29/11/2017
je prends la liberté de vous demander du vin de Corton, ce n'est point par sensualité, c'est par régime
... Je ne le consommerai pas avec la fameuse et tristounette madame Modération, mais simplement à mon gré, que cela soit bien entendu .
Hips !!
Tchin tchin ! à votre santé !
"Le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons." Louis Pasteur .
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
Au château de Ferney
14 janvier 1763
Monsieur,
J'ai les yeux rouges comme un ivrogne, et je n'ai pourtant pas l'honneur de l'être . Ma fluxion et quelques autres bagatelles de cette espèce me privent de l'honneur de vous écrire de ma main .
Quand je prends la liberté de vous demander du vin de Corton, ce n'est point par sensualité, c'est par régime ; c'est ce qui fait que je vous en demande peu cette année .
A l'égard de l'autre vin, j'avoue qu'il ne ressemble pas aux lis de France qui ne travaillent ni ne filent 1; mais je crois que c'est de ma faute de l'avoir laissé trop longtemps un peu exposé dans la petite ville de Nyon, au pays de Vaux, où on me me l'avait adressé . Je fais réparation d'honneur à madame Le Bault, et je crois que son vin est, comme elle, très agréable et bienfaisant .
Je conviens , monsieur, que les arbitres ont passé un peu leur pouvoir 2; mais il me semble qu'ils ne pouvaient le passer d'une manière plus raisonnable . Je conseille au père d'acquiescer et d'ensevelir dans l'oubli tous ces petits différends qui troublent le repos de deux hommes respectables .
Je vous rends, monsieur, de très humbles actions de grâces de tout ce que vous avez bien voulu me mander .
Revenons, s'il vous plait, au vin de Corton, je ne le demande ni nouveau, ni vieux, ni en tonneau, ni en bouteilles, je le demande comme vous voudrez me l'envoyer ; tout m'est égal, pourvu qu'il soit bon ; faites comme il vous plaira, vous êtes le maître .
Je présente mon respect à madame Le Bault, et j'ai l'honneur d'être avec le même sentiment, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire.
Ferney 14 janvier 1763 .
Vraiment, monsieur, j'oubliais de vous remercier des plants de vigne que vous voulez bien m'offrir . J’aurais l'ai d'être un ingrat, et je ne le suis pas . Je vous aurai la plus grande obligation . »
1 Evangile de Matthieu, VI, 28 voir : https://www.aelf.org/bible/Mt/6 ); voir lettre du 31 décembre 1762 à Le Bault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/05/il-ne-m-appartient-que-de-vous-temoigner-ma-veneration-pour-5996221.html
2 Dans le règlement de la dispute entre Fyot de La Marche et son fils , voir lettre du 9 juin 1762 à Fyot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/27/1-5937583.html
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On va juger à Paris le procès de Calas : cela intéresse l’humanité tout entière
... Exagération ? que non point ! Corriger une erreur judiciaire tout en abattant le fanatisme, beau combat à mener et à gagner pour le bien général , et Voltaire est le premier à oser le mener . Qui peut être le Voltaire du XXIè siècle ? Qui va parler et agir pour l'humanité entière ?
Pif et Hercule ne sont pas loin de la vraie sagesse !
« A François-Achard Joumard de Tison, marquis d'Argence
au château de Dirac
près d'Angoulème
14 j[anvier 1763] 1
Mon cher philosophe, vous m’envoyez toujours des pâtés farcis de truffes. Vous êtes un philosophe faisant bonne chère, et voulant qu’on la fasse . Vous jugez avec raison que nous avons besoin, dans notre pays de glaces, du souvenir des seigneurs de vos beaux climats.
Savez-vous que j’ai reçu une lettre de quatre dames d’Angoulême ? Je n’ai pas l’honneur de les connaître ; mais je n’en suis que plus flatté de leurs bontés . Elles ne signent point leurs noms . Elles m’ordonnent d’adresser ma réponse à madame la marquise de Théobon 2. Que puis-je leur répondre ? c’est jouer à colin-maillard.
Quatre beautés font tout mon embarras ;
De faire un choix mon âme est occupée :
Qu’eût fait Pâris en un semblable cas ?
En quatre parts la pomme il eût coupée.
Si vous voulez leur donner cette réponse ou cette excuse, c’est assez pour un vieux malade qui ne ressemble point du tout à Pâris.
On va juger à Paris le procès de Calas : cela intéresse l’humanité tout entière. On a pendu un ex-jésuite 3 pour avoir dit des sottises ; cela n’intéresse que la pauvre société de Jésus.
