26/02/2022
Voyez, décidez ; vous sentez bien que je suis à bout ...
... Appel de Volodymyr Zelensky ... Il serait bon que la France ne fournisse pas d'armes, ce serait mettre de l'huile sur le feu face à ce Poutine infect qui ne sait appliquer que le régime du meurtre et du mensonge . Tuer des civils ? il s'en fout , l'école stalinienne n'est pas oubliée .
« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
24è novembre 1766
J’ai encore fatigué aujourd’hui mes anges, et ma lettre est partie adressée à M. Marin, le tout après avoir dépêché depuis cinq jours trois paquets à M. le duc de Praslin.
Pourquoi donc, direz-vous, nous assommer encore de cette lettre, vieillard indiscret du mont Jura ? Pourquoi ? c’est que j’aime bien ces vers-ci :
… Il est des maux, Sulma, que nous fait la fortune.
Il en est de plus grands dont le poison cruel
Par nous-même apprêté, nous porte un coup mortel.
Mais lors que, sans secours, à mon âge, on rassemble
Dans un exil affreux, tant de malheurs ensemble,
Lorsque tous leurs assauts viennent se réunir.
Un cœur, un faible cœur, les peut-il soutenir ?1
Il me semble que cette leçon vaut mieux que les autres, surtout si la voix éclate avec attendrissement sur faible cœur.
Voyez, décidez ; vous sentez bien que je suis à bout, que je n’ai plus d’huile dans ma lampe, que je vous ai envoyé ma dernière goutte, et que le succès ou la chute de l’ouvrage sont dans le sujet et non dans les vers ; que tout dépend à présent des acteurs ; que les situations et l’art du comédien font tout aux premières représentations.
Ainsi donc, nous vous conjurons, maman et moi, de faire jouer la pièce telle qu’elle est . C’est ma dernière prière, c’est mon testament ; puis je mourrai en riant aux anges . »
1 Les Scythes, acte III, scène iv ; voir page 307 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/317
et p.334.: https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/344
16:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il faut que vous connaissiez ce monstre
...Wikipedia dit : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Poutine
Et aujourd'hui, on peut savoir ceci : https://www.challenges.fr/tag_personnalite/vladimir-poutine_629/
Vision de bureaucrate en télé travail : courbe en cloche , si jamais on sait ce qu'est un monde "normal".
« A Jean-François Marmontel
24 Novembre 1766.
Je suis en peine de savoir, mon cher confrère, si vous avez reçu un paquet que je fis partir vers le 9 ou 10 de ce mois sous l’enveloppe de madame Geoffrin. J’ignore même si elle est arrivée ; c’est ce qui fait que je vous écris par une autre voie. Je me meurs d’envie de voir Bélisaire 1. J’ai toujours dans la tête que ce sera votre chef-d’œuvre.
Je dois vous apprendre que j’ai beaucoup trop ménagé ce malheureux Jean-Jacques. Il faut que vous connaissiez ce monstre. Il n’avait écrit contre la comédie (lui qui n’a fait que de bien mauvaises comédies) que pour soulever contre moi les prêtres et les autres gueux de Genève. Il était au désespoir que j’eusse une jolie maison près d’une ville où il était abhorré de tous les honnêtes ge[n]s. Apprenez cette anecdote à M. d’Alembert. M. le docteur Tronchin a les preuves en main. Je sais que tout cela est triste pour la littérature ; mais il faut couper un membre gangrené 2.
Je vous demande en grâce de me donner des nouvelles de mon paquet. Je vous embrasse le plus tendrement du monde. »
1 Roman philosophique. (Georges Avenel). Voir lettre du 23 avril 1766 à Marmontel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/19/il-est-tres-vrai-que-la-raison-perce-meme-en-italie-et-que-l-6327918.html
2 La prononciation de gangrène fut longtemps donnée pour telle par le Dictionnaire de l'Académie .
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25/02/2022
Il n'a jamais rien fait de si mauvais
... Et il s'en glorifie, ce salopard *!
