que par le succès. L’envie est confondue. On n’a rien à répondre à une bataille gagnée : des lauriers sur une tête pleine d’esprit, et d’une force de raison supérieure, font le plus bel effet du monde.

On m’a dit qu’il y avait des Français dans l’armée turque : je ne veux pas le croire. Je ne veux pas avoir à me plaindre de mes compatriotes ; cependant j’ai connu un colonel 1 qui a servi en Corse, et qui avait la rage d’aller voir des queues de cheval ; je lui en fis honte, je lui représentai combien sa rage était peu chrétienne ; je lui mis devant les yeux la supériorité du Nouveau Testament sur l’Alcoran mais surtout je lui dis que c’était un crime de lèse-galanterie française de combattre pour de vilaines gens qui enferment les femmes, contre l’héroïne de nos jours. Je n’ai plus entendu parler de lui depuis ce temps-là. S’il est votre prisonnier, je supplie Votre Majesté impériale de lui ordonner de venir faire amende honorable dans mon petit château, d’assister à mon Te Deum, ou plutôt à mon Te Deam, et de déclarer à haute voix que les Moustapha ne sont pas dignes de vous déchausser.

Aurai-je encore assez de voix pour chanter vos victoires ? J’ai l’honneur d’être de votre académie 2 ; je dois un tribut. M. le comte Orlof n’est-il pas notre président ? Je lui enverrais quelque ennuyeuse ode pindarique, si je ne le soupçonnais de ne pas trop aimer les vers français.

Allons donc, héritier des Césars, chef du saint empire romain, avocat de l’Église latine, allons donc. Voilà une belle occasion. Poussez en Bosnie, en Servie, en Bulgarie ; allons, Vénitiens, équipez vos vaisseaux, secondez l’héroïne de l’Europe.

Et votre flotte, madame, votre flotte !… Que Borée la conduise, et qu’ensuite un vent d’occident la fasse entrer dans le canal de Conslantinople !

Léandre et Héro, qui êtes toujours aux Dardanelles, bénissez la flotte de Pétersbourg. Envie, taisez-vous ! peuples, admirez ! C’est ainsi que parle le malade de Ferney ; mais ce n’est pas un transport au cerveau, c’est le transport du cœur.

Que Votre Majesté impériale daigne agréer le profond respect et la joie de votre très humble et très dévot ermite. »

1 Ce colonel n’exécuta pas son projet ; voir lettre de Catherine II : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7707

2 Voltaire était de l’Académie de Saint-Pétersbourg depuis 1746 ; voyez sa lettre à Muller, page 456 et suiv. : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome36.djvu/459

l'exhorter à oublier cette affaire et à travailler à des choses utiles

... C'est ce que l'on doit recommander à E. Macron qui n'ose pas sanctionner N. Sarkozy ; est-ce en vue de son propre avenir d'ex-président qu'il recommande le respect pour cet état ? Que nous cache-t-il ? https://www.leparisien.fr/politique/emmanuel-macron-assure-quil-ne-retirera-pas-la-legion-dhonneur-a-nicolas-sarkozy-24-04-2025-VVM5HLLBLZFPLLFDTHGBN6WZSI.php

 

 

« A Gabriel Cramer

Le sieur Bigex est revenu, il a imprimé sa malheureuse lettre à père Adam, cela fait une tracasserie publique et très désagréable qui rompt le cours de toutes nos études . Si monsieur Cramer voulait bien venir lui parler, et, l'exhorter à oublier cette affaire et à travailler à des choses utiles, c'est une de meilleures actions que puisse faire monsieur Cramer .

Dimanche au matin [15 octobre 1769]. 1»

1 Original . La date est exactement fixée par une lettre de Hennin à Jean-Louis Grenus , du 14 octobre annonçant que Bigex vient d'imprimer contre Adam une Nouvelle Provinciale « Lettre de M. Bigex à M. Adam du 26 septembre 1769 » composée « parce que ces deux personnes qui mangent le même sel ont depuis quelque temps des sujets de se plaindre l'une de l'autre » et demandant à Grenus « d'interposer son autorité pour parer à cette tracasserie. »

Voir : https://vge.swisscovery.slsp.ch/discovery/fulldisplay?vid=41SLSP_VGE:VU1&search_scope=MyInst_and_CI&tab=41SLSP_VGE_MyInst_and_CI&docid=alma991006459689705524&lang=fr&context=L&adaptor=Local%20Search%20Engine&query=sub,exact,Remond%20de%20Saint-Mard,%20Toussaint%201682-1757,AND&mode=advanced&offset=0

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Simon_Bigex

23/04/2025

Nous allons tomber en tout dans l’outré et dans le gigantesque ; adieu les beaux vers, adieu les sentiments du cœur, adieu tout. La musique ne sera bientôt plus qu’un charivari...On a voulu tout perfectionner, et tout a dégénéré

... Bonne prédiction : le rap sévit , encore, pour combien de temps, hélas .