Bonsoir, monsieur ; sans les neiges et votre absence, mon château, l’œuvre de mes mains, serait un charmant séjour. Je suis à vous bien tendrement pour jamais.
V.»
1 Date complétée par d'Argence .
2 Marie-Louise La Taste, épouse de Benoit de Brie, dit le marquis de Théobon .
3 Ringuet ou Rinquet, le fou de la Verberie ; voir lettre du 9 janvier 1763 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/22/vous-etes-a-paris-a-la-source-de-tout-et-nous-ne-sommes-dans-6001833.html
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28/11/2017
comme le futur ne fait point des vers, le mariage a été rompu
... Non, ça ne sera pas l'annonce de la rupture des fiançailles de Meghan Markle avec le prince Harry, ce dernier n'étant pas , à ce que je sache, un homme recherché pour ses qualités poétiques . Voyons plutôt cette annonce pour un dénommé François, retraité depuis peu, et une jeune actrice nommée Julie .
Oh non ! ne jetons pas d'huile sur le feu ! VSD s'en charge bien tout seul .
« A Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet
A Ferney à quelques lieues
de votre patrie 12 janvier 1763
Mon cher et gros et respectable sous-doyen, soyez très sûr que je mets en pratique vos belles et bonnes leçons. Je n’ai pas votre santé, je n’en ai jamais eu ; mais mon régime et 1 la gaieté. Votre doyen 2 peut me rendre témoignage ; c’est lui qui donnerait des leçons de gaieté à vous et à moi. Je l’ai trouvé plus jeune que je l’avais laissé. Vivez cent ans, messieurs les doyens, et donnez-moi votre recette. Vos séances académiques vont être plus agréables que jamais avec l’abbé de Voisenon, qui est très aimable et très gai. Je vous réjouirai, dès que les grands froids seront passés, par l’envoi de l’Héraclius espagnol ; il est bien plus plaisant que le César anglais. Qui croirait que deux nations si graves furent si bouffonnes dans la tragédie ? Nous sommes au septième tome de Pierre Corneille, et il y en aura probablement douze ou treize. J’ai été sur le point de faire un ouvrage qui m’aurait plu autant que Cinna, c’était le mariage de mademoiselle Corneille ; mais comme le futur ne fait point des vers, le mariage a été rompu. Si vous connaissez quelque neveu de Racine, envoyez-le moi au plus vite, et nous conclurons l’affaire. Mais je veux que vous soyez de noces , et comme je vous crois prêtre, vous ferez la célébration. Je vous avertis que notre petit pays 3 est la plus jolie chose du monde. Tout le monde y vient, tout le monde s’y établit. Le prince de Virtemberg a tout quitté pour venir s’établir dans le voisinage . Vous n’êtes pas assez courageux pour revoir votre patrie. Fi ! que cela est peu philosophe ! C’est avec douleur que je vous embrasse de si loin . Serez-vous assez aimable pour présenter mes respects à l’Académie ?
Volterius. »
1 On a proposé de corriger et en est, ce qui est la version la plus vraisemblable . Autres hypothèses : V* a oublié de terminer la phrase, ou on peut comprendre par ellipse , mais [j'ai] mon régime et la gaieté .
2 Le maréchal de Richelieu ; il faut peut-être lire « notre » au lieu de « votre » .
3 Certaines éditions mettent jardin au lieu de pays . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-2.html
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27/11/2017
pour les comédies où il n'y pas le mot pour rire, c'est une infamie que je ne pardonnerai jamais
... Le monde politique et financier - mondialement parlant- en est un formidable pourvoyeur , d'où le goût prononcé des humoristes pour nous en faire passer l'amertume et le ridicule .
Heureusement ...
... ou du moins nous nous en persuadons !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
12 janvier 1763 1
Frère Damilaville dit que c'est ainsi qu'il faut distribuer les rôles . Mes anges en sont-ils d'accord ?
Qu'est-ce que c'est que le vieux Dupuis 2? On dit que la pièce est de Collet . Si cela est elle doit être extrêmement gaie, comme toute honnête comédie doit être . Car pour les comédies où il n'y pas le mot pour rire, c'est une infamie que je ne pardonnerai jamais à cette folle de Quinault, qui mit à la mode ce monstre si opposé à son caractère .
Respects et tendresse .