NDLR - * Poutine , est-il encore besoin de le préciser ?
Pour info , voir entre autres : https://www.leparisien.fr/international/guerre-en-ukraine...
« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine , marquise de Florian,
Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian,
et Alexandre-Jean Mignot
24 Novembre 1766 1
Chère nièce et chers neveux,
Madame de Florian a donc toujours la goutte aux trois doigts dont on écrit, et ne peut donner jamais le moindre signe de vie à un oncle qui l’aime bien tendrement ? Pour vous, monsieur son mari, c’est autre chose ; vous répondez exactement, vous dites des nouvelles aux absents, vos lettres sont instructives.
Et vous, mon gros et cher neveu, qui êtes actuellement enfoncé jusqu’au cou dans des papiers terriers, prêtez-moi vos secours et vos lumières pour résister à des Jfs 2 de moines qui veulent opprimer maman Denis et moi. Quand vous aurez voix délibérative dans la première classe du parlement de France, faites-moi une belle et bonne cabale contre tous ces Jfs de moines 3 . Défaites-nous de cette vermine qui ronge le royaume . Donnez de grands coups d’aiguillon dans le maigre cul de l’abbé de Chauvelin 4: c’est peu de chose ; ce n’est pas assez d’avoir chassé les jésuites qui du moins instruisaient la jeunesse pour conserver des sangsues qui ne sont bonnes à rien qu’à s’engraisser de notre sang.
Le petit La Harpe nous a lu sa pièce . Il n'a jamais rien fait de si mauvais ; mais je crois qu'on peut, en réformant son plan, en faire quelque chose de fort bon . Il fait facilement des vers ; il ne plaint point sa peine ; il a de l'esprit et du courage : je me flatte qu'il réussira . Il serait fort triste pour Hornoy et pour Ferney qu’une tragédie faite dans ces deux foyers ne réussît pas sur le théâtre .
Nous sommes actuellement dans le climat de Naples : nous serons au mois de décembre dans celui de Sibérie. Et vous, quand sortirez-vous de votre séjour paisible pour le séjour tumultueux, frivole et crotté de Paris, la grand’ville ?
Je vous embrasse tous trois de toutes les forces de mon âme et de mes bras longs et menus. »
1 Copie Beaumarchais-Kehl ; l'édition de Kehl omet le 4è paragraphe biffé sur la copie .
2 Pour Jean-foutre ! Voir : https://www.cnrtl.fr/definition/jean-foutre
3 La Chalotais, dans l’un de ses Mémoires, rapporte qu’on lui attribuait un billet adressé au comte de Saint-Florentin, et qui commençait ainsi : « Tu es un jff, aussi bien que les douze jff. » Il est à croire que c’est à ce passage que Voltaire fait allusion. (Beuchot.)
Voir affaire de la « gravure des Ifs » : https://books.openedition.org/pur/124119?lang=fr
19:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
Viendrons-nous enfin à bout de cette affaire, qui intéresse l’humanité entière ?
... C'est improbable tant le despote Poutine a un discours digne d'un Trump des plus mauvais jours , attaquant le président Zelensky par des assertions mensongères et ridicules : https://www.bfmtv.com/international/europe/vladimir-pouti...
"A Etienne-Noël Damilaville
24 novembre 1766 1
Eh bien ! mon cher et vertueux ami, imprime-t-on le mémoire pour les Sirven ? Viendrons-nous enfin à bout de cette affaire, qui intéresse l’humanité entière ?
Je vous ai dit 2 sans doute, et si je ne 3 l’ai pas dit, je le redis ; et, si je l’ai redit, je le redis encore : il est avéré, prouvé, démontré, que ce malheureux Jean-Jacques ne m’avait écrit, pour prix de mes bontés, une lettre insolente sur les spectacles 4 que pour engager avec moi une querelle, pour soulever contre moi les prêtres et les autres gueux 5 de Genève, et pour me faire sortir des Délices. M. Tronchin est très instruit d’une partie de cette intrigue, et j’ai les preuves de l’autre. Il n’y a jamais eu de pareil monstre dans la littérature, pas même Fréron . Voilà ce qu’il faut qu’on sache. Je me reprocherais de m’être même moqué de ce polisson, si je n’étais justifié par ses scélératesses.
