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30/06/2017

Je vois, monsieur, que les finances d'un royaume sont difficiles à gouverner, puisque je n'ai pu mettre encore dans les miennes l'ordre que je désirais

... Combien sommes-nous à nous dire la même chose ? Combien sommes-nous à craindre des coupes budgétaires et des taxes et impositions confiscatoires ? Nous sommes la majorité, je crois, en ce cas . Les banques, elles, ne sont guère inquiètes .

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Dédié à qui sait ce dont un banquier est capable !

 

 

« A Ami Camp, Banquier

à Lyon

Aux Délices 4 auguste 1762

Je vois, monsieur, que les finances d'un royaume sont difficiles à gouverner, puisque je n'ai pu mettre encore dans les miennes l'ordre que je désirais .

Je le flatte enfin que j'en viens à bout grâces à vos bontés . Il n'y aura plus de petites parties, plus de petites lettres de change pour les marchands de Genève . M. de Laleu , secrétaire du roi, notaire rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, consent à donner à commencer du dernier juillet cent vingt louis d'or par mois qui suffiront assurément pour le courant d'une maison, très bien pourvue de tout . J'aurai quelque argent comptant pour faire face aux affaires imprévues et je laisserai entre vos mains cent cinquante mille livres auxquelles je ne toucherai certainement pas .

Ainsi monsieur si vous voulez avoir la bonté de nous faire parvenir cent vingt louis de mois en mois tirés sur M. de Laleu qui les paiera à votre ordre, tout sera dans la règle la plus simple . Vous pouvez dès ce moment vous faire payer de ces cent vingt premiers louis – et ainsi les premiers jours de chaque mois . Je vous supplierai en même temps d'avoir la bonté de me faire parvenir ce que vous pourrez d'argent en laissant subsister dans votre caisse les cent cinquante mille livres . J'ai la vanité de croire que vous me regarderez comme un bon économe .

Tout ce qui est aux Délices vous embrasse de tout son cœur, et surtout moi qui serai toute ma vie avec le plus tendre attachement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

V. »

 

29/06/2017

Un avocat savant et estimé est certainement au-dessus de ceux qui ont acheté pour un peu d'argent le droit d'être injustes . Un tel avocat serait un excellent conseiller, mais où est le conseiller qui serait un bon avocat ?

... Nos ex-président et ministres qui, du seul fait d'avoir été nos gouvernants, se retrouvent avec une facilité déconcertante nommés avocats, illustrent très exactement les doutes de Voltaire par leur inaptitude à faire réellement un bon travail d'avocat . S'ils n'ont pas physiquement acheté leur titre, ils sont cependant bénéficiaires d'une charge par piston (même légal ) . Je pense ici principalement à Sarkozy et Rachida Dati , issus du même tonneau , avocats d'opérette, incapables de gagner leur vie par ce biais , et par malheur ils ne sont pas les seuls . Si j'étais étudiant en Droit, ça me gonflerait sérieusement l'épitoge de voir ces passe-droits .

 http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-journal-...

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Ce qui représente bien l'état d'esprit de ces avocats (sic) autoproclamés .

 

 

« A David Lavaysse

4è août 1762 1

Les personnes qui protègent à Paris la famille Calas, sont très étonnés que le sieur Gaubert Lavaysse ne fasse pas cause commune avec elles . Non seulement il a son honneur à soutenir, ses fers à venger , le rapporteur qui conclut au bannissement à confondre, mais il doit la vérité au public, et son secours à l'innocence . Le père se couvrirait d'une gloire immortelle, s'il quittait une ville superstitieuse et un tribunal ignorant et barbare .

Un avocat savant et estimé est certainement au-dessus de ceux qui ont acheté pour un peu d'argent le droit d'être injustes . Un tel avocat serait un excellent conseiller, mais où est le conseiller qui serait un bon avocat ?

