19/07/2025
Il me semble que cet arrangement est beaucoup plus net et plus commode
... L'UE contre Poutine et ses oligarques , capitalisme de l'ouest contre celui de l'est : https://www.france24.com/fr/europe/20250718-guerre-ukraine-sanctions-sans-precedent-ue-russie-secteur-petrolier-prix
Mais qu'en est-il du capitalisme, que faire et ne pas refaire ? Petite lecture éclairante : https://theconversation.com/polanyi-un-auteur-pour-mieux-comprendre-ce-qui-nous-arrive-257393
« A Charles-Henri Chrétien Rosé
Je vous envoie, monsieur, mes deux quittances, et je vous remercie . C'est à M. Jeanmaire à vous allouer les quatorze mille livres qu'il a pris 1 pour compléter le principal qu'il me rembourse en quatre années . Il me semble que cet arrangement est beaucoup plus net et plus commode .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
A Ferney 11è février 1770. »
1 Pas d'accord du participe passé comme il arrive à l'époque lorsqu'il ne termine pas le groupe de mots .
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18/07/2025
Dites-moi laquelle de vos défuntes maîtresses vous voulez que je tire du purgatoire
... La discrétion et la bonne éducation font que je ne vous citerai aucun nom, d'autant qu'elles ont vécu déjà l'enfer sur terre .
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
9è février 1770 1
Je présume, monseigneur, que vous reçûtes en son temps le petit livre de Mme de Caylus 2 que j’eus l’honneur de vous envoyer. Vos occupations et vos plaisirs ne vous ont pas laissé le temps de m’en instruire. C’est un livre fort rare ; je ne crois pas qu’il y en ait encore à Paris d’autre exemplaire que le vôtre. Vous y aurez vu que monsieur le duc votre père mettait les portraits de ses anciens serviteurs au grenier ; mais si j’étais dans votre grenier, je me tiendrais encore très heureux.
Je suis très fâché de mourir sans avoir pu vous donner ma bénédiction. Vous êtes tout étonné du terme dont je me sers, mais il me sied très bien . J’ai l’honneur d’être capucin. Notre général, qui est à Rome, m’a envoyé mes patentes signées de sa vénérable main. Je suis du tiers ordre, mes titres sont fils spirituel de saint François, et père temporel.
Dites-moi laquelle de vos défuntes maîtresses vous voulez que je tire du purgatoire, et je vous réponds sur ma barbe qu’elle n’y sera pas vingt-quatre heures.
Je dois vous dire qu’en qualité de capucin j’ai renoncé aux biens de ce monde, et que, parmi quelques arrangements que j’ai faits avec ma famille, je lui ai abandonné ce qui me revenait, tant sur la succession de Mme la princesse de Guise que sur votre intendant ; mais je n’ai point prétendu vous gêner, et je serais au désespoir de vous causer le moindre embarras. Ma famille recevra vos ordres, et les recevra comme des bienfaits.
Vous me parliez, monseigneur, dans votre dernière lettre, de votre beau jardin de Paris ; et je suis entouré actuellement de quatre-vingts lieues de neiges. J’aimerais mieux vous faire ma cour dans votre palais de Richelieu que dans tout autre ; mais vous n’habiterez jamais Richelieu. Vous êtes fait pour aller briller tantôt à Versailles, tantôt à Bordeaux. J’admire comme vous éparpillez votre vie. Souffrez que, du fond de ma caverne, je vous renouvelle mon très tendre respect, et que Mme Denis le fasse valoir auprès de vous.
Recevez la bénédiction de V., capucin indigne, qui n’a point de bonne fortune de capucin. »
1 Original ; éd. Lettres d'un père à un fils faisant l'auteur et le bel esprit à Paris, 1773 : https://books.google.fr/books?id=EqS8xQMjYXsC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false; Kehl .
2 Voir lettre du 10 octobre 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/04/22/je-commence-a-croire-que-nous-devenons-trop-anglais-et-qu-il-6544621.html
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17/07/2025
vous pensez comme moi ; mais vous ne devez pas me le dire ...je vous garderai le secret, même sur votre silence
... Botus et mouche cousue [sic] ! Dupond et Dupont .
