Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/04/2019

Peu de gens sentiront votre mérite, vu le sujet que vous avez traité, et moi je le sens malgré le sujet

... M. Edouard Philippe , ne vous réjouissez pas trop vite, ici je ne transcris que les paroles de Voltaire qui, à l'occasion, et même souvent savait être indulgent et encourageant . Après votre discours d'hier, nous attendons les actes et alors votre mérite sera confirmé ou non . A suivre ...

 

 

« A Claude-Germain Le Clerc de Montmercy 1

Aux Délices , 13 mars 1764

Vous êtes donc, monsieur, comme Raphaël qui s’amusait quelquefois à peindre des fleurs sur des pots de terre . Vraiment je vous suis bien obligé d'avoir orné à ce point mon vieux pot cassé . Vous avez prodigué des vers charmants sur le sujet le plus mince 2, j'en suis aussi honteux que reconnaissant .

J'ai encore à vous remercier d'avoir dit tant de bien de M. de Vauvenargues 3, homme trop peu connu, et bien digne de vos louanges et de vos regrets . C'était un vrai philosophe ; il a vécu en sage, et est mort en héros sans que personne en ait rien su . Je chérirai toujours sa mémoire ; tout ce que vous dites de lui m’attendrit, autant que ce que vous dites de moi me fait rougir .

Je m'étonne qu'avec le talent de faire des vers si faciles, si agréables, si remplis de philosophie et de grâces, vous ne choisissiez pas quelque sujet digne d'être embelli par vous . La nature vous a donné la pensée, le sentiment et l’expression ; il ne vous manque qu'une toile pour y jeter vos belles couleurs . Peu de gens sentiront votre mérite, vu le sujet que vous avez traité, et moi je le sens malgré le sujet . Je m'intéresse à vous indépendamment de la reconnaissance ; je voudrais savoir ce que vous faites, si vous êtes aussi heureux que philosophe, et je suis très fâché d'être à plus de cent lieues de vous ; une santé misérable et une fluxion horrible sur les yeux m'empêchent de vous remercier de ma main, mais elles n'ôtent rien aux sentiments avec lesquels je serai toujours le plus sincèrement du monde, monsieur, votre, etc. »

08/04/2019

Ce qu'on devrait proposer, ce me semble, ce serait des conditions raisonnables, moyennant lesquelles ils ne seraient plus tentés d’abandonner leur patrie

... Ce que dit Voltaire en 1764 est de bon sens, ce qui ne semble pas être le lot de tous les partis politiques qui brassent des idées répressives avant que d'avoir des idées constructives . Le "contre" mène la danse avant le "pour" et le "avec" !

Bilan de la "Grande Consultation" ? Dès à présent, avant toute intervention du premier ministre, je parie, connaissant un peu mes concitoyens gaulois, pour une "Grande Désillusion" .

Résultat de recherche d'images pour "la grande illusion"

Remake 2019 : La Grande Illusion II

 

 

« A Paul-Claude Moultou

à Genève

11è mars 1764, à Ferney

Il est bien étrange, mon cher et aimable philosophe, qu'on propose le rappel des protestants en France ; car assurément on ne les en a pas chassés, au contraire, on les retient malgré eux, et on confisque leur bien quand ils viennent déjeuner à Genève ou à Lausanne . Ce qu'on devrait proposer, ce me semble, ce serait des conditions raisonnables, moyennant lesquelles ils ne seraient plus tentés d’abandonner leur patrie . Mais on m'assure que dans le livre de M. de La Morandière 1, on avance qu'il ne doit pas être permis à deux familles de s'assembler pour prier Dieu . C'est conseiller la persécution sous le nom de tolérance, mais il se peut qu'on m'ait trompé, je n'ai point vu le livre ; tout ce que je sais, c'est que les parlements brûlent à présent tous les livres qui leur déplaisent . On ne fera pas cet honneur à l'imitation théâtrale de ce pauvre Jean-Jacques, car on ne la lira pas 2. J'ai peur que le bonhomme ne devienne entièrement fou . Les dévots diront que c'est une punition divine .

Dès que j’aurai quelque chose qui puisse amuser Mme la duchesse d'Anville, je ne manquerai pas de vous le faire tenir . Il n'y a que son extrême indulgence et la vôtre, qui puisse me faire prendre cette hardiesse .

