13/11/2018
on ne sait plus à quel saint se vouer
...
https://www.youtube.com/watch?v=OvdutJhElnk
« A Etienne-Noël Damilaville
19è novembre [1763]
Mon cher frère saura que voilà tout ce qu'on a pu trouver pour le présent ; qu'on lui a depuis plus de quinze jours adressé un gros paquet par les anges ; qu'on lui enverra sans faute tout ce qu’on pourra découvrir ; qu'on craint toujours quelque anicroche pour les paquets ; qu'on lui adressa pendant le voyage de Fontainebleau , sous l'enveloppe de mes anges un paquet dans lequel il y avait une lettre pour M. Mariette ; qu'on craint fort que cette lettre ne soit pas parvenue ; qu'il a dû recevoir aussi d'autres paquets par différentes voies ; qu'on ne sait plus à quel saint se vouer ; qu'on se recommande à mon cher frère et aux prières de tous les frères .
Écr l'inf . »
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12/11/2018
Ce neveu-là a une belle vocation pour écrire l'histoire des catins ; il se prépare de l'occupation pour toute sa vie
... Je doute que Stéphane Bern soit un neveu de mon académicien préféré et que Christine Bravo soit une nièce cachée du patriarche, mais tous deux s'intéressent à ce qui a fait l'histoire en passant sous la ceinture et les jupons féminins qui sont un instrument de tourment ou de pouvoir . Toujours est-il que Voltaire ne se trompe pas en supposant un travail et un gagne pain infini en révélant les Dessous de l'histoire et Sous les jupons de l'histoire .
« A Charles-Augustin Ferriol comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
19è novembre 1763
Mes divins anges, mon neveu du Grand Conseil me mande que vous avez la bonté de me faire parvenir une Histoire de Jeanne 1. Ce neveu-là a une belle vocation pour écrire l'histoire des catins ; il se prépare de l'occupation pour toute sa vie .
Comme je ne peux pas la payer en même monnaie, je lui envoie les Remarques sur l’Histoire générale, et le Traité sur la tolérance, qui est, comme vous savez , d'un brave théologien, que je ne connais pas . Je prends la liberté de m'adresser à vous pour lui faire tenir cette petite cargaison, accompagnée d'une lettre qui est dans le paquet . J'abuse de vos bontés, mais vous m'avez accoutumé à l’excès de votre indulgence . Nous vous prions, Mme Denis et moi, d'être plus que jamais les anges de Ferney . Nous n’avons pas un moment à perdre pour rappeler notre affaire au Conseil du roi, c’est le seul moyen de nous tirer d'embarras . Nous vous supplions de nous mander les intentions de M. le duc de Praslin . Cette affaire est pour nous de la dernière importance ; toute la douceur de notre vie en dépend ; nous remettons notre destinée entre vos mains .
On parle d’une tragédie nouvelle qui a beaucoup de succès 2 , et vous ne nous en dites rien . Vous croyez donc que nous ne nous intéressons pas au tripot ? Un coquin de janséniste vient d’imprimer un gros volume contre le théâtre . Les jésuites, du moins, ne se seraient pas rendus coupables de ce fanatisme . On nous a défaits des renards et on nous a mis sous la dent des loups . Moi je me mets toujours à l'ombre de vos ailes . »
1 Histoire de Jeanne première, reine de Naples, comtesse de Piémont, de Provence et de Forcalquier, 1764, de l'abbé Vincent Mignot . Voir : https://books.google.fr/books/about/Histoire_de_Jeanne_premi%C3%A8re_reine_de_Na.html?id=ozkH5K1-vsQC&redir_esc=y
2 Le comte de Warwick, première pièce de La Harpe, jouée avec succès le 7 novembre 1763 et qui aura 15 représentations pour la première série .
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11/11/2018
vous devez avoir reçu plusieurs paquets de moi, et vous en recevrez encore
... Paquets de bits et octets en pagaille, petits éclairs électroniques sensés apporter un semblant d'information, à prendre au vol et à oublier de même pour ne pas devenir un big data sur pattes dénué de logiciel de tri , un âne de Buridan .
« A Etienne-Noël Damilaville
17è novembre 1763
Mon cher frère, vous devez avoir reçu plusieurs paquets de moi, et vous en recevrez encore. Votre petit billet du 12 vient de m’être rendu. Vous me dites que la nymphe Clairon a reçu une brochure ; c’est sans doute un Cramer qui la lui a envoyée , mais vous devez en avoir beaucoup par M. d’Argental et par d’autres voies. Je vous supplie de me mander si tout cela est parvenu entre vos mains. Il y a surtout une lettre pour M. Mariette, qui m’inquiète beaucoup : c’est au sujet de mon affaire des dîmes ; je vous l’adressai il y a environ quinze jours , l’affaire presse beaucoup, et il serait bien triste que cette lettre fût perdue.
