17/08/2014
personne au monde ne m'est aussi cher que vous et votre amitié
... Mam'zelle Wagnière !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
6 juillet 1759 1
Encore un mot, c'est pour vous dire que personne au monde ne m'est aussi cher que vous et votre amitié .
Que me parlez-vous de Luc ? Ne savez-vous pas qu'il est capable de tout ? C'est un fou qui se plait dans les deux extrêmes, le bien et le mal sont les deux éléments de sa vie .
Ma vie est à vous pour toujours .
V. »
1 Copie par Boissy d'Anglas (Clarke) qui ajoute ce mot à la fin de la lettre suivante de juillet 1759 à d'Argental .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI
[juillet 1759]
Mon divin ange, que vous dirai-je ? Rien qui ne soit dans le paquet ci-joint [Sans doute le mémoire sur Tournay annoncé par la lettre du 18 juin 1759 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/06/je-le-mettrai-dans-les-rayons-de-ma-petite-bibliotheque-dest-5423916.html
] .
Votre chambrier d'Espagnac, le président De Brosses, l'intendant, les fermiers généraux et mes maçons ont conjuré ma ruine . Elle est complète . Les chevaliers et les czars ne s’en trouveront pas mieux . Je suis malade, les affaires me pillent, je baise les ailes des anges pour me consoler . »
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16/08/2014
J'ai besoin que vous me consoliez en m'apprenant, si cela ne vous dérange pas, l'état de mes petites affaires
..."Je me suis toujours attendu que les dépenses iraient très loin" glisse Nicolas Sarkozy dans le creux de l'oreille de Jean-François Copé et de son avocat .
Les paris sont ouverts, la montagne-affaires UMP and C° va-t-elle encore accoucher d'une souris (verte qui courait dans l'herbe, je l'attrape par la queue , je la montre à ces messieurs, ...)?
Carla, elle, se tait, -ou est inaudible tout comme quand elle chante,- et ne dit rien sur les "petites affaires" de son vibrionnant Raymond ; nous lui laissons le soin de s'en occuper .
Voir http://cocomagnanville.over-blog.com/2014/07/la-montagne-accouche-toujours-d-une-souris.html chez qui j'ai trouvé l'illustration .
« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
Parlons d'abord des perdrix 1, mon aimable correspondant . La dernière caisse fut apparemment ouverte à la douane . La mousse enlevée, les œufs arrivèrent cassés , et le peu qui resta fut pourri . Il arrivera que de deux cent cinquante œufs il n'en réussira pas un . Je ne suis pas chanceux .
Le temps est triste et je suis malade . J'ai besoin que vous me consoliez en m'apprenant, si cela ne vous dérange pas, l'état de mes petites affaires . Je me suis toujours attendu que les dépenses iraient très loin . Payer trois terres, bâtir un château, en raccommoder un autre, monter ces trois terres de tout et avoir encore le droit barbare des lods et ventes à payer, tout cela est dispendieux et l'académie de lésine 2 y serait bien embarrassée .
Je dois environ 20000 livres qu'il faut donner dans quelques mois, indépendamment des frais du bâtiment de Ferney, et tout cela sans négliger les Délices . Aurai-je de quoi faire face ? Je pense qu'il faudra vendre loteries et annuités pour avoir du foin . Je ne sais plus trop où j'en suis . Instruisez-moi je vous prie de mon piteux état, quand vous en aurez le loisir . Si la guerre dure (comme j'ai grand sujet de le craindre ) M. Silhouette sera aussi embarrassé que moi .
Ce monde est plein d'anicroches . Bonsoir mon cher monsieur .
Votre très humble obéissant serviteur
V.
Aux Délices 3 juillet [1759] »
1 Envoyées par le duc de La Vallière : voir lettre du 16 mai 1759 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/06/30/je-veux-peupler-mes-terres-d-hommes-et-de-perdrix-5402179.html
2 L'académie de lésine : voir note de lettre ci-dessus
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15/08/2014
Le pays se dépeuple, on n'y trouve pas un ouvrier . Cela est d'autant plus sérieux que personne n'y met ordre
... Heureusement il y a Arnaud-le-preux Montebourg qui distribue médailles et diplômes, enraye la fuite de nos petites mains industrieuses et soutient le calbard tricolore (celui-ci soutient on ne sait trop quoi, et je ne demande pas à voir ! Sachant qu'on parle de redressement productif, la courbe de natalité devrait être elle aussi à la hausse , CQFD ! ).
