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09/07/2017

les juges qui ont rendu l’horrible arrêt, sont intimidés eux-mêmes . Remercions-les des armes qu'ils donnent contre eux

... Félicitons le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin en particulier, et le gouvernement en général, d'avoir le courage (sic) de s'attaquer (le mot est un peu fort) à un avantage disproportionné et immérité : le jour de carence de paiement du premier jour d'arrêt maladie dans la fonction publique . Ô  vraiment quel "horrible arrêt" pour ces centaines de milliers de fonctionnaires qui coinçaient la bulle sans souci pour leur paye ; ils n'ont plus que moins de six mois pour encore en abuser ; prions,  mes frères du privé, pour ces malheureux .

http://www.ladepeche.fr/article/2017/07/08/2608725-foncti...

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  A Philippe Debrus

[août 1762] 1

Je vous renvoie, mon cher monsieur, toutes les lettres que vous avez bien voulu me confier, avec la pièce concernant le malheureux accusé d'avoir tué son père . Vous sentez combien il importe de ne point mêler à notre juste cause une cause si étrangère et si mauvaise . Gardons-nous de présenter aux juges la cruelle idée que les parricides sont communs en Languedoc, et que le parlement est aussi sévère envers les catholiques qu'envers les réformés .

Laissons aussi dans les anciens recueils de la ligue l'arrêt rendu contre Henri IV . Le parlement de Paris en fit tout autant . Ne réveillons point ces anciennes horreurs . Il vaut encore mieux songer à rendre notre veuve intéressante qu'à rendre le tribunal de Toulouse odieux . Il le sera assez quand on aura démontré l'innocence de la famille .

Bénissons Dieu des démarches indignes et absurdes qu'on fait faire aux filles de Mme Calas . On leur dicte des lettres pour engager leur mère à trahir son devoir et la mémoire de son mari . On veut l’intimider . Il est bien clair que les juges qui ont rendu l’horrible arrêt, sont intimidés eux-mêmes . Remercions-les des armes qu'ils donnent contre eux .

J'ai toujours pensé que M. de Saint-Florentin ne rendrait les filles à la mère qu'après le jugement en révision . Il faudrait tâcher de calmer l'esprit de la mère sur cet article . Elle parle dans toutes ses lettres du couvent où ses filles sont bien traitées et bien nourries . Elle ne prononce jamais le nom de son mari . Jamais elle ne rappelle son horrible mort, l'iniquité affreuse des juges, leur fanatisme, son innocence . Il me semble que si on avait roué mon père, je crierais un peu plus fort .

Voici une lettre de M. le procureur général de Bretagne concernant MM. Cathala et de La Serre . Elle pourra vous amuser . Renvoyez-la moi je vous prie , dès que M. Cathala l'aura lue, sans en prendre copie . Ce point est essentiel . Dieu vous conserve la santé et que votre belle et bonne âme habite longtemps son étui .

V. »

1 L'édition Lettres inédites, 1863, place cette lettre entre le 31 juillet et le 5 août 1762, ce qui paraît un peu tôt .

08/07/2017

Tantum relligo potuit suadere malorum ! / Tant la religion a pu conseiller de crimes !

... Et pour le moins d'injustices, comme au Salvador --le mal nommé-- : http://www.20minutes.fr/monde/2101431-20170708-salvador-3...

 Comment peut-on conserver de telles lois qui défient l'entendement et oppriment les femmes ? Un machisme imbécile et lâche est donc le terrible point commun de ces intégristes religieux , tant chrétiens que musulmans ou autres infâmes !

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Croisement hautement dangereux

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

Aux Délices 13 août [1762]1

Vous connaissez donc aussi, monsieur, le prix de la santé par les maladies ! Vous avez donc souffert comme moi ! Il y a quelque cinquante ans que je fais le métier, et je n’y suis pas encore entièrement accoutumé. Je vous crois bien persuadé que les rois et les représentants des rois n’ont rien de mieux à faire que de se bien porter. On parle d’une colique violente qui a délivré Pierre Ulric 2 du petit désagrément d’avoir perdu un empire de deux mille lieues. Il ne manquera plus qu’un Ninias à votre Sémiramis pour rendre la ressemblance parfaite. J’avoue que je crains d’avoir le cœur assez corrompu pour n’être pas aussi scandalisé de cette scène qu’un bon chrétien devrait l’être. Il peut résulter un très grand bien de ce petit mal. La Providence est comme étaient autrefois les jésuites ; elle se sert de tout. Et d’ailleurs, quand un ivrogne meurt de la colique, cela nous apprend à être sobres.