Vous savez que l'auteur de l'apologie de la Saint-Barthélemy est à Rome en personne, tandis qu'à Paris il est au carcan en peinture . Dieu le récompensera, il sera peut-être cardinal .

Vraiment vous seriez un homme charmant de venir égayer un pauvre malade . Mme Denis a une passion violente pour vous . Vous connaissez les sentiments inviolables que je vous ai voués .

V. »

07/04/2019

M. le premier président de Dijon avait envoyé f*** mon adverse partie

... Ce qui n'est que justice quand on a à faire avec un curé malveillant .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11è mars [1764]

Mon cher frère, je vous prie de me mander s’il est vrai qu’on va jouer ô l'impie 1; si les moyens de rappel en faveur des huguenots  2 est un bon livre ; si on peut avoir le mandement de Christophe 3, et celui du doux Caveyrac 4; si l’ouvrage attribué à Saint-Evremond produit quelque bon fruit dans le monde ; si vous avez reçu un petit billet que j’écrivais à Mariette 5, dans lequel je l’avertissais que M. le premier président de Dijon avait envoyé f*** mon adverse partie ; si on continue ou si on abandonne le procès de la pauvre Calas, etc., etc., etc.

Je crois que frère Berthier a passé aujourd’hui auprès de chez moi pour aller à Soleure . Je suis très fâché de ne lui avoir pas donné à dîner . J’avais quelques Anglais avec moi qui auraient augmenté le plaisir de l’entrevue. Nous étions quinze à table, et je remarquais avec douleur qu'excepté moi, il n’y en avait pas un qui fût chrétien. Cela m’arrive tous les jours . C’est un de mes grands chagrins. Vous ne sauriez croire à quel point cette maudite philosophie a corrompu le monde . La révolution des jésuites est bien moins étonnante et moins grande . Mon frère, écr. l’inf. »

1 Sur la plaisanterie à laquelle celle-ci fait écho, voir lettre du 18 janvier 1763 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/16/jean-jacques-fait-des-lacets-dans-son-village-avec-les-monta.html

2 Principes politiques sur le rappel des protestants en France par Turmeau de la Morandière. ; voir lettre du 15 février 1764 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/27/on-dit-que-cet-ecrit-est-bon-par-consequent-il-a-du-etre-fort-inutile.html

et : https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001100972582

5 Billet inconnu .

06/04/2019

Si elle est sage, elle est perdue ; si elle est maligne, elle est odieuse

... Une actrice ? une femme politique ? une idée ?

Image associée

?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

11è mars 1764

C’est donc demain , mes anges, que vous prétendez qu’on fera le service d’Olympie dans le couvent d’Éphèse 1. Je doute fort que vous ayez un acteur digne d’officier et de jouer le rôle de l’hiérophante. J’ai représenté ce personnage, moi qui vous parle ; j’avais une grande barbe blanche, avec une mitre de deux pieds de haut, et un manteau beaucoup plus beau que celui d’Aaron. Mais quelle onction était dans mes paroles ! je faisais pleurer les petits garçons. Mais votre Brisard est un prêtre à la glace ; il n’attendrira personne ; je n’ai jamais conçu comment l’on peut être froid ; cela me passe, quiconque n’est pas animé est indigne de vivre . Je le compte au rang des morts.

Je n’entends point parler de votre Gazette littéraire 2; j’ai peur qu’elle n’étrenne pas. Si elle est sage, elle est perdue ; si elle est maligne, elle est odieuse. Voilà les deux écueils ; et tant que Fréron amusera les oisifs par ses méchancetés hebdomadaires, on négligera les autres ouvrages périodiques qui ne seront qu’utiles et raisonnables ; voilà comme le monde est fait, et j’en suis fâché. Mais le plus grand de mes malheurs est de n’avoir jamais pu parvenir à lire le mandement de Christophe, ni celui du doux Caveyrac, dont la grosse face a, dit-on, été piloriée en effigie 3.

Vous avez reçu, sans doute, mes divins anges, un bel arrêt du Conseil, imprimé, que je vous ai envoyé pour mettre M. le duc de Pralin à son aise.

