31/03/2014
... que j'ai gardé trop longtemps, que je chasse trop tard, veut rester dans ma maison malgré moi, et mérite punition
... Phrase prémonitoire pour remaniement ministériel ?
Qui en sortira le héros ?
Quelques maroquins vont se retrouver sur Le Bon Coin ou EBay , je ne serai pas enchérisseur .
http://occupyvousdefrance.wordpress.com/tag/eelv/
« A l'auditeur de Saint-Jean 1
Un jardinier nommé Pierre Nerfin , qui s'enivre souvent, qui se bat quand il est ivre, qui est accusé d'avoir vendu les légumes de son maître, qui a ouvert la petite porte du jardin aux voleurs lesquels ont crocheté la cave de M. Pictet, qui a bu avec eux le vin de M. Pictet dans mon jardin pendant la nuit, qui m'a été donné par M. Cathala , seulement pour quelques mois, que j'ai gardé trop longtemps, que je chasse trop tard, veut rester dans ma maison malgré moi, et mérite punition .
Un autre jardinier, natif de Lausanne, nommé Bourgeois, plus ivrogne encore et qui a fait des absences de trois ou [quatre j]ours très fréquentes, prête […].2
Je supplie instamment Monsieur l'auditeur de vouloir bien envoyer ses ordres , et de ranger à leur devoir ces deux hommes qui mettent le trouble parmi les domestiques, et toute la maison en désordre . Je le supplie d'envoyer main forte s'ils ne veulent pas sortir . J'attends cette justice de monsieur l'auditeur .
Voltaire
Aux Délices 22 février [1759 ?] »
1 Le manuscrit est intitulé par V* : « Requête à monsieur l'auditeur, quartier Saint-Jean ». malgré les recherches il a été impossible de retrouver dans les archives trace de cette affaire, aussi n'y a-t-il pas de certitude sur l'année . Le destinataire n'a pu être identifié ; les auditeurs étaient en place pour trois ans, deux d'entre eux changeant chaque année .Voir page 78 : http://archivesfamillepictet.ch/bibliographie/documents/VoltaireetRousseau_06_2013.pdf
2 Papier abimé, il manque une ligne enfin de paragraphe .
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30/03/2014
Vous vous êtes donc alarmé trop vite
... Dira le candidat élu de justesse à sa troupe de co-listiers municipaux.
Dira (in petto) François H. aux quelques ministres sur siège éjectable qui garderont un portefeuille .
Et puis surprise !!...
« A Jean-Louis Labat, baron de Grandcour 1
[vers le 20 février 1759] 2
Vous êtes donc content . Vous vous êtes donc alarmé trop vite . J'ai donc dit des injures très mal à propos à la Sérénissime . Il faudra donc que je demande pardon d'avoir grondé . Vous êtes donc un baron trop craignant les princesses . Je vous remercie de l'appoint bernois . Dieu vous tienne en sa sainte et digne garde , noble et généreux baron que j'embrasse cordialement . »
2 Lettre datée d'après la réponse que fit V* le 21 février 1759 à la lettre du 10 février 1759 où la duchesse de Saxe-Gotha écrivait : « Ce n'est pas la faute de notre ministre qui est très exact que votre baron genevois n'a pas reçu à temps, les lettres et les avis qu'il lui a adressés . Maintenant je ne doute pas que notre honnête créancier ne soit content de nous tous, car il vient d'écrire à notre ministre et d'accuser ses lettres [...] »
01:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les causes de vos guerres sont toujours très-minces, et les effets abominables... On ruine cent villes, on égorge cent mille hommes ; et qu'en résulte-t-il ? Rien
... Vos guerres, nos guerres, vos morts, nos morts, quel gâchis irréparable . Voltaire a mille fois raison d'être outré .
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Au château de Tournay, par Genève, 21 février [1759]
Madame, la nature nous fait payer bien cher la faveur qu'elle nous fait de changer l'hiver en printemps . Votre Altesse sérénissime a été malade, et la princesse sa fille a été attaquée de la petite vérole. Ce qui est encore très-cruel, c'est qu'on est un mois entier dans la crainte avant de recevoir une nouvelle consolante.
Vous daignez, madame, me mander, du 10 février, que j'ai à trembler pour votre santé et pour celle de la princesse 1 ; mais quand daignerez-vous rassurer le cœur qui est le plus sensible à vos bontés, et le plus attaché à votre bien-être ? Quand apprendrai-je que la petite vérole a respecté la vie et la beauté d'une princesse née pour vous ressembler, et que Votre Altesse sérénissime a recouvré cette belle santé que je lui ai connue, cet air de fraîcheur et de félicité qui l'embellissait encore ?
