04/08/2017
N'ayant point reçu d'argent, monsieur, ces jours-ci, et en manquant absolument, je prends le parti de vous adresser une lettre de change
... Telle est la première phrase de la lettre des 35498 maires de France au président de la république avec copie au premier ministre . La réponse est prévisible : nous devons faire des économies immédiates pour des profits futurs ; ce qui est sous entendu dans la déclaration d'Edouard Philippe :"Je ne suis pas là pour faire plaisir à tel ou tel, je suis là pour mettre en œuvre les engagements du président de la République", (ce qui est une manière d'ouvrir le parapluie au plus haut niveau ) .
De toute façon ....
« A Ami Camp, Banquier
à Lyon
6è septembre 1762, aux Délices
N'ayant point reçu d'argent, monsieur, ces jours-ci, et en manquant absolument, je prends le parti de vous adresser une lettre de change 1 de douze louis d'or à l'ordre, et pour solde, de M. Pernessin de Genève .
J'espère de recevoir mardi le group dont vous m'avez flatté . Je crois vous avoir prié déjà de porter à mon compte les trois cents livres données à Mme Calas, dont j’ai donné lettre de change à M. Tronchin .
Vous aurez le temps, je crois de porter toutes ces petites sommes dans le compte final que vous voulez bien faire dresser . Il y a encore le paiement du sieur Defranc, bijoutier à Lyon, qui m'a adressé à Meyrin son ballot . Le paiement se monte , je crois, à cent quatre livres, ou environ ; tout ce que Mme Denis a dépensé jusqu'à présent sera compté dans le bilan que vous m'envoyez ; et dorénavant, toutes ces dépenses seront imputées sur le prêt des mois .
Ainsi voilà toutes nos affaires en règle . Je vous réitère mes très humbles pardons pour tant d’importunités .
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Voir pour info : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lettre_de_change
15:16 | Lien permanent | Commentaires (0)
Si je ne voulais que faire entendre ma voix ...
... Ma parole est-elle une bombe ? Comment êtes-vous devenus assez lâches pour tenter de me faire taire, vous Erdogan et votre clique ?" pourraient dire Loup Bureau et tous les journalistes qui sont arbitrairement arrêtés en Turquie depuis quelques mois .
En fait, comment, tout le monde le sait, pourquoi, également, reste à savoir jusqu'à quand ?
http://www.lemonde.fr/international/article/2017/08/03/le...
La Turquie, pays hautement et exemplairement démocratique, à l'égal du Vénézuela tant aimé des Insoumis/soumis de/à Mélenchon ( "Le Venezuela bolivarien est une source d'inspiration pour nous, nous saluons la victoire de Maduro!". Publié en avril 2013 ) sera-t-elle un jour européenne ? Why not , clairvoyant phare de la pensée Jean-Luc , mais ça sera sans moi .
Loup Bureau, libre dans sa tête, prisonnier politique . A libérer d'urgence !
« A César-Gabriel de Choiseul, comte de Choiseul
Aux Délices 6 septembre 1762 1
Si je ne voulais que faire entendre ma voix, Monseigneur, je me tairais dans la crise des affaires où vous êtes, mais j'entends les voix de beaucoup d'étrangers, toutes disent qu'on doit vous bénir si vous faites la paix à quelque prix que ce soit . Permettez-moi donc, Monseigneur, de vous en faire mon compliment . Je suis comme le public, j'aime beaucoup mieux la paix que le Canada 2, et je crois que la France peut être heureuse sans Québec . Vous nous donnez précisément ce dont nous avons besoin . Nous vous devons des actions de grâce . Recevez en attendant avec votre bonté ordinaire le profond respect de
Voltaire . »
1 L'édition Renouard donne un texte corrompu . Quand le texte exact fut publié dans le Report of the public archives of the year 1934 ( , le destinataire fut indiqué comme étant Richelieu .
2 V* qui n'a aucun intérêt économique dans le commerce avec le Canada, sacrifie bien volontiers Québec plutôt que Pondichery qui lui donne plus d'inquiétude .