Si vous n’avez pas les mémoires des Calas, ordonnez par quelle voie vous voulez qu’on vous en adresse. Cette aventure est bien mince en comparaison de tout ce qui se passe chez les grands de la terre, mais enfin c’est quelque chose qu’un vieillard, qu’un père de famille, accusé d’avoir pendu son fils par dévotion, et roué sans aucune preuve. Tantum relligo potuit suadere malorum ! 3 Voici, en attendant, deux petites relations 4 qui pourront vous amuser quelques moments ; elles supposent des mémoires précédents . Mais ces mémoires enfleraient trop le paquet.

La tragédie des Calas, et celle qui se joue depuis Pétersbourg jusqu’en Portugal, ne m’ont pas fait abandonner la famille d’Alexandre 5. Je n’ai pas cru devoir laisser imparfait un ouvrage sur lequel vous avez daigné m’honorer de vos conseils . Vous m’avez rendu chère cette pièce à laquelle vous avez bien voulu vous intéresser. Si jamais il vous prend envie de la relire, vous n’avez qu’à commander.

Pierre Corneille m’occupe encore plus que Pierre Ulric. C’est une terrible tâche que d’être obligé d’avoir toujours raison dans quatorze tomes.

Il faut donc renoncer à l’espérance de voir vos excellences dans nos jolis déserts. Cependant le théâtre est tout prêt ; et quand madame l’ambassadrice voudra faire pleurer des Allobroges, il ne tiendra qu’à elle. Il faudra que mademoiselle votre fille joue Joas dans Athalie, et moi, si l’on veut, je ferai le confident de Mathan, Qui ne sert ni Baal ni le Dieu d’Israël 6. Ma piété en sera effarouchée ; mais il faut se faire tout à tous 7.

Que votre excellence me conserve ses bontés . J’en dis autant à madame l’ambassadrice, à qui ma nièce présente la même requête. »

1 Une main tardive a noté sur le manuscrit «  à M. de Shouwalof » qui fut accepté jusqu'à ce que Beuchot note : « toute la fin de cette lettre [à partir du paragraphe 3] me porte à croire qu'elle est adressée au marquis de Chauvelin ». Moland en fit alors une lettre séparée ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-23-123140158.html

2 Empoisonné et étranglé .

3 Tant la religion a pu conseiller de crimes ; Lucrèce, De natura rerum, I, 101 .

4 Histoire d’Élisabeth Canning et des Calas .

5 Olympie .

6 Adapté d'Athalie, III, 3 .

7 Adapté de la Première Épître aux Corinthiens, IX, 22 ; voir : https://bible.catholique.org/1ere-epitre-de-saint-paul-apotre-aux/3369-chapitre-9

07/07/2017

Il faudrait être un tigre pour ne pas protéger ces infortunés

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 http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20170707.AFP6825/m...

 

« A Jean Ribote-Charron

On a présenté requête, tous les esprits sont soulevés en faveur de l'innocence . Il faudrait être un tigre pour ne pas protéger ces infortunés, quand l’injustice de leur arrêt est démontrée .

On ne corrige point Pierre Corneille . On le fait imprimer en 12 ou 13 volumes , avec un commentaire utile, en faveur de Mlle Corneille . Quand l'ouvrage sera achevé on en enverra à monsieur R[ibote] plutôt qu'à Toulouse .

13è auguste [1762] 1»

1 Edition Ch. Frossard, « Affaire Calas . Une lettre inédite de Voltaire. »

On passe son temps à former des projets, et on n’en exécute guère

... Et c'est d'autant plus regrettable, détestable quand ce "on", c'est soi/moi !

Ou alors un gouvernement tel celui de hollandie récente .

NB -- Ceci est un écho à la note précédente .

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« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

13è auguste 1762 , aux Délices 1

Ma santé, madame, ne me permet guère d’écrire ; je suis réduit à dicter, et à me plaindre de ne pouvoir jouir de la consolation de vous voir. On passe son temps à former des projets, et on n’en exécute guère.