Quant au digne frère de l’auteur des chansons hébraïques 1, on nous fait espérer une instruction 2 très pastorale, qui sera plus approfondie et meilleure que celle de l’évêque d’Alétopolis . Sitôt qu’elle pourra me parvenir, je ne manquerai pas de vous en faire part . Mais, au nom de Dieu, mandez-moi si vous avez reçu des nouvelles de Lyon, de Besançon et de M. d’Argental, depuis un mois. Je vous suis attaché plus que jamais.
Ecr. l’inf. »
1 Pompignan , évêque du Puy ; voir lettre du 17 septembre 1759 à Mme du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/09/je-suis-a-peu-pres-reduit-a-l-etat-d-abelard-mais-malheureus-5464788.html
2 La première Lettre d'un quakre .
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il y a des choses qu’un ministre doit lire
... Il DOIT lire les discours écrits par ses conseillers et scribouillards attitrés d'une part, et les textes de loi qu'ils est appelé à défendre, sinon à comprendre ( c'est parfois trop demander quand on voit ce qu'ils peuvent pondre comme âneries ) . Pour le reste, à chacun selon ses goûts .
B-A, BA, B-A , BA = route du Rhum
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Aux Délices , 17 novembre [1763]
Mes divins anges, vous devez avoir reçu un petit livre intitulé la Tolérance, lequel j’ai grande envie que vous tolériez. Je viens d’en envoyer un autre à M. le duc de Praslin, non pas à lui directement, mais à vous sous son enveloppe, et à vous sans cachet ; et je vous dis, dans un petit billet , engagez M. le duc de Praslin à lire cet ouvrage, s’il en a le temps. Il est, à la vérité, prodigieusement théologique ; mais il est honnête, et il y a des choses qu’un ministre doit lire. Tandis que vous étiez à Fontainebleau, je n’en savais rien, et j’envoyais toujours mes paquets sous le nom de M. de Courteilles. Il y en avait un pour M. Damilaville qui m’inquiète beaucoup ; il contenait un mémoire pour M. Mariette : il s’agissait de ma dîme. La chose presse, attendu que la Saint-Martin est arrivée, et que les prêtres poursuivent au parlement de Dijon.
Vous savez que la lettre de M. le duc de Praslin, au nom du roi 1, ne réussira pas auprès de Messieurs ; ils connaissent peu les lettres des ministres ; il leur faut des lettres patentes. J’ai toujours prévu que je serais obligé de poursuivre cette affaire litigieusement au Conseil des dépêches, et je compte toujours sur les bontés de M. le duc de Praslin dans ce tribunal.
Permettez-moi de vous demander des nouvelles de votre conspiration 2. Est-elle en bon train ? avez-vous bien posté vos assassins ? avez-vous fait jouer vos ressorts ? avez-vous mis le feu aux poudres ? y a-t-il quelque chose de nouveau dans le tripot ?
Respect et tendresse.
V. »
1 Voir lettre du 15 octobre 1763 à Favre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/10/09/il-s-interesse-a-tout-ce-que-le-magnifique-conseil-peut-lui-6095540.html
2 Le Triumvirat .
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10/11/2018
malheureusement pour nous, nos solitudes ne sont pas bien fécondes en nouvelles. Tout ce que j’espère faire, c’est de vous dire que je vous aime de tout mon cœur
... chère Mam'zelle Wagnière qui êtes si loin pour un temps, et si attachante pour toujours .
