12/02/2015
Sans cérémonie
... Et sans commentaire .
Richard ou pas , retour vers le futur inéluctable, it is, is n't it Richard III ?
« A Louis-Gaspard Fabry
maire et subdélégué
[vers le 10 février 1760]
Le richard Labat, monsieur, a votre dernier mémoire et il y fera ses réflexions, en tout cas il est toujours à propos qu'un fermier général 1 vienne traiter avec vous . La dernière aventure qui doit coûter quelque chose aux commis ne contribuera pas peu à faire entendre raison à nos seigneurs des fermes . Je suis à vos ordres pour toute ma vie.
Sans cérémonie .
V... »
1 V* a demandé à Mme d'Epinay de demander à son mari fermier général d'intervenir ; voir lettre du 6 février 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/07/le-sel-le-ble-sont-de-pauvres-objets-il-y-a-des-peuples-qui-5554341.html
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Tout cela est l'affaire d'un quart d'heure, si on veut s'entendre; mais les affaires sont longues, et bios aku , vie courte.
... A ce propos, voir :
- Un sommet international a lieu mercredi soir à Minsk pour tenter de parvenir à un accord de cessez-le feu dans l'est de l'Ukraine.
- François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et le président Ukrainien Petro Porochenko sont présents.
- Mercredi, les combats ont redoublé d'intensité dans la région du Donbass.

« A Charles de BROSSES, baron de Montfalcon.
Aux Délices, 10 février [1760] 1
Je reçois, monsieur, la petite lettre dont vous m'honorez. Je vous remercie tendrement de toutes vos bontés. Le bailliage de Gex me paraît plus cher que le parlement : 600 livres pour six noix! O tempora ! o mores!2 Je n'ai point d'ambition; je ne me soucie en aucune façon d'être haut justicier d'un demi-arpent sur un fief genevois 3. Mettons dans notre contrat cette clause expresse. Pour Girod, il ne m'a jamais communiqué le moindre titre sur quoi que ce puisse être. Encore doit-on voir ce qu'on achète. Ne pourrait-il pas me faire voir l'érection de la terre, comme on me montra celle de la seigneurie de Ferney ? Cette seigneurie de Ferney, par parenthèse, a un meilleur sol que la vôtre. Mais enfin vos 21 000 livres ne tiendront à rien. Je passerai même sur la difficulté que me fait le conseil de monseigneur le comte de La Marche ; en m'accordant remise de moitié sur Tournay, il veut que je paye les lods et ventes d'une dîme de Ferney que je dispute contre des prêtres. On pourra s'arranger.
Je n'attends que la consommation de l'affaire de la province. Nulle difficulté de la part de la compagnie. On a un peu réformé à plusieurs reprises le projet de M. Fabry. En deux mots, le voici : La compagnie offre 300 000 livres pour vingt ans, demande jusqu'à 7 000 minots 4 au prix de Genève, si elle en a besoin, et veut gérer. Les charges de la province se prendront sur un petit impôt établi sur bêtes à cornes. Tout cela est l'affaire d'un quart d'heure, si on veut s'entendre; mais les affaires sont longues, et bios aku 5, vie courte.
Que dites-vous, monsieur, des beaux vers du philosophe de Sans-Souci contre les chrétiens? Allez, lâches chrétiens, etc. Il les traite comme à Rosbach! Voilà un drôle de roi et un drôle de siècle !
J'ai toujours la guerre contre les sbires. Les fermiers généraux révoquent les commis dont je me plaignais. C'est beaucoup d'obtenir cette justice; mais qu'importe qu'on change un commis? Il n'en faudrait point du tout. Je crois qu'il aurait fallu acheter une terre dans Eldorado pour être libre. Dieu me préserve surtout d'en acheter au Paraguay 6.
Mille respects.
V. »
1 C'est deux jours après cette lettre que V* acheva ses Mémoires qui ne devaient pas être publiées de son vivant .
2 Ô temps ! Ô mœurs ! Cicéron , Catilinaires, I,1,1 .