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/marie-christi...
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
Aux Délices , 3 juillet [1759]
Monsieur, si vous avez un simple tonneau de votre bon vin, une demi-queue 1, elle sera reçue avec reconnaissance, on la boira à votre santé, on la paiera loyalement selon notre coutume . Mais il faudra attendre que les chaleurs soient passées . C'est une affaire de fin d'automne . Nous verrons alors combien vous voudrez nous donner de vin d'ordinaire . Nous en avons fait venir beaucoup, mais il faut le garder longtemps, nous boirons le vôtre en attendant .
Le président de Brosses, quoique vous vouliez l'excuser en vous moquant de lui, est un négligent 2, avec le respect que je lui dois, car il pouvait très bien envoyer du plant de Bourgogne en novembre puisque j'ai planté des brimborions de vigne en décembre qui ont très bien réussi . Ceux que vous eûtes la bonté de m'envoyer vont à merveille . Je ne me plains de rien dans mes terres que de la rapacité des gens de justice de Gex, qui ruinent tout le pays . Un procureur nommé Dulcis 3 dont le nom est un contresens, fait vingt pages d'écriture pour quelques vaches entrées dans le pré d'un voisin, et vous met en gros caractères deux mots dans une ligne avec une conjonction ou sans conjonction,
SIEUR ÉTIENNE |
} |
et douze lignes dans une page |
Ami citoyen de |
||
Genève, étant de |
||
séjour à Moëns |
et puis le coquin fait payer 8 livres 10 pour sa pancarte, et il en coûte 41 livres, et cela se renouvelle tous les jours . Les paysans se réfugient sur le territoire de Genève . Le pays se dépeuple, on n'y trouve pas un ouvrier . Cela est d'autant plus sérieux que personne n'y met ordre . Je vous supplie très instamment, monsieur de vouloir bien me dire comment il faut m'y prendre pour réprimer cet abus intolérable poussé à l'excès . J'attends cette grâce de votre humanité et de votre justice .
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 La demi-queue est une barrique d'environ 250 litres .
2 Voir lettre du 29 décembre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/01/18/un-cure-de-moens-notre-voisin-le-plus-grand-le-plus-dur-le-p-5275076.html
3 Doux en latin .
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Je ne crois pas l'avantage des Russes si considérable, mais je crois la guerre, ce fléau de Dieu , fort longue
...
« A Jacob Vernes
[juin-juillet 1759]
Je demande pardon d'avoir fait attendre la fille , j'étais à table .
Je ne connais de Socrate que celui de Tompson 1. Je le fais venir d’Angleterre . Je ne crois pas l'avantage des Russes si considérable, mais je crois la guerre, ce fléau de Dieu , fort longue ; all is right, in spight of the kings,2 of the pox and all .
Y rmost h. st. 3»
1 Voir lettre du 30 juin 1759 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/13/vous-etes-mal-outilles-je-l-avoue-mais-allons-toujours-5427538.html
2 Voir lettre de février-mars 1759 à Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/04/03/tout-le-monde-crie-dans-les-rues-de-paris-mangeons-du-jesuit-5339040.html
3 Tout est bien, en dépit des rois, de la vérole et de tout . Votre très humble serviteur .
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14/08/2014
malgré mon respect pour les deux grands et beaux yeux de ma véritable philosophe, je demande permission de la robe de chambre
... Ma seule et unique belle et véritable philosophe , Mam'zelle Wagnière, je ne vous infligerai pas le spectacle de votre serviteur en robe de chambre, il y a belle lurette que je n'en porte plus, ce n'est qu'un souvenir d'enfance . Ou alors exclusivement pour vous faire rire !
Sachez que je n'en ai jamais eu d'aussi douillette que celle-ci, spéciale-frileux !
« Au professeur Théodore Tronchin 1
[1759]
Pour aujourd'hui, malgré mon respect pour les deux grands et beaux yeux de ma véritable philosophe, je demande permission de la robe de chambre . J'attends aussi le véritable philosophe 2 avec impatience . J'envoie le fiacre à midi . »
1Manuscrit olographe sur une carte à jouer qui adresse la lettre à Mme d'Epinay ; Clogenson la date de novembre-décembre 1757 . Ici datée d'après le fait que Grimm séjourna à Genève de mi-février au 3 octobre 1759 . Il semble que V* se soit trompé en écrivant l'adresse au verso du billet, et qu'il soit effectivement destiné à Mme d'Epinay .
