24/04/2025
l'exhorter à oublier cette affaire et à travailler à des choses utiles
... C'est ce que l'on doit recommander à E. Macron qui n'ose pas sanctionner N. Sarkozy ; est-ce en vue de son propre avenir d'ex-président qu'il recommande le respect pour cet état ? Que nous cache-t-il ? https://www.leparisien.fr/politique/emmanuel-macron-assure-quil-ne-retirera-pas-la-legion-dhonneur-a-nicolas-sarkozy-24-04-2025-VVM5HLLBLZFPLLFDTHGBN6WZSI.php
« A Gabriel Cramer
Le sieur Bigex est revenu, il a imprimé sa malheureuse lettre à père Adam, cela fait une tracasserie publique et très désagréable qui rompt le cours de toutes nos études . Si monsieur Cramer voulait bien venir lui parler, et, l'exhorter à oublier cette affaire et à travailler à des choses utiles, c'est une de meilleures actions que puisse faire monsieur Cramer .
Dimanche au matin [15 octobre 1769]. 1»
1 Original . La date est exactement fixée par une lettre de Hennin à Jean-Louis Grenus , du 14 octobre annonçant que Bigex vient d'imprimer contre Adam une Nouvelle Provinciale « Lettre de M. Bigex à M. Adam du 26 septembre 1769 » composée « parce que ces deux personnes qui mangent le même sel ont depuis quelque temps des sujets de se plaindre l'une de l'autre » et demandant à Grenus « d'interposer son autorité pour parer à cette tracasserie. »
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23/04/2025
Nous allons tomber en tout dans l’outré et dans le gigantesque ; adieu les beaux vers, adieu les sentiments du cœur, adieu tout. La musique ne sera bientôt plus qu’un charivari...On a voulu tout perfectionner, et tout a dégénéré
... Bonne prédiction : le rap sévit , encore, pour combien de temps, hélas .
« A Charles -Augustin Ferriol, comte d'Argental
13 octobre 1769
Mon cher ange, j’aurais dû plus tôt vous faire mon compliment de condoléance sur votre triste voyage d’Orangis ; je vous aurais demandé ce que c’est qu’Orangis 1, à qui appartient Orangis, s’il y a un beau théâtre à Orangis ; mais j’ai été dans un plus triste état que vous. Figurez-vous qu’au 1er d’octobre il est tombé de la neige dans mon pays : j’ai passé tout d’un coup de Naples à la Sibérie ; cela n’a pas raccommodé ma vieille et languissante machine. On me dira que je dois être accoutumé, depuis quinze ans, à ces alternatives ; mais c’est précisément parce que je les éprouve depuis quinze ans que je ne les peux plus supporter. On me dira encore : George Dandin, vous l’avez voulu 2; George répondra comme les autres hommes : J’ai été séduit, je me suis trompé, la plus belle vue du monde m’a tourné la tête ; je souffre, je me repens ; voilà comme le genre humain est fait.
Si les hommes étaient sages, ils se mettraient toujours au soleil et fuiraient le vent du nord comme leur ennemi capital. Voyez les chiens, ils se mettent toujours au coin du feu ; et quand il y a un rayon de soleil, ils y courent. Lamotte, qui demeurait sur votre quai, se faisait porter en chaise, depuis dix heures jusqu’à midi, sur le pavé qui borde la galerie du Louvre, et là il était doucement cuit à un feu de réverbère.
J’ai peur que les maladies de Mme d’Argental ne viennent en partie de votre exposition au nord. N’avez-vous jamais remarqué que tous ceux qui habitent sur le quai des Orfèvres ont la face rubiconde et un embonpoint de chanoine, et que ceux qui demeurent à quatre toises derrière eux, sur le quai des Morfondus, ont presque tous des visages d’excommuniés ?
C’est assez parler du vent du nord, que je déteste, et qui me tue.
