03/01/2018
quand la note est grande, le texte est court
... Ce qui me fait penser immédiatement aux textes de lois ensevelis sous des tonnes d'amendements tous plus oiseux et superflus les uns que les autres .
« A Gabriel Cramer
On envoie à monsieur Gabriel cet ouvrage qu'on croit intéressant et nécessaire . On espère que monsieur Cramer ne repentira pas de l'avoir imprimé ; il a été vu par des docteurs en Israël qui l'ont trouvé fort honnête ; il n'y aura que l'abbé de Caveyrac, et le sieur de La Bordes 1 qui pourront s'en plaindre . On vous demande la plus extrême célérité, sans préjudice de Pierre Corneille, et de l'Histoire générale . Il est inutile de dire que les notes doivent être fort ménagées comme dans le Corneille, également réparties des deux côtés au bas des pages, et que quand la note est grande, le texte est court .
On attend incessamment quinze exemplaires du second volume du czar en maroquin, et quinze en veau .
Bien des compliments .
2è janvier [février ] 1763 2. »
1 Ce La Bordes est un des juges défavorables à Calas ; voir lettre du 20 février 1763 à Debrus : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/22/on-aura-soin-d-elle-si-elle-tombe-malade.html
2 Wagnière a rectifié 1762 en 1763, mais oublié de corriger le mois .
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Je crois qu'il serait honorable pour la littérature que l’Académie daignât m'autoriser à signer pour elle
... NDLR . -- James se verrait-il en habit vert, l'épée au côté ?
Anémiques palmes académiques
« A Charles Pinot Duclos
[vers le 1er février 1763]1
Je croirais, monsieur, manquer à mon devoir, si je ne donnais part à l'Académie du mariage de l'unique héritière du nom de Corneille avec M. Dupuits, jeune gentilhomme plein de mérite, cornette de dragons dans le régiment de M. le duc de Chevreuse, gouverneur de Paris . Ses terres touchent aux miennes ; rien n’était plus convenable . C'est un établissement avantageux . Mlle Corneille est partie redevable de la protection de l'Académie qui a honoré en elle le nom du grand Corneille et a favorisé les souscriptions de l'édition à laquelle je travaille continuellement en faveur de sa nièce .
Je crois qu'il serait honorable pour la littérature que l’Académie daignât m'autoriser à signer pour elle au contrat de mariage . Le nom de Corneille peut mériter cette distinction . Vous me donneriez permission, monsieur, de mettre le nom du secrétaire perpétuel de la part de l'Académie, ou bien vous auriez la bonté de m'envoyer les noms de messieurs les académiciens présents en m'autorisant à honorer le contrat de leurs signatures . Ce dernier parti me parait d'autant plus convenable que je compte signer pour M. le maréchal de Richelieu, comme doyen de l'Académie . J'attends les ordres de l'Académie, en laissant pour leur exécution une place dans le contrat . »
1 Une copie ancienne ajoute cette lettre à la fin de celle du 7 octobre 1762 ; l'édition Clogenson ajoute en-tête et formule de son cru . La date est fixée à peu de chose près par le fait que le contrat de mariage de Mlle Corneille fut signé le 9 février 1763 . l'Académie accepta dans sa séance du 19 février que V* signât pour le corps .
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02/01/2018
Nous étions convenus, malgré la loi de l’histoire, de supprimer des vérités,...,si vous y trouvez quelque vérité qu’il faille encore immoler aux convenances, ayez la bonté de m’en avertir
...
« A Etienne-Noël Damilaville
1er février 1763 1
En réponse à la lettre du 26 .
Je serais bien fâché, mon cher frère, que le libraire Cramer eût apporté un exemplaire de l’Histoire générale à Paris, s’il l’avait déposé en d’autres mains que les vôtres . Non seulement il y manque les cartons nécessaires pour les fautes d’impression, mais pour les miennes. Nous étions convenus, malgré la loi de l’histoire, de supprimer des vérités, et surtout celles dont vous me parlez . Les corrections sont faites , il y a plus de quinze jours et l'autre Cramer les aurait déjà imprimées s'il n'attendait des feuilles nouvelles pour achever l'édition . Je ne peux trop vous remercier de vos réflexions judicieuses dictées par le bon sens et par l'amitié . Je ne sais comment vous n'avez que quatre tomes, car il y en a huit et celui dont vous me parlez est le huitième . Donnez-vous, à votre loisir, mon cher frère, le plaisir ou le dégoût de les parcourir ; et si vous y trouvez quelque vérité qu’il faille encore immoler aux convenances, ayez la bonté de m’en avertir.
