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09/08/2017

Elle n'a plus rien à faire ; on fera tout pour elle

... Pénélope Fillon ? certes non, car n'ayant jamais rien fait, son activité salariée a toujours été aussi réelle que le dahu .

Alors, peut-être Brigitte Macron dont on doit clarifier la fonction de "première dame" ? Voir : http://www.20minutes.fr/politique/2114483-20170807-premie...

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A revoir après les vacances

 

 

« A Anne-Rose Calas

Au château de Ferney par Genève 14è septembre 1762

Monsieur de Voltaire a reçu la lettre de madame Calas ; il ne peut se donner la satisfaction de lui écrire lui-même étant un peu malade . Il s'attendait bien à la réception que M. le duc de La Vallière ferait à madame Calas . Il a fait tout ce qu'il avait promis, et fera encore au-delà .

Madame Calas peut compter que ses meilleurs protecteurs seront toujours M. le duc de La Vallière, et M. le premier président de Nicolaï . M. d'Argental rend des services encore plus essentiels, et ne cessera de les rendre ; c'est à lui que madame Calas aura la principale obligation du gain de son procès .

Nous n'avons pas moins d'obligation à M. Crommelin .

Madame Calas est priée de nous faire savoir les noms du rapporteur et des juges . M. d'Argental et les autres correspondants n'ont point encore envoyé cette liste, mais ils n'en agissent pas avec moins de zèle .

On exhorte madame Calas à être très tranquille, et à se reposer sur l'activité de ceux qui la servent . Elle n'a plus rien à faire ; on fera tout pour elle . Les mémoires préparatoires qu'on a imprimés, sont traduits actuellement en allemand , en anglais 1 et en hollandais . Le public a prononcé en faveur de l'innocence, le conseil la vengera . On lui fait les plus sincères compliments .

Wagnière

secrétaire de M. de Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre

du roi , comte de Tournay . »

1 Sur ces versions anglaises, voir Evans, n° 111-112 .

08/08/2017

Ne faudrait-il pas, quand les juges seront nommés, les faire solliciter fort et longtemps, soir et matin, par leurs amis, leurs parents, leurs confesseurs, leurs maîtresses ?

... La justice étant réputée aveugle, est-elle rendue par des juges sourds ? Serait-elle meilleure si les juges étaient sensibles aux sollicitations sus-nommées, et particulièrement celles des confesseurs et maîtresses ?

Selon que vous serez puissant ou misérable ...etc. , air connu .

  Citation de Coluche - Proverbes Populaires

Parfois la réalité dépasse l'affliction !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

14è septembre 1762, au château de Ferney par Genève 1

Je reçois la lettre de mes divins anges du 7è septembre, avec les plus tendres remerciements. Madame Scaliger a donc aussi une fluxion : je la plains bien, non pas à cause de ma triste expérience, mais par extrême sensibilité . Cependant il y a fluxion et fluxion ; j’en connais qui rendent sourd et borgne vers les soixante-neuf ans, et qui glacent ce génie que vous prétendez qui me reste. Je ne suis pas trop actuellement en état de raboter des vers . J’attends quelques petits moments favorables pour obéir à tout ce que mes anges m’ordonnent : mais si, malheureusement, mon imbécillité 2 présente se prolongeait, ne pourrait-on pas toujours jouer Mariamne à Fontainebleau, en attendant que le sens commun de la poésie me fût revenu ?

La barque à Tronchin est extrêmement jolie ; elle semble convenir très fort à celui qui sauve les gens de la barque à Caron.

J’ai écrit à l’électeur palatin , pour lui demander en grâce qu’il empêche, par son autorité électorale que Cassandre ne soit livré au bras séculier, et imprimé ; il m’a déjà promis d’avoir cette attention, et je me flatte qu’il tiendra sa parole.

Il a fait, en dernier lieu, exécuter Tancrède d’une façon qui ne laisse pas soupçonner qu’on viole la terrible unité de lieu. On voit la maison d’Argire, un temple, l’hôtel des chevaliers, et deux rues : voilà le goût antique dans toute sa régularité 3.

Je relis la lettre de mes anges. Je soupçonne qu’il y a quelque malentendu dans la copie de Mariamne que j’ai envoyée ; et, dès que j’aurai la tête moins emmitouflée, je reverrai ce procès avec attention.