L’épitaphe latine 2 que vous m’avez envoyée est pleine de solécismes, mais il n’y a pas grand mal ; on dira seulement que le prêtre allemand qui l’a composée ne savait pas le latin ; ce petit inconvénient n’est pas à considérer dans une si grande perte. Je vois que madame votre belle-fille aggrave encore vos douleurs ; c’est une peine de plus que je partage avec vous. Je me flatte du moins que vous n’aurez pas de procès ; ce serait éprouver à la fois de trop grands chagrins.

Vous savez qu’on parle beaucoup de paix ; plût à Dieu qu’on n’eût jamais fait cette guerre qui vous a été si funeste ! Les nouvelles de Russie ont bien dû vous étonner, madame ; peut-être mettront-elles des obstacles à cette paix tant désirée. Je vois de bien loin toutes ces révolutions dans mon heureuse retraite.

J’y serais encore plus heureux, si Ferney n’était pas à cent lieues de l’île Jars. Je regretterai toujours les charmes de votre commerce ; je m’intéresserai toujours tendrement à votre conservation et à votre bonheur. Conservez-moi des bontés qui font ma plus chère consolation.

Recevez les tendres respects de V. »

1 Formule et initiale autographes .

2 On ne connait pas la lettre de la comtesse, et par conséquent on ignore l'épitaphe en question qui doit concerner le fils de la comtesse . Voir lettre du 5 avril 1762 à la comtesse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/12/ceux-qui-ont-des-yeux-en-france-voient-des-choses-bien-funes-5920707.html

06/07/2017

on ne peut faire qu’en faisant

... Tout est dit !

Tout reste à faire ...

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 Et puisque nous avons le temps, allons donner un peu de notre sang, ça urge !

https://dondesang.efs.sante.fr/trouver-une-collecte

 

 

«A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

13 august [1762]

Les mémoires, mes divins anges, que j’ai envoyé à des personnes choisies ont fait un très bon effet . Je crois qu’ils persuaderont le public et qu’ils n’effaroucheront point les prêtres, quand on aura retranché le catéchisme des Calas . Cette dernière leçon me paraît la meilleure . Je la soumets à mes anges, qui doivent décider.

J’y joins un nouveau mémoire 1 pour les amuser . Leur prudence en pourra retrancher ce qu’ils voudront.

Bientôt je leur soumettrai Cassandre ; mais on ne peut faire qu’en faisant . Je n’ai pas beaucoup de temps à moi. Mes anges savent que je ne suis pas oisif . Qu’ils me jugent souverainement en prose et en vers, et qu’ils retranchent ou adoucissent ce qu’ils voudront. »

1 Il peut s'agir de l'Histoire d'Elisabeth Canning, mais sans certitude .Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040690r/f1.image

le public veut avoir toutes les sottises des grands hommes

... Lesquelles ne manquent pas , de la part de ces hommes que l'on dit grands . Hélas , cette curiosité n'est que malsaine, comme une recherche d'excuses à être médiocres puisque les grands eux-mêmes ne sont pas irréprochables . Allons, la presse people a encore de beaux jours devant elle .

 Voir : http://www.fabriquedesens.net/Des-grands-hommes-Bertolt-B...

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« Au comte Francesco Algarotti

Aux Délices 13 août 1762 1

L’éternel malade et l'éternel barbouilleur ne peut guère écrire de sa main, mais son cœur aimera toujours son cygne de Padoue . Je suis accablé de casse, de manne, et des tragédies de Pierre Corneille . J'aimerais encore mieux faire le Cromwell, dont vous me parlez, mon cher seigneur, que de commenter Le Roi des Huns, Théodore , Pertharite, Agésilas, Suréna etc. Il y [a] malheureusement vingt pièces que jamais on n'aurait dû imprimer ; mais le public veut avoir toutes les sottises des grands hommes . Je dirai très peu de chose de la foule des mauvaises pièces, mais je m’étends beaucoup sur celles qui ont eu du succès , et qu'on représente encore . Les défauts sont innombrables, mais les beautés sont très grandes . Quatre ou cinq cents beaux vers sont tout ce qui nous reste de deux ou trois mille tragédies jusqu'à Racine . Nous avons été bien barbares, j'en suis tout effrayé .

Je crois que vous intéressez plus qu'un autre à la dernière tragédie de Russie ; vous avez été dans le pays ; c'est celui des révolutions .