Catherine s’immortalise par sa lettre 2, et frère d’Alembert par ses refus. Ainsi donc on avertit de mille lieues notre ministère que nous avons dans notre patrie des hommes d’un génie supérieur.
Au reste mon cher frère que la seconde édition soit munie ou non d'une permission, qu'elle entre ou on dans le royaume, c'est l'affaire des Cramer et non la mienne . Je leur ai fait présent du manuscrit . Ils entendront assez bien leurs intérêts pour débiter leur marchandise . Le grand point est que le Cramer voyageur n'ai pas apporté à Paris d'autre exemplaire ; c'est un grand service que vous me rendrez de ne pas montrer la vôtre, avant que vous ayez les nouvelles feuilles .
C’est une aventure assez comique ce celle que j’ai eue avec Pindare Le Brun 3, en vous envoyant un paquet pour lui 4, dans le temps que vous me dépêchiez ses rabâchages contre moi. Je lui fais part, dans ce paquet, du mariage de mademoiselle Corneille, qui est le fruit de sa belle ode . Je lui envoie des lettres pour Mlles de Villagenou et Félix, nièces de M. du Tillet, qui, les premières, tirèrent mademoiselle Corneille de son état malheureux, et auxquelles elle doit une reconnaissance éternelle. Je l’accable de politesses qui doivent lui tenir lieu de châtiment. Mes pauvres yeux souffrent horriblement en écrivant ; cependant continuons ; un dictionnaire de médecine me viendrait à merveille dans l'état où je suis . Il n'y aurait qu'à l'envoyer à M. Camp à Lyon par la diligence . Pour l'Appel à la raison, il pourrait venir par la poste . Je supplie mon cher frère d'avoir la bonté d'envoyer à son loisir chez M. de Laleu, notaire, rue sainte-Croix-de-la Bretonnerie . Si mon frère Thieriot n’aime pas à écrire, il devrait du moins faire chercher des livres et ne pas laisser mourir son frère de faim .
Je vous embrasse bien cordialement, mon cher frère.
Écrasez l’infâme .»
1 L'édition de Kehl fond cette lettre abrégée et très déformée dans la lettre du 4 février 1763, le tout daté du 1er février 1763 .
2 Lettre adressée à d'Alembert le 13 novembre 1762 pour lui offrir la place de précepteur du grand-duc de Russie. On donne plus de détails à ce propos dans la lettre du 4 février 1763 à d'Alembert .
3 Ce surnom de Le Brun a persisté jusqu'à nos jours .
4 Lettre à Le Brun du 26 janvier 1763 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-3.html
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01/01/2018
Je fais un effort pour vous écrire
... mais seulement "du Voltaire", ça mérite qu'on ne lâche pas les rênes , engagement pour l'année qu'on nomme aussi bonne résolution . Volti a montré un bon exemple de ténacité à imiter.
« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime
de Son Altesse Électorale
à Manheim
1er février 1763, à Ferney
Je fais un effort pour vous écrire mon cher Collini, car je vois à peine mon papier . Je deviens aveugle . Mettez-moi aux pieds de Leurs Altesses Électorales . Si jamais je leur fais ma cour je me ferai conduire par un petit chien .
Si vous êtes dans le dessein d'imprimer Olympie, je vous prie de faire une petite préface par laquelle il paraisse comme il est vrai, que je n'ai nulle part à l'impression . Si mes amis de Paris pouvaient s'imaginer que je fais imprimer cette pièce dans le pays étranger au lieu de la donner en France, ils m'en sauraient mauvais gré avec raison . Je vous assure d’ailleurs que l'ouvrage acquerra un nouveau prix s'il en a quelqu'un , par une préface de votre main . Je vous serai plus obligé que vous ne me l'êtes .
V. »
23:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
en cas que le délit soit constaté et les dommages assurés . En ce cas je ferai les frais
... Non, ce n'est pas le résumé du discours de notre président qui fut omniprésent et inratable sur une foultitude de chaines TV, ce qui donnait un petit ton de république bananière -sauf votre respect-, à notre audiovisuel, mais ce pourrait être une déclaration de bonne volonté originale . A voir ...