Vous avez sans doute vu Hamlet 3 : les ombres vont devenir à la mode : j’ai ouvert modestement la carrière, on va y courir à bride abattue ; domandaro acqua, non tempestà 4. J’ai voulu animer un peu le théâtre en y mettant plus d’action, et tout actuellement est action et pantomime ; il n’y a rien de si sacré dont on n’abuse. Nous allons tomber en tout dans l’outré et dans le gigantesque ; adieu les beaux vers, adieu les sentiments du cœur, adieu tout. La musique ne sera bientôt plus qu’un charivari italien, et les pièces de théâtre ne seront plus que des tours de passe-passe. On a voulu tout perfectionner, et tout a dégénéré : je dégénère aussi tout comme un autre. J’ai pourtant envoyé à mon ami La Borde le petit changement que je vous avais envoyé pour Pandore, un peu enjolivé. Je vous avoue que j’aime beaucoup cette Pandore, parce que Jupiter est absolument dans son tort ; et je trouve extrêmement plaisant d’avoir mis la philosophie à l’Opéra. Si on joue Pandore, je serais homme à me faire porter en litière à ce spectacle ; mais,
Sic vos non vobis mellificatis, apes.5
J’ai donné quelquefois à Paris des plaisirs dont je n’ai point tâté. J’ai travaillé de toute façon pour les autres, et non pas pour moi ; en vérité, rien n’est plus noble.
Je vous ai envoyé, je crois, deux placets pour M. le duc de Praslin ; ce n’est point encore pour moi, je ne suis point marin, dont bien me fâche ; je me meurs sur un vaisseau : sans cela, est-ce que je n’aurais pas été à la Chine, il y a plus de trente ans, pour oublier toutes les persécutions que j’essuyais à Paris, et que j’ai toujours sur le cœur ?
Mille tendres respects à Mme d’Argental.
À propos, si tout est chez moi en décadence, mon tendre attachement pour vous ne l’est pas. »
1 Voir la note 4: https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/495
2 George Dandin, acte I, scène 7 : https://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/MOLIERE_GEORGEDANDIN.xml
3 Voir lettre précédente à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/04/22/je-commence-a-croire-que-nous-devenons-trop-anglais-et-qu-il-6544621.html
4 C’est l’exclamation d’un paysan italien qui demandait au ciel de la pluie, et non de l’orage.
Voir lettre du 6 mai 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/06/cette-bonne-compagnie-de-paris-est-fort-agreable-mais-elle-n-6478945.html
5 Virgile : Ainsi vous travaillez et ce n’est pas pour vous : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14022
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Madame votre mère m'envoie deux fromages . Me voilà favorisé par toute la famille
... Cessez de me parler de corruption passive, je ne me nomme pas Rachida Dati !
« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally
A Ferney 13 octobre 1769
J'ai été si malade, monsieur, que je n'ai pu répondre à la dernière lettre dont vous m'avez honoré . Je ne sais si je pourrai supporter l'hiver qui a déjà commencé dans mon maudit climat . Je perds la vue déjà qu'il est tombé de la neige ; en voilà pour cinq mois au moins ; mon état est triste, pour me consoler je songe à votre bonheur . Je m'imagine que Mme de Rochefort vous donnera l'année prochaine un joli petit enfant , et j'espère que M. le duc de Choiseul fera les choses que vous désirez . C'est la plus belle âme que je connaisse ; il est généreux comme Aboul-Cassem, brillant comme le chevalier de Grammont, et travailleur comme M. de Louvois . Il aime à faire plaisir ; vous serez trop heureux d'être son obligé .
Mille respects à madame de Rochefort.
Madame votre mère m'envoie deux fromages . Me voilà favorisé par toute la famille .
V.»
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22/04/2025
je commence à croire que nous devenons trop Anglais, et qu’il nous siérait mieux d’être Français
... Vu ce qu'en dit le Chat j'ai pété : blablabla lénifiant, mou du genou .
Par ailleurs, quelques uns de nos dirigeants ne semblent pas trop atteints d'anglophilie démesurée, notre président et surtout notre premier ministre ne sont pas encore des anglophones de haut niveau : merci à nos méthodes d'enseignement ?
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
À Ferney, 10 octobre 1769 1
Mon héros, dans sa dernière lettre, a daigné me glisser un petit mot de son jardin. Je suis, comme Adam, exclu du paradis terrestre, et je suis devenu laboureur comme lui. Je vous assure, monseigneur, que jamais mon cœur n’a été pénétré d’une plus tendre reconnaissance. Oserais-je vous supplier de vouloir bien faire valoir auprès de votre amie 2 les sentiments dont la démarche qu’elle a bien voulu faire m’a pénétré ? J’ai été tenté de l’en remercier ; mais je n’ose, et je vous demande sur cela vos ordres.