Voici une grande nouvelle : on m’assure qu’on a vu frère Berthier avec un autre frère, ce matin, allant par la route de Genève à Soleure 4; si j’en avais été informé plus tôt, je les aurais priés à dîner.

Vous êtes heureux, mes anges, vous vivez au milieu des facéties ; mais vous gardez votre bonheur pour vous, et vous ne m’en parlez jamais ; vous me parlez de Grandval plus que de Christophe ; vous oubliez les autres comédies pour celles du faubourg Saint-Germain ; vous ne daignez pas vous communiquer à un pauvre étranger , quoi qu’il en soit, je vous adore. »

1 Olympie fut représentée la première fois le 17 et non le 12 mars 1764 (voir lettre à Cramer du 21 mars 1764 ) . La pièce eut dix représentations avec un public fort honorable jusqu'à la clôture annuelle de Pâques ; mais elle en fut jamais reprise ensuite .

2 Le premier numéro de la Gazette littéraire est daté « Mercredi 7 mars 1764 » et a pour titre « Gazette littéraire de l'Europe . Tome premier . Comprenant les mois de mars, avril et Mai 1764 . A Paris, de l'imprimerie de la Gazette de France, aux galeries du Louvre . MDCCLXIV. » : https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=njp.32101074949619...

3 Voir lettre du 8 mars à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/04/05/il-est-bien-juste-que-sa-vie-et-ses-ouvrages-soient-des-contradictions-perp.html

Dans l'édition Cayrol, selon Georges Avenel, l'Appel à la raison qui est attribué à Caveyrac est en fait du père Balbani : voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/136

4 Ce compagnon est le jésuite La Noue qui n'a pas voulu abandonner Berthier et qui partage son exil ; Berthier, ancien précepteur des enfants de France, se réfugia pour quelque temps à Bâle , puis à Offenbourg ; il put revenir en France en 1776 et mourut à Bourges, où il s'était retiré en 1782 ; voir Berthier's Journal de Trévoux and the philosophes de John N. Papas . D'Alembert vient d'écrire à V* le 2 mars 1764 : « […] savez-vous que le frère Berthier se retire dans votre voisinage, les uns disent à Fribourg, les autres chez l'évêque de Bâle […] . Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que ce frère Berthier si scrupuleux sur son vœu d'obéissance, ne l'est pas tant sur son vœu de pauvreté, s'il est vrai, comme on l'assure, qu'il s'en aille avec 4000 livres de pension, pour la bonne nourriture qu'il a administrée aux enfants de France . Par ma foi, mon cher maître, si cet homme est là près de chez vous, vous devriez quelque jour le prier à dîner, et m'avertir d'avance, je m'y rendrais, nous nous embrasserions ; nous conviendrions réciproquement, nous, que nous ne sommes pas chargés de foi, lui qu'il est ennuyeux […] » Voir aussi : http://digistore.bib.ulb.ac.be/2008/a053_1995_023_f.pdf

05/04/2019

il est bien juste que sa vie et ses ouvrages soient des contradictions perpétuelles

... Le dire et le faire peuvent en effet être opposés . Que dire d'un pape qui vit comme un roi, un despote deus ex machina et qui prône la sainteté dans la pauvreté ? c'est la fonction qui l'oblige me direz-vous , et bien ça m'agace . Je parle du pape, mais il n'est pas le seul à bien dire et mal faire , le contraire étant difficile à concevoir, quoique possible, volontairement ou non chez quelques politiciens .

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 8 mars 1764] 1

Je suis persuadé que monsieur Cramer a été aussi ébouriffé que moi de voir un vers de trois pieds pour un vers de cinq etc. etc.

Je le prie instamment de me faire renvoyer les feuilles remaniées, et surtout celles du Discours aux Welches, dans lesquelles il y a quelques lignes importantes à corriger .

Je remercie bien le sieur Jean-Jacques de jouer la comédie avec ses montagnons 2, il est bien juste que sa vie et ses ouvrages soient des contradictions perpétuelles .