3 L'enclave de La Perrière. Voir lettre du 3 décembre à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/10/je-ne-sais-ce-que-je-fais-tant-j-ai-je-n-ose-pas-dire-de-pla-5507498.html
4 De sel .
5 L'éditeur Foisset ajoute (sic) . Si on a bien ici le texte de V*, il constitue une approximation pour le grec bios taxos , « la vie est rapide », elle passe vite .
6 Double allusion à Candide .
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11/02/2015
Mais comment finira tout ceci ? Vaincra-t-il tous ses ennemis
... Voilà ce que je me demande au vu et au su des réactions hostiles envers Manuel Valls, et des intolérables tirs contre la police . Marseillais, réveillez-vous , jusqu'à quand allez vous taire ce que vous savez de ces criminels, jusqu'à quand ferez vous leur jeu, je vous le dis, je vous considère , à ce stade, comme complices . Le pastis prend un gout de shit, bullshit exactement .

I hate bullshit !
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 9 février [1760].
Madame, que ne dois-je point à la coquette infidèle 1 et à Alzire ! Elles m'ont valu, de la part de Votre Altesse sérénissime, des lettres dont je fais plus de cas que de la coquetterie et des tragédies. Je m'imagine que votre auguste et charmante famille a fait bien de l'honneur à l'Amérique. Il faut donc à présent chercher son plaisir dans un nouveau monde; l'ancien ne fournit aujourd'hui que des spectacles d'horreur trop vrais et trop réels pour s'en amuser.
Il est bien singulier que les Poésies du philosophe de Sans-Souci paraissent précisément dans ce temps-ci. Je ne sais pas comment les ministres de la confession d'Augsbourg et ceux de Genève prendront une certaine épître au maréchal Keith, dans laquelle le roi philosophe assure que l'âme est très-mortelle, et ces petits vers :
Allez, lâches chrétiens, etc.
Cependant le roi de Prusse ne paraît pas être à la tête d'une armée d'épicuriens; il paraît plutôt suivi de soldats stoïciens, tant il les a accoutumés à braver les peines de cette vie, apparemment dans l'espérance d'une meilleure. Quoi qu'il en soit, il faut absolument avoir cent mille braves gens à son service quand on écrit de telles choses. Le roi de Prusse est hardi l'épée et la plume à la main. Mais comment finira tout ceci ? Vaincra-t-il tous ses ennemis, et Autrichiens, et Russes, et théologiens ?
Maupertuis aurait résolu ce problème, car il prétendait qu'on pouvait prédire l'avenir en exaltant son âme. Il a apparemment laissé son secret aux deux capucins entre lesquels il est mort à Bâle.
Madame, je n'exalte point mon âme ; mais je la sens très- tourmentée de la douleur de n'être pas à vos pieds.
L'espérance console ce pauvre Suisse V. »
1 Frédéric II. Voir la lettre du 26 janvier 1760 à la duchesse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/26/j-aurai-toujours-beaucoup-de-respect-pour-les-belles-et-tout.html
La duchesse de Saxe-Gotha avait répondu spirituellement à V* qu'elle se serait prise pour la coquette dont il parlait si elle ne venait pas de célébrer son cinquantième anniversaire, lettre du 7 février 1760 .
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10/02/2015
ceux qui font la guerre pendant que les autres font l'amour mériteraient quelque petite distinction
... Petite la distinction, toute petite !

Gun power / Flower power
Choisis ton camp camarade !
« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG.
Aux Délices 9 février [1760]
La santé, madame, la santé ! Voilà donc tout ce qui nous restait, et nous ne l'avons pas ! Vous avez été malade, l'hiver m'a tué ; Silhouette m'a ruiné. Il faut que je reprenne un peu de vie pour aller passer quelques jours auprès de vous, cet été, à l'île Jard.
Monsieur votre fils se battra sans doute alors contre les Anglais et contre le prince Ferdinand, et j'en suis fâché.