Au reste, il n’y a pas d’apparence que j’aie l’impudence de me présenter devant vous dans le bel état où je suis. Il n’est bruit dans le monde que de votre perruque en bourse, et je ne puis être coiffé que d’un bonnet de nuit. Toutes les personnes qui vous approchent jurent que vous avez trente-trois à trente-quatre ans tout au plus. Vous ne marchez pas, vous courez ; vous êtes debout toute la journée. On assure que vous avez beaucoup plus de santé que vous n’en aviez à Closter-Severn 3, et que vous commanderiez une armée plus lestement que jamais. Pour moi, je ne pourrais pas vous servir de secrétaire, encore moins de coureur : la raison en est que mes fuseaux, que j’appelais jambes, ne peuvent plus porter votre serviteur, et que mes yeux sont actuellement à la Chaulieu, bordés de grosses cordes rouges et blanches, depuis qu’il a neigé sur nos montagnes. Vous, qui êtes un grand chimiste, vous me direz pourquoi la neige, que je ne vois point, me rend aveugle, et pourquoi j’ai les yeux très bons dès que le printemps est revenu. Comme vous êtes parfaitement en cour, je vous demanderai une place aux Quinze-Vingts pour l’hiver. Je défie toute votre Académie des sciences de me donner la raison de ce phénomène ; il est particulier au pays que j’habite. J’ai un ex-jésuite auprès de moi qui est précisément dans le même cas, et plusieurs autres personnes éprouvent cette même faveur de la nature. Plus j’examine les choses, et plus je vois qu’on ne peut rendre raison de rien.
J’ai à vous dire qu’on imprime actuellement dans le pays étranger les Souvenirs de Mme de Caylus 4. Elle fait un portrait fort plaisant de M. le duc de Richelieu votre père, et votre père véritable, quoi que vous en disiez 5 ; je vois que c’était un bel esprit, et que l’hôtel de Richelieu l’emportait sur l’hôtel de Rambouillet.
Permettez-moi, monseigneur, de vous remercier encore, au nom des Scythes, de la vieille Mérope et de Tancrède.
On vient donc de jouer une tragédie anglaise 6 à Paris ; je commence à croire que nous devenons trop Anglais, et qu’il nous siérait mieux d’être Français. C’est votre affaire, car c’est à vous à soutenir l’honneur du pays.
Agréez toujours mon tendre respect et mon inviolable attachement. »
1 Voir aussi : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/10/je-commence-a-croire-que-nous-devenons-trop-anglais-et-qu-il.html
2 Mme Du Barry.
3 8 septembre 1757 ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/357
4 Voir les préface et notes de Voltaire sur ces Souvenirs, dont il donna la première édition : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/295
5 Voltaire, écrivant à Richelieu, n’avait pas les mêmes idées que quand il parlait à Mme de Fontaine du père putatif du maréchal (voir lettre à Mme de Fontaine du 8 janvier 1756 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvre... )
6 Hamlet, tragédie de Ducis, jouée le 30 septembre 1769 : https://wdc.contentdm.oclc.org/digital/collection/empire/id/4187/
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21/04/2025
Il y a des hommes qui veulent tout envahir et qui ne crient contre le despotisme que pour être despotiques eux-mêmes
... Poutine, Netanyahou and Co, c'est tout à fait ça !
« A [Destinataire inconnu]
Ferney 12 octobre 1769 1
[Il pense que c'est de son correspondant qu'il a reçu des preuves de son amabilité et des témoignages en faveur de la cause qu'il défend avec tant de noblesse et de raison .] Il y a des hommes qui veulent tout envahir et qui ne crient contre le despotisme que pour être despotiques eux-mêmes 2[...]. »
1 L'original signé est passé en vente chez Laverdet le 20 avril 1856 .
2 Allusion probable aux parlementaires .
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je crois que vous regardez Dieu comme le père de tous les garçons et de toutes les filles
... Cher François vous allez ( peut-être *) voir enfin le Père de près : https://www.lepoint.fr/monde/le-pape-francois-est-mort-21...
Paix sur la terre aux Humains de bonne volonté .
Amen .
* Paroles de l'incroyant que je suis .
Avanti
« A monsieur le ministre Jacob Vernes
à Genève
Le 9 octobre 1769
Mon cher philosophe, si Dieu a dit : « Croissez et multipliez 1, » voici deux personnes qui veulent obéir à Dieu. L’une est catholique romain, l’autre est de votre religion et née à Berne. Nos belles lois de 1685 2 ne permettent pas à un serviteur du pape d’épouser une servante de Zwingle 3; mais je crois que vous regardez Dieu comme le père de tous les garçons et de toutes les filles. Vous savez que la femme fidèle peut convertir le mari infidèle 4.
