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19/11/2018

L'état où je suis ne me permet guère d'écrire

... C'est dit !

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Syndic et député

des États du pays de Gex

à Autun 1.

Vous avez vu sans doute monsieur à vos états M. le comte de La Touraille 2 qui vous a annoncé à Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé 3 et à M. le comte de La Guiche 4.

Voulez-vous bien avoir la bonté de lui présenter ma respectueuse reconnaissance ? L'état où je suis ne me permet guère d'écrire . Agréez monsieur le sincère attachement de votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

À Ferney 27 novembre [1763] 5»

1 Mots remplacés deux fois par à Gex sur le manuscrit .

5 Manuscrit olographe passé en dernier lieu à la vente Quaritch à Londres en novembre 1968 . L'année est fixée par la lettre du 16 novembre 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/09/on-doit-servir-la-bonne-cause-et-la-patrie-tant-qu-on-respire.html

18/11/2018

Ma jouissance est de savoir qu'on jouit

... but I can't get no satisfaction , and I try

https://www.youtube.com/watch?v=nrIPxlFzDi0

 

 

« Marie-Louise Denis et Voltaire

à Charles-Joseph, prince de Ligne

A Ferney 26 novembre [1763] 1

Vous ne vous contentez pas monsieur d'être aimable et d'avoir honoré de votre présence deux personnes dont vous avez gagné les cœurs, vous daignez encore vous en ressouvenir et leur en donner des marques . C'est mettre le comble à leur satisfaction .

Pouvez-vous douter du plaisir extrême que nous a fait votre lettre et du désir de mon oncle de connaître les remarques que vous avez faites pendant cette malheureuse guerre ? La seule consolation qu'on éprouve étant privé de l'honneur de vous voir est celle de vous lire .

Vous nous promettez monsieur de revenir l'année prochaine dans nos montagnes . Je vous somme d'une parole aussi agréable . Si je pouvais être sûre du temps où nous vous posséderons vous trouveriez à votre arrivée une belle tragédie toute prête à jouer . Pour rendre la pièce plus intéressante, il faudrait que vous daignassiez y prendre un rôle . Si le cœur vous en dit mandez-le moi, nous conviendrons de la pièce et du rôle qui vous plairait davantage , vous l'apprendriez avant votre arrivée et vous augmenteriez nos plaisirs en voulant bien les partager . Je n'aurais pas tardé si longtemps monsieur à répondre à votre obligeante lettre si ma santé me l'avait permis . Elle est toujours fort languissante mais je retrouve des forces pour vous assurer combien j'ai l'honneur d'être monsieur

votre très humble et très obéissante servante

Denis .

 

Tous nos enfants sont bien flattés de l'honneur de votre souvenir et me chargent de vous en faire leurs très humbles remerciements .

Agréez aussi monsieur le Prince, ceux d'un vieillard, car tous les âges sont également sensibles à votre mérite . Il est vrai que je ne peux plus jouer la comédie, mais il en est de ce plaisir comme de tous ceux auxquels il faut que je renonce, je les aime fort dans les autres . Ma jouissance est de savoir qu'on jouit . Je désire plus que je n'espère de vous revoir entre nos montagnes . L'apparition que vous y avez faite nous a laissé des regrets qui dureront longtemps . Nous serions trop heureux si nous étions faits pour vous posséder comme nous le sommes pour vous aimer et pour vous respecter . Le vieux malade s'acquitte parfaitement de ces deux devoirs .

… V. »

1 L'édition de Kehl est limitée au post scriptum de V*, avec un mot d'introduction inventé, suivant la copie Beaumarchais-Kehl .

17/11/2018

les parlements de France n'admettent plus de simples lettres écrites au nom du roi par les ministres

... Nom de Zeus ! en serait-on arrivé à cette étrange pratique qu'est la démocratie ? les ministres et le président, à leur tour, admettront-ils les demandes des "gilets jaunes" populaires, poil à gratter non négligeable ?

 

 

« A Jacob Favre

26è novembre 1763 à Ferney 1

Monsieur,

Je suis obligé d'avoir l'honneur de faire part au Conseil, de ces mots de M. le duc de Praslin du 19è du présent mois .

« Pour statuer en règle, M. de Praslin a besoin d'une demande en forme de la République de Genève , M. Crommelin attend des ordres à ce sujet, et donnera en conséquence un mémoire qui mettra en état de prononcer . »

Il est inutile, monsieur, que je vous répète que les parlements de France n'admettent plus de simples lettres écrites au nom du roi par les ministres ; que l'assurance donnée à la République, au nom du roi, par M. le duc de Praslin, ne sera jamais regardée comme une pièce authentique ; que les curés de Gex se préparent à soutenir de prétendus droits, et qu'on peut les arrêter pour jamais par une démarche en forme . L'affaire présente regarde d'ailleurs principalement un de vos concitoyens auquel on redemande près de quinze années de jouissance . L’intérêt que j’ai à la chose est très peu considérable, mais ce qui m'est infiniment sensible c'est de recevoir par vous une marque de la bonté du magnifique Conseil.

