17/05/2022
J'attends, monsieur, des nouvelles de Paris pour savoir s'il faut publier
... la liste des nouveaux ministres .
« A Jacques Lacombe
21è janvier 1767
J'attends, monsieur, des nouvelles de Paris pour savoir s'il faut publier Les Scythes par la voie de l'impression, ou les jouer sur le théâtre .
Je vous prie, si vous voyez M. Marin, de lui dire que c'est à vous seul que je donne mes tragédies que le polisson nommé Duchesne a défigurées d'un manière ridicule . Les Scythes sont à vous encore une fois . Je vous les donne. Vous les imprimerez quand cela sera convenable .
Voici une petite lettre académique que vous pouvez mettre dans votre Avant-Coureur en deux ou trois fois si vous avez place 1. »
1 Sans doute la lettre du 5 janvier 1767 à d'Olivet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/12/l... , mais elle ne parut pas dans l'Avant-coureur .
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16/05/2022
Je ne suis point étonné que M. de Sudre ne soit pas premier capitoul, car c’est lui qui mérite le mieux cette place.
... Et bien Elisabeth Borne lui souffle la place, elle a des mérites qu'apprécie le président, c'est suffisant pour le moment .
Début du purgatoire ... Bon courage ...
PS- Ça t'en bouche un coin Mélenchon-ronchon-chon-chon !
« A Marie-Françoise-Catherine de Beauvau-Craon, marquise de Boufflers-Remiencourt 1
21è janvier 1767, à Ferney
Madame,
Non-seulement je voudrais faire ma cour à Mme la princesse de Beauvau, mais assurément je voudrais venir, à sa suite, me mettre à vos pieds dans les beaux climats où vous êtes ; et croyez que ce n’est pas pour le climat, c’est pour vous, s’il vous plaît, madame. M. le chevalier de Boufflers, qui a ragaillardi mes vieux jours, sait que je ne voulais pas les finir sans avoir eu la consolation de passer avec vous quelques moments. Il est fort difficile actuellement que j’aie cet honneur : trente pieds de neige sur nos montagnes, dix dans nos plaines, des rhumatismes, des soldats, et de la misère, forment la belle situation où je me trouve. Nous faisons la guerre à Genève ; il vaudrait mieux la faire aux loups, qui viennent manger les petits garçons. Nous avons bloqué Genève de façon que cette ville est dans la plus grande abondance, et nous dans la plus effroyable disette. Pour moi, quoique je n’aie plus de dents, je me rendrai à discrétion à quiconque voudra me fournir des poulardes. J’ai fait bâtir un assez joli château, et je compte y mettre le feu incessamment pour me chauffer. J’ajoute à tous les avantages dont je jouis que je suis borgne et presque aveugle, grâce à mes montagnes de neige et de glace.
Promenez-vous, madame, sous des berceaux d’oliviers et d’orangers, et je pardonnerai tout à la nature.
Je ne suis point étonné que M. de Sudre 2 ne soit pas premier capitoul, car c’est lui qui mérite le mieux cette place. Je vous remercie de votre bonne volonté pour lui. Permettez-moi de présenter mon respect à M. le prince et à Mme la princesse de Beauvau 3, et agréez celui que je vous ai voué pour le peu de temps que j’ai à vivre.
V.
Je ne sais sur quel horizon est actuellement M. le chevalier de Boufflers ; mais, quelque part où il soit, il n’y aura jamais rien de plus singulier ni de plus aimable que lui. »
1 Femme remarquable , « Fidèle au sentiment avec des goûts volages » , comme l'écrit plaisamment Voltaire , surnommée la « Dame de Volupté » . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Fran%C3%A7oise-Catherine_de_Beauvau-Craon
2 Voir lettre du 10 décembre 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/09/il-a-bien-un-autre-avantage-aupres-de-vous-celui-d-avoir-sou-6370453.html
3 Frère et belle-soeur de la marquise : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Juste_de_Beauvau-Craon
19:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
le monde va de lui-même . On a besoin d'un gouvernement deux ou trois fois par an tout au plus
... Ce qui explique - peut-être ? - la lenteur de la divulgation du nom du premier.e ministre qui , en ce moment, doit ramer furieusement pour désigner ses acolytes afin qu'ils tiennent la route quelques mois au moins .