Au diable Tiktok et tous les bavards logorrhéiques des réseaux dit sociaux .
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
9è février 1770 à Ferney
Vous me tenez rigueur, monseigneur ; mais permettez-moi de vous dire que Votre Éminence a tort : tout fâché que je suis contre vous, je ne laisse pas de vous donner ma bénédiction ; recevez-la avec autant de cordialité que je vous la donne. Si vous êtes cardinal, je suis capucin. Le général 1 qui est à Rome m’en a envoyé la patente . Un gardien me l’a présentée. Je me fais faire une robe de capucin assez jolie 2. Il est vrai que la robe ne fait pas le moine, et que je ne peux m’appliquer ces vers charmants :
Je ne dis rien de mon sommeil ;
On sait bien que les gens du monde
N’en connaissent point de pareil.
À l’égard de Joad, vous pensez comme moi ; mais vous ne devez pas me le dire : aussi ne me le dites-vous pas, et vous devez être très sûr que je vous garderai le secret, même sur votre silence. Permettez seulement qu’un vieillard de soixante-seize ans vous aime de tout son cœur, indépendamment de son respect.
Vous êtes bien heureux dans la ville aux sept collines 3, dans le temps que je suis entre quarante montagnes glacées. Il ne me manque que la femme de neige 4 de saint François.
Frère V. capucin indigne. »
1 Voltaire le nomme à la fin de la lettre du 18 février à Choiseul : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7789
C’était le Père Aimé de Lamballe, mort à Paris le 17 mai 1773.
2 V* est tout à fait capable de s'être fait confectionner cette robe de capucin, quoiqu'il ne la mentionne plus ultérieurement .
3 On pense au « Vieux des sept collines » des Lettres d'Amabed presque contemporaines, ou plutôt à Rome ville aux sept collines où réside Bernis chargé d'affaires auprès du Saint -Siège depuis un an : Voir : https://septcollines.fr/project/les-villes-aux-7-collines/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Joachim_de_Pierre_de_Bernis
4 Saint Bonaventure, chapitre v, page 61, de sa Vie de saint François d’Assise ( Legenda sancti Francisi ) qui fait partie du second volume d’octobre des Bollandistes, publié en 1768, parle d’une femme de neige qui apparut à saint François d’Assise pendant qu’il se flagellait pour vaincre sa concupiscence. (Beuchot.)
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105465024/f125.item et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105465024/f126.item
V* revient à plusieurs reprises sur ce trait légendaire ; il vient notamment de le citer dans les Homélies prononcées à Londres, II, « Sur la superstition » (Mélanges ) : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/325
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16/07/2025
Comme vous les enfilez !
... Oh oui, Donald ! oh oui Vladimir ! comme vous les enfilez les menaces et les coups d'épée dans l'eau , sanctions, réflexions, je-te-tiens-tu-me-tiens-par-le-porte-monnaie , t'ar ta gueule à la récré ! Pendant ce temps l'industrie du cercueil est florissante .
« A [Destinataire inconnu]
Au château de Ferney, par Genève, le 6 février [1770] 1
Vous vous adressez, monsieur, à un vieillard malade , qui a presque oublié sa langue . Messieurs vos oncles auraient bien mieux décidé que moi la question que vous me proposez . Je me souviens seulement que dans le Don Quichotte il est dit que Sancho Pança enfile des proverbes . Je crois même que dans la comédie du Menteur il est parlé des mensonges que Dorante enfile, parce qu'en effet Dorante en débite plusieurs, et son valet peut lui dire : Comme vous les enfilez 2 ! Mais on ne peut jamais se servir du mot enfiler tout seul, pour signifier mentir 3 . Voilà , monsieur, tout ce que je sais, et c’est bien peu de chose . Je ne vous fais point un mensonge en vous disant que j'ai été très sensible à l'honneur que vous m'avez fait . J'ai celui d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme de la chambre du roi . »
1 Manuscrit olographe passé à la vente de l'American Association les 11et 12mai 1916 ; éd. Renouard qui éclaire cette lettre de la note suivante : « Le sujet de cette lettre était une discussion survenue entre deux officiers au régiment de Colonelle-générale de cavalerie . Il s'agissait de savoir si le terme d'enfiler était français pour dire imposer, mener ou mystifier . On proposa de soumettre la question à Voltaire . L'un de ces officiers lui écrivit, et reçut la réponse ci-jointe. »
2Le mot n’apparaît pas dans Le Menteur de Corneille ; pourtant Rousseau écrit dans les Confessions , chap. III : « A l'appui de ce mensonge, j'en enfilai cent autres . »
3 V* ne répond pas exactement à la question . l'emploi qui lui était proposé est relevé dans le Dictionnaire général de Hatzfeld, Darmesteter et Thomas : il est transitif, et comporte comme complément un nom de personne : « Enfiler quelqu’un, l’enjôler. » Sans doute s'agissait-il d'un usage argotique reposant sur une équivoque libre .