J'ai l'honneur d'être avec respect monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 La lettre fut lue le 29 au conseil, qui accorda ce que demandait Voltaire . Les minutes du 30 précisent : […] Lecture faite dudit arrêt [du conseil du roi en 1635] l'avis a été de l'envoyer au sieur Crommelin et de lui donner des ordres d'agir comme il convient pour en obtenir un semblable, tant pour la dame de Ferney que pour celle de Collovrex. »

16/11/2018

Souffrez que j'importune un moment Votre Excellence dans ses grandes occupations

... pourrait dire Raphaël Glücksmann en s'opposant à Emmanuel Macron par la création de son mouvement Place publique . Un mouvement d'opposition de plus, pourquoi pas, à la fête des fous, il y a plus d'un roi , avec les résultats que l'on sait .

 https://www.liberation.fr/france/2018/11/16/place-publiqu...

 

 

« Au comte Wenzel Anton von Kaunitz-Rietberg 1

Ministre d’État etc.

à Vienne

A Ferney par Genève

25 novembre 1763 2

Monseigneur,

Souffrez que j'importune un moment Votre Excellence dans ses grandes occupations .

L'édition de Corneille est bientôt achevée . La famille de Corneille se met aux pieds de Leurs Majestés Impériales, dont elle vous doit les bienfaits et elle vous remercie des vôtres .

Les éditeurs attendent vos ordres, soit que Votre Excellence demande les deux cents exemplaires pour lesquels Leurs Majestés Impériales ont daigné souscrire, soit qu'elle veuille avoir quelques exemplaires reliés . Les éditeurs se conformeront à leurs volontés et aux vôtres .

Chaque exemplaire contient douze volumes avec les estampes, et ne coûte que deux louis en feuilles . Tous les souscripteurs ont payé un louis à l’avance pour chaque exemplaire, mais on se conformera entièrement à ce que Votre Excellence voudra déterminer . Je n'entre dans cette affaire qu'en qualité de souscripteur moi-même, et comme chargé de la part des éditeurs de demander les ordres de Votre Excellence . Je suis surtout chargé des remerciements de la famille d'un grand homme qui est pénétrée de vos bontés d'un plus grand homme, révéré dans un genre plus respectable .

Permettez que j'ose ajouter à la reconnaissance de cette famille, les sentiments d'admiration et de respect avec lesquels je suis

Monseigneur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

2 Le manuscrit se trouve, ou se trouvait dans les archives Kaunitz, à Jaromierice, près de Budejovice .

c'est le temps de s'égayer, car la nature est bien triste

... C'est du moins ce qu'affirment les "gilets jaunes" pour justifier leurs manifestations en ces jours brumeux à l'excès , quelques "boutons d'or semés sur le bitume" pour les poètes en mal d'inspiration .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

De Sibérie le 25è novembre 1763 1

Nous sommes enterrés sous la neige, c'est le temps de s'égayer, car la nature est bien triste . Je tâche de m'amuser et d’amuser mes divins anges . Je baise le bout de leurs ailes avec la plus grande dévotion . »

1 L'édition de Kehl annexe cette lettre à celle du 6 décembre 1763 : http://monsieurdevoltaire.com.over-blog.com/2014/07/correspondance-annee-1763-partie-36.html

15/11/2018

Gardez-vous bien , ..., d'envoyer aucune lettre du quakre, avant que j'aie revu la seconde épreuve

... Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, c'est aussi ce que demandent au gouvernement les "gilets jaunes" qui vont semer le souk sur les routes ce week end, ou "Comment augmenter le désordre pour les Nuls", grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le boeuf .

Comment voulez-vous qu'on paye encore des amendes pour stationnement génant alors que des milliers de zozos vont, eux, impunément bloquer des routes ?

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 20 novembre 1763]

Mon cher Caro, je me félicite de ce que vous avez votre liberté encore pour un an . Nous jouirons de vous quand nous n'aurons plus de neige . Dieu nous en a donné à Ferney la valeur de trois bons pieds .

Je vous envoie une addition que je vous prie de mettre à la fin de la vie de Pierre . Gardez-vous bien , je vous prie , d'envoyer aucune lettre du quakre, avant que j'aie revu la seconde épreuve, et que j'aie corrigé trois ou quatre mots qui sont essentiels .

Mandez- moi qui est auditeur à votre place 1. Faites bien nos compliments à toute votre famille . Je suis malade et aveugle . Adieu . »

14/11/2018

Il faut bien, sans doute, que la tolérance soit bonne à quelque chose, puisque la persécution n’a rempli la terre que d’hypocrisie, d’horreur et de carnage

...

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Au château de Ferney, 20 novembre 1763

Madame, un vieux solitaire, presque réduit au sort de Tirésie et d’Homère, et presque entièrement aveugle comme eux, sans avoir vu ni chanté comme eux les secrets des dieux, met aux pieds de Votre Altesse Sérénissime ce petit ouvrage, qui n’est point encore public. On doit des prémices à un esprit aussi juste, aussi éclairé et aussi naturel que le vôtre. On les doit, surtout, à la protectrice des infortunés Calas et à celle qui aime la tolérance et la vérité. Votre suffrage, madame, sera la plus belle récompense de ce travail.

Que Votre Altesse Sérénissime daigne agréer mes souhaits pour votre prospérité et pour celle de toute votre auguste famille. Que la grande maîtresse des cœurs veuille bien ne pas oublier 1. J’ose me flatter que cet essai sur la tolérance ne déplaira pas à sa belle âme. Il faut bien, sans doute, que la tolérance soit bonne à quelque chose, puisque la persécution n’a rempli la terre que d’hypocrisie, d’horreur et de carnage.

Je suis avec un profond respect

madame

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »



1V* veut sans doute dire m'oublier .