29/08/2025
Je doute beaucoup de toutes ces séductions. Vous savez avoir raison et plaire
... Heu ! non ! sinon M. Bayrou, premier ministre encore en place de justesse, vous n'auriez pas besoin de brandir l'article 49-1 de la Constitution : https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/vote-...
Voltaire vous aurait-il approuvé, lui qui écrivait en 1733 : "... flatté qu’en adoucissant certains traits, je pourrais obtenir une permission tacite ; et je ne sais si je prendrai le parti de gâter mon ouvrage pour avoir une approbation."
Rendez-vous le 8 , en comptant sur les abstentions .
« A Pierre-Michel Hennin
16è mars 1770
Vraiment, monsieur, je ne me plains point de Bougroz 1; mais je plains beaucoup ceux qu’il a volés. Sa femme et lui sont fort adroits. Ils enlevèrent tous leurs meubles pendant la nuit sous le nez de leur hôtesse, emportèrent la clef de l’appartement, laissèrent pour environ six cents livres de dettes, et vinrent tranquillement vous demander un passeport.
Ce Bougroz a été garde du corps dans la compagnie de Noailles, chassé probablement pour des tours semblables, et envoyé en Amérique. Il se fit depuis chirurgien, médecin et apothicaire. Il est très violemment soupçonné d’avoir empoisonné à Ferney une pauvre fille de Suisse qu’il disait sa femme.
Tout ce qu’on pourrait faire en faveur de celle qu’il a emmenée en Languedoc, et avec laquelle il a fait un contrat en Suisse, serait de l’exhorter à n’être jamais purgée de sa façon.
Je pense d’ailleurs que vous pourriez lui faire envoyer son attestation de divorce, mais avec une boîte de contre-poison.
Voilà tout ce que je sais de Bougroz.
Quant a monsieur l’a[m]bassadeur, si c’est M. le BARON DE PHILIBERT, il est bon qu’on en soit instruit à Versailles pour le recevoir selon sa dignité 2.
On prétend que monsieur le duc est fort mécontent de monsieur l’abbé 3, je le défie de l’être plus que moi ; j’aiderai pourtant la colonie autant que je le pourrai, quoiqu’on m’ait pris une somme terrible.
Il y a deux émigrants à Ferney, l’un nommé Vaucher, l’autre Gaubiac, qui veulent ravoir leurs femmes et leurs effets. On les a menacés de la prison, s’ils reviennent à Genève, parce qu’ils n’ont pas fait le serment. Je pense que vous pourriez leur accorder un passeport comme à des Français ; mais, en attendant, j’envoie leur placet à monsieur le duc, et je le prie de vous le renvoyer apostillé 4.
On m’a assuré que l’ambassadeur, qui est séduisant, séduirait M. de Taulès contre vous 5, et que tous deux séduiraient M. de Bournonville, lequel séduirait monsieur le duc. Je doute beaucoup de toutes ces séductions. Vous savez avoir raison et plaire. Vous avez séduit mon cœur pour tout le temps qu’il battra dans ma pauvre machine.
Comme le pape me fait des compliments par M. le cardinal de Bernis 6, je vous prie, monsieur, de recevoir ma bénédiction séraphique.
Frère François, capucin indigne. »
1 Réponse à la lettre du 15 mars de Hennin : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7824
2 En effet Choiseul refusa de recevoir Philibert Cramer et lui écrivit de sa main qu'il était inutile qu'il se donnât la peine de le voir, « comme il était très inutile que vous fissiez ce voyage ».
3 L’abbé Terray.
4 Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/28/procurer-a-eux-et-a-leurs-camarades-toutes-les-facilites-con-6560521.html
5 Le 24 mars, Hennin informa Choiseul des rumeurs selon lesquelles il aurait été remplacé comme envoyé à Genève, rumeurs sans fondement .
6 V* force un peu la note. Dans sa lettre du 28 février 1770 Bernis lui écrivit textuellement : « J'ai dit au pape que vous m'écriviez il y a quelque temps : :Comment donc ! Votre pape paraît avoir une bonne tête ! Depuis qu'il règne il n'a pas fait encore une sottise ! Sa Sainteté écouta cette plaisanterie avec plaisir , elle me parla avec éloge de la supériorité de vos talents . Si vous finissez par être un bon capucin, le pape osera vous aimer autant qu'il vous estime . »
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Il n'y a que vous qui puissiez me donner de mauvaises pensées si j'avais l'honneur de vous faire ma cour
... Peut-on , mesdames, être plus agréablement courtisées ?