Celui des Calas me paraît en bon train, grâce à votre protection. La pauvre veuve est une petite huguenote imbécile, mais elle n'en est pas moins infortunée et moins innocente, et l'arrêt de Toulouse n'en est pas moins abominable 4. Je ne connais ni le nom du rapporteur ni celui des juges, tant la veuve a pris soin de me bien informer (Je les sais à présent 5.). J’attendrai patiemment le mémoire de Mariette ; mais je vous avoue que j’attends avec impatience celui d’Elie.

Ne faudrait-il pas, quand les juges seront nommés, les faire solliciter fort et longtemps, soir et matin, par leurs amis, leurs parents, leurs confesseurs, leurs maîtresses ? Ceci est la cause du bon sens contre l’absurdité, et de l’humanité contre la barbarie fanatique. Il sera bien doux de gagner ce procès contre les pénitents blancs. Est-il possible qu’il y ait encore de pareils masques en France ?

Avant que d’achever de dicter cette rapsodie, je fais une réflexion que je soumets à mes anges . C'est que si M. de Chennevières prend sur lui d'écrire à M. l’Électeur palatin, cela ne pourrait-il pas indisposer Son Altesse ? Trouvera-t-Elle bon que je paraisse douter de sa parole, et que je lui fasse écrire par les bureaux de Versailles ? Cette démarche ma paraît bien peu convenable 6.

Mes anges, il y a longtemps que j’ai envie de vous écrire sur le philosophe qui veut épouser 7. Voici l’état des choses. Quand l’extrême protection, et la grande considération qu’on me prodiguait, força ma modestie à quitter la France, j’avais des rentes viagères et de l’argent comptant. Je me suis défait de ce dernier embarras, en assurant à madame Denis environ seize mille livres de rentes ; j’en ai donné trois à madame de Fontaine ; j’en ai assuré quinze cents livres ou environ à mademoiselle Corneille . Le reste a été englouti en maisons, châteaux, meubles, et théâtre. Je ne sais pas encore ce qui reviendra à mademoiselle Corneille de l’édition de Pierre, mais je crois que cela lui formera un fonds d’environ quarante mille livres. Je lui donnerai une petite rente pour ma souscription. Il ne faut pas se flatter que je puisse davantage. Ne comptons même l’édition de Corneille que pour trente mille livres, afin de ne pas porter nos espérances trop haut, et de n’être pas obligé de décompter.

Si le philosophe est vraiment philosophe, et veut demeurer avec nous jusqu’à ce que son père lui cède son château, il jouira d’une assez bonne maison . Mais qu’il ne croie pas épouser une philosophe formée. Nous commençons à écrire un peu, nous lisons avec quelque peine, nous apprenons aisément des vers par cœur, et nous ne les récitons pas mal . La santé est très faible . On a été nouée très longtemps, on craint même que la conformation ne soit pas favorable au mariage 8 . Le caractère est doux, gai, caressant . Le mot de bonne enfant semble avoir été fait pour elle. J’ai rendu un compte fidèle du spirituel et du temporel, du physique et du moral, et je m’en tiens là, en m'en remettant à la Providence.

Voilà les juges nommés pour la révision du procès des Calas. On est instruit du nom des juges ; on espère que nos anges protecteurs les feront bien solliciter, et on se flatte que la cause elle-même les sollicite.

M'est-il permis d'insérer ici ce petit billet pour l'abbé Mignot ?9

Mille tendres respects.

V. »

1 On a l'original autographe à partir de Cette démarche … ; l'édition de Kehl , suivant la copie Beaumarchais avec passages biffés, comporte de nombreuses lacunes .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-25-123225377.html

2 Au sens étymologique : faiblesse physique et mentale .

3 Le 7 septembre 1762, Collini fait à V* la relation de la représentation : « On a joué avant-hier dimanche Tancrède pour la première fois sur le théâtre de Schwetzingen . Le spectacle a été magnifique […] Je doute fort qu'on ait eu à Paris une décoration telle que celle du troisième acte […] Il y avait plus de 50 personnes sur le théâtre à la scène 6è du 3è acte […] La pièce a été assez bien jouée ; mais ces vers du rôle d'Aménaïde marqués d'un astérisque que vous avez averti devoir être récités avec le ton d'une froideur contrainte, ont été récités ici avec le ton du désespoir […] On se prépare à jouer Cassandre ; mais ce ne sera que dans quinze jours , ou trois semaines . Jouera-t-on cette pièce à Paris ? Je désire toujours que vous veniez ici vous-même pour diriger cette pièce . »

4 Passage manquant à partir de La pauvre veuve dans toutes les éditions .

5 Ces mots entre parenthèse sont une addition de V* en marge .

6 Paragraphe manquant dans les éditions .

8 Phrase omise dans les éditions .

9 Ibid .

Je vois , monsieur, par le bilan que vous avez la bonté de m'envoyer que je suis plus riche que je ne croyais

... Eh oui !  Beau constat !