Monsieur de Lavaysse peut être sûr que s'il perd quelque chose à son déplacement, il le retrouvera au décuple . On répand que plusieurs princes d'Allemagne, plusieurs personnes de France, d'Angleterre et de Hollande, vont faire un fonds très considérable . Voilà de ces occasions  où il serait beau de prendre un parti ferme . Monsieur Lavaysse en élevant la voix n'a rien à craindre . Il fera rougir le parlement de Toulouse en quittant cette ville pour Paris, et s'il veut aller ailleurs il sera partout respecté .

Quoi qu'il arrive son fils se rendrait très suspect dans l'esprit des protecteurs des Calas, et y ferait très grand tort à la cause s’il ne faisait pas son devoir 2, tandis que tant de personnes indifférentes font au-delà de leur devoir .

Je prie la personne qui peut faire rendre cette lettre à monsieur Lavaysse père de l'envoyer promptement par une voie sûre . »

1 L'édition de Kehl suivie des autres , sur une erreur de la copie Beaumarchais donne la lettre du 4 juillet 1762 .

2 V*, comme on l'a vu, estime que le témoignage de Lavaysse fils n'est pas assez favorable à Calas ; voir lettre de mai-juin 1762 à Cathala : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/18/l-arret-peut-n-etre-point-injuste-voila-pourquoi-il-est-tres-5934250.html

David Lavaysse écrira un Mémoire pour la défense de son fils  : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040674n/f9.image

28/06/2017

Oh ! je crierai pendant ma vie, si on ne veut pas brailler pour moi après ma mort

... Il est des cris qui valent mille fois mieux que des braiements, éructés sur un pauvre mort qui n'en peut mais, au nom d'Allah, Jehovah, Vichnou, Jésus, Nanabozo le Grand Lapin et tutti quanti . Je me passerai bien de la pompe funèbre religieuse, et nul ne sera tenu pour moi de prendre en main les cordons du poèle du corbillard sur lequel j'ai eu l'occasion de jouer à l'attaque de la diligence avec frères et cousins : blasphèmions-nous sans le savoir ? Si oui, tant mieux !

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Et pour quelques dollars de plus ....

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

4 août [1762] 1

Mes divins anges, voici ce que je dis à votre lettre du 27 juillet 2. C’est une lettre descendue du ciel ; mes anges sont les protecteurs de l’innocence, et les ennemis du fanatisme. Ils font le bien, et ils le font sagement. J’envoie au hasard des mémoires, des projets, des idées. Mes anges rectifient tout . Il faudra bien qu’ils viennent à bout de réprimer des juges de sang, et de venger l’honneur de la France. J’ai toujours mandé qu’on ne trouverait jamais d’huissier qui osât faire une sommation au greffier du parlement toulousain, après que ce parlement a défendu si sévèrement la communication des pièces, c’est-à-dire de sa honte. Comment trouverait-on un huissier à Toulouse qui signifiât au parlement son opprobre, puisque je n’en ai point trouvé en Bourgogne qui laissât présenter un arrêt du conseil au sieur de Brosses, président à mortier ? J’en aurais trouvé dans le Siècle de Louis XIV.

Mes anges sont adroits ;  ils ont gagné le coadjuteur 3. Hélas ! Il est bien triste qu’on soit obligé de prendre des précautions pour faire paraître deux lettres 4 où l’on parle respectueusement des moins respectables des hommes et où la vertu la plus opprimée s’exprime en termes si modestes !

Enfin nous sommes environ cent mille hommes qui nous remettons de tout aux deux anges.

Les Anglais commencent une magnifique souscription dont les Calas ont déjà ressenti les effets.

On a écrit 5 à Lavaysse père une lettre qui doit le faire rentrer en lui-même, ou plutôt l’élever au-dessus de lui-même.

Il faut qu’il abandonne une ville superstitieuse, et barbare, aussi ridicule par ses recueils des Jeux floraux que par ses pénitents des quatre couleurs. Il trouvera des secours honorables qui l’empêcheront de regretter son barreau.

Je supplie mes anges de vouloir bien envoyer le paquet ci-joint à M. le maréchal de Richelieu.

Je me jette aux pieds de madame d’Argental, et je la remercie du bateau 6 qui parera la table de Tronchin . Elle est trop bonne. C’est de madame d’Argental dont je parle, et non de la table du docteur 7.