« À Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
16 mars 1770, à Ferney.
Madame,
Je vois que vous êtes une mondaine, qui négligez les grâces d'en haut et qui n'êtes occupée que des vôtres.
Après avoir si noblement secouru les capucins mes confrères, vous abandonnez frère François qui prie Dieu soir et matin pour votre colonie de la ville de Choiseul sur la rivière de Versoix.
C'est une belle chose Madame que d'être fondateur, mais je vous prie de considérer que mon patron saint François d'Assise a été fondateur aussi, et qu'il a nourri plus de fainéants que M. l'abbé Terray n'en ruine.
Pensez-vous que si monsieur le contrôleur général m'a pris tout ce qui était dans mon tronc, j'en sois moins cher à Dieu? Tout au contraire Madame, j'en serais plus résigné . Il n'y a que vous qui puissiez me donner de mauvaises pensées si j'avais l'honneur de vous faire ma cour.
En attendant que vous me damniez, j'ose vous supplier de faire votre métier, et de satisfaire votre passion favorite c'est-à-dire, de faire du bien et de protéger des malheureux.
Daignez proposer à monseigneur votre époux d’apostiller à Genève ce placet 1 que je mets à vos pieds. Je les préfère à ceux de frère Ganganelly avec lequel je ne suis pas mal .
Agréez toujours à bon compte, Madame, ma très respectueuse bénédiction
Frère François capucin indigne.
Nota . – On m'a dit que mon libraire Cramer, député de Genève s'appelle le BARON PHILIBERT, il est bon que monseigneur le sache afin qu'il n'y ait point d'équivoque. Philibert est son nom de baptême et vous savez quelle vénération j 'ai pour ces noms-là. Un député peut mentir mais il ne peut tromper monseigneur votre époux . Au reste mon libraire est fort aimable, mais je ne voudrais pas qu’il vit mes mauvaises plaisanteries qui ne conviennent pas à la gravité de mon caractère. »
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28/08/2025
procurer, à eux et à leurs camarades, toutes les facilités convenables, toute sûreté pour leurs femmes
... Que dit Chat GPT ( après qu'il ait trouvé l'origine de ce titre et que je l'aie forcé à trouver un parallèle avec l'actualité de 2025 ) :
1. Coopération en sécurité sociale pour travailleurs migrants (Espagne — Mauritanie)
En juillet 2025, l’Espagne a signé une Déclaration d’intention avec la Mauritanie pour créer un cadre de coopération technique et institutionnelle visant à renforcer la protection sociale des travailleurs en transit entre les deux pays. Ce partenariat prévoit une assistance dès septembre avec un dispositif en cours de mise en place, incluant la sélection, la formation aux droits et devoirs, et la facilitation de leur couverture sociale.La Moncloa
Point commun : offrir aux travailleurs migrants des garanties concrètes — formation, protection, soutien — pour eux et, indirectement, pour leurs familles.
2. Réformes de l’immigration et accès des conjoints (France — 2025)
La réforme de l’immigration adoptée en juin 2025 en France introduit un relèvement des critères d’accès au regroupement familial, avec des seuils de revenus augmentés (+15 %) et une obligation de suivre un cours de langue de 6 mois pour le conjoint.ImmiFrance
Similitude : comme hier, les politiques visent aujourd’hui à encadrer de façon plus restrictive l’arrivée des familles — ce qui représente un enjeu de “facilités convenables” pour les épouses, mais dans une logique d’intégration plus exigeante.
3. Faciliter l’emploi des partenaires (Afrique du Sud, Costa Rica)
Selon la Permits Foundation (juin 2025), l’Afrique du Sud envisage d’autoriser directement l’emploi des partenaires des travailleurs hautement qualifiés, et Costa Rica devrait prochainement suivre cette voie.permitsfoundation.com
Analogie : offrir des “facilités” — ici l’accès au travail — aux épouses ou partenaires, favorisant leur autonomie et sécurité, dans un esprit similaire à la demande historique.