Bonne année à tous ceux de bonne volonté !
« A Joseph-Marie Balleidier
[janvier -février 1763]
Monsieur Balleidier ne doit entreprendre la cause de Fatio 1 qu'en cas que le délit soit constaté et les dommages assurés . En ce cas je ferai les frais.
Voltaire . »
1 Très certainement celui dont on parle dans la lettre du 20 janvier 1763 à Balleidier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/06/ce-sont-deux-genevois-qui-ont-dans-le-pays-la-plus-mauvaise-6005757.html
02:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
31/12/2017
Comptez que nous sommes tous des imbéciles, ce n'est point avec des livres qu'on obtient des grâces de la Cour
... ou alors seulement en Grande Bretagne qui possède livres et cour, et qui récompense du titre de Sir ceux qui font du bien au trésor royal . Notre cour républicaine bien évidemment a ses soutiens qui un jour au l'autre peuvent se retrouver gratifiés d'un ruban rouge (qui n'est pas signe de soutien à SIDACTION ) ou d'une place confortable . Oui, nous sommes tous des imbéciles, et il est des imbéciles heureux .
Fermé pour cause de concurrence déloyale
« A Paul-Claude Moultou
[janvier-février 1763] 1
Mes yeux vous sont très obligés, mon cher monsieur, voici une lettre que vous pouvez envoyer à Mme Calas , pour M. le marquis de Gouvernet .
Comptez que nous sommes tous des imbéciles, ce n'est point avec des livres qu'on obtient des grâces de la Cour ; et l'Apologétique de Tertullien ne fut pas lue seulement d'un marmiton de cuisine de l'empereur . Les bons livres peuvent faire des philosophes, encore n'est-ce que chez les jeunes gens, les autres ont pris leurs plis . C'est ce qui fait que M. de Crosne est entièrement pour nous, indépendamment même des formes juridiques . Mais il faut des formes à MM. d'Aguesseau et Gilbert, qui ne sont point du tout philosophes . Il faut auprès des ministres de très grandes protections, et point de livres . Un bon ouvrage peut porter son fruit dans quinze ou vingt ans, mais aujourd’hui il s'agit d'obtenir la protection de Mme de Pompadour . Le grand point est d'intéresser son amour-propre, à faire autant de bien à l’État, que Mme de Maintenon a fait de mal . Je répondrais bien de sa bonne volonté, et de celle de MM. les ducs de Choiseul et de Praslin . Mais avec tout cela, l'affaire ne serait pas encore faite, tant il est difficile de changer ce qui est une fois établi . C'est assurément une très belle entreprise, elle demande encore plus de soins que l'affaire Calas . Je mourrais bien content, si j'avais mis une pierre à cet édifice . Nous raisonnerons de tout cela avec monsieur Moultou, l’homme du monde que j'estime le plus, et en qui j'ai la plus grande confiance . »
1 L'édition Gaberel omet le dernier paragraphe .
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30/12/2017
il me semble qu'il faudrait rafraichir la mémoire du public
... cycliste qui semble être le Parisien idéal pour Mme Hidalgo, mais qui à mes yeux me semble une espèce suicidaire, circulant à contre-sens, en quadruple file, sans feux et grillant ceux de signalisation, etc., etc., des dangers publics pour eux et pour tous les autres usagers de la route . Cyclistes, vous avez un petit vélo dans la tête !
« A Gabriel Cramer
[janvier-février 1763]
J'envoie à mon cher Gabriel cette quittance de 600 livres pour les inutiles estampes du président de La Marche ; je le prie de mettre cette quittance dans son greffe . On demande à Lyon , quel est le libraire qui reçoit les souscriptions ; il me semble qu'il faudrait rafraichir la mémoire du public, et qu'il ne serait pas mal de donner tous les mois les noms des personnes chez qui l'on souscrit .
Mme Constant 1 se meurt, cela serre le cœur .»
1 La charmante « Lolotte », Charlotte Pictet fille de Pierre, épouse de Constant de Rebecque recouvra la santé, mais eut une rechute et mourut en 1766 ; voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f58.image.r=3185.langFR
et lettre du 4 octobre 1757 à David Louis Constant de Rebecque : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/01/il-faut-ne-s-occuper-que-des-agrements-d-une-societe-telle-q.html
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