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03/08/2017
malheur aux compliments quand ils sont longs !
... Ils sont souvent l'essentiel des notices nécrologiques !
Il en est de drôles, fausses et anticipées : http://fr.necropedia.org/
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
6 septembre 1762
Mes divins anges, je prends donc la liberté de faire mon compliment à M. le comte de Choiseul 1. Ce compliment est court, mais il part du cœur ; et malheur aux compliments quand ils sont longs ! D’ailleurs ma fluxion ne me permet pas une éloquence bien prolixe. Je joins à mon paquet un Canning-Calas 2 qui me reste . On peut toujours le placer. J’attends avec bien de l’impatience le mémoire instructif de Mariette 3, et la philippique d’Elie. J’espère que cette philippique fera un très grand effet, et qu’elle sera signée d’un grand nombre d’avocats. C’est un point important. Ces témoignages réunis tiennent lieu d’un arrêt, et dirigent celui des juges. Ah mes anges, que vos louanges seront chantées, quand vous aurez consommé votre bonne action !
Je vous prie de faire mes compliments à frère Berthier (quand vous le verrez) sur sa résurrection, et sur sa place de sous-précepteur 4. Il faut espérer qu’il sera un jour un petit cardinal de Fleury.
Eh bien ! ce Henri IV 5, dont j’espérais tant, n’a pas même réussi à Bagnolet. Lekain m’en avait dit merveilles . Il m’a dit aussi miracle d’Eponime 6. Je n’ai pas grande foi au goût de Lekain.
Les Délices sont aux pieds de mes anges.
V.»
1 Qui envoyait en Angleterre le duc de Nivernais pour négocier la paix ; voir lettre du même jour à Choiseul : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-25-123225377.html
2 Histoire d’Élisabeth Canning et des Calas ; http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040690r
3 Ici encore V* et également le 14 septembre 1762 ( voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-25-123225377.html ) , prétend qu'il n'a pas reçu ce document ; répugne-t-il à dire qu'il ne l'apprécie pas ?
4 Il venait d’être nommé sous-précepteur des princes qui furent plus tard Louis XVI et Louis XVIII . A propos de cette nomination, voir John N. Pappas : « Berthier's Journal de Trévoux and the philosophes », 1957 (http://www.worldcat.org/title/studies-on-voltaire-and-the-eighteenth-century-volume-iii/oclc/225741944&referer=brief_results )
5 Le Henri IV ou La partie de chasse, de Collé , jouée chez le duc d'Orléans , à Bagnolet ; voir lettre du 17 avril 1762 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/18/2-5922869.html
6 Tragédie de Michel-Paul-Guy de Chabanon de Maugris, représentée le 6 décembre 1762 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Paul_Guy_de_Chabanon
et : http://data.bnf.fr/12451123/michel_paul_guy_de_chabanon/
09:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/08/2017
Les fanatiques ont commencé par l’humilité et par la douceur, et ont tous fini par l’orgueil et par le carnage.
... Ce qui n'est que trop vrai ; l'histoire contemporaine confirme ce constat du XVIIIè siècle .
Et la phrase suivante va vous rappeler des personnages dont l'existence n'est pas fictive , tant dans le monde oriental qu'occidental, au nord comme au sud : " Enfin ils sont infaillibles : car ils ont trente millions de rente. On peut certainement adorer ces messieurs-là ." Le Dieu Dollar ne connait pas de frontières .
Heureusement , le beau et le tendre existent encore .