Je vous prie d’envoyer ce petit billet à M. de Marmontel 6. J’espère qu’enfin l’abbé Coyer rendra gloire à la vérité.
Je vous embrasse aussi tendrement que faire se peut. »
1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; l'édition Correspondance littéraire que suit la copie . Une copie du XIXè siècle comporte des variantes que suivent les éditions .
2 Ce mot manque sur la seconde copie .
3 Suivi de vous sur le manuscrit 2 .
4Sur le manuscrit 2 : lettre très insolente sur les spectacles .
Dans la lettre de J.-J. Rousseau à Voltaire, du 17 juin 1760, on ne trouve pas une seule fois le mot spectacles, ni celui de théâtre : mais dans le reproche que Rousseau fait à Voltaire d’avoir perdu Genève (https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1760/Lettre_4153 ) , il ne parle que des représentations théâtrales.
Voltaire, au reste, veut parler de la lettre de J.-J. Rousseau à M. d’Alembert, sur son article Genève, dans le septième volume de l’Encyclopédie, et particulièrement sur le projet d’établir un théâtre de comédie en cette ville ; 1758, in-8°. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k850404k.texteImage
5 Le mot autres est restitué d’après le manuscrit.
18:21 | Lien permanent | Commentaires (0)
Et puis l’alibi, l’alibi, il est si nécessaire !
... Si nécessaire que même ce triste sire Poutine s'est fendu d'un alibi pour bombarder l'Ukraine : celle-ci aurait voulu envahir la Russie ! Au royaume des pourris il est empereur, mais il vient de faire un pas de trop .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
24 novembre 1766 1.
Y a-t-il un amant qui écrive plus souvent à sa maîtresse, un plaideur qui fatigue plus son avocat, que je n’excède mes anges ?
En voilà encore, des corrections, et de très bonnes, ou je me trompe beaucoup. Mais ce sont les dernières, n’est-ce pas ? Oui, je le crois, à moins que vous ne trouviez que le nom de Smerdis est trop souvent répété dans une même tirade, et alors on met « le roi » au lieu de « Smerdis »2.
Maman Denis a relu encore, et jure que je n’ai jamais rien fait de plus neuf et de plus passable : et je pense comme elle. Pour l’amour de Dieu, pensez comme nous. Avouez tout, faites réussir tout, marchez tête levée. Deux vieillards en robe, des bergers troussés, des Persans magnifiques, des contrastes perpétuels, un intérêt continu, du spectacle, du naturel, des mœurs vraies et piquantes, une catastrophe attendrissante, déchirante et terrible ! Les comédiens en sauraient-ils assez pour faire tomber tout cela ?
Et puis l’alibi, l’alibi, il est si nécessaire !
Respect et tendresse. »
1 Toutes les éditions donnent cette lettre à l’année 1772 ; c’est une faute. (Georges Avenel)
2 Ce mot aux consonances suspectes sera remplacé finalement par Athamare .
17:31 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/02/2022
Mais voici bien une autre paire de manches
... Le bordélique Poutine a osé . Que disent les woke à ce propos ? Ramènent-ils leurs fraises pour dénoncer cette horreur, eux qui hurlent lorsqu'on conserve une statue ou une place honorable dans les livres d'histoire pour des ministres du temps des colonies et de l'esclavage ? J'écoute ...!
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
22è novembre 1766
Mes anges sauront, ou savent déjà peut-être, que j’ai eu l’honneur de leur adresser deux paquets par M. le duc de Praslin. Le premier contenait une provision pour le tripot, avec une lettre relative au tripot 1.