Je viens, comme bien de mes compatriotes prendre connaissance de la part d'impôts qui m'est dévolue . Alleluiah ! No comment .

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Allons ! J'ai encore un peu de temps pour buller .

 

 

« A Ami Camp

A Ferney 12 septembre 1762

Je vois , monsieur, par le bilan que vous avez la bonté de m'envoyer que je suis plus riche que je ne croyais . Je peux donc laisser 180 000 livres entre vos mains, et à l'égard des 44 700 livres qui restent je vous supplierai de me les renvoyer en or partie par partie à votre commodité . Si vous pouvez me faire avoir à présent 300 louis d'or je vous serai très obligé, et ainsi de suite selon que votre loisir et vos affaires le permettront . S'il y a quelques déboursés à faire vous les prendrez sur cette somme de 44 700 livres .

Quoique le sieur Frank bijoutier m'ait flatté que je recevrais son ballot la semaine passée , il n'est pourtant pas arrivé . Mais j'ai reçu le petit bateau d'argent pour le professeur Tronchin, et il en est actuellement en possession .

Il faut maintenant, monsieur, que j'aie recours à vos bontés pour l'agriculture . Je voudrais six cents livres de bonne graine de frumental 1. Si vous avez quelque ami qui soit connaisseur, je vous prie de l'engager à me choisir la meilleure et de me l'envoyer à Meyrin par les rouliers . J'en ai déjà fait un essai qui m'a très bien réussi . Mme Denis gouverne le théâtre, et moi je plante et je sème . On répète actuellement une pièce nouvelle . Il faut dans ce monde faire un peu de tout .

Je vous réitère , mon cher monsieur, tous les sentiments qui m'attachent à vous pour la vie .

V. »

07/08/2017

On fait des réjouissances à Paris pour la victoire de M. le prince de Condé

... en attendant celles du PSG avec Neymar qui s'entraine avec application à St Trop, histoire de frimer comme tous les footeux . Au passage, je suggère aux maires de France qui râlent devant le blocage gouvernemental de 300 millions de crédits aux collectivités, de s'adresser au dit PSG qui claque plus des deux tiers de cette somme pour un seul gugusse en espérant des rentrées juteuses venant des gogos supporters .

  Neymar ferait passer le PSG dans une autre dimension ! - http://www.le-onze-parisien.fr/neymar-ferait-passer-le-psg-dans-une-autre-dimension/

Vas-y ! tire mon doigt !

 

 

« A Ami Camp, Banquier

à Lyon

10 septembre 1762, aux Délices

J'ai l'honneur de vous envoyer, monsieur, ce petit mandat sur M. de Laleu, pour le paiement du mois d'auguste . Nous allons aujourd'hui à Ferney . Je me flatte que nous trouverons à Meyrin le petit bateau, et l'envoi du sieur Defranc . Tout le vin que M. Le Bault m'avait envoyé est tourné . Je n'ai pas été heureux en vin ces dernières années . On fait des réjouissances à Paris pour la victoire de M. le prince de Condé 1. J'espère qu'on en fera bientôt pour la paix . Mme Denis vous fait mille compliments . Je vous embrasse sans cérémonie .

V. »

1 Louis-Joseph de Bourbon, jeune prince de Condé a remporté une bataille contre le duc de Brunswick à Johannisberg le 30 août 1762 , ce qui est le premier succès français depuis une longue période .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Nauheim

Il est d'ailleurs fort agréable de demeurer près d'une grande ville, où l'on trouve sous la main tout ce qui est nécessaire pour les agréments et pour la vie

... Mon cher Voltaire , tes voeux sont accomplis au delà de ce dont tu te contentais, et le beau pays de Gex , voisin immédiat de Genève, n'a rien à envier à la parvulissime république, car il est autosuffisant pour ce qui touche le "nécessaire pour les agréments de la vie", au point que ce sont maintenant les Helvètes qui viennent en profiter .

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« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck, née comtesse

d'Oldenbourg

Au château de Javer

en Ost-frise

Au château de Ferney par Genève 10è septembre 1762 1

Je ne suis point paresseux, madame, mais je perds les yeux, les oreilles, l'estomac, le sommeil, les jambes, toutes les pièces nécessaires à mon vieux bâtiment s'en vont l'une après l'autre .