On vend dans toute l'Europe les Poëshies du roi de Prusse, dans lesquelles il dit que l'âme est mortelle, et que les chrétiens sont des faquins. Apparemment qu'à Rosbach nos Français étaient
de bons chrétiens, et ont cru leur âme immortelle. Ils n'ont pas voulu perdre un si beau trésor et hasarder d'être damnés. Ils ont pardonné au roi de Prusse en bons chrétiens, et ont sauvé leurs âmes.
Que deviendra tout ceci, madame? Maupertuis le savait. Il avait prétendu qu'on pouvait aisément voir l'avenir en exaltant son âme. Il a laissé ce beau secret aux deux capucins entre lesquels il a remis son âme mortelle ou immortelle. Pour nos fortunes, elles sont très-mortelles, et Silhouette leur a fait une blessure incurable.
J'ai grand'peur que monsieur votre fils ne soit pas payé de sa pension. Cependant ceux qui font la guerre pendant que les autres font l'amour mériteraient quelque petite distinction. Je veux vous parler de tout cela à l'île Jard, madame, avant que mon âme subisse le destin dont le roi de Prusse la menace.
Vivez tant que vous pourrez ; je suis à vos pieds pour ma vie. »
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09/02/2015
J'ai peur qu'on ne subsiste aujourd'hui que par un crédit précaire que le premier malheur anéantira
... Et je dirais même plus :"ou le gouvernement de France avait besoin des impôts [...] , ou non . Si besoin avait comment peut-on faire sans ces secours ? Sinon , pourquoi avoir effarouché la nation par ces impôts !"
Voltaire, mon bon ami, notre époque républicaine n'a pas apporté plus de réponse raisonnable que ton XVIIIè siècle royaliste . Tu as eu un Bertin, nous avons un Sapin qui entend bien nous faire savoir de quel bois il se chauffe afin qu'on sache de quel bois il est fait .
Cendres à venir, et carême plus long que le ramadan .

« A Jean-Robert Tronchin
8 [février 1760] aux Délices
J'ai reçu, monsieur, vos deux lettres de Paris du 2 février . Ce sont pour moi deux nouveaux sujets de remerciement . L'affaire des sbires de Saconnex est une affaire assez grave . Ces brigands désolent le pays de Gex et molestent beaucoup celui de Genève que je regarde comme le mien . L’insolence et le délit de ces malheureux est aujourd’hui assez bien constaté puisque le receveur et le contrôleur du bureau sont venus l'un après l'autre me signer un désaveu de leur entreprise , et un aveu de leur malversation . Ils confessent qu'il y a eu un procès-verbal antidaté . C'est un crime de faux qu'ils avouent . J'ai envoyé leurs déclarations en original aux fermiers généraux . Mais comme il n'est point de mal dont on ne puisse tirer un bien j'ai représenté aux fermiers généraux l'état du pays, l’inutilité de leurs brigades de 81 coquins pour ne rien garder . Enfin je leur propose cent mille écus de concert avec notre ami Labat pour opérer la délivrance de cette petite province qui ne leur rapporte rien du tout . On forme une compagnie qui achètera le sel des fermiers généraux et qui le fera distribuer dans le pays . Les mesures sont prises par le subdélégué de Gex, syndic de la province ; l'intendant approuve le projet . Notre baron de Grandcour donne 150 000 livres . L'intérêt sera de 10 à 12 pour cent pendant trente ans . C'est un marché auquel tout le monde gagne . Il ne s'agit plus que de faire venir un fermier général sur les lieux pour conclure et signer . Mais je ne crois les affaires faites que quand elles sont finies et non pas quand elles sont commencées .
Je connais l'homme dont vous avez la bonté de me parler 1 . Il est vrai qu'il eut l'adresse de faire glisser dans le contrat que tout ce qui se trouverait dans le château à ma mort lui appartiendrait . Mais il n'y trouvera que les murailles . Je suis actuellement en marché d'acheter à perpétuité sa terre que j'avais achetée ad vitam . Il n'est pas encore bien sûr que ce marché s'exécute .