Le second renferme ma réponse 2 à la lettre du 13è novembre, dont mes anges m’ont gratifié ; et cette lettre, bien ou mal raisonnée, est soumise à leur jugement céleste. Elle est accompagnée des lettres patentes qu’ils m’ont ordonné d’envoyer à Mlle Durancy 3, d’une lettre à M. du Clairon, et surtout de corrections nécessaires à ma création de dix jours. Souvenez-vous bien, je vous en prie, au quatrième acte, scène seconde, du mot de tyrans, auquel il faut substituer celui de Persans .
Ces biens que des tyrans aux mortels ont ravis ,
mettez :
Ces biens que des Persans aux mortels ont ravis 4.
Tyrans sent le Jean-Jacques ; Persans est plus honnête, et il faut être honnête.
Mais voici bien une autre paire de manches 5, comme disait Corneille ; je ne savais pas, quand je dépêchai mes Scythes, que Le Mierre avait fait Les Suisses 6. Or les Suisses et les Scythes, c’est tout un. Il est impossible que Le Mierre et moi ne nous soyons pas rencontrés. Je ne veux point du tout passer pour être son copiste. En faisant présent de ma pièce aux comédiens, je peux passer devant Le Mierre. Les comédiens peuvent dire que c’est une tragédie qui leur appartient en propre, et qu’ils sont en droit de donner les pièces qui sont à eux avant celles dont les auteurs partagent avec eux le profit.
En un mot, il y a plus d’une tournure à donner à la chose. On peut même obtenir un ordre du premier gentilhomme de la chambre ; ô anges ! vous n’avez qu’à battre des ailes, et on fera ce que vous voudrez. Nous ne pensons pas, au couvent, que l’incognito puisse et doive se garder. Le petit La Harpe n’en sait rien ; mais M. Hennin a vu le manuscrit sur ma table. M. de Taulès, qui est curieux comme une fille, est au fait. Il y a une autre raison encore : c’est que maman 7 prétend que les Scythes sont ce que j’ai fait de mieux ; et moi, je vous avoue que, parmi mes médiocres ouvrages, je ne crois pas qu’il y en ait deux plus singuliers que les Scythes.
Je pense donc qu’il faut hardiment courir les risques des sifflets. Je pense qu’il faut faire lire la pièce devant mon gros neveu, et même devant Damilaville ; qu’il faut donner ce plaisir à vos amis, et vous en faire un amusement. J’attends vos ordres pour lire Les Scythes ou Les Suisses à notre ambassadeur suisse, à Hennin, à Taulès, à La Harpe, à Dupuits, qui ne savent rien encore bien positivement. J’attends vos ordres, dis-je, et je me prosterne.
V. »
1 Lettre du 19 novembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/19/dans-la-fatuite-de-mon-orgueil-extreme-je-le-dis-6367078.html
2 Lettre du 20 novembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/20/o-anges-je-n-ai-jamais-tant-ete-au-bout-de-vos-ailes.html
3 La distribution des rôles des Scythes. C'est effectivement Mlle Durancy qui créa le rôle d'Obéide .
4Tout ce passage sera par la suite remanié .
5Cette expression est ancienne et apparaît dans les Curiosités françaises, d'Oudin en 1640 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50817x.image
et : https://www.linternaute.fr/expression/langue-francaise/307/une-autre-paire-de-manches/
et : https://www.dicopathe.com/livre/curiositez-francoises-pour-supplement-aux-dictionnaires/
6 Le Mierre a composé un Guillaume Tell qui sera représenté avant Les Scythes , le 17 décembre 1766 .
7 Mme Denis .
17:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il a mis le trouble partout où il a été . C'est un chien basset qui aboie et qui mord ... Il faut être aussi léger qu'on l'est en France pour avoir été quelque temps la dupe de ce misérable
... Rien mieux que cette description ne convient pour ce qui concerne notre politique face au chien Poutine . Il serait temps de le mettre en laisse et muselière .