Je vois tout cela avec une longue lunette d'approche . Si Pierre Ulric n'est pas mort, je lui conseille d'aller passer le carnaval à Venise avec les six rois qui ont soupé avec Candide 2.

Il est vrai que toutes les révolutions que j'ai vues depuis que je suis au monde, n'approchent pas de celle de Cromwell . Je ne crois pourtant pas que je mette jamais cet illustre fripon sur le théâtre ; il me faudrait un parterre de puritains ; et les puritains ne vont pas à la comédie .

Si vous voyez M. Paradisi, faites-lui , je vous en prie, mes très tendres compliments, et soyez persuadé que je vous aimerai toute ma vie .

V. »

 

1 Le manuscrit original est passé à la vente C... à Paris le 15 avril 1902 . V* répond à une lettre d'Algarotti du 3 aout 1762, dans laquelle ce dernier évoque le sujet de Cromwell auquel travaillerait V* .

05/07/2017

Je suis sûr que les connaisseurs rendront ce qu'ils doivent au mérite

... de madame Simone Veil, femme dont on doit se souvenir pour son courage et son exemplarité .

Mes respects Madame .

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Vous avez amélioré le monde ...

 

« Au marquis Francesco Albergati

Capacelli, senatore di Bologna

à Bologna

13è auguste 1762, aux Délices 1

Je suis presque toujours réduit, monsieur , à vous écrire d'une main étrangère . Cela gêne beaucoup mon cœur et mon impatience . Vous êtes sans doute actuellement dans votre beau château , l'asile des muses, et surtout de Melpomène . Le favori de Thalie 2 a donc pris une autre route que Genève . Je ne saurais me consoler qu'il ait donné la préférence à Lyon, nous lui aurions fait l'accueil qu'on faisait ou qu'on devait faire à Ménandre 3. Je ne sais pas s'il sera fort content de Paris ; il trouvera la comédie italienne réunie avec la foire, et ne donnant plus que des opéras-comiques . D'ailleurs la malheureuse guerre dans laquelle nous sommes engagés depuis sept ans, n'est guère favorable aux beaux-arts . Je suis sûr que les connaisseurs rendront ce qu'ils doivent au mérite de M. Goldoni, mais je voudrais que son voyage lui fût utile .

Voilà , monsieur, bien des sujets de tragédies dans ce siècle . L'empereur de Russie détrôné par sa femme, est mort, dit-on, d'une colique violente ; le prince Ivan, empereur légitime, enfermé depuis plus de vingt ans dans une île de la mer glaciale 4, où sa mère est morte ; la reine de Pologne 5 expirant de douleur sur les ruines de sa capitale ; le prince Édouard 6, héritier du trône de la Grande-Bretagne, trainant sa misère obscure dans les Ardennes ; les rois de France et de Portugal assassinés 7, vous m'avouerez qu'on aurait tort de ne pas convenir que notre siècle est fertile en sujets de théâtre . Heureux ceux qui voient du port tant d'orages ! Il n'y a point de retraite qui ne soit préférable à des trônes élevés au milieu de tant d'écueils .

Jouissez, monsieur, des douceurs de la paix, de votre considération ; de votre tranquillité, des beaux-arts que vous protégez . Je m'intéresse vivement à vos succès et à vos plaisirs , conservez-moi vos bontés, vous savez combien elles me sont chères, et combien je vous respecte .

V. »

Mille compliments je vous prie à M. Paradisi à qui je dois autant de remerciements que d'estime . »

1 L'édition de Kehl supprime l'initiale et le post-scriptum , comme la copie Beaumarchais, suivie par toutes les éditions .

2 Goldoni qui se rendait à Paris, devait écrire une lettre à V* de « Lyon 17 août 1762 » dont seul l'en-tête est parvenu jusqu'à nous . Voir début de la lettre du 25 août 1762 à Capacelli : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-24-123150901.html

5 Marie-Josèphe d'Autriche, épouse d'Auguste III de Pologne, qui mourut en 1757 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Jos%C3%A8phe_d%27Autriche

6 Le « jeune prétendant » séjourna dans les Ardennes en 1747-1748 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_%C3%89douard_Stuart

7 Il ne s'agit en fait que des tentatives d’assassinat avortées de 1757 et 1758 , Damiens sur Louis XV (https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert-Fran%C3%A7ois_Damiens ) et la famille Tavora sur Joseph Ier (https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Ier_(roi_de_Portugal)