25/07/2024
votre dernier billet tenant lieu de tout
... je me permets, monsieur le Président, de vous rappeler que vous n'avez pas d'autre choix que moi-même pour première ministre, car je suis, sans conteste, l'élue de la plus forte représentation politique ; hâtez-vous ; sans trêve, olympique ou pas, je ne vous lâcherai pas un instant " : signé Lucie Castets .
Pour info sur cette mordante femme, propulsée par le NFP : https://www.francetvinfo.fr/politique/nouveau-front-popul...
https://www.blagues-et-dessins.com/tag/blague-lucie-castets/
« A Gaspard-Henri Schérer
Au château de Ferney 12 janvier 1769
J'ai l'honneur, monsieur, de vous envoyer les deux billets que vous demandez, votre dernier billet tenant lieu de tout, et je n'ai pour le présent qu'à vous remercier de vos bontés et de votre exactitude.
J'ai l'honneur d'être,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
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24/07/2024
Nec tibi regnandi veniat tam dira cupide / Qu'il ne te prenne pas une si cruelle envie de régner
... Souhait à chacun des prétendants à la place de premier ministre .
En première ligne, actuellement, comme aux USA, une femme, Lucie Castets : https://www.lavoixdunord.fr/1486384/article/2024-07-24/premiere-ministre-le-moment-est-grave-lucie-castets-demande-macron-de-prendre
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
Au château de Ferney ce 12 janvier 1769 1
Mon cher conseiller, vous voilà entre un oncle et une tante qui vous ont également de l'obligation . Je savais bien que le maréchal était un peu sourd ; mais vous m'apprenez qu'il a perdu la mémoire . Je me flatte que Mme Denis la lui rafraîchira, et qu'il ne fera pas longtemps la sourde oreille avec elle .
À l'égard de M. de Lézeau, comme il n'est que marquis, il ne peut honnêtement usurper les droits d'un maréchal de France, et son paiement est sûr, grâce aux soins du procureur boiteux 2 qui n'est pas manchot .
Les affaires des grands se traitent aussi mal que celles des rois . C'est une chose pitoyable que cette longue discussion de la succession de la duchesse de Guise . MM. Magon 3 et de Laborde font une affaire nette de cinq à six millions en une matinée, et trois ou quatre pauvres diables de grands seigneurs en savent pas s'arranger depuis dix ans pour cinquante à soixante mille livres tournois de rente . Je ne crois pas que les créanciers en doivent souffrir, et je pense que si le procureur boiteux présentait requête pour être payé, il faudrait bien qu'il le fût . C'est la terre de Recourt qui doit, sans examiner à qui cette terre appartient, c'est sur elle qu'on pourrait saisir, sauf aux prétendants à s'arranger entre eux . Du moins cela me paraît juste ; mais la justice chicaneuse pense peut être autrement . Si cette voie était courte et facile, je prierais le boiteux de s'en charger ; mais un autre boiteux nommé le temps pourrait bien rendre la besogne longue . Ce vieillard-là n'est pas si prompt que moi, je le connais bien, il y a soixante et quinze ans que je vis avec lui . Au reste, Mme Denis a reçu depuis le 1er mars dernier vingt mille livres . Je suis un mauvais fermier mais un bon payeur . Je puis vous assurer que la terre de Ferney, ne m'a valu que beaucoup de peine dans une année qui était pourtant fort bonne . Cette terre est très belle à cela près qu'elle ne rapporte rien. Maman aurait très bien fait de la vendre, elle aurait eu de l'argent comptant et je me serais retiré à Tournay, Harpagon De Brosses s’étant mis enfin à la raison .
Je n'entends rien à vos édits de finance . L'objet me paraît également mince et prématuré . Les Anglais me paraissent meilleurs calculateurs que vous autres . Leur Compagnie des Indes a trouvé le secret de se faire un revenu de trois millions de livres sterling indépendamment de son commerce . Vous avez coupé la tête du brutal Lally ; mais vous n'avez pas trouvé d'or dedans . Vous n'en trouverez pas davantage en Corse . Cette île sera comme Ferney qui coûte beaucoup et rapporte peu . Un officier général mandait de ce pays-là qu'il fallait, pour soumettre la Corse, vingt millions, vingt mille hommes et vingt bourreaux.
Nec tibi regnandi veniat tam dira cupide 4.
Il me paraît pourtant bien nécessaire que M. le duc de Choiseul, à qui je suis véritablement dévoué, réussisse dans son entreprise .