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha 1
5 septembre [1762]
Madame,
Voilà donc la paix presque faite. Votre Altesse sérénissime s’en réjouit, et il y a grande apparence que Votre Altesse ne fera plus les honneurs de chez elle qu’à ceux qui viendront uniquement pour lui faire leur cour. On y venait en trop grande compagnie, et sans y être prié, ce qui est assurément contre les règles de la civilité. Le grand fléau qui désolait l’Europe va donc cesser, jusqu’à la première fantaisie d’un roi et d’un ministre qui voudront faire parler d’eux. Il ne nous reste plus que les petits fléaux ordinaires. L’aventure de Calas est de ce nombre, et j’espère qu’on réformera ce détestable arrêt d’assassins en robe. J’y travaille du fond de ma retraite, et malgré mes infirmités, je ne veux point mourir que je n’aie vu la fin de cette affaire.
Je crois celle de Russie finie ; la czarine a fait une plaisante oraison funèbre de monsieur son mari 2.
Votre Altesse sérénissime veut un Meslier ; le voilà, accompagné d’un petit sermon 3 qu’on a imputé au roi de Prusse, quoique à tort. Je ne vous envoie, madame, ces deux ouvrages extrêmement rares, que parce qu’ils ne sont empoisonnés d’aucun levain d’athéisme. On y déteste les erreurs humaines, et l’infâme charlatanisme qui donne encore aujourd’hui tant d’honneurs et tant d’argent aux corrupteurs de la raison. Les fanatiques ont commencé par l’humilité et par la douceur, et ont tous fini par l’orgueil et par le carnage. Tous sont également les ennemis de Dieu, du père de tous les hommes, les ennemis du sens commun que Dieu nous a donné, les ennemis de notre liberté et de notre repos. Enfin ils sont infaillibles : car ils ont trente millions de rente. On peut certainement adorer ces messieurs-là.4
Ce qui est adorable après Dieu, si on peut user de ce terme, c’est la vertu aimable ; donc …
Mille profonds respects.
V. »
1 L'édition Voltaire à Ferney date de 1760, corrigé par Moland .
La duchesse écrit notamment à V* le 16 août 1762 : « M. de Forster, chambellan du duc, a pris la résolution de mener son fils cadet à Genève pour l'y faire étudier quelques années . Il voudrait que ce jeune homme pût profiter de vos lumières […] : il s'imagine que ma recommandation lui sera de quelque utilité à cet égard […] Vous me ferez plaisir monsieur de me procurer le testament du curé de Champagne, pourvu qu'il ne soit pas athée comme bien des gens l'en accusent […] . Que dites-vous monsieur de la grande révolution arrivée en Russie ? et de cette mort tragique, et amenée aussi à propos de Pierre trois ? […] On ne peut rien lire de plus affreux et en même temps de plus touchant que le mémoire que vous avez la bonté de m'envoyer [...] J'ai lu de même le placet de la mère et son factum adressé au roi [...]»
2 Le manifeste du 7 juillet dans lequel Catherine attribue la mort de son mari (assassiné) à des hémorroïdes et à des coliques .
3 Le Sermon des cinquante : https://fr.wikisource.org/wiki/Sermon_des_Cinquante/%C2%90%C3%89dition_Garnier
Moultou y fait allusion dans une lettre du 21 août 1762 à J.J. Rousseau ; voir : https://books.google.fr/books?id=q-fKoqRfoH4C&pg=RA2-PA39&lpg=RA2-PA39&dq=lettre+de+moultou+%C3%A0+JJ+Rousseau+du+21+aout+1762&source=bl&ots=Jzj1NnJ85J&sig=-DaetndkQAjAvkOzpM1y9YWFT3k&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjyirLk1bXVAhUG1xoKHQYRCYIQ6AEILTAA#v=onepage&q=lettre%20de%20moultou%20%C3%A0%20JJ%20Rousseau%20du%2021%20aout%201762&f=false
4 L'édition Bavoux et François donne : « On peut certainement adorer un Dieu sans adorer ces messieurs-là. »
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01/08/2017
Cet exemple pourra servir à inspirer la tolérance que les hommes se doivent les uns aux autres , et qu'ils pratiquent si peu
... Eh ! oui, on ne frappe pas un adversaire politique, et encore moins si c'est une femme : http://www.lemonde.fr/la-republique-en-marche/article/201...