Si monsieur Cramer veut me faire avoir les derniers vomissements de J.-J. contre le théâtre 3, il me fera grand plaisir . Il sait sans doute que les jésuites sont renvoyés de Versailles, qu'il y a quelques frères à Pierre-Encise et quelques autres à la Bastille . On ne me parle point du pilori du cher abbé de Caveyrac 4. »

1 L'édition Gagnebin place la lettre en décembre 1764 en identifiant les derniers remaniements aux Lettres de la montagne . La date de la présente lettre est fixée par le fait que V* vient de lire l'essai de Rousseau « De l'imitation théâtrale, Essai tiré des Dialogues de Platon, 1764 . »

2 Voir « Les provincialismes […] de J.-J. Rousseau » de A. François, 1907 : page 1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k161257/f22.image

3 De l'imitation théâtrale. Essai tiré des Dialogues de Platon, 1764 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10400824

4 L'abbé de Caveyrac vient d'être condamné le 23 février pour son Appel à la raison en faveur des jésuites : https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001...# ;

voir lettre du 28 janvier 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/23/nous-sommes-dans-un-etrange-temps-ou-il-faut-craindre-qu-un-6010865.html

04/04/2019

I am no way concern'd in the business of poligamy or bigamy or even monogamy

... That's all folks !

Résultat de recherche d'images pour "that s all folks"

Dénonce ton porc !

 

 

« A Arthur Hill-Trevor 1

This is my answer to the anonime letter I have receiv'd .

If it is reported in a pamphlet impos'd upon me, that a minister of state Charles the second, was a candid and good husband to two wives at once, and that he wrote a pretty book on those patriarcal good manners, I know neither that pamphlet nor that statesman, but I should be very glad to peruse the pretended book on the plurality of wives, tho I am no way concern'd in the business of poligamy or bigamy or even monogamy .

Voltaire

gentleman ordr of the King chamber.

At the castle of Ferney 8 March , n. st. 1764. 2»

1 V* a écrit dans l'édition de 1761 de l'Essai sur les mœurs, CXXX : « Trevor, chancelier d'Angleterre du temps de Charles II, épousa secrètement une seconde femme, avec le consentement de la première ; il fit un petit livre en faveur de la polygamie, et vécut heureusement avec ses deux épouses . »

Dans les éditions ultérieures, le nom de Trevor fut changé en Cowper, et, reprenant la même histoire dans les Honnêtetés littéraires, 1767, V* ajoute, parlant de l'erreur qu'il a commise sur le nom : « La famille Trevor l'a redressée avec une extrême politesse. » Le seul personnage de cette famille à qui V* puisse s'adresser est Arthur Hill-Trevor , fait vicomte Dungannon le 27 avril 1765, ce qui fixe le destinataire de cette lettre . C'est Swift qui, dans l'Examiner, XVII et XXII, a donné cours à l'histoire de la bigamie de William Cooper, premier comte Cowper . Il est douteux qu'elle soit authentique, et de toute façon, Cowper n'a écrit aucun ouvrage en faveur de la polygamie .Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/Chapitre_130

2 « Voici ma réponse à la lettre anonyme que j'ai reçue . On dit , dans une brochure qui m'est attribuée, qu’un ministre d’État, sous le règne de Charles II, fut un mari bon et loyal pour deux femmes à la fois , et qu'il écrivit un agréable ouvrage sur ces bonnes manières patriarcales . Je ne connais ni la brochure ni l'homme d’État, mais je serais très heureux de lire le prétendu livre sur la pluralité des femmes, quoique je ne sois en aucune façon concerné par le problème de la polygamie, de la bigamie ni même de la monogamie . Voltaire , gentilhomme ordinaire de la chambre du roi Au château de Ferney, 8 mars, nouveau style, 1764. »

03/04/2019

Nos femmes assignées sont malades

... très très très malades après l'application de la charia qui devient la législation à Brunei grâce au sultan Hassanal Bolkiah dès ce jour . Les carriers et les couteliers reprennent du service .

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/04/03/a...

 Image associée

 

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

Nos femmes assignées sont malades, Forestier assigné m'est nécessaire . Il faut suspendre jusqu'à nouvel ordre .

Voltaire.

Jeudi [8 mars 1764] au soir 1. »

1 Manuscrit sur lequel Balleidier a noté : « De M. de Voltaire / sans date. / Reçue le 9è mars 1764. »