Je vous crois dans un vilain climat, et dans un vilain château, mais conservez-y votre santé . Je vous aimerais mieux, sans doute, dans mon voisinage qu'au fond de l'Ost-Frise, dans le château de M. de Tunder-ten-Thronck .

Vous m'avez envoyé une relation un peu romanesque de Petersbourg ; l'auteur ressemble un peu à don Quichotte qui voyait des chevaliers où il n'y avait que des moulins à vent . Il parle d'un combat livré par la Sémiramis du nord, livré à son cher mari ; et ce combat ne s'est donné que dans l'imagination du nouvelliste . Nous sommes un peu mieux informés dans notre petit coin du monde, où nous voudrions vous tenir .

La paix va régner dans l’Europe . Si vous pouvez la faire avec ceux qui vous retiennent vos terres, ce sera un beau chef-d’œuvre . Puissiez-vous perdre moitié comme nous perdons, et vous gagnerez encore beaucoup ; sinon , croyez-moi, venez à Tournay ; vous êtes faite pour les terres libres, et vous y serez souveraine . Il est d'ailleurs fort agréable de demeurer près d'une grande ville, où l'on trouve sous la main tout ce qui est nécessaire pour les agréments et pour la vie .

Je souhaite que vous puissiez vous dégoûter de l'Ost-frise, que vous ayez envie de vous rapprocher de Tübingen, que le goût des voyages vous reprenne . Vous verrez Ferney bâti, vous ne direz plus qu'il n'y a pas de joli château dans le pays de Gex ; vous verrez un très joli théâtre , d'assez bons acteurs, et surtout beaucoup d’envie de vous plaire ; agréez mes châteaux en Espagne, et surtout mon tendre respect .

V. »

1 On ne connait pas la lettre à laquelle V* répond ici .

06/08/2017

Monsieur, on dit que votre parlement va reprendre ses séances ; je vous prie d’agréer mes sincères compliments

... Et quand vous vous dorerez la pilule, pensez à moi !

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« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

Aux Délices, 8 septembre 1762 1

Monsieur, on dit que votre parlement va reprendre ses séances ; je vous prie d’agréer mes sincères compliments ; la paix va enfin être partout, et tout le monde en avait besoin ; pour moi je suis en guerre avec les dix tonneaux, dont je comptais boire ma part à votre santé . Le tempérament de votre vin est trop différent du mien , vous savez que je suis trop maigre, et il s'est mis à être trop gras, il file 2. Je vous demande conseil . Vous devez, monsieur, être le Tronchin du vin ; dites-moi je vous prie, s'il y a du remède et quel remède vous apportez en pareil cas .

Je suis plus malade encore que mon vin, et c'est ce qui fait, monsieur, que je n'ai pas l'honneur de vous écrire de ma main ; je renonce à engraisser, mais si vous pouvez dégraisser mes dix tonneaux, je vous aurai une extrême obligation .

Je comptais avoir l'honneur de vous voir cet automne et d'aller à La Marche ; il faudra que je me borne à vous renouveler de loin le respect et l'attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être , monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Oserai-je prendre la liberté de présenter mes respects à monsieur le premier président à à monsieur le procureur général ? »

1 Selon l'édition Mandat-Grancey qui avait imprimé l'initiale après le post-scriptum .

05/08/2017

Dieu me laisse la grâce de pouvoir, à la fin du mois, venir me réjouir avec vous de la paix que nous allons avoir avec les Anglais

... Et le reste du monde  ?

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Je suis fan de cette petite fille géniale !

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Aux Délices, 8 septembre 1762

Voilà le mois de septembre venu, monsieur, et je voudrais déjà être à La Marche, mais une descente de pairs du royaume et une fluxion sur les yeux et sur les oreilles me retiendront aux Délices probablement jusqu'à la fin du mois . M. le duc de Villars est ici ; nous attendons M. le duc de Richelieu ; Mme Denis et Mlle Corneille répètent leurs rôles, et moi je ne joue que celui de malade . Dieu me laisse la grâce de pouvoir, à la fin du mois, venir me réjouir avec vous de la paix que nous allons avoir avec les Anglais et de celle que probablement votre parlement aura avec le conseil .

Je suis fort content malgré les critiques de l'estampe d'Othon que M. Le Monnier 1 m'envoie . Je vous renouvelle mes remerciements et je vous prie de permettre que j'insère ce petit billet dans ce paquet . Pardonnez à un pauvre homme, moitié sourd, moitié aveugle, s'il vous écrit si laconiquement ; vous savez combien il serait bavard s'il vous disait à quel point il est pénétré pour vous d'attachement et de respect .

V. »