J'aurais pu trouver mieux pour illustrer les dires de Voltaire, mais un peu de flemme me pousse à puiser dans l'actualité de la rubrique autrefois nommée celle "des chiens écrasés" , scusi !
« A Philippe Debrus
On trouve le mémoire de M. Mariette trop long, trop minutieux, trop eu intéressant, trop peu éloquent, mais tel qu'il est, il sera instructif pour les juges, et cela suffit 1 . On attend beaucoup de celui de M. de Beaumont, il sera signé des plus fameux avocats de Paris . Cette signature fera un effet prodigieux .
M. d'Argental se donne tous les mouvements possibles . Mon neveu agit de son côté avec beaucoup de succès . Je vois évidemment par la disposition des esprits, que le parlement de Toulouse sera confondu . Cet exemple pourra servir à inspirer la tolérance que les hommes se doivent les uns aux autres , et qu'ils pratiquent si peu .
M. le duc de Nivernais part aujourd'hui pour l'Angleterre, il parait qu'on peut compter sur la paix 2.
4è [septembre 1762] »
1 V* parle sûrement d'après un manuscrit qu'il a entre les mains car le Mémoire ne fut publié que le 18 septembre 1762 ; voir lettre de ce jour de Damilaville à V* .
2 Voir : https://books.google.fr/books?id=d99HBgAAQBAJ&pg=PT675&lpg=PT675&dq=duc+de+Nivernais+septembre+1762&source=bl&ots=AiSFtlXH76&sig=-fttarY8mZdEZvMuxm06InQQ9h0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjVsfmvyLPVAhWH2xoKHZ3RDHoQ6AEILTAA#v=onepage&q=duc%20de%20Nivernais%20septembre%201762&f=false
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31/07/2017
On lui enverra de plus un gros cahier de remarques historiques sur les ministères des anciens, et sur les devoirs des prêtres
... Et si ça ne suffit pas à remplir vos journées de vacances, ayez impérativement ce must have pour développer votre fibre artistique qui, je le sais, sommeille en vous engourdie par les tâches quotidiennes :
http://www.20minutes.fr/societe/2111279-20170729-video-po...
On va en voir de toutes les couleurs, mais pas besoin de crayon noir : il n'y a pas de burkinis !
« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime
de Son Altesse Électorale Monseigneur
l’Électeur palatin
à Shwetzingen
4è septembre 1762, aux Délices 1
Voici tout ce que peut répondre un pauvre homme qui perd l’ouïe et la vue, et qui perdra bientôt le reste.
1° Il y a toujours quelque chose à refaire à une tragédie. Je me suis aperçu que, dans la première 2 scène du 4è acte, l’hiérophante ne donne nulle raison de cette loi qui n’accorde qu’un seul jour à Olympie pour renoncer à son époux, et pour faire un nouveau choix ; la voici, cette raison :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Son épouse en un jour peut former d’autres nœuds ;
Elle le peut sans honte, à moins que sa clémence,
A l’exemple des dieux, ne pardonne l’offense.
La loi donne un seul jour ; elle accourcit les temps
Des chagrins attachés à ces grands changements.
Mais surtout attendez les ordres d’une mère ;
Elle a repris ses droits, ce sacré caractère
etc.
M. Collini est prié de faire porter 3 ce petit changement sur le rôle de l’hiérophante. La pièce aurait encore besoin de quelques autres changements ; mais comme le temps presse, on ne veut pas fatiguer les acteurs.
2° On a déjà dit, dans la dernière lettre, comment la scène du bûcher fut exécutée au château de Ferney. On prendra sur le théâtre de Schwetzingen le parti que l’on voudra ; mais il est surtout 4 essentiel que les prêtresses apportent un autel sur le devant du bûcher 5, et qu’Olympie monte sur ce petit gradin à l’autel.
3° Ce qu’il y a de plus nécessaire, c’est que l’actrice chargée du rôle d’Olympie soit très attendrissante, qu’elle soupire, qu’elle sanglote, que dans la scène avec sa mère elle observe de longues pauses, de longs silences, qui sont le caractère de la modestie, de la douleur, et de l’embarras.