Ce qui paraît plus certain c'est qu'on fera la campagne, c'est que les Anglais envoient 12 mille hommes en Allemagne et couvrent les mers de vaisseaux . Voici un dilemme dont je ne peux sortir, ou le gouvernement de France avait besoin des impôts mis par le prédécesseur de M. Bertin , ou non . Si besoin avait comment peut-on faire sans ces secours ? Sinon , pourquoi avoir effarouché la nation par ces impôts !
J'ai peur qu'on ne subsiste aujourd'hui que par un crédit précaire que le premier malheur anéantira .
Votre très humble obéissant serviteur .
V.
de tout mon cœur . »
1 Le président De Brosses .
Voir ici le projet de vente écrit par celui-ci :
« PROJET DE VENTE DE TOURNAY A PERPÉTUITÉ
10 janvier .
Il y a parole entre MM. de Brosses et de Voltaire pour la vente de la terre de Tournay, aux conditions ci-après, qui seront rédigées entre eux par écrit, au moins sous signature privée, d'ici au premier février prochain, passé lequel temps il demeurera libre à chacune des parties contractantes de retirer sa parole si elle juge à propos de le faire.
La terre de Tournay sera vendue par M. de Brosses à M. de Voltaire pour lui ou son compagnon nommable, telle qu'elle se comporte et qu'il en a actuellement la jouissance viagère par traité fait entre eux le onze décembre mil sept cent cinquante-huit, ensemble tous les meubles, effets et bestiaux compris audit traité et les fruits pendants par racines ;
Pour le prix de cent dix mille livres, savoir cent mille livres pour le prix de la terre, et dix mille livres pour le prix des meubles, effets, bestiaux et fruits pendants ;
En outre et par-dessus la somme de trente-cinq mille livres déjà reçue par M. de Brosses, lors dudit traité du 11 décembre 1758.
De laquelle somme de cent dix mille livres M. de Voltaire payera cinquante mille livres trois mois après la signature des présentes conventions, sans intérêt pour ces trois mois, et avec intérêt au denier vingt en cas de retard ; et du restant il constituera une rente rachetable avec intérêts au denier vingt depuis le jour de ladite convention jusqu'au remboursement dudit capital, sans retenue de dixième, ni de vingtième, la terre étant reconnue de l'ancien dénombrement; lequel remboursement M. de Voltaire pourra faire en plusieurs payements, et ne sera fait qu'en espèces d'or et d'argent, ou en lettres de change payables de cette manière, et en avertissant trois mois d'avance.
Il sera passé acte par-devant notaire de ladite vente sitôt que M. de Voltaire se sera accommodé pour les lods et ventes, et aura obtenu la confirmation des privilèges attachés à la terre *. En attendant, il en sera fait entre les parties un acte de main privée au jour dit.
M. de Voltaire payera, outre le prix ci-dessus, à Mme de Brosses vingt- cinq louis d'or en signant les présentes conventions pour la chaîne du marché.
Le présent écrit, contenant la parole de M. de Brosses, sera remis à M. de Voltaire, qui lui en donnera un pareil. Ce dix janvier mil sept cent soixante.
BROSSES. »
* Ces mots et ceux imprimés en italique ci-dessus sont ajoutés de la main de Voltaire à un projet de vente antérieurement dressé entre lui et Girod, du reste littéralement conforme à celui-ci, mais non signé. (Note du premier éditeur.)
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08/02/2015
Le sel, le blé, sont de pauvres objets. Il y a des peuples qui n'ont ni pain ni sel
... Et dire qu'il y a près de trois cent journalistes pour nous informer sur le déroulement du procès de Dirty Silly Keutard and Co, j'en suis écoeuré au delà de tout . Qui peut encore se pencher sur cette poubelle médiatique et politique sans vomir ? Sales types, sale fric, infos de merde !
Et pendant ce temps il est des frères humains qui crèvent de faim et soif dans l'oubli , Voltaire ne les oubliait pas, lui .

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'ÉPINAY (Mme de La Live d'Epinay
près de la place Vendôme
à Paris
Quand il s'agit de son pain, ma chère et respectable philosophe, on oublie tout le reste, hors vous, -- à qui je songerais en mourant de faim. J'envoie aux fermiers généraux les déclarations du contrôleur et du receveur, qui avouent leur prévarication, le crime de faux dans le procès-verbal, et toutes les horreurs que nous avons essuyées. Je rends compte de la scélératesse de ces employés, que j'ai vus moi-même faire la contrebande.