V. »
1L'édition de Kehl suivie des autres, amalgame les plus grande partie de cette lettre avec celle du 17 janvier 1763 au même : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-2.html
2 Dupuis et Desronais, une agréable comédie de Charles Collé, inspirée de la première histoire du roman de Robert Challe intitulé Les Illustres Françaises, 1713, , avait été seulement représentée en privé en 1759 ; la Comédie Française en donna la première représentation publique le 17 janvier 1763 . Cideville en fit un compte-rendu détaillé à V* dans sa lettre du 17 janvier 1763 ; il y fait l'éloge de la pièce mais omet de faire celui du roman de Challe pourtant très remarquable .Voir : https://books.google.fr/books?id=jspoMWFCZJsC&pg=PA32&lpg=PA32&dq=Dupuis+et+Desronais,+une+agr%C3%A9able+com%C3%A9die+de+Charles+Coll%C3%A9&source=bl&ots=pWVU6SXizL&sig=4_9Yd7rbXWplmOd8XdLiv1dOZT8&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi83Yz-kd_XAhUR2qQKHZDxBeIQ6AEINDAB#v=onepage&q=Dupuis%20et%20Desronais%2C%20une%20agr%C3%A9able%20com%C3%A9die%20de%20Charles%20Coll%C3%A9&f=false
et : http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/challe/challe_illustres-francaises
18:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je vous embrasse, et vous prie de me mettre aux pieds de Leurs Altesses Électorales
... Il se peut qu'un jour les électeurs soient considérés comme des princes par les candidats à la présidence de leurs partis tant l'abstention est importante régulièrement . Wauquiez ne fait pas l'unanimité, et heureusement, et si c'est lui que choisit la Droite (qui penche vers l'extrême Droite) , je lui vois un avenir déglingué ; voir : http://www.20minutes.fr/dossier/laurent_wauquiez
Va voter !
« A Cosimo Alessandro Collini
Ferney, 11 janvier [1763]1
Voici enfin Olympie, telle que j'ai pu la faire après bien des soins . Elle n'était encore digne ni de S. A. E. , ni de l'impression quand je vous l'envoyai . Je souhaite mon cher Collini que l'édition par vous projetée 2 vous procure quelque avantage . Les remarques à la fin de l'ouvrage sont assez curieuses .
Je vous embrasse, et vous prie de me mettre aux pieds de Leurs Altesses Électorales .
V. »
1 Date complétée par Collini sur l'original .
2 Voir lettre du 20 septembre 1762 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/14/dire-je-vous-hais-avec-la-plus-douloureuse-tendresse-5971120.html
09:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/11/2017
un petit résumé des horreurs visigothes languedociennes
... Dont voici la moindre ! à voir : http://www.midilibre.fr/2017/11/25/le-macarel-de-philippe...
Allez ! Dur d'être largué , hein ! Té ! un p'tit jaune pour retrouver le sourire ?
« A Etienne-Noël Damilaville
[vers le 10 janvier 1763]
[…] Si l'Histoire du Languedoc 1 arrive à temps, elle pourra servir aux Calas, en fournissant un petit résumé des horreurs visigothes languedociennes […] »
1 Voir lettre du 10 décembre 1762 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/10/22/il-n-est-pas-mal-de-couper-une-tete-de-l-hydre-de-la-calomni-5991549.html
10:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
On dit que vous vous portez mieux, c’est madame votre femme qui le dit
... Scoop à propos de Johnny ?
Non pas , mais c'est sans doute ce qu'elle aimerait nous faire savoir si ça arrivait .
Johnny a bien choisi sa compagne, elle est courageuse .
« A Gabriel Cramer
[vers le 10 janvier 1763]
Caro voici les remarques pour Nicomède qui doit suivre Don Sanche d'Aragon à ce que je crois .
N.b. que le livre de Patouillet et de Caveyrac contre l’Histoire générale ne laisse pas de faire impression sur les ignorants ; et que surtout l'ignorant et malin Fréron fait dit-on sonner haut les ignorantes et malignes critiques patouillettes . L'ami Damilaville y répond, tel est le zèle des frères, mais il faut que j'augmente et réforme les Éclaircissements dont vous avez tiré quelques exemplaires . Voyez caro si vous pouvez vous charger de cette nouvelle réfutation . Elle est nécessaire pour l'intérêt de la vérité et pour la vôtre, car que deviendra la seconde édition de l’Histoire si la première est décriée ? Voilà des occasions où il faut répondre . On dit que vous vous portez mieux, c’est madame votre femme qui le dit . »
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