J’ai lu un factum d’Elie 8 pour des Bourguignons contre un médecin irlandais. Depuis ma maladie, j’aime assez les médecins ; mais ce factum ne me fait pas aimer les Irlandais. Je prie mes anges de vouloir bien dire à Élie le moderne que je le préfère à Élie l’évêque de Jérusalem l’infâme, et à l’Elie évêque de Paris la folle.

Mais est-il bien vrai que l’Elie de Paris, ce Beaumont à billets de confession, ait osé mettre au séminaire, pour deux ans, le curé de Saint-Jean de Latran, pour avoir prié Dieu ? Quoi ! il ne sera pas même permis aux acteurs pensionnés du roi de faire dire des psaumes pour un homme qui les a fait vivre ! et que deviendrai-je donc ? quoi , il n’y aura point pour moi de libera ! Oh ! je crierai pendant ma vie, si on ne veut pas brailler pour moi après ma mort.

Mes divins anges, je ne vous parle ni de Cassandre ni du Droit du Seigneur . Il fait trop chaud.

J’ai Crébillon sur le cœur. Ses vers étaient durs  mais Beaumont l’archevêque l’est davantage.

V.»



1 Date complétée par d'Argental .

2 Lettre non connue .

3 L'abbé Chauvelin .

4 Les Pièces originales .

5 Voir plus loin  lettre à David Lavaysse .

7 Phrase ajoutée par V* entre les lignes .

8 Élie de Beaumont ; c'est le Précis pour dame Reine Cortelot, veuve de messire Hugues de Mézières […] contre le sieur Jean-Baptiste Macmahon, 1762.

27/06/2017

Souvenir heureux, anniversaire

... Il y a huit ans exactement, en début d'après-midi, je faisais en ce lieu, la plus merveilleuse et inoubliable rencontre qui soit : LoveVoltaire .  Je rends grâces à Voltaire qui a permis cela .

 

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A vous Mam'zelle Wagnière . Je vous embrasse tendrement .

Nous nous retrouverons en ce lieu, le plus tôt qu'il sera possible .

26/06/2017

Il faut commencer par avoir reçu une bonne éducation pour en donner une

... Et un bon enseignement scolaire en fait indéniablement partie , comme l'estime enfin concrètement Jean-Michel Blanquer, nouveau ministre de l'Education . Les réformettes qui tenaient plus de règles du jeu à la Guy Lux dans Intervilles, vont passer à la trappe . C'est bien aussi important , ce me semble, que la réforme du Code du travail .

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

2 auguste 1762 aux Délices par Genève

Madame, Dieu préserve Votre Altesse Sérénissime de faire jamais élever un des princes vos enfants par ce fou de Jean-Jacques Rousseau. Il faut commencer par avoir reçu une bonne éducation pour en donner une. Ce livre d’Emile est méprisé généralement. Mais il y a une cinquantaine de pages au troisième volume, contre la religion chrétienne, qui ont fait rechercher l’ouvrage et bannir l’auteur. On débite sourdement plusieurs ouvrages 1 dans le goût de ces cinquante pages. On les attribue tantôt à La Mettrie, tantôt au philosophe de Sans-Souci. Mais il est certain qu’il y en a un d’un curé de Champagne auprès de Rocroi qui est plus approfondi que le troisième tome d’Emile. C’est un testament que fit ce curé nommé Meslier, et dont il envoya une copie, avant sa mort, au garde des sceaux Chauvelin. Si Votre Altesse Sérénissime était curieuse de cet ouvrage, je le chercherais et je le confierais à votre prudence . Il est d’une rareté extrême.

J’ai l’honneur, madame, de vous envoyer un des mémoires qui commencent à courir sur une affaire qui intéresse tous les honnêtes gens. Je ne crois pas que depuis la St-Barthélémy 2, il y ait eu une aventure plus abominable. Le cœur de Votre Altesse Sérénissime saignera en lisant cette histoire des fureurs catholiques de Toulouse. Les mémoires ci-joints supposent des pièces antérieures . Je  ne les ai pas sous la main, et votre discernement verra aisément ce qui peut avoir précédé. Il se pourrait bien faire qu’une si horrible aventure causât une seconde émigration, et vous procurât quelques nouveaux sujets qui seraient plus sobres que la légion royale.