Je fais voir que le pays de Gex est à charge aux fermes du roi ; je propose les moyens de faire le bien des fermes générales et de la province. Je demande que M. d'Épinay ait la bonté de venir traiter avec nous 1. Si vous pouvez, madame, obtenir qu'il y vienne, et l'accompagner, la province sera, comme moi, à vos pieds. Le sel, le blé, sont de pauvres objets. Il y a des peuples qui n'ont ni pain ni sel. Mais quand on vous a vue, il faut mourir ou vous revoir.
Et la paix ! et la guerre ! et Luc , et la Compagnie des Indes, je me moque de tout cela, madame ; il faut que vous reveniez.
V.
6 février 1760 »
1 Voir lettre du 30 janvier 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/03/aujourd-hui-je-ne-suis-plus-que-citoyen-d-un-pays-malheureux-5551087.html
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07/02/2015
Je me faisais d'autant plus de plaisir de célébrer votre nation et votre ministère dans l'Histoire de Pierre le Grand que l'un et l'autre sont cruellement outragés
... Voila ce qu'on ne peut absolument pas dire à (Rase-)Poutine sans être pris illico et justement pour le dernier des lèche-culs, et, à ce propos notre François Hollande national ne s'est pas abaissé à ça . Poutine , tout comme Pierre le Grand, me semble lui aussi tout à fait capable de faire assassiner le fils qui s'oppose à lui , et ce fils malheureux est l'Ukraine . Nul Voltaire, si tant est qu'il en puisse exister encore un, ne viendra glorifier Poutine ni la Russie expansionniste .

« A Ivan Ivanovitch SCHOUVALOV
Aux Délices, 5 février 1760. 1
Monsieur, c'est pour dire à Votre Excellence les mêmes choses que je lui disais dans ma dernière lettre, écrite il y a huit jours, et adressée par Vienne, sous l'enveloppe de M. le comte de Kaiserling 2, conseiller aulique ; c'est pour vous renouveler mon étonnement et mon affliction de n'avoir aucune nouvelle des paquets envoyés depuis plus de quatre mois 3. L'un était un ballot à votre adresse dépêché par M. de Soltikof, actuellement à Genève , l'autre un paquet qui contenait le premier volume de l'Histoire de Pierre le Grand 4. Je vous ai confié mes craintes sur ces deux paquets dans ma lettre adressée à M. de Kaiserling . Je ne peux cependant imaginer que les paquets aient été interceptés 5. Il me semble que les chemins sont libres par la voie de Vienne, et que vos troupes victorieuses assurent la liberté des courriers par la Pologne. Mon plus grand chagrin est que ce retardement de l'arrivée des deux paquets envoyés à M. de Kaiserling, pour Votre Excellence, retarde les travaux que j'avais entrepris pour vous plaire.
Je me faisais d'autant plus de plaisir de célébrer votre nation et votre ministère dans l'Histoire de Pierre le Grand que l'un et l'autre sont cruellement outragés dans le nouveau livre dont j'ai eu l'honneur de vous parler en ma dernière lettre envoyée par la voie de Vienne.
Quoi qu'il arrive, j'attendrai vos ordres avec le plus grand empressement de leur obéir.
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux
Monsieur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Sur l'original, Schouvalov a porté : « Reçu le 14/25 mars 1760 »
2 Cette lettre écrite vers le 28 janvier ne nous est pas parvenue .
3 Voir la lettre du 6 octobre 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/25/la-vie-est-bien-courte-et-tout-ouvrage-est-bien-long-5475952.html
4 Voir lettre du 22 novembre 1759 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/11/30/je-vois-bien-que-le-lieu-ou-il-est-a-present-est-pour-lui-un-5500553.html
5 Voir lettre du 1er avril 1760 à Schouvalov : page 341 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f355.image.r=3940
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