Adieu, mon très cher et très aimable conseiller, embrassez pour moi toute la famille .
On vous dépêche par la diligence de Lyon le seul Siècle qui reste . Dieu sait quand il vous parviendra .
V. »
1 Original, de la main de Bigex sauf les deux derniers paragraphes à partir de « Adieu [...] » de celle de Wagnière.
2 D'Hornoy lui-même .
3 Jean-Baptiste Magon de La Balue, banquier et fermier égénéral, comme Laborde . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Magon_de_La_Balue
4 Virgile, Georgiques, I, 37 : Qu'il ne te prenne pas une si cruelle envie de régner .
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23/07/2024
madame, on dit toute sorte de bien de vous dans notre boutique
... Petit message d'Emmanuel Macron , du fin fond de l'Elysée, à Kamala Harris , regrettant certainement, in petto, de n'avoir pas le choix d'une telle femme pour le nouveau gouvernement .
https://www.sacbee.com/news/politics-government/election/presidential-election/article290222034.html
« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
A Lyon 12 janvier 1769 1
Madame,
Je vous fais ces lignes pour vous dire qu'en conséquence à vos ordres précis à moi intimés par madame votre petite-fille 2, j'ai l'honneur de vous dépêcher deux petits volumes traduits de l'anglais 3, du contenu desquels je ne réponds pas plus que les États de Hollande quand ils donnent un privilège pour imprimer la Bible . C'est toujours sans garantir ce qu'elle contient .
Ayez la bonté , madame, de noter que ne sachant pas si messieurs des postes sont assez polis pour vous donner vos ports francs, j'adresse le paquet sous l'enveloppe de monseigneur votre mari, pour la prospérité duquel nous faisons mille vœux dans notre rue . Nous en faisons autant pour vous , madame ; car tous ceux qui viennent acheter des livres chez nous, disent que vous êtes une brave dame qui vous connaissez mieux qu'eux en bons livres, qui avez considérablement de l'esprit et qui ne courez jamais après. Vous avez le renom d'être fort bienfaisante, vous ne condamnez pas même les vieux barbouilleurs de papier à mourir parce qu'ils n'en peuvent plus, et cela est d'une bien belle âme .
Enfin, madame, on dit toute sorte de bien de vous dans notre boutique ; mais j'ai peur que cela ne vous fâche parce qu'on ajoute que vous n'aimez point cela . Je vous demande donc pardon, madame, et suis avec un grand respect,
madame
votre très humble et très obéissant serviteur
Guillemet
typographe en la ville de Lyon. »
1 Original ; édition Kehl . Le manuscrit semble être de la main déguisée de Bigex.
2 Mme Du Deffand a en effet demandé L'A.B.C. ; voir lettre du 6 janvier 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/18/m-6507463si-elle-repond-qu-il-n-y-a-nul-danger.html
3 Sans doute deux exemplaires de L'A.B.C. car Mme Du Deffand en demandait un pour elle et un pour la duchesse de Choiseul.
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chez moi, vous trouverez cinq cents louis d'or
... Parole et promesse de don d'un démocrate pour Kamala Harris, tout moyen doit être employé pour battre Trump : https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/retr...
« A Jacob Bouthillier de Beaumont 1
à Genève
Si vous pouvez, mon cher monsieur, vous donner la peine de passer chez moi, vous trouverez cinq cents louis d'or, et M. Bontems 2 me paiera ce qu'il me doit à la fin du mois . Ainsi vous serez servi suivant vos désirs .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
Mercredi au soir [Ferney 11 janvier 1769].
2 Le banquier genevois François-Louis Bontems
08:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/07/2024
j’ai fait de plus grandes pertes, et je me suis consolé
... confie Joe Biden à Kamala Harris en lui passant le témoin, un peu tard il est vrai, mais c'est quand même preuve qu'il est lucide, contrairement à Donald-the-cheater .
Le Donald ne fera pas le poids face à cette femme
« A Jean-Louis Sales 1
Monsieur,
Je serai très aise de vous avoir pour voisin. Je suis peu flatté, à mon âge, d’être seigneur de Tournay ad vitam. Les petits arrangements qu’on pourrait prendre avec vous et avec M. le président de Brosses ne seront pas bien difficiles. Je ne demandais à M. le président de Brosses qu’une sûreté, qu’il n’inquiéterait point après ma mort mon fermier, à qui les bestiaux et les ustensiles appartiennent.