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
21è novembre 1766
La lettre au docteur Pansophe, madame, est de l’abbé Coyer. J’en suis très certain, non seulement parce que ceux qui en sont certains me l’ont assuré, mais parce que, ayant été au commencement de l’année en Angleterre, il n’y a que lui qui puisse connaître les noms anglais qui sont cités dans cette lettre. Je connais d’ailleurs son style ; en un mot, je suis sûr de mon fait. Il est fort mal à lui, qui se dit mon ami, de s’être servi de mon nom, et de feindre que j’écris une lettre à Jean-Jacques, quand je dis 1 qu’il y a sept ans que je ne lui ai écrit. Je me ferais sans doute honneur de cette lettre an docteur Pansophe, si elle était de moi. Il y a des choses charmantes et de la meilleure plaisanterie ; il y a pourtant des longueurs, des répétitions, et quelques endroits un peu louches.
Il faut avouer en général que le ton de la plaisanterie est, de toutes les clefs de la musique française, celle qui se chante le plus aisément. On doit être sûr du succès, quand on se moque gaiement de son prochain ; et je m’étonne qu’il y ait à présent si peu de bons plaisants dans un pays où l’on tourne tout en raillerie. Pour moi, je vous assure, madame, que je n’ai point du tout songé à railler, quand j’ai écrit à David Hume : c’est une lettre que je lui ai réellement envoyée ; elle a été écrite au courant de la plume. Je n’avais que des faits et des dates à lui apprendre ; il fallait absolument me justifier des calomnies dont ce fou de Jean-Jacques m’avait chargé. C’est un méchant fou que Jean-Jacques ; il est un peu calomniateur de son métier . Il ment avec des distinctions de jésuite, et avec l’impudence d’un janséniste. Il a mis le trouble partout où il a été . C'est un chien basset qui aboie et qui mord . Je le crois descendu en droite ligne d'un accouplement du chien de Diogène avec une des couleuvres de la discorde . Il faut être aussi léger qu'on l'est en France pour avoir été quelque temps la dupe de ce misérable 2.
Connaissez-vous, madame, un petit Abrégé de l’Histoire de l’Église 3, orné d’une préface du roi de Prusse ? Il parle en homme qui est à la tête de cent quarante mille vainqueurs, et s’exprime avec plus de fierté et de mépris que l’empereur Julien. Quoiqu’il verse le sang humain dans les batailles, il a été cruellement indigné de celui qu’on a répandu dans Abbeville. L’assassinat juridique des Calas, et le meurtre du chevalier de La Barre, n’ont pas fait honneur aux Velches dans les pays étrangers. Votre nation est partagée en deux espèces : l’une, de singes oisifs qui se moquent de tout ; et l’autre, de tigres qui déchirent. Plus la raison fait de progrès d’un côté, et plus de l’autre le fanatisme grince des dents. Je suis quelquefois profondément attristé, et puis je me console en faisant mes tours de singe sur la corde . Pour vous, madame, qui n’êtes ni de l’espèce des tigres ni de celle des singes, et qui vous consolez au coin de votre feu, avec des amis dignes de vous, de toutes les horreurs et de toutes les folies de ce monde, prolongez en paix votre carrière. Je fais mille vœux pour vous et pour M. le président Hénault. Mille tendres respects.
V. »
1Voir lettre du 24 octobre 1766 à Hume : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/20/il-est-vrai-qu-a-la-sagesse-toujours-consequente-de-sa-conduite-et-de-ses-e.html
2 Les quatre phrases qui précèdent sont omises dans l'édition de Kehl et suivantes ; voir lettre du 20 novembre 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/20/o-anges-je-n-ai-jamais-tant-ete-au-bout-de-vos-ailes.html
3 Par l’abbé de Prades ; voir note 9 de la lettre du 1er février 1766 à Frédéric II de Prusse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/18/sans-justesse-il-n-y-a-ni-esprit-ni-talent-6316581.html
Et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Martin_de_Prades
et : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1971_num_3_1_958
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