Quelque soit le.la chef.fe du gouvernement, les âneries humaines françaises perdureront, tout comme celles du reste du monde .
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 janvier 1767]
Mon cher ami, je vous prie d'avoir la bonté de faire remettre le group de M. Des Franches à M. Bontemps 1. Si une affaire depuis longtemps proposée réussit, j'aurai besoin encore de beaucoup d'argent . Ainsi je ne puis en ce cas en donner à personne . Si l'affaire manque je prêterai de l'argent à qui voudra . Tout cela sera décidé dans la première quinzaine de mars . M. de Saint-Amour peut attendre quinze jours . Mais si vous avez besoin des papiers, je vous les renverrai sur-le-champ .
Grand merci du Dion Cassius . Votre république m'a la mine de rester quelque temps sans gouvernement fixe . Mais vous savez que le monde va de lui-même . On a besoin d'un gouvernement deux ou trois fois par an tout au plus . L'interdiction de votre commerce avec la France me paraît à moi plus sérieuse . Sauve qui peut dans ce monde . »
1 Il est question ici de Jean-Bénédict Perrinet, seigneur Des Franches, que V* mentionne dans une lettre à Mme Elizabeth Gallatin en janvier 1755 : «Hier 2 janvier à .. heures du matin, je dis à messieurs Jaquet et Des Franches que je me tiendrais ... ».
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on espère mettre à la raison forces auteurs
... qui seraient employés pour faire renaître Gaston Lagaffe, génialissime héros de Franquin, et qui ne sauraient remplacer son créateur . Hergé n'a pas voulu une renaissance de Tintin, Geluck ne veut pas une re-création de son chat, et c'est bien ainsi . Gaston , éternel, tu ne prends pas une ride .
https://www.nouvelles-du-monde.com/polemique-pourquoi-gas...
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 janvier 1766]
On a très certainement rendu les paperasses de M. de Loÿs 1, car on a de l’ordre, quoiqu'on soit homme de lettres, et qui pis est poète .
On sera très obligé du premier volume de Dion Cassius 2, avec lequel on espère mettre à la raison forces auteurs très bons chrétiens, et très mauvais historiens . »
1 Etienne [ ?] de Loÿs , voir « XXVI. Lettre de Jean Cramer à M. [Etienne?] de Loys, 17 janvier 1767 (folio 70) » : https://archives.bge-geneve.ch/archives/archives/fonds/cramer_jean/n:89/view:all
08:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
Point d’argent, point de Suisse. Il faut dire maintenant : De l’argent, et plus de Suisse.
...
« A Claire Cramer
[vers le 20 janvier 1767] 1
Je suis très-affligé de la mort de M. du Commun 2. Oui, c’était un philosophe ; mais il était philosophe pour lui, et il me faut des gens qui le soient pour les autres, des philosophes qui en fassent, des esprits qui répandent la lumière, qui rendent le fanatisme exécrable.
C’est n’être bon à rien que n’être bon qu’à soi.
Il faut absolument que je parle à votre mari. Où est M. Dupan ? Je leur écrirai.
Votre Vielding ou Villading 3 ressemble assez aux enfants mal élevés, qui reçoivent des confitures et vont vite les manger sans remercier.
On disait autrefois :
Point d’argent, point de Suisse.
Il faut dire maintenant :
De l’argent, et plus de Suisse.
Je n’ai pas vu François Tronchin depuis qu’il a eu pour trente-huit mille livres ce qui m’a coûté plus de cent mille. Tout cela peut entrer dans la Secchia rapita genevoise 4. Je rirai du moins, et avec vous, Génoise.
V. »
1 Manuscrit olographe passé à la vente Michelot ( Paris, 7 mai 1880 ) . Datée dans l'édition Voltaire à Ferney par rapport à la lettre du 25 janvier 1767 à Gabriel : « Je vous prie de dire à M. Des Franches, que ce M. de Vilding est un étrange original. »
2 Sur cette mort, voir lettre du 19 janvier 1767 à Gabriel Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/12/vous-pouvez-venir-sur-mon-territoire-et-je-ne-puis-aller-sur-6381602.html
3 Nom d’un patricien bernois.
4 La Guerre civile de Genève.
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15/05/2022
il dira qu'il aime mieux être Scythe que Persan
... La flatterie doit être battue par la diplomatie, et donc, notre président se gardera bien d'afficher une quelconque préférence autre que celle de la famille du Cheikh Khalifa ben Zayed al Nahyane, défunt remplacé par son demi-frère (mais héritier complet) le Cheikh Mohamed bin Zayed AL Nahyan . Business is business , for ever .
https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualite...