 

 

« A Charles -Augustin Ferriol, comte d'Argental

13 octobre 1769

Mon cher ange, j’aurais dû plus tôt vous faire mon compliment de condoléance sur votre triste voyage d’Orangis ; je vous aurais demandé ce que c’est qu’Orangis 1, à qui appartient Orangis, s’il y a un beau théâtre à Orangis ; mais j’ai été dans un plus triste état que vous. Figurez-vous qu’au 1er d’octobre il est tombé de la neige dans mon pays : j’ai passé tout d’un coup de Naples à la Sibérie ; cela n’a pas raccommodé ma vieille et languissante machine. On me dira que je dois être accoutumé, depuis quinze ans, à ces alternatives ; mais c’est précisément parce que je les éprouve depuis quinze ans que je ne les peux plus supporter. On me dira encore : George Dandin, vous l’avez voulu 2; George répondra comme les autres hommes : J’ai été séduit, je me suis trompé, la plus belle vue du monde m’a tourné la tête ; je souffre, je me repens ; voilà comme le genre humain est fait.

Si les hommes étaient sages, ils se mettraient toujours au soleil et fuiraient le vent du nord comme leur ennemi capital. Voyez les chiens, ils se mettent toujours au coin du feu ; et quand il y a un rayon de soleil, ils y courent. Lamotte, qui demeurait sur votre quai, se faisait porter en chaise, depuis dix heures jusqu’à midi, sur le pavé qui borde la galerie du Louvre, et là il était doucement cuit à un feu de réverbère.

J’ai peur que les maladies de Mme d’Argental ne viennent en partie de votre exposition au nord. N’avez-vous jamais remarqué que tous ceux qui habitent sur le quai des Orfèvres ont la face rubiconde et un embonpoint de chanoine, et que ceux qui demeurent à quatre toises derrière eux, sur le quai des Morfondus, ont presque tous des visages d’excommuniés ?

C’est assez parler du vent du nord, que je déteste, et qui me tue.

Vous avez sans doute vu Hamlet 3 : les ombres vont devenir à la mode : j’ai ouvert modestement la carrière, on va y courir à bride abattue ; domandaro acqua, non tempestà 4. J’ai voulu animer un peu le théâtre en y mettant plus d’action, et tout actuellement est action et pantomime ; il n’y a rien de si sacré dont on n’abuse. Nous allons tomber en tout dans l’outré et dans le gigantesque ; adieu les beaux vers, adieu les sentiments du cœur, adieu tout. La musique ne sera bientôt plus qu’un charivari italien, et les pièces de théâtre ne seront plus que des tours de passe-passe. On a voulu tout perfectionner, et tout a dégénéré : je dégénère aussi tout comme un autre. J’ai pourtant envoyé à mon ami La Borde le petit changement que je vous avais envoyé pour Pandore, un peu enjolivé. Je vous avoue que j’aime beaucoup cette Pandore, parce que Jupiter est absolument dans son tort ; et je trouve extrêmement plaisant d’avoir mis la philosophie à l’Opéra. Si on joue Pandore, je serais homme à me faire porter en litière à ce spectacle ; mais,

Sic vos non vobis mellificatis, apes.5

J’ai donné quelquefois à Paris des plaisirs dont je n’ai point tâté. J’ai travaillé de toute façon pour les autres, et non pas pour moi ; en vérité, rien n’est plus noble.

Je vous ai envoyé, je crois, deux placets pour M. le duc de Praslin ; ce n’est point encore pour moi, je ne suis point marin, dont bien me fâche ; je me meurs sur un vaisseau : sans cela, est-ce que je n’aurais pas été à la Chine, il y a plus de trente ans, pour oublier toutes les persécutions que j’essuyais à Paris, et que j’ai toujours sur le cœur ?

Mille tendres respects à Mme d’Argental.

À propos, si tout est chez moi en décadence, mon tendre attachement pour vous ne l’est pas. »

4  C’est l’exclamation d’un paysan italien qui demandait au ciel de la pluie, et non de l’orage.

Voir lettre du 6 mai 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/06/cette-bonne-compagnie-de-paris-est-fort-agreable-mais-elle-n-6478945.html

5 Virgile : Ainsi vous travaillez et ce n’est pas pour vous : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14022