« A Mme de Champbonin 1
Aux Délices, 17 novembre [1763] 2
Je ne sais si vous savez, mon cher gros chat, que je deviens aveugle ; vous me direz que je suis très clairvoyant sur le mérite des Pompignan ; je vous assure que je ne le suis pas moins sur les devoirs de l’amitié. Je vous écrirais plus souvent si j’avais du temps et des yeux ; mais tout cela me manque : vous savez de plus que j’ai l’honneur d’avoir soixante-dix ans, et qu’étant né très faible, je n’acquiers pas de la force avec l’âge. On meurt en détail, ma chère amie , puissiez-vous jouir d’une meilleure santé que la mienne ! Je n’ai pas la consolation d’espérer de vous revoir ; nous sommes l’un et l’autre dans des hémisphères différents. J’ai un ami dans ce pays-ci qui va souvent en Amérique, mais qui en revient comme de Versailles à Paris ; il n’en est pas de même d’un gros chat dont la gouttière est en Champagne, et d’un aveugle posté dans les Alpes. Il faut se dire adieu, ma chère amie ; cela est douloureux. Je sens que je passerais avec vous des moments bien agréables ; mais nous sommes cloués par la destinée chacun chez nous, et, malheureusement pour nous, nos solitudes ne sont pas bien fécondes en nouvelles. Tout ce que j’espère faire, c’est de vous dire que je vous aime de tout mon cœur. Quand cela est dit, je vous le redis encore : c’est comme l’Ave Maria qu’on répète . On dit qu’il ennuie la Sainte Vierge, et j’ai peur d’ennuyer gros chat par de pareilles répétitions. Que n’êtes-vous la nièce de Corneille ? Je vous aurais remariée, et vous seriez grosse actuellement, et nous vivrions ensemble le plus gaiement du monde.
Adieu, mon cher gros chat ; vivons tant que nous pourrons ; mais la vie n’est que de l’ennui ou de la crème fouettée. »
1Anne-Antoinette-Françoise Paulin du Raget, de Champbonin :voir : https://books.google.fr/books?id=3-0BCwAAQBAJ&pg=PT4750&lpg=PT4750&dq=mme+de+champbonin&source=bl&ots=fh3Gm89uQr&sig=zBAxUUVW12gM4huPLHuqhQtcJF0&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjE97bHrsjeAhUDxIUKHY-UCTAQ6AEwCHoECAEQAQ#v=onepage&q=mme%20de%20champbonin&f=false
et : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2012-3-page-653.htm
2 L'édition de Kehl date de 1764 ; Beuchot corrige l'année .
00:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/11/2018
on doit servir la bonne cause et la patrie tant qu'on respire
...Et pleurer sur la tombe de ceux qui ont rendu leur dernier souffle à ce service, ces millions d'humains qui semblent avoir péri en vain, tant leurs survivants osent encore prôner la division, la haine, l'intolérance dans tant de nations . Humains sur notre globule, nos jours sont comptés, ne les gâchons pas en nous détestant .
ça commence comme ça ...
... et ça finit parfois comme ça !
« A Etienne-Noël Damilaville
16è novembre 1763
Cette petite plaisanterie 1 est trop peu de chose, et a été faite trop à la hâte . Une bonne âme prépare un ouvrage plus étendu, plus salé et plus utile 2; on doit servir la bonne cause et la patrie tant qu'on respire . Je m'unis dans ces sentiments à mon cher frère et à tous les frères .
Il n'est pas mal que l’ennuyant et ignorant méchant homme, auteur d'un mauvais livre, reçoive la lettre ci-jointe 3 en attendant mieux . Il verra du moins qu'il n'a pas affaire à des ingrats . Mandez-moi, je vous prie mon cher frère, si vous avez reçu plusieurs paquets . Il y en a deux qui doivent vous être arrivés par Lyon ; en faites-vous quelque usage ?
Embrassez nos frères et
écr l'inf. »
1 Instruction pastorale […] ; voir lettre du 5 novembre 1763 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/10/28/vous-aurez-l-errata-pour-chaque-volume-sitot-que-j-aurai-le-6100557.html
2 Cet ouvrage doit être la Lettre d'un quakre .
3 On ne sait ce qu'est cette lettre ni son destinataire .
09:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
je crois qu'il serait très convenable que vous envoyassiez à l'ambassadeur d'Angleterre à Paris quelques-uns de vos avis du mois d'octobre
... Afin que ce fichu Brexit ne pourrisse pas davantage nos relations .
« A Gabriel Cramer
[novembre 1763]
Caro, je crois qu'il serait très convenable que vous envoyassiez à l'ambassadeur d'Angleterre 1 à Paris quelques-uns de vos avis du mois d'octobre . En voici deux que j'ai retrouvés .
On demande des mandements de l’évêque d'Alétopolis 2. Ne pourriez-vous pas faire cette bonne œuvre ? Elle est a rang des choses saintes qu'il ne faut pas faire à demi . »
1 Francis Seymour, comte de Hertford, a pris ses fonctions à Paris le 17 octobre 1763 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Seymour-Conway
2 Voir lettre du 5 novembre 1763 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/10/28/vous-aurez-l-errata-pour-chaque-volume-sitot-que-j-aurai-le-6100557.html
08:49 | Lien permanent | Commentaires (0)