J’ai fait beaucoup trop de dépenses à cette maison, que je n’ai jamais habitée. Je l’ai achetée fort cher, et je n’en ai presque rien retiré ; mais j’ai fait de plus grandes pertes, et je me suis consolé. Je suis persuadé que si vous achetez cette terre, vous ne refuserez pas le petit dédommagement qui m’est dû, et que vous proposez vous-même. Je pense que vous êtes en effet le seul Genevois à qui cette terre convienne, et je doute qu’aucun autre voulût l’acquérir. Vous y avez des domaines en franc-aleu 2, et vous seul êtes assez riche pour acheter une terre qui ne vous rapportera rien tant que je vivrai. Or je vous avertis, monsieur, que je compte vivre jusqu’à quatre-vingt-deux ans au moins, attendu que mon grand-père, qui était aussi sec que moi, et qui ne faisait ni vers ni prose, en a vécu quatre-vingt-trois.
Ayez la bonté de prendre vos mesures là-dessus. Soyez sûr que je vous donnerai toutes les facilités possibles pour cette acquisition. Je suis à vos ordres, et j’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois,
monsieur,
votre très humble, et très obéissant serviteur
Voltaire.
11è janvier 1769 à Ferney.3 »
1 De Prégny , voisin de V* . Voir page 125 https://www.google.nl/books/edition/Horace_B%C3%A9n%C3%A9dict_de_Saussure/Vq1rWX5pmokC?hl=fr&gbpv=1&dq=jean+louis+sales+pr%C3%A9gny+voltaire&pg=PA125&printsec=frontcover
où les « demoiselles Sales ont beaucoup de talent ».
3 On trouve ici dans Beuchot, à la date du 12 janvier, une lettre que nous plaçons à l’année 1770.( Note de Louis Moland, éd. Garnier )
09:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/07/2024
J'attends de vous mes étrennes
... Votre amitié en tint lieu chère Mamz'elle Wagnière - LoveVoltaire, vous qui avez quitté ce monde il y a ce jour deux ans . Triste anniversaire . Je renouvelle ici mes remerciements à vos enfants qui permettent l'édition et la consultation de son blog voltairien http://www.monsieurdevoltaire.com/, oeuvre d'une passionnée comme il y en a peu , et qui me stimule pour la mise en ligne de mon "blogounet" comme je le lui avais promis .
Votre oeuvre préférée , à juste titre, et que vous m'avez appris à aimer autant
« A Charles-Henri-Chrétien Rosé 1
11è janvier 1769 à Ferney
J'attends de vous mes étrennes, monsieur. J'avais pris l’exploitation de vos mines à la lettre, sachant que Mgr le duc de Virtemberg avait eu autrefois des mines en Alsace et croyant qu'il en avait encore .
Si vous voulez m'envoyer un petit rouleau par le coche de Bâle, Berne à Genève, je vous serai très obligé .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1Original signé ; édition Mossmann . Le manuscrit est endossé « Reçue le 21è ». Voir : https://searchworks.stanford.edu/view/9713138
19:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il n’a jamais daigné mettre la générosité au nombre de ses vertus
... Donald Trump , son don pour le mensonge et l'auto-satisfaction d'élu du dieu US, le dispense de toute qualité commune, y compris la générosité si tant est qu'il ait jamais eu une quelconque vertu . Il incarne atrocement le dicton : "Générosité bien ordonnée commence par soi-même !"
C'est fait !
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
11 janvier 1769 à Ferney
Monsieur,
À la réception de votre lettre, j’envoie une lettre de change à M. François Tronchin 1. J’étais si malade que je ne pus pas même lui écrire. Il faut que je sois désespéré, puisque votre bon vin ne m’a pas encore guéri. Cependant je compte sur vous jusqu’à la fin de ma vie. Je ne veux boire que par vos bienfaits. Je ne puis plus souffrir d’autre vin que le vôtre. Apparemment que tant vaut l’homme, tant vaut son vin. M. De Brosses a fait enfin à peu près ce que je désirais. Ce n’a pas été sans peine. Il n’a jamais daigné mettre la générosité au nombre de ses vertus.
Mille respects à madame Le Bault ; j’ai l’honneur d’être avec les mêmes sentiments,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
1 Lapsus de V* ou de l'éditeur car il s'agit de Robert Tronchin banquier à Lyon .
18:02 | Lien permanent | Commentaires (0)