Tachez, mon cher philosophe, de faire en sorte que ces deux personnes puissent se marier à Genève. Je vous demande votre protection pour elles ; mais ne me nommez pas, car le mariage est un sacrement dans notre Église, et l’on m’accuse, quoique assez mal à propos, de ne pas croire aux sept sacrements.
Permettez-moi de vous embrasser de tout mon cœur, sans cérémonie. »
1 Genèse, I, 28 : https://www.aelf.org/bible/Gn/1
3 Ulrich Zwingli : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ulrich_Zwingli
4 I, Corinthe. VII, 14 : https://www.biblegateway.com/passage/?search=1%20Corinthiens%207%3A14&version=LSG
09:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
20/04/2025
On lui réservera tout le terrain qu'il voudra . Beaucoup d’étrangers en demandent ... et tout coûte le double de ce qu'il coûtait il y a trois ou quatre ans
... Tout le terrai, tout le terrain, c'est vite dit !
Mon cher Voltaire, l'immobilier hors de prix est encore parfaitement d'actualité dans ce pauvre riche pays de Gex , terre d'élection des Suisses qui ne peuvent plus acheter le moindre mètre carré en pays helvète, plus que trop cher . Face à cette bétonisation dévorante, comme disait une de mes braves tantes :"Il n'y aura bientôt plus la place de planter un poireau !"
« A Marie-Louise Denis
rue Bergère vis-à-vis l'hôtel des Menus
à Paris
6è octobre 1769 1
Ma chère amie, j'ai parlé du dessein de Faÿ à M. de Caire qui est venu chez moi . On lui réservera tout le terrain qu'il voudra . Beaucoup d’étrangers en demandent, et on n'attend que l'arrêt du Conseil qui déclarera Versoix une ville franche et libre . Cet établissement a déjà renchéri la main-d’œuvre à Ferney et tout coûte le double de ce qu'il coûtait il y a trois ou quatre ans .
Je suis en train de vous parler d'affaires ; j'ai appris qu'il ne fallait pas envoyer le contrat à Rechicourt, mais qu'il est de la plus grande importance de le signifier aux héritiers mêmes . Il n'y a qu'à prier le petit procureur Pinon Du Coudray de passer chez vous . J’écrirai sur cela un mot de politesse aux intendants des intéressés . Il est nécessaire que vous ayez sur tout cela une conversation avec l'abbé Blet, et que vous lui fassiez sentir que c'est votre bien que vous redemandez depuis douze ans .
L'hiver a déjà commencé dans le pays de Gex,nous avons de la neige . Je crois que ni la saison, ni ma santé, ni mon goût ne me permettront de faire le voyage . J'ai reçu des propositions de Panckoucke ; j'ai refusé ses offres avec colère 2, mais j'ai accepté le travail avec plaisir . Ce sera pour moi un grand amusement pour l'hiver , il ne m'en coûtera que la peine de dicter . Ce serait pour moi un fardeau insupportable de feuilleter et d’écrire . Cette petite occupation me consolera .
Je pense qu'il faut laisser Mme Le Long 3 consommer ou manquer la petite affaire qu'elle avait entamée avec M. de La Sourdière 4 . Pourvu qu'il ne croie pas que cette négociation vaut de l'argent comptant .
On dit que Les Scythes, Mérope et Tancrède seront joué à Fontainebleau . Cela me fait un peu de plaisir, parce que après tout il est doux de réussir dans un art qu'on a cultivé, et c'est la seule récompense que j'en espère .
Bonsoir ma très chère amie ; je n'ai pas un moment à moi . Je suis accablé de lettres et lutiné des détails du Châtelard, qui sera la plus agréable des métairies . Je vous embrasse tendrement .
V. »
1 Original, cachet « de Lyon ». Noter qu'on trouvera aux Additions à la même date du 6 octobre 1769 une lettre de V* à Le Bault dont Bernard Pivot veut bien nous communiquer, au cours de la composition de ce volume (correspondance de Voltaire ) le texte et les coordonnées .
2 Dans le second paragraphe de la lettre du 29 septembre 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/04/16/j-ose-meme-esperer-qu-a-la-fin-on-donnera-en-france-quelques-6543931.html
3 Note de Mme Denis sur le manuscrit : « Dubarry ».
4 Note de Mme Denis : « Richelieu » ; ces indications sont certainement exactes .
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