On dit que le nouveau Pierre s’est brouillé avec les barbes de ses prêtres 3, et que les esprits sont fort animés. Je le crois bien ; le sujet en vaut la peine.

Agréez, madame, mon profond respect et mon attachement inviolable.

V.»



1 Le Sermon des cinquante, et Les Sentiments de Jean Meslier .

2 V* est particulièrment affecté chaque année le 24 août par le souvenir de ce massacre .

3 Pierre III avait ordonné aux popes de raser leur barbe .

25/06/2017

faite pour haïr l'injustice et le fanatisme et pour plaindre les infortunés

... Telle devrait être LA religion ! Je ne mets pas "les" religions qui elles sont plutôt sources d'embrouilles infinies .

 

 

« A Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt, margravine de Bade-Durlach 1

Aux Délices près de Genève 2 auguste [1762]

Madame,

Je crois faire ma cour à votre cœur et à votre esprit en envoyant les pièces ci-jointes à Votre Altesse Sérénissime . Je suis persuadé qu'elle sera touchée de l'aventure horrible dont ces mémoires rendent compte . Elle est faite pour haïr l'injustice et le fanatisme et pour plaindre les infortunés . Sa voix et son suffrage valent bien un arrêt d'un parlement de France et si votre cœur est touché les malheureux cessent de l'être .

Je suis avec un très profond respect

madame

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

24/06/2017

Encore une fois nous préparons les esprits, nous mettons tout en mouvement, et j'espère beaucoup

... En Marche ?

On retrouve, -heureusement,- l'état d'esprit voltairien , du moins j'ose l'espérer chez Emmanuel Macron et son équipe . A suivre ... jusqu'où ?

 

 

« A Philippe Debrus

[vers le 1er août 1762]

Je prie instamment monsieur Debrus de se modérer . Je suis aussi vif, aussi empressé, aussi sensible que lui dans l'affaire des Calas, mais ne gâtons point par des contradictions 1 ce qu'on fait à Paris en faveur de cette malheureuse famille .

Le premier commis de M. de Saint-Florentin me mande qu'il faut absolument commencer par une requête à monsieur le chancelier . Laissons donc M. d'Argental et les avocats Beaumont et Mallard travailler en conséquence 2. J'ai proposé des requêtes pour faire venir la procédure . Nous verrons si on tentera cette voie, ou si on attendra une copie de l'arrêt .

Ne craignons point que le parlement de Toulouse écrive ou fasse écrire à Mme de Pompadour . Il ne fera jamais cette démarche . Elle serait ridicule dans un parlement .

Si monsieur Debrus voyait les lettres que M. d'Argental et mon neveu m'écrivent, il serait content . Encore une fois nous préparons les esprits, nous mettons tout en mouvement, et j'espère beaucoup . Il sera nécessaire que monsieur Debrus ait la bonté de m'instruire de tout ce qu'il saura de nouveau afin que j'en avertisse sur-le-champ M . d'Argental et nos autres amis .

M. Tronchin, le fermier général, pense comme M. d'ArgentaI qu'il faut laisser agir les deux avocats Beaumont et Mallard, d'autant plus que ces messieurs soulèveront tout le corps des avocats en faveur des Calas .

De deux choses l'une, ou le parlement de Toulouse verra son arrêt cassé, ou il sera déshonoré s'il est vrai qu'il ait aussi mal jugé qu'il le paraît . »

1 Le mot contradictions désigne sans doute ici tout ce qui peut produire un effet contraire au but poursuivi .

2 La requête préparée est le Mémoire à consulter dont il sera question dans la lettre du 29 août 1762 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-24-123150901.html . Ce détail permet de dater la lettre plus tôt que ne l'a fait le premier éditeur qui la place entre le 25 août et le 4 septembre . En revanche, la présente lettre suit sans doute de près celle du 29 juillet à Debrus : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/06/19/tout-le-monde-est-tres-bien-dispose-5955596.html