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15/07/2025
notre nation . Il vaut encore mieux l'amuser que la nourrir
... Pour preuve le succès du défilé de nos armées, la foule sur la route du Tour de France et la multitude des fêtes et feux d'artifices de notre fête nationale . On oublie tout, ou presque ... Précieuse soupape ...
« A Suzanne Necker
Il me paraît, madame, que le plaisir de servir le public est un excellent remède pour monsieur Necker . On dit qu'il a parlé avec la plus grande éloquence à la séance de la Compagnie des Indes . Je vois de plus en plus que vous étiez faits l'un pour l'autre .
J'ai lu l'abbé Galliani 1 ; on n'a jamais été si plaisant à propos de famine . Ce drôle de Napolitain connaît très bien notre nation . Il vaut encore mieux l'amuser que la nourrir . Il ne fallait aux Romains que panem et circences2 . Nous avons retranché panem, il nous suffit du circences, c'est-à-dire de l’opéra-comique .
Vous êtes bien bonne, madame, de tenir encore pour l'ancien goût de la tragédie ; soyez bien persuadée que vos lettres me font beaucoup plus de plaisir que les battements de mains du parterre ; vous êtres mon public .
J'ai l'honneur d'être avec plus que du respect , madame, votre très humble et très obéissant serviteur
V...
Ferney 6è février 1770.3 »
1 Ferdinando Galliani et Diderot : Dialogues sur le commerce des blés : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626898f/f9.item
Voir lettre du 12 janvier 1770 à Grimm : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/06/21/si-j-ai-tort-le-temps-me-l-apprendra-6552328.html
2 Juvénal, Satires, X, 81 : https://remacle.org/bloodwolf/satire/juvenal/satire10a.htm
Du pain et les jeux du cirque .
3 Original, initiale autographe, ainsi que « Fern » ; l'éd. Correspondance littéraire, philosophique et critique ne date pas la lettre .
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14/07/2025
par malheur on dit que Dieu est toujours pour les gros bataillons
... Raison de plus pour ne pas croire en lui ni en ses prophètes . Les partis des barbares, et des sots ( je dis "co.." ), sont pléthoriques et ils ont bien besoin d'un appui divin pour survivre . Les soldats d'Hitler avaient "Gott mi uns" sur leur boucle de ceinturon ; où les soldats russes et israëliens, et US affichent-ils leur dieu qu'ils invoquent indûment ?
Rendez-vous partout en France pour les célébrations du 14 juillet et montrons au monde ( comme le veut notre président chéri ! ) notre puissante armée . En regardant bien , peut-être verrons-nous une auréole divine sur St Macron-de-l'Elysée , si ce n'est sur sa tête, ce sera surement sous les aisselles .
« A François-Louis-Henri Leriche
6è février 1770
Vous avez quitté, monsieur, des Welches pour des Welches 1. Vous trouverez partout des barbares têtus . Le nombre des sages sera toujours petit . Il est vrai qu'il est augmenté ; mais ce n'est rien en comparaison des sots, et par malheur on dit que Dieu est toujours pour les gros bataillons 2 . Il faut que les honnêtes gens se tiennent serrés et couverts . Il n'y a pas moyen que leur petite troupe attaque le parti des fanatiques en rase campagne .
J’ai été très malade ; je suis mort tous les hivers : c'est ce qui fait, monsieur, que je vous ai répondu si tard . Je n'en suis pas moins touché de votre souvenir . Continuez-moi votre amitié : elle me console de mes maux et des sottises du genre humain .