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13/08/2014
Vous êtes mal outillés, je l'avoue, mais allons toujours
... Nous mettre dans cette galère orientale irakienne, ça nous rappellera la piteuse époque où nous, Roumis, ramions sur la Méditerranée sous le fouet des barbaresques , pirates entre les pirates, voleurs sanguinaires . Comble de l'ironie, cette fois on fournit le fouet !
« A Gabriel Cramer
[vers le 30 juin 1759]1
Il faut avouer mon cher ami que l'imprimeur de Socrate 2 est bien allemand . Espérons que Pierre sera mieux traité, le caractère est beau, et avec une grande marge on peut réparer votre réputation . Donnons-y tous nos soins . Le manuscrit est un peu difficile à déchiffrer . Je vous prie très instamment de ne faire tirer aucune feuille sans que j'aie revu la dernière épreuve 3. Comptez que nous avons besoin de la plus grande exactitude .
Il faudra je crois imprimer en demi-feuilles pour la commodité de la révision .
Le graveur en bois peut fournir des vignettes à mesure .
Il faudrait la médaille du csar à la tête de l'avant-propos .
Je soupçonne que vous n'avez point de lettres grises 4. Vous êtes mal outillés, je l'avoue, mais allons toujours .
Je vous embrasse de tout mon cœur .
V. »
1 Datée d'après la date d'impression de l'Histoire de l'empire de Russie, et d'après le fait que V* envoya Socrate à d'Argental le 20 juillet 1759 ( voir lettre du 20 juillet 1759 page 142 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f154.image )
La première partie de l’Histoire de Russie fut imprimée en 1759. Toutefois, la publication n’eut lieu que l’année suivante, car Voltaire attendait le consentement de la cour de Pétersbourg, où son ouvrage fut gardé un an. La seconde partie ne vit le jour qu’en 1763. Cette édition sans mention de lieu a paru a Lyon, chez Bruyset. En 1763 le même editeur publiera un second volume.
2 Ceci semble confirmer l'existence d'une édition de Genève de Socrate ; l'édition de Paris porte comme titre : Socrate , ouvrage dramatique traduit de l'anglais de feu M. Tompson ,par feu M. Fatéma comme on sait ,1759 ; voir page 908 : http://books.google.fr/books?id=aB0TAAAAQAAJ&pg=PA908&lpg=PA908&dqn&source=bl&ots=801mZarBaG&sig=pBLK2w65bB6XjWuknblpJxUtqbU&hl=fr&sa=X&ei=i13rU5nQJKeb0QXdkICICQ&ved=0CCUQ6AEwAA#v=onepage&q=Socrate%20%2C%20ouvrage%20dramatique%20traduit%20de%20l%27anglais%20de%20feu%20M.%20Thompson&f=false
3 Le mot est écrit preuve, par saut du même au même .
4 « Grandes lettres gravées sur bois ou sur cuivre, qui ont des vides de manière à ne pas être tout à fait noires, et dont on se sert au commencement des chapitres » Littré .
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Ce n'est pas assez de faire des tragédies il faut payer ses dettes
... Une seule remarque : qui paye les armes fournies aux Kurdes en Irak ?
A suivre ...
« A monsieur le ministre Jacob Vernes
chez Monsieur son père
[vers le 29 juin 1759]
Mon cher confrère en poésie, la tragédie n'est pas finie . Pierre le Grand, mes foins et mes charrues retardent un peu cette besogne .
Il y a longtemps que messieurs les joaillers qui m'ont fait parvenir du vin muscat 1 doivent être remboursés . Ce n'est pas assez de faire des tragédies il faut payer ses dettes .
On me mande qu'on a enfin brûlé trois jésuites à Lisbonne . Ce sont là des nouvelles bien consolantes . Mais c'est un janséniste qui les mande . »
1 Voir entre autres la lettre du 16 juin 1759 à Balthazar Espeir de Chazel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/05/on-vit-et-on-meurt-a-merveille-de-quelle-facon-qu-on-s-y-pre-5423487.html
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