Il faut, au dernier acte, un air recueilli et plein d’un sombre désespoir ; c’est là surtout qu’il est nécessaire de mettre de longs silences entre les vers. Il faut au moins deux ou trois secondes en récitant :
Apprends -- que je t’adore -- et que je m’en punis. Un silence après apprends, un silence après que je t’adore.
Le rôle de Cassandre doit être joué avec la plus grande chaleur, et celui de l’hiérophante avec une dignité attendrissante.
4° 6 M. Colini est instamment prié de ne point faire imprimer la pièce avant qu’on y ait donné la dernière main. On lui enverra de plus un gros cahier de remarques historiques sur les ministères des anciens, et sur les devoirs des prêtres . Ce morceau sera assez curieux mais il ne faut pas songer à faire l'édition en France . Monsieur Collini pourra se servir de la voie de Hollande ou de Francfort 7. Le malade lui fait mille compliments. »
1 Sur l'original, Collini a mentionné la date et un court extrait de la lettre . L'édition Collini donne une lettre incomplète : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-25-123225377.html
2 Collini a changé ce mot sur le manuscrit par 3è .
3 Depuis Il y a toujours (paragraphe 2), passage manquant dans toutes les éditions .
4 Depuis On a déjà dit , passage manquant dans toutes les éditions.
5 V* a d'abord dicté théâtre , remplacé par bûcher .
6 Passage manquant dans toutes les éditions , à partir de Ce qu'il y a de plus nécessaire .
7 Depuis On lui enverra de plus, passage manquant dans toutes les éditions . En fait Collini avait rayé sur le manuscrit la totalité de ce paragraphe .
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30/07/2017
lorsque le ventre est libre, l'organe de l'ouïe l'est aussi, car tout se tient dans la nature, tout s'engrène
... Cependant, n'oublions pas que "ventre affamé n'a point d'oreilles" !...
... un ventre plein non plus ?
« A Théodore Tronchin Professeur
à Genève
Ce n'est point le cérumen qui a causé fluxion et surdité . Il y a longtemps que le patient en question est préparé à cette faveur de la nature . Le conduit de l'oreille gauche est certainement desséché, osseux, et pierreux, et l'oreille droite souffre quand le nez se mouche . Des bourdonnements dans la tête incommodent le patient à son réveil depuis très longtemps, et continuent actuellement toute la journée .
La surdité est plus ou moins grande selon que ces bourdonnements sont plus ou moins forts .
Le patient estime que la sécheresse des membranes d'icelui entrent pour beaucoup dans son mal , et que des injections pourraient le soulager .
Il pense encore que l'habitude de dormir la tête trop basse peut avoir influé beaucoup sur son état .
Il s'aperçoit que lorsque le ventre est libre, l'organe de l'ouïe l'est aussi, car tout se tient dans la nature, tout s'engrène .
De plus ledit patient a vu plusieurs personnes attaquées du même mal, guéries, ou soulagées par des injections ; il ne s'agit plus que de savoir ce qu'il faut injecter , et c'est ce que je laisse à la considération de mon cher Esculape .
Mes deux oreilles ne valent pas tout ce verbiage mais chacun dans ce monde cherche à conserver ses oreilles, autant qu'il est en lui .
3è [septembre 1762] 1 »
1 L'édition Tronchin B. place la lettre en 1755-1756 . On la date ici par référence aux lettres du 1er septembre 1762 à Tronchin T. et de septembre-octobre 1762 au même, où V* parle à Tronchin de sa surdité . Le duc de Villars visita les alentours de Genève en 1760, 1761 et 1762 ; la duchesse d'Anville en 1762 (sera de retour à Paris fin novembre ou début décembre 1762) . D'autre part la datation par le seul jour, rare chez Wagnière, apparaît justement dans la lettre du 4 septembre 1762 à Debrus .
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