Recevez les assurances, etc. »
1Leriche : receveur des domaines à Besançon .
Voir : https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/ark:/16871/0018315862
Voir aussi : Voltaire's quotes :https://en.wikiquote.org/wiki/Voltaire
2 Le plus célèbres dictionnaire des citations, l'Oxford dictionary of quotations, désigne la présente lettre comme la source de cette fameuse citation , dont on a ici la première attestation .
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13/07/2025
Nous vous disons ce que nous croyons la vérité parce que vous méritez qu'on vous la dise . Nous pouvons nous tromper ; mais nous ne voulons pas certainement vous tromper
... Nous serions dans un monde idéal si tous les humains, en particulier ceux qui ont quelque pouvoir décisionnaire , suivaient ces intentions voltairiennes remarquables .
« A Michel-Paul-Guy de Chabanon,
de l'Académie des belles-lettres
rue du Doyenné-Saint-Louis-du Louvre
à Paris
6è février 1770
Mon cher ami, nous vous sommes trop attachés Mme Denis et moi, pour souffrir que vous épuisiez votre génie à faire Alceste après Quinault 1. Vous êtes obligé d'en retrancher tout le pittoresque et tout le merveilleux afin d'éviter la ressemblance . Vous vous mettez vous-même à la gêne ; vous vous privez du pathétique , et vous affaiblissez l'intérêt . Le comique qui était encore à la mode dans nos premiers opéras est réprouvé aujourd'hui . Vous ne tombez pas dans ce défaut, et c'est probablement ce qui vous a séduit . Mais à ce comique il faut substituer la tendresse, un nœud qui attache, du brillant , du théâtral, et quand même vous jetteriez ces beautés avec profusion dans les premiers actes jamais on ne vous pardonnera d'avoir supprimé les enfers et le retour d'Alceste .
Toute monde sait par cœur ces beaux vers d'Alcide à Pluton :
Si c'est te faire outrage
D'entrer par force dans ta cour,
Pardonne à mon courage,
Et fais grâce à l'amour 2.
J'ai toujours été étonné que Quinault n'ait pas oser imiter Euripide, et fait présenter Alceste voilée à son mari . Ce serait cette hardiesse d'Euripide qu'il faudrait imiter . Nous présumons qu'elle aurait un grand succès si on avait à l'opéra des acteurs comme on y a des chanteurs .
Voilà de que nous avons pensé Mme Denis et moi .
Si vous voulez absolument traiter ce sujet après Quinault vous êtes tenu étroitement de donner un ouvrage admirable dans toutes ses parties, et d'amener des fêtes charmantes prises dans le fond du sujet .
Nous ne parlerions pas si hardiment à tout autre qu'à vous . Nous vous disons ce que nous croyons la vérité parce que vous méritez qu'on vous la dise . Nous pouvons nous tromper ; mais nous ne voulons pas certainement vous tromper . Reconnaissez la tendre amitié que nous avons pour vous à la liberté que nous prenons . Nous croyons vous en donner une preuve en vous parlant à cœur ouvert . Pardonnez-nous et aimez-nous .
V.
J'ai lu une partie de la traduction des Georgiques 3, j'y ai vu l'extrême mérite de la difficulté surmontée . Je ne m'attendais pas à voir tant de poésie dans la gêne d'une traduction . Je crois que cet ouvrage aura une très grande réputation parmi les amateurs des anciens et des modernes . Je vous supplie, mon cher mai, de vouloir bien assurer M. Delille de ma reconnaissance et de ma très sincère estime . »
1 Chabanon ne fit représenter aucun Alceste .
2 Quinault, Alceste, Ac. IV, sc ; 5 , v. 847 : https://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/QUINAULT_ALCESTE.xml#A5.S55
3Les Georgiques, traduction nouvelle en vers français, de l'abbé Jacques Delille : https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://open.unive.it/hitrade/translations/delille.pdf&ved=2ahUKEwi9iOebsbmOAxVZKvsDHSkiGTUQFnoECBgQAQ&usg=AOvVaw3vgKWzbvHYqCei64s5Eov4
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