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
[vers le 20 janvier 1767] 1
Scythes, Persans, pays de Gex tout est à vos pieds . Quand mon cher colonel sera de loisir, il dira qu'il aime mieux être Scythe que Persan, et on lui enverra le rôle qu'il daignera embellir .
Tout Ferney vous fait de très tendres compliments . »
1 L'édition Roulin place la lettre à l'automne 1766, mais il est clair qu'elle a été écrite quelques jours avant celle du 31 janvier 1767 :à d'Hermenches : « M. votre frère compte vous aller voir mardi, mon cher colonel . Je lui donnerai Les Scythes pour vous . »
16:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
qui sole mange, sole lui vient
... Qui a besoin d'un.e premier.e ministre, premier.e ministre lui vient !
« A Jean-François-René Tabareau, directeur des postes à Lyon
Mardi au soir 20è janvier 1767 à Ferney
Nous vous avons, monsieur, l'obligation d'avoir satisfait parfaitement le goût d'un des sept péchés mortels . Notre gourmandise vous remercie très sensiblement de vos soles qui étaient aussi fraiches que si nous les avions mangées à Marseille . Je suis honteux des offres que vous voulez bien me faire . Plus j'en ai de reconnaissance, plus je crains d'en abuser, mais si vous avez quelque commissionnaire à qui vous vouliez bien me recommander nous profiterions de vos bontés Mme Denis et moi, jusqu'au point de vous envoyer quelquefois une petite liste de nos nécessités . Nous aurions en cela le plaisir d'obéir aux ordres du roi qui a défendu tout commerce entre la France et Genève . Entourés que nous sommes de neiges et de soldats, nous ignorons dans notre retraite si les voitures publiques de Lyon vont à Genève ; en cas qu'on ne pût se servir de cette voie,nous vous supplierions de permettre que votre courrier se chargeât jusqu'à Meyrin de quelques petits paquets, supposé qu'il fasse le voyage en voiture .
J'en étais là, monsieur, lorsque l'on nous apporte de votre part une alose et deux soles ; les chartreux de Ripaille 1 ne font pas si bonne chère que nous, et c'est beaucoup dire . Le proverbe ne savait pas encore que qui sole mange, sole lui vient .
Si Mme Denis et moi nous étions bien impudents, nous vous supplierions d'engager votre pourvoyeur à nous envoyer cet hiver par notre courrier deux pièces de volaille deux fois par semaine ; cela ne le chargerait pas beaucoup, nous paierions exactement le pourvoyeur, et le courrier ne sera pas oublié, mais en vérité nous n'osons pas avoir tant d'indiscrétion .
Je suis très fâché que votre parent qui était fait pour avoir de la considération s'attire des réponses mortifiantes qui courent le monde . S'il venait demander une grâce à M. le duc de Choiseul, la réponse vous venez trop tard est bonne ; mais elle ne vaut rien s'il ne s'agit que d'une visite du Jour de l'An . M. le duc de Choiseul est trop grand pour s’apercevoir si on lui fait sa cour de bonne heure ou trop tard .
Je ne savais pas que M. Jean-Georges, évêque 2 […] . L'église abhorre le sang, à ce qu'elle dit, l'évêque Jean-Georges n'a jamais fait périr personne que d'ennui . Je n'ai jamais entendu dire que j'eusse écrit une lettre à M. le duc de Choiseul sur l'évêque Jean-Georges . On ne tarit point sur les contes .
Avez-vous dans votre arrière bibliothèque la tragédie comique de Saul et de David ? Si vous ne l'avez pas je vous la déterrerai .
Comptez , monsieur, sur mon attachement inviolable.
V. »
1 A Ripaille, au bord du Léman, à l'est de Thonon, est installée la commanderie de l’ordre de St Maurice, fondée par Amédée VIII, duc de Savoie ; la vie qu'on y menait a donné lieu à l’expression faire Ripaille . On y visite ses remarquables cuisines .
2 Six ou sept mots sont emportés par la pliure du papier . Évidemment , il s'agit de Jean-Georges Le Franc de Pompignan, évêque du Puy.
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