4. Campagnes d’information en plusieurs langues pour les travailleurs détachés (France)
Depuis novembre 2024, le Ministère du Travail français, en collaboration avec l’EaSI et d'autres organismes, a mis en place une campagne numérique multilingue destinée aux travailleurs détachés dans le BTP. Objectif : informer travailleurs et employeurs sur leurs droits en matière de santé, sécurité, et social.Ministère du Travail
Contexte proche : garantir la sûreté des travailleurs (et indirectement de leur famille) en les armant d’informations essentielles.
Le saviez-vous ? Je vous recommande les articles 2 et 4 , qui nous intéressent de près .
Qu'en dites-vous ?
Et pendant ce temps-là des crétins agressifs français ne rêvent que grèves et bordel destructif !
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul
[16 mars 1770] 1
Monseigneur le duc est très humblement supplié de envoyer ce placet apostillé de sa main à M. le résident de Genève .
Je désire que M. Hennin fasse réussir cette demande .
Le duc de Choiseul.
Pierre-Paul Gabriac et Jean-Michel Vaucher, maîtres horlogers, habitant à Ferney près Versoix,
Ayant déclaré depuis très longtemps qu'ils voulaient aller à Versoix avec leur familles, et qu'ayant signé il y a près de trois semaines avec tous ceux qui se sont mis sous la protection du roi dans Versoix même, demandent la liberté de pouvoir, en qualité de Français et de sujets du roi, aller librement retirer tous leurs effets à Genève, et ramener leurs épouses de cette ville .
Ils supplient très humblement monseigneur le duc de Choiseul de vouloir bien recommander à M. le résident pour le roi à Genève de leur procurer, à eux et à leurs camarades, toutes les facilités convenables, toute sûreté pour leurs femmes. Ils espèrent que monseigneur le duc daignera leur accorder cette justice . »
1 Original ; éd. Caussy .
Le même jour , pour le première fois depuis « l'insurrection » du 15 février, Hennin parlait de V* dans la dépêche qu'il envoyait à Choiseul : « M. de Voltaire dans la ferveur du premier moment aurait donné des fonds [pour la construction de Versoix] mais malheureusement il a deux cent quarante mille livres en rescriptions et peu d'argent comptant . Il a cependant promis de faire quelque avances . S'il était possible de lui faire escompter ses rescriptions, on l'engagerait aisément à fournir de quoi mettre sur-le-champ en activité, un très grand nombre d'ouvriers » (ministère des Affaires étrangères, Correspondance politique, Genève, LXXVIII, 125).
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Si jamais on peut s'intéresser à un cocu sur le théâtre tragique votre cocu fera cet effet
... On dirait bien que le Patriarche évoque Bayrou , magnifique cocu politique lâché par le dernier carré de ceux qui auraient dû l'épauler . That's life François ! Ta mariée est une cagole qui se donne aux plus braillards .
« A François-Thomas-Marie de Baculard d'Arnaud
à Paris
Je vous adresse, monsieur, mes remerciements chez celui qui a je crois imprimé votre ouvrage 1. J'ai pris ce parti parce que j'ignore votre demeure . Il m'a paru que votre pièce a de grandes beautés . Si jamais on peut s'intéresser à un cocu sur le théâtre tragique votre cocu fera cet effet . Mon amitié pour vous n'a jamais diminué ; je ne suis pas roi .
J’ai l’honneur d’être capucin, et, en ma qualité de moine, je vous dirai que votre moinesse de la Trappe 2 m’a infiniment touché. Je bénis Dieu que le théâtre se soutienne par l’Église.
La Religieuse de M. de La Harpe fait verser des larmes. Voilà les autos sacramentales espagnoles perfectionnées.
On dit que la comédie française est absolument tombée. La muse tragique se retire dans les couvents comme Mme de La Vallière se retira aux Carmélites.
Comptez, monsieur, que je n'ai point changé de sentiment pour vous, et que c'est avec la plus grande vérité que j'ai l’honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur
V.
16è mars 1770 à Ferney.3 »
1Fayel, 1770 : https://books.google.fr/books?id=_-jfzCYaSikC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
2 Voltaire fait allusion au drame Les Amants malheureux ou Le Comte de Comminge, imprimé en 1764 et joué seulement en 1790, que Baculard lui avait envoyé.. Voir lettre du 2 juin 1767 à Albergati Cappacelli : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/21/vous-envoyez-monsieur-des-tableaux-a-un-aveugle-et-des-fille-6418251.html
3 Original . L'édition Garnier , 1883, ne donne qu'un extrait d'après Amateur d’autographes, année 1868, page 24.
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27/08/2025
Un point non moins principal étant de donner l'exemple aux étrangers de bâtir
... La consigne voltairienne est fort bien suivie en Pays de Gex, même trop diront ceux qui sont désireux d'acheter terrains et appartements et qui doivent concurrencer des Suisses aux bons revenus . Tarifs dignes de l'Ile de France et des stations huppées !
« A François de Caire, Commandant
à Versoix 1, Chevalier de Saint-louis, etc.
à Versoix
Je serai prêt, monsieur, à donner dix mille francs, et ma nièce trois mille livres, dès que vous aurez pu assembler sept mille francs, qu'il y aura un caissier nommé et un teneur de livres sur lesquels vous puissiez compter .
Ces vingt mille francs avec le peu que les émigrants pourront fournir sera suffisant pour commencer un commerce utile, et pour faire voir à M. le duc de Choiseul que la colonie mérite sa protection .
Un point non moins principal étant de donner l'exemple aux étrangers de bâtir à Versoix, voici ce que je propose .
Je demande un terrain à gauche en entrant dans la ville, exposé au midi et ayant vue sur le lac . Je ne peux mettre que dix mile francs à cette maison , M. Racle m'en doit six, qu'il en dépense quatre, j'en mettrai six, il aura deux mille francs pour sa peine ; il peut commencer à bâtir dès demain, et je paierai les six mille francs argent comptant, le jour qu'on me donnera la clef de la maison .
M. Racle a du bois, de la pierre, de la chaux, de la brique, il peut bâtir la maison en six semaines, il y faudra un petit jardin . Une seule maisonnette bâtie en fera bientôt élever d'autres .
Voilà monsieur, tout ce que je puis faire . Je ne bornerais pas là mes entreprises si ma situation présente était aussi favorable que mon cœur vous est dévoué . Mme Denis a les mêmes sentiments . Mille respects à madame de Caire .
Le capucin V.
14è mars 1770 au soir . »
1 De Caire vient de recevoir le 10 mars la patente de « lieutenant de Roi commandant de la ville de Versoix »
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on ne bâtira de plusieurs mois ni hôpital ni maisons
... Est-ce bien ce que veut l'opposition au gouvernement ? Même si ce n'est pas voulu, c'est pourtant ce qui arrivera inévitablement .
Un zeste de réflexion avant de faire les malins et crier "na, c'est bien fait pour toi " au président , semble trop demander aux excités panurgiens . Le grand Yaka- Fautqu'on merluchonesque bave à tout va : Tartuffe .
« A Jean-François Coste, Docteur
médecin 1
à Gex
[mars 1770] 2
Le malade de Ferney remercie monsieur Coste . Il est vraisemblable que monsieur Coste sera consulté quand on voudra bâtir un hôpital militaire, et qu'alors monsieur Coste dira son avis en peu de mots à M. de Borset . Il est a croire qu'on ne bâtira de plusieurs mois ni hôpital ni maisons, mais que M. l'abbé Terray enverra plusieurs familles à l'hôpital. »
2 Manuscrit olographe, sauf l'adresse ( Collection Charnwood) ; éd. Dorothea lady Charnwood, An Autograph collection and the making of it, 1930 .
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26/08/2025
qu'on ne mette point du moins un certain nom à certaines sottises
... Mais quand il s'agit de plus que de sottises, comment ne pas les nommer conneries , comme l'appel au blocage du pays et le refus de confiance au gouvernement prôné par une gauche qui souffre de sa minorité et une droite de dégonflés .
« A Henri Rieu
à Genève
Mon cher ami est supplié de bien recommander dans Lausanne qu'on ne mette point du moins un certain nom à certaines sottises . Sans quoi, on serait forcé d'aller se plaindre à Berne.
On embrasse tendrement monsieur Rieu.
13è mars [vers 1770].
16:52 | Lien permanent | Commentaires (0)