Pour la félicité, madame, il y faut renoncer jusqu'à la paix.
J'apprends, et Dieu veuille qu'on me trompe, qu'on foule encore vos États, et qu'on exige des fournitures pour aller faire ailleurs des malheureux. Il faut avouer que les princes chrétiens et les peuples de cette partie de l'Europe sont bien à plaindre ; on met en campagne quatre fois plus de troupes pour disputer une petite province que le Grand Turc n'en a pour conserver ses vastes États. Les causes de vos guerres sont toujours très-minces, et les effets abominables ; vous êtes le contraire de la nature, chez qui l'effet est toujours proportionné à la cause. On ruine cent villes, on égorge cent mille hommes ; et qu'en résulte-t-il ? Rien. La guerre de 1754 a laissé les choses comme elles étaient ; il en sera de même de celle-ci. On fait, on aime le mal pour le mal, à l'imitation d'un plus grand seigneur que les rois, qui s'appelle le Diable. On dit que nos Suisses sont sages : leur pays est en paix. Oui ; mais ils vont tuer et se faire tuer pour quatre écus par mois, au lieu de cultiver leurs champs et leurs vignes. Le roi de Prusse vient de m'envoyer deux cents vers de sa façon, tandis qu'il se prépare à deux cent mille meurtres. Mais que dire des jésuites Malagrida, Mathos, Jéronime, Emmanuel, qui ont fait assassiner le roi de Portugal au nom de la vierge Marie et de saint Antoine?
Profond respect, et inquiétude sur la santé de Vos Altesses sérénissimes.
Je crois que la grande maîtresse des cœurs n'a guère dormi.2 »
1 La lettre commençait par : « Je souffre de corps et d'âme, un rhumatisme fort et opiniâtre s’est emparé de mon individu et me retient au lit depuis plusieurs jours . Très souvent je ne puis me servir ni de bras ni de jambes . Ma fille ne laisse pas de m'inquiéter aussi extrêmement quoiq'uon m'assure que la petite vérole qu'elle a depuis trois jours soit des meilleures et des plus discrètes. » et concluait par : « {…] ma mauvaise écriture vous prouvera monsieur l'embarras de ma main. »
2 Surnom donné par V* à Mme de Buchwald, dame de compagnie de la duchesse avec rang officiel de « grande maitresse de la cour » qui donne naissance au calembour de V* .
Cette phrase est ajoutée en marge au bas de la lettre .
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29/03/2014
Marie-Louise Denis et Voltaire à Louis-Gaspard Fabry maire et subdélégué à Gex
... Et que dire à son lointain, et actuel, successeur Patrice Dunand, si ce n'est "bonne chance et gardez le bon sens qui vous anima bien des années en qualité de premier adjoint" . Bonne retraite à Gérard Paoli .
Un honnête homme (qui déteste le vedettariat)
«Marie-Louise Denis et Voltaire
à Louis-Gaspard Fabry 1
maire et subdélégué
à Gex
Mme Denis fait les plus sincères compliments à monsieur Fabry . Le vieil oncle lui en dit autant ; ils le prient de vouloir bien leur envoyer la copie de l'ordonnance d'Henri IV touchant les dîmes, enregistrée en parlement de Dijon .
20 février [1759] »
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
Aujourd'hui, 29 mars 2014 à 10h, ouverture au public du château de Voltaire
09:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
n'est-il pas utile de faire sentir aux prêtres qu'il ne leur est pas plus permis de farcir des libelles de leurs ordures, que d'assassiner leurs pénitents ?
... Groooossse colère !
Prêtres de toutes religions, tenez-vous le pour dit ! Charia, guerre sainte, croisade : foutaises de malfaisants !
« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles
A Tournay, le 20 février [1759]
Les jésuites font donc pis que G***1 cher ami, ils assassinent donc le roi qu'ils ont confessé ! Que ne les jugez-vous, monsieur l'assesseur baillival ! Que ne sont-ils tous au tribunal de la rue du Bourg !2 Voilà qui est fait, disait un vieux galant, à propos de la Brinvilliers, si les dames se mettent à empoisonner je n'aurai plus d'estime pour elles . Je n'en ai plus pour G*** ni même pour Watteville 3 et entre nous je ne conçois guère comment D***4 s'est associé avec le valet des Cramer décrété de prise de corps pour avoir volé ses maîtres . On me paraît très indigné à Berne contre cette manœuvre . G*** demandait à être naturalisé, et a été refusé . D*** demandait de l'argent et n'en a point eu . Je sens au reste, mon cher philosophe combien ce libelle est méprisable mais n'est-il pas utile de faire sentir aux prêtres qu'il ne leur est pas plus permis de farcir des libelles de leurs ordures, que d'assassiner leurs pénitents ? Et n'est-il pas convenable que votre ami fait Suisse par vous ne soit pas outragé dans votre ville ? Mille respects à la philosophe .
Voltaire. »
1Grasset .
2Voir lettre du 12 février 1759 à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/03/12/t...
et lettre du 8 février 1759 à Constant de Rebecque : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/02/28/i...
3 Golovkin a lu ici Maubert que Clogenson restitue en Watteville .
4D'Arnay.
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28/03/2014
Plus il est occupé des affaires de l'État, plus je sens ce que je dois à l'attention dont il honore l'affaire d'un particulier
... Aurait pu dire ce cher Nanard, roi du bagou et des bonnes affaires . Ah ! qu'il est doux d'être riche, s'offrir de bons avocats et d'avoir des relations haut placées .
Tout le monde ne peut en dire autant , dans quatre jours recommencent les expulsions , dans quatre jours des milliers de gens vont se retrouver à la rue , ça m'indigne toujours . Ceux qui s'occupent des affaires de l'Etat n'en ont rien à cirer, ils attendent le remaniement ministériel qui va toucher leurs petites personnes, leurs petits conforts de bourgeois nantis .
« A Elie BERTRAND.
A Tournay, par Genève, 20 février [1759]. 1
Mon amitié est enchantée de tous les témoignages de la vôtre ; je les sens, mon cher ami, du fond de mon cœur. Le plus grand service que vous me puissiez rendre est d'entretenir souvent M. le banneret de Freudenreich de ma tendre reconnaissance.
Il daigne entrer avec moi dans des détails qui me font voir à quel point je lui ai obligation. Plus il est occupé des affaires de l'État, plus je sens ce que je dois à l'attention dont il honore l'affaire d'un particulier. Je lui avoue que feu le ministre Saurin a mérité la corde; mais son fils 2, mon ami, le plus honnête homme du monde, avocat estimé, homme de lettres considéré, secrétaire de monseigneur le prince de Conti , mais ses sœurs et leurs enfants, enveloppés dans cet opprobre, ne méritent-ils pas un peu de pitié ? Saurin, le fils infortuné d'un homme qui fit une grande faute, m'écrit des lettres qu'il trempe de ses larmes, et qui vous en feraient verser. Je suis persuadé que son état toucherait les seigneurs curateurs. D'ailleurs plusieurs personnes sont outragées dans ce libelle ; j'y suis traité en vingt endroits de déiste et d'athée. Les pièces qu'on m'y impute sont supposées. Le libelle est anonyme, sans nom de ville, sans date. Il est imprimé furtivement malgré les lois. Une balle que Grasset avait envoyée à Genève y a été saisie par ordre du magistrat ; on en a usé de même à Lyon, et le lieutenant civil de Paris a averti le nommé Tilliard, correspondant de Grasset, qu'il serait puni s'il en recevait, et s'il en débitait un seul exemplaire. Ce concert unanime de tant de magistrats pour supprimer un libelle diffamatoire ne me laisse pas douter que je n'aie la même obligation aux seigneurs curateurs ; et de toutes les bontés dont on m'honore en tant d'endroits, les leurs me seront les plus sensibles. D'Arnay joue un bien indigne rôle dans cette affaire. Comment s'est-il associé avec un laquais des Cramer, décrété de prise de corps, à Genève, pour avoir volé ses maîtres ?
Tout ceci n'est qu'une tracasserie infâme ; mais que dire des jésuites ! Ils assassinent le roi qu'ils ont confessé ; ils font servir tous les mystères de la religion au plus grand des crimes. Nous verrons quelles suites aura cette étrange aventure. Je vous remercie et vous embrasse tendrement.
V.
1 Date portée par Bertrand sur le manuscrit .
2Bernard-Joseph Saurin , connu comme auteur dramatique